Partons, ardent
prophète de l'aurore, par les sentiers
cachés et abandonnés, libérer le
vert crocodile que tu aimes tant.
Et
si
le
fer
vient
interrompre
notre
voyage,
nous demandons un suaire de larmes cubaines
pour couvrir les os des guérilleros
emmenés par le courant de l'histoire américaine.
Rien de plus.
-
Ernesto Che Guevara
au départ du yacht Granma
vers Cuba en 1956
Hommage à Ernesto Che Guevara à
l'occasion du 50e anniversaire de son assassinat
Aujourd'hui, nous rendons un profond hommage à
Ernesto Che Guevara,
le combattant révolutionnaire indomptable et l'internationaliste
prolétarien qui a inspiré et continue d'inspirer des
millions de
personnes dans le monde.
Originaire d'Argentine, ce médecin qui n'avait
d'autre souhait que
d'aider à mettre fin aux souffrances des peuples
d'Amérique
latine et du monde s'est joint sans hésiter au camarade Fidel et
aux
révolutionnaires cubains dans la Sierra Maestra dans la lutte
pour libérer
Cuba. Il s'est mérité le titre de Guerrier
héroïque pour ses exploits, qui furent une contribution
décisive
à la défaite de la dictature
cruelle de Batista en 1959 et au triomphe subséquent de la
révolution.
Le Che s'est par la suite consacré à
l'établissement de la base
économique qui
allait garantir le bien-être du peuple et a joué un
rôle central dans l'alphabétisation de tous les Cubains et
à l'établissement de moyens de communication viables. Son
nom est associé à la promotion du travail volontaire
comme moyen de transformer la
conscience des êtres humains afin que leur société
assume toujours ses
responsabilités sociales. Il a été un bel
exemple de la personne
humaine moderne, dont chaque action est guidée
par les principes. Ses
actions respiraient l'amour social et le souci pour l'être humain.
Leader exceptionnel, le Che mobilisait le
peuple pour l'accomplissement des tâches nécessaires.
Lorsque les États-Unis se sont engagés dans la subversion
économique et ont lancé des attaques terroristes contre
la révolution naissante, le Che n'a pas hésité et
s'est joint aux rangs des combattants révolutionnaires pour
mobiliser le peuple dans
la riposte. Sa contribution à la lutte pour engager Cuba dans la
voie
socialiste et protéger la révolution a
laissé une empreinte indélébile sur ce que Cuba
représente aujourd'hui.
L'internationalisme du Che et l'internationalisme de
Cuba ne font qu'un. Les deux reposent sur l'abnégation
et sont exempts de l'arrogance et des sentiments étroits qui
placent l'intérêt personnel en premier. Che Guevara
était entièrement imprégné du désir
d'engager les peuples du monde entier dans la lutte pour la
liberté, portant haut levée la
bannière de la lutte anti-impérialiste et anticoloniale
en Asie, en Afrique, en Amérique latine et dans les
Caraïbes.
Ernesto Che Guevara est mort héroïquement
sur les champs de bataille de la Bolivie il y a cinquante ans et
l'humanité pleure sa perte comme si c'était hier
seulement qu'il avait rejoint les colonnes de martyrs communistes et
révolutionnaires. Aujourd'hui, les peuples du Québec et
du Canada, unis à l'héroïque peuple cubain et aux
peuples
révolutionnaires du monde, commémorent le
cinquantième anniversaire de son assassinat par la
méprisable CIA
américaine en renouvelant leur engagement
à défendre la Révolution cubaine dont Fidel, le
Che, Raúl, Camilo, Vilma, Heida, Tania et leurs camarades ont
été les
architectes et tous les combattants guérilleros
révolutionnaires cubains et les peuples qui ne
font qu'un avec eux. Nous nous engageons une fois de plus à
défendre le droit de toutes les nations à
l'autodétermination dont fait intégralement partie, comme
nous l'a enseigné le Che, le droit crucial de se défendre.
Venceremos ! Hasta la Victoria
Siempre !
Souvenirs
Che le journaliste
- Gabriel Molina -
Nous commémorons ces jours-ci le
cinquantième anniversaire de l'assassinat du commandant Ernesto
Che Guevara après qu'il ait été blessé au
combat en Bolivie en octobre 1967.
Nous nous souvenons de la trace profonde mais encore
peu connue qu'il a laissée dans le journalisme de notre
Amérique, un aspect de sa vie qui est éclipsé par
l'ensemble de son oeuvre que nous devons célébrer dans la
gloire et non en pleurant, comme le disait Fidel Castro.
Le Che était journaliste, comme Fidel, comme
José Martí, avec pour mission non seulement
de répandre l'amour des idées révolutionnaires,
mais
aussi de libérer l'excellence qui brûlait en eux, leur
talent de communicateur.
Très peu de gens savent que non seulement le
jeune Guevara a-t-il été correspondant pour l'Agencia
Latina (AL) au Mexique pour les Jeux panaméricains du 12
au 26 mars 1955, presque deux ans avant l'expédition
du Granma, mais que
c'est lui qui a rédigé les articles et pris les photos
publiés et crédités à l'AL, comme Severino
Rosell l'a raconté au commandant William Gálvez.
Le guajiro
Rosell et Fernando Margolles
développaient et imprimaient les photos que le Che apportait
afin de leur permettre de gagner quelque chose à l'agence
argentine. Le Che
était déjà solidement lié à Fidel et
à Raúl Castro et aux révolutionnaires de
l'île.
En 1957, le Che et Fidel créèrent
Radio Rebelde et furent à l'origine de ses initiatives
importantes. Sans eux, le monde des années 1950 n'aurait
pratiquement rien su de ce qui se passait dans la Sierra Maestra. Tous
deux consacrèrent un temps et un talent considérables
à la
transmission patiente de l'information par leurs émissions au
sujet de la dizaine de guérilleros qui était parvenue
à se regrouper à Cinco Palmas en 1956 et qui faisait
des progrès continuels après ce que le Che décrit
à juste titre comme un naufrage plutôt qu'un
débarquement.
Radio Rebelde
En plus d'être un des meilleurs
guérilleros dans les montagnes de la Sierra Maestra, le Che
était le chroniqueur de la guérilla et, qui plus est,
avec Fidel, l'architecte de la station Radio Rebelde qui transmettait
au quotidien les nouvelles sur les actions de la guérilla au
peuple cubain et aux peuples
d'Amérique latine.
Ils ont fait entrer cette lutte dans le coeur de tous,
« toujours conscients du principe fondamental qu'à
plus long terme la vérité et les faits finissent par
favoriser les peuples ».[1]
Par la voix de Violeta Casals, Jorge Enrique Mendoza,
Orestes Valera et Ricardo Martínez, les nouvelles de la
guérilla diffusées par Radio Rebelde devenaient à
chaque jour la source d'information la plus importante et la plus
fiable. La station de radio tourna en ridicule le dictateur Fulgencio
Batista qui encore
le 31 décembre 1958 affirmait à l'agence UPI
[United Press International]
qu'il avait complètement éliminé l'armée
rebelle.
C'est pour cette raison que les révolutionnaires
à Madrid ont décidé ce dernier soir de 1958
de retourner au combat pour soutenir par tous les moyens possibles ceux
qui combattaient courageusement à Santa Clara avec le Che et
Camilo. À 6 heures le matin du 1er janvier, ils
avaient peine à croire que Batista avait été
renversé.
Après la victoire, celui qui a joué un
rôle décisif dans l'invasion avec Camilo Cienfuegos, comme
Antonio Maceo en 1896, continua d'écrire pour plusieurs
journaux, notamment Verde Olivo
et Combate.
Son journalisme et son travail politique inlassables ne
s'arrêtent pas là. Pour se faire une idée de
l'ampleur de son oeuvre informationnelle, il suffit de jeter un regard
sur les sept volumes d'environ 500 pages chacun de la collection El Che en la
Revolutión Cubana compilée par son
collaborateur
Orlando Borrego Díaz.
Le Che rend visite à l'équipe du Verde Olivo, la revue
hebdomadaire des Forces armées révolutionnaires de Cuba,
le 3 juillet 1960. Il était un contributeur régulier de
cette revue et de plusieurs autres publications.
Une nouvelle agence d'information
latino-américaine
Le Che et Fidel furent les véritables fondateurs
de Prensa Latina, une agence d'information latino-américaine
ayant pour mission de briser le monopole détenu par les fameuses
« p » (AP, UPI) en Amérique latine
à l'époque.
« À la mi-janvier (1959), le Che a
dit à sa mère qu'il attendait l'arrivée de Jorge
Masetti, à qui ils allaient confier la tâche de
créer une agence de nouvelles internationale. »[2]
Peu de gens savent que les fonds qui ont servi à
créer l'agence provenaient du Mouvement du 26 Juillet. Et
c'est le Che qui les livra durant ces débuts difficiles.
L'héroïque guérilla se rappelle
peut-être à quel point il a souffert pour pouvoir toucher
son salaire en tant que correspondant de l'agence argentine dans ces
ides de mars 1959. Avec beaucoup d'effort et d'imagination, Prensa
Latina a réussi à se maintenir depuis.[3]
Notes
1. El Che en la Revolutión Cubana,
Volume VII, Orlando Borrego Editorial José Marti, 2017,
p. 89
2. Celia, Che's Mother, Julia Constela,
Editorial Sudamericana, Buenos Aires, 2004, p. 187
3. Tiré de Semanario Orbe
Gabriel Molina Franchossi a
fondé l'Union des journalistes et écrivains
de Cuba (UPEC) et a également été un des
fondateurs et rédacteurs en
chef des journaux Granma, Combate et Opina . Il a par
ailleurs fondé l'Agence de presse latino-américaine
à l'initiative de
Fidel Castro et d'Ernesto Che Guevara avec pour mission
spécifique de répandre la vérité en
Amérique latine. Gabriel Molina a
été vice-président de l'Institut cubain de la
radio et télévision
(ICRT), responsable à ce titre de l'information nationale,
internationale et politique, après quoi il a occupé la
fonction de
directeur de Granma International pendant 29 ans, un hebdomadaire
publié dans
plusieurs langues. En 2000, il a reçu le Prix national
d'excellence pour l'ensemble de ses réalisations.
