Des sujets de préoccupation
pour
le corps politique
L'opposition
grandit à mesure que le gouvernement Ford intensifie
l'offensive
antisociale
Défendre et investir dans la
santé publique!
|
|
Le 15 mars, le gouvernement de Doug Ford en
Ontario a
annoncé
d'importants changements au système d'éducation de
la
province. Cela
comprend l'augmentation de la taille des classes au secondaire de
22
à
28 élèves, le remaniement du programme
d'éducation
sexuelle et du
contenu des études autochtones, l'imposition d'une
approche du
« retour aux bases » du programme de
mathématiques
et l'ordonnance aux
conseils scolaires de mettre en place un gel d'embauche de
personnel et
permettre aux directeurs et aux directeurs
adjoints d'embaucher des enseignants sur la base de
critères
d'«
adéquation » et de « mérite ». Le
gouvernement affirme que le système
d'embauche actuel « met trop l'accent sur
l'ancienneté et
pas assez sur
des
compétences spécifiques ou sur des performances
antérieures, comme
critères d'embauche ».
Les modifications
proposées permettront de réduire d'environ 1,4
milliard de dollars le financement du système
d'éducation
publique. La
ministre de l'Éducation, Lisa Thompson, a eu le culot de
détourner
l'attention de la question des conditions que le gouvernement
impose
aux enseignants et aux étudiants en déclarant que,
dans
le cadre de ce
plan, aucun enseignant ne perdra son emploi.
Depuis son arrivée au pouvoir en juin
2018, le
gouvernement
conservateur a intensifié son offensive antisociale en
invoquant
les
mêmes prétextes de Mike Harris en 1995 : «
Ouvrir l'Ontario aux
affaires », « réduire les formalités
administratives » et réduire le
déficit. Comme alors, ce sont des prétextes pour
changer
les structures
de
l'État afin de politiser des intérêts
privés. Le résultat est la
création d'un cadre juridique et des arrangements qui
permettent
à des
intérêts privés étroits de mettre
l'État à leur disposition dans les
secteurs très lucratifs de
l'éducation, de la
construction, des transports, entre autres. Tandis qu'on
prétend
réduire les déficits et rembourser
la dette, celle-ci continue de monter en flèche à
cause
des stratagèmes
des gouvernements néolibéraux pour payer les
riches.
Sous le gouvernement
Ford,
les investissements dans l'éducation, la
santé et d'autres programmes sociaux touchant les plus
vulnérables,
tels que le financement de programmes pour l'autisme, ont
été réduits.
Le salaire minimum et les droits des autres travailleurs ont
été
réduits. Le droit à la syndicalisation et à
la
représentation est
supprimé
pour un grand nombre de projets de construction gouvernementaux
encore
à préciser, tandis que les arrangements permettant
la
représentation
syndicale d'infirmières et d'enseignants dans les
collèges ont été complètement abolis.
Le
coût des études postsecondaires
est en train d'être
transféré aux étudiants. La baisse des fonds
disponibles sous forme de
subventions signifie plus d'endettement étudiant,
même
rétroactivement
pour certains. Une nouvelle loi va également permettre de
privatiser
davantage les services de santé - tout cela au nom de la
réduction des
« lourdeurs administratives », de l'ouverture de
l'Ontario
aux
affaires », de la « réduction du
déficit
» et de l'« équilibre
budgétaire
».
Cette orientation donnée à
l'économie de l'Ontario de payer les
riches n'est pas durable et les Ontariens s'y opposent
résolument.
Harvey Bishof, président de la
Fédération des enseignantes et des
enseignants des écoles secondaires de l'Ontario (FEESO), a
qualifié
l'annonce du gouvernement de « coup dur » pour le
système d'éducation
de la province. Il a ajouté que cela pourrait
entraîner la
perte de
plus de 5 500 emplois en enseignement secondaire et de 3 500
employés supplémentaires en Ontario, dont plus de 3
600
membres de la FEESO. Il a
rappelé que les
changements annoncés par le gouvernement créeront
une
impasse lors
des prochaines négociations. Le président de la
FEESO a
déclaré que
cela favorisera les conflits et que la résistance des
enseignants à
ce diktat serait massive.
L'Association des enseignantes et des enseignants
catholiques
anglo-ontariens prévoit également que les
changements
annoncés
entraîneront des pertes d'emplois pour quelque 5 000
enseignants
des
écoles catholiques.
Les travailleurs de la santé de l'Ontario,
leurs
syndicats et la
Coalition de la santé de l'Ontario s'organisent
pour
protester contre le projet de loi 74, Loi de 2019 sur les
soins de
santé pour la population, présenté
en février 2019 par le gouvernement Ford. Ce projet de loi
omnibus sur
la santé prévoit le démantèlement des
quatorze réseaux locaux d'intégration des services
de
santé chargés de
superviser les soins à domicile. Il regroupera six
organismes de
santé
- y compris Action Cancer Ontario et CyberSanté Ontario -
en un
« super
organisme » central appelé Santé Ontario.
Dans
cette nouvelle super
agence centralisée, une cinquantaine d'équipes
régionales de la
santé seront responsables des soins de santé
dispensés à 300 000
patients afin de « mettre en relation les prestataires de
soins
de
santé et les services offerts aux patients et aux familles
». Selon un
communiqué du ministère de la Santé,
l'objectif
est « de faciliter les
transitions de patients entre différents prestataires de
soins
de santé
locaux - tels
que les hôpitaux et les prestataires de soins à
domicile -
et de
rationaliser les dossiers de santé et les plans de soins
de
santé ».
