Numéro 19 - 12 mai 2018
Supplément
Sur la victoire sur le fascisme en Europe
PDF
Tableau « Le triomphe du peuple vainqueur »,
Mikhaïl Khmelko, 1949. Les drapeaux et les
étendards nazis pris à l'ennemi sont jetés aux
pieds du mausolée de Lénine.
LML publie le
chapitre « La deuxième guerre mondiale » du livre de
1947 La grande
conspiration : la guerre secrète contre l’Union
soviétique, de Michael Sayers et Albert E. Kahn. Le
chapitre, qui examine la période 1931 à 1941, est
divisé en deux sections. La première, « Munich
», examine la politique d’apaisement et le pacte de Munich
signé par les gouvernements de l’Allemagne nazie, de l’Italie
fasciste, de la Grande-Bretagne et de la France en septembre 1938. La
seconde section, « La deuxième guerre mondiale »,
examine les événements de l’invasion de la Pologne le 1er
septembre 1939 jusqu’à la fin de 1941 suite à l’attaque
de Pearl Harbour après laquelle la guerre « était
entrée dans sa phase décisive et finale en devenant un
conflit général entre les forces du fascisme
international et les armées unies de l'humanité
progressive.»
Dans l'avant-propos, on lit : « Aucun des
événements ou dialogues mentionnés dans ce livre
n'a été inventé par les auteurs. Tous les
matériaux utilisés proviennent de diverses sources
indiquées dans le texte ou dans les notes biographiques. »
La Deuxième Guerre mondiale
-
Extrait de La guerre secrète
contre la Russie soviétique : la grande conspiration de
Michael
Sayers et Albert E. Kahn -
1. Munich
Dans sa publication officielle, Peace and
War : United States Foreign Policy (La paix et la
guerre : la politique étrangère des
États-Unis), le Département d'État des
États-Unis déclarait :
« La fatidique
décade 1931-1941 a commencé et fini par des actes de
violence commis par le Japon. Elle a été
marquée par l'impitoyable développement d'une politique
déterminée en vue de la domination mondiale de la part du
Japon, de l'Allemagne et de l'Italie ».
La Seconde Guerre mondiale a commencé
en 1931 par l'invasion de la Mandchourie par le Japon sous le
prétexte de protéger l'Asie du communisme. Deux ans plus
tard, Hitler renversait la République allemande sous le
prétexte de protéger l'Allemagne du communisme.
En 1935, l'Italie envahissait l'Éthiopie pour la
protéger du
« bolchévisme et de la barbarie ».
En 1936, Hitler remilitarisait la Rhénanie ;
l'Allemagne et le Japon signaient le pacte anti-Komintern et les
troupes allemandes et italiennes envahissaient l'Espagne sous le
prétexte de la protéger du communisme.
En 1937, l'Italie donnait son adhésion au
pacte anti-Komintern ; le Japon attaquait de nouveau la Chine,
s'emparait de Peiping, Tientsin et Shanghaï. L'année
suivante, l'Allemagne s'emparait de l'Autriche. L'axe Berlin-Rome-Tokyo
était constitué « pour protéger le monde du
communisme ».
Prenant la parole à la session de la
Société des Nations en septembre 1937 le commissaire
aux Affaires étrangères soviétique Maxime Litvinov
déclarait :
« Nous connaissons
trois États qui, au cours de ces dernières années,
ont commis des agressions contre d'autres États. Malgré
toute la différence entre les régimes, les
idéologies, les niveaux matériels et culturels, les trois
États en question justifiaient leurs agressions par ce
même motif : la lutte contre le communisme. Les dirigeants
de ces États pensent naïvement ou font plutôt
semblant de penser qu'il leur suffit de prononcer le mot 'anticommunisme' et
que tous leurs méfaits et crimes
internationaux devront être pardonnés !
»
Sous le masque du pacte anti-Komintern, l'Allemagne, le
Japon et l'Italie marchaient vers la conquête et l'asservissement
de l'Europe et de l'Asie.
Deux voies possibles s'ouvraient au monde : union
de toutes les nations opposées aux agressions nazies, fascistes
et japonaises et arrêt de la menace de guerre de l'Axe avant
qu'il ne soit trop tard ; ou division, la capitulation devant
chacune des agressions et l'inévitable victoire du fascisme. Les
ministres de la propagande des pays
de l'Axe, les agents de Trotski, les réactionnaires
français, anglais et américains s'unirent dans une
campagne fasciste internationale contre la sécurité
collective. La possibilité d'une union contre l'agression fut
attaquée comme étant de la « propagande
communiste », dénoncée comme un «
rêve utopique » et qualifiée de «
provocation à
la guerre ». À sa place, on proposa la politique de
l'apaisement et le plan de faire de la guerre inévitable un
assaut général contre l'URSS. L'Allemagne nazie prit la
plus grande part à cette politique. Le premier ministre
britannique Neville Chamberlain, le porte-parole de l'apaisement,
déclara que la sécurité collective diviserait
l'Europe en «
deux camps armés ».
Le journal nazi Nachtausgabe put dire en
février 1938 :
« Nous savons
maintenant que le premier ministre anglais, comme nous-mêmes,
considère que la sécurité collective n'est rien
d'autre qu'un non-sens ».
Parlant à Manchester le 10 mai 1938,
Winston Churchill répondit :
« On nous dit
qu'il ne faut pas diviser l'Europe en deux camps armés. Ne
doit-il y avoir qu'un seul camp armé ? Celui des
dictateurs ; et une cohue de peuples dispersés, errant
autour de lui, se demandant quel sera celui qui sera pris le premier et
s'il sera asservi ou simplement exploité ? »
Churchill fut traité de « fauteur de
guerre ».
