L'enquête de l'ONU sur les manifestations de 2018 à Gaza conclut aux violations des droits humains et du droit international humanitaire par Israël et à la nécessité d'enquêtes et de poursuites judiciaires
Un rapport indépendant des Nations unies sur
l'intervention des forces de sécurité israéliennes
lors des manifestations de l'année dernière le long de la
bande de Gaza, pendant lesquelles plus de 180 Palestiniens ont
été tués par balle, a conclu le 28 février
qu'il
y avait « des motifs
raisonnables » de croire qu'Israël a violé le
droit international
humanitaire.
Selon un communiqué de presse publié par
la Commission d'enquête des Nations unies sur les manifestations
de 2018 à Gaza, « rien ne justifiait » que
les forces israéliennes utilisent des balles réelles.
« La Commission a
trouvé des motifs
raisonnables de croire que les forces de sécurité
israéliennes ont commis de graves violations des droits de
l'homme et du droit international humanitaire », a
déclaré le président du conseil, Santiago Canton,
aux journalistes à Genève.
Il a ajouté : « Ces violations
justifient clairement une enquête et des poursuites
pénales et nous appelons Israël à mener des
enquêtes sérieuses sur ces violations graves et à
assurer que justice soit faite aux personnes tuées et
blessées. »
Créée par le Conseil des droits de
l'homme des Nations unies, composé de 47 membres, en mai de
l'année dernière, la Commission d'enquête
était chargée d'enquêter sur toutes les violences
liées aux manifestations anti-israéliennes
organisées du 30 mars au 31 décembre 2018
à la frontière entre Israël et Gaza.
Au total, la Commission a mené 325
entrevues avec des victimes et des témoins et a analysé
du matériel audiovisuel montrant des manifestants en train
d'être abattus.
Ses conclusions indiquent que les forces de
sécurité israéliennes ont blessé 6106
Palestiniens avec des balles réelles sur les lieux de
manifestation pendant la période de son mandat, tandis
que 3098 Palestiniens ont été blessés par des
fragments de balle, des balles en métal recouvertes de
caoutchouc ou par des grenades de gaz
lacrymogène.
Le rapport révèle également que
quatre soldats israéliens ont été blessés
lors des manifestations, soulignant qu'un soldat israélien avait
été tué le jour de la manifestation « mais
en dehors des lieux de la manifestation ».
En prévision du premier anniversaire du
début des manifestations du 30 mars 2018, que les Gazaouis
appellent la « Grande Marche du retour », la
Commission d'enquête a souligné qu'Israël et les
autorités palestiniennes contrôlées par le Hamas
doivent faire davantage pour protéger les civils, qui continuent
à manifester tous les
vendredis près de la frontière clôturée.
« La Commission a trouvé des motifs
raisonnables de croire que des tireurs d'élite israéliens
ont ouvert le feu sur des journalistes, des professionnels de la
santé, des enfants et des personnes handicapées, sachant
qu'ils étaient clairement reconnaissables en tant que
tels », indique le communiqué.
Commémoration le 13 avril 2018 pour un
jeune journaliste tué par les forces israéliennes
La commissaire Betty Murungi a décrit comment un
garçon de 11 ans a été atteint d'une balle
alors qu'il jouait au football près de la barrière avec
Israël. Il a ensuite eu une jambe amputée.
« Bien que cela ait diminué, nous voyons
toujours des groupes protégés d'individus, dont des
enfants, être tués, comme il y a trois semaines à
peine », a déclaré la commissaire Sara Hossain.
Elle a ajouté que les ambulanciers et les
journalistes continuent également d'être blessés
sur les lieux de la manifestation, tout en rejetant l'idée que
les manifestants étaient déterminés à
commettre des actes de violence.
« Nous avons constaté que durant toutes
les manifestations, une minorité de manifestants jetait des
pierres et brûlait des pneus », a-t-elle
déclaré, ajoutant que « la grande
majorité » n'était engagée dans aucune
forme de violence.
« Il y avait des femmes et des enfants
présents, il y avait des gens qui lisaient de la poésie,
jouaient de la musique, brandissaient des drapeaux, des choses qui ne
peuvent en aucun cas être considérées comme
violentes, a-t-elle insisté. Je pense que de représenter
tous les manifestants comme étant violents est quelque chose
avec lequel
nous ne pouvons être d'accord. »
Chaîne de lecture de protestation et programmes
culturels pour les enfants dans les camps de la Grande Marche du retour
Les autorités de facto « doivent
encourager les manifestations pacifiques ». Outre l'appel
lancé à Israël de coopérer à une
enquête sur les décès, le président de la
Commission, Santiago Canton, a appelé les autorités de
facto à Gaza à veiller à ce que les manifestations
soient pacifiques.
« La Commission estime que ces manifestations
constituaient un appel à l'aide d'une population
désespérée, a déclaré Santiago
Canton. Non seulement Israël, mais les autorités de facto
dirigées par le Hamas et l'Autorité palestinienne ont des
responsabilités à leur égard. »
M. Santiago a également appelé à
prendre note de l'appel lancé par la Commission à
Israël pour lever le blocus de Gaza et permettre en particulier
aux personnes nécessitant des soins médicaux urgents de
quitter le territoire, après avoir constaté que les
hôpitaux étaient « littéralement
submergés par le nombre de morts et de victimes »
après les manifestations du 14 mai.
Le rapport complet de la commission d'enquête a
été présenté au Conseil des droits de
l'homme le 18
mars.
Le texte complet du rapport (en anglais) est disponible
ici.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 12 - 30 mars 2019
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L'enquête de l'ONU sur les manifestations de 2018 à Gaza conclut aux violations des droits humains et du droit international humanitaire par Israël et à la nécessité d'enquêtes et de poursuites judiciaires
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