Le Marxiste-Léniniste

Numéro 22 - 3 juin 2017

150e anniversaire de la Confédération

Rejetons l'hypocrisie du gouvernement
au sujet de ses responsabilités
et engagements envers
les peuples autochtones

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150e anniversaire de la Confédération
Rejetons l'hypocrisie du gouvernement au sujet de ses responsabilités et engagements envers les peuples autochtones
Ne laissons pas le gouvernement Trudeau s'en sauver avec ses manigances
sur l'Enquête nationale !
- Philip Fernandez
Lettre ouverte à la commissaire de l'Enquête Marion Buller
Idle No More appelle à une journée d'action nationale à la Fête du Canada
Soutenons les Mi'kmaq qui demandent que le nom Amherst soit retiré d'un site historique à l'Île-du-Prince-Édouard
Impertinentes célébrations de Parcs Canada au Manoir
Papineau
- Chantier politique

La lutte contre le saccage du secteur maritime et du transport
La privatisation et la déréglementation au service de l'oligarchie financière et de l'édification d'empire ne sont pas une modernisation - Louis Lang
Non à l'utilisation d'enregistreurs audio-vidéo dans les locomotives pour espionner les travailleurs! - Pierre Chénier
Le gouvernement libéral de Justin Trudeau cherche à espionner les travailleurs du rail
Discipline et économie moderne - K.C. Adams
«Pas question d'accepter le démantèlement du cabotage et de la réglementation ou la privatisation» - Entrevue avec Terry Engler, président de la section locale 400 du Syndicat international des débardeurs et magasiniers

Intégration économique de la Forteresse Amérique du Nord
Les défis d'un nouveau projet d'édification nationale

Foire annuelle de l'armement à Ottawa
Militant piquetage contre la militarisation et la guerre

Le Venezuela riposte aux tentatives étrangères de changement de régime
Les Vénézuéliens se préparent à élire une Assemblée nationale constituante
Les forces contre-révolutionnaires soutenues par les États-Unis rejettent les élections et appellent à la violence
La manigance impérialiste est éventée à l'Organisation des États américains
Qui est derrière la tentative de coup du département d'État américain au Venezuela? - Mision Verdad
Le scénario de destruction de la révolution bolivarienne a été écrit à Washington - Sergio Alejandro Gomez


150e anniversaire de la Confédération

Rejetons l'hypocrisie du gouvernement au sujet de ses responsabilités et engagements envers les peuples autochtones

Le Gouvernement du Canada utilise un double langage quand il parle de respecter les droits des peuples autochtones. Cela lui permet de détourner l'attention de sa négligence criminelle envers eux, sans parler de ses agissements inacceptables sur tous les autres fronts. En février il a créé un « Groupe de travail de ministres chargé d'examiner les lois et les politiques liées aux autochtones » pour « examiner la relation avec les autochtones »[1] et cette semaine le premier ministre a demandé au pape François de présenter des excuses pour les crimes commis par l'Église catholique dans les pensionnats autochtones au Canada.[2] Ces pensionnats ont été créés par le gouvernement colonial pour assimiler les peuples autochtones au « mode de vie européen », autrement dit pour commettre le génocide contre eux en les privant de leur identité et de leur droit collectif à l'existence. Plus récemment, le gouvernement a été forcé, par la persistance des familles, d'arrêter de se traîner les pieds dans l'Enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées.


« Des excuses pour les écoles résidentielles, c'est bien, mais pour quand les excuses pour les résidences? » « Nous ne serions pas un bon arrière-plan pour une séance de photos. »

Dans le communiqué du 22 février annonçant la création du Groupe de travail, le gouvernement dit que le groupe en question « passera en revue les lois, politiques et pratiques opérationnelles pertinentes du gouvernement fédéral, pour veiller à ce que la Couronne : remplisse ses obligations constitutionnelles en ce qui concerne les droits ancestraux et les droits issus de traités ; respecte les normes internationales en matière de droits de la personne, y compris la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ; et appuie la mise en oeuvre des appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation ». Le communiqué cite le premier ministre :

« Aujourd'hui, nous tenons l'engagement que nous avions pris envers les Premières Nations, les Inuits et les Métis ainsi que tous les Canadiens, qui consistait à examiner les lois et les politiques liées aux autochtones. Le Groupe de travail de ministres travaillera en partenariat avec les dirigeants autochtones et un vaste éventail d'intervenants, dont des jeunes. Il sera chargé d'examiner et de recommander les changements qui doivent être apportés aux lois et les nouvelles politiques qui doivent être formulées pour que nous puissions mieux respecter nos obligations constitutionnelles et nos engagements internationaux envers les autochtones. Grâce à cette initiative et à d'autres mesures que nous avons prises récemment, nous cheminons vers le renouvellement complet de la relation de nation à nation du Canada avec les autochtones. »

Voilà toute la duplicité de l'affaire. Lorsque le gouvernement Trudeau parle d'un « renouvellement complet de la relation de nation à nation du Canada avec les autochtones », il ne parle pas d'un renouvellement défini par les peuples autochtones. C'est un « renouvellement » défini de manière à convenir aux intérêts privés de l'oligarchie financière internationale qui a besoin d'un accès aux ressources qui se trouvent dans le sol des territoires des peuples autochtones et de surmonter les « obstacles ». Tout ce que fait le gouvernement Trudeau va dans le sens d'éliminer la résistance des autochtones et leur lutte pour affirmer leur droit à l'existence et d'être maîtres de leur destin.

Or, tout le discours du premier ministre à l'effet de « renouveler la relation de nation à nation avec les autochtones » ne change rien au fait que le Gouvernement du Canada et le cabinet fédéral n'ont aucune intention de renoncer au contrôle du pouvoir décisionnel sur les questions qui concernent les peuples autochtones. Le fait que le nouveau Groupe de travail ne parle même pas des peuples autochtones et préfère parler de « chefs autochtones et un vaste éventail d'intervenants, dont les jeunes » montre qu'il continue de nier qu'ils sont des peuples souverains ayant le droit de s'autodéterminer et des droits qui leur appartiennent du fait de leur existence. Ces définitions laissent voir clairement où s'en va le gouvernement libral sur cette question.

