Offensive antisociale du
gouvernement de
l'Ontario
Une attaque
malhonnête contre le droit à
l'éducation et la liberté de parole
Le gouvernement de l'Ontario a publié un
décret qui cible les étudiants, les professeurs et
le
personnel des établissements d'enseignement postsecondaire
et
leurs organisations de défense collective. Le
décret
du 17 janvier comprend trois parties :
1) une réduction des frais de
scolarité de 10 % dans l'ensemble des
établissements ;
2) des modifications apportées au
programme
d'aide financière aux étudiants de l'Ontario qui
alourdissent
le fardeau financier des élèves et de leurs
familles ;
3) l'obligation pour les administrations
postsecondaires de rendre facultative l'adhésion aux
associations étudiantes qui sont les organisations de
défense collective de l'ensemble des étudiants.
Des attaques contre le droit des étudiants
de
s'organiser
Le gouvernement
cherche
à dissimuler et à
imposer la liquidation des organisations de défense
collective
des étudiants. Le gouvernement considère que c'est
nécessaire pour imposer de nouveaux changements
antisociaux dans
l'éducation. Il s'efforce de saper la résistance
des
jeunes et des étudiants face aux attaques du gouvernement
contre
leurs droits. Il veut un moyen légal pour traiter en
criminels
et rendre illégaux les jeunes et les étudiants qui
s'organisent pour résister à la direction
antisociale,
antiouvrière et proguerre des gouvernements provinciaux et
fédéral qui intègrent encore plus le Canada
et
l'Ontario à la machine de guerre américaine.
Le gouvernement Ford a annoncé que,
dès
l'année prochaine, chaque établissement
postsecondaire
sera tenu de permettre aux étudiants de se soustraire
à
« tous les frais non essentiels non liés aux frais
de
scolarité », ce qui constitue une attaque
ouverte
contre le droit des étudiants de s'organiser et leur droit
de
résister. Merrilee
Fullerton, ministre de la Formation et des Collèges et
Universités, a déclaré dans un
communiqué
de presse que « [chaque étudiant en Ontario pourra]
décider de quels frais de scolarité elle ou il
souhaite
s'acquitter et de la façon dont cet argent sera
attribué.
Les frais destinés aux initiatives essentielles en
matière de santé et de sécurité sur
les
campus continueront d'être obligatoires.
« Les frais étudiants en Ontario
peuvent atteindre jusqu'à 2 000 $ par
année et, trop souvent, obligent les étudiants
à
payer pour des services qu'ils n'utilisent pas et pour des
organisations dont ils ne soutiennent pas les activités.
Nous
veillerons à ce que les étudiants
bénéficient de la transparence et de la
liberté de
choix
en ce qui concerne les services des campus et les organisations
qui ont
accès à leur argent. »
En fait, ces mesures
ciblent
spécifiquement
l'organisation collective du mouvement étudiant puisque la
clause de retrait ne s'appliquera pas aux « frais
destinés
à financer les principaux services et installations
offerts sur
l'ensemble du campus ou les frais qui contribuent à la
santé et à la sécurité des
étudiantes et étudiants [qui] sont
considérés
comme obligatoires et continueront de faire partie de la
structure
tarifaire. Les services essentiels sur les campus comprennent les
programmes d'accompagnement à pied, les services de
santé
et de counselling, les sports et les loisirs ainsi que le soutien
scolaire. »[1]
Le gouvernement dissimule ses véritables
intentions derrière la reconnaissance de l'importance de
ces
programmes et infrastructures. En ciblant l'organisation
collective du
mouvement étudiant, il vise leur conscience collective.
Même les « services » que le gouvernement dit
vouloir
maintenant ont été obtenus par la mobilisation des
étudiants et de leurs organisations. L'objectif est
d'empêcher les
étudiants de prendre leurs propres décisions sur
des
questions qui les concernent sur les campus en rendant
facultative
l'adhésion aux associations étudiantes
indépendantes et aux
autres groupes sur les campus qui ne sont pas sous le
contrôle de
l'administration des universités, des collèges ou
du
gouvernement. Le gouvernement donnera aux étudiants la
«
liberté de choix » leur permettant de se
soustraire
à ces droits d'adhésion « non
essentiels », sachant pertinemment qu'une
majorité
d'étudiants est à court
d'argent.
