Entrevue


Piquet mensuel à Vancouver le 17 avril 2019 pour exiger la levée du blocus étasunien contre Cuba

La loi américaine appelée Loi Helms-Burton a été conçue pour codifier et resserrer le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba en 1962 dans le but de subvertir et de renverser le gouvernement cubain et d'imposer un régime au gré du gouvernement américain.

LML a interviewé le coprésident et porte-parole du Réseau canadien pour Cuba (CNC), Isaac Saney, afin d'expliquer à nos lecteurs ce qu'est la Loi Helms-Burton et son Titre III et quels sont les enjeux.

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LML : Qu'est-ce que la Loi Helms-Burton ? Quelle est son intention ?

Isaac Saney : La Loi Helms-Burton a été adoptée en 1996. Elle visait à resserrer et à renforcer les sanctions économiques américaines contre Cuba et à les codifier en tant que loi, en ce sens qu'il s'agissait d'un acte du Congrès plutôt que d'une action relevant de la compétence du président américain. Le président avait utilisé la loi sur le commerce avec l'ennemi pour donner des directives politiques sanctionnant économiquement Cuba. La Loi Helms-Burton visait spécifiquement Cuba et établissait une série de conditions relatives à l'économie cubaine, visant à détruire la nature socialiste de l'économie cubaine de manière à être acceptable pour l'empire américain. Le Titre III de la loi autorise les entreprises et les citoyens américains à poursuivre non seulement les entreprises cubaines, mais aussi les entreprises internationales engagées dans ce que les États-Unis appellent un « trafic de biens volés », c'est-à-dire cette façon très grotesque de faire référence au fait que Cuba, quand la Révolution a triomphé, était en droit, en vertu du droit international, de nationaliser les biens appartenant à des sociétés étrangères à Cuba et, depuis lors, une partie de ces biens est occupée ou utilisée de toute autre manière par les objectifs visés au Titre III. Cuba a offert une compensation conformément au droit international pour les propriétés nationalisées au début de la révolution. Dans les premières années de la révolution, chaque pays confronté à la nationalisation de ses propriétés - la France, le Canada, la Grande-Bretagne, etc. - a conclu un accord avec Cuba sur une indemnisation. Cuba offrait également une compensation aux entreprises américaines, mais les États-Unis ont bloqué les tentatives de ces entreprises d'accepter et de négocier avec Cuba.

Ce qui est intéressant, c'est que sous l'administration Obama, lorsqu'il y a eu une formalisation des relations diplomatiques et une tentative, disons, de passer à une relation différente, une qui ne visait pas à saper la révolution mais une relation nouvelle et moins agressive, les entreprises américaines ont également commencé à examiner certaines de ces approches en matière de compensation. Elles ont commencé à examiner ce que l'on appelle des cas certifiés afin de commencer à résoudre certains d'entre eux. Bien entendu, il est important de comprendre que les Cubains eux-mêmes affirment qu'hormis l'indemnisation des entreprises américaines, il y a la question des dommages énormes causés par les sanctions économiques américaines contre Cuba, qui s'élèvent à plus d'un billion de dollars américains. À cela s'ajoutent les pertes inestimables de vies humaines, des Cubains qui ont été victimes de toutes sortes d'actes terroristes perpétrés contre Cuba à partir du territoire américain.

Les États-Unis mènent une guerre économique sans répit et sans relâche contre Cuba depuis le début des années 1960. La Loi Helms-Burton est une escalade de la guerre contre Cuba et une tentative manifeste d'asphyxier économiquement Cuba en violant le droit international, en tentant de couper les liens économiques de Cuba avec d'autres régions du monde et les sources d'investissements étrangers. Elle est utilisée pour prendre des mesures punitives à l'encontre des sociétés qui exercent des activités à Cuba, particulièrement celles qui exercent des activités avec des actifs aux États-Unis ou qui possèdent des actifs en étant particulièrement vulnérables.

Le titre complet de la Loi Helms-Burton est grotesque, c'est la Loi cubaine sur la liberté et la solidarité démocratique (Libertad) de 1996. Elle n'a rien à voir avec la liberté de Cuba. En fait, il s'agit de ramener Cuba sous la domination, l'hégémonie et la tutelle des États-Unis. Cela n'a rien à voir avec la démocratie, car c'est une violation fondamentale du droit du peuple cubain à l'autodétermination. Elle viole également la souveraineté des pays tiers qui commercent avec Cuba.

Au Canada, par exemple, le plus grand investisseur étranger à Cuba est Sherritt International, qui détient des intérêts dans les secteurs minier et pétrolier et dans d'autres secteurs de l'économie cubaine.

LML : Parlez-nous de l'opposition de la communauté internationale à la Loi Helms-Burton ?

