Les arguments en appui aux droits soutiennent
la primauté du droit international

Cuba réaffirme sa solidarité ferme et inébranlable envers le président constitutionnel Nicolas Maduro et la Révolution bolivarienne


Le ministre des Relations extérieures de Cuba (Minrex), Bruno Rodriguez, s'adresse à la presse nationale et étrangère lors d'une conférence de presse au bureau du Minrex, à La Havane, le 19 février 2019.

Voici le texte complet de la conférence de presse de Bruno Rodriguez Parrilla, ministre des Relations extérieures de Cuba, à la presse nationale et étrangère, au Minrex, le 19 février 2019.

* * *

Bruno Rodriguez : - Bonjour. Je vous remercie de votre présence.

Nous sommes à quelques jours du référendum constitutionnel dans notre pays, qui retient toute notre attention. La mobilisation de notre peuple et dont la couverture par les médias que vous représentez a été intense, ce dont je vous en suis reconnaissant.

Bruno Rodriguez, ministre des Relations extérieures de Cuba

Le gouvernement de la République de Cuba n'a cessé de dénoncer le fait que le gouvernement des États-Unis d'Amérique prépare une agression militaire contre la République bolivarienne du Venezuela sous des prétextes humanitaires.

À travers les discours du Premier Secrétaire du Comité central de notre Parti, le 26 juillet 2018 et le 1er janvier 2019, et dans les discours du président du Conseil d'État et du Conseil des ministres, le camarade Miguel Diaz-Canel Bermudez, en juillet dernier, et plus récemment, nous avons été alertés des très graves conséquences économiques, politiques, sociales et humanitaires qu'une nouvelle aventure militaire des États-Unis aurait sur la paix et la sécurité régionales dans Notre Amérique.

La Déclaration du Gouvernement révolutionnaire, en date du 13 février, dans la plus grande responsabilité et avec toutes les données nécessaires, affirmait — et je le répète — que des vols de transport militaire des États-Unis ont lieu au départ d'installations militaires étasuniennes à partir desquelles opèrent des unités des forces d'opérations spéciales et des unités d'infanterie de marine, destinées à des actions clandestines, y compris contre des dirigeants ou des personnes considérées comme importantes.

La préparation d'une action militaire, sous prétexte humanitaire, se poursuit, dans l'ignorance absolue des gouvernements des territoires concernés et au mépris total de la souveraineté de ces États.

Hier dans l'après-midi [le 18 février], le président Donald Trump et d'autres hauts fonctionnaires et porte-parole du gouvernement étasunien ont répété et confirmé que l'option militaire est parmi celles qui étaient envisagées. Hier, le président Trump a déclaré : « Toutes les options sont possibles. »

Selon la presse des États-Unis elle-même, les hauts commandants militaires étasuniens, qui ne s'occupent pas — ne se sont jamais occupés — d'aide humanitaire, ont eu des réunions avec des politiciens nord-américains et d'autres pays et ont effectué des visites de lieux manifestement liés à la question qui nous occupe.

Nous assistons tous à la fabrication de prétextes humanitaires. Une date limite a été fixée pour forcer l'entrée de « l'aide humanitaire » par la force, ce qui est en soi une contradiction : il n'est pas possible que l'aide véritablement humanitaire repose sur la violence, sur la force des armes ou sur la violation du droit international. Cette seule stratégie est une violation du droit international humanitaire qui révèle la politisation de l'aide humanitaire, comme à d'autres moments où de nobles causes, reconnues universellement, ont servi de prétexte à des agressions militaires.

Il conviendrait de se demander, au vu de l'instauration d'une date limite, au vu de la déclaration selon laquelle l'aide humanitaire va pénétrer quoi qu'il en soit le jour prévu sur le territoire vénézuélien contre la volonté souveraine de son peuple et la décision de son gouvernement constitutionnel, quels sont les objectifs poursuivis ? Quels pourraient-ils être si ce n'est provoquer un incident qui mette en danger la vie des civils, provoque des violences ou des circonstances imprévisibles ?

