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La désinformation au sujet du réseau 5G de Huawei
et les menaces pour la sécurité nationale

L'arrivée de nouvelles formes de communication de masse des forces productives sociales

Les États-Unis font de la pénétration du réseau 5G de Huawei sur le marché nord-américain un problème de « danger de l'espionnage chinois qui constitue une menace pour la sécurité du monde entier ». Cela fait partie de la concurrence féroce dans le domaine des télécommunications entre les plus grandes entreprises de télécommunications dans lequel les États-Unis cherchent à maintenir leur domination par leurs liens avec les oligopoles qui sont déjà directement liés à l'appareil militaire et de sécurité américain.

On pourrait penser que tout progrès de la technologie des communications et les perspectives d'un réseau 5G de grande capacité capable de fournir une vitesse de réseau suffisante pour soutenir les voitures autonomes, la chirurgie à distance ou d'autres applications de l'intelligence artificielle seraient un développement positif. Mais apparemment pour l'État de sécurité nationale des États-Unis, cela est devenu un problème de survie.

Dans article paru dans la revue scientifique Nature du 15 juin 2017, intitulé « Le satellite quantique chinois élimine un obstacle majeur sur la voie des communications ultra-sécurisée », la revue annonçait la nouvelle importante que le premier satellite chinois doté de capacités quantiques avait atteint l'un de ses objectifs les plus ambitieux. Le rapport des chercheurs, également publié dans Science, explique qu'en envoyant des photons entre le satellite et deux stations au sol distantes, ils ont montré que les particules peuvent rester dans un état quantique intriqué à une distance record de plus de 1 200 kilomètres. Ce phénomène connu sous le nom d'intrication quantique pourrait être utilisé comme base d'un futur réseau sécurisé de communications quantiques [1].

C'est une nouvelle d'une portée considérable pour le fonctionnement d'un réseau 5G, car cela répond à l'un des besoins les plus importants du réseau qui est un système de cryptage de données complètement sécurisé.

Un autre article dans MIT Technology Review, paru le 30 janvier 2018, intitulé « Un satellite chinois utilise la cryptographie quantique pour une vidéoconférence sécurisée entre continents » annonçait que l'expérience chinoise avait battu le record de la cryptographie quantique sur de longues distances.

Dans cet article, il est expliqué que « la cryptographie quantique permet une communication sécurisée en raison des lois de la physique ». Le problème principal est que la cryptographie quantique n'a pas été possible sur de longues distances, car, jusqu'à présent, les meilleures fibres optiques ne peuvent transporter des photons sans avoir à répétér le signal que sur une distance d'environ 200 km.

Tout cela a changé avec le satellite chinois Micius, lancé en 2016. L'une des dernières réalisations du satellite a été la mise en place du premier service de cryptographie quantique intercontinentale. L'article explique : « Les chercheurs ont testé le système en tenant une vidéoconférence sécurisée entre l'Europe et la Chine. Pour la première fois, la sécurité de cette vidéoconférence était garantie par les lois de la physique. »

Le but de l'expérience était de tenir une vidéoconférence entre l'Académie chinoise des sciences à Beijing et l'Académie autrichienne des sciences à Vienne.

La première étape consistait à créer une « clé » qui est un ensemble de nombres aléatoires pouvant être utilisés par les deux parties pour coder ou décoder un message et pour distribuer cette « clé » en toute sécurité aux deux endroits. Afin de réaliser un transfert sécurisé de la « clé », le satellite a envoyé les nombres aléatoires codés dans un photon unique aux stations terrestres de Xingdong, dans la province septentrionale du Hebei en Chine, puis a envoyé la même clé à la station terrestre de Graz, en Autriche. Les équipes ont utilisé des communications quantiques au sol par fibres optiques entre la station terrestre chinoise et Beijing et entre la station terrestre autrichienne et Vienne pour établir une liaison vidéo sécurisée.

Cette expérience a eu lieu en septembre 2017 et a donné lieu à une vidéoconférence novatrice d'une durée de 75 minutes avec une transmission de données totale d'environ deux gigaoctets.

Les deux équipes ont annoncé conjointement ce remarquable exploit : « Nous avons démontré la possibilité d'une communication quantique intercontinentale entre plusieurs endroits sur la Terre séparés par une distance maximale de 7 600 kilomètres. »[2]

Ce qui est très important dans cette technologie mise au point par des scientifiques chinois, c'est que la cryptographie quantique garantit la sécurité des réseaux 5G ou de tout autre réseau sous sa protection. Les informations quantiques sont intrinsèquement plus sûres que les informations classiques car elles sont protégées par les lois fondamentales de la physique. Lire des informations classiques (c'est-à-dire des nombres aléatoires générés par la technologie informatique actuelle) ne les change en rien, mais selon la physique quantique, le simple fait d'observer un système quantique modifie son état quantique. Grâce à cet effet, il est possible de détecter l'espionnage ou le piratage d'informations quantiques. Par conséquent, les informations quantiques peuvent être rendues invulnérables à l'espionnage d'une manière qui serait impossible selon l'approche classique.