La création du « Groupe de travail de ministres » doit être vue à la lumière des faits et gestes du gouvernement libéral par rapport à la relation entre la Couronne et les peuples autochtones depuis qu'il est arrivé au pouvoir le 19 octobre 2015. On verra qu'il s'agit d'une farce cruelle aux dépens des autochtones et des Canadiens. Le but visé est de priver encore plus les peuples autochtones de leurs droits, de subvertir leur résistance à la duplicité du gouvernement Trudeau et d'attaquer l'unité politique des Canadiens, des Québécois et des peuples autochtones.

Depuis qu'ils sont arrivés au pouvoir, les libéraux se sont avérés aussi déterminés que leur prédécesseur, le gouvernement conservateur de Stephen Harper, à bafouer les droits ancestraux, politiques et issus de traités des peuples autochtones tout en en parlant dans les termes les plus respectueux. Qu'ont-ils fait en pratique pour garantir les droits issus de traités, comme le droit à une eau potable sécuritaire, un problème qui perdure depuis si longtemps dans près de 90 communautés des Premières Nations ? Où sont les mesures urgentes promises pour assurer des logements protégés contre le feu pour les communautés des Premières Nations suite aux mortalités survenues dans des logements inhabitables ? Pourquoi le gouvernement Trudeau refuse-t-il d'accélérer le versement des indemnisations aux victimes des pensionnats et tente-t-il, comme le gouvernement Harper avant lui, de refuser toute justice et indemnisation aux victimes en invoquant des technicalités, comme dans le cas des enfants internés au pensionnat de Saint-Anne à Fort Albany, en Ontario ?

En ce qui concerne le besoin pressant de rétablir le financement des programmes desservant les enfants et les familles des Premières Nations et de les financer adéquatement, les libéraux refusent toujours de respecter l'ordonnance du Tribunal canadien des droits de la personne. Et ce en dépit de la plainte déposée par la Dre Cindy Blackstock et la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières Nations du Canada il y a plus de dix ans et suite à deux avertissements antérieurs du Tribunal. Les enfants autochtones continuent d'être enlevés par les agences d'État en nombres record et placés dans des foyers d'accueil loin de leurs communautés. Le 30 mai, le Tribunal des droits de la personne a émis une troisième ordonnance au gouvernement fédéral l'enjoignant de s'acquitter de son obligation de financer entièrement les programmes et services desservant les enfants autochtones.

Quelle justification pourrait-il y avoir à ne pas répondre à ces besoins criants, qui sont dans bien des cas une question de vie et de mort, sans parler du fait que le gouvernement continue de se traîner les pieds dans l'Enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées ?

Un des objectifs déclarés du Groupe de travail établi par le premier ministre est de « décoloniser la Loi sur les Indiens  » et sur cette base renouveler les relations de nation à nation avec les peuples autochtones. C'est un engagement totalement vide de sens de ce gouvernement qui aime utiliser des expressions à la mode et un langage « correct » pour nier les revendications et cacher son refus de répondre du non-respect des droits des peuples autochtones. La reconnaissance de ces droits est essentielle à l'élimination des relations coloniales du Canada avec ses nations autochtones et à l'établissement de relations dignes du nom. Ce Groupe de travail et ses « objectifs » sont une manoeuvre politique grossière pour déshabiliter les Premières Nations encore plus et éliminer une fois pour toutes leurs droits ancestraux et issus de traités et leurs droits et réclamations politiques.

La décolonisation du Canada est un problème posé et à résoudre pour les peuples autochtones et les peuples canadien et québécois, tâche à laquelle le mouvement politique du peuple s'attaque avec tout le sérieux que cela demande. Cela s'inscrit dans le renouveau en profondeur de la société requis pour mettre fin aux institutions et arrangements politiques anachroniques qui privent les peuples de leur droit d'être les décideurs et d'exercer un contrôle sur leur vie.

L'histoire offre une occasion historique d'intensifier le travail pour le renouveau politique. La justice doit être rendue aux peuples autochtones pour les privations actuelles et pour les injustices historiques dont le Canada est responsable, pour que les peuples autochtones et ceux qui sont venus s'installer au Canada puissent aller de l'avant ensemble. Il faut établir un Canada populaire, moderne et démocratique par une union égale et librement consentie des peuples qui le composent. Une constitution conçue au Canada doit reconnaître et codifier dans la loi la souveraineté et le droit à l'autodétermination des peuples autochtones et de la nation du Québec ainsi que les droits de citoyenneté tels que définis par le peuple lui-même sur une base moderne.

Note 

1. Le groupe comprend six ministres fédéraux, soit la ministre des Affaires autochtones Carolyn Bennett, le ministre des Pêches Dominic LeBlanc, la ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould, la ministre de la Santé Jane Philpott, le ministre de la Famille Jean-Yves Duclos et le ministre des Ressources naturelles Jim Carr.

2. On rapporte que le 29 mai, lors d'un entretien privé avec le pape François, le premier ministre a abordé le sujet de la présentation d'« excuses papales » au nom des administrateurs de l'Église catholique des pensionnats autochtones.

(Avec des informations du cabinet du premier ministre, de CBC News et du Globe and Mail)

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Ne laissons pas le gouvernement Trudeau s'en
sauver avec ses manigances sur l'Enquête nationale !


27e Marche commémorative annuelle des femmes, Vancouver le 14 février 2017 

Les audiences de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones tuées et disparues (ENFFADA) ont commencé le 30 mai. Le fait que les audiences aient enfin lieu, après près d'un an et demi d'attente, est dû à la persistance des familles et au tollé provoqué par l'annonce antérieure que ces audiences seraient retardées jusqu'à l'été. Trois jours d'audiences ont eu lieu jusqu'à présent à Whitehorse, au Yukon.