Récemment, il a été question d'une aide humanitaire qui pourrait durer des mois, voire des années. Il a été dit « tant que durera la reconstruction ». Il faudrait demander au sénateur de la Floride de quelle reconstruction il parle. Nous parlons d'un pays qui n'est pas en guerre et qui n'a pas souffert d'une guerre, mais on sait que la guerre est une excellente affaire pour les entreprises étasuniennes du complexe militaro-industriel et ensuite la prétendue reconstruction pour les autres.

Le gouvernement des États-Unis continue d'exercer des pressions sur les États membres du Conseil de Sécurité des Nations unies pour les forcer à adopter une résolution qui serait le prélude à une « intervention humanitaire ». Dans son dispositif apparaît le diagnostic d'une situation de violation de la paix et de la sécurité dans ce pays frère et il exhorte tous les acteurs internationaux et de toute nature à prendre les mesures nécessaires.

On sait très bien à travers des précédents, y compris récents, que ce langage est généralement suivi d'un autre appel à mettre en place des zones d'exclusion aérienne, à la protection des civils, à la création de couloirs humanitaires en vertu du Chapitre VII de la Charte [des Nations unies] autorisant l'emploi de la force.

Nous avons l'espoir que le Conseil de Sécurité des Nations unies fera prévaloir sa vocation et sa responsabilité en tant que principal garant de la paix et de la sécurité internationales et qu'il ne se prêtera pas à des aventures militaires.

Nous appelons ses membres à agir conformément au droit international et à défendre la paix, précieuse pour l'humanité, pour Notre Amérique et aussi pour le peuple vénézuélien.

Le gouvernement des États-Unis a inventé, a fabriqué à Washington un coup d'État impérialiste, avec un « président » fabriqué dans cette capitale du nord, ce qui n'a pas fonctionné à l'intérieur du pays. Nous pourrions citer de nombreuses sources étasuniennes, des médias accrédités qui ont donné tous les détails sur la façon dont le coup d'État a été organisé. Les pressions exercées par le gouvernement des États-Unis contre d'autres pays, y compris en ce moment, sont brutales, lesquelles tentent de forcer la reconnaissance du soi-disant « président » désigné par Washington et autoproclamé, ou l'appel à de nouvelles élections en République bolivarienne du Venezuela, en annulant celles auxquelles son peuple a déjà participé de manière légitime et constitutionnelle.

On connaît bien les tractations de l'équipe de Sécurité nationale de la Maison-Blanche, de certains responsables du Département d'État et de certaines ambassades des États-Unis. De plus, une vaste opération politique et de communication est en cours, généralement le prélude à des actions à plus grande échelle de la part de ce gouvernement.

Des mesures économiques de coercition unilatérales, et donc illégales, sont appliquées de façon croissante contre la République soeur du Venezuela : l'embargo ou le gel des avoirs financiers dans des pays tiers ; les énormes pressions sur les gouvernements qui approvisionnent le Venezuela et l'industrie pétrolière vénézuélienne ; les pressions sur des banques de pays tiers pour empêcher les transactions financières légitimes, même en devises tierces ; la confiscation, pratiquement le vol, de la filiale PDVSA aux États-Unis, ainsi que d'autres intérêts établis dans ce pays.

Ces mesures constituent une violation flagrante du droit international, et également du droit international humanitaire, causent des privations et des dommages humains et sont totalement incompatibles avec les appels hypocrites à fournir une aide humanitaire, lancés par les responsables mêmes de la mise en oeuvre de ces mesures cruelles. Les chiffres sont obscènes. On a parlé d'une aide humanitaire d'environ 20 millions de dollars pour un pays qui est privé de plus de 30 milliards de dollars par ces mesures arbitraires, illégales et injustes.

Le Gouvernement de la République de Cuba appelle la communauté internationale à agir pour la défense de la paix, à éviter, avec l'effort conjoint de tous, sans exception, une intervention militaire contre la République bolivarienne du Venezuela.

