Élections albertaines 2019

Les travailleurs luttent pour une direction prosociale de l'Alberta

L'Alberta compte 4,3 millions d'habitants. La Saskatchewan juste à côté en compte un million et le Manitoba un autre million. Ensemble ils forment une région naturelle interconnectée qu'on appelle les Prairies et dans laquelle on pourrait également inclure le nord.

Imaginez les ressources humaines et naturelles que cette région possède : une vaste agriculture, du pétrole, du gaz naturel, du charbon à coke pour l'acier, de l'uranium, du bois, des diamants, de la potasse, du vent et du soleil et combien d'autres atouts couplés à une classe ouvrière instruite. Pourquoi alors les crises récurrentes ? Qui ou qu'est-ce qui bloque le développement du nouveau et pourquoi ? Les possibilités sont infinies pour le développement dans cette région d'une économie diversifiée indépendante avec l'exploitation des ressources, une industrie manufacturière, des programmes sociaux, des services publics et des infrastructures modernes, une économie ayant pour motif de garantir le bien-être et la sécurité du peuple et d'humaniser l'environnement social et naturel.

Or, ce n'est pas l'ordre du jour de l'élection provinciale prévue pour le mardi 16 avril. Au contraire, l'ordre du jour est fixé par l'élite dirigeante et le peuple est censé prendre parti pour une version ou une autre d'un ordre du jour qu'il n'établit pas et qui ne représente pas ses intérêts et ses réclamations à la société. Par exemple, l'élite dirigeante de l'Alberta persiste dans la privatisation des services de santé malgré une vaste opposition populaire. Elle refuse d'augmenter les investissements publics dans la santé, ce qui permettrait de résoudre les problèmes persistants du temps d'attente pour les soins immédiats et de l'absence d'un système de soin des personnes âgées qui soit moderne et humain et doté d'un personnel suffisant.

Les travailleurs de la santé et les travailleurs du secteur public continuent de faire face à des gels de salaires, à la croissance de la charge de travail et au refus de l'élite dirigeante de reconnaître que leurs conditions de travail sont les conditions de vie des patients et des personnes âgées dont ils s'occupent.

Les travailleurs ont depuis longtemps fait leur réclamation à ce sujet : les services de santé sont un droit. Malgré des campagnes massives de désinformation sur des budgets équilibrés, sur la croissance du contrôle privé et de la propriété privée des services de santé, sur le développement de la médecine à deux vitesses et sur la même vieille orientation qui consiste à axer l'économie sur l'exploitation des ressources naturelles, les cercles dirigeants n'ont pas réussi à éliminer la revendication des travailleurs d'une alternative prosociale. Les Albertains ont toujours résisté aux campagnes antisociales. Ils sont confrontés au problème de s'investir du pouvoir politiquement pour bâtir le nouveau de manière décisive et sans retour.

Les Albertains exigent depuis longtemps que ceux qui sont au gouvernement assument leur responsabilité sociale de mobiliser les forces productives pour garantir le droit de tous à des services de santé et des soins pour les personnes âgées de la plus haute qualité, ainsi que le droit à l'éducation et aux autres services publics qui les affectent. Ils rejettent les énoncés de principe et les plateformes électoralistes des partis de cartel. Ils rejettent aussi l'obscurantisme au sujet de l'équilibre budgétaire par l'austérité où ceux qui détiennent le pouvoir décident de ce qui est équilibré et de qui en profite.

Les Albertains maintiennent leur demande de résultats concrets, à commencer par une augmentation des investissements dans les programmes sociaux, ici et maintenant. Plus généralement, ils demandent une nouvelle direction pour l'économie, qui ne dépend plus de l'exploitation des ressources naturelles contrôlées par des forces extérieures qui ne sont pas intéressées par la construction d'une économie moderne et polyvalente basée sur la fabrication, l'exploitation des ressources, l'agriculture, les services publics et des programmes sociaux répondant aux besoins de tous et garantissant leurs droits et leur bien-être.

Les Albertains demandent aux gouvernements de rendre compte de ce qui est fait pour restreindre et éliminer le contrôle et la propriété privés des programmes sociaux par lesquels les profits d'entreprises et d'intérêts privés sapent la vitalité des secteurs de la santé et de l'éducation. Le but de la propriété et du contrôle privés n'est pas de voir au bien-être de la population, mais d'enrichir de riches intérêts et de retirer de la valeur de l'économie pour l'utiliser ailleurs. La valeur produite en Alberta doit rester dans l'économie et être investie de manière à renforcer sa capacité à répondre à ses propres besoins face à l'emprise destructrice des oligarques mondiaux, en particulier les barons du pétrole.

Une alternative prosociale sous nos yeux

Les partis cartellisés qui rivalisent pour le pouvoir aux élections albertaines représentent tous, à un degré ou à un autre, la prétention néolibérale que le droit aux services de santé ne peut être garanti en raison d'un « manque d'argent ». Les plans budgétaires du NPD et du Parti conservateur uni rejettent tous deux une augmentation des investissements dans les programmes sociaux et les services publics. Ils prévoient plutôt  des coupes dans les dépenses consacrées aux programmes sociaux et aux services publics, la différence entre eux ne portant que sur la quantité. On dit aux travailleurs que leur seul choix est d'accepter « une austérité bienveillante » ou d'être confrontés plus tard à des réductions massives, un système de santé à deux vitesses et une plus grande privatisation au service des riches.

L'alternative de mobiliser les forces productives modernes dans une direction prosociale nous interpelle au premier plan. Elle se voit dans la lutte des travailleurs et des professionnels de la santé, des enseignants et des travailleurs de l'éducation qui savent ce qu'il faut pour garantir la santé et l'éducation. Ils soulèvent les vrais problèmes auxquels eux et l'ensemble des Albertains sont confrontés et réfutent en pratique le jargon néolibéral des experts qui font mystère de tout. Un des refrains courants est que « les problèmes ne vont pas être réglés en y jetant plus d'argent ». Bien sûr que si vous « jetez de l'argent » pour enrichir des intérêts privés, cela ne résoudra pas les problèmes.

Dans ce numéro du Marxiste-Léniniste nous présentons plusieurs articles qui témoignent des luttes des Albertains pour la défense des droits de tous, luttes qui se poursuivront, peu importe qui sort vainqueur de l'élection du 16 avril.


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 14 - 13 avril 2019

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Élections albertaines 2019: Les travailleurs luttent pour une direction prosociale de l'Alberta


    

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