(Prensa Latina, 14 mai 2017.
Traduction : LML. Photos : Office des affaires historiques de
Cuba)
Le Che en 1959
- Gabriel Molina -
Le Che lors d'une manifestation de masse devant l'ancien palais
présidentiel à La Havane,
le 26 octobre 1959, pour dénoncer la provocation
contre-révolutionnaire des États-Unis
À l'occasion du 80e anniversaire de la
naissance d'Ernesto Che Guevara, le 14 juin 2008, le
journaliste Gabriel Molina a réalisé une entrevue avec
Héctor Rodríguez Llompart sur son expérience avec
le guerrier héroïque qui, en 1959, est devenu l'un des
dirigeants principaux du processus révolutionnaire à
cause
de sa détermination, de sa polyvalence et de ses
capacités établies et à cause de la dynamique des
événements bouleversants résultant de l'agression
contre Cuba. Héctor Rodríguez Llompart rappelle la
stratégie de Fidel Castro pour lutter contre le blocus et le
rôle joué par le Che, qui aurait eu 80 ans le 14
juin 2008.
***
La Révolution cubaine a toujours
été forcée de se défendre contre
l'hostilité du gouvernement américain, qui remonte aussi
loin que les jours de la Sierra Maestra.
Dès mars 1959, à peine trois mois
après le triomphe de la lutte armée, le
vice-président à l'époque, Richard Nixon,
après une réunion qu'il avait eue avec Fidel à
Washington, a convaincu le président Eisenhower que des mesures
devaient être prises pour le renverser.
La même année, les États-Unis ont
persuadé le gouvernement britannique d'annuler la vente d'avions
de chasse Hunter à Cuba. Pour les autorités
américaines, ces appareils auraient posé un
problème pour l'invasion qu'elles préparaient et qui a eu
lieu en avril 1961 à la baie des Cochons. Dans le
même but, le navire français La
Coubre a été saboté en mars 1960 ;
l'explosion a eu lieu alors qu'une cargaison importante de munitions
était déchargée sur les quais de La Havane. Des
dizaines de Cubains et de Français ont été
tués dans cet acte terroriste, attribué à la CIA
à Cuba. En même temps, Washington a empêché
un consortium de banques d'Europe
occidentale d'approuver un prêt de 100 millions $
à Cuba.
À cette époque, le gouvernement
révolutionnaire a adopté la tactique de
représailles contre les coups économiques. Le 6
juin, lorsque les compagnies pétrolières Standard Oil,
Texaco et Royal Dutch Shell ont refusé, sur les ordres du
gouvernement américain, de raffiner le pétrole que Cuba
avait acheté de l'Union soviétique, le
gouvernement cubain n'a pas hésité à prendre le
contrôle des raffineries moins d'un mois plus tard. La riposte du
gouvernement Eisenhower a été d'encourager les
exportateurs de pétrole et les compagnies maritimes à
boycotter l'île.
Cuba a réagi en nationalisant les raffineries
le 6 août.
Che Guevara a participé à tous ces
événements et aux décisions qui s'imposaient, non
seulement en tant que combattant et politicien, mais également
en tant qu'économiste, ou plutôt en tant que
stratège de l'économie avec Fidel, un rôle pour
lequel il est moins connu.
Dès sa première responsabilité
civile officielle en tant que directeur des industries de l'Institut de
la réforme agraire, et également en tant que
président de la Banque nationale en novembre 1960, et
ministre des Industries à compter de 1962, il était
de son devoir d'agir principalement dans le domaine de
l'économie, pour mettre en
oeuvre la ligne de diversification que la révolution avait
tracée à la fois pour la production et le commerce
international. Un témoin exceptionnel du parcours du commandant
Guevara est Héctor Rodríguez Llompart, qui a
rencontré le Che à la forteresse de La Cabaña,
dont le commandant Guevara était le chef militaire, au
début du 1959.
Llompart était le commissaire municipal de Regla et lui a rendu
visite avec le capitaine Miguel Angel Duque de Estrada, qui
était responsable des tribunaux révolutionnaires. Voici
quelques-unes de ses précieuses mémoires et
évaluations.
Fidel et le Che aux funérailles de ceux qui ont
été tués lors de l'attaque terroriste où le
navire français La Coubre
a explosé en mars 1960 alors
qu'il déchargeait sa cargaison dans
le port de La Havane
Que vous souvenez-vous de ces premiers jours de
l'agression ?
Les agressions de tous types du gouvernement
américain contre Cuba ont commencé très tôt.
À l'agression armée contre les centres de
production de l'île, les attaques terroristes et les menaces
armées, la révolution a répondu par
l'amélioration de l'organisation de ses appareils militaires et
de sécurité, l'acquisition d'armes et la création
des milices nationales révolutionnaires, des comités de
défense de la révolution, etc.
Le soutien et la détermination de notre peuple
à se battre pour la victoire avec le slogan « la patrie ou
la mort » ont rendu les tranchées politiques
imprenables.
Les plans d'agression économique étaient
plus sournois, mais tout aussi dangereux
Comment le Che a-t-il participé à la
lutte contre ces plans ?
La dépendance quasi totale au marché
américain et nos liens économiques de 50 ans avec
l'ancienne puissance coloniale ont rendu la situation de notre
économie ouverte encore plus compliquée.
Il était essentiel de trouver d'autres
marchés pour la vente de nos produits, ainsi que pour les
marchandises importées.
À la fin de 1959, une exposition
soviétique devait avoir lieu au Mexique et la
délégation soviétique était dirigée
par le vice-premier ministre Anastas Mikoyan.
À cette époque, j'étais un
fonctionnaire du ministère des Affaires
étrangères, et c'est le commandant Guevara qui m'a
informé que je devais partir pour le Mexique pour inviter
officiellement Mikoyan à tenir l'exposition soviétique
à La Havane et à présider personnellement, si
possible, la mission soviétique.
À titre d'anecdote personnelle, je me souviens
que les journaux ont annoncé la visite du Che ; le jour
où je suis arrivé au Mexique, il y avait beaucoup de
journalistes et de photographes à l'aéroport. Le journal El
Universal a rapporté la nouvelle ce jour-là sous le
titre : « Ils s'attendaient à un barbu, et c'est un
homme
rasé qui est arrivé. »
Après un certain nombre de revers liés
à un congrès ecclésiastique qui avait lieu
à Cuba à l'époque, la visite a été
repoussée, et finalement a eu lieu en février 1960.
La délégation cubaine, dirigée par
le commandant Guevara, et la délégation soviétique
ont tenu un certain nombre de pourparlers sur la
nécessité d'exporter notre sucre sur le marché de
l'URSS, face à la suspension imminente des achats par les
États-Unis.
Un accord commercial et un autre sur le crédit
ont finalement été signés le 13
février 1960 par le commandant en chef [Fidel Castro] et
Anastas Mikoyan.
En même temps, l'URSS a promis d'acheter 5
millions de tonnes de sucre cubain non raffiné sur cinq ans et
nous a accordé un crédit de 100 millions $,
remboursable sur 12 ans à 2,5 %
d'intérêt.
À la Conférence des Nations unies sur le
commerce et le développement, le 25 mars 1964, au nom
de notre gouvernement, le commandant Guevara a résumé
cette première période comme suit : « Cette
agression s'est ensuite caractérisée par des mesures
visant à paralyser l'économie cubaine. L'idée, au
milieu
des 1960, était de priver Cuba du carburant dont elle avait
besoin pour le fonctionnement de ses industries, les transports et les
centrales électriques. Sous la pression du département
d'État, les compagnies pétrolières
indépendantes américaines ont refusé de vendre du
pétrole à Cuba ou de mettre des pétroliers
à sa disposition pour son
transport. Peu de temps après, une tentative a été
faite de priver l'île des devises fortes nécessaires au
commerce extérieur. Le 6 juillet 1960, le
président Eisenhower a réduit le quota de sucre de Cuba
aux États-Unis à 700 000 tonnes, puis les
États-Unis ont annulé totalement ce quota le 31
mars 1961, quelques
jours après la création de l'Alliance pour le
progrès et juste avant l'invasion de la baie des Cochons. Il a
tenté de paralyser l'industrie cubaine en la privant de
matières premières et de pièces
détachées pour ses machines et, à cette fin,
le 19 octobre 1960, le département du Commerce
américain a publié une résolution interdisant
l'expédition de nombreux produits sur notre île. Cette
interdiction de commerce avec Cuba s'est intensifiée
jusqu'au 3 février 1962, lorsque le président
Kennedy a déclaré un embargo complet sur le commerce
américain avec Cuba. »
Toutes leurs attaques ayant échoué, les
États-Unis ont mis en place un blocus économique contre
notre pays visant à empêcher d'autres pays d'avoir des
relations commerciales avec nous. Tout d'abord, le 24
janvier 1962, le département du Trésor des
États-Unis a annoncé qu'il interdisait l'entrée
aux États-Unis de tout produit
fabriqué, entièrement ou partiellement, avec des produits
cubains, même s'ils étaient fabriqués dans un autre
pays. Le 6 février 1963, à une autre
étape qui a entraîné la mise en place d'un blocus
économique complet, la Maison-Blanche a publié un
communiqué de presse annonçant que les marchandises
achetées avec l'argent du
gouvernement américain ne pouvaient plus être
embarquées sur des navires battant pavillon étranger dont
le pays avait des relations commerciales avec Cuba depuis le 1er
janvier de cette année-là. C'est ainsi qu'a
commencé la liste noire, qui est maintenant appliquée
à plus de 150 navires de pays qui ne se sont pas
pliés au blocus
illégal des États-Unis. Et dans une autre étape
pour entraver le commerce avec Cuba, le 8 juillet 1963, le
département du Trésor des États-Unis a gelé
tous les actifs cubains sur le territoire américain et interdit
tous les transferts d'argent à destination et en provenance de
Cuba, ainsi que toute autre transaction en dollars par
l'intermédiaire de pays tiers.
