Faire face aux cycles d'expansion et de contraction de l'économie albertaine et à la désinformation de l'élite dominante
Un convoi de camions est parti de Red Deer, en Alberta,
le
14 février, sous le thème d' « appuyer l'industrie
pétrolière ».
Les médias suggèrent qu'entre 60 et 70 camions comprenant
des
tracteurs routiers et des caravanes sont arrivés à Ottawa
le 19
février. Les organisateurs du convoi « Unis nous roulons
» ont
dit que leur message est d'en finir avec la taxe carbone du
gouvernement fédéral, de construire plus
d'oléoducs et de retirer
les projets de loi C-69 et C-48.[1]
Le convoi avait d'abord été
annoncé en janvier, mais plusieurs
des promoteurs du convoi et de ceux qui amassaient des fonds se
sont retirés, évoquant des « complications »
et ne souhaitant pas
être associés à certains individus jouant la carte
politique et à
qui les médias accordaient de l'importance. Le groupe «
Action
Canada », dont les organisateurs sont des membres connus du Parti
conservateur, faisait partie du convoi.
Les médias ont
beaucoup parlé de la présence d'opposants au
Pacte mondial sur la migration des Nations unies, du comportement
inacceptable de certains individus envers les Protecteurs de la
Terre autochtones, et du fait qu'une tribune avait été
accordée à
un raciste avoué. L'accent mis par les médias sur des
agents
provocateurs allégués ou réels a fait en sorte
qu'aucune
discussion n'a eu lieu sur les sérieuses préoccupations
soulevées
sans relâche par les travailleurs au cours des nombreuses actions
menées partout en Alberta avant le départ du convoi
pancanadien
en février.
Une couverture et une enquête honnêtes
soulèveraient la
question de qui fixe l'ordre du jour de l'économie albertaine
qui
a engendré la crise actuelle et comment les puissants oligarques
mondiaux profitent de l'ordre du jour qu'ils fixent. Il va de soi
que ces oligarques ne veulent surtout pas d'une enquête ou d'une
discussion qui les tiendrait responsables des problèmes
actuels.
Les oligarques de l'énergie qui sont actifs au
Canada
demandent que celui-ci s'intègre encore plus dans la
compétition
féroce, l'économie de guerre et la course à la
domination
mondiale de la « Forteresse Amérique du Nord »,
activités qui
sont toutes très
néfastes pour le peuple et la Terre-Mère. La course
à l'hégémonie
mondiale prend la forme de la destruction nationale, des guerres
d'agression et de la destruction tous azimuts de ce qu'ils ne sont
pas capables de contrôler. Un des dommages collatéraux de
ces
efforts de domination est l'économie de l'Alberta.
Le problème auquel sont confrontés les
cercles dominants est
que la classe ouvrière de l'Alberta est un contingent militant
et
bien enraciné de la classe ouvrière canadienne. Elle
s'est
toujours tenue debout. C'est pourquoi les oligarques et leurs
représentants et leurs médias font des pieds et des mains
pour
désinformer l'opposition instinctive de la classe
ouvrière aux
dommages causés par la grande industrie
pétrolière, à la
privatisation des services de santé, des soins aux
aînés et de
l'éducation, et aux manoeuvres des différents
gouvernements, peu
importe leur couleur politique, pour payer les riches. La classe
ouvrière réagit en prenant des mesures qui sont une
expression
collective de comment avancer sur une voie cohérente qui lui est
favorable. C'est à la classe ouvrière d'élaborer
une nouvelle
direction à l'économie qui humanise l'environnement
social et
naturel. L'objectif des riches de piller aveuglément les
ressources, d'exploiter le travail et d'en exproprier les fruits
a depuis longtemps été exposé comme étant
très destructeur. Il a
depuis longtemps été rejeté et on ne doit pas
permettre qu'il
domine l'ordre du jour électoral.
Des rassemblements en Alberta
Un convoi de camions traverse Estevan, en Saskatchewan, le 22
décembre 2018.
Des
rassemblements et des convois de camions ont été
organisés dans
au moins treize villes et villages partout en Alberta ainsi que
dans plusieurs villes et villages de la Saskatchewan et du
Manitoba, en décembre et en janvier, dans lesquels des milliers
de personnes ont participé. Les travailleurs et des gens de la
petite entreprise et d'autres membres de la communauté ont
participé aux rassemblements et ont fait part de leurs
inquiétudes face à leur avenir. Ils ont parlé des
difficultés
auxquelles ils ont été confrontés depuis que les
prix du pétrole
ont chuté en 2014 et comment, une fois de plus, l'expansion
s'est
transformée en contraction. La plupart des communautés
où les
manifestations ont eu lieu dépendent largement de l'industrie
conventionnelle de gaz et de pétrole et non des projets
géants de
sables bitumineux. Ils ont expliqué comment ils avaient perdu
leur maison, leurs véhicules et leurs petites entreprises.
Toutes ces actions, y compris l'événement
final à
Ottawa, permettent de voir comment les cercles dominants
étouffent et suppriment toute pensée, enquête et
discussion. Les
partis cartellisés, les médias monopolisés et la
désinformation
directe des cartels énergétiques ont défini le
problème, la
solution et l'ordre du jour que tous devraient suivre ou
dénoncer. C'est ce qui a empêché que se forme une
opinion
publique cohérente sur la base d'une participation consciente
à
des actes de découverte et de discussion collective.