Le gouvernement Trudeau a lancé l'Enquête nationale le 8 décembre 2015. Depuis, très peu a été fait pour accélérer les choses et cela fait pourtant plus de 40 ans que les familles des victimes et leurs défenseurs exigent que la crise des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées soit résolue. Les familles des victimes et leurs défenseurs veulent que justice soit faite et elles ont besoin de faire leur deuil pour les plus de 4 000 femmes et filles autochtones tuées et disparues depuis les années 1980. Elles veulent honorer leurs mémoires en mettant fin à cette épidémie de violence contre les femmes autochtones au Canada.

Le gouvernement a nommé cinq personnes autochtones pour diriger les travaux de la Commission. Toutes ont exprimé leur volonté de faire leur devoir. Toutefois, leurs efforts ont été constamment entravés par des divergences sur les objectifs de l'enquête. Les demandes et les préoccupations soulevées par les familles des victimes ainsi que par des organisations comme l'Association des femmes autochtones du Canada (AFAC), la Coalition sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées de la Colombie-Britannique et les Familles des Soeurs par l'esprit ont mis en lumière les lacunes de l'enquête. En fait, avant même l'annonce de l'enquête, elles ont dû se battre pour leur droit d'avoir un rôle prépondérant dans la préparation du mandat et du cadre de l'enquête. Ces préoccupations viennent de leur expérience d'avoir été exclues politiquement de tels mécanismes par le passé. Par exemple, la Commission d'enquête sur les femmes disparues en Colombie-Britannique de 2010 avait refusé que la Coalition sur les femmes et les filles autochtones assassinées et disparues participe aux travaux et pourtant il s'agit d'une organisation qui représente un grand nombre de groupes et de familles qui voulaient mettre fin à la violence et au meurtre de femmes et de filles autochtones dans cette province.

Bien que les audiences aient commencé, une préoccupation majeure est que, dès le début, les libéraux ont imposé le contrôle politique de l'enquête et ont fixé son cadre de référence, qui est de se pencher sur : « les causes systémiques de toutes les formes de violence, y compris la violence sexuelle, à l'égard des femmes, des filles et des LGBTAB autochtones au Canada ; les causes sociales, économiques, culturelles, institutionnelles et historiques sous-jacentes qui contribuent à perpétuer la violence et les vulnérabilités particulières des femmes, des filles et des LGBTAB autochtones au Canada ; les politiques et les pratiques institutionnelles mises en place en réponse à la violence à l'égard des femmes, des filles et des LGBTAB autochtones au Canada, y compris le recensement et l'examen des pratiques éprouvées de réduction de la violence et de renforcement de la sécurité. »

Nulle part est-il même admis que les agences et les agents de la Couronne se livrent à des actes de violence contre les femmes et les filles autochtones aujourd'hui. Également, le fait que les raisons pour lesquelles des cas de disparition de femmes et de filles continuent de ne pas être résolus ne seront pas examinées montre le manque de sérieux de l'Enquête. Tous les efforts faits par les familles et les groupes de défense pour faire connaître leurs inquiétudes au sujet du mandat et du cadre de l'enquête, y compris l'omission du rôle de la police, de l'État canadien et de ses relations coloniales avec les peuples autochtones, ont été bloqués.

Le 16 mai, l'AFAC a publié sa deuxième fiche de rendement de l'Enquête nationale et lui a donné une note négative. En expliquant le contexte de la publication de la deuxième fiche de rendement (la première a été publiée au début de 2017), la présidente intérimaire de l'AFAC, Francyne D. Joe, a expliqué : « Des mois se sont écoulés depuis le début de l'enquête et nous ne pouvons plus nous permettre d'être gentilles. Les familles sont bouleversées, elles se découragent et nous voulons voir les commissaires prendre des mesures pour que cette enquête donne la priorité aux familles et soit respectueuse des femmes disparues et assassinées. » Elle a ajouté : « J'ai très peur que ce ne soit pas une enquête qui place au premier plan les familles et que celles-ci soient reléguées au troisième plan. Il y a beaucoup de discussions autour de l'aspect technique des choses, il y a beaucoup de discussions autour de l'aspect juridique des choses. Mais il n'y a pas assez de discussion sur la façon dont les familles vont faire partie de cette enquête, alors que ce sont elles qui se battent pour cette enquête depuis des décennies. »

Plusieurs dirigeants autochtones se sont également exprimés. Dans un article paru le 15 mai dans le journal en ligne The Lawyer's Daily, la dre Pamela Palmater, citoyenne mi'kmaq, avocate, auteur, organisatrice pour Idle No More (Jamais plus l'inaction) et directrice de la chaire en gouvernance autochtone à l'Université Ryerson, écrit : « Le cadre de référence [de l'enquête] ne contient pas les deux domaines les plus importants pour les familles, les dirigeants et les défenseurs autochtones : 1) un examen de tous les dossiers de police connus touchant les femmes et les filles autochtones assassinées et disparues et 2) un examen exhaustif et une enquête complète sur le comportement de la police, notamment le racisme, la violence physique et la violence sexuelle des corps de police contre les femmes et les filles autochtones. Pourtant, ces deux choses sont spécifiquement exemptées ou protégées d'examen dans le cadre de référence, ce qui oblige les témoins qui veulent témoigner sur ces questions à se tourner à nouveau vers ces mêmes corps policiers qui ont mené des enquêtes viciées sur la disparition ou le meurtre de leurs proches ou les mêmes corps policiers qui n'ont pas agi contre la violence de leurs agents. »

Le même jour, Christi Belcourt, une artiste métisse en arts visuels et militante politique, a adressé une lettre ouverte signée par plus de 50 personnes à la commissaire en chef de l'ENFFADA, Marion Buller (voir ci-dessous). La lettre soulève de nombreuses préoccupations au sujet de l'enquête, notamment quelques questions sur la possibilité d'ingérence politique dans son travail par les libéraux de Trudeau comme. Par exemple, le Bureau du Conseil privé intervient-il dans le travail d'enquête ? Pouvez-vous démontrer que le Bureau du Conseil privé n'a pas nui ou ne nuit pas à l'indépendance de cette enquête ?