Quels étaient les objectifs de ce
voyage ?
La décision de nous priver de
carburant, de suspendre les achats de sucre cubain et d'autres formes
d'agression économique était déjà mise
en oeuvre en octobre 1960, lorsque, comme secrétaire
adjoint du ministre des Relations extérieures, j'ai reçu
un appel téléphonique de Jaime Barrios,[1] qui travaillait avec le Che,
m'annonçant que j'allais me joindre dans les jours qui viennent
à une délégation dirigée par le Che qui
visiterait tous les pays socialistes. À ce moment-là, le
Che nous parlait déjà beaucoup de la
nécessité de bâtir des relations avec ces pays.
J'en ai appris davantage plus tard à propos de cette mission,
de son objectif premier de diversifier notre commerce en plaçant
la plus grande partie de notre production sucrière sur ces
marchés et en remplaçant la plus grande partie de nos
importations par des produits de ces pays.
Premier voyage du Che en Union soviétique (1960)
Une fois en URSS, nous avons participé à
une réunion d'urgence à Moscou à laquelle
participaient presque tous les ministres des Affaires
étrangères des pays socialistes. Pendant la
réunion, le commandant Guevara a expliqué la situation
sérieuse à laquelle la Révolution cubaine faisait
face à cause de l'agression impérialiste et il a mis
l'accent
sur le besoin de placer quatre millions de tonnes de sucre sur ces
marchés à un prix de quatre cents la livre. Ce prix
était plus élevé que le prix à la Bourse de
New York à ce moment-là.
Il a dit également que Cuba se devait d'acheter
ses produits essentiels de ces pays.
Rappelez-vous qu'à ce moment-là, Cuba
n'avait pas encore de ministère du Commerce extérieur et
que nous ne possédions que peu d'information, et encore moins
d'expérience, dans ce domaine. Tout ce que nous avions
c'étaient de solides arguments politiques et une lettre
signée par notre premier ministre, le commandant Fidel Castro,
qui
faisait état de la requête mentionnée plus haut et
dont le porteur était le commandant Guevara.
Quels accords ont été conclus ?
Suite à ces négociations, l'URSS
a promis d'acheter 2,7 millions de tonnes de sucre, la Chine, un
million de tonnes et les autres pays socialistes 300 000.
En plus, la Corée, le Vietnam et la Mongolie en
ont acheté des quantités symboliques en signe d'appui et
de solidarité avec les pays socialistes.
À Moscou, on a aussi signé un accord
multilatéral sur les paiements.
Avec comme objectif de conclure des accords de commerce
qui comprenaient des listes de produits devant être
achetés et vendus, des accords sur les paiements et des accords
sur les crédits, la délégation dirigée par
le Che a aussi visité la Tchécoslovaquie, la Chine, la
Corée et la République fédérale d'Allemagne.
Pendant sa visite en Chine, et pour sauver du temps, le
Che a décidé de visiter la République
démocratique de Corée et de me confier la direction d'un
petit groupe qui se rendrait au Vietnam et en Mongolie, deux pays avec
lesquels nous avions aussi établi des relations diplomatiques
à l'époque.
À la fin de son séjour à Berlin,
le Che avait dû retourner à Cuba et nous a informés
qu'il allait s'arrêter brièvement à Budapest et que
la délégation que je dirigeais allait alors se rendre en
Pologne, en Hongrie, en Roumanie, en Bulgarie et en Albanie.
Est-ce qu'on parlait déjà du besoin
de changer la structure commerciale de Cuba ?
Après son retour à Cuba, le
commandant Guevara est passé à la
télévision le 6 janvier 1961 pour annoncer la
signature des accords avec les pays socialistes. Il a
déclaré :
« Ça été une tâche
extrêmement difficile, une tâche difficile, parce que nous
avons dû changer la structure de notre commerce en quelques mois
seulement. De la fin de 1959, soit un an auparavant, Cuba est
passée en 10 mois, soit en octobre lorsque le cycle a
été complété, d'un pays ayant une structure
entièrement coloniale, avec
des systèmes de commerce domestique et extérieur
entièrement dominés par les grandes compagnies
d'importation dépendantes du capital monopoliste, à un
pays dans lequel l'État exerce un monopole complet sur le
commerce extérieur et un monopole sur une grande partie du
commerce intérieur. »
Il a parlé aussi des difficultés
additionnelles auxquelles nous faisions face parce que ces pays
utilisaient le système métrique décimal alors que
nous utilisions encore la méthode coloniale de peser les choses
en livres et de les mesurer en verges et que nous avions des
systèmes différents pour mesurer la pression ou un simple
raccord de
tuyau.
L'équipement électrique à Cuba
utilisait 60 cycles alors que les pays socialistes
utilisaient 50 cycles par seconde.
Bref, nous affrontions toutes sortes de
difficultés mais nous étions déterminés
à les surmonter et à en triompher face à ce
dilemme qui nous était créé par l'agression
impérialiste.
Ces expériences initiales ont donné lieu
à des anecdotes intéressantes.
En Chine, par exemple, quand nous avons examiné
la liste des produits devant être échangés, il y
avait une différence de 3 millions $ à
l'avantage de la Chine.
Avant de signer le protocole final, le premier ministre
de l'époque, Chou En-lai, a dit au Che que la Chine ne devait
pas avoir l'air d'importer plus de Cuba que ce qu'elle y exportait.
Il a donc été décidé
d'établir un montant de 3 millions $ en exportation
de produits d'arts et métiers parce qu'à ce
moment-là nous ne pouvions penser à d'autres produits qui
combleraient un besoin chez nous.
C'est de ce protocole dont faisaient partie les arts et
métiers chinois que viennent toutes ces histoires qui ont
circulé à La Havane sur les grandes quantités de
cannes et de parapluies chinois qu'on trouvait dans nos magasins.
En fait, les Chinois nous ont envoyé du
très bel artisanat qui, je suis certain, dépassait la
valeur mentionnée plus haut.
J'avais toujours cru qu'eux comme nous
n'appréciaient pas réellement ces produits merveilleux.
Au contraire, certains étrangers qui ont
vécu à Cuba temporairement ont tiré profit de la
situation et se sont enrichis par la vente illégale de ces
trésors artistiques.
Une autre source d'anecdotes et de blagues a
été les appareils de déneigement. Je pense qu'ils
avaient réellement un rôle à jouer, parce que ces
équipements ou des équipements semblables ont
été achetés pour être mis à l'essai
dans notre industrie minière.
Je n'oublierai jamais l'étonnement qui se lisait
sur le visage du traducteur soviétique quand, lisant la liste
des choses dont nous avions besoin, il est resté interdit quand
il n'a pas vu une faute de frappe et a lu que nous avions besoin de
milliers de « babines de singe » (bembas de mono) au
lieu de « pompes manuelles » (bombas de mano).
Nous faisions des blagues entre nous au sujet de la
décision du commandant Guevara d'acheter autant de viande en
conserve que possible et toutes les machines-outils que nous pouvions
trouver.
Nous avons réalisé, quelques mois plus
tard, à quel point ces décisions étaient
judicieuses lorsque, mobilisé à occuper des
tranchées ou comme volontaire dans les plantations de canne
à sucre, je me suis pris à trouver que la viande russe
était un vrai régal après avoir tant
grimacé en goûtant les premiers échantillons qu'ils
nous avaient
envoyés.
Nous avons éprouvé la même
satisfaction quand nous avons réalisé que le
problème créé par l'embargo sur les pièces
de rechange pouvait être résolu par les machines-outils
que nous avions achetées, alors qu'un camarade de la
délégation avait d'abord dit qu'à la prochaine
Fête des rois [le 6 janvier — LML], nous allions
devoir
convaincre les parents de donner en cadeau une machine-outil à
chaque enfant.
Personnellement, je conserve un souvenir inoubliable de
ces journées passées avec un homme aussi unique que le
Che.
J'ai eu l'occasion de rencontrer des individus de
premier plan comme Mao Tsé-Toung, Chou En-lai, Nikita
Khrouchtchev, Walter Ulbricht, Pham Van Dong et d'autres dirigeants
éminents du camp socialiste.
Mais, c'est avec une affection et une admiration
spéciales que je me souviens de cette jeune femme
agréable et dévouée qui nous a aidés comme
traductrice en République démocratique d'Allemagne,
Tamara Bunke Bider, et qui est passée à l'histoire plus
tard sous le nom de Tania la guérillera.
Le 23 février, 1961, le
ministère du Commerce extérieur a été
créé et Alberta Mora nommée au poste de ministre.
Quels problèmes ces changements dans le
commerce extérieur ont-ils créés et quel
rôle le commandant Guevara a-t-il joué dans leur
solution ?
Quelque temps après mon retour de
voyage dans les pays socialistes, j'ai été nommé
ministre adjoint au Commerce extérieur.
Pendant ces années d'organisation et de
réadaptation de notre commerce extérieur, et même
s'il avait de multiples responsabilités, le commandant Guevara a
joué un rôle exceptionnel dans le soin apporté au
ministère et dans sa conduite.
