Arrêtez de payer les riches et augmentez le financement des programmes sociaux

Les programmes électoraux du NPD et du Parti conservateur uni (PCU) de l'Alberta prévoient des réductions des dépenses dans les programmes sociaux et les services publics. Ces mesures antisociales seraient nécessaires pour éliminer les déficits annuels du budget provincial, équilibrer les dépenses et les revenus et réduire la dette provinciale. Cette discussion sur l'équilibre budgétaire fait fureur partout au pays, avec l'Alberta et l'Ontario en tête. C'est une farce qu'on nous joue. Une personne peut équilibrer ou ne pas équilibrer tout ce qu'elle veut si c'est elle qui contrôle ce qui est équilibré. Qu'est-ce que cet équilibre des revenus et des dépenses des provinces a à voir avec la résolution du problème de garantir les services de santé et l'éducation en tant que droit pour tous ? Rien ! C'est de l'obscurantisme médiéval de la pire espèce, une astuce pour semer la confusion dans la classe ouvrière et l'amener à renoncer à se battre pour ses droits.

Quel problème aura été résolu à la fin des quatre années des budgets proposés par le NPD et le PCU ? Certainement pas le problème de garantir les services de santé et l'éducation pour tous en tant que droit. Il y aura encore un déséquilibre budgétaire, le déficit du NPD ne sera que légèrement supérieur à celui du PCU et la dette totale de la province ne sera guère différente de ce qu'elle est présentement. Le PCU réduit les revenus en réduisant l'impôt des sociétés tout en réduisant encore plus les dépenses consacrées aux programmes sociaux et aux services publics. Le NPD réduit également les dépenses consacrées aux programmes sociaux et aux services publics, mais maintient les revenus plus ou moins au même niveau. Le résultat final pour les deux partis cartellisés en termes d'équilibre sera nul, mais les problèmes dans les secteurs de la santé et de l'éducation resteront non résolus.[1]

L'augmentation du financement des programmes sociaux et des services publics constitue une réponse prosociale à un problème. Ce faisant, un programme est mis en place pour amener les services sociaux et publics du XXI siècle généralement en conformité avec les forces productives socialisées. Cela ouvre la porte à la résolution du problème de garantir le droit de tous à l'éducation et à la santé.

Les forces productives ont besoin de travailleurs instruits et en santé. La valeur que les travailleurs instruits et en santé apportent stimule les forces productives de tous les secteurs et leur permet de produire davantage de valeur et d'élever le niveau de la société tout entière. La propriété privée, dont le but est de générer des profits d'entreprise et d'intérêts privés, prive les systèmes de santé et d'éducation de ressources et de revenus indispensables à leur expansion et à leur humanisation. Le problème créé par le fait que la propriété privée retire une partie de la valeur d'un secteur et même de l'économie est aggravé par le refus d'autres secteurs de réaliser (de payer) la pleine valeur sociale qu'ils consomment lorsqu'ils achètent la capacité de travail des travailleurs.

Les progrès énormes de la science et de la technologie permettent aux gens de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Il y a cinquante ans, le traitement d'une crise cardiaque était très rudimentaire : une personne sur trois en mourait, comparé à une sur 20 aujourd'hui. La chirurgie de remplacement de la hanche était rare jusqu'à la fin des années 1980, avec peu d'alternatives à la douleur et à l'invalidité.

L'augmentation des fonds alloués aux services de santé et à l'éducation reflète ces changements et beaucoup d'autres changements importants qui ont un impact sur la qualité de vie et la longévité des êtres humains. Voir ce progrès comme un drainage de la société est la perspective la plus inhumaine et antisociale qui soit. Augmenter le financement des programmes sociaux et des services publics est une direction positive pour l'économie.

Le financement de la santé et de l'éducation

Comment financer la santé et l'éducation ? Les solutions à ce problème sont limitées à ce qu'offre l'ordre du jour néolibéral et à ce qu'il considère comme acceptable comme sujet de discussion. Ceux qui déclarent que le financement des programmes sociaux est un problème de manque de revenus fiscaux laissent entendre que les travailleurs devraient être disposés à payer des taxes et des impôts plus élevés pour bénéficier de meilleurs programmes sociaux et à payer des taxes sur le carbone s'ils sont préoccupés par les changements climatiques. Une autre proposition est que l'Alberta institue une taxe de vente provinciale, une taxe régressive qui frappe le plus durement la classe ouvrière et les plus pauvres.

