L'ONU a statué que la Loi sur les Indiens
au Canada est discriminatoire envers
les femmes des Premières Nations

Suite à une décision rendue publique le 14 janvier, le Comité des droits de l'homme des Nations unies a statué que le Canada continue de discriminer les femmes des Premières Nations et leurs descendants en leur refusant les mêmes droits statutaires que les hommes des Premières Nations et leurs descendants en vertu de l'article 6(1)(a) de la Loi sur les Indiens. Cette discrimination de longue date va à l'encontre du droit statutaire des femmes des Premières Nations, de leur droit de léguer leur statut ainsi que de leur égalité avec les hommes des Premières Nations.

Le comité a statué que le Canada est tenu d'abroger la discrimination et de veiller à ce qu'on accorde à toutes les femmes des Premières Nations et leurs descendants un statut égal à celui des hommes des Premières Nations et leurs descendants.

Sharon McIvor, qui a déposé la requête auprès du Comité des droits de l'homme de l'ONU ayant produit cette décision a dit : « Cette décision change la donne pour les femmes des Premières Nations et pour le Canada. Si le gouvernement du Canada honore ses obligations et traite une fois pour toutes les femmes des Premières Nations d'égal à égal, ce sera un tournant pour nous, pour nos communautés et pour le Canada. Les femmes des Premières Nations luttent contre cette discrimination devant les tribunaux et à l'ONU depuis 1970. J'espère maintenant que le Canada mettra fin à cette discrimination dévastatrice. »

En décembre 2017, le directeur parlementaire du budget avait évalué que plus de 270 000 femmes et leurs descendants retrouveraient ainsi leur statut d'Indien si le statut enchâssé dans l'article 6(1)(a) leur était accordé au même titre qu'aux hommes indiens et leurs descendants. « Cela démontre à quel point cette discrimination a été vaste et dommageable », a dit la docteure Pamela Palmater, présidente de la Gouvernance autochtone à l'université Ryerson. « La discrimination sexuelle dans la Loi sur les Indiens a été un instrument d'assimilation très efficace, puisqu'elle définit les femmes des Premières Nations et leurs descendants comme ne faisant pas partie du bassin d'Indiens de plein droit à qui le gouvernement du Canada doit la reconnaissance et des prestations. »

Le Grand Chef Stewart Phillip, président de l'Union des Chefs indiens de la Colombie-Britannique, a affirmé : « Le Canada a soutenu la discrimination sexuelle dans la Loi sur les Indiens en dépit de nombreuses années de lutte contre elle menée par les femmes autochtones et leurs alliées, devant les tribunaux, à l'ONU et au parlement lorsque les amendements étaient discutés. Le Canada a reconnu en 2017 que la discrimination se poursuit, et il avait inclus des articles dans le projet de loi A-3 qui devait éliminer la discrimination, mais il ne les a jamais appliqués. Le Canada sait comment régler la discrimination, il n'a qu'à agir et agir maintenant. Le 21 septembre 2017, le premier ministre Trudeau s'est adressé à l'Assemblée générale des Nations unies où il a affirmé que ‘le monde s'attend à ce que le Canada adhère rigoureusement aux standards internationaux en matière de droits humains...et c'est ce que nous attendons de nous-mêmes'. C'est ce que nous attendons tous : que le Canada respecte ses obligations en matière de droits humains dès maintenant. Nous attendons avec impatience la réponse du gouvernement du Canada. »

Citations :

Gwen Brodsky : « Le Comité des droits de l'homme de l'ONU dit que le Canada est tenu de trouver une solution efficace et applicable. Pour y arriver, le Canada doit offrir un dédommagement complet, y compris : 1) « veiller à ce qu'on accorde le statut intégral en vertu de l'article 6(1)(a) à Sharon McIvor, à Jacob Grismer et à tous les autres exclus du statut ou à qui on a accordé un statut moindre, en raison de distinctions basées sur le sexe en vertu de l'article 6 de la Loi sur les Indiens. 2) régler toute discrimination résiduelle dans les communautés des Premières Nations qui a été engendrée au Canada par la discrimination sexuelle de la Loi sur les Indiens.  3) communiquer à grande échelle la décision au Canada. 4) faire rapport aux Nations unies dans 180 jours afin de faire part de l'information sur les mesures prises pour être conforme à la décision. Il s'agit ici d'une réparation importante et elle mérite une action immédiate. »

Kukpi7 Judy Wilson, secrétaire-trésorière de l'Union des Chefs indiens de la Colombie-Britannique : « Avec cette décision, le processus actuel de consultation du gouvernement du Canada est à nouveau remis en question. Les questions sur lesquelles le Canada consulte présentement ont trouvé une réponse claire et sans détour dans la décision de l'ONU. On doit accorder le statut intégral à toutes les femmes et leurs descendants qui ont été exclus en raison de la discrimination sexuelle, y compris ces personnes nées avant 1951. Il ne devrait y avoir aucun délai pour procéder à l'inscription avec rapidité et efficacité. Le gouvernement du Canada doit régler toute discrimination résiduelle dans les communautés qui pourrait être engendrée par le fait d'augmenter le nombre de membres des communautés ou des bandes, et répondre aux nouveaux besoins en termes de ressources, plutôt que de continuer de concentrer ses énergies sur l'imposition d'oléoducs et de violer davantage les droits humains. Cette discrimination doit cesser, elle doit cesser immédiatement. »

Shelagh Day, présidente du Comité des Droits de l'homme et de l'Alliance féministe canadienne pour l'action internationale : « Cette discrimination basée sur le sexe est enchâssée dans la loi du Canada depuis plus de cent ans. Les dommages causés sont profonds. Que les femmes des Premières Nations aient été ouvertement traitées, en vertu de la loi, comme si elles étaient la propriété des hommes, comme des citoyennes de deuxième classe, comme n'étant pas égales, a eu pour conséquence de marginaliser les femmes des Premières Nations dans leurs propres communautés et dans la société en général. Il n'est donc pas surprenant que dans leurs rapports sur la crise des meurtres et des disparitions des femmes et des filles autochtones le Comité de l'ONU sur l'Élimination de la discrimination contre les femmes (CÉDCF) et la Commission interaméricaine sur les droits de l'homme (CIDH) aient conclu que la discrimination sexuelle en vertu de la Loi sur les Indiens est la principale cause des niveaux scandaleux de violence contre les femmes autochtones. Le Canada ne peut pas améliorer la vie des femmes et des filles des Premières Nations ni réduire le risque de violence qui pèse sur elles sans que le Canada ne se débarrasse, complètement et une fois pour toutes, de la discrimination sexuelle contenue dans la Loi sur les Indiens. »

Pour contacter l'Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique: 604-684-0231 (sans frais 1-800-793-9701); ubcic@ubcic.bc.ca; www.ubcic.bc.ca.


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 1 - 19 janvier 2019

Lien de l'article:
L'ONU a statué que la Loi sur les Indiens au Canada est discriminatoire envers les femmes des Premières Nations - Communiqué de presse, Union des Chefs indiens de la Colombie-Britannique


    

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