Pendant ces années, le Che a souvent
parlé en public du commerce extérieur et parfois pour
réfuter ceux qui, comme le [journal] Diario de la Marina,
critiquaient
avec
malice
les
premiers
accords
avec
l'Union
soviétique. Il l'a fait lors d'un discours qu'il a
prononcé à l'Université de La Havane le 2
mars 1960, et,
quelques jours plus tard, le 20 mars, dans le cadre de la
présentation inaugurale de l'émission de
télévision « L'Université du
peuple ». Il a parlé dans ces discours des
principales difficultés auxquelles nous nous heurtions à
ce moment-là. Il a dit ceci lors du discours qu'il a
prononcé à un séminaire de planification en
Algérie
le 13 juillet 1963 :
« Notre commerce extérieur a changé
complètement de partenaires. Alors qu'il se faisait
à 75 % avec les États-Unis, il se fait
maintenant à 75-80 % avec les pays socialistes. C'est
un changement bénéfique pour nous dans chaque aspect,
politique comme social, mais sur le front économique, il a fallu
beaucoup de
réorganisation.
Des centaines d'importateurs spécialisés
avaient l'habitude de passer leurs commandes aux États-Unis par
téléphone, et les produits arrivaient le lendemain par
traversier, directement de Miami à La Havane. Il n'y avait rien
à prévoir, rien à entreposer.
Tout cet appareil, débarrassé de ces
techniciens, ennemis du gouvernement, a dû être
établi dans ce qui a d'abord été la Banque de
commerce extérieur de Cuba et plus tard le ministère du
Commerce extérieur. Il a dû centraliser tous ces achats et
les faire faire par des gens sans expérience, non plus
immédiatement, non plus un jour d'avance
par téléphone, mais deux mois d'avance, dans de longues
discussions. En même temps, les matières premières
portaient maintenant un nouveau nom. Plus encore : si vous allez
dans une usine de ce pays aujourd'hui et voulez savoir quel type
d'acier est utilisé pour une pièce de rechange
spécifique, vous allez vous apercevoir qu'il y a un
numéro dans le catalogue pour cette pièce, SKF-27 par
exemple. Dans le catalogue de vente de cette compagnie, le SKF-27
correspond à une pièce spécifique ; comment
allions-nous commander cette pièce dans les pays
socialistes ? Nous avons dû procéder à des
analyses de l'acier, fabriquer parfois une ou deux pièces en
particulier.
Une tâche presque impossible. Nous avons dû importer les
machines ici à Cuba, où nous souffrions d'une
pénurie de techniciens hautement qualifiés.
Ces problèmes étaient alors quotidiens
à Cuba, et ils le sont toujours.
Était-il satisfait du dénouement de
ces relations commerciales ?
Le Che a prévu et averti des
difficultés et des obstacles qui, selon notre propre
expérience des relations commerciales avec certains pays
socialistes, ont mené ces derniers à adopter plus tard
des méthodes capitalistes dans la conduite de leurs relations
avec les pays sous-développés.
À cet égard, voici ce qu'il a dit lors du
discours qu'il a prononcé à Alger le 24
février 1965 lors du Deuxième séminaire
économique de solidarité afro-asiatique :
« Le socialisme ne peut exister sans que ne
s'opère dans les consciences une transformation qui provoque une
nouvelle attitude fraternelle à l'égard de
l'humanité, aussi bien sur le plan individuel au sein de la
société qui construit ou qui a construit le socialisme
que, sur le plan mondial, vis-à-vis de tous les peuples qui
souffrent de l'oppression
impérialiste. »
Note
1. Jaime Barrios, un Chilien, a été
tué le 11 septembre 1973 au palais de la Moneda.
(Juin 2008. Traduction : LML)
L'industrie du nickel : une audace et
une passion irrésistibles
- Germán Veloz Placencia -
Le commandant Ernesto Guevara avait un
intérêt particulier pour le développement de
l'industrie du nickel à Cuba et il y a consacré sa vision
stratégique et ses talents organisationnels.
Che Guevara et Raúl Castro lors d'une tournée des mines
à
Moa
Le journaliste de Granma Germán Veloz
Placencia a interviewé l'ingénieur Demetrio Presilla
Lopez qui a joué un
rôle clé dans la reprise de la production nationale du
nickel. Voici le rapport de Veloz Placencia.
Demetrio Presilla Lopez évoque ce jour de
décembre 1960 où le commandant Ernesto Che Guevara,
alors responsable du Département de l'industrialisation de
l'Institut national de la Réforme agraire (INRA), lui demanda de
mettre en marche l'usine récemment construite à Moa par
une compagnie nord-américaine, qui avait été
abandonnée le 9 avril de cette même année,
dans le cadre des mesures économiques adoptées par le
gouvernement des États-Unis pour étouffer la
Révolution cubaine.
Le Che parlait posément, mais son esprit
bouillonnait face à la nécessité de relancer
l'industrie, rappelait systématiquement Demetrio Presilla,
Héros du travail de la République de Cuba,
décédé à Moa en mars 2006.
Presilla se souvenait qu'au cours de la conversation,
il avait ajouté quelques commentaires et des questions sur les
difficultés qu'il y aurait pour placer le produit final sur le
marché international, ce à quoi le Che avait
répondu en lui demandant de se charger de mettre l'usine en
marche. Quant à lui, il serait responsable des intrants pour la
production et de la vente du nickel.
Une telle assurance convainquit Presilla que la
tâche qu'on lui avait confiée n'avait pas de marche
arrière. Le Che était convaincu de la possibilité
de réussite de cette entreprise, à laquelle il consacra
sa vision stratégique fine et une capacité d'organisation
qui l'avaient déjà distingué durant la
guérilla.
Infatigable et prévoyant
Le Che se montra également infatigable. Selon la
chronologie élaborée par le journaliste Camilo Velasco,
dans laquelle il décrit la relation du Che avec l'industrie du
nickel, ce dernier se réunit aussi à La Havane, vers la
mi-décembre, avec un groupe de 17 ingénieurs et
techniciens qui avaient participé, avec des spécialistes
étasuniens, à
la mise au point et aux essais de l'usine inactive de Moa. Une
installation contrôlée par l'INRA le 5 août de
la même année, à laquelle on donna le nom de
Commandant Pedro Sotto Alba.
En réalité, au cours de cette
année, l'INRA fut très actif quant à la
récupération du nickel. Le 19 août, il
nationalisa officiellement la compagnie minière Cayo del Medio,
qui exploitait les gisements de Cayo Guan et d'autres mines.
À cette décision vint s'ajouter,
le 24 octobre la Résolution No 16 de l'Institut cubain
des mines qui décréta la nationalisation de l'industrie
du nickel de Nicaro, laquelle reçut immédiatement le nom
de
Commandant René Ramos Latour.
Le 6 janvier 1961, alors que se
déroulait la traditionnelle Journée des Rois mages, le
Che s'exprima à la télévision, où il
annonça la signature d'accords avec des pays socialistes et
l'engagement de l'Union soviétique de détacher des
techniciens pour coopérer au lancement de l'usine de nickel.
Auparavant, en décembre 1960, une
délégation de ce pays avait effectué une visite
à Moa afin de connaître la technologie utilisée
dans cette industrie.
Complètement immergé dans sa mission,
à la fin du mois d'avril 1961, lors d'une conférence
à l'Université populaire, le commandant Ernesto Guevara,
alors ministre des Industries (il avait été nommé
à ce poste le 2 février de cette année)
souligna que le fer, le nickel et le cuivre étaient les produits
de base de l'industrie minière
cubaine, auxquels il fallait ajouter le cobalt et le chrome. Il
déclara par ailleurs que l'une des plus grandes richesses
potentielles étaient les latérites [roches rouges], qui
se trouvaient au nord de l'Oriente cubain, dans les zones de Nicaro,
Moa et jusqu'à Baracoa.
Quant à l'usine Commandant Pedro Sotto Alba, en
signalant qu'elle serait probablement mise en marche dans une
période proche, il affirma qu'elle devrait être
considérée comme une réalisation du gouvernement
révolutionnaire, puisqu'elle n'avait pas fonctionné
auparavant.
En parcourant le cours de l'année 1961,
notre admiration pour la capacité de travail du Che ne put que
croître. En mai, à La Havane, il reçut une
délégation conduite par le vice-ministre de
l'Économie de l'Union soviétique, venu pour examiner la
conclusion d'accords futurs pour l'achat du nickel cubain. En
août, à la première
rencontre nationale de production de cette branche qu'il dirigeait, le
Che affirma que l'usine René Ramos Latour, à Nicaro,
entreposait à ce moment 7 620 tonnes, ce qui
représentait une légère augmentation par rapport
à la même période de l'année
précédente.
Puis, en octobre, il annonça la décision
de construire, dans un avenir proche, dans la province d'Oriente, une
aciérie qui utiliserait comme matière première le
fer et le nickel de la région de Moa et Nicaro.
Les étapes suivantes furent tout aussi
dynamiques et créatives. Il est logique de penser que les
critères du Che furent retenus pour d'autres mesures
essentielles adoptées par le gouvernement
révolutionnaire, notamment la création, en
juillet 1963, du Centre de coordination pour le Plan de
développement du Nord de la province d'Oriente
(Plan Nord), dont l'objectif fondamental était de stimuler
l'industrie du nickel.
La présence du Che dans les usines du nickel
Les principaux leaders de la révolution avaient
coutume d'être présents sur les lieux en transformation,
pour se rendre compte des faits par eux-mêmes. Ainsi, le
commandant Ernesto Che Guevara effectua des visites
régulières, dont il faisait ensuite des rapports
détaillés, sur les zones et les installations
liées à la production de nickel.
Tout comme Camilo Velasco, la journaliste et
historienne Maria Julia Guerra rapporte dans sa chronologie des visites
du Che dans la province d'Holguin que celui-ci se rendit pour la
première fois dans la localité de Nicaro, le 20
janvier 1961, pour visiter les installations de l'usine de nickel,
où il eut un entretien avec les
travailleurs.
Il visita également le village, où il
s'entretint dans le parc avec les habitants sur la
nécessité de travailler dur pour créer les
richesses du pays.
Un an plus tard, il se rendit de nouveau à
l'usine, où il revint à plusieurs reprises en 1963.
