À titre d'information

La taxe de vente sur le carbone
du gouvernement Trudeau

Le gouvernement Trudeau soutient que les changements climatiques sont une affaire de sécurité nationale. Il dit que puisque les changements climatiques nous affectent tous, il est dans l'intérêt national d'agir et donc le gouvernement fédéral peut et doit imposer une taxe sur le carbone à tout le monde.

Le gouvernement de la Saskatchewan a entrepris un recours judiciaire pour contester l'autorité du gouvernement fédéral pour imposer une taxe fédérale sur le carbone puisque celle-ci empiéterait sur les compétences provinciales. Dans son mémoire adressé à la cour pour soutenir ses efforts pour imposer une taxe sur le carbone au Québec, à toutes les provinces et aux territoires, le gouvernement fédéral prétend que son pouvoir provient de « la paix, l'ordre et le bon gouvernement », l'article 91 de la Loi constitutionnelle de 1867. Les libéraux disent que cela permet au gouvernement fédéral de s'ingérer et d'intervenir à l'échelle nationale lorsque l'une des composantes d'une politique touche à l'intérêt national.

« Les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont une question d'une telle importance pour l'intérêt de la nation dans son ensemble, que les émissions de GES doivent être traitées sur une base nationale », selon les documents déposés devant la cour par le gouvernement.

D'autre part, selon le document de la Saskatchewan, « le procureur général soutient que la cour ne devrait pas se laisser influencer par les argumentations sur l'importance du changement climatique dans le monde aujourd'hui... La compétence législative en vertu de notre constitution n'est pas déterminée par l'importance d'une question. »

Tyler Dawson du National Post fait valoir :

« En somme, ce qui est soulevé par ce procès est quel palier de gouvernement a la compétence de réglementer les émissions de carbone. Ou est-ce qu'il s'agit d'une compétence partagée par laquelle le gouvernement fédéral peut imposer une taxe et où les provinces sont libres elles aussi d'avoir des politiques sur le carbone ? Aussi, si la compétence revient au gouvernement fédéral, comment la constitution octroie-t-elle ce pouvoir ?

« Pourquoi les libéraux croient qu'ils ont le pouvoir d'imposer aux provinces une tarification du carbone ?

« Le gouvernement fédéral dit que ce pouvoir lui vient de la clause POBG — l'article concernant la paix, l'ordre et le bon gouvernement — de la constitution. Puisque le changement climatique nous affecte tous, c'est une question d'intérêt national et par conséquent le gouvernement fédéral peut imposer une taxe sur le carbone.

« Une approche de coopération serait préférable, mais la Saskatchewan dit que l'approche fédérale est contraire à la coopération puisqu'il n'y a pas moyen de refuser d'y participer. 'Rien de moins ne satisfera le principe que les provinces sont souveraines et autonomes dans le champ de leurs compétences et qu'aucun niveau de gouvernement n'est subordonné à un autre', dit-il.

« Évidemment, le gouvernement fédéral est en désaccord. 'La compétence fédérale de légiférer sur une question d'ordre national ne modifie pas l'équilibre du pouvoir législatif, mais procure plutôt au parlement un outil flexible qui reflète l'ampleur du problème', poursuit-il.

« Les avocats du gouvernement fédéral soutiennent que la taxe sur le carbone n'est pas une taxe. Ce serait plutôt une mesure réglementaire qui viserait à modifier les comportements en incitant les gens à utiliser moins de carbone. Ils soutiennent que pour qu'on puisse parler de taxe, il faut que le but premier de cette taxe soit d'augmenter les revenus. »

Extraits des documents du gouvernement fédéral

En octobre 2016, le premier ministre a annoncé l'Approche pancanadienne pour une tarification de la pollution par le carbone (le modèle fédéral), qui offre aux provinces et aux territoires la latitude nécessaire pour élaborer leur propre système de tarification de la pollution par le carbone, et qui présente les critères que tous les systèmes doivent respecter pour être rigoureux, équitables et rentables.