On ne peut qu'être, en ce moment crucial où se décident le respect, la validité des principes du droit international, de la Charte des Nations unies, où la légitimité d'un gouvernement réside dans le soutien et le vote de son peuple, où se décide qu'aucune pression étrangère ne saurait remplacer l'exercice souverain de l'autodétermination, dans ces circonstances, on ne peut qu'être pour ou contre la paix, on ne peut qu'être pour ou contre la guerre.

Nous encourageons le Mécanisme de Montevideo, en particulier le gouvernement des États-Unis du Mexique, de la République orientale de l'Uruguay, les gouvernements de la Communauté des Caraïbes et l'État plurinational de Bolivie à poursuivre leurs efforts dans ces conditions d'urgence, pour promouvoir une solution fondée sur le dialogue et le respect absolu de l'indépendance et de la souveraineté du Venezuela, et la validité des principes du droit international, notamment celui de la non-intervention.

Nous appelons à une mobilisation internationale pour la paix, contre l'intervention militaire des États-Unis en Amérique latine, contre la guerre ; au-delà des différences politiques, des différences idéologiques, en faveur d'un bien suprême de l'humanité, qui est la paix, qui est le droit à la vie.

Nous lançons un appel à tous les gouvernements, parlements, forces politiques, mouvements sociaux, populaires, autochtones, organisations professionnelles et sociales, syndicats, paysans, femmes, étudiants, intellectuels et artistes, universitaires, en particulier les communicateurs et les journalistes, vous (désignant les journalistes), les organisations non gouvernementales, les représentants de la société civile.

Dans le même temps, le gouvernement de la République de Cuba réaffirme sa solidarité ferme et inébranlable envers le président constitutionnel Nicolas Maduro Moros, envers la Révolution bolivarienne et chaviste, envers l'union civique et militaire de son peuple, et nous affirmons que dans la République soeur bolivarienne du Venezuela, nous devons défendre aujourd'hui les principes de la Proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes comme Zone de paix. Aujourd'hui, c'est là-bas que nous devons défendre la souveraineté de tous, l'indépendance de tous et l'égalité souveraine des États.


Des Cubains envoient des messages de solidarité au peuple vénézuélien,
du 14 au 20 février 2019.

Nous avons écouté hier après-midi avec consternation le discours du président Donald Trump. Étonnamment, il a décrété la « fin du socialisme » et il a annoncé « un jour nouveau » pour l'humanité. Il a solennellement proclamé que, pour la première fois dans l'histoire, il y aura un hémisphère sans socialisme.

Curieusement, il a parlé également de progrès dans les négociations avec un grand pays socialiste et en avait choisi un autre pour tenir un sommet important. Combien de fois des personnages aux États-Unis ont-ils décrété la fin du socialisme ou la fin de l'histoire ?

Le président Trump a rendu hommage à de « grands leaders » présents à la réunion de Floride : un gouverneur, deux sénateurs, un parlementaire, un ambassadeur, tous des républicains fondamentalistes et, cinq minutes plus tard, semble-t-il, il a été averti ou s'est rendu compte qu'il avait été profondément injuste en omettant le nom de John Bolton, également présent dans la salle.

Bolton a été un fabricant de guerres durant des décennies, le principal organisateur du coup d'État au Venezuela et un défenseur permanent de l'option militaire.

Le président des États-Unis a fait référence à la dignité humaine. Apparemment, il oublie que c'est dans le capitalisme et, en particulier, dans l'impérialisme où prévalent l'injustice, l'exploitation, la manipulation des personnes.

Il a critiqué la corruption, peut-être sans reconnaître que le système politique étasunien est corrompu par nature, que c'est là où règnent les intérêts particuliers et les contributions des entreprises, où l'argent règne en maître et maintenant les données informatiques, le big data, où les élections sont gagnées en manipulant les gens.

Il a parlé de démocratie, sans mentionner les millions de citoyens étasuniens, majoritairement noirs et hispaniques privés du droit de vote, les 40 millions de pauvres, dont la moitié sont des enfants.

Il a oublié de mentionner les plus de 500 000 sans-abris dans ce pays. Peut-être ignore-t-il que là-bas prévaut un schéma racial différencié, depuis l'application de la peine de mort, le système pénitentiaire, les sanctions judiciaires ou même de la brutalité policière qui coûte en permanence la vie à des Afro-Américains.