Lors de l'une de ses visites, il participa à un Conseil de
direction extraordinaire du conseil de l'entreprise Consolidada de
Niquel.
À propos du premier échange du Che avec
les ouvriers de l'usine René Ramos Latour, Manuel Galban
Sopeña, alors très engagé dans la relance de la
production de nickel, a raconté que le commandant était
arrivé sans prévenir, à bord d'une jeep. «
Il a observé les cours que je donnais à un groupe de
collègues sur les procédés et le rapport sur
la métallurgie ; il a posé plusieurs questions, puis
il a pris congé en nous conseillant de continuer
ainsi. »
Sa première visite dans la région de Moa
eut lieu le 26 mai 1961. Il était accompagné
par le commandant Raúl Castro Ruz, Aleida March et Vilma Espin.
Ils se
rendirent à l'usine Pedro Sotto Alba et à la mine Cayo
Guan. En constatant la façon dont vivaient les travailleurs de
la mine de chrome, le Che déclara qu'il fallait
améliorer les conditions de vie en construisant des logements
décents.
En janvier 1963, en plus de Nicaro, le Che se
rendit à Moa. Il eut des réunions avec les dirigeants des
organisations révolutionnaires des deux villages et les cadres
administratifs et syndicaux des usines René Ramos Latour et
Pedro Sotto Alba. Il refit une visite à Punta Gorda et à
la mine Cayo Guan.
Il revint à Moa en septembre 1964 pour
avoir des échanges avec les mineurs de l'usine de chrome et
vérifier le bon fonctionnement de l'usine Commandant Pedro Sotto
Alba. Là, il annonça à Juan Rodriguez Guerrero,
secrétaire général du Bureau syndical, que lors de
son prochain voyage il se réunirait avec les travailleurs.
Il respecta son engagement à la fin de
novembre 1964, ce qui fut sa dernière visite dans la
région. Il arriva accompagné, entre autres, de
José Cardona Hoyos, dirigeant du Parti communiste colombien. Au
cinéma Ciro Redondo, il présida l'assemblée des
travailleurs de l'usine Commandant Pedro Sotto Alba. Dans son
allocution, il
affirma que cette industrie était l'une de celles qu'il aimait
le plus.
Un droit reconnu par le peuple
Le 11 janvier 1984, à Moa, au nord du
gisement de minerai de Punta Gorda, l'usine Commandant Ernesto Che
Guevara fut mise en service. Conçue pour produire du nickel et
du cobalt, ce qu'elle fait avec une reconnaissance internationale, elle
porte ce nom en l'honneur de l'engagement et du talent
démontrés par le guérillero
héroïque à la tête du processus de relance de
l'industrie nationale de nickel. Son audace fut décisive pour la
matérialisation du Plan de développement de la côte
nord de l'Oriente cubain.
Fidel et les plus hautes autorités du Parti et
du gouvernement avaient promis que la première grande usine de
ce type construite par la révolution avec l'aide du camp
socialiste, en particulier de l'URSS, ne pouvait pas porter un autre
nom que celui d'Ernesto Che Guevara. Une décision qui fut
approuvée par Cuba tout entière.
(Granma International, 23
août 2017. Photo : A. Korda)
Auprès du Che pendant la crise d'Octobre
- Ronald Suárez Rivas -
Oscar montre une photo de la Grotte de los Portales, où se
trouvait le poste de
commandement du Che lors de la crise d'Octobre.
Grotte de los Portales, octobre 1962. Depuis son
poste de commandement, le commandant Ernesto Che Guevara examine avec
plusieurs officiers la composition des forces ennemies qui menacent
d'attaquer le pays.
Le lieutenant Luis Gonzalez Pardo, chef de la section
d'informations, lit les renseignements sur la 82e division
aéroportée de l'armée des États-Unis qui,
selon les rapports, sera chargée de lancer les opérations.
Après avoir mentionné le nombre
énorme d'avions, Luis fait un commentaire à son
chef : « Commandant, ils vont nous cacher le
ciel... »
Le Che l'écoute sans sourciller. Après la
défaite fulgurante de la dictature et l'attaque mercenaire de
Playa Giron, il ne doute pas un instant du courage du peuple cubain, si
bien que la réponse à son officier du renseignement fuse
nette et précise : « Et alors, mon gars,
c'est
mieux... on se battra à l'ombre. »
Cette anecdote nous a été
rapportée par Oscar Valdés Buergo, à
l'époque sergent adjoint du Che, chef militaire à Pinar
del Rio, et donc un homme proche du guérillero
héroïque lorsque celui-ci assumait le commandement de la
province durant l'invasion par Playa
Giron et durant la crise d'Octobre.
Aidé par un dossier rempli de notes, de coupures
de journaux, de croquis et de photographies, cet ancien combattant de
la clandestinité à Vueltabajo parle avec nostalgie de ces
journées « intenses et
mouvementées » au cours desquelles il eut
l'occasion d'être aux
côtés du Che.
À 80 ans, il revoit avec clarté le
Che, vêtu d'un treillis, un pistolet à la ceinture et
coiffé de son béret noir frappé de
l'étoile. « Durant l'attaque de Playa Giron, son
séjour avec nous fut de courte durée, à cause de
la blessure accidentelle
qu'il s'était faite au visage, alorsque pendant la
crise d'Octobre, il resta pendant plusieurs semaines à la
tête de la province », se souvient Oscar .
« À cette époque, le Che avait établi
son commandement dans la Grotte de los Portales (appartenant à
la
municipalité de La Palma). Il sortait à l'aube presque
tous les jours pour parcourir le territoire et revenait à la
nuit tombée. »
Parmi les anecdotes qui parlent d'elles-mêmes de
la personnalité du guérillero légendaire, Oscar
raconte que personne ne connaissant jamais l'heure exacte de son
retour, on lui avait proposé d'installer un poêle à
bois dans la grotte, sur lequel les aliments de ceux qui travaillaient
à
l'extérieur jusqu'à des heures avancées de la nuit
pourraient être maintenus au chaud, car la cuisine centrale de
l'unité était éloignée. « Au
début, le Che refusa, car il pensait qu'ils avaient l'intention
de lui préparer un meilleur repas qu'au reste de la troupe,
et bien que finalement il ait accepté, lorsqu'il se
déplaçait dans les alentours, il vérifiait
systématiquement si tous les soldats avaient reçu le
même repas que lui. »
De ces journées de tension au cours
desquelles le monde se trouva au bord d'un conflit nucléaire,
Oscar se souvient qu'à une occasion, le Che revint très
en colère, car un groupe de miliciens et de soldats qui
oeuvraient des tranchées lui avait demandé combien de
temps durerait
l'exercice.
« Ce jour-là, il ordonna aux
principaux chefs d'aller informer homme par homme du grave danger
qu'encourait le pays.
« Le 26 octobre, après avoir
entendu le commandant en chef donner l'ordre d'ouvrir le feu sur tout
avion qui violerait l'espace aérien, il ordonna le renforcement
de la défense antiaérienne.
« Il donna également l'ordre de
désarmer une mitrailleuse de 12,7 millimètres, et
avec des cordes et l'aide d'un groupe de paysans de la région,
ils la transportèrent pièce par pièce et
l'installèrent au sommet de la colline. »
« Il fit monter une antenne radio afin
de pouvoir capter les stations étrangères. Plusieurs
camarades qui parlaient d'autres languesétaient
chargés de les écouter à plein temps, afin de le
tenir informé de l'évolution de la situation.
« À l'occasion, lors d'une
réunion, il demanda aux chefs d'unité lesquels d'entre
eux écoutaient la radio étrangère. Le silence fut
total. Seul le premier lieutenant Narciso Ceballos, chef de la division
de Guane, leva la main et dit : "Moi, commandant, parce qu'on m'a
dit
que vous le faisiez..." ».
« Les soldats pensaient que le Che
allait lui faire une remontrance. Au contraire, il l'a
félicité, avant de rappeler aux autres camarades qu'il
fallait être informé et connaître
l'ennemi. »
Le Che était un homme très direct, nous
dit Oscar, cependant « il parlait
à voix basse et très poliment ». Pendant
le temps où il fut le haut responsable politique et militaire de
Pinar del Rio, il se déplaça dans toute la province, y
compris la
péninsule de Guanahacabibes, mais surtout sur la côte
nord, près de la capitale du pays.
« Les chefs des unités et des
principales entités de la province allaient le voir dans la
grotte pour faire leur rapport. Il régnait une grande agitation,
à l'époque », indique-t-il.
Néanmoins, poursuit-il, il y avait aussi des
moments de quartier-libre pendant la soirée, où le Che
sortait pour bavarder avec les gens, il lisait, jouait une partie
d'échecs ou s'arrêtait pour regarder les autres jouer, et
faisait des commentaires à haute voix quand il y avait une
mauvaise action de jeu,
pour se moquer d'eux.
« Un soir, alors que je lisais un livre
sur la vie des Hispanos à New York, il s'arrêta
près de moi et me dit :"Quand tu l'auras fini,
prête-le moi". »
« Un peu plus tard, il revint et me
dit : "Je suis venu chercher ce que je t'avais demandé". Il
a pris le livre et je ne l'ai jamais revu. » L'issue de
la crise d'Octobre est connue. Oscar raconte qu'à son retour
d'une réunion à La Havane, le Che rassembla les
autorités politiques et militaires de la province pour leur
expliquer que, sans en informer Cuba, l'Union soviétique avait
conclu un accord avec les États-Unis pour le retrait des
missiles nucléaires de notre pays, et il eut des mots
très durs à propos d'une telle décision.
Cinquante-cinq ans après ces journées,
Oscar se dit fier d'avoir eu la possibilité d'être aux
côtés du guérillero héroïque dans un
moment décisif de l'histoire de la révolution et que
cela reste l'une des expériences les plus extraordinaires de sa
vie.