En septembre 1938, la politique de l'apaisement
atteint son apogée. Les gouvernements de l'Allemagne nazie, de
l'Italie fasciste, de la Grande-Bretagne et de la France signaient le
pacte de Munich, la sainte-alliance antisoviétique à
laquelle la réaction mondiale rêvait
depuis 1918.
Le pacte privait l'URSS de tout allié. Le pacte
franco-soviétique, pierre d'angle de la sécurité
collective européenne, était mort. Le pays des
Sudètes tchèques était rattaché à
l'Allemagne nazie. Le chemin de l'Est était ouvert devant la
Wehrmacht.[1]
« Le pacte de Munich, a écrit Walter
Duranty dans The Kremlin and the People (le Kremlin et le
Peuple), semble avoir été la plus grande humiliation
qu'ait subie la Russie soviétique depuis le traité de
Brest-Litovsk ».
Le monde attendait la guerre entre les nazis et les
Soviets.
Revenant en Angleterre, agitant un morceau de papier
qui portait la signature d'Hitler, Chamberlain s'écria :
« Il signifie la paix pour notre
génération ».
Vingt ans plus tôt, l'espion anglais Reilly
s'était écrié : « À n'importe
quel
prix, cette absurde obscénité qui est née en
Russie doit être anéantie... Paix avec l'Allemagne !
Oui, paix avec n'importe qui ! Paix, à n'importe quelle
condition, et ensuite, un front uni conte les véritables ennemis
de l'humanité ! »
Le 11 juin 1938, Sir Arnold Wilson, qui
soutenait Chamberlain à la Chambre des Communes,
déclara :
« L'unité
est essentielle et le véritable danger pour le monde
présent ne vient pas de l'Allemagne et de l'Italie... mais de la
Russie ».
Mais les premières victimes du pacte
antisoviétique de Munich ne furent pas les peuples de l'URSS.
Les premières victimes, ce furent les peuples
démocratiques de l'Europe. Une fois de plus, la façade
antisoviétique cachait une trahison de la démocratie.
En février 1939, les gouvernements
français et anglais reconnaissaient la dictature fasciste de
Franco comme le gouvernement légitime de l'Espagne. Dans les
derniers jours de mars, après deux ans et demi d'une lutte
épique et épuisante contre des adversaires
écrasants, la République espagnole devint une province
fasciste. Le 15
mars, la Tchécoslovaquie cessait d'être un État
indépendant : les divisions blindées nazies avaient
pénétré dans Prague. L'usine d'armement Skoda et
vingt-trois autres fabriques d'armes constituant une industrie
d'armement trois fois plus importante que celle de l'Italie fasciste
devenaient la propriété d'Hitler. Le
général profasciste Jan
Sirovy, qui avait commandé autrefois les armées
interventionnistes tchèques en Sibérie soviétique,
remit au Haut Commandement allemand les arsenaux, les magasins, un
millier d'avions et tout l'équipement militaire de premier ordre
de l'armée tchécoslovaque.
Le 20 mars, la Lituanie cédait à
l'Allemagne son seul port, Memel.
Le Vendredi-Saint au matin, le 7 avril, Mussolini
traversait l'Adriatique et envahissait l'Albanie. Cinq jours
après, le roi Victor-Emmanuel acceptait la couronne de ce pays.
De Moscou, alors qu'Hitler occupait la
Tchécoslovaquie, Staline avertit les politiciens de l'apaisement
d'Angleterre et de France que leur politique
antisoviétique les conduirait à un désastre, dans
un discours qu'il prononça le 10 mars 1939 au 18e
Congrès de l'URSS.
La guerre non déclarée, dit-il, que les
puissances de l'Axe ont déjà commencée en Europe
et en Asie sous le masque du Pacte anti-Komintern n'était pas
seulement dirigée contre l'Union soviétique, mais aussi,
et maintenant, en fait, avant tout, contre les intérêts de
l'Angleterre, de la France et des États-Unis :
« Les États agresseurs font la guerre,
dit Staline, en lésant de toutes les façons les
intérêts des États non agresseurs et, en premier
lieu, ceux de l'Angleterre, de la France, des États-Unis, qui,
eux, reculent et se replient en faisant aux agresseurs concessions sur
concessions... sans aucune tentative de résistance de leur part
et même avec une
certaine complaisance. Cela est incroyable, mais c'est un fait ».
Les politiciens réactionnaires des
démocraties occidentales, notamment en Angleterre et en France,
dit-il encore, ont renoncé à la politique de
sécurité collective. Ils rêvent encore d'une
coalition antisoviétique camouflée par des phrases
diplomatiques comme « apaisement » et «
non-intervention ». Mais cette politique est
déjà
condamnée et Staline ajouta :
« Certains politiques et représentants
de la presse d'Europe et des États-Unis, ayant perdu patience
à attendre la campagne contre l'Ukraine soviétique,
commencent eux-mêmes à
dévoiler les dessous véritables de la politique de
non-intervention. Ils parlent ouvertement et écrivent noir sur
blanc que les Allemands les ont
cruellement déçus ; car au lieu de pousser
constamment vers l'Est, contre l'Union soviétique, ils se sont
retournés vers l'Ouest, voyez-vous cela, et réclament des
colonies. On pourrait penser qu'on a cédé aux Allemands
les régions de la Tchécoslovaquie pour les payer de
l'engagement qu'ils avaient pris de commencer la guerre contre
l'Union soviétique et que les Allemands refusèrent
maintenant de payer la traite. Je suis loin de vouloir moraliser sur la
politique de non-intervention, de parler de trahison, de
félonie, etc. II serait naïf de faire de la morale à
des gens qui ne reconnaissent pas la morale humaine. La politique est
la politique, comme disent les vieux diplomates
bourgeois rompus aux affaires. Toutefois, il est nécessaire de
remarquer que le grand et périlleux jeu politique
commencé par les partisans de la politique de non-intervention
pourrait bien finir pour eux par un sérieux échec ».