IS : La communauté internationale s'y oppose car c'est une violation flagrante des normes établies du commerce international et du droit international. Son objectif est de faire de la loi américaine la loi qui l'emporte sur les lois nationales. Par exemple, au Canada, la loi américaine l'emporterait sur la loi canadienne et les Canadiens seraient obligés d'obéir à la loi américaine pour éviter de mettre en péril leurs opérations et leurs actifs aux États-Unis. Les entreprises canadiennes elles-mêmes ne seraient pas autorisées à commercer avec Cuba sans faire face à des sanctions économiques très importantes de la part des États-Unis.

Lorsque la Loi Helms-Burton a été adoptée en 1996, le Canada s'y est opposé. Les pays européens s'y sont opposés. Tous les présidents des États-Unis, Clinton puis les autres, ont suspendu tous les six mois le Titre III de la Loi Helms-Burton, pour éviter que des actions en justice soient intentées contre des sociétés par des citoyens américains dont les biens ont été nationalisés ou par des Cubano-Américains qui ont quitté Cuba et sont devenus citoyens américains et affirment qu'il existe à Cuba des biens qui leur appartiennent et pour lesquels ils ont le droit de demander des compensations devant les tribunaux américains. L'action du gouvernement Trump a eu pour effet de ramener à 45 jours la renonciation de six mois au titre III, puis à une période encore plus courte, créant un sentiment d'insécurité encore plus grand, jusqu'à ce que, le 17 avril, il annonce qu'il commencera à l'appliquer pleinement à compter du 2 mai 2019.

Donc, à cause de la pression de la communauté internationale, les présidents avant Trump ont décidé qu'ils devaient renoncer au Titre III. Pourquoi ? Parce qu'en fin de compte, sa nature extraterritoriale constitue une violation fondamentale de la souveraineté de tous les pays du monde car elle tente de faire du droit des États-Unis le droit dominant chez eux et qu'elle a préséance sur les lois nationales lorsqu'il s'agit d'entreprises qui font affaire avec Cuba. Par exemple, les pays européens et le Canada, les plus gros investisseurs à Cuba, ont tous des lois en vigueur qui limitent l'impact des mesures extraterritoriales initiées par d'autres pays contre des entités situées chez eux. En 1985, le Canada a adopté la Loi sur les mesures extraterritoriales étrangères (LMEE), qui a encore été renforcée en 1997 pour tenir compte de la Loi Helms-Burton, en bloquant son application au Canada.

LML : Que pouvez-vous nous dire au sujet de la violation de la souveraineté du Canada par le Titre III et comment la LMEE s'applique au Canada ?

IS : Je vais vous donner un exemple. En 2017, Honda Canada s'est vu imposer une amende de plusieurs dizaines de milliers de dollars pour avoir loué des voitures à l'ambassade de Cuba. Cela a été perçu comme une violation des sanctions américaines contre Cuba étant donné qu'une entreprise américaine, American Honda Finance Corporation, était actionnaire majoritaire de Honda Canada Finance. L'entreprise a été condamnée à une amende alors que le locateur et le locataire se trouvaient au Canada. Il y a d'autres cas. Un autre exemple est que les dirigeants de l'entreprise canadienne Sherritt International ne sont pas autorisés à se rendre aux États-Unis. Leurs enfants ne sont pas autorisés à fréquenter les écoles américaines car ils ne peuvent obtenir de visas en vertu du titre IV de Helms-Burton.

Comme exemple de ce qui pourrait se produire maintenant avec l'activation du titre III, prenons la situation d'Air Canada, de Sunwing et d'Air Transat qui transportent des touristes à Cuba, qui sont engagés dans la création de toute une gamme de forfaits touristiques avec des hôtels à Cuba et qui ont des droits d'atterrissage à l'aéroport. Les navires ayant des droits d'ancrage dans les ports cubains pourraient également être ciblés. C'est un fait que le Canada constitue la plus grande source de touristes pour Cuba. L'année dernière, je pense que plus de cinq millions de personnes ont visité l'île et près d'un million et demi de Canadiens visitent Cuba chaque année. Air Canada, Air Transat et Sunwing pourraient être accusées de mener à Cuba des affaires qui impliquent ce que les États-Unis considèrent comme un bien nationalisé, ce qu'ils appellent un bien volé. Ces sociétés pourraient être soumises à une série de poursuites et de jugements devant les tribunaux américains.

La LMEE a été adoptée en 1985 pour bloquer l'application extraterritoriale de lois étrangères aux entreprises canadiennes. Elle permet au procureur général de prendre des arrêtés pour interdire l'application de mesures extraterritoriales à l'encontre de Canadiens et d'entités canadiennes. Un individu ou une société qui enfreint la LMEE ou un arrêté rendu en vertu de la LMEE peut être passible d'amendes et / ou de peines d'emprisonnement. Une ordonnance de blocage rendue en 1992 exige que les sociétés canadiennes informent le procureur général de toute directive ou autre communication qu'elle reçoit concernant une mesure extraterritoriale américaine à son encontre concernant tout commerce ou commerce entre cette société et Cuba. Il interdit également aux sociétés canadiennes de se conformer à de telles mesures considérées comme susceptibles d'empêcher, d'entraver ou de réduire les échanges commerciaux entre le Canada et Cuba.

