Déclarations et résolutions

Communauté caribéenne

Le président de la Communauté caribéenne (CARICOM), le premier ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, Timothy Harris, le premier ministre de Trinité-et-Tobago, Keith Rowley, ainsi que la première ministre de la Barbade, Mia Mottley, ont rencontré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le 28 janvier à New York, pour présenter leur position et discuter de la situation sociopolitique au Venezuela.

Une déclaration publiée après les pourparlers fait clairement ressortir leur crainte des conséquences d'une intervention militaire extérieure dans la crise vénézuélienne.

« La délégation de la CARICOM a souligné son attachement aux principes de l'article 2 (4) de la Charte des Nations unies, qui appelle les États à s'abstenir de la menace ou de l'emploi de la force. La CARICOM a toujours insisté sur l'importance cruciale qu'elle accorde aux principes fondamentaux de non-ingérence et de non-intervention. La CARICOM a réaffirmé qu'il était urgent de mener un dialogue constructif en vue de parvenir à une solution interne pacifique pour le peuple vénézuélien. La Communauté caribéenne est fermement convaincue qu'il n'est jamais trop tard pour engager un dialogue alors que les conséquences d'un non-dialogue seront désastreuses », a déclaré l'organisation dans un communiqué conjoint.

La déclaration souligne également « l'importance que les Caraïbes demeurent une zone de paix », une idée formulée pour la première fois par Maurice Bishop, arrivé au pouvoir en Grenade à la suite d'une révolution qui a renversé le gouvernement d'Eric Gairy en 1979 et qui a ensuite été tué lors d'une invasion sanglante du pays par les États-Unis.

« Nous nous associons à nos nations soeurs des Caraïbes pour réaffirmer notre détermination à préserver les Caraïbes en tant que zone de paix, libre de toute intimidation militaire. Nous demandons le droit de construire nos propres processus à notre manière, sans ingérence extérieure, sans intimidation et sans le recours à la force ou la menace du recours à la force », lit-on dans le communiqué.

La position de longue date de « non-intervention et de non-ingérence » des Caraïbes a souvent été réitérée par nombre de ses dirigeants au cours des dernières décennies. Si ses gouvernements ont l'intention de s'en tenir à ces principes, en évitant les demandes de la superpuissance mondiale en déclin de soutenir sa position, cela peut jouer un rôle important pour tracer une voie à suivre pour le continent. La déstabilisation persistante du Venezuela créerait le chaos et créerait des problèmes économiques, militaires et sociaux que de nombreux territoires sont mal équipés pour gérer, soulignent les dirigeants du CARICOM.

Par ailleurs, plusieurs dirigeants des Caraïbes ont dénoncé les déclarations de l'administration Trump en appui à la personne qui s'est proclamée « président par intérim » du Venezuela. Le premier ministre de Saint-Vincent Ralph E. Gonsalves, les qualifiant de « coup d'État » dans un article du Miami Herald. Le Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne, les a qualifiées de « propos flagrants de changement de régime ».

« La majorité des pays de la CARICOM n'acceptent pas Juan Guaidó comme président par intérim », a déclaré M. Browne. « En fait, nous pensons qu'il s'agit d'un précédent extrêmement dangereux [...] qui n'a absolument aucune base juridique, aucun fondement constitutionnel ou de droit international, et constitue en réalité un affront à la démocratie dans l'hémisphère. »

Gaston Browne a également averti que les Caraïbes devraient faire attention à ne pas être entraînées dans la guerre idéologique qui se déroule au Venezuela dans le but de simplement démettre Maduro de ses fonctions.

« Ces gens mènent une guerre idéologique. Ils croient que le socialisme au Venezuela plongerait le peuple dans la pauvreté et ainsi de suite. Ils veulent se débarrasser de ces régimes socialistes. D'accord, ils peuvent mener leurs guerres idéologiques, mais nous devons faire face au côté pratique et aux effets [sur la région] », a dit Browne.

Le Premier ministre de Trinité-et-Tobago, Keith Rowley, a parlé en mots durs des autorités américaines qui ont tenté de contraindre les membres de la CARICOM à changer de position sur le conflit. Rowley a envoyé un message clair à l'ambassadeur américain à Trinité-et-Tobago, Joseph Mondello, qui s'est dit « profondément inquiet » de la reconnaissance continue de Trinité-et-Tobago de l'administration Maduro.

« Nous, à Trinité-et-Tobago, sous tous nos gouvernements, avons préservé la position souveraine du peuple de Trinité-et-Tobago », a-t-il ajouté. « Jusqu'à ce qu'il y ait un changement de gouvernement au Venezuela, comme l'a dit M. Patrick Manning, lorsque vous décrochez le téléphone, c'est celui qui répond au téléphone qui est en charge au Venezuela. Ce qu'ils nous demandent, c'est de prendre parti largement en raison de forces extérieures. Si vous envisagez de changer de régime dans le monde actuel de l'après-Seconde Guerre mondiale et que vous voulez le faire correctement, vous devez passer par l'ONU et obtenir sa sanction. Trinité-et-Tobago rejettera toute pression pour lui faire adopter une position susceptible de nuire à nos relations avec nos voisins. »

(Sources: TeleSUR)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 3 - 2 février 2019

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