L'URSS voulait encore réaliser une
coopération internationale contre les agresseurs et une
politique réaliste de sécurité collective ;
mais Staline le montra clairement, une semblable coopération
doit être véritable et loyale. L'Armée rouge
n'avait pas l'intention de tirer les marrons du feu pour les
politiciens de l'apaisement d'Angleterre
et de France. En fin de compte, si le pire survenait, l'Armée
rouge avait confiance dans sa force et dans l'unité et le
loyalisme des peuples soviétiques, comme Staline le
souligna :
« En cas de guerre,
l'arrière et le front de notre armée... seront plus forts
que ceux d'aucun autre pays. C'est un fait que des gens au-delà
de nos frontières
qui aiment les conflits militaires feraient bien de se rappeler
».
Mais, on ne tint pas compte de l'avertissement sans
détour et significatif de Staline.
En avril 1939, un sondage de l'opinion publique
britannique révéla que 87 % de la population
anglaise était favorable à une alliance
anglo-soviétique contre l'Allemagne nazie. Churchill vit dans le
rapprochement anglo-soviétique une « question de vie ou de
mort ». Dans un discours qu'il prononça le 27
mai, il
dit :
« Si le
gouvernement de Sa Majesté, après avoir
négligé notre défense, après avoir mis
à bas la Tchécoslovaquie avec tout ce que ce pays
signifie en puissance militaire, après nous avoir commis
à 1a défense de la Pologne et de la Roumanie,
rejette maintenant et renonce à l'aide indispensable de la
Russie et nous conduit ainsi
de la pire des manières dans la pire des guerres, il aura mal
mérité la générosité avec laquelle
il a été traité par ses concitoyens
».
Le 29 juin, Lloyd George appuyait la cause de
Churchill en ces termes :
« M. Chamberlain a
négocié directement avec Hitler. Il est allé vers
l'Allemagne pour le voir. Lui et Lord Halifax ont fait des visites
à Rome. Ils sont allés à Rome boire à la
santé de Mussolini et lui ont dit qu'il était un bon
garçon. Mais qui ont-ils
envoyé en Russie ? Ils n'ont pas même envoyé
le plus humble des membres du Cabinet ; ils ont envoyé un
employé du ministère des Affaires
étrangères. C'est une insulte... Ils n'ont pas le sens
des proportions ou de la gravité de toute la situation, alors
que le monde tremble au bord d'un grand précipice.
»
On ne fit pas
attention à la voix du peuple anglais ni à celle d'hommes
d'État comme Churchill et Lloyd George.
« Une alliance étroite et solide avec la
Russie », observe le Times de Londres, «
gênerait d'autres négociations »[2] .
Alors que l'été de 1939
s'avançait et que la guerre en Europe paraissait de plus en plus
poche, William Strang, un petit fonctionnaire du ministère des
Affaires étrangères britannique que Chamberlain avait
envoyé à Moscou, demeurait le seul représentant de
Londres menant des négociations directes avec le gouvernement
soviétique. Le 11 août, une mission militaire
britannique arriva à Moscou pour discuter avec
l'état-major. La mission anglaise avait voyagé sur un
bateau marchand à la
vitesse de 13 noeuds, le moyen de transport le plus lent possible.
À son arrivée, les Russes apprirent qu'elle n'avait pas
plus le pouvoir que Strang de signer le moindre accord avec le
gouvernement soviétique.
La Russie soviétique devait être
isolée et laissée seule en face d'une Allemagne nazie,
soutenue passivement, sinon activement, par les gouvernements de
l'Europe animés de l'esprit de Munich.
Joseph E. Ravies a décrit par la suite le choix
auquel le gouvernement soviétique était conduit.
Écrivant à Harry Hopkins, conseiller du président
Roosevelt, l'ancien ambassadeur des États-Unis en URSS
disait, à la date du 18 juillet 1941 :
« D'après
mes observations et mes entretiens depuis 1936, je crois que, sauf
le président des États-Unis seul, aucun gouvernement au
monde n'a vu plus clairement la menace d'Hitler contre la paix et la
nécessité de la sécurité collective et des
alliances entre les nations non agressives que le gouvernement
soviétique. Il était prêt à se
battre pour la Tchécoslovaquie. Il a annulé le pacte de
non-agression avec la Pologne avant Munich parce qu'il voulait
dégager le chemin de ses armées à travers la
Pologne pour venir à l'aide de la Tchécoslovaquie, s'il
était nécessaire de remplir les obligations de leur
traité. Même après Munich et jusqu'au printemps
de 1939, le
gouvernement soviétique était prêt à
s'allier avec l'Angleterre et la France en cas d'attaque de la Pologne
ou de la Roumanie, mais il insistait pour que soit convoquée une
conférence des États opposés à l'agression,
qui déterminerait objectivement et d'un point de vue
réaliste ce que chacun d'eux aurait à faire et qui
avertirait Hitler de leur
résistance concertée... La suggestion fut
repoussée par Chamberlain, qui prétexta de l'opposition
que la Pologne et la Roumanie faisaient à la présence de
l'URSS.
« Durant tout le
printemps de 1939, les Soviets essayèrent d'obtenir un
accord défini qui déterminerait l'unité d'action
et la coordination des plans militaires pour s'opposer à Hitler.