Le gouvernement fédéral s'était aussi engagé à mettre en oeuvre un système fédéral de tarification de la pollution par le carbone dans les provinces et territoires qui le demanderaient ou dans ceux qui auraient mis en place un système qui ne répond pas aux critères du modèle fédéral.

La Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre, adoptée le 21 juin 2018, se divise en deux parties :

Un système d'échange pour les grandes industries, que l'on appelle le système de tarification fondé sur le rendement ;

Une redevance réglementaire sur les combustibles (redevance sur les combustibles).

Les provinces et les territoires avaient jusqu'au 1er septembre 2018 pour présenter leur plan.

Les systèmes provinciaux s'appliqueront en Colombie-Britannique, en Alberta, au Québec, en Nouvelle-Écosse, à l'Île-du-Prince-Édouard, à Terre-Neuve et au Labrador. Le gouvernement de ces provinces est soit déjà en train de mettre en oeuvre un système de tarification de la pollution par le carbone conforme au modèle fédéral, soit en voie de le faire.

En Ontario, au Manitoba, au Nouveau-Brunswick, à l'Île-du-Prince-Édouard et en Saskatchewan (partiellement), le système de tarification fédéral pour les grandes industries entrera en vigueur à compter de janvier 2019.

En Saskatchewan, en Ontario, au Manitoba et au Nouveau-Brunswick, la redevance fédérale sur les combustibles entrera en vigueur à compter d'avril 2019, puisque ces gouvernements n'ont pas établi de système de tarification de la pollution par le carbone qui soit conforme au modèle fédéral.

Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest prévoit mettre en oeuvre, le 1er juillet 2019, un système qui respecte le modèle fédéral. Le système fédéral de tarification de la pollution par le carbone s'appliquera au Yukon et au Nunavut. Le système fédéral s'appliquera dans les territoires à compter du 1er juillet 2019, ce qui assurera l'harmonisation entre les territoires.

Toutes les recettes directes provenant du système fédéral de tarification de la pollution par le carbone seront remises à la province ou au territoire où elles ont été générées. Les gouvernements provinciaux et territoriaux qui se sont engagés à lutter contre les changements climatiques en adoptant de manière volontaire le système fédéral recevront ces recettes directement du gouvernement fédéral et pourront décider de leur usage.

Le système fédéral de tarification de la pollution par le carbone ne vise pas à générer des recettes. Il vise plutôt à faire prendre conscience que la pollution a un prix, à donner aux Canadiens des moyens d'agir, et à favoriser une croissance plus propre et un avenir plus durable.

[Commentaire de la rédaction : Il faudra contester cette question de coût et de valeur liés à la pollution. La valeur économique objective est engendrée par le temps de travail de la classe ouvrière engagée dans le travail productif au sein de l'économie socialisée et qui transforme les ressources naturelles en valeur d'usage. Par le biais d'une taxe de vente, le gouvernement prend la valeur de l'économie pour répondre aux quelconques objectifs qu'il s'est fixés. La taxe de vente réduit le montant de valeur économique disponible pour la classe ouvrière. Le gouvernement dit que « la majeure partie des recettes directes provenant de la redevance réglementaire sur les combustibles » sera retournée directement au peuple et le reste sera consacré à l'infrastructure générale. La question qui s'impose est quel est alors l'objectif de la taxe de vente sur le carbone si, selon le gouvernement, il va redonner d'une main ce qu'il prend de l'autre. Comment cela contribue-t-il à changer la direction de l'économie pour que celle-ci n'endommage pas l'environnement ? Pour ce faire, il faut priver ceux qui contrôlent l'économie socialisée du pouvoir d'endommager l'économie.]

C'est pourquoi, dans les provinces qui n'ont pas pris d'engagement à l'égard de la tarification de la pollution par le carbone (l'Ontario, le Nouveau-Brunswick, le Manitoba et la Saskatchewan), le gouvernement fédéral suggère de remettre la majeure partie des recettes directes provenant de la redevance réglementaire sur les combustibles aux particuliers et aux familles de la province d'où proviennent les recettes, et ce, sous la forme de paiements de l'Incitatif à agir pour le climat.