« Je me sens honoré de la
confiance qui m'a été accordée pour cette
importante mission », dit-il.
« Le Che était un homme qui
donnait toujours l'exemple, et n'ordonnait rien qu'il ne soit pas
capable de faire lui-même.
« Les gens aimaient parler avec lui.
Nous l'admirions beaucoup. C'était quelque chose de très
important pour nous tous », conclut-il.
(Granma, 21 septembre 2017)
Rencontres avec Ahmed Ben Bella
Le Che est accueilli à l'aéroport international d'Alger
par le premier ministre algérien Ahmed Ben Bella le 3 juillet
1963 à l'occasion du premier anniversaire de
l'indépendance de l'Algérie.
En octobre 1997, à l'occasion du 30e
anniversaire de l'assassinat de Che Guevara, Ahmed Ben Bella, un des
chefs du Front de libération nationale de l'Algérie et
premier président de l'Algérie, faisait paraître
dans Le Monde diplomatique un article sous le titre Ainsi
était le « Che », dans lequel il
raconte les nombreuses rencontres qu'il a eues avec Che Guevara
de 1962 à 1965, à Alger, « qui
était alors une terre d'asile pour tous les
anti-impérialistes du monde », juste avant le coup
d'État
militaire qui a chassé son gouvernement du pouvoir en
Algérie.
Parmi les souvenirs de ses rencontres avec Che Guevara,
il rappelle la première fois qu'ils se sont rencontrés.
C'était en 1962, au moment où l'Algérie
venait juste d'accéder à l'indépendance et dans
les mots de Ben Bella « en tant que chef de ce gouvernement,
je devais assister, en ce mois de septembre 1962, à New
York, à la session de l'ONU pour la levée symbolique du
drapeau algérien au-dessus du siège des Nations
unies ». Dans le cadre de cette visite en Amérique,
il devait rencontrer le président des États-Unis, John
F. Kennedy, puis se rendre par après à Cuba.
« Plus que d'une visite, il s'agissait
surtout d'un acte de foi marquant nos engagements politiques.
L'Algérie souhaitait souligner publiquement sa totale
solidarité avec la Révolution cubaine,
particulièrement en ces moments difficiles de son
histoire », a écrit Ben Bella. Lorsqu'il a
rencontré Kennedy à la Maison-Blanche le 15
octobre 1962, au moment de la crise entre Cuba et les
États-Unis sur le stationnement de missiles en sol cubain,[1]
Ahmed
Ben Bella a demandé à Kennedy :
« Allez-vous vers une confrontation avec
Cuba ? », ce
à quoi Kennedy répondit : « Non, s'il
n'existe pas de fusées soviétiques ; oui, dans le
cas contraire. » Le président américain a
même tenté de le décourager de se rendre à
Cuba par des menaces à peine voilées que son
avion pourrait se faire abattre par les contre-révolutionnaires
cubains basés à Miami. « [J]e lui
rétorquai que j'étais un fellaga [combattant
algérien en lutte pour l'indépendance de son pays -- ndlr]
et
que
les
menaces
des
harkis
algériens
ou cubains
ne m'intimidaient pas », a-t-il répondu au
président des États-Unis d'Amérique.
Fidel et le Che rencontrent Ahmed Ben
Bella en 1962.
Dès que la délégation conduite par
Ben Bella met le pied sur le sol de Cuba, elle est accueillie par
« une liesse populaire indescriptible ». Ce qui
s'est produit par après « donne une idée des
rapports totalement dénués de protocole qui devaient
[...]
être la caractéristique essentielle, la norme des liens
unissant la Révolution cubaine et la révolution
algérienne, et des liens personnels qui m'ont lié
à Fidel Castro et à Che Guevara ». Sa
délégation n'a eu le temps que de déposer les
valises pour
immédiatement se mettre à « discuter à
bâtons rompus » pendant des heures et des heures avec
Fidel, Raoul et Che Guevara ainsi que les autres dirigeants qui les
accompagnaient, « bousculant le protocole », ce
qui a donné lieu à des discussions
politiques et des débats passionnés, suivi d'un programme
de visites à travers le pays.
Ahmed Ben Bella écrit plus loin que cette
solidarité entre eux a été soudée pour
toujours lorsqu'il y eu en octobre 1963 une tentative par le
gouvernement marocain de provoquer militairement l'Algérie et de
menacer le nouveau gouvernement révolutionnaire algérien,
grâce à l'appui des États-Unis qui fournissaient
secrètement des hélicoptères et pilotes pour
transporter les troupes marocaines sur le front. Durant cet
épisode appelé « l'affaire de
Tindouf », « [n]otre jeune armée, tout
juste sortie d'une lutte
de libération, qui ne possédait encore ni couverture
aérienne — puisque nous n'avions pas un seul avion — ni forces
mécanisées, fut attaquée par les forces
armées marocaines sur le terrain qui lui était le plus
défavorable », c'est-à-dire le
désert. Ben Bella rappelle dans ses souvenirs de Che Guevara que
le gouvernement algérien a pu compter sur l'assistance du
président égyptien Nasser qui leur a fourni une
couverture aérienne et de « Fidel Castro, Che
Guevara, Raúl Castro et les dirigeants cubains qui nous
envoyèrent un
bataillon de vingt-deux blindés et plusieurs centaines de
soldats » qui étaient sous le commandement, entre
autres, de Che Guevara.
L'auteur écrit que les dirigeants cubains
« n'hésitèrent pas à envoyer leurs
chars au secours de la révolution algérienne en
danger », ce qui les conduira plus tard
« à intervenir au-delà de l'océan
Atlantique, en Angola et
ailleurs ». Étant des gouvernements
révolutionnaires qui s'aidaient mutuellement, Ahmed Ben Bella
raconte les échanges qu'il avait en octobre 1962 lors de sa
visite à Cuba avec Fidel Castro. Ce dernier « avait
tenu à honorer la promesse que son pays nous avait faite de
fournir
une aide » équivalente à environ 4
millions $, explique le président algérien.
« Compte tenu de la situation économique de Cuba,
elle devait nous être envoyée, non pas en devises, mais en
sucre. Malgré mon refus, car je considérais
qu'à ce moment Cuba avait encore plus besoin de son sucre que
nous, il ne voulut rien entendre. »
Il poursuit : « Environ un an
après cette discussion, un navire battant pavillon cubain
accosta au port d'Oran. Avec la cargaison de sucre promis, nous
eûmes la surprise de trouver deux dizaines de chars et des
centaines de soldats cubains accourus à notre secours. C'est sur
une feuille arrachée
d'un cahier d'écolier que Raúl Castro m'envoyait un bref
message
pour annoncer ce geste de solidarité. Bien sûr, nous ne
pouvions laisser ce bateau repartir vide, aussi nous le remplîmes
de produits algériens et, sur le conseil de l'ambassadeur Jorge
Serguera, nous y ajoutâmes quelques chevaux barbes.
Ainsi commença entre nos deux pays un troc à
caractère non commercial, placé sous le sceau de la
solidarité et qui, au gré des circonstances (et des
contraintes), fut un élément original de nos
relations. »
L'ancien président algérien ajoute que
« Che Guevara était particulièrement conscient
des restrictions innombrables qui entravent et affaiblissent une
véritable action révolutionnaire, de même que des
limites qui affectent toute expérience, fût-elle la plus
révolutionnaire, dès l'instant où elle est
confrontée directement ou indirectement avec les règles
implacables de la loi du marché et de la rationalité
mercantile. Il les dénonça publiquement lors de la
Conférence afro-asiatique qui se tint à Alger en
février 1965. » Plus loin Ben Bella explique que
« la situation qui prévalait en Afrique laissait
espérer d'immenses potentialités révolutionnaires
et avait conduit le 'Che' à considérer que le maillon
faible de l'impérialisme se trouvait sur notre continent et
qu'il devait désormais y consacrer ses forces ».
Le Che est accueilli au Ghana en 1965.
L'auteur a fait remarquer au Che « que ce
n'était peut-être pas la meilleure façon d'aider
à la maturation révolutionnaire qui se développait
sur notre continent. Si une révolution armée peut et doit
trouver des soutiens étrangers, elle doit cependant créer
ses
propres ressorts internes sur lesquels s'appuyer. N'empêche, Che
Guevara tenait à ce que son engagement fût total et
physique. » Le Che s'est rendu plusieurs fois en Angola et
au Congo-Brazzaville et a même refusé l'avion particulier
que le président Ben Bella voulait mettre à sa
disposition pour assurer une plus grande discrétion à ses
déplacements. Celui-ci poursuit : « J'alertai
alors les ambassadeurs d'Algérie dans toute la région
pour qu'ils se mettent à sa disposition. Je le revis à
chacun de ses retours d'Afrique noire et nous passions de longues
heures à échanger nos idées. À chaque fois,
il
revenait impressionné par la fabuleuse richesse culturelle du
continent, mais peu satisfait de ses rapports avec les partis marxistes
des pays qu'il avait visités et dont les conceptions
l'irritaient. »
Parallèlement à l'action du Che, le
gouvernement algérien a mené durant cette même
période « une autre action pour le sauvetage de la
révolution armée de l'ouest du Zaïre »,
écrit Ahmed Ben Bella. En accord avec Nyerere de Tanzanie,
Nasser d'Égypte, Modibo Keita du Mali, N'Krumah du Ghana,
Kenyatta du Kenya et Sekou Touré de la Guinée,
« l'Algérie a fait sa contribution en envoyant des
armes via l'Égypte à travers un véritable pont
aérien, tandis que l'Ouganda et le Mali étaient
chargés de fournir des cadres militaires. C'est au Caire,
où nous étions réunis sur mon initiative, que nous
avions conçu ce plan de sauvetage et nous commencions à
l'appliquer lorsqu'un appel désespéré nous fut
adressé par les dirigeants de la lutte
armée », rappelle l'auteur dans ses mémoires.