Ces changements ne font rien pour résoudre
les
problèmes actuels du
système de santé de l'Ontario et de la
médecine
dite de corridor qui ne
peuvent être résolus sans remédier à
la
pénurie de personnel et de lits
disponibles. Ils concentrent toutefois l'autorité dans les
mains
d'un petit
groupe
disposant de pouvoirs arbitraires qui permettent aux monopoles
mondiaux engagés dans des industries de la santé
à
but lucratif de
s'approprier davantage le budget provincial de santé tout
en
criminalisant la résistance des travailleurs et en les
privant
de tout
pouvoir de décision.
Le 7 mars, les syndicats des travailleurs de la
santé ont tenu une
conférence de presse à l'Assemblée
législative de l'Ontario pour exiger
des audiences publiques sur le projet de loi 74. Michael Hurley,
président du Conseil des syndicats d'hôpitaux de
l'Ontario/SCFP,
représentant plus de 35 000 infirmières et
infirmiers
d'hôpitaux et de
soins
de longue durée et du personnel de soutien, a
demandé :
« Comment le
gouvernement peut-il affirmer qu'il crée des
'équipes' de
soins de
santé lorsque les organisations représentant des
centaines de milliers
de membres de cette 'équipe' n'ont jamais
été
consultées. Il est
également important de noter que le public n'a jamais
été consulté. Les
collectivités risquent de perdre pratiquement tout le
contrôle local de
leurs services de soins de santé, et pourtant le
gouvernement
fait
adopter la nouvelle loi à l'Assemblée
législative
à toute vitesse. »
La Coalition ontarienne de la santé a
appelé à une série
d'assemblées publiques à travers la province afin
d'engager les
Ontariens dans des discussions sur les moyens à prendre
pour
forcer le
gouvernement Ford à rendre des comptes pour ces attaques
massives
contre les services de santé publics en Ontario. Un
rassemblement à
l'échelle de la
province est prévu le 30 avril à Queen's Park pour
s'opposer aux
mesures antisociales du gouvernement Ford.
Manifestation contre les coupures dans le
programme pour enfants autistes, le 13 mars 2019 devant le lieu
de la
conférence de presse du premier ministre Ford à
Cambridge
|
Les parents et les tuteurs, les thérapeutes
et
les organisations de
soutien des 23 000 enfants en attente d'un traitement de
l'autisme sont
l'un des groupes les plus actifs dans la lutte contre l'offensive
antisociale du gouvernement Ford. En collaboration avec le groupe
de
coordination Autism Ontario, ils ont appelé à des
actions
de
protestation
partout en Ontario, notamment un grand rassemblement à
Queen's
Park le
7 mars pour exiger que les enfants autistes puissent
bénéficier du
soutien financier nécessaire pour vivre leur vie. Le
gouvernement Ford
a limité le niveau de financement reçu par les
familles
d'enfants
autistes à un maximum de 140 000 dollars à vie par
enfant
âgé de 2 à
18 ans, alors que le traitement dont ils ont besoin peut
coûter
jusqu'à
80 000 dollars par an. Même sous le régime actuel,
environ
25 %
seulement des enfants bénéficient d'un financement
adéquat. Les
nouvelles mesures signifient que tous les enfants autistes seront
privés de leur capacité de réaliser leur
potentiel. C'est un geste
criminel.
Manifestations à Queen's Park le 7 mars 2019 contre les
coupures
dans les programmes pour enfants atteints d'autisme
Le gouvernement Ford va également de
l'avant
avec son appel de la
décision de la Cour supérieure de justice de
l'Ontario en
décembre
2018, selon laquelle les annuités versées en vertu
des
traités
Robinson-Huron et Robinson-Supérieur, signés en
1850,
devraient être
augmentées. Les rentes versées aux 30 000 membres
des
communautés
anishinabées de l'Ontario en vertu du Traité
Robinson-Huron n'ont pas
dépassé les 4 dollars par personne fixés en
1874.
Le gouvernement Ford et le gouvernement
fédéral se heurtent
également à une vive opposition à leur refus
de
faire respecter la loi
dans le cas de General Motors qui rompt ses accords contractuels
avec
Unifor et arrête la production de son usine d'Oshawa.
Cette intensification de l'offensive antisociale
du
gouvernement
Ford compromet l'avenir des soins de santé publics, des
transports en
commun, du droit à l'éducation publique et des
services
publics
desservant les plus vulnérables. Les manifestations
militantes
d'élèves
et d'enseignants lors de la reprise des travaux de
l'Assemblée
législative, les
actions menées par les agents de santé et les
familles
d'enfants
autistes et les actions par d'autres collectifs de la population
sont
la preuve que la lutte du peuple pour s'investir du pouvoir de
décider
doit s'attaquer aux structures de la société qui
permettent cette
impunité. Le système des partis cartellisés
protège les intérêts privés
qui ont usurpé le
pouvoir. Il faut s'attaquer à ce problème dans le
cours
de la
résistance militante aux mesures antisociales.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 10 - 16 mars 2019
Lien de l'article:
Des
sujets de préoccupation
pour
le corps politique: L'opposition
grandit à mesure que le gouvernement Ford intensifie
l'offensive
antisociale
Site Web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|