Ne touchez pas au Venezuela!
Les manoeuvres illégales et les appels
impuissants des États-Unis à soutenir un changement
de régime sont repoussés
Le président Nicolas Maduro s'adresse à un
rassemblement
de masse, le 6
avril 2019, où il félicite le peuple
vénézuélien pour sa défense de la
patrie.
Face à leurs échecs
répétés à accomplir leur coup
d'État
contre le gouvernement de la République bolivarienne du
Venezuela en dépit
de la sale guerre multiforme menée dans
ce but, les États-Unis font des pieds et des mains pour
tenter
de légitimer leurs activités illégitimes et
mobiliser de l'appui international pour leur pathétique
«
président » autoproclamé Juan
Guaido.
Le 9 avril, lors d'une session extraordinaire
du
Conseil permanent de l'Organisation des États
américains
(OÉA), demandée la veille par 7 membres du
Groupe de
Lima dont le Canada, une résolution a été
approuvée à majorité simple de 18
votes[1] appelant l'OÉA à
accepter un
individu désigné par l'Assemblée nationale
sans
pouvoir en tant que représentant permanent du Venezuela
à
l'OÉA, « en attendant de nouvelles élections
et la
mise en place d'un gouvernement élu
démocratiquement ». La résolution a
aussi
chargé le secrétaire général de
l'OÉA de transmettre le texte qui a été
approuvé au secrétaire général
des Nations unies, conformément à l'effort
concerté des États-Unis pour amener le Conseil de
sécurité à agir contre le Venezuela.
Le représentant de la République
bolivarienne du Venezuela et d'autres qui ont voté contre
la
résolution, et même certains qui se sont abstenus,
ont
déclaré fermement que le Conseil permanent n'avait
pas le
pouvoir, en vertu de la Charte de l'OÉA, de
déterminer
qui représente n'importe lequel de ses États
membres, que
cette décision
appartient à l'État membre lui-même.
Sir Ronald Sanders, l'ambassadeur
d'Antigua-et-Barbuda
à l'OÉA, a dit que « selon le droit
international
et la pratique internationale, qui représente un
État est
déterminé par qui a la charge du pays, qui
administre
ses affaires, [et] qui contrôle ses
frontières ». Compte tenu du fait qu'un «
gouvernement » parallèle fictif, dirigé
par un « président » autoproclamé
sans
pouvoir réel ne saurait satisfaire à ces exigences,
il a
dit que le critère essentiel du droit international avait
été ignoré et a demandé que ses
remarques
soient incorporées en annexe à la
résolution. La
réponse de la représentante du Venezuela, Asbina
Marín Sevilla, et celles de quelques autres qui se sont
opposés à la résolution ont aussi
été ajoutées en annexe à la
résolution qui a été publiée sur le
site
web de l'OÉA. Asbina Marín Sevilla a notamment dit
ce qui
suit :
« La seule mesure qui est prévue par
les
règles de l'OÉA est la suspension d'un État
membre, décidée lors d'une assemblée
générale spéciale par les deux tiers des
ministres
des Affaires étrangères. Il n'existe pas d'autre
mesure.
Le pouvoir de retirer la reconnaissance n'existe pas, et encore
moins
le pouvoir de changer les gouvernements. Toute
improvisation ou manipulation qui autorise d'autres actions
pouvant
être prises par des organes inférieurs et par un
vote de
moins des deux tiers est illégale. Nous faisons donc face
à deux coups d'État : un qui est commis contre
tous
les principes de l'OÉA, et l'autre qui est commis au sein
de
l'OÉA contre un État qui fait face à une
intervention et à qui on impose un représentant de
l'étranger. »
L'OÉA « a été
transformée en une coquille vide, sans le pouvoir de
défendre ses propres principes », a dit
Marin Sevilla, ce qui prouve que la décision de son
gouvernement
de s'en
retirer était la bonne. Le Venezuela doit se retirer de
l'OÉA le 27
avril, deux ans après avoir donné avis que telle
était son intention.
L'ambassadeur du Mexique Jorge Lomonaco, qui a
voté contre la résolution, a qualifié son
adoption
de « victoire à la Pyrrhus d'un groupe de pays, sans
effet
réel ». Il a dit que la décision a
été prise « de manière irresponsable
et sans
base juridique » et a exprimé sa
préoccupation
pour ses implications. Des représentants de pays
qui se sont abstenus de voter, dont le Nicaragua et le Guyana,
ont
aussi exprimé de semblables inquiétudes.
Caracas, Venezuela, 6 avril 2019
Au Conseil de sécurité de l'ONU
Le 10 avril, les États-Unis ont
transporté leur spectacle de changement de régime
au
Conseil de sécurité où ils ont
demandé
qu'une session d'urgence soit convoquée, soi-disant pour
examiner les « problèmes humanitaires »
au
Venezuela, la troisième réunion du genre dont ils
ont
forcé la tenue en moins d'un an.