Ces questions ne seraient pas même posées si le Bureau du Conseil privé n'avait pas un historique d'ingérence dans le fonctionnement d'enquêtes ou de commissions pour les rendre inefficaces. Il suffit de rappeler les efforts incessants du gouvernement précédent, celui de Stephen Harper, pour saboter les travaux de la Commission de vérité et réconciliation sur les pensionnats autochtones de manière à priver les victimes de toute possibilité d'obtenir justice et réparation, ainsi que des compensations financières.

Dans sa réponse du 19 mai à la lettre ouverte de Mme Belcourt, la commissaire en chef a pris acte de ces préoccupations soulevées et s'est engagée à y répondre. Sur la question de l'influence du Bureau du Conseil privé, Mme Buller rappelle que l'Enquête nationale est « une créature du gouvernement » et que le Bureau du Conseil privé contrôle les cordons de la bourse. De plus, elle fait remarquer que l'enquête est également assujettie aux « règles de procédures précises du gouvernement » mais que cela n'aura pas d'incidence sur l'indépendance des travaux et des recommandations de la commission. La commissaire Marion Buller avoue également que le Bureau du Conseil privé facture la Commission pour le travail qu'il effectue pour la Commission.

Depuis leur arrivée au pouvoir en novembre 2015, les libéraux de Justin Trudeau ont montré qu'ils diffèrent très peu dans les faits du gouvernement Harper, lequel avait ouvertement cherché à éteindre les droits ancestraux, les droits politiques et les droits issus de traités des peuples autochtones dans tout le Canada. Les autochtones et les Canadiens avaient été stupéfaits, lors de l'entrevue de fin d'année 2014 au réseau CBC, d'entendre le premier ministre Harper dire en réponse à une question sur l'appel à la tenue d'une enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées : « Pour être honnête, cela ne fait pas vraiment partie de nos priorités. »

Maintenant qu'on a vu les libéraux se traîner les pieds en ce qui concerne l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et qu'ils ont limité la portée de l'enquête de manière à ne pas pouvoir répondre aux graves préoccupations des familles, des peuples autochtones et des Canadiens, beaucoup ont tiré la conclusion qu'ils ne sont pas différents du gouvernement précédent. Ils veulent « renouveler » les relations uniquement pour accomplir ce que tous les gouvernements précédents du Canada n'ont pas été en mesure de faire : éteindre les droits autochtones. C'est une tâche impossible, parce que ces droits appartiennent aux peuples en raison de leur existence. Ils ne peuvent être ni cédés ni enlevés ni abandonnés de quelque manière que ce soit. L'unité politique des peuples autochtones et de leurs alliés canadiens doit être renforcée en ce moment pour s'assurer que ces droits soient reconnus et garantis concrètement. L'enquête doit être menée de manière à permettre que justice soit faite, et le gouvernement ne doit pas pouvoir agir à sa guise.

Tous à la Journée nationale d'action du 1er juillet appelée par Idle No More - Jamais plus l'inaction, dans le cadre du 150e anniversaire de la Confédération ! Exigeons que l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones tuées et disparues serve son but de rendre justice aux victimes et à leurs familles afin de mettre fin une fois pour toutes à la crise des femmes et des filles autochtones assassinées et disparues et pour faire avancer la cause de garantir les droits des autochtones !

(Sources : AFAC, CBC, Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones tuées et disparues)

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Lettre ouverte à la commissaire
de l'Enquête Marion Buller


Vigile des Familles des Soeurs par l'esprit sur la colline du parlement le 4 avril 2016

Madame la commissaire,

Partout au pays, des familles, des défenseurs des droits, des leaders autochtones, des experts et des gens à la base lancent des cris d'alarme concernant le déroulement de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Nous reconnaissons que vous et vos collègues avez entrepris de relever un défi difficile. Or, il est maintenant évident que vous devez agir tout de suite pour réduire les dommages et entreprendre un virage fondamental dans votre approche pour aller de l'avant en toute crédibilité.

Nous écrivons cette lettre en hommage à l'esprit des femmes, des filles et des personnes bispirituelles, nos parents, qui nous inspire à poursuivre la résistance à la violence systémique qui continue dans ce pays.

Nous sommes très préoccupés par le manque de communication qui cause angoisse, frustration, confusion et déception dans ce processus attendu depuis si longtemps. Nous vous demandons, en tant que dirigeante de cette Enquête, de retravailler votre approche de façon substantielle pour regagner notre confiance et faire en sorte que les familles ne soient plus forcées de revivre des expériences traumatisantes. Nous partageons entièrement les préoccupations soulevées ces derniers jours par la Coalition du Manitoba, la Coalition de la Colombie-Britannique, les organisations autochtones et les défenseurs des droits reconnus. Voici quelques-uns des aspects critiques que vous devez examiner en toute urgence en tant que commissaire en chef :

Respecter l'esprit de nos soeurs et familles

Nous notons qu'il y a une incohérence dans le respect des protocoles de cérémonie des peuples autochtones pour reconnaître et honorer l'esprit de nos soeurs et de nos familles. Comme indiqué lors de la préenquête, la cérémonie et la culture doivent être intégrées dans tous les aspects du travail de l'enquête. Nous avons entendu des gens qui ont participé à des cercles consultatifs ou à des réunions dire qu'il n'y avait pas assez de temps après la cérémonie pour accomplir le travail nécessaire. Dans d'autres cas, on nous dit qu'il y a absence de cérémonie appropriée. La Commission doit trouver un juste équilibre entre le temps requis par les familles et/ou la communauté pour la cérémonie et le temps nécessaire pour le travail de l'Enquête, sans compromettre l'un et l'autre.

Nous recommandons une planification adéquate avec la communauté pour respecter les lois et cérémonies autochtones là où l'Enquête tient des audiences. Les communautés ont besoin de temps pour une discussion entre les aînés et les acteurs des cérémonies pour qu'ils puissent aviser la Commission du temps requis pour respecter les protocoles régionaux et leurs désirs concernant les prières et les cérémonies.