Ce faisant, la prétention du gouvernement de
défendre le
« choix individuel » est fondée sur la
fausseté que les droits collectifs nient les droits
individuels.
Cela suppose qu’il n’existe pas de
société ayant des
intérêts généraux avec lesquels les
intérêts individuels et collectifs doivent
être
harmonisés, tandis que les intérêts
individuels et
collectifs doivent également être harmonisés
entre
eux. Loin de donner à la société un but qui
réponde aux besoins de ses membres et de
l’époque, les
individus sont
transformés en personnes aléatoires avec des
préférences et des aversions individuelles que les
monopoles satisferont. C'est une conception du monde
profondément
antisociale et des mesures destructrices qui ont des
conséquences antisociales.
Réduction des frais de scolarité
sans
compensation par un financement accru du gouvernement
Le gouvernement dit
que les
frais de
scolarité seront réduits de 10 %. La
réduction affectera les budgets des universités et
des
collèges, car les fonds ne sont pas remplacés par
du
financement par le gouvernement. Cela va pousser les
établissements d'enseignement à poursuivre leur
propre
restructuration pour compenser la
perte de ces fonds. La réduction servira sans aucun doute
à justifier une atteinte aux droits des professeurs et du
personnel des campus, comme cela a été le cas par
le
passé.
Un autre résultat sera d'inciter ces
institutions à rechercher un financement encore plus
important
auprès des monopoles privés en échange de
recherche et de formation dispensées à leurs futurs
employés. Un financement privé plus important, en
dehors
de toute réglementation publique, pour s'attirer des
jeunes
scolarisés, s'accompagne
toujours d'une influence plus grande des monopoles sur les
programmes
dispensés et les autres aspects de l'éducation.
Les étudiants paieront moins de frais de
scolarité à court terme ; cependant, d'autres
mesures qui sont mises en place en font un exercice qui consiste
à donner d'une main pour enlever encore plus de l'autre.
Le
gouvernement Ford tente délibérément de
cacher ses
plans et ses actions sur ce front.
Changements aux programmes de prêts
étudiants
Le gouvernement impose
des
modifications au
programme de prêts aux étudiants pour que les
étudiants aient plus de difficultés à
obtenir des
prêts pour financer leurs études tout en
remplaçant
les bourses existantes par des prêts. Les mesures
comprennent une
réduction des bourses non remboursables et leur
remplacement par
des prêts.
Pour ce faire, le gouvernement abaissera les seuils du revenu
familial
associés à l'admissibilité à la
subvention
ontarienne aux étudiants. Le gouvernement a
également
introduit l'imposition d'intérêts sur les
prêts
étudiants au cours de la période de grâce de
six
mois suivant l'obtention du diplôme avant que les
étudiants commencent à
rembourser leur prêt. [2]
Ces mesures sont présentées comme
le
déplacement de prêts vers ceux « qui en ont le
plus
besoin ». C'est une tentative insidieuse de diviser la
jeunesse entre ceux qui en ont « le plus
besoin » et
ceux qui soi-disant en ont « le moins besoin »,
de
manière à nier le droit de tous les jeunes à
une
éducation que la société a le
devoir de fournir. Un des aspects de l'offensive antisociale
néolibérale consiste à éliminer
l'universalité dans les programmes sociaux sous
prétexte
de consacrer les fonds disponibles à ceux qui en ont le
plus
besoin. Cela remet en cause la définition moderne selon
laquelle
l'économie de la grande production industrielle est
capable de
garantir les
droits et le bien-être de tous et que l'État est
tenu de
le faire.
Avec ces mesures du gouvernement Ford, les
étudiants et leurs familles finiront non seulement par
payer
plus pour leurs études, mais ils subiront également
de
plus fortes pressions pour faire la demande de prêts
publics et,
lorsque ceux-ci ne seront pas disponibles, pour faire une demande
de
prêts privés à des taux
d'intérêt plus
élevés. Les
prêts publics et privés transfèrent de plus
grandes
quantités de fonds des étudiants et de leurs
familles
à l'oligarchie financière, ce qui renforce sa
richesse et
son pouvoir.