Outre les travaux de recherche de pointe menés en Chine sur le chiffrement quantique, Huawei progresse dans la commercialisation du chiffrement quantique destiné à être utilisé dans les réseaux de télécommunication existants. Le 14 juin 2018, Telefónica, le monopole espagnol des télécommunications, a annoncé qu'un « premier essai sans précédent mené sur le terrain » avait été réalisé, conjointement avec Huawei et l'Université polytechnique de Madrid (UPM), qui, dans leurs propres mots, « démontrait l'utilisation du chiffrement quantique sur les réseaux de fibre optique commerciaux et de leur intégration opérationnelle au moyen des technologies de mise en réseau définie par logiciel (SDN). »

Il n'est donc pas surprenant que de nombreux pays s'intéressent à la mise en place de leurs réseaux 5G basés sur la technologie haute vitesse avancée de Huawei. Combinés à la sécurité du chiffrement quantique, ces réseaux seraient protégés de tout piratage ou espionnage étranger. Il a été rapporté que Huawei a actuellement des contrats pour déployer sa technologie 5G dans près de 30 pays.

L'Allemagne, la France et même la Grande-Bretagne ont récemment déclaré qu'ils ne considéraient pas Huawei comme un risque pour la sécurité et ils ont refusé d'interdire un fabricant en particulier dans leurs pays. Les États-Unis ont répliqué en avertissant leurs alliés qu'ils pourraient reconsidérer leurs relations militaires avec quiconque utilise l'infrastructure 5G de Huawei.

Les États-Unis s'appuient sur une accusation permanente contre Huawei et d'autres entreprises chinoises. Ils affirment qu'ils ne sont que des prolongements de l'État chinois ou du Parti communiste chinois et que, par conséquent, on ne peut pas leur faire confiance. On prétend que Huawei ajoute des portes arrière à son matériel, permettant ainsi au gouvernement chinois d'accéder aux données étrangères. Huawei le nie avec véhémence.

Les menaces concernant Huawei et sa technologie 5G sont un exemple frappant de la quête de l'impérialisme américain pour la domination mondiale. Il cherche à contrôler l'intelligence artificielle et les autres percées technologiques et s'il ne peut pas, détruire les forces productives humaines qui leur ont donné naissance. La guerre cybernétique et les tentatives d'imposer des lois qui stipulent ce qui peut et ne peut pas être fait avec la technologie moderne deviennent des tentatives de criminaliser ceux qui ne succombent pas aux visées des impérialistes américains. Les menaces de guerre sont devenues la monnaie courante pour traiter de ce que les impérialistes américains prétendent être des menaces à la sécurité.

En fait, les nouveaux développements des réseaux 5G et les progrès scientifiques réalisés par les scientifiques chinois dans le chiffrement quantique sont de nouvelles formes de communication de masse produites par les forces productives sociales. Ces progrès ne sont la propriété de personne.

C'est là la signification la plus importante de ces nouveaux développements dans les expériences de communications ultra-sécurisées qui sont si importantes pour le fonctionnement de tout réseau à grande vitesse. Cette technologie n'appartient à personne. Aucune entité, que ce soit une nation ou une société, ne peut la contrôler ou la monopoliser parce qu'elle est basée sur les lois de la physique qui peuvent être appliquées de manière universelle.

Quels que soient les efforts des impérialistes américains pour présenter la question des réseaux 5G et Huawei comme un problème d'« espionnage » et de « menace chinoise », il est indéniable que ces progrès sont de nouvelles avancées des forces productives humaines modernes par le fait qu'ils donnent naissance à de nouveaux moyens de production inconnus jusqu'ici. La révolution industrielle et technique ne peut être arrêtée par quiconque prétend en être propriétaire et dont l'objectif est le profit privé. Le nouveau qui émerge doit être abordé politiquement afin que les nouveaux arrangements servent les forces productives humaines modernes et non ceux qui créent le chaos dans leur tentative de les contrôler uniquement pour eux-mêmes.

Même si l'on parle beaucoup des développements liés à Google, Facebook, Huawei et la technologie 5G, etc, comme d'un problème de surveillance par l'État, de « Big brother », etc, en fait, ce sont des formes de communication de masse produites par les forces productives sociales d'aujourd'hui qui appartiennent à l'humanité. Ce sont les visages du nouveau qui ouvrent l'horizon du monde dont parlait Marx et qui ne sont pas encore organisées. Aujourd'hui ces formidables développements des forces productives humaines sont utilisés pour détruire les forces productives, la guerre étant désormais le moyen principal pour y arriver. Mais cela peut être renversé et doit l'être.

Notes

1. « China's Quantum Satellite Clears Major Hurdle on Way to Ultrasecure Communications », Nature, 15 juin 2017.

2. « Chinese Satellite Uses Quantum Cryptography for Secure Videoconference Between Continents », MIT Technology Review, 30 janvier 2018


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 11 - 23 mars 2019

Lien de l'article:
La désinformation au sujet du réseau 5G de Huawei : L'arrivée de nouvelles formes de communication de masse des forces productives sociales - Louis Lang


    

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