Prolongation de l'enquête

Puisque le rapport est attendu pour le 1er novembre 2017 et que les audiences pour les familles sont maintenant retardées jusqu'à l'automne, il est évident que le calendrier de cette enquête est trop court. Nous sommes en désaccord avec l'évaluation faite par l'Enquête nationale (en réponse à la Coalition du Manitoba) qu'une extension n'est pas nécessaire. Nous recommandons que vous fassiez tout de suite une demande officielle de prolongation plutôt que d'attendre. Cela vous permettra d'utiliser l'été pour revoir l'approche de l'Enquête à la lumière des nombreuses préoccupations soulevées partout au pays, dont celles que nous exprimons ici.

Nos dirigeants

Nous ne comprenons pas pourquoi tant de dirigeants familiaux, de défenseurs, d'activistes et de militants de la base (en bref, ceux qui sont connus et respectés dans l'ensemble du pays et qui ont une grande expertise de ces questions) n'ont pas été invités à contribuer. C'est déconcertant et il s'agit d'une occasion manquée pour ceux qui tiennent à contribuer au succès de l'enquête.

Sauf votre respect, le refus d'établir des rapports avec des défenseurs connus et respectés qui ont mené la charge pour la mise sur pied de cette enquête au cours des trente dernières années ne renforce en rien votre indépendance. Nous croyons au contraire que cela mine votre capacité à vous acquitter efficacement de votre mandat.

Nous notons que l'absence d'un bureau central et d'un leadership ayant cette connaissance approfondie placent l'Enquête en situation de désavantage. Nous vous prions de convoquer un groupe de travail dès que possible, afin d'aider à remettre l'enquête sur la bonne voie cet été.

Nous vous invitons instamment à engager un directeur ou un président parmi les nombreux experts autochtones reconnus et respectés dans l'ensemble du pays qui serait chargé de superviser et d'orienter l'Enquête pour qu'elle respecte la vision énoncée dans son mandat mais aussi, et surtout, qu'elle respecte l'esprit et la demande des familles et des défenseurs des droits durant toutes ces années.

Nous reconnaissons que vous avez retenu les services de personnes qui sont d'excellents conseillers juridiques. Toutefois, il y a une perception généralisée et préoccupante voulant que l'Enquête soit trop légaliste dans ses opérations jusqu'à présent et que c'est la vision légale qui prédomine dans l'exécution du mandat.

Nous vous demandons instamment, en tant que commissaire en chef, de prendre l'initiative d'exprimer clairement la vision et l'orientation de l'enquête, avec ouverture et transparence et en tenant compte des conseils reçus durant la préenquête concernant les ordres juridiques autochtones. Les conseils des aînés et des familles devraient être d'une grande importance pour vous et plus généralement pour l'ensemble de l'enquête.

Pour un processus sensible au traumatisme

Des familles nous ont dit avoir été traumatisées à nouveau lors de la préenquête. Nous sommes d'accord avec les observations de la coalition du Manitoba sur le fait que le processus ne semble pas très sensible au traumatisme vécu par les familles et notons dans votre réponse que les commissaires, directeurs et la plupart des autres membres du personnel de la Commission recevront une formation à cet égard en juin 2017. Nous vous implorons en tant que commissaire en chef de bien comprendre à quel point les familles ont déjà été forcées de revivre des expériences traumatisantes à cause des retards, du silence, du manque de communication, de la confusion et les annulations répétées et comment, à l'inverse, ces facteurs potentiels de traumatisme pourraient être éliminés par une ouverture et une transparence beaucoup plus grandes et par un calendrier bien arrêté.

Soutien aux familles et aux proches

Les familles et les proches des victimes doivent être soutenues avec une capacité, des ressources et des soins nécessaires durant la préparation du processus, durant le partage d'expérience et après les audiences. Cela n'est pas du tout évident dans ce que nous voyons présentement. Nous demandons :

Les familles auront-elles droit à des avocats ? Durant l'Enquête sur les femmes disparues de la Colombie-Britannique, de nombreux avocats sont intervenus mais très peu de familles ont été représentées par des avocats. Il est préoccupant de voir que la leçon n'a pas été apprise.

Quels mécanismes sont prévus pour assurer un suivi et un accès adéquat à la guérison par les méthodes traditionnelles tels que soulevés durant la préenquête ?

Indépendance

On nous a promis une enquête indépendante mais plusieurs questions restent sans réponse concernant le rôle du Bureau du Conseil privé (BCP) dans le processus décisionnel. Notamment les questions suivantes :

Les dépenses sont-elles approuvées par le BCP ou par l'Enquête ?

Le BCP a-t-il fait entrave à la capacité de l'Enquête à soutenir les familles ?

Une partie du budget de l'enquête sert-elle à couvrir les dépenses des bureaux du BCP ou de fonctionnaires ?

Pouvez-vous démontrer que le BCP n'a pas nui et ne nuit pas à l'indépendance de l'Enquête ?

Communications

Les communications désorganisées, désordonnées et insuffisantes de l'Enquête ont endommagé sa crédibilité et causé confusion et frustrations parmi les familles et parmi ceux qui désirent sincèrement voir l'Enquête réussir. Les informations concernant les plans et procédures de l'Enquête sont souvent diffusées par les médias ou non officiellement dans les médias sociaux plutôt que de provenir de l'Enquête ou directement des commissaires. L'absence d'une stratégie de communication conséquente et ouverte soulève des questions sur la transparence et la redevabilité de l'Enquête. Ce manquement peut et doit être corrigé immédiatement.

L'Enquête doit avoir un plan et une stratégie de communications clairs. L'information doit être diffusée par un porte-parole reconnu, idéalement un commissaire, avec toute la prévisibilité et fiabilité nécessaires. L'information doit être diffusée régulièrement et faire preuve d'ouverture concernant les procédures, processus et plans d'action.