La réunion a débuté par des
rapports du sous-Secrétaire général des
Nations
unies pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, du
représentant spécial conjoint du Haut-Commissaire
pour
les réfugiés et les migrants
vénézuéliens, Eduardo
Stein[2], et
de Kathleen Page,
professeure à l'École de médecine de
l'Université John Hopkins qui a fait
rapport d'une étude menée par son université
conjointement avec l'agence financée par le gouvernement
américain Human Rights Watch. Tous ont dépeint un
tableau
terrible de « situation humanitaire » au
Venezuela
sans même mentionner le rôle que la guerre
économique des États-Unis a
précisément
joué dans la création d'une crise dans
le pays.
Mike Pence a alors
pris la
parole dans le style d'un procureur autoproclamé,
qualifiant le
Venezuela d'État échoué et son gouvernement
d'« illégitime », sans oublier de dire
que le
Venezuela constitue une « menace à la paix et
à la
sécurité de la région »,
soulignant
qu'il est temps que l'ONU « agisse », une tentative
malhonnête de faire valoir la nécessité d'une
éventuelle intervention militaire, une menace
que
les États-Unis ont proférée et qui est
«
toujours sur la table » comme Pence n'a pas
manqué de
le rappeler. Il a annoncé que les
États-Unis ont rédigé une résolution
qui
demande que les lettres de créance du gouvernement
bolivarien
à l'ONU soient révoquées et assignées
aux
forces putschistes qu'ils parrainent. Il a demandé
à tous
les
États de l'appuyer, vraisemblablement lors d'une
réunion
de l'Assemblée générale, bien que moins du
tiers
de ses membres aient reconnu son fantoche Juan Guaido en tant que
président du Venezuela.
Après avoir proféré ses
menaces et
ses demandes grossières au Conseil de
sécurité,
Pence s'est donné en spectacle en quittant la
réunion,
sans même écouter ce que le Venezuela ou d'autres
membres
du Conseil de
sécurité avaient à dire. Il
s'est adressé aux journalistes en fulminant de
manière
impuissante : « C'est notre voisinage et le
président
a dit clairement que la Russie ou d'autres pays doivent s'en
retirer.
Ils doivent cesser leurs efforts pour faire entrave à la
pression économique et diplomatique, et ils doivent cesser
d'appuyer le régime Maduro. »
Lors d'une conférence de presse qu'il a
tenue
après la rencontre, l'ambassadeur permanent du Venezuela
à l'ONU, Samuel Moncada, a dit que ce n'est un secret pour
personne que les États-Unis mènent une campagne de
forte
pression depuis un bon moment pour faire en sorte qu'un plus
grand
nombre parmi les 193 membres de l'ONU
adhèrent à leur ordre du jour de changement de
régime en reconnaissant leur fantoche Guaido comme le
président légitime du Venezuela. Si cela peut
fonctionner
à l'OÉA, a-t-il dit, dont le secrétaire
général appelle ouvertement à une guerre
contre le
Venezuela, il n'en est pas de même de l'ONU qui n'est pas
un
simple « enclos des États-Unis et
de leurs amis ». Moncada a dit que le Venezuela s'est
engagé lui aussi dans une vigoureuse campagne
auprès des
membres du Mouvement des non alignés depuis six mois pour
contrer les tentatives des États-Unis de déloger sa
délégation à l'ONU et que la campagne se
poursuit.
Note
1. La résolution a
été
appuyée par l'Argentine, les Bahamas, le Brésil, le
Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l'Équateur,
les
États-Unis, le Guatemala, Haïti, le Honduras, la
Jamaïque, le Panama, l'Uruguay, le Pérou, la
République dominicaine et Sainte-Lucie. Neuf pays ont
voté contre la résolution :
Antigua-et-Barbuda, la
Bolivie, la Dominique, la Grenade, le Mexique,
Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le Suriname, l'Uruguay et le
Venezuela. Six pays se sont abstenus : la Barbade, le
Salvador,
Guyana, le Nicaragua, Saint-Kitts-et-Nevis et Trinidad-et-Tobago.
Le
Belize était absent.
2. Eduardo Stein est un
ancien
vice-président (2004-2008) et ministre des Affaires
étrangères (1996-2000) du Guatemala. Il
siège
actuellement au conseil d'administration du Dialogue
interaméricain basé à Washington. Il est
à
noter que Stein était membre de la Commission
internationale
pour la souveraineté et l’intervention des
États (CIISE)
créée par le Canada en 2000 après le
bombardement
de la Yougoslavie par l’OTAN. La Commission a
proposé « la
responsabilité de protéger » pour justifier
une
intervention étrangère contre des États
souverains
- une violation de la Charte des Nations unies. Dans son rapport
au
secrétaire général de l'époque, Kofi
Annan,
la Commission recommandait à l'ONU d'adopter cette
doctrine
comme politique officielle. Stein est censé rester un
partisan
de cette doctrine impérialiste que Luis Almagro et des
membres
de l'opposition au Venezuela financée par les
États-Unis
appellent à utiliser aujourd'hui contre le Venezuela.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 14 - 13 avril 2019
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touchez pas au Venezuela!: Les manoeuvres illégales et les
appels impuissants des États-Unis à soutenir un
changement de régime sont repoussés
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