« L'Angleterre
refusa de donner les mêmes garanties de protection à
l'URSS par rapport aux États baltes que celles qu'on demandait
à la Russie de donner à la France et à
l'Angleterre en cas d'agression de la Belgique ou de la Hollande. Les
Soviets se convainquirent, avec juste raison, qu'aucun accord effectif,
direct, pratique et général ne
pouvait être conclu avec la France et l'Angleterre. Ils furent
amenés à conclure un pacte de non-agression avec Hitler ».
Vingt ans après Brest-Litovsk, les politiciens
antisoviétiques d'Europe avaient forcé l'URSS à
conclure un traité qu'elle ne désirait pas, un
traité de pure défense avec l'Allemagne.
Le 24 août 1939, l'Union
soviétique signait un pacte de non-agression avec l'Allemagne
nazie.
2. La Deuxième Guerre mondiale
Le 1er septembre 1939, les divisions
motorisées nazies envahissaient la Pologne par sept points. Deux
jours après, la Grande-Bretagne et la France déclaraient
la guerre à l'Allemagne. En deux semaines, le régime
polonais qui, sous l'influence de la clique antisoviétique des
« Colonels », s'était allié au nazisme,
avait refusé
l'aide de l'URSS et s'était opposé à la
sécurité collective, s'effondrait et les nazis balayaient
les débris éparpillés de leur ancien allié.
Le 17 septembre, tandis que les colonnes nazies
sillonnaient la Pologne et que le gouvernement polonais fuyait en
panique, l'Armée rouge traversa la frontière polonaise
orientale d'avant-guerre, occupa la Biélorussie et l'Ukraine
occidentales et la Galicie, avant que les blindés nazis ne les
eussent atteintes. Avançant rapidement vers
l'Ouest, l'Armée rouge occupa tout le territoire que la Pologne
avait annexé en 1920.
« Que les armées russes dussent tenir
cette ligne était évidemment nécessaire pour la
sécurité de la Russie devant la menace nazie,
déclara Winston Churchill à la radio le 1er octobre.
Un front oriental a été créé que
l'Allemagne nazie n'ose pas attaquer. Quand von Ribbentrop a
été à Moscou la semaine dernière, ce fut
pour
apprendre et accepter le fait que les projets nazis en ce qui concerne
les Pays baltes et l'Ukraine devaient rester au point mort
».
L'avance vers l'Ouest de l'Armée rouge fut la
première d'une série d'actions de l'URSS pour
contrebalancer l'extension du nazisme et conçues dans le but de
renforcer son système défensif en prévision d'un
inévitable conflit avec le IIIe Reich. Au cours de la
dernière semaine de septembre et des premiers jours d'octobre,
le gouvernement
soviétique signait des pactes d'assistance mutuelle avec
l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Ces accords stipulaient que des
garnisons de l'Arme Rouge et des bases aériennes et navales
soviétiques seraient établies dans les Pays baltes.
Mais au Nord, la Finlande demeurait un allié
militaire puissant du IIIe Reich.
Le chef de l'armée finlandaise, le baron von
Mannerheim était en rapports étroits et permanents avec
le Haut Commandement allemand. De fréquentes conversations entre
les deux états-majors avaient lieu et des officiers allemands
contrôlaient périodiquement les manoeuvres militaires
finlandaises. Le chef de l'état-major finlandais, le
général
Oesch, avait reçu sa formation militaire en Allemagne, comme son
adjoint principal, le général Ostermann qui avait
appartenu à l'armée allemande pendant la première
guerre mondiale.
Les relations politiques entre la Finlande et
l'Allemagne nazie étaient aussi étroites. Le premier
ministre, le socialiste Ryti considérait Hitler comme un «
génie » ; Per Svinhubrud, un riche germanophile
qui avait reçu La Croix de fer allemande, était le plus
puissant des personnages dans les coulisses de la politique finlandaise.
Avec l'appui d'officiers et de techniciens allemands,
la Finlande avait été transformée en une puissante
forteresse pour servir de base de départ à une invasion
de l'Union soviétique : on y avait
aménagé 23 aérodromes, capables de convenir
à dix fois plus d'avions que n'en possédait
l'armée de l'air finlandaise. Des techniciens
allemands avaient contrôlé la construction de la ligne
Mannerheim étalée sur plusieurs kilomètres de
profondeur tout le long de la frontière soviétique et
ayant des emplacements pour l'artillerie lourde à un point qui
n'était qu'à 34 km de Léningrad. À la
différence de la ligne Maginot, la ligne Mannerheim n'avait, pas
été conçue uniquement
dans un but défensif, mais aussi pour servir de lieu de
concentration à une importante masse offensive. Alors que la
construction de la ligne Mannerheim s'achevait, dans
l'été de 1939, le chef de l'état-major
d'Hitler, le général Halder, vint d'Allemagne donner
à la fortification une inspection finale.
Le gouvernement soviétique proposa un pacte
d'assistance mutuelle à la Finlande. Moscou offrait de
céder plusieurs centaines de kilomètres carrés de
territoire soviétique en Carélie centrale en
échange de quelques îles finlandaises
d'intérêt stratégique situées près de
Léningrad, d'une partie de l'isthme de Carélie et la
location avec un bail
de 30 ans du port de Hangoe pour y construire une base navale
soviétique. Les hommes d'État soviétiques
considéraient que ces territoires avaient un
intérêt capital pour la défense de la base de la
Flotte Rouge de Kronstadt et la ville de Léningrad.
Au milieu de novembre, la clique germanophile qui
dominait le gouvernement finlandais rompit brutalement les
négociations. À la fin du mois, l'URSS et la Finlande
étaient en guerre.
