80e anniversaire de la fin de la
guerre civile espagnole
Saluons la mémoire de tous ceux et celles
qui ont combattu pour la République pendant la guerre
civile espagnole
« Les internationalistes - Unis aux
Espagnols,
nous nous battons contre l'envahisseur. »
|
Le 1er avril 2019 marque le 80e
anniversaire de la fin de la guerre civile espagnole, au cours de
laquelle les forces populaires, les forces loyalistes
républicaines, représentées par le Front
populaire
démocratiquement élu, ont combattu les forces
fascistes
« nationalistes » dirigées par le
général Francisco Franco.
Les forces réactionnaires de Franco, mises
en
échec par les milices ouvrières, ont
sollicité
l'aide de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste, lesquelles
ont
acquiescé en violation d'un accord de non-intervention de
1936.
Les gouvernements comme ceux de la Grande-Bretagne, de la France
et du
Canada étaient opposés à fournir de l'aide
au
gouvernement
républicain d'Espagne pour des raisons
intéressées. Dans le cas du Canada, il a
refusé de
soutenir le gouvernement républicain sous prétexte
de
« neutralité », mais en réalité
c'était pour favoriser les cercles dirigeants canadiens
dont les
intérêts commerciaux seraient favorisés par
un
gouvernement fasciste. La signature par la France et la
Grande-Bretagne
du pacte de non-intervention a effectivement empêché
le
gouvernement républicain de leur acheter des armes pour se
défendre. Entre-temps, de grandes sociétés
pétrolières et automobiles des États-Unis
ont
fourni à Franco des stocks substantiels de carburant et de
véhicules à des conditions très
avantageuses.
Seuls le Mexique et l'Union soviétique étaient aux
côtés de l'État républicain, alors que
l'Union soviétique n'avait aucun lien diplomatique
officiel avec
l'Espagne à cette époque. Au début de la
guerre,
l'Union soviétique a envoyé du pétrole, des
vêtements et d'autres fournitures non militaires,
financées par des collectes sur le lieu de travail dans
toute
l'Union soviétique. Plus tard durant la guerre, les
Soviétiques enverraient des troupes et des armes. Le Parti
communiste et la presse soviétiques ont dirigé des
campagnes de masse et des manifestations rassemblant le peuple
derrière le slogan adressé au peuple espagnol :
«
N'oubliez pas que vous n'êtes pas seuls, nous sommes avec
vous.
» J.V. Staline a déclaré dans un
télégramme adressé au Parti communiste
espagnol :
« La libération de l'Espagne de l'oppression de la
réaction fasciste n'est pas une affaire privée des
Espagnols, mais la cause commune de l'entière
humanité
progressiste. »[1]
C'est dans cet esprit que la lutte de l'Espagne contre la
réaction fasciste était la lutte de
l'humanité,
que les forces populaires d'Espagne ont reçu l'appui de
volontaires antifascistes du monde entier. Des dizaines de
milliers de
travailleurs, de
syndicalistes et d'étudiants de gauche se sont
mobilisés
et sont partis combattre en Espagne. Le nombre des combattants
étrangers qui ont combattu dans ce qui est devenu
les Brigades internationales est estimé
à 40 000 ; ces volontaires venaient de 53
pays.
En plus du soutien de l'Union soviétique, cela comprenait
entre
autres des contingents de France (9 000 personnes),
d'Allemagne (4
000), de Pologne (3 000), d'Italie (3 000), des
États-Unis
(2 800), de Grande-Bretagne (2 500), du Canada
(1 600),
du Costa Rica, d'Albanie, de Grèce,
de Cuba, d'Argentine, de Finlande, d'Irlande, d'Afrique du Sud,
de
Bulgarie et de Chine.
Les forces républicaines se sont battues
héroïquement malgré les difficultés. La
guerre civile, qui a fait plus de 500 000 morts,
s'achève avec la prise du pouvoir par Franco le 1er
avril 1939. La lutte du peuple espagnol contre la dictature
fasciste
de Franco s'est poursuivie sans relâche jusqu'à la
mort de
Franco en 1975.