Ce que disent les oligarques
L'élite dominante a déclaré que
l'industrie pétrolière était
en crise parce que :
- l'Alberta doit vendre son pétrole à
très bas prix à un
marché unique, les États-Unis et que
- les régimes de réglementation, rendus
encore plus
compliqués par le projet de loi C-69 de Justin Trudeau, «
tuent l'investissement » et doivent être mis au rancart.
La solution serait donc, selon eux, de construire des
oléoducs. Cela est censé ouvrir des marchés en
Asie, même s'il
existe des preuves flagrantes que le jumelage de l'oléoduc de
bitume de Trans Mountain vers Vancouver doit principalement
approvisionner les raffineries de Washington et de la
Californie.
Lorsqu'ils fixent leur ordre du jour, les cercles
dominants cherchent à susciter le maximum de discorde et
d'animosité à savoir si le peuple est pour ou contre un
ordre du
jour pour lequel il n'a joué aucun rôle. Cela bloque
toute enquête
et toute discussion sur les problèmes objectifs et sur la
nécessité d'une nouvelle direction pour l'économie.
La campagne de désinformation obscurcit la
situation, y
compris le fait que les oligarques de l'industrie
énergétique
n'ont aucune intention en ce moment de reconsidérer l'industrie
conventionnelle de gaz et de pétrole dont dépendent un
grand
nombre de villes et de villages. Le marché mondial est
inondé de
brut léger de schiste américain. Les oligarques n'ont
aucune
intention d'expliquer comment le manque de capacité des
oléoducs aurait causé l'effondrement des prix de
pétrole sur le
marché
mondial en 2014.
Les inquiétudes soulevées dans les villes
et villages
partout en Alberta et dans d'autres régions de l'Ouest canadien
lors de ces rassemblements et de ces convois sont sérieuses.
Elles ne devraient pas être rejetées du revers de la main
de
manière obscurantiste et par des dénonciations contre
leurs
participants qu'on accuse d'être racistes, anti-environnement,
etc. Les gens veulent de vraies solutions aux vrais problèmes
et
expriment leurs préoccupations par leurs actions.
Les riches oligarques et les partis cartellisés
à leur
service sont une source de division au sein du peuple. Ils
tentent désespérément d'empêcher les gens de
participer
consciemment à des actes de découverte et d'en tirer les
conclusions qui s'imposent. Le manque de contrôle et de pouvoir
politique prive le peuple de son droit démocratique de
décider ou
même de savoir quelle est la cause fondamentale des
problèmes
auxquels il est confronté.
Les questions sont
réduites à ce qui est le plus
avantageux pour les riches dans la situation et ce qui peut
susciter le plus de division au sein du peuple. Les droits et le
consentement des peuples autochtones sont réduits à une
question
de consultation superficielle, les droits des travailleurs à des
salaires et des conditions de travail qui leur sont convenables
deviennent une question de coûts de production et d'obstacles
à
l'investissement. Dans la même veine, la protection de
l'environnement et la nécessité de passer à
l'action pour traiter
du problème du changement climatique sont
présentées comme étant
hostiles au développement, lequel repose soi-disant sur les
incitatifs indirects comme la taxe carbone et les magouilles
directes pour payer les riches en favorisant les entreprises
vertes. Pendant ce temps, l'approche de traiter du problème tel
qu'il est, est écartée.
L'édification nationale elle-même qui,
à cette époque
moderne, doit être fondée sur une économie
indépendante, diverse
et multidimensionnelle de programmes sociaux, de services,
d'industrie manufacturière et d'extraction des ressources
publiques, est sacrifiée sur l'autel de la mondialisation
impérialiste au service des intérêts privés
étroits des
oligarques.
L'industrie énergétique en Alberta est
contrôlée par les
cartels mondiaux. Ce fait en soi doit être traité en toute
priorité puisque les décisions sont prises au service des
intérêts mondiaux des riches et non des Albertains, ce qui
rend
la classe ouvrière et ses communautés vulnérables
à l'intense
concurrence entre oligarques et à leur course à
l'hégémonie. Il
faut une nouvelle direction à l'économie par laquelle le
contrôle
passe aux mains de la classe ouvrière de l'Alberta et l'objectif
de la production devient la détermination de satisfaire les
besoins du peuple, d'humaniser l'environnement social et naturel
et de faire des échanges commerciaux à avantage et
développement
réciproques avec tous ceux qui à l'échelle
mondiale désirent le
faire.
Le défi auquel le corps politique est
confronté est de
faire tomber le mur de la désinformation en soulevant sa voix
collective qui refuse de se laisser intimider et qui prend en
main la politique de responsabilité sociale et de parler en son
propre nom avec son propre ordre du jour.
Note
1.Le projet de loi C-69 modifie le
processus d'approbation des oléoducs et d'autres projets et
infrastructures énergétiques. Le projet de loi C-48
enchâsse
juridiquement les restrictions existantes aux pétroliers sur la
côte ouest de la Colombie-Britannique, de la région nord
de l'île
de Vancouver à l'Alaska.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 11 - 23 mars 2019
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