Les éléments antisoviétiques
d'Angleterre et de France crurent que l'heure de la guerre sainte tant
attendue était enfin arrivée. La guerre curieusement
passive à l'Ouest contre l'Allemagne nazie était une
« fausse guerre ». La vraie guerre, c'était
celle de l'Est. En Angleterre, en France, aux États-Unis, une
intense campagne de
propagande antisoviétique se déclencha sous le mot
d'ordre d'« aide à la Finlande ». Le premier
ministre Chamberlain qui, peu de temps auparavant, avait affirmé
que son pays manquait d'armes convenables pour lutter contre
l'Allemagne nazie, réussit à envoyer rapidement à
la Finlande 144 avions britanniques, 114 pièces
d'artillerie lourde, 185 000 obus, 50 000
grenades, 15 700 bombes d'avion, 100 000 capotes
et 48 ambulances ; au moment où l'armée
française avait un besoin urgent de tout matériel
militaire pour contenir l'inévitable offensive nazie, le
gouvernement français envoya à l'armée
finlandaise 179 avions, 472 pièces
d'artillerie, 795 000 obus, 5 100 mitrailleuses
et 200 000 grenades à main.
Tandis qu'on s'endormait sur le front occidental, le
Haut Commandement anglais, encore dominé par des officiers
antisoviétiques comme le général Ironside, dressa
des plans pour l'envoi d'un corps expéditionnaire
de 100 000 hommes qui aurait traversé la Scandinavie
pour atteindre la Finlande, tandis que le Haut Commandement
français se préparait à attaquer
simultanément le Caucase sous le commandement du
général Weygand, qui déclarait ouvertement que les
bombardiers français du Proche-Orient étaient prêts
à frapper les champs pétrolifères de Bakou.
Tous les jours, les journaux français et anglais
annonçaient avec des titres flamboyants les foudroyantes
victoires finlandaises et les catastrophiques défaites
soviétiques. Mais, après trois mois de combats sur un
terrain extraordinairement difficile et dans des conditions
atmosphériques incroyablement dures où la
température descendait souvent
jusqu'à 60 au-dessous de 0, l'Armée rouge avait
anéanti « l'imprenable » ligne Mannerheim et
mis en déroute l'armée finlandaise.[3]
Parlant au Soviet suprême de l'URSS le 29
mars 1940, Molotov déclara :
« L'Union
soviétique qui a battu l'armée finlandaise et avait toute
possibilité d'occuper la Finlande tout entière, ne l'a
pas fait et n'a exigé aucune contribution de guerre à
titre d'indemnité, comme eût agi toute autre
puissance ; elle a réduit au minimum ses
désidérata... Quelle est l'idée principale du
traité de paix ? C'est qu'il
assure dûment la sécurité de Léningrad,
ainsi que celle de Mourmansk et du chemin de fer du même nom ».
La guerre non déclarée de l'Allemagne
nazie contre l'URSS se poursuivait.
Le jour de la cessation des hostilités
soviéto-finlandaises, le général Mannerheim
déclara dans une proclamation à l'armée
finlandaise que « sa mission sacrée est d'être un
poste avancé de la civilisation occidentale à
l'Est ». Peu après, le gouvernement finlandais
entreprenait de construire de nouvelles fortifications le long de la
nouvelle
frontière. Des techniciens nazis vinrent d'Allemagne
contrôler le travail. D'importantes commandes d'armement furent
faites à la Suède et à l'Allemagne. Des formations
militaires allemandes arrivèrent en grand nombre en Finlande.
Les commandements finlandais et allemands eurent des
quartiers-généraux uniques et organisèrent des
manoeuvres
militaires communes. Des centaines d'agents nazis envahirent les
bureaux de l'ambassade d'Allemagne à Helsinki et des onze
consulats de province.
L'assoupissement à l'Ouest cessa tout à
coup au printemps de 1940. Le 9 avril, les Allemands
envahissaient le Danemark et la Norvège. Le Danemark fut
occupé en une journée, sans résistance. À
la fin du mois, les nazis avaient brisé la résistance
norvégienne et les troupes anglaises, qui étaient venues
à l'aide des Norvégiens,
abandonnaient les quelques bases précaires qu'elles
s'étaient assurées. Un régime nazi fantoche fut
instauré à Oslo avec le major Quisling à sa
tête. Le 10 mai, Chamberlain leur offrait sa
démission de premier ministre après avoir conduit son
pays à la situation vraisemblablement la plus
désespérée de sa longue histoire.
Le même jour, alors que le roi appelait Winston
Churchill à constituer le nouveau Cabinet, les armées
allemandes envahissaient la Hollande, la Belgique et le Luxembourg.
Le 4 mai, les Allemands s'étaient forcé un chemin,
à travers une résistance mise en pièces,
jusqu'à la Manche et avaient divisé les Alliés
dans les Flandres.
La panique s'empara de la France. Partout, la Ve
Colonne travaillait. Les soldats français étaient
abandonnés par leurs officiers. Des divisions entières se
trouvaient sans approvisionnement en matériel de guerre. Paul
Reynaud déclara au Sénat que les chefs de l'armée
française avaient commis d' « inconcevables
erreurs ». Il dénonçait «
les traîtres, les défaitistes et les
lâches ». Un certain nombre d'officiers
supérieurs français furent arrêtés mais ces
arrestations venaient trop tard. La Ve colonne était
déjà maîtresse de la France.
L'ancien ministre de l'Air Pierre Cot a écrit
dans son livre Triomphe de la Trahison :
« ...Les
fascistes avaient champ libre dans le pays et dans l'armée.
L'agitation anticommuniste était un écran de fumée
derrière lequel on préparait la grande conspiration
politique qui devait paralyser la France et faciliter le travail
d'Hitler... Les instruments les plus efficaces de la Ve colonne...