Pour la plupart des ménages dans ces provinces, le paiement de l'Incitatif à agir pour le climat sera supérieur aux coûts supplémentaires qu'ils auront payés dans le cadre de la tarification de la pollution par le carbone. Les gens qui adoptent des pratiques à plus faibles émissions de carbone seront avantagés par cet incitatif.

Selon l'approche proposée, les particuliers recevront le paiement de l'Incitatif à agir pour le climat en un seul versement pour l'année au complet lorsqu'ils auront rempli leur déclaration de revenus (à compter du début de 2019).

Les résidents de petites collectivités rurales auront droit à un supplément de 10 % en raison de leurs besoins particuliers.

En Ontario, par exemple, le montant de base pour une famille de quatre personnes sera de 307 dollars en 2019.

Le montant du paiement de l'Incitatif à agir pour le climat augmentera chaque année en fonction de la hausse du prix de la pollution par le carbone établi dans le cadre du système fédéral de tarification de la pollution par le carbone.

Le ministre des Finances fera une annonce chaque année concernant le montant du paiement de l'Incitatif à agir pour le climat, en fonction de la hausse du prix de la pollution par le carbone et du montant à jour des recettes directes. En Ontario, par exemple, d'ici 2022, le montant de base pour une famille de quatre personnes devrait atteindre 718 dollars.

Dans chaque province qui ne s'est pas engagée à mettre un prix sur la pollution par le carbone, les recettes directes provenant de la redevance réglementaire fédérale sur les combustibles qui ne sont pas remises directement aux particuliers et aux familles sous la forme de paiements de l'Incitatif à agir pour le climat seront mises  de côté en vue d'aider les écoles, les hôpitaux, les petites et moyennes entreprises, les collèges et universités, les municipalités, les organisations sans but lucratif et les communautés autochtones dans la province.

La tarification du carbone réduit la pollution au coût le plus bas pour les entreprises et les consommateurs. Un système de tarification de la pollution par le carbone bien conçu constitue un incitatif pour l'action climatique et l'innovation propre tout en protégeant la compétitivité. La tarification du carbone est une solution efficiente et rentable parce qu'elle permet aux entreprises et aux ménages de décider par eux-mêmes de la meilleure façon de réduire la pollution, ce qui leur permettra aussi souvent de faire des économies.

La tarification de la pollution par le carbone stimule l'innovation, ce qui aide les entreprises canadiennes à être concurrentielles dans l'économie à faibles émissions de carbone en plein essor. La tarification de la pollution favorise l'innovation ainsi que la création et l'adoption de technologies et de procédés propres.

(https://www.canada.ca/fr/services/environnement/meteo/changementsclimatiques.html)

La taxe sur le carbone, selon Wikipédia (extraits)

La taxe carbone est une taxe environnementale sur les émissions de dioxyde de carbone.

Le carbone est présent dans tous les hydrocarbures (charbon, pétrole et gaz naturel) et est converti en dioxyde de carbone (CO2) et en d'autres produits lorsqu'il est brûlé. [...]

Le CO2 est un gaz à effet de serre qui retient la chaleur. [...]

Les taxes sur le carbone peuvent être une taxe régressive, en ce sens qu'elles peuvent affecter directement ou indirectement les groupes à faible revenu. [...]

La plupart des taxes liées à l'environnement ayant des incidences sur les émissions de gaz à effet de serre dans les pays de l'OCDE sont perçues sur les produits énergétiques et les véhicules à moteur, plutôt que directement sur les émissions de CO2. [...]

En 2018, les efforts du président français Emmanuel Macron pour mettre en place une taxe sur le carbone ont provoqué des manifestations massives de citoyens, obligeant le gouvernement à suspendre à nouveau la taxe. [...]

Le 4 décembre, le gouvernement français a suspendu la taxe sur le carbone car, a déclaré le premier ministre français Édouard Philippe, « aucune taxe ne mérite de mettre en danger l'unité de la nation. » [...]


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 2 - 26 janvier 2019

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