Droit de participation

Nous vous prions de prolonger la date limite pour les demandes de statut de participant puisque le processus a été réalisé jusqu'à maintenant dans la confusion et le manque de communication et de transparence. Nous suggérons d'ajouter d'autres dates échéance pour la soumission d'autres demandes de participation et demandons que le processus de soumission soit expliqué clairement aux familles, aux communautés et aux défenseurs des droits.

En outre, il faut des explications beaucoup plus claires sur comment l'Enquête prévoit faire participer les membres des communautés autochtones touchés par des niveaux extrêmes de violence et les personnes qui ne sont pas nécessairement comprises dans les audiences dites de familles. Plus spécifiquement, nous avons besoin de réponses aux questions suivantes :

Comment l'Enquête prévoit-elle faire participer les personnes de la rue ?

Comment les témoignages des personnes engagées dans les industries du sexe seront-ils inclus ?

Comment l'Enquête prévoit-elle faciliter les choses pour les personnes qui veulent témoigner sur des questions liées à la violence policière ?

Comment l'Enquête s'arrangera-t-elle spécifiquement pour entendre les personnes bispirituelles et transgenres et les experts qui veulent témoigner à leur sujet ?

Calendrier

Il faut publier un calendrier clair des événements et des lieux. Jusqu'à présent l'Enquête semble enveloppée dans le secret et cela cause de la confusion. Cela crée entre autres l'impression que la participation aux cercles consultatifs familiaux et aux autres réunions se fait par invitation seulement. Cela laisse des personnes autochtones de la base qui sont affectées ou concernées sans moyen de soutenir l'Enquête ou les familles.

C'est le coeur gros que nous apposons nos signatures à cette lettre. Nous voulons tous que cette Enquête réussisse au-delà de ce que nous pouvons imaginer. C'est une occasion qui ne se représentera pas et aucune et aucun d'entre nous ne peut se permettre un échec. Nous savons que vous les commissaires et le personnel partagez notre désir de voir l'Enquête réussir.

Nous vous demandons de prendre maintenant les mesures nécessaires pour répondre aux inquiétudes concernant la viabilité de l'Enquête sans une correction fondamentale des défaillances structurelles présentement signalées partout au pays et nous vous demandons de répondre à cette lettre en indiquant votre volonté de le faire d'ici le 22 mai.

Nous demeurons à la disposition de l'Enquête et vous prions de faire appel à notre participation.

En souvenir des disparues et avec nos prières pour qu'elles reviennent à la maison.

(Pour la liste complète des signataires de la liste, cliquer ici)

(15 mai 2017. Traduit de l'anglais par LML)

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Idle No More appelle à une journée d'action
nationale à la Fête du Canada

Le mouvement Idle No More (Plus jamais l'inaction) et les Défenseurs de la terre ont lancé un appel le 15 mai à faire du 1er juillet une journée d'action nationale « en appui à l'autodétermination autochtone sur la terre, les territoires et les ressources ». Idle No More appelle aussi à saisir l'occasion pour sensibiliser les gens sur le fait que le cadre constitutionnel du Canada, « établi il y a 150 ans par l'Acte de l'Amérique du Nord britannique (1867), a illégalement confisqué nos terres, territoires et ressources, engendré la Loi sur les Indiens et tenté d'effacer la juridiction autochtone, et les autochtones eux-mêmes ».

Il note que « cet assaut n'a pas cessé. En fait, il s'est accéléré avec le gouvernement actuel. Le premier ministre Trudeau approuve des projets d'oléoducs et continue de miser sur l'exploitation de nos ressources. Il ne veut pas reconnaître les droits territoriaux autochtones. Nous allons demander que le gouvernement Trudeau respecte notre droit internationalement reconnu à l'autodétermination, y compris notre droit absolu au ‘consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause' tel qu'énoncé dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. »

Les mouvements du peuple « n'accepteront jamais les tractations de coulisses visant à affaiblir nos droits, comme celles conclues durant les rencontres à huis clos du Conseil des ministres et du Groupe de travail ministériel avec trois organisations autochtones nationales (Assemblée des Premières Nations, l'Inuit Tapiriit Kanatami et le Conseil national métis) présidé par la ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould », affirme Idle No More.

Les revendications de la journée d'action sont les suivantes :

 1) un nouveau processus véritablement ouvert de reconnaissance de nation à nation qui commence par la pleine reconnaissance des droits et du titre autochtones collectifs ainsi que notre pouvoir décisionnel sur tous nos territoires ;

 2) la pleine application des Appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation, y compris le rejet des doctrines coloniales de la découverte et la reconnaissance de l'autodétermination autochtone ;

 3) la pleine application sur le terrain de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

Pour des mises à jour et plus d'information, consulter le site Web de Idle No More ici
et la page Facebook ici.

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Soutenons les Mi'kmaq qui demandent que le nom Amherst soit retiré d'un site historique à
l'Île-du-Prince-Édouard

Depuis 2008, le leader mi'kmaq Keptin John Joe Stark, membre de la Confédération mi'kmaq de l'Île-du-Prince-Édouard, demande au gouvernement de la province de retirer le nom de Jeffrey Amherst, (le général britannique notoirement associé à la distribution de couvertures infectées de varioles parmi les Mi'kmaq et d'autres peuples autochtones au XIXe siècle) du site historique de Port-la-Joye à Rocky Point, dans le havre de Charlottetown.

Keptin Sark fait remarquer que sa contestation vise aussi le gouvernement libéral actuel de l'Île-du-Prince-Édouard qui ne respecte pas les droits ancestraux des Mi'kmaq, notamment leurs revendications territoriales. Le gouvernement provincial a refusé de l'aider sous prétexte que les Sites historiques nationaux sont de compétence fédérale. Au début de mai de cette année, Keptin Sark a retourné l'Ordre de l'Île-du-Prince-Édouard qui lui a été décerné par l'assemblée législative provinciale.