étaient Weygand, Pétain et Laval. Au
Conseil des ministres qui se tint à Cangé, prés de
Tours, le 12 juin 1940, le général Weygand
pressa le gouvernement de mettre fin à la guerre. Son principal
argument était qu'une révolution communiste avait
éclaté à Paris. Il déclarait que Maurice
Thorez, secrétaire général du Parti communiste,
était déjà installé à
l'Élysée. Georges
Mandel, ministre de l'Intérieur, téléphona
immédiatement au préfet de police de Paris qui
démentit les allégations de Weygand : il n'y avait
pas de troubles dans la ville et la population était calme...
Dès qu'ils se furent emparés du pouvoir au milieu de la
confusion de l'effondrement, Pétain et Weygand avec l'appui de
Laval et de Darlan, se
hâtèrent de supprimer toutes les libertés
politiques, de bâillonner le peuple et d'instaurer un
régime fasciste ».
D'heure en heure, la confusion grandissait et la
débâcle s'aggravait, tandis que les soldats
français se battaient désespérément et que
le monde assistait à la trahison à une échelle
jamais vue jusqu'alors...
Du 29 mai au 4 juin, l'armée anglaise
évacuait ses troupes à Dunkerque, sauvant
héroïquement 335 000 hommes.
Le 10 juin, l'Italie fasciste déclarait la
guerre à la France et à l'Angleterre.
Le 14 juin, Paris tombait et Pétain,
Weygand, Laval et l'hitléro-trotskiste Doriot devenaient les
gouvernants fantoches de la France, aux ordres des nazis.
Le 22 juin, un armistice entre la France et
l'Allemagne était signé dans la forêt de
Compiègne, dans le wagon même où le maréchal
Foch avait dicté les conditions de la capitulation aux Allemands
vaincus, vingt-deux ans plus tôt.
Tandis que la France s'écroulait, l'Armée
rouge s'ébranlait à nouveau pour renforcer les
défenses de l'URSS. Au milieu de juin, devançant un
putsch nazi dans les Pays baltes, les divisions blindées
soviétiques occupaient l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie.
Le 27 juin, l'Armée rouge avançait
en Bessarabie et dans la Bukovine du nord, que la Roumanie avait
arrachées aux Russes après la Révolution.
L'URSS et l'Allemagne nazie étaient maintenant
face à face sur leurs futurs fronts de bataille. Vers la fin de
juillet, les nazis lancèrent des raids d'avions massifs sur
Londres et d'autres villes anglaises, déversant des tonnes
d'explosifs sur les populations civiles. Ces raids qui crûrent en
férocité au cours du mois suivant, avaient pour but de
terrifier et de paralyser tout le pays et de faire tomber rapidement
sur les genoux une Angleterre déjà sérieusement
affaiblie.
Mais de profonds changements s'étaient produits
en Grande-Bretagne. La confusion et la division qui avaient
résulté de la manière dont Chamberlain avait
gouverné, avaient fait place à la détermination et
à une unité nationale croissante. Par-delà
l'étroite Manche, le peuple anglais vit les agissements de la Ve
colonne. Le gouvernement
Churchill agit avec célérité et résolution.
Scotland Yard et l'Intelligence Service s'abattirent sur !es
agents nazis, les fascistes anglais et les promoteurs d'intrigues
secrètes de la Ve colonne. Au cours d'une
perquisition-éclair au siège de Londres de l'Union
britannique des fascistes, les autorités s'emparèrent de
documents importants et
arrêtèrent de nombreux agents de la Ve colonne. Le chef du
Parti fasciste britannique, Sir Oswald Mosley, fut arrêté
à son domicile. Des arrestations encore plus sensationnelles
suivirent : celles de John Beckett, un ancien membre du Parlement
qui avait fondé le pronazi et antisoviétique Parti
populaire ; le capitaine Ramsay, membre
conservateur du Parlement ; E.D. Elan, fonctionnaire du
ministère de la Santé, sa femme, et d'autres pronazis et
fascistes influents. Une loi contre la trahison fut votée,
prévoyant la peine de mort pour les traîtres.
Montrant qu'il avait bien compris la leçon de la
France et des procès de Moscou, le gouvernement britannique
annonça en juillet 1940 l'arrestation de l'amiral Sir Barry
Domvile, ancien chef de l'espionnage naval. Domvile, ami de Rosenberg
et du général Hoffmann, avait été
impliqué dans la plupart des conspirations
antisoviétiques
depuis 1918. Au moment de son arrestation, Domvile était le
chef d'une société secrète pronazie en Angleterre
appelée The link (Le Lien) qui était
organisée avec l'appui de Himmler, le chef de la Gestapo.
S'étant assuré contre la trahison
intérieure, le peuple anglais fit face à l'épreuve
de l'offensive aérienne nazie sans broncher et en se
défendant. Dans la seule journée du 17
septembre 1940, la R.A.F. ne descendit pas moins de 185
avions allemands au-dessus de l'Angleterre.
Devant une résistance aussi courageuse
qu'inattendue, et pensant qu'il avait l'Armée rouge à ses
frontières orientales, Hitler s'arrêta à la Manche
et n'envahit pas les Iles britanniques.
L'année suivante était 1941. Une
atmosphère tendue d'attente planait sur toute l'Europe, tandis
que l'URSS et l'Allemagne nazie, les deux plus grandes puissances
militaires du monde, se préparaient à se combattre.
Le 1er mars, les Allemands entraient à
Sofia et la Bulgarie devint une base nazie.
Le 6 avril, après qu'une révolte
populaire eût renversé le régime du régent
Paul de Yougoslavie et que les agents nazis eussent dû s'enfuir
du pays, le gouvernement soviétique signait un pacte de
non-agression avec le nouveau gouvernement yougoslave. Le même
jour, l'Allemagne déclarait la guerre à la Yougoslavie et
l'envahissait.