Malgré les efforts des gouvernements de ces pays,
écrit-il, « notre action intervint trop tard et cette
révolution fut noyée dans le sang par les assassins de
Patrice Lumumba ».
« Durant l'un de ses séjours à
Alger, écrit-il, Che Guevara me fit part d'une demande de Fidel.
Cuba étant sous étroite surveillance, rien ne pouvait
être sérieusement organisé en direction de
l'Amérique latine pour acheminer des armes et des cadres
militaires qui
avaient été entraînés à Cuba.
L'Algérie pouvait-elle prendre le relais ? La distance
n'était pas un handicap majeur, bien au contraire, elle pouvait
jouer en faveur du secret qui conditionnait le succès même
d'une opération de cette importance. Ma réponse fut
bien sûr un 'oui' spontané. Et aussitôt
commença la mise en place des structures d'accueil pour les
mouvements révolutionnaires d'Amérique latine,
placées sous le contrôle direct de Che
Guevara. » L'auteur rappelle que « les
représentants de tous ces
mouvements révolutionnaires se transportèrent à
Alger, où je les rencontrai à maintes reprises en
compagnie du 'Che'. Un état-major regroupant les mouvements
s'établit dans les hauts d'Alger. [...] Il s'inquiétait
beaucoup et craignait que le secret du lieu où se
préparaient
les actions armées ne soit éventé et que nos
ennemis ne s'aperçoivent de la véritable nature des
sociétés d'import-export que nous avions
implantées en Amérique du Sud. »
Vers la fin de son récit, Ahmed Ben Bella
écrit que « Che Guevara était parti d'Alger
lorsque eut lieu le coup d'État militaire du 19
juin 1965 contre lequel, d'ailleurs, il m'avait mis en garde. Son
départ d'Alger, puis sa mort en Bolivie et ma propre disparition
pendant quinze
années doivent être étudiés dans le contexte
historique qui marqua le reflux ayant suivi la phase des luttes de
libération victorieuses. Ce reflux [...] sonna le glas,
après l'assassinat de Lumumba, des régimes progressistes
du tiers-monde et entre autres de ceux de N'Krumah, de Modibo Keita,
Soekarno, Nasser, etc. »
Ahmed Ben Bella nous rappelle que « cette
date du 9 octobre 1967 inscrite en lettres de feu dans nos
mémoires évoque une journée incommensurablement
sombre pour le prisonnier solitaire que j'étais, alors que les
radios annonçaient la mort de mon frère et que les
ennemis que nous avions combattus ensemble entonnaient leur sinistre
chant de victoire ».
Pour lui, le 9 octobre 1967 est une date
importante car « depuis trente ans, Che Guevara interpelle
nos consciences. Par-delà le temps et l'espace, nous entendons
l'appel du 'Che' qui nous somme de répondre : oui, seule la
révolution peut parfois faire de l'homme un être de
lumière. Cette lumière, nous l'avons vue irradier de son
corps nu, étendu quelque part au fond du Nancahuazu, sur ces
photos parues dans les journaux des quatre coins du monde, alors que le
message de son dernier regard continue de nous atteindre jusqu'au
tréfonds de l'âme. »
Selon l'ancien président d'Algérie,
« le 'Che' était un preux, mais un preux conscient,
au corps affaibli par l'asthme [...] Qui a lu son Journal de Bolivie
sait avec quelle santé délabrée il a dû
faire face aux terribles épreuves physiques et morales qui ont
parsemé son chemin. »
« Il est impossible de parler du 'Che' sans
parler de Cuba et des relations particulières qui nous
unissaient tant son histoire, sa vie, sont liées à ce
pays qui fut sa seconde patrie avant qu'il ne se tourne vers là
où l'appelait la révolution », conclut Ahmed
Ben Bella.
Note
1. Le 22 octobre 1962, le
président John F. Kennedy a provoqué la «
crise des missiles cubains », ou la crise d'Octobre. Il a
ordonné un
embargo total de Cuba, a menacé d'envahir l'île et a
placé les troupes
américaines en état d'alerte nucléaire. Washington
exigeait le retrait
des missiles nucléaires soviétiques installés
à Cuba suivant un commun accord de deux gouvernements
souverains. Les
travailleurs et paysans cubains ont répondu en se mobilisant
massivement à la défense de la révolution. Face
à la détermination du
peuple cubain, et sachant qu'un assaut contre Cuba entraînerait
des
pertes énormes du côté américain, le
président Kennedy a ouvert des
négociations avec le premier ministre soviétique Nikita
Khrouchtchev,
qui a décidé de retirer les missiles sans consulter le
gouvernement de
Cuba.
Ahmed Ben Bella a
été le dirigeant du Front de libération nationale
d'Algérie qui a mené la lutte pour l'indépendance
contre la France. Il
a été président du gouvernement
révolutionnaire des travailleurs et
paysans porté au pouvoir après la victoire de 1962.
Ce gouvernement a
été renversé par un coup d'État
contre-révolutionnaire dirigé
par le colonel Houari Boumediene en juin 1965.
Événements
8 octobre: Hommage à Che Guevara
Ottawa
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Vancouver
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Reportage photo
La vie de Che Guevara
Ernesto Guevara de la Serna a été le premier enfant de
Celia de la Serna et Ernesto Guevara Lynch, une famille argentine de
classe moyenne. On le voit ici avec sa mère à l'âge
d'un
mois à Rosario en Argentine en juillet 1928.
Ernesto et ses parents avec ses quatre frères et soeurs en
congé à Mar del Plata en
Argentine en 1943
Ernesto à 12 et 15 ans alors qu'il vivait à Alta Gracia
à Cordoue et à 20 ans à Buenos Aires.
Alors qu'il était enfant, sa famille a quitté Rosario
pour le climat plus sec d'Alta Gracia en
raison de son asthme virulent. Le jeune Che était un avide
sportif, apprécié par ses
professeurs et ses pairs pour sa maturité, son enthousiasme, son
indépendance et son
mépris du danger, et pour les standards élevés
qu'il s'imposait.
Ernesto à sa première année à
l'école de médecine de Buenos Aires en 1947 - on le voit
dans la rangée du haut, sixième à partir de la
droite, avec un grand sourire
Ernesto, tenant le ballon, avec son équipe de rugby à
Buenos Aires en 1949
Ernesto a effectué son premier voyage à travers
l'Argentine en 1951, sur une bicyclette à moteur. Il a notamment
visité son ami Alberto Granado à Cordoue (au centre). Il
a pris la direction nord-est pour visiter les provinces les plus
pauvres du pays, Santiago del Estero, Tucumán, Salta, Jujuy,
Catamarca et La Rioja, revenant par San Juan, Mendoza, San Luis et
s'arrêtant au sud à Nahuel Huapí. Il a parcouru un
total de 4 500 kilomètres.
Ernesto avec ses amis en Argentine, dont Alberto Granado, en octobre
1951, alors que les deux préparent leur voyage à travers
l'Amérique latine, relaté dans les « Carnets de
voyage ». Les deux amis ont pris un congé d'études
d'un an pour ce périple de neuf mois qui a compris le Chili, le
Pérou (Cuzco, Macchu Pichu et Lima), Bogota en Colombie et
Caracas au Venezuela.
Alberto et Ernesto sur leur radeau, le Mambo-Tango, qui les a
amenés à la colonie de lépreux au Pérou
où ils ont été docteurs. Les injustices et les
souffrances du peuple ont poussé le Che vers la politique
révolutionnaire. Leur voyage s'est terminé le 26 juillet
1952 au Venezuela et Ernesto est retourné à Buenos Aires
via Miami pour compléter ses études de médecine.
Le 12 juin 1953, Ernesto a reçu son diplôme de
médecine et a entrepris le 7 juillet un second périple
à travers le continent avec son ami d'enfance Carlos «
Calica » Ferrer, posé ici avec le Che en Bolivie. Leur
objectif était d'atteindre Caracas où les attendait
Alberto Granado.
Plus tard en 1953, Ernesto est retourné en Bolivie, au
Pérou et en Équateur et a atteint le Panama et le Costa
Rica où il a rencontré pour la première fois les
révolutionnaires cubains
qui avaient pris part à l'assaut de la Caserne de Moncada
à Santiago de Cuba,
le 26 juillet 1953. Il a rencontré Calixto Garcia puis Antonio
Nico Lopez au Guatemala.
À gauche : le Che au Costa Rica en 1953 ; à droite : en
route vers le Guatemala pour
appuyer le gouvernement progressiste de Jacobo Arbens.
Après que le gouvernement Arbens ait été
renversé par un coup, Ernesto s'est rendu au Mexique où
il est arrivé le 21 septembre 1954.
À Mexico, les événements évoluent
rapidement. Ernesto s'est marié avec Hilda Gadea (posée
ici lors de leur lune de miel à Chichen Itza) et ils ont leur
première fille Hilda Beatriz (posée avec le Che alors que
les membres du Mouvement du 26 juillet sont en prison à Mexico).
Il rencontre le dirigeant du Mouvement du 26 juillet, Fidel Castro,
dans la maison de la cubaine María Antonia Gonzále, au 49
de la rue Emparán.
Le Mouvement du 26 juillet commence à s'entraîner à
la guerre de guérilla. Son instructeur, un vétéran
de l'armée cubaine, remarque les aptitudes du Che. A gauche :
escalade du mont Popocatepel, au Mexique, le 12 octobre 1955 ; à
droite : entraînement aux armes,
à Mexico, en 1956.
Les membres du Mouvement du 26 juillet incarcérés en 1956
au centre de détention de Miguel-Schultz au Mexique après
avoir été arrêtés en vertu des lois sur
l'immigration
La première photo de Fidel et Che ensemble, en prison à
Mexico en 1956. Dans une lettre à ses parents datée du 6
juillet 1956, Che écrit : « ... mon avenir est lié
à la Révolution cubaine. Je vais triompher à ses
côtés ou mourir là-bas ».