La LMEE a été modifiée en 1997 pour traiter spécifiquement du Titre III de la Loi Helms-Burton afin qu'elle puisse désormais être utilisée pour empêcher l'application des jugements américains au Canada, limiter la production de documents aux tribunaux américains dans le cadre d'actions en vertu du titre III et donner aux Canadiens le droit de poursuivre en justice devant un tribunal canadien afin de récupérer les dommages-intérêts alloués aux États-Unis plus les frais de justice. La LMEE ne peut toutefois pas être utilisée pour recouvrer des dommages-intérêts monétaires contre des avoirs que des particuliers ou des entreprises canadiens pourraient avoir aux États-Unis ou éventuellement dans d'autres pays.

À ce que je sache, la LMEE ait jamais été appliquée devant un tribunal, il n'y a donc pas de jurisprudence à consulter concernant son application.

LML : Pouvez-vous expliquer comment la mise en applicatication du Titre II aura un impact sur les relations économiques canado-cubaines ?

IS : Le Canada a des relations économiques importantes avec Cuba. Ces entreprises vont-elles céder à cette pression économique ? Si elles persistent et continuent leurs relations avec Cuba, seront-elles poursuivies devant les tribunaux américains ? Qu'est-ce qui va arriver ensuite ? Quel sera l'impact économique non seulement sur elles, mais sur l'économie canadienne ? Ou, ce qui est important, d'autres entreprises vont-elles maintenant se montrer extrêmement réticentes à investir à Cuba, à s'engager dans ce type de pratique économique commerciale et de relations commerciales avec Cuba, de peur de faire face à des réclamations pour dommages-intérêts en vertu du Titre III ? Plusieurs considèrent que c'est le principal objectif de l'activation du Titre III.

Ce sont tous ces facteurs dont il faut tenir compte. Par exemple, si une poursuite est intentée contre les sociétés aériennes Air Canada, WestJet, Air Transat et Sunwing, pourront-elles supporter économiquement ce fardeau ? Qu'adviendra-t-il du tourisme ? Les Canadiens trouveront-ils maintenant que Cuba est une destination touristique difficile d'accès ? Et nous devons également garder à l'esprit que les Canadiens ont voyagé à Cuba par centaines et par milliers et qu'ils ont développé un très grand respect pour ce que Cuba a pu faire face à l'incroyable agression américaine. Ils respectent les Cubains pour avoir surmonté les obstacles que l'empire américain continue de mettre sur leur chemin.

Cela va avoir un impact énorme. Mark Agnew, de la Chambre de commerce du Canada, a déclaré que cela « pourrait affecter toute entreprise ayant des relations avec Cuba ». Je pense que Sherritt International Corporation a investi plus de 2 milliards de dollars à Cuba. Nous avons beaucoup d'autres entreprises canadiennes qui commercent avec Cuba ou qui investissent à Cuba. Nous avons des banques comme la Banque Nationale du Canada qui y a des bureaux. Nous avons des agriculteurs du Québec et de l'Alberta qui interagissent de manière importante avec Cuba. Nous avons les compagnies aériennes. Elles pourraient faire face à des poursuites très importantes qui pourraient les accabler de problèmes économiques qu'elles ne pourraient peut-être pas surmonter.

LML : Pourriez-vous expliquer comment l'activation du Titre III fait du tort à la nation et au peuple cubain ?

IS : C'est une violation fondamentale du droit de Cuba de commercer avec n'importe qui dans le monde, de nouer des partenariats avec des entités étrangères et de tirer profit des investissements étrangers. C'est une violation du droit du peuple cubain à l'autodétermination de déterminer son système politique, économique, social et culturel sans aucune ingérence politique, un droit énoncé dans la Charte des Nations unies et dans les divers pactes internationaux sur les droits économiques, politiques et civils. C'est une violation fondamentale du droit de Cuba de choisir sa propre voie et une tentative de ramener Cuba à un statut de néocolonie des États-Unis. Il s'agit d'une tentative d'écraser ses aspirations nationales pour établir ce que José Martí, le héros de la Révolution cubaine, a décrit comme « une nation avec tous et pour tous », c'est-à-dire une nation souveraine entièrement aux mains du peuple cubain, une nation dans laquelle les ressources sont utilisées dans l'intérêt de chaque citoyen, dans l'intérêt de la nation tout entière.