Le 5 mai, Staline devenait le chef du gouvernement
de l'URSS.[4]
À 4 heures du matin, le 22
juin 1941, sans aucune déclaration de guerre, les tanks
d'Hitler, son aviation, son artillerie légère, ses
unités motorisées et son infanterie étaient
lancés sur la frontière de l'URSS en un front formidable
s'étendant de la Baltique à la mer Noire.
Dans la matinée, Goebbels lut à la radio
la proclamation de guerre d'Hitler :
« Peuple
allemand ! En ce moment, se déroule une offensive qui, tout
bien considéré, peut être comparée aux plus
grandes que le monde a vu jusqu'aujourd'hui. En liaison avec leurs
camarades finlandais, les vainqueurs de Narvik tiennent l'Arctique. Des
divisions allemandes, sous le commandement du conquérant de la
Norvège, en
collaboration avec les héros de la lutte pour la
libération de la Finlande, sous les ordres de leur
maréchal, protègent le territoire finlandais. Les
formations du front oriental allemand s'étendent de la Prusse
Orientale aux Carpates. Les soldats allemands et roumains sont unis
sous les ordres du chef de l'État Antonesco, des rives du Pruth
aux régions
inférieures du Danube et aux rives de la mer Noire. La
tâche de ce front n'est donc plus uniquement la protection de
pays, mais la sauvegarde de l'Europe et, par là même, le
salut de tous ».
L'Italie, la Roumanie, la Hongrie et la Finlande se
joignirent à la guerre nazie contre l'URSS. Des légions
fascistes furent recrutées en France et en Espagne. Les
armées unies d'une Europe contre-révolutionnaire avaient
lancé une guerre sainte contre les Soviets ; le plan du
général Hoffmann se réalisait...
Le 7 décembre 1941, sans
avertissement, les bombardiers et la marine de guerre du Japon
attaquaient les États-Unis d'Amérique. Puis l'Allemagne
nazie et l'Italie fasciste leur déclaraient la guerre.
Le 9 décembre, dans une proclamation du
peuple américain, le président Roosevelt
déclarait :
La route que le Japon a
suivie, ces dix dernières années en Asie, est
parallèle à celle d'Hitler et de Mussolini en Europe et
en Afrique. Aujourd'hui, elle est devenue bien plus que
parallèle. C'est une collaboration si bien calculée que
tous les continents du monde, et tous les océans sont maintenant
considérés par les stratèges de l'Axe comme
un seul et gigantesque champ de bataille.
En 1931, le Japon
envahissait le Mandchoukouo, sans avertissement.
En 1935, l'Italie
envahissait l'Éthiopie, sans avertissement.
En 1938, Hitler
occupait l'Autriche, sans avertissement.
En 1939, Hitler
envahissait la Tchécoslovaquie, sans avertissement.
Encore en 1939, Hitler
envahissait la Norvège, le Danemark, la Hollande, la Belgique et
le Luxembourg, sans avertissement. En 1940, l'Italie attaquait la
France, et ensuite la Grèce, sans avertissement.
En 1941, Hitler
envahissait la Russie, sans avertissement.
Et maintenant, le Japon a
attaqué les États malais et le Siam, et les
États-Unis, sans avertissement.
Tout sur un modèle
unique ».
Les masques sont jetés. La guerre secrète
de l'axe anti-Komintern contre I'URSS s'était transformée
en une guerre mondiale contre tous les peuples libres.
Le 15 décembre 1941, dans un message
au Congrès, le président Roosevelt
déclarait :
« En 1936, le
gouvernement japonais s'est délibérément
associé à l'Allemagne, en donnant son adhésion au
pacte anti-Komintern. Ce pacte, comme nous le savons tous, était
nominalement dirigé contre l'URSS ; mais son
but réel était de constituer une ligue des fascistes
contre le monde libre, notamment contre la Grande-Bretagne, la France
et les États-Unis ».
La Deuxième Guerre mondiale était
entrée dans sa phase décisive et finale en devenant un
conflit général entre les forces du fascisme
international et les armées unies de l'humanité
progressive.
1. Le 24 septembre 1938, tandis que les nazis
pénétraient en Tchécoslovaque, l'éditorial
du Socialist Appeal , journal trotskiste de New York,
déclarait : « la Tchécoslovaquie est un des
avortons les plus monstrueux qu'ait produit l'infâme
traité de Versailles. La démocratie
tchécoslovaque n'a jamais été quelque chose de
plus qu'un misérable voile, masquant l'exploitation capitaliste
la plus poussée... Cette considération impose
nécessairement la plus ferme opposition révolutionnaire
à l'État bourgeois tchécoslovaque, dans n'importe
quelles circonstances ».
Avec de tels pseudo-révolutionnaires, les
trotskistes dans toute l'Europe et en Amérique entreprirent une
campagne continue contre la défense des petites nations des
agressions par les puissances de l'Axe et contre la
sécurité collective. Tandis que l'Éthiopie,
l'Espagne, la Chine du Nord et du Centre, l'Autriche et la
Tchécoslovaquie étaient
envahies l'une après l'autre par l'Allemagne, l'Italie et le
Japon, les membres de la IV Internationale répandaient dans le
monde leur propagande, que la sécurité collective
était une « provocation à la guerre ».
Trotski affirmait que « la défense de l'État
national » était en fait une « tâche
réactionnaire ». Dans sa brochure, La
IVe Internationale et la guerre, qui servit de matériel de
propagande fondamental aux trotskistes dans leur lutte contre la
sécurité collective, Trotski a écrit :
« La défense de l'État national, en premier lieu
dans l'Europe balkanisée, est au plein sens du mot, une
tâche réactionnaire. L'État national, avec ses
frontières, ses passeports, son
système monétaire, ses douanes et son armée pour
la protection de ses frontières, est devenu un obstacle
effroyable au développement économique et culturel de
l'humanité. La tâche du prolétariat n'est pas la
défense de l'État national, mais sa destruction
complète et définitive ».