Il n'a pas mentionné l'absence de syndicalisation des travailleurs étasuniens, ni le fait que les femmes de ce pays n'ont pas droit à un salaire égal pour un travail égal.

Il a mentionné les migrants vénézuéliens, mais il n'a pas parlé du mur du Rio Bravo. Il n'a pas mentionné les enfants centraméricains qui sont cruellement séparés de leurs parents ou de la mort de certains autres en détention. Il n'a pas fait référence à la répression contre les migrants, ni contre les minorités, ni aux meurtres commis par la police des frontières.

Le président Trump a promis le succès aux putschistes et il a déclaré : « ...parce que les États-Unis sont derrière vous pour vous soutenir ». Il ne semble pas se rendre compte que le coup d'État n'a pas fonctionné et c'est pourquoi la menace extérieure contre le Venezuela augmente.

Il s'est présenté comme le chef d'un État épris de paix, alors que des dizaines de guerres ont été provoquées par les gouvernements successifs des États-Unis. Il se lance maintenant dans une nouvelle course aux armements, y compris une course au nucléaire.

C'est le pays où on a torturé et où on continue à torturer. C'est le pays qui appelle « dommages collatéraux » la mort de civils innocents dans des aventures guerrières. C'est le pays qui a envoyé des dizaines de milliers de jeunes Étasuniens comme chair à canon pour mourir dans les guerres impérialistes de pillage. C'est le pays qui a lancé une guerre qui a coûté la vie à plus d'un million de personnes sur la base du mensonge de la présence d'armes nucléaires en Irak. Certains des protagonistes actuels ont été parmi les responsables et ce sont eux qui mentent aujourd'hui à propos du Venezuela.

Le président a dit que le socialisme ne respecte pas les frontières. Mais c'est cet impérialisme qui a occupé Cuba militairement plus d'une fois, qui a empêché notre indépendance jusqu'à l'entrée à La Havane du commandant en chef Fidel Castro Ruz. C'est le pays qui a dépouillé le Mexique de plus de la moitié de son territoire, qui a imposé de cruelles dictatures militaires en Amérique latine et qui maintient aujourd'hui des bases militaires agressives pratiquement partout sur la planète.

Le président Trump a dit que le socialisme promet l'unité, mais provoque la haine et la division. Quel cynisme extraordinaire ! Quelle hypocrisie extraordinaire ! C'est le représentant d'un gouvernement amoral, d'un secteur rejeté, y compris par les partis traditionnels étasuniens. Un gouvernement qui applique une politique sale, qui attise la polarisation de la société par un langage de haine et de division, et que même d'importants conservateurs ont dénoncé parce qu'il manque des normes minimales en politique.

Le président a également déclaré que rien n'est moins démocratique que le socialisme.

Monsieur le président Trump, essayez une réforme constitutionnelle, organisez un référendum sur vos politiques, respectez la volonté de vos électeurs. Rappelez-vous que vous êtes le président ayant perdu le vote populaire par plus de trois millions de voix. Les accusations du président des États-Unis selon lesquelles Cuba maintient une armée privée au Venezuela sont abjectes. Je le mets au défi de présenter des preuves.

Notre gouvernement rejette cette calomnie dans les termes les plus énergiques et les plus catégoriques, tout en réaffirmant le devoir et l'engagement de continuer à fournir une modeste coopération impliquant un peu plus de 20 000 coopérants cubains, tous civils, dont 94 % sont des personnels de santé et d'autres de l'Éducation, comme il le fait dans 83 pays du monde.

Nous, les Cubains, garderons notre propre cap et nous nous préparons à un Référendum qui sera une réussite dans quelques jours seulement. Nous continuerons à travailler sereinement, avec dévouement, avec la certitude de disposer de suffisamment d'outils pour construire notre avenir.

Samedi et dimanche derniers, les coopérants cubains au Venezuela ont voté pour le Référendum. Ils l'ont fait de façon massive.

