La fraude impérialiste de l'équilibre

La prétention de viser un équilibre supposé entre deux phénomènes différents, mais reliés est une fraude impérialiste commune qui sert à promouvoir des intérêts privés étroits. L'exemple le plus courant est celui d'un équilibre entre l'économie et les préoccupations environnementales pour empêcher qu'on expose et qu'on pense à l'absence de politique de responsabilité sociale.

Cette pratique impérialiste détourne l'attention de la nécessité de trouver des solutions autant aux problèmes économiques qu'aux problèmes environnementaux. Ces problèmes ont leurs particularités qu'il faut étudier et résoudre par des investissements tout en tenant compte de leur relation avec d'autres phénomènes.

La pratique consistant à chercher un équilibre concocté au lieu de solutions réelles à des problèmes réels révèle la réticence des impérialistes à reconnaître et à résoudre les problèmes tels qu'ils se posent de manière objective, à la fois dans l'économie et dans l'environnement. Les impérialistes invoquent la fraude de l'équilibre pour éviter d'analyser, de discuter et d'enquêter sur des problèmes concrets et de trouver des solutions nécessitant l'investissement de la valeur ajoutée qu'ils veulent exproprier à titre de profit privé.

Dans ce refus d'entreprendre l'analyse concrète de conditions concrètes et de trouver de vraies solutions à de vrais problèmes se trouve le mobile de la production, soit de faire le plus d'argent possible dans les meilleurs délais. Ce mobile de la classe impérialiste au pouvoir empêche la résolution des problèmes qui se posent à la fois dans l'économie et dans l'environnement du fait du développement des forces productives modernes de la grande production industrielle. La motivation des riches les oblige à retirer de l'argent de l'économie au lieu de le réinvestir dans l'économie pour résoudre les problèmes qui surgissent inévitablement lorsque les forces productives deviennent plus complexes et plus vastes, tels que celui de l'extraction du pétrole par la fracturation hydraulique.

Cela est particulièrement évident avec les problèmes de l'environnement, où la recherche de solutions à la détérioration de l'environnement ne permet pas de générer des profits immédiats. Elle nécessite au contraire qu'on y consacre une valeur ajoutée et c'est la même chose pour les problèmes plus vastes tels que les changements climatiques. La motivation des riches est trop étroite pour s'attaquer aux problèmes tels qu'ils se présentent. Les considérations pragmatiques du profit immédiat empêchent l'application de principes et d'une planification scientifique à long terme dans le respect des forces productives modernes et de la responsabilité sociale.

Le développement de l'énergie nucléaire et le refus des impérialistes de trouver des solutions au problème des déchets radioactifs en sont un exemple flagrant. Un autre exemple est l'abandon de mines, de plateformes pétrolières, de sites de forage, etc., et la nécessité de nettoyer des sites industriels tels que les usines de pâtes et papiers qui ont déversé du mercure dans les lacs et les rivières du nord, des zones telles que les terrains de l'aciérie centenaire de Stelco à Hamilton et d'autres installations industrielles qui ont dépassé leur durée de vie ou qui, pour une raison ou une autre, ne sont plus en mesure de générer un profit maximal pour les intérêts privés dans leur état actuel et sont recherchées pour d'autres fins.

L'investissement dans la dépollution environnementale peut engloutir des profits privés et cela viole la loi de la production impérialiste. En règle générale, les entreprises se délestent de leurs avoirs non souhaités en recourant à la protection de la loi sur la faillite ou en exigeant des fonds publics pour réparer les dommages avant de s'engager à quoi que ce soit. L'absence de politique de responsabilité sociale est clairement liée au mobile et au contrôle impérialistes de la production et à la proclamation que la propriété privée a préséance sur les droits humains.

En ce qui concerne l'examen du projet d'oléoduc Trans Mountain, le rapport de l'Office national de l'énergie (ONÉ) indique : « L'Office a mené le réexamen conformément aux exigences de la Loi sur l'Office national de l'énergie [en vertu de laquelle il doit] soupeser les avantages et les inconvénients globaux du projet. »

Après avoir soupesé les avantages et les inconvénients du projet, « l'Office recommande au gouvernement du Canada de considérer qu'il peut être justifié dans les circonstances, vu les avantages considérables du projet et les mesures proposées pour réduire au minimum les incidences. »

C'est une fraude dans la mesure où le projet doit lui-même prévoir des solutions aux problèmes posés par le développement et non s'en désintéresser de manière aussi cavalière. Le projet ne peut pas être justifié s'il viole les droits des résidents ou si l'on refuse de reconnaître et de résoudre les problèmes posés par l'environnement dans le présent et le futur. Les droits humains ne peuvent être minimisés, ignorés ou marginalisés, car ils appartiennent à chacun du fait qu'il soit humain et ne peuvent être violés pour des raisons pragmatiques et certainement pas pour des raisons fausses.

Les solutions au problème de garantir les droits de tous, y compris ceux des peuples autochtones, et aux « inconvénients » pour l'environnement doivent devenir partie intégrante de la valeur globale d'un projet. Cette valeur globale augmenterait nécessairement le prix de production et le prix de marché du produit en question, le pétrole lourd. L'augmentation du prix de production irait en partie à la dépollution de l'environnement ou à la résolution des problèmes que pose la grande production industrielle. Cela réduirait nécessairement le taux de profit de l'entreprise, la valeur ajoutée allant à l'humanisation de l'environnement social et naturel et à la garantie des droits de tous plutôt qu'à l'enrichissement des oligarques mondiaux dont les coffres sont déjà pleins à craquer.

C'est un rappel que l'économie moderne comprend la lutte pour la production, l'expérimentation scientifique et la lutte des classes. L'aspect principal de la période actuelle de l'histoire est la lutte des classes, qui consiste essentiellement à rendre les relations entre les acteurs de l'économie, y compris la classe sociale qui domine et son principal mobile de production, conformes au niveau et au caractère des forces productives socialisées modernes.

La relation dialectique antagoniste entre employeur et employé est en contradiction avec les forces productives socialisées et doit être résolue, et non équilibrée, pour qu'une nouvelle synthèse représentant les producteurs véritables puisse se réaliser et affirmer son contrôle et établir un nouveau mobile de la production, soit de garantir les droits, la sécurité et le bien-être de tous et humaniser l'environnement social et naturel.


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 9 - 9 mars 2019

Lien de l'article:
La fraude impérialiste de l'équilibre - K.C. Adams


    

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