Les partisans et les sympathisants de Trotski en Europe
et en Amérique menèrent une lutte âpre contre le
Front populaire en France, le gouvernement républicain espagnol
et
autres mouvements de masse patriotiques et antifascistes qui
s'efforçaient de réaliser l'unité nationale dans
leur propre pays et des pactes de sécurité collective
avec l'URSS.
La propagande trotskiste déclarait que ces mouvements ne
feraient que conduire leur pays à la guerre. « La version
stalinienne du front unique », déclarait C. James, un
trotskiste anglais marquant ; « n'est pas l'unité
pour l'action, mais l'unité pour conduire tous les travailleurs
à une guerre impérialiste ».
Trotski lui-même « avertissait »
continuellement des « dangers qui résulteraient d'une
défaite de l'Axe au profit des nations non agressives. «
Une victoire de la France, de la Grande-Bretagne et de l'URSS sur le
Japon et l'Allemagne » déclara-t-il aux
séances de la « Commission d'enquête »
à Mexico, en avril 1938,
« signifierait d'abord une transformation de l'URSS en un
État bourgeois et celle de la France en un État fasciste,
parce que pour obtenir la victoire sur Hitler, un monstrueux appareil
militaire est indispensable... Une victoire peut signifier la
destruction du fascisme en Allemagne et l'instauration du fascisme en
France ».
De cette manière, Trotski et ses propagandistes
travaillèrent la main dans la main avec les partisans de
l'apaisement et avec les ministres de la propagande des puissances de
l'Axe, à persuader les peuples d'Europe que la
sécurité collective était une provocation à
la guerre et que ceux qui essayaient de la réaliser
étaient des « instruments de
Staline ».
2. Le jour de l'entrée de l'armée nazie
à Prague, une délégation de la
fédération des Industries britanniques était
à Düsseldorf pour mettre au point les derniers
détails d'un accord avec la grande industrie allemande.
En juillet, la presse britannique publia la
révélation sensationnelle que Robert Hudson, le
secrétaire parlementaire du ministère du Commerce avait
discuté avec le Dr Helmuth Wohltat, conseiller économique
d'Hitler, de la possibilité d'un prêt de l'Angleterre
à l'Allemagne nazie de 51 000 000 livres sterling.
Par tous les moyens, tous les gros hommes d'affaires
anglais étaient partisans d'une politique d'apaisement avec les
nazis. Le 8 juin, Lord Davies, banquier et magnat du charbon,
déclara à la Chambre des Lords : « Le
gouvernement russe sait parfaitement bien que dans certains milieux de
ce pays, on souhaite, au fond du coeur,
que les aigles allemands s'envolent vers l'Est et non vers l'Ouest,
comme c'était apparemment leur intention
à 1'époque où Hitler écrivait Mein
Kampf ». À propos des négociations de
Chamberlain avec le gouvernement soviétique, Lord Davies
dit : « Je me demande quelquefois si, même maintenant,
le Cabinet est sérieux ou si
ces négociations ne sont pas tout simplement encore un moyen de
calmer l'opinion publique ».
3. On lisait dans le rapport analytique de l'Institut de
Propagande de New-York, en juin 1940, l'appréciation
suivante : « La presse américaine a moins dit la
vérité et débité plus de mensonges
fantastiques à propos de la guerre de Finlande que sur aucun
conflit récent ».
4. Dans la nuit du samedi 10 mai 1941,
à 10h30 du soir, un avion Messerschmitt allemand capota
dans un champ près du château de Dunravel, dans le
comté de Lanark, en Écosse, qui appartenait au jeune duc
d'Hamilton. Un ancien travailleur du domaine vit tomber l'appareil
ainsi qu'un
parachute descendant lentement. Armé d'une fourche, i1 courut
pour trouver, gisant sur le sol, un homme à la cheville
brisée. C'était Rudolph Hess, messager d'Adolf Hitler.
« Conduisez-moi au duc d'Hamilton, dit Hess en
anglais. Je suis venu pour sauver l'humanité ! »
Hess espérait, par Hamilton et ses amis, obtenir l'appui des
conservateurs anglais dans l'attaque de l'URSS par les nazis.
Sir Patrick Dollan, lord-maire de Glasgow
(Écosse) dit le 11 juin 1941 : « Hess
était venu ici, dans l'idée qu'il pourrait rester en
Écosse pendant deux jours, discuter de ses propositions de paix
avec un certain groupe et recevoir de l'essence et des cartes pour
repartir en Allemagne où il aurait rapporté le
résultat de ses
entretiens ». Se référant à la mission
de Hess dans son discours du 5 novembre 1941, Staline
déclara : « Les Allemands savaient que leur politique
consistant à jouer sur les contradictions entre les classes
sociales de certains États, et entre ces États et le pays
des Soviets, avait déjà donné des résultats
en France, pays dont
les gouvernants, s'étant laissés effrayer par
l'épouvantail de la révolution, avaient dans leur frayeur
jeté leur patrie aux pieds d'Hitler et abandonné la
résistance. Les stratèges fascistes allemands pensaient
qu'il en serait de même de la Grande-Bretagne et des
États-Unis. C'est en somme dans ce but que les fascistes
allemands envoyèrent en
Angleterre le fameux Hess, lequel devait décider les hommes
politiques anglais à se joindre à la croisade
générale contre l'URSS. Mais les Allemands se sont
cruellement trompés ». Rudolph Hess resta prisonnier
du gouvernement britannique.
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Marxiste-Léniniste
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