Il s'agit d'une tentative des États-Unis de détruire le projet d'édification nationale de Cuba. C'est également en quelque sorte une attaque contre l'Amérique latine et l'ensemble des Caraïbes. Les États-Unis ont clairement dit que la doctrine Monroe s'applique et montrent par leurs actes qu'ils croient que la « destinée manifeste » s'applique également, qu'ils ont le droit de déterminer les arrangements économiques et politiques en Amérique latine et dans les Caraïbes. Non seulement les États-Unis disent qu'ils ont le droit de le faire, mais qu'ils utiliseront leur puissance pour essayer de le faire respecter. Nous avons donc la situation au Venezuela, la tentative de renverser le gouvernement Maduro et de le remplacer par un gouvernement qui fera l'affaire des États-Unis. Nous avons la déclaration selon laquelle le Nicaragua, le Venezuela et Cuba constituent une troïka de la tyrannie. Il y a la militarisation de l'Amérique latine, le rejet de l'appel à faire de l'Amérique latine et des Caraïbes une zone de paix.

Mais il est également important de comprendre ce qui se passera lorsque le Titre III de Helms-Burton sera rigoureusement appliqué. Je pense qu'il y aura des défis très importants de la part de l'Union européenne -- devant l'Organisation mondiale du commerce et en utilisant sa propre loi de blocage. Ce que l'on peut également constater avec le Titre III de Helms-Burton, c'est l'éclatement des accords internationaux établis. Est-ce que cela veut dire que la force fait le droit ? Cela sera-t-il accepté cet usage de la force dans ses diverses formes comme facteur dominant dans les relations internationales ? Cela sera-t-til accepter comme moyen de détruire le droit international ?

En nous opposant à Helms-Burton, nous défendons non seulement la souveraineté des nations et, dans notre cas, la souveraineté canadienne, mais nous défendons la nécessité et le droit à la primauté du droit.

LML : Comment le gouvernement canadien devrait-il réagir ?

IS : À mon avis, le gouvernement canadien devrait rejeter avec véhémence, dans tous les forums nationaux et internationaux, la nature extraterritoriale de Helms-Burton. Il devrait défendre la souveraineté canadienne et agir conformément à son vote aux Nations unies où il a condamné le blocus économique, financier et commercial illégal de Cuba par les États-Unis.

Il est important de garder à l'esprit que, depuis 1992, les pays membres de l'Assemblée générale des Nations unies se sont opposés à maintes reprises et massivement au blocus américain de Cuba, et en particulier à ses aspects extraterritoriaux, ces votes successifs sont une victoire retentissante pour Cuba. Je pense que le gouvernement canadien et les parlementaires canadiens ne devraient pas permettre que les politiques du Canada à l'égard de Cuba et ses relations avec Cuba soient ciblées et minées par cette dernière mesure agressive des États-Unis. En fait, ils devraient défendre la souveraineté canadienne ainsi que celle de Cuba et la souveraineté et le droit à l'autodétermination de tous ceux qui pourraient être potentiellement touchés.

LML : Avez-vous des remarques additionnelles ?

IS : Pour terminer, je dirais que c'est un tournant très dangereux dans les relations. Le gouvernement Trump s'engage manifestement dans une politique de vengeance. Ils veulent éliminer la Révolution cubaine qui a toujours été un exemple concret d'autodétermination en Amérique latine. La situation est à un point critique et nous devons nous assurer qu'elle ne soit pas tolérée.

Je tiens également à dire que malgré tout cela, le mouvement de solidarité Canada-Cuba croit fermement que le peuple cubain peut et va surmonter tous les défis auxquels il est confronté, notamment cette dernière provocation des États-Unis, ce dernier acte d'agression, cette dernière escalade de la guerre économique des États-Unis contre Cuba. Je pense également que le peuple cubain peut être confiant, qu'il peut compter sur le soutien et l'amitié indéfectibles des Canadiens. Ce soutien et cette amitié sont enracinés dans le profond respect des Canadiens pour les droits, l'indépendance et l'autodétermination de Cuba, ainsi que dans une profonde admiration pour les réalisations du peuple cubain malgré l'agression continue des États-Unis.

Ce respect et cette admiration ont forgé des liens d'amitié indestructibles entre le peuple canadien et le peuple cubain. Le gouvernement canadien devrait le reconnaître en prenant une position politique ferme et sans équivoque contre ce dernier acte de vengeance des États-Unis et en utilisant tous les moyens juridiques disponibles au pays et à l'étranger pour combattre ses conséquences. C'est un acte d'agression non seulement contre le peuple cubain, mais aussi contre le peuple canadien, contre la nation canadienne et contre le principe fondamental de la souveraineté.


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 15 - 20 avril 2019

Lien de l'article:
Entrevue - Isaac Saney, coprésident et porte-parole, Réseau canadien pour Cuba


    

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