Le Bataillon Mackenzie-Papineau
Le Bataillon Mackenzie-Papineau et le Dr. Norman
Bethune,
éminents volontaires
canadiens de la guerre civile espagnole
En 1936, les Canadiens et les
Québécois ont pris place avec courage aux
côtés des peuples d'Espagne et de nombreux pays du
monde
pour combattre les fascistes en Espagne. Ils ont formé le
bataillon Mackenzie-Papineau de la 15e brigade de
l'armée
républicaine, un fier contingent des forces
républicaines.
Les combattants du bataillon venaient de partout
au
Canada et au Québec et étaient presque tous issus
de la
classe ouvrière. Mille cinq cent quarante-six personnes se
sont
portées volontaires, un nombre important d'entre elles
étant
nées en Europe et les deux plus grands groupes
étant les
Finlandais et les Ukrainiens. Le Parti communiste et le
Comité
d'aide à la démocratie espagnole ont
commencé
à organiser des volontaires à l'automne 1936
et, en
avril 1937, environ 500 personnes s'étaient
enrôlées.
Alors que la majorité du peuple canadien
appuyait
les forces populaires en Espagne, les cercles dominants au Canada
déclarèrent le Canada « pays
neutre »
dans cette guerre, avec comme conséquence de laisser le
champ
libre aux fascistes et à leurs alliés allemands et
italiens pour attaquer le peuple espagnol. En se joignant aux
Brigades
internationales et en les appuyant, les Canadiens ont
défié les cercles dirigeants et se sont
opposés
à ce crime contre la paix.
L'appui du premier ministre du Canada, Mackenzie
King,
à Franco n'a pas été une surprise.
Admirateur
d'Hitler et de Mussolini, il était un anticommuniste
enragé. Lors de sa visite en Allemagne en juin 1937,
alors
que les nazis combattaient déjà ouvertement en
Espagne
pour soutenir le général Franco et commettaient des
crimes
odieux, il a déclaré qu'il était «
très favorablement impressionné » par
les
assurances que lui avait données Hitler que l'Allemagne ne
déclencherait pas la guerre en Europe.
En avril 1937, le gouvernement libéral
de
Mackenzie King a passé la Loi sur l'enrôlement
à l'étranger, qui déclarait que «
l'enrôlement au service d'un État étranger en
guerre avec un État ami est une infraction » et
que
« Quiconque, étant un ressortissant du Canada, dans
les
limites ou hors du Canada, volontairement
accepte ou convient d'accepter un brevet ou engagement dans les
forces
armées d'un État étranger en guerre avec un
État étranger ami, ou, étant ou non un
ressortissant du Canada, dans les limites du Canada, incite
quelqu'un
à accepter ou à convenir d'accepter un brevet ou
engagement dans ces forces armées, est coupable d'une
infraction. »[2]
La Loi canadienne sur l'enrôlement
à
l'étranger a criminalisé la participation au
combat
contre le fascisme en Espagne. Jusqu'à aujourd'hui,
personne n'a
été condamné en vertu de la Loi sur
l'enrôlement à l'étranger, mais elle a
servi
de prétexte à la criminalisation de ceux que
l'État soupçonnait d'aller combattre en Espagne et
qui risquaient de perdre leur citoyenneté en vertu de la
Lloi.
Les agents de la Gendarmerie royale du Canada ont espionné
ces
personnes. De nombreux bénévoles canadiens se sont
vu
refuser des documents de voyage et leurs passeports ont
été estampillés « Non valide pour
l'Espagne ». Même après la guerre, les
anciens
combattants du
Bataillon Mackenzie-Papineau et des nombreux autres bataillons
dans
lesquels des volontaires canadiens avaient servi ont
été
surveillés par la GRC.
Des volontaires canadiens en route pour l'Espagne par la
France
À gauche : des Mac-Paps à la
mitrailleuse lors de la bataille de Belchite, 1937 ;
à
droite : le Dr. Norman Bethune effectuant une transfusion
sanguine
pendant la guerre
En dépit des tentatives de l'État canadien
de criminaliser les membres du Bataillon Mackenzie-Papineau, les
travailleurs leur souhaitèrent la bienvenue à leur
retour
en 1939.