Parmi les autres solutions néolibérales, il y a l'idée que les dépenses publiques consacrées aux programmes sociaux sont excessives et doivent être réduites. Avec les licenciements et les coupures, davantage d'argent public peut aller directement dans les poches des riches, ce qui, dit-on, aurait ensuite des retombées pour les travailleurs, alors qu'en réalité la seule chose qui en découle pour les travailleurs est l'appauvrissement et la détérioration de leurs conditions de vie et de travail.

L'élite dirigeante estime que les formes d'imposition apparues au vingtième siècle, telles que l'impôt sur le revenu des particuliers et des entreprises, l'impôt foncier et les frais d'utilisation des services publics, sont toutes nécessaires et ne sont pas matière à débat. En revanche, de nombreux travailleurs considèrent que la fiscalité générale pour financer des programmes sociaux est une fraude pour dissimuler le refus des oligarques d'entreprises de payer pour la valeur publique qu'ils reçoivent des programmes sociaux et des services publics.

Le problème n'est pas le manque d'argent à investir dans les programmes sociaux et les services publics, mais bien le fait que d'autres secteurs de l'économie ne réalisent pas la valeur de ces programmes et que cette valeur n'est pas restituée aux institutions publiques qui la produisent. Dans l'économie moderne et interconnectée de la grande production industrielle, les différentes parties de l'économie doivent réaliser la valeur qu'elles consomment dans d'autres secteurs, notamment ceux des programmes sociaux et des services publics. Le refus de l'élite dirigeante de reconnaître et de réaliser pleinement la valeur que ses entreprises consomment des programmes sociaux et des services publics affaiblit considérablement l'économie.

Le refus de payer l'entière valeur sociale de la capacité de travail des travailleurs instruits et en santé tout au long de leur vie en est un exemple flagrant. Cela va jusqu'au refus des grandes entreprises de payer pour la valeur qu'elles reçoivent des transports en commun, des routes, des autoroutes, des ponts, des aéroports, des recherches effectuées dans les institutions publiques et de tout ce qui est nécessaire à une société moderne et à son économie intégrée de la grande production industrielle.

Les oligopoles exigent que l'État leur fournisse des travailleurs instruits, des infrastructures publiques et les services dont ils ont besoin sans réaliser toute la valeur sociale. C'est sans compter que de nombreux oligopoles ne paient même pas d'impôts ou que ce qu'ils paient est bien inférieur au taux courant en raison d'allégements fiscaux de toutes sortes. C'est sans compter non plus les milliards de dollars qu'ils reçoivent par le biais de stratagèmes pour payer les riches et par les infrastructures et les services, comme c'est devenu pratique courante pour les grandes entreprises. Le résultat est que l'économie est secouée par des crises récurrentes et que les travailleurs vivent dans l'insécurité.

Ce n'est pas le manque d'argent qui empêche l'augmentation des investissements dans les programmes sociaux et les services publics, mais bien le pouvoir social, économique et politique et le contrôle que l'oligarchie financière exerce sur l'économie pour la soumettre à ses intérêts privés et l'absence d'une responsabilité sociale dans la poursuite de son but. En opposition à cela, il y a le peuple qui veut être habilité à prendre le contrôle des décisions qui l'affectent. Ce sont les luttes qu'il mène à la défense des droits de tous qui font la différence, pas les promesses électorales et les grands énoncés de principe des partis cartellisés qui rivalisent pour former le prochain gouvernement.

Note

1. « À la fin de la période budgétaire quadriennale, les déficits projetés s'élèvent à 3,2 milliards de dollars pour le plan budgétaire du NPD pour 2018 et à 1,4 milliard de dollars pour le plan du PCU. La stratégie budgétaire du PCU ne vise pas à remédier au déficit ou à la dette, puisque la dette de 86 milliards de dollars qu'elle prévoit au bout de quatre ans n'est pas très différente de la projection de 95 milliards de dollars du NPD ». (Source : The Employment Impact of Election Promises : Analysis of budgetary scenarios of UCP and NDP platforms, préparé pour la Fédération du travail de l'Alberta)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 14 - 13 avril 2019

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