À titre d'information

L'Arctique – un survol


Iqaluit, Nunavut

L'Arctique est un des trésors de la planète Terre, une région d'une immense beauté, où la nature est sauvage et le climat souvent sans merci. Si on établit la ligne de démarcation de sa frontière sud au 60e parallèle (ce qui comprendrait l'Arctique et des régions subarctiques), on trouve des millions de kilomètres de glace, de neige, de toundra, de glaciers, d'océans, de montagnes, de forêts, de muskeg, de désert polaire et de pergélisol. Près de 40 % du territoire canadien est compris dans la région arctique et il en va de même pour la plupart des pays arctiques. Malgré un climat rigoureux, on y trouve une grande variété de faune, y compris le caribou, le renne, le morse, la baleine, l'ours polaire, le loup, de nombreuses espèces d'oiseaux et d'autres espèces.

Bien qu'on puisse s'imaginer que l'Arctique est une région ancienne et primitive, l'environnement actuel de l'Arctique est en réalité le plus récent du monde en termes géologiques. Il y a soixante-dix millions d'années, cette région était à toutes fins pratiques libre de toute glace et était tapissée de fougères, de cyprès et d'autres végétaux et peuplée d'animaux qu'on trouve normalement dans des climats subtropicaux.

La population de l'Arctique aujourd'hui est d'environ quatre millions de personnes dont approximativement 10 % sont autochtones (les chiffres peuvent beaucoup varier en fonction des frontières arctiques fixées). Au Canada, cependant, la population autochtone représente près de la moitié de la population arctique, et au Groenland, elle représente la majorité de la population. Ces peuples autochtones et non autochtones vivent dans huit pays différents, les États-Unis (l'Alaska), le Canada (le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut, le Nord québécois et le Labrador), le Groenland (le Danemark), l'Islande, la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie. Plus de la moitié des quatre millions d'autochtones vivent en Russie où se trouve la plus grande ville au nord du Cercle polaire (Mourmansk).

On a raison de croire que les peuples autochtones ont habité la Sibérie en Russie il y a aussi longtemps que 30 000 ou 40 000 ans. Au Canada, on évalue que le peuplement de la région du Cercle polaire s'est fait entre 12 000 et 14 000 ans avant notre ère, et le peuplement par les peuples inuits à environ 2 500 ans avant notre ère, ou même aussi tôt que 6 500 ans avant notre ère. Par leur ingéniosité, leur travail acharné et leur intelligence, ces peuples ont réussi à bâtir et soutenir leurs nations et leurs riches cultures dans les pénibles conditions de l'Arctique, et souvent avec des ressources très limitées.

Une liste partielle de regroupements autochtones de l'Arctique aujourd'hui comprend les Inuits (au Canada, en Alaska, au Groenland et en Russie), les Gwich'in (au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et en Alaska), les Athapaskans (au Canada, en Alaska), les Samis (en Norvège, en Suède, en Finlande et en Russie), et les Aléoutes (en Alaska, en Russie). Seulement en Russie, il y a plus de 40 peuples autochtones. Dans toutes ces régions, les populations autochtones ont été décimées par l'exploitation coloniale, l'agression culturelle, la propagation de maladies et d'autres fléaux. Mais en dépit de tout ce qu'ils ont eu à confronter, par leur grande détermination, ils ont défendu leurs droits, leurs terres et leurs moyens de subsistance, et se sont opposés à la militarisation de la région.

Il y a beaucoup de différences dans la vaste région de l'Arctique en termes de population, de gouvernance, de cultures, de langues et de climat, et même en termes de degré d'urbanisation, d'industrialisation et de militarisation. Par exemple, le Nord du Canada et le Groenland sont peu peuplés, alors que l'Alaska et la Russie ont une population considérablement plus grande. La température la plus froide jamais enregistrée sur terre (moins 70 degrés Celsius) a été en Sibérie. Et pourtant, la température à Reykjavik, en Islande, sous l'influence des courants océaniques, est relativement modérée avec des températures oscillant autour de zéro à l'année longue. Malgré les différences et les longues distances, les peuples de l'Arctique ont des liens millénaires et ils se voient comme ayant non seulement un territoire commun, mais souvent une cause commune.

La région arctique est riche en ressources naturelles avec approximativement 22 % des réserves mondiales de gaz et de pétrole, des dépôts d'uranium, de bauxite, de minerai de fer, de cuivre, de nickel, de cobalt, de phosphates et de divers autres métaux et minéraux, d'eau potable (10 % de l'eau potable mondiale se trouve dans l'Inlandsis - couche de glace - au Groenland), d'énergie hydroélectrique. Elle foisonne aussi de poissons et d'animaux marins. Parmi les industries, on compte l'extraction minière, le forage de gaz et de pétrole, la chasse et la cueillette, la pêche, la trappe, l'élevage (de rennes), le tourisme et l'art et la sculpture autochtones.

Malgré la nature sauvage, l'Arctique subit les répercussions dramatiques de la pollution et du réchauffement climatique. Le développement industriel, ainsi que les activités militaires accrues, accélèrent le processus de pollution de la terre et de l'eau. Aussi, les polluants transportés des autres régions de la terre par le vent s'accumulent.

À mesure que les températures augmentent (beaucoup plus rapidement qu'ailleurs sur la Terre), la fonte de la glace de mer et des glaciers a d'immenses répercussions sur le territoire, la faune et les peuples de la région, ainsi que sur les niveaux des mers à l'échelle mondiale. Ces nombreux problèmes sont exacerbés par la fonte de pergélisol, duquel émane d'immenses quantités de méthane, un gaz à effet de serre.

Dans les prochaines années, on s'attend à ce que le passage du Nord-Ouest canadien et le passage du Nord-Est russe seront moins faits de glace et deviendront plus navigables, ouvrant ces routes maritimes au transport transocéanique, ainsi qu'au forage de gaz et de pétrole et à la pêche. Par conséquent, la concurrence entre les grandes puissances et les sociétés cartels est aussi exacerbée alors qu'elles cherchent à y avoir l'accès et le contrôle, que ce soit militairement ou commercialement.

S'il est vrai que de nouveaux problèmes complexes ont été engendrés, il est aussi vrai que les peuples de l'Arctique, à la fois les autochtones et les non autochtones, y compris ceux du Canada, sont résilients et vont continuer de se battre à la défense de leurs droits, de leurs terres et de leur mode de vie.

Dans les chansons qui suivent (traduites de l'Inuktitut il y a une centaine d'années), la grande poète de la tradition orale et chanteuse inuit Uvavnuk a bien capté la résilience de l'esprit et de la vision de son peuple dans le contexte grandiose des forces de la nature :

La Grande mer

La Grande mer
A rompu mes amarres
Elle m'emporte
Comme la semence dans la grande rivière
La terre et les tempêtes

Me transportent
M'ont entraînée au loin
M'animant d'une joie profonde.

La seule grande chose

Et je repense
À mes petites aventures
Lorsque, mue par un vent des rives,
J'ai quitté la terre dans mon kayak
Et j'ai cru que j'étais en danger.
Mes craintes,
Ces petites craintes
Me semblaient si grandes
Lorsque je devais partir à la recherche
De toutes ces choses essentielles.
Et pourtant, il n'y a qu'une seule
Grande chose
La seule chose.

C'est de vivre et de voir
Par les huttes et les voyages
Le grand jour qui perce à l'aube
Et la lumière qui baigne le monde.


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 13 - 6 avril 2019

Lien de l'article:
À titre d'information: L'Arctique – un survol


    

Site Web:  www.pccml.ca   Courriel:  redaction@cpcml.ca