Keptin Sark soutient que la présence du nom de Amherst sur le site historique est une insulte aux Mi'kmaq et à tous les peuples autochtones car il fut un « tyran » qui a non seulement participé au massacre militaire documenté des Mi'kmaq et d'autres peuples autochtones mais a aussi ordonné la distribution de couvertures contaminées par la variole parmi eux pour tuer hommes, femmes et enfants.

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a également refusé de témoigner du respect pour les Mi'kmaq et les autres peuples autochtones et de retirer immédiatement le nom de Amherst. Keptin Sark dit avoir envoyé plusieurs demandes à ce sujet à la ministre responsable de Parcs Canada, Catherine McKenna, proposant plusieurs noms mi'kmaq comme alternatives, mais en vain.

Dans une lettre récemment publiée dans le Charlottetown Guardian, Parcs Canada écrit : « Il est important de noter que le site ne célèbre pas les actions de Jeffrey Amherst. [...] Les noms de lieux historiques liés au site servent à commémorer des événements qui se sont produits alors que cet endroit servait de siège du gouvernement pour les gouvernements coloniaux français et britanniques. »

Le refus de reconnaître les crimes d'un administrateur colonial militaire ou civil comme Amherst sur les sites historiques du Canada n'est pas seulement une question de remplacer un nom par un autre. L'intransigeance des libéraux au pouvoir à l'Île-du-Prince-Édouard et au fédéral sert à justifier les crimes commis par l'État colonial canadien contre les peuples autochtones aujourd'hui.

LML lance l'appel à tous à participer à la campagne pour exiger le retrait du nom de Jeffrey Amherst du site historique de Port-la-Joye à l'Île-du-Prince-Édouard. Écrivez ou téléphonez à la ministre McKenna : catherine.mckenna@parl.gc.ca ; Twitter -- @cathmckenna ; téléphone -- (613) 996-5322. Tous les lieux qui portent le nom de Jeffrey Amherst au Canada doivent changer de nom!

(Avec des informations du Charlottetown Guardian)

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Impertinentes célébrations de Parcs Canada
au Manoir Papineau


Les patriotes qui ont refusé de se réconcilier avec la Couronne après la défaite de la rébellion ont affronté la mort et la déportation. Dans le dessin ci-dessus un officier britannique lit l'ordre d'expulsion après la défaite de la rébellion des Patriotes, ce à quoi les Patriotes répondent le point levé : « Trahison ! »


Le 17 mai, le gouvernement fédéral, par le biais de Parcs Canada, annonçait le coup d'envoi des célébrations de Canada 150 au Manoir Papineau, dans la ville de Montebello, dans la région de l'Outaouais, le domaine seigneurial de Louis-Joseph Papineau qui a trahi les Patriotes après la Rébellion de 1837-1838. Nous entendons souvent parler de ceux qui ont trahi le mouvement révolutionnaire des Patriotes et qui ont accepté un « accommodement raisonnable » avec la Couronne après l'écrasement de la Rébellion. L'accommodement raisonnable leur a donné accès au gouvernement et au pouvoir des institutions pour défendre leur droit à la propriété privée, et même les droits seigneuriaux dont ils jouissaient sous le régime de la Nouvelle-France. Ils ont concilié avec le pouvoir non pas pour défendre et poursuivre la lutte pour la reconnaissance de la République mais plutôt pour défendre la monarchie britannique qui a trahi et usurpé le droit du peuple d'être le souverain.

Comme Louis-Joseph Papineau, ceux qui ont recherché l'accommodement sont caractérisés par leur amour éternel pour les vieilles institutions françaises et britanniques et leurs descendants ont toujours occupé un rôle de premier plan dans les arrangements politiques conçus pour « ramener les brebis égarées dans le droit chemin ». Ils disent typiquement que les mouvements organisés du peuple, et des jeunes en particulier, ne donnent rien et invitent tous ceux qui ont des griefs à se fier à ces mêmes institutions qui les lâchent constamment.

Le 25 février 1838, Robert Nelson écrivait ceci à J-B Ryan fils : « Papineau nous a abandonné et cela pour des motifs personnels et familiaux concernant les seigneuries et son amour invétéré pour les vieilles lois françaises. Nous pouvons faire bien sans lui, et mieux que si nous étions avec lui ; c'est un homme bon seulement pour la parole, mais aucunement pour l'action. »

La ligne actuelle des historiens officiels et du gouvernement selon laquelle tous ceux qui ont combattu ont en fait donné naissance aux institutions démocratiques actuelles est risible. Dans le fond, tous seraient des patriotes... Même les soldats britanniques puisqu'ils étaient payés par l'empire et servaient de chair à canon. Tout cela pour cacher que ce qui a été appelé « Constitution » du Canada n'a eu pour effet que de créer des institutions qui considèrent les droits comme des privilèges que le pouvoir exécutif peut retirer ou rendre selon son bon vouloir.

C'est sous le régime de Harper que les musées ont commencé à avancer l'idée que « tous » sont patriotes, comme si la cause pour laquelle des centaines et des milliers de personnes ont lutté n'avait pas de fondement de classe et d'esprit et pouvait être à la fois progressiste et réactionnaire !

Se servir du Manoir Papineau au Québec pour célébrer cet état de fait dans le cadre de ce 150e anniversaire du Canada est une véritable insulte au Québec qui est né dans cette lutte pour l'indépendance.

(22 mai 2017)

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La lutte contre le saccage du secteur maritime et du transport

La privatisation et la déréglementation au service de l'oligarchie financière et de l'édification d'empire ne sont pas une modernisation

Le 16 mai dernier, le ministre des Transports Marc Garneau a présenté le projet de loi C-49, Loi sur la modernisation des transports, à la Chambre des communes. Le projet de loi contient des mesures qui modifient la Loi sur les transports au Canada en ce qui a trait au transport aérien et ferroviaire.

