La Loi sur les
Indiens de 1924
En avril 1924, le Parlement canadien a
adopté la Loi de 1924 sur les Sauvages -
Loi
ayant pour objet de régler certaines
questions
entre les gouvernements du Canada et de l'Ontario concernant les
terres des réserves des sauvages.[1]
L'architecte de la Loi
était le
notoire Duncan Campbell Scott - le même qui a élargi
le système des pensionnats en tant que surintendant
adjoint des Affaires indiennes et qui a refusé d'aider les
peuples autochtones lorsqu'une épidémie de
tuberculose s'est déclarée dans un certain nombre
de réserves. Il était résolu à
assimiler complètement les peuples autochtones au Canada
en
tant que moyen de résoudre le « problème
indien ».
La Loi de 1924 sur les Sauvages
concerne la manière dont le Canada revendique les
ressources sur les terres des réserves. Cela repose sur un
protocole d'entente entre le surintendant général
des Affaires indiennes pour le Canada, Charles Stewart, et deux
ministres ontariens, James Lyons, ministre des Terres et
Forêts et Charles
McCrea, ministre des Mines pour l'Ontario. Ce protocole a
été signé en mars 1924. Duncan Campbell
Scott a signé le protocole au nom du Canada. En vertu des
dispositions de cette loi, l'État canadien a
préparé le terrain pour pouvoir revendiquer les
terres, les minéraux et les ressources des réserves
indiennes.
La Loi de 1924 sur les Sauvages note
comme premier point : « Toutes réserves des
sauvages mises de côté jusqu'à présent
ou à l'avenir dans la province d'Ontario, sont
administrées par le Dominion du Canada au
bénéfice de la ou des bandes de sauvages à
laquelle ou auxquelles chacune peut avoir été ou
être
attribuée ; des parties de ces réserves
peuvent, lors de leur abandon pour cette fin par la ou lesdites
bandes être vendues, données à bail ou
autrement aliénées par lettres patentes sous le
grand sceau du Canada ...
De plus, « ...le gouvernement du Dominion
du Canada aurait plein pouvoir et autorité de vendre,
donner à bail toutes terres faisant partie d'une
réserve abandonnée dans la suite par les sauvages,
et d'en
conférer un titre de pleine ou moindre
propriété ... »
La Loi dit aussi : « Toute vente,
location ou autre aliénation faite ....peut inclure les
minéraux (y compris les métaux précieux)
contenus dans ou sous les terrains vendus, donnés à
bail ou autrement
aliénés, ou peut être limitée à
ces minéraux ... »
Cette loi donnait également des directives
à toute entité qui souhaite pénétrer
sur les terres des réserves afin de prospecter des
minéraux : « Toute personne autorisée
sous l'empire des lois de la province d'Ontario à
pénétrer sur les terres pour y prospecter les
minéraux, est autorisée à prospecter les
minéraux dans toute réserve de
sauvages après avoir obtenu la permission de le faire de
l'agent des sauvages de cette réserve ... »
En vertu du système de gouvernance des
conseils de bande imposé par la force dans les
réserves en vertu de la Loi sur les Indiens, le
chef et le conseil relevaient de l'agent des Indiens, qui
était le représentant de l'État canadien
dans une réserve et à qui ils étaient
redevables plutôt qu'aux membres de leur communauté.
Il va sans dire
que le système des conseils de bande a suscité une
résistance généralisée, un
système qui a tenté de remplacer les formes
séculaires de gouvernance traditionnelle mises en place
par les peuples autochtones mêmes.
La Loi prévoyait également que les
redevances provenant de telles activités minières
seraient partagées à parts égales entre le
Canada et l'Ontario. Cette loi ne mentionne pas que les peuples
autochtones pourraient obtenir une part quelconque des revenus
générés par le vol des ressources sur leurs
territoires.
Le gouvernement canadien a exercé des
pressions sur les réserves de diverses manières.
Sous le régime arbitraire de l'agent local des Indiens, de
nombreux peuples autochtones ont perdu leurs moyens de
subsistance parce qu'ils ne pouvaient quitter la réserve
sans la permission de l'agent des Indiens. Peu à peu, les
conseils de bande ont
été
contraints d'ouvrir leurs réserves au développement
venant de l'extérieur ou ont perdu une partie de leurs
réserves en raison de ventes forcées.
Récemment, la communauté crie
d'Attawapiskat a fait l'objet de pressions pour inciter le
conseil de bande et les membres à autoriser De Beers, un
monopole minier sud-africain, à exploiter une mine de
diamants dans cette communauté. Depuis l'ouverture de la
mine, la communauté a reçu une somme
dérisoire en redevances et les promesses d'emplois
offertes à la population locale ne se sont pas
matérialisées. La même pression est
exercée sur les communautés entourant le Cercle de
feu dans certaines nations ojibways et cries vivant sur le
territoire de la nation nishnawbe aski dans le Nord de
l'Ontario.
La Loi de 1924 sur les Sauvages a eu
l'effet contraire de ce que les dirigeants autochtones avaient
compris
lorsqu'ils ont signé des traités, tels que
les traités à numéros, avec l'État
canadien. Les peuples autochtones n'ont jamais
considéré leurs terres comme des biens pouvant
être achetés et vendus ou susceptibles d'être
confisqués.
Les dirigeants autochtones qui ont été contraints
de signer des traités avec le Canada n'ont jamais
renoncé à leurs réclamations ancestrales.
Aujourd'hui, la résistance organisée des peuples
autochtones souverains aux tentatives de l'État canadien
de leur imposer sa volonté et de voler leurs ressources ou
de faire passer des pipelines sur leur territoire
est largement appuyée par les Canadiens qui veulent mettre
fin aux crimes qui ont été commis et continuent
d'être commis contre les peuples autochtones alors que
l'État canadien continue de servir les plus grands
monopoles de ressources dans le pillage de leurs terres et de
leurs ressources, en violation des droits ancestraux des peuples
autochtones.
Note
1. Dans les citations prises du texte
officiel
de
la
loi
de 1924, le terme «
sauvage » est utilisé pour désigner les
autochtones. Ce n'est qu'à partir de 1927 que la
traduction française de la législation canadienne a
substitué au terme « sauvage » le terme
«
indien ».
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 3 - 2 février
2019
Lien de l'article:
La Loi sur les
Indiens de 1924
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