Malgré cela, les communistes et les
progressistes
canadiens ont ouvertement défié le gouvernement
réactionnaire et sa répression en organisant les
volontaires antifascistes et, à l'été
de 1937, plus de 1300 Canadiens se battaient en Espagne
pour
la libération du pays. À l'exception de Cuba et de
la
France, aucun pays n'a contribué
plus de volontaires en proportion de sa population. Parmi les
volontaires du Canada, mentionnons le Dr. Norman Bethune qui a
créé les unités mobiles de transfusion
sanguine
sur le champ de bataille et sauvé ainsi des milliers de
vies.
Norman Bethune est décédé plus tard de
septicémie en Chine en 1939, vers la fin de la guerre
antifasciste
antijaponaise menée par le Parti communiste de Chine.
Les Canadiens ont combattu courageusement dans
certaines
des batailles les plus importantes de la guerre civile espagnole
et
contribué à la victoire à Jarama entre
février
et juin 1937, à Brunete en juillet 1937,
à la
bataille de Teruel de décembre 1937 à
mars 1938, ont combattu pour repousser l'offensive «
Aragon » des fascistes de mars à
avril 1938 et
enfin à la bataille de l'Èbre de juillet à
septembre 1938.
Plaque adjacente au Monument à la
mémoire du Bataillon Mackenzie-Papineau à
Ottawa
|
Seulement 646 volontaires canadiens sont
revenus
des champs de bataille d'Espagne. Loin d'acclamer ces
véritables
héros pour avoir résisté au fascisme, le
gouvernement canadien a diabolisé leurs motivations et
croyances
politiques. Les
noms des Canadiens morts pendant la guerre civile en Espagne ne
figurent
toujours pas dans les Livres du Souvenir de la Tour de la
Paix
ou sur les monuments commémoratifs de
guerre ou lors des cérémonies du Jour du Souvenir.
Ces
anciens combattants n'ont jamais reçu de pension d'anciens
combattants.
À l'occasion du 80e anniversaire de la
fin
de la guerre civile espagnole et de la résistance
antifasciste
héroïque des peuples espagnols et du monde, le Parti
communiste du Canada (marxiste-léniniste) rend hommage
à
la mémoire et à la contribution de toutes ces
femmes et
de tous ces hommes héroïques qui ont combattu le
fascisme
en
Espagne et dont beaucoup ont donné leur
vie. La contribution du Canada à la
résistance antifasciste en Espagne demeure un exemple sans
pareil de l'internationalisme de la classe ouvrière et du
peuple
canadiens, originaires de tous les pays et dont les luttes pour
défendre les droits constituent une richesse
d'expérience
pour la
résolution des problèmes d'aujourd'hui.
Monuments à la mémoire du Bataillon
Mackenzie-Papineau
Green Island, Ottawa
Queen's Park, Toronto
Cumberland, Colombie-Britannique
Jardin de la Confédération, Victoria
Note
1. Télégramme
de J.
Staline au secrétaire général du Parti
communiste
d'Espagne le 16 octobre 1936 et publié dans le Mundo
Obrero.
2. Les intentions
ouvertement
antipeuple derrière la nouvelle Loi sur
l'enrôlement
à l'étranger ont été
exposées par la suite. Le 1er mars 1940, le
Canada a
annoncé
que ses citoyens étaient libres de s'enrôler dans
les
forces armées finlandaises qui collaboraient avec les
nazis
contre
l'Union soviétique. Le 18 mai 1948, le Cabinet
canadien a décidé de suspendre l'application de
la Loi
sur l'enrôlement à l'étranger à la
Palestine afin de faciliter le recrutement militaire de
ressortissants
canadiens pour réprimer les Palestiniens. Dans les
années 1960 et 1970, on estime que plus de 40
000
Canadiens se
sont
enrôlés illégalement dans les forces
armées
des États-Unis lors de leur agression contre le Vietnam.
Dans
les années 1990, les gouvernements libéraux de
Jean
Chrétien et de Paul Martin n'ont pas appliqué cette
loi
contre les groupes sionistes lorsqu'ils ont tenu des kiosques de
recrutement pour l'armée israélienne à
l'Université Concordia et à
d'autres universités.
(Photos:
Library and
Archives Canada,
TML, University of Victoria)
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 14 - 13 avril 2019
Lien de l'article:
80e anniversaire de la fin de la
guerre civile espagnole: Saluons la mémoire de tous ceux
et celles qui ont combattu pour la République pendant la
guerre civile espagnole
Site Web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|