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau dit vouloir « faire croître l'économie canadienne » en la modernisant au moyen d'une plus grande déréglementation et privatisation. Cette direction, qui n'a rien de neuf, était la politique du gouvernement Harper. Dans le secteur du transport, le projet de loi C-49 consolide la direction donnée par le gouvernement Harper qui est au service des sociétés monopolistes étrangères. Ce sont elles qui tirent profit du réseau de corridors de transport du Canada qui facilitent le commerce international qu'elles dominent. La direction offerte par Trudeau ne fait rien pour s'attaquer au déclin sérieux que connaît le secteur manufacturier avec ses fermetures d'usines constantes et les pertes de milliers d'emplois.

Dans un discours devant la Chambre de commerce d'Edmonton le 18 mai 2017, le ministre des Transports Marc Garneau a confirmé qu'il continue dans la voie des conservateurs de Stephen Harper. « Au cours des trente dernières années, les revenus découlant des marchandises transportées par train ont plus que doublé. La déréglementation et la privatisation de l'industrie ont contribué à cette croissance. Le réseau ferroviaire est ainsi devenu plus productif, efficace et fiable », a-t-il dit.

Le projet de loi C-49

Les médias monopolisés dans leurs reportages ont laissé croire que le projet de loi de Garneau sur le transport consistait uniquement en une Charte des droits des passagers. Ils ont laissé de côté des éléments importants qui devraient faire l'objet de discussion publique. On compte parmi eux :

a) Libéralisation des restrictions en matière de propriété internationale des transporteurs aériens canadiens pour offrir aux voyageurs plus de choix grâce à une meilleure concurrence ;

b) Amélioration de l'accès, de la transparence, de l'efficacité et de la durabilité de l'investissement à long terme dans le secteur du transport ferroviaire des marchandises ;

c) Amélioration de la sécurité des transports au Canada grâce à l'installation obligatoire d'enregistreurs audio-vidéo de locomotive. [1]

Le projet de loi C-49 accroît le pourcentage autorisé de propriété étrangère des lignes aériennes canadiennes de 29 à 49 %. Le projet de loi prévoit à ce sujet qu'un investisseur unique pourra détenir jusqu'à 25 % des intérêts votants d'un transporteur canadien et qu'un transporteur international pourra détenir jusqu'à 25 % d'un transporteur canadien.

Avec le projet de loi C-49, le gouvernement libéral poursuit dans la voie du gouvernement précédent de déréglementation et d'extension des pouvoirs discrétionnaires du Cabinet fédéral d'intervenir directement dans l'économie au service de l'oligarchie financière. Le projet de loi C-49 à cet égard donne le droit au ministre des Transports d'intervenir dans les ententes entre deux entreprises de transport « s'il estime que l'entente soulève d'importantes questions d'intérêt public ». Il s'agit d'ententes qui sont conclues entre deux entreprises ou plus de transport aérien qui offrent des services à destination, en provenance ou à l'intérieur du Canada dans lesquelles elles coordonnent ou s'entendent sur les détails des opérations comme les prix, les horaires ou les routes. Ces ententes sont présentement régies par la Loi sur la concurrence.

En ce qui concerne le Canadien National, le projet de loi propose que le taux maximum de parts votantes qu'une personne peut maintenir soit haussé de 15 à 25 %. En ce moment, l'oligarque de Microsoft Bill Gates est le plus gros actionnaire du CN, possédant 13 % des actions par le biais de son fonds d'investissement. Il en contrôle également 2,3 % par le biais de la Fondation Bill et Melinda Gates.

En ce qui concerne la question de « l'accès, de la transparence et de l'efficience » dans le secteur du commerce ferroviaire de marchandises, le ministre Garneau a dit que le gouvernement libéral vise par ses mesures à bâtir « un réseau ferroviaire qui maintient des tarifs bas et nous permet ainsi d'effectuer nos échanges commerciaux de façon concurrentielle et de continuer à occuper un rôle essentiel dans les chaînes de valeur mondiales ».

Les remarques de Garneau faisant référence à la mondialisation impérialiste ou à l'édification d'empire en opposition à l'édification nationale nous rappellent le discours que Stephen Harper avait fait en 2007 lors des discussions du Partenariat pour la sécurité et la prospérité avec les États-Unis et le Mexique. « L'émergence des chaînes mondiales comme modèles d'affaires dominants est un facteur clé de l'échange économique mondial. La propriété et le niveau de vie canadien peuvent être maintenus seulement si le Canada devient une plaque tournante logistique du marché international des marchandises entre l'Amérique du Nord, l'Asie et l'Europe », avait-il dit.

Le projet de loi C-49 crée un nouveau mécanisme appelé Interconnexion de longue distance qui va remplacer le système actuel d'Interconnexion temporaire élargie qui est réglementé.

Selon la logique de Garneau, le nouveau mécanisme d'interconnexion est nécessaire afin de fournir une « alternative concurrentielle » à des expéditeurs captifs qui ont accès à une seule entreprise ferroviaire. Cette mesure vise clairement à déréglementer le transport ferroviaire au bénéfice des monopoles qui opèrent surtout aux États-Unis en augmentant leur accès au réseau de chemins de fer canadien.

Pris dans son ensemble, le projet de loi place le réseau de transport ferroviaire au service des oligopoles, ceux qui transportent des marchandises comme ceux qui ont des marchandises à transporter. Il contient une définition vague d'un service « adéquat et approprié » qui requiert que les entreprises fournissent aux expéditeurs le « meilleur service qui puisse être raisonnablement offert dans les circonstances ». Des définitions subjectives comme celles-là, qui ne comprennent pas de conditions spécifiques ou d'actions précises à entreprendre, peuvent facilement être manipulées à des fins intéressées et parfois avec des conséquences désastreuses.

Dans son discours du 18 mai, le ministre Garneau a dit avoir à coeur les intérêts des producteurs de grain qui ont eu à mener des luttes continuelles depuis plus d'un siècle contre les deux principales entreprises ferroviaires du Canada. Il a dit que « les producteurs de grain sont l'âme de l'économie des Prairies. Plus de 60 % de leurs récoltes sont destinés aux marchés étrangers, ce qui représente des ventes supérieