Le Parti conservateur uni brandit un épouvantail pour attaquer la réforme du programme scolaire en Alberta

Le Parti conservateur uni de l'Alberta (PCU), dirigé par Jason Kenney, l'ancien ministre fédéral de l'Immigration sous Harper, a publié son programme politique pour les élections provinciales de l'Alberta. Une des déclarations dans sa plateforme sur l'éducation se lit comme suit : « Mettre fin à l'accent sur l'apprentissage par la 'découverte' ou 'la méthode d'investigation', également appelé constructivisme. » Sans surprise, il s'agit d'une désinformation complète, sans parler d'un non-sens verbal. Ou bien les responsables de la plateforme du PCU sont délibérément bornés dans la promotion de leur ordre du jour, ou bien ils n'y connaissent rien en ce qui a trait à l'enseignement et l'apprentissage.

Les attaques du PCU contre l'éducation sont faites dans le cadre du processus actuel de réforme du programme scolaire par le gouvernement néodémocrate. Cette réforme est un besoin urgent, car un certain nombre de programmes ont maintenant dépassé de beaucoup leur date de péremption. Le programme d'enseignement des sciences au niveau primaire, par exemple, est le même depuis 23 ans. Le programme d'enseignement des arts au niveau primaire a 34 ans. C'est le résultat de 44 années de gouvernements conservateurs qui ont constamment privé l'éducation d'investissements et dirigé les fonds publics vers des stratagèmes pour payer les riches en faveur des grandes sociétés d'énergie principalement sous contrôle étranger qui continuent de dominer l'Alberta.

Pour commencer, la découverte, la méthode d'investigation et le constructivisme sont trois choses différentes. La découverte et la méthode d'investigation sont des stratégies pédagogiques. Le constructivisme est une théorie de l'apprentissage. Le PCU fait référence à la découverte, à la méthode d'investigation et au constructivisme dans ses attaques contre l'éducation, comme « épouvantail » à sa prétention que l'éducation en Alberta est dans un état déplorable à cause des enseignants irresponsables qui ne font pas leur travail correctement et que « le remède » consiste à transformer l'enseignement en un simple endoctrinement, ce qu'ils accusent les autres de faire.

Le terme « découverte » est apparu dans les années 1960, alors que les programmes scientifiques en Amérique du Nord étaient en pleine mutation à la suite du lancement du satellite Spoutnik de l'Union soviétique. Cela a conduit les élites dirigeantes à craindre « d'être dépassées ». La science de la « découverte » est apparue dans les années 60 en réaction à la prédominance du behaviorisme dans la théorie de l'apprentissage pédagogique, qui concevait les étudiants comme des assimilateurs passifs de ce qu'ils apprenaient. Le principal partisan de la découverte était Jérôme Bruner, également connu sous le nom de « Dr Discovery ».

Bruner a conçu l'apprenant comme un participant actif à recréer le sens des choses plutôt qu'un récepteur passif de connaissances. Il s'agissait d'un progrès, qui fait partie de la lente transition des conceptions basées sur le comportement à des conceptions plus cognitives de l'apprentissage. Ce qui est devenu important n'est pas seulement ce que les élèves peuvent faire, mais aussi ce qu'ils pensent. Il est rapidement devenu évident que la science par la « découverte » ne tenait pas suffisamment compte du rôle de l'enseignant dans la présentation des idées scientifiques importantes, et elle a donc été abandonnée depuis longtemps par la plupart des enseignants en sciences. Comme l'a dit Charles Anderson, un éducateur en sciences: « Laissés à eux-mêmes, les étudiants peuvent découvrir beaucoup de choses intéressantes sur les plantes ou la lumière, mais ils développeront des idées scientifiques sur la photosynthèse ou la vision aussi rapidement que la race humaine. En d'autres termes, pas en une seule vie. »

L'investigation ou l'enquête scientifique, et non la découverte, est présentement la principale stratégie d'enseignement dans le domaine des sciences de l'éducation. Elle n'est pas tombée du ciel, mais est basée sur ce que les scientifiques en exercice font réellement pour poursuivre des investigations scientifiques. Les étudiants sont encouragés à se comporter en « petits scientifiques » et à mener des enquêtes scientifiques en utilisant des méthodologies similaires à celles utilisées par les scientifiques, par exemple des expériences contrôlées. Les conclusions sur le monde de la nature reposent autant que possible sur les conclusions des élèves, qui sont discutées et interprétées à l'aide d'arguments fondés sur des preuves et la raison, souvent d'abord en petit groupe puis en classe entière.

Encore une fois, lorsqu'ils mènent une enquête scientifique, les élèves ne découvrent pas tout par eux-mêmes, les enseignants jouant un rôle actif. Les enseignants participent en organisant des cours, en facilitant l'apprentissage des élèves, en les familiarisant avec les connaissances scientifiques actuelles, etc. Le slogan qui les guide n'est pas simplement des « activités pratiques », mais des « activités pratiques et intellectuelles ». À l'heure actuelle, les enseignants en sciences et de nombreux scientifiques s'entendent pour dire qu'il n'existe actuellement pas de meilleure stratégie que la recherche scientifique pour enseigner les sciences aux étudiants.

Le constructivisme est une théorie de l'apprentissage qui est devenue populaire dans les années 1980. Le constructivisme repose sur la prémisse que les élèves donnent un sens à ce qu'ils apprennent à la lumière de ce qu'ils savent déjà. De nombreux enseignants incluent désormais une phase de cours où ils sondent de manière formelle les idées que les étudiants entretiennent sur le monde naturel avant l'enseignement, c'est-à-dire leurs idées préexistantes. En effet, des recherches ont montré que les étudiants (et les adultes) sont susceptibles d'avoir des idées non scientifiques, ce qui peut entraver leur apprentissage des idées scientifiques, contrairement à la notion comportementale voulant que l'esprit soit une ardoise vierge sur laquelle écrire. Un exemple d'idée préexistante pourrait être : « La gravité dans l'espace est égale à zéro. »

Le constructivisme a ses faiblesses, mais il a conduit à d'importantes nouvelles stratégies d'enseignement des sciences qui tiennent compte des idées préexistantes des étudiants, qui se sont révélées plus efficaces que les stratégies précédentes en termes d'amélioration de la compréhension des concepts scientifiques. Comme l'a dit un éducateur, cela aide les enseignants à « rendre la science plausible dans le contexte d'une expérience enrichissante ».

La mise en oeuvre du constructivisme par les enseignants n'a pas affaibli l'apprentissage des sciences, mais l'a renforcé. Il est important à cet égard de garder à l'esprit que les idées sur l'enseignement et l'apprentissage sont un processus d'amélioration qui se poursuit toujours. Ils sont mis à l'essai dans la pratique et lors de leur mise en oeuvre, ils peuvent être révisés et/ou rejetés sur la base des preuves rassemblées lors de leur essai avec des étudiants en classe.


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 14 - 13 avril 2019

Lien de l'article:
Le Parti conservateur uni brandit un épouvantail pour attaquer la réforme du programme scolaire en Alberta - Dougal MacDonald


    

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