Le 25 novembre 1956, 82 membres du
Mouvement du 26 juillet embarquent sur le Granma sous le couvert de
l'obscurité dans le port de Tuxpan, à Veracruz, au
Mexique. Ils entreprennent un voyage de 13 jours jusqu'à Playa
Las Coloradas dans la province d'Oriente.
Une carte qui montre le périple de Che à travers Cuba
dans la période avant et après le triomphe de la
Révolution cubaine. Cliquer pour agrandir.
Che et Fidel dans la Sierra Maestra, le 8 octobre 1957.
En 1958, Raúl et Che dans le camp retranché de
l'armée rebelle sur la montagne de la Sierra de Cristal dans la
province d'Oriente. Che s'est joint au Mouvement du 26 juillet pour
être son médecin de combat, mais à cause de ses
qualités exceptionnelles de chef, il a été fait
commandant militaire dans l'armée rebelle.
Les guérilleros cubains de la 4e colonne de l'armée
rebelle dirigée par Che Guevara célèbrent le
Nouvel An 1958. La colonne autonome du Che a commencé ses
opérations à la fin de juillet 1957 et a
été la première troupe à émerger de
la force de guérilla originale.
Le 24 février 1958, Radio Rebelde est fondée par Fidel,
le Che et l'armée rebelle dans les montagnes de la Sierra
Maestra. Ses émissions qui rapportent directement les combats
contre l'armée de Batista et dénoncent la dictature ont
mobilisé le peuple cubain et
démoralisé l'ennemi.
Che s'adresse aux résidents de Fomento dans la province de Las
Villas en novembre 1958.
C'est la première ville de la région qui a
été libérée par les forces rebelles
dirigées par le Che avant la libération complète
de la région. Elles se sont ensuite déplacées vers
le centre de Cuba pour la bataille décisive de Santa Clara.
La bataille de Santa Clara en décembre 1958. À gauche :
le 29 décembre 1958, l'armée rebelle a utilisé des
tracteurs pour faire dérailler un train blindé rempli de
troupes ennemies et d'armes. À droite : Che avec Santa Clarans,
le 31 décembre 1958, après avoir mené
l'armée rebelle à la victoire ; à sa gauche, sa
compagne révolutionnaire et future épouse
Aleida March. Peu de temps après la défaite de
l'armée de Batista à Santa Clara, celle-ci
s'est entièrement rendue.
Che, Fidel et Camilo Cienfuegos sont accueillis lors d'un grand
rassemblement à La Havane,
le 8 janvier 1959, après que Fidel ait traversé le pays
avec l'armée rebelle lors de la Caravane historique de la
victoire.
En 1959, Che et le commandant de l'armée rebelle Camilo
Cienfuegos de qui il était très proche. Aujourd'hui, les
deux sont côte à côte sur la place de la
Révolution, avec le portrait du Che sur l'édifice du
ministère de l'Intérieur et celui de Camilo sur
l'édifice du ministère de l'Informatique et des
Communications. Camilo est mort plus tard pendant l'année dans
un écrasement d'avion. Le Che a plus tard donné à
son fils le prénom Camilo.
Le deuxième mariage du Che, avec Aleida March, le 2 juin 1959.
Aleida a évoqué leur temps passé ensemble dans la
lutte armée : « Je ne peux pas dire que je suis la
secrétaire du Che parce que je suis une combattante. J'ai
combattu à ses côtés dans la campagne de Las Villas
et ai pris part aux combats. Je fus donc son ordonnance... Quand c'est
devenu pratiquement impossible pour moi de continuer de vivre à
Santa Clara, à cause de mes activités
révolutionnaires, j'ai décidé de me joindre
à ceux qui combattaient la dictature en
prenant les armes. »
Che à Gaza, en 1959. Cette visite faisait partie d'une longue
tournée en Europe, en Afrique et
en Asie, du 12 juin au 8 septembre, où il était
chargé de développer des relations
diplomatiques et commerciales avec Cuba.
Visite en Inde en juillet 1959. À gauche : le Che examine la
machine-outil Lathe dans une
usine de New Delhi ; à droite : en entrevue à Delhi Radio.
À gauche : le Che est accueilli par le président
yougoslave Josip Broz Tito.
À droite : en visite au Pakistan.
À gauche : en compagnie du président Kusno Sukarno en
Indonésie ; à droite : il est accueilli par le
président Gamal Abdel Nasser lors de sa visite en Égypte.
Sur la place Rouge en 1960 lors de sa visite à Moscou
Le Che visite la RPDC (à gauche) et rencontre le
président Mao en Chine (à droite) en 1960.
4 mars 1960 : un acte terroriste détruit le navire
français La Coubre
à La Havane. La photo la plus
célèbre du Che a été prise le 5 mars 1960
par Alberto Korda lors des grandes
funérailles en hommage aux victimes de ce sabotage
contre-révolutionnaire.
Premier mai 1960, à Santiago de Cuba. Pendant les deux
premières années de la révolution, Che y est
retourné pour participer aux célébrations du
Premier Mai.
Le Che a appelé les Cubains à participer au travail
volontaire afin de créer la conscience
dont la société nouvelle a besoin. Il a lui-même
donné l'exemple, se joignant aux travailleurs après avoir
complété ses tâches comme ministre de l'Industrie
ou les fins de semaine. En haut : dans une plantation de canne à
sucre avec son vieil ami Alberto Granado (qui s'est établi
à Cuba à l'invitation du Che en 1960) et Aleida March. Au
centre : au port de La Havane en 1961 avec Orlando Borrego, son
collègue au ministère de l'Industrie, un
économiste qui a édité
sept volumes des écrits du Che. En bas à gauche : le Che,
un joueur d'échecs passionné et doué, dans une
partie après avoir terminé son travail volontaire en
1962.
À droite : pendant une pause avec des travailleurs d'une usine
de ciment à Artemisa
dans la province de Pinar del Rio en 1964.
La campagne historique d'alphabétisation à Cuba a
été l'initiative du Che et de Fidel et a
élevé le taux d'alphabétisation à 96 %. Le
21 décembre 1961, ils se sont joints aux travailleurs cubains de
l'alphabétisation pour marquer par des
célébrations la fin de cette campagne d'un an.
Le Che s'adresse aux jeunes à une réunion de l'Union des
jeunes communistes
le 20 octobre 1962.
Le Che s'est assuré que les travailleurs voient la
nécessité de contribuer à la révolution,
soulignant les mérites de ceux qui excellaient dans leur domaine
par des événements
comme celui-ci en juin 1962, une des cérémonies
mensuelles tenues pour reconnaître les travailleurs qui se sont
distingués.
Le Che visite les travailleurs de la raffinerie de sucre Ñico
Lopez à La Havane en 1963.
Fidel, Raúl et le Che en 1963
Allocution du Che aux Nations unies le 11 décembre 1964 en tant
que chef de la
délégation cubaine
Le Che, Aleida et leurs enfants en 1965
Le Che a quitté Cuba en 1965 pour s'engager dans la lutte
armée pour la libération nationale dans d'autres pays. Il
a mobilisé une dizaine de combattants cubains le 24 avril 1965
pour se joindre aux rebelles dans la République
démocratique du Congo qui combattaient le régime
pro-impérialiste de Kinshasa établi par le coup
organisé par les États-Unis et la Belgique. Patrice
Lumumba, le premier président élu lorsque le Congo a
remporté son indépendance
en 1960, a été assassiné lors du coup.
Pendant sa tournée en Afrique en 1965, le Che rencontre
Agostinho Neto et les combattants du MPLA à leur
quartier général à Brazzaville au Congo.
Le Che est retourné discrètement à Cuba en
provenance du Congo et a préparé son départ pour
la Bolivie. Sur cette photo prise à Pinar del Rio en 1966, il
avait changé son apparence (il est troisième à
partir de la droite) et s'entraînait avec d'autres
guérilleros pour se préparer à la lutte
armée en Bolivie.
Le Che et les guérilleros de l'Armée bolivienne de
libération nationale partagent le souper
de Noël en 1966.
En compagnie d'un fermier local en 1967, dont il a soigné les
enfants. Le fermier l'a dénoncé aux autorités
boliviennes peu après.
Le 13 octobre 1997, le cortège funèbre transporte
les restes du Che de la place de la Révolution à La
Havane au mausolée du Che nouvellement construit où ils
seront déposés le jour suivant. Les restes du Che avaient
été identifiés trois mois plus tôt en
Bolivie, le 12 juillet 1997, par une équipe
d'archéologues et d'experts légistes cubains.
Le 17 octobre 1997, la fille du Che, Aleida Guevara, rend hommage
à la mémoire de son père au mausolée du Che
à Santa Clara, avec à ses côtés Fidel,
Raúl
et d'autres dirigeants
du peuple cubain.
Le monument et le mausolée de Che Guevara à Santa Clara,
Villa Clara.
Vidéos
Extraits du célèbre
discours du Che à l'Assemblée générale de
l'ONU en tant que chef de délégation, le 11
décembre 1964.
Affiches de l'OSPAAAL
Che Guevara a souvent été chargé
de représenter la Révolution cubaine naissante dans le
cadre des relations avec d'autres pays et de
forums internationaux. Dans les années qui ont suivi son
assassinat,
l'Organisation de solidarité avec les peuples d'Asie, d'Afrique
et
d'Amérique latine a commémoré le Che et son esprit
internationaliste
par une
série d'affiches. Cliquer pour agrandir.
(Photos et vidéos:
www.fidelcastro.cu,
OSPAAAL, The Che Handbook, Cuban Office of Historical Affairs, Cien
Imagenes de la Revolucion Cubana, Centro de Estudios Che Guevara,
Ecured, Granma, A. Korda, R.A. Torres, O. Salas, L. Noval, J. Nilsson,
Prensa Latina, Kaldari, M.S. Johnson)