Ils font savoir à leurs familles, qui s'inquiètent logiquement pour les nouvelles qui leur parviennent, qu'en dépit des circonstances, ils vivent normalement au Venezuela, qu'il est faux qu'il y a des centaines de milliers de Vénézuéliens qui meurent de faim, comme l'affirment certains porte-parole menteurs, et ils réaffirment leur engagement à poursuivre leur tâche profondément humanitaire.

Je rejette fermement la tentative d'intimidation du président Trump contre ceux d'entre nous qui, d'une manière totalement souveraine, dans l'exercice de leur autodétermination, avons décidé de construire et de défendre le socialisme, ainsi que l'intimidation contre de nombreux partis, organisations et personnes qui, épris de justice, d'équité, de développement social et environnemental durable, adversaires de l'exploitation, du néocolonialisme, du néolibéralisme, de l'exclusion, ont adopté avec conviction les idées socialistes et révolutionnaires, avec la conviction que non seulement un monde meilleur est possible, non seulement il est indispensable, mais il est inévitable.

Comme l'ont reconnu de nombreux analystes et politiciens étasuniens, le discours prononcé hier en Floride a été très électoral. Il veut intimider non seulement les forces socialistes et communistes, mais aussi les dirigeants démocrates, les électeurs, en particulier les jeunes électeurs qui sont insatisfaits du système.

Il a proclamé hier qu'il n'y aura jamais de socialisme en « Amérique ».

Il cherche à intimider non seulement les gens, mais aussi les démocrates. Sa position est bien connue : quiconque vote pour les démocrates dans la campagne électorale, qui semble déjà avoir démarré, votera pour la construction du socialisme dans cette nation du Nord.

Le principal « apport théorique » de Trump dans son discours d'hier a été l'insertion du maccartisme dans la doctrine Monroe, en défense d'une seule puissance impérialiste, à laquelle il a ajouté un anticommunisme extrême, viscéral, démodé, essentiellement rétrograde, ancré dans la guerre froide. Il ne percevra aucun droit d'auteur. Le président Reagan et auparavant le premier ministre Churchill l'ont précédé pour traiter la question.

Il y a 71 ans, Churchill déclara : « Le socialisme est la philosophie de l'échec, le credo de l'ignorance et l'évangile de l'envie... » Il y a 36 ans, Reagan signalait : « Je pense que le communisme est un autre chapitre triste et étrange de l'histoire de l'humanité dont les dernières pages s'écrivent aujourd'hui... J'en suis persuadé, car la source de notre force dans la recherche de la liberté humaine n'est pas matérielle, mais spirituelle. »

Ce fut une déclaration maladroite et grossière de domination impérialiste sur Notre Amérique de José Marti. « Nous avons vu l'avenir de Cuba ici à Miami », a dit hier le président des États-Unis. Il se trompe, l'avenir de Cuba est ici. Avec ou sans mesures de blocus supplémentaires, nous les Cubaines et les Cubains, nous décidons de notre avenir. Nous avons fait, nous avons construit et nous défendrons une Révolution socialiste sous leur nez.

Il faut se souvenir de la défaite de la dictature de Batista, installée et soutenue par les gouvernements impérialistes. Nous sommes fiers de la victoire de Playa Giron ou baie des Cochons. De notre courage face au risque d'holocauste lors de la Crise d'octobre. De notre réponse ferme et virile au terrorisme d'État, face à l'explosion d'un avion civil en plein vol ; des actions qui ont causé 3 478 morts et laissé 2099 hommes et femmes cubains handicapés.

Nous réitérons au président Trump que notre loyauté envers Fidel et Raul sera invariable et que le processus de continuité dirigé par le président Diaz-Canel est permanent et irréversible. Nous resterons unis aux côtés de notre Parti communiste de Cuba. À nous tous, nous avons rédigé cette nouvelle Constitution et nous voterons pour elle le 24 février, pour la Patrie et le Socialisme. Ce sera aussi une réponse au discours du président Trump.

Je vous remercie.


Les participants à la conférence de presse le 19 février 2019

Modérateur : Passons maintenant à une brève séance de questions-réponses. Je demande à mes collègues de la presse de s'identifier, d'identifier le média qu'ils représentent et de se servir des micros disponibles dans la salle.

Katell Abiden (AFP) : Bonjour, monsieur le ministre. J'aimerais vous poser deux questions. S'il y a une intervention militaire au Venezuela, quelle sera votre réaction ?

Par ailleurs, j'aimerais avoir votre avis sur l'application éventuelle du Titre III de la Loi Helms-Burton par les États-Unis.

Bruno Rodriguez : Oui. Votre première question est hypothétique. Notre appel est un appel à stopper une intervention militaire étasunienne au Venezuela, c'est le moment de s'unir et d'agir ensemble, à temps pour l'arrêter.

Concernant la deuxième question, comme nous l'avons déjà expliqué et comme l'ont signalé d'autres dirigeants de notre pays et les porte-paroles de notre ministère, notre pays est prêt à faire face à toute mesure visant à renforcer le blocus ou même à la mise en application de nouveaux éléments de la Loi Helms-Burton.

Nous disposons d'un programme, avec un plan économique prévisible jusqu'en 2030. L'économie cubaine a un fort ancrage international. Nos relations économiques sont diverses. Nous comptons également sur la primauté du droit international, des règles du libre-échange et de la liberté de navigation, et nous sommes convaincus que l'application sauvagement extraterritoriale du blocus économique, commercial et financier des États-Unis contre Cuba suscite non seulement un énorme rejet international, mais aussi une forte résistance de nos partenaires économiques, financiers et touristiques, face aux tentatives visant à imposer des sanctions supplémentaires contre la souveraineté de leurs États, leurs intérêts nationaux et ceux de leurs entrepreneurs et citoyens.

Axel Vera (ABC-Miami) : De quelles preuves le gouvernement cubain dispose-t-il actuellement pour affirmer que les États-Unis avancent dans la voie d'une intervention militaire ? Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet, s'il vous plaît ?

Bruno Rodriguez : Oui. Merci beaucoup.

Je peux réitérer que je dispose de toutes les données me permettant d'affirmer que des vols ont lieu à partir des bases étasuniennes, où sont stationnées des unités d'opérations spéciales et d'infanterie de marine, destinées aux missions de cette nature, qui préparent des actions contre le Venezuela.

Si vous souhaitiez visiter certains aéroports, vous pourrez sans doute vérifier mes dires par vous-même. J'affirme catégoriquement qu'il ne s'agit pas de vols d'aide humanitaire.

Les gouvernements sont généralement en mesure d'obtenir ce genre d'informations, mais même sans les données sur lesquelles vous posez la question, il est clair qu'une situation internationale s'est créée dans laquelle le gouvernement des États-Unis avance vers la menace militaire.

Je ne sais pas comment vous pourriez expliquer ce que signifie la convocation de dizaines de milliers de personnes à se mobiliser à la frontière vénézuélienne pour faire entrerpar la force l'aide humanitaire. Je ne sais pas ce que votre média pense qu'il pourrait se produire dans ces circonstances. J'ignore comment vous interprétez la déclaration d'un sénateur selon laquelle le capital nord-américain sera nécessaire pour la reconstruction du Venezuela.

Lorena Canto (Agencia EFE) : Vous avez déclaré, pour en revenir au Titre III de la Loi Helms-Burton, que Cuba est prête à faire face à une intensification des sanctions et je voulais vous demander si vous espérez que des pays, surtout le Canada et d'autres partenaires commerciaux de Cuba, adoptent une position active comme celle qui a prévalu au départ lorsque cette disposition a été adoptée et qui a ralenti son application et provoqué sa suspension périodique. J'ignore si vous avez eu des contacts avec les gouvernements de ces pays, s'ils vous ont fait savoir qu'ils allaient maintenant adopter une position aussi active qu'à l'époque en 1996.

Bruno Rodriguez : Je vous remercie.

Nous sommes nécessairement discrets étant donné notre position, mais je peux vous dire que je sais qu'il y a une forte opposition de la part de nombreux États membres de l'Union européenne et d'autres nations industrialisées. Nous avons entendu certaines déclarations. Je sais également qu'il y a eu des échanges diplomatiques d'urgence et je suis convaincu que ces nations défendront non seulement la souveraineté de leur État, mais aussi leur intérêt national et l'intérêt de leurs entreprises et de leurs citoyens, et je suis sûr qu'elles trouveront inacceptable, car je sais que c'est leur position, la tentative d'établir des formes discriminatoires en faveur des entreprises étasuniennes contre leurs intérêts nationaux. Ils agissent conformément au droit international, à l'obligation d'appliquer leurs propres lois sur leur propre territoire, de promulguer des lois antidotes qui devraient également s'appliquer en fonction de leur propre système juridique et des circonstances internationales, parce que j'ai entendu des déclarations énergiques et fermes de nombreuses contreparties des États-Unis en matière de commerce et d'investissements, qui estiment que les politiques commerciales, tarifaires et autres des États-Unis sont inacceptables.

Sergio Gomez (Cubadebate) : Le président Trump s'est exprimé hier à Miami comme s'il y avait unanimité autour de la reconnaissance de Juan Guaido dans le monde entier... Cette unanimité existe-t-elle vraiment ? Qu'en pense votre ministère ?

Et dans le même sens, ce programme d'agression de John Bolton et Marco Rubio contre Cuba, repris par le président Trump, a-t-il réussi à isoler Cuba de la communauté internationale ? Parce que les dernières nouvelles que nous avons reçues à cet égard étaient plutôt un applaudissement mondial pour le rétablissement des relations entre les deux pays.

Bruno Rodriguez : L'isolement de Cuba ou des États-Unis ?

Sergio Gomez : Je veux dire, si cette politique est parvenue, à votre avis, à isoler Cuba de la communauté internationale, qui a salué le rétablissement des relations.

Bruno Rodriguez : On peut lire dans la presse de nombreuses déclarations et données. Selon ce que j'ai pu observer, moins d'un quart des États membres des Nations unies s'immiscent dans les affaires intérieures du Venezuela pour exiger des élections ou, d'une manière ou d'une autre, reconnaître le « président » inventé à Washington. Je pense donc que les données sont fiables.

Je suis également au courant d'un récent débat au Conseil de sécurité des Nations unies, où le prétendu accusateur s'est transformé en accusé face à une défense du droit international et de la souveraineté du Venezuela par de nombreux États membres des Nations unies.

Je suis aussi au courant d'une réunion du Bureau de coordination du Mouvement des pays non alignés qui s'est fermement exprimé contre une aventure militaire et en faveur de la souveraineté du Venezuela.

Je pense donc que nous devons bien faire la part entre la propagande et la réalité et empêcher les porte-paroles étasuniens, qui veulent parfois que nous confondions la réalité avec leurs désirs, et non les nôtres, de réussir.

S'il y avait le moindre doute sur la situation internationale à Cuba, il suffirait de revoir brièvement le procès-verbal, ou ce qui encore plus amusant, de visionner la vidéo sur ce qui s'est passé le 1er novembre à l'Assemblée générale des Nations unies : 10 votes, pratiquement unanimes, ont isolé le gouvernement des États-Unis, qui est toujours obsédé par un blocus génocidaire.

Ceux qui parlent aujourd'hui d'aide humanitaire et offrent généreusement 20 millions ont causé à Cuba des dommages d'environ un billion de dollars à des prix basés sur la valeur de l'or, soit plus de 130 milliards de dollars aux prix actuels. Les dégâts provoqués par le blocus, comme on l'a déjà signalé, calculés scrupuleusement et selon une méthodologie vérifiable au niveau international, montrent que, sans eux, Cuba aurait enregistré au cours des dix dernières années une croissance annuelle moyenne de 10 % par an.

Je pense qu'il est absolument clair que le gouvernement des États-Unis, dans sa tentative d'isoler Cuba, s'est retrouvé profondément isolé.

Je vous remercie.

(Traduction de la version sténographiée du Conseil d'État, Granma)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 6 - 23 février 2019

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