La presse du Parti sur le scandale des commandites

La grande illusion des élections libres
et équitables au Canada s'écroule

« Tout au long de 2005, l'attention du Parlement, des médias et de la nation était rivée sur l'enquête Gomery sur ce qui est devenu le « scandale des commandites ». En mai, le scandale a presque mené à la défaite du gouvernement libéral minoritaire par un vote de censure sur le budget. En novembre, lorsque le premier rapport Gomery a été publié, l'opposition parlementaire s'était regroupée pour forcer le gouvernement libéral minoritaire à déclencher une élection générale. Le 23 janvier 2006, les résultats des élections et la défaite du Parti libéral démontraient comment les électeurs avaient perçu le scandale.

« Avant l'arrivée de l'affaire à la une des journaux au début de 2004, le programme de parrainage du gouvernement fédéral fonctionnait sans bruit depuis l'an 1994, mais pas de façon totalement anonyme. Face à l'intensification de la couverture médiatique et à deux rapports critiques de la vérificatrice générale, le programme est vite devenu l'un des scandales politiques les plus importants de l'histoire du Canada. Ses tentacules agrippaient le Cabinet du premier ministre et le Parti libéral, deux anciens premiers ministres, des ministres de la Couronne, des agences de publicité québécoises et le juge Gomery. Pendant son enquête par la Commission Gomery, le programme a fait l'objet d'une enquête de la GRC et de poursuites pénales pour fraude. » - Kirsten Kozolanka, Canadian Journal of Communication

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C'est un Paul Martin battu qui s'est adressé aux Canadiennes et Canadiens hier soir pour leur demander de croire qu'il est un homme honorable. Il a dit vouloir assumer la responsabilité du scandale des commandites, mais dans son vocabulaire cela veut dire se distancer des « actes répréhensibles » révélés par la Commission Gomery et déclarer son intention de punir ceux qui y sont mêlés. Ce n'est pas « une simple affaire de mots », dit-il, rappelant que la première chose qu'il a faite en devenant chef du Parti libéral, et de facto premier ministre du Canada, fut d'annuler le programme des commandites et de fermer ce qui s'appelait « le bureau d'information ». Il voudrait qu'on oublie ce que son ministre des Finances, Ralph Goodale, a dit à ce moment-là : « Je crois que nous en sommes venus à la conclusion que [le programme des commandites] ne sert plus son objectif [« has oulived its usefulness »] et qu'il est temps de passer à autre chose. »

Paul Martin veut prouver qu'il est un homme honorable, alors il rappelle que c'est lui qui a établi la Commission Gomery et qui a démis Alfonso Gagliano comme ambassadeur du Canada au Danemark. Il explique même à son auditoire qu'il ne saurait jamais ternir la réputation du parlement, lui qui a fait ses dents de lait dans son enceinte dans les bras de son père.

Même si l'on oublie un instant que Jean Chrétien a dit la même chose pour couvrir ses traces dans le scandale qu'il a créé, il est difficile d'imaginer que des gens, du moins ceux qui ne sont pas naïfs politiquement, acceptent de croire que Paul Martin assume sa responsabilité. Son adresse télévisée est généralement perçue comme une tentative de sauver les apparences, mais M. Martin continue de croire qu'il est en train de sauver les meubles. Cet aveuglement face à la réalité va sans doute lui coûter sa carrière politique, tôt ou tard.

Loin d'être en train de sauver les meubles, tout le monde sait que le pire reste à venir - la divulgation des noms des « avocats, comptables, relationnistes » auxquels a fait référence Benoît Corbeil, ancien directeur général du Parti libéral du Canada au Québec, sans parler des avocats « qui, depuis, ont été nommés juges, soit sous le gouvernement de Jean Chrétien, soit par Paul Martin ». Ces gens vont tous maudire la consanguinité de la caste politique canadienne et l'effet d'entraînement que peut avoir la divulgation de secrets dans ce petit monde.

Et les problèmes de Paul Martin et du Parti libéral ne s'arrêtent pas là, semble-t-il. Comment réagira Élections Canada quand l'ampleur de la corruption de son système d'« élections libres et équitables » sera finalement exposée ? Appliquera-t-il la loi à la lettre, c'est-à-dire bannir à vie les candidats du Parti libéral au Québec de la fonction élective ? Tous ceux qui ont été élus au Québec en 2000 perdront-ils leur droit de participer à des élections ? Quand on sait qu'un simple candidat indépendant qui ne remet pas ses états financiers à temps a droit au pire châtiment, quelle sanction la loi réserve-t-elle au Parti libéral qui use de la fraude pour ne pas déclarer son financement électoral ? Corbeil avoue dans son entrevue dans la presse : « ...les gens qui venaient des bureaux de ministres voulaient être payés en comptant, j'ai pris l'argent, pas déclaré, bien sûr. »

Et qu'adviendra-t-il du 1,75 $ par vote que les libéraux ont obtenu de l'État suite à la réforme de la loi sur le financement électoral par Jean Chrétien ? Le Parti libéral remboursera-t-il tout cet argent au trésor public, en plus de tout l'argent des commandites que le Bloc québécois demande qu'on mette immédiatement en fiducie en attentant les conclusions de la Commission Gomery ?

Les révélations de la Commission Gomery permettent de croire que le Parti libéral, bien malgré lui, aura fait plus que tout autre pour détruire la grande illusion d'élections libres et équitables au Canada.


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 8 - 2 mars 2019

Lien de l'article:
La presse du Parti sur le scandale des commandites: La grande illusion des élections libres et équitables au Canada s'écroule - Le Marxiste-Léniniste, 22 avril 2005


    

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