Notes
1.Au fil des ans, sur de nombreux campus,
les
étudiants ont voté lors de
référendums pour
financer des installations sur les campus, en particulier
sportives et
récréatives, les gouvernements ayant refusé
d'investir dans les conditions nécessaires à leur
éducation. Ces mesures ont permis aux gouvernements de se
soustraire à leurs
obligations de financer adéquatement l'éducation et
de
transférer plutôt des fonds publics disponibles vers
des
stratagèmes pour payer les riches en faveur des monopoles
mondiaux. En outre, les associations étudiantes ont mis en
place
des programmes pour les étudiants, financés au
moyen de
frais afférents approuvés par
référendum,
tels que les
régimes de soins de santé et de soins dentaires,
etc. De
tels programmes compensent également le refus des
gouvernements
successifs de fournir aux jeunes les conditions
nécessaires
à une vie saine. De cette façon, le gouvernement
continuera de se soustraire à ses obligations grâce
aux
frais afférents, quelle que soit la capacité de
payer de
chaque
étudiant.
2. Pour l'année
scolaire 2019-2020,
un communiqué de presse du gouvernement indique que le
Régime d'aide financière aux étudiantes et
étudiants de l'Ontario (RAFEO) :
- continuera d'octroyer des bourses aux
étudiantes et étudiants qui en ont le plus
besoin ;
- s'assurera que les étudiants qui
reçoivent l'aide du RAFEO sont des étudiants qui
ont des
besoins financiers manifestes et éliminera la portion non
fondée sur les besoins de la Subvention ontarienne
d'études ;
- fera passer la part des fonds destinés
aux
familles à faible revenu de 69 %
à72 % ;
- garantira que 82 % des bourses seront
accordées aux étudiants dont le revenu familial est
inférieur à 50 000 $, comparativement
à 76 % dans le cadre du régime
précédent ;
- abaissera les seuils du revenu familial
associés à l'admissibilité à la
Subvention
ontarienne d'études, accordera des prêts provinciaux
aux
étudiantes et étudiants à faible revenu et
augmentera le plafond par semestre du Prêt étudiant
de
l'Ontario ;
- fondera le calcul de l'aide financière
aux
étudiantes et étudiants sur une contribution des
étudiants qui reflète la récente
augmentation du
salaire minimum et augmentera les taux de contribution des
parents pour
les ramener au niveau de ceux de 2017-2018 ;
- fera en sorte que l'allocation destinée
aux
frais d'ordinateurs et d'informatique corresponde à un
achat
unique plutôt qu'à une dépense admissible
pour
chaque année d'études ;
- modifiera la
définition du terme étudiant indépendant aux
fins
du RAFEO, à savoir une personne ayant quitté
l'école secondaire depuis six ans au lieu de quatre
ans actuellement pour tenir compte des préoccupations
soulevées dans le récent rapport de la
vérificatrice générale. Par
conséquent, le
revenu des parents sera pris en compte dans l'évaluation
des
besoins du RAFEO jusqu'à six ans après la fin des
études secondaires ;
- modifiera le ratio entre les bourses ou les
subventions et les prêts pour exiger que l'emprunt de
l'Ontario
représente un minimum de 50 % pour les
étudiants qui entreprennent un deuxième
diplôme (p.
ex.
certificats collégial postdiplôme, études
supérieures, études de droit, etc.) dans les
établissements financés par les fonds
publics de l'Ontario ainsi que pour les étudiants inscrits
dans
un établissement à l'extérieur de
l'Ontario ;
- maintiendra le seuil de revenu annuel actuel
de 25 000 $ pour le Programme d'aide au
remboursement,
afin que les étudiantes et étudiants puissent avoir
un
répit entre la fin de leurs études et le moment
où
ils doivent commencer à rembourser leur
prêt ;
- harmonisera les modalités de
remboursement de
l'Ontario avec celles du gouvernement fédéral en
appliquant des intérêts durant la période de
grâce de six mois, afin de réduire la
complexité
pour les étudiants.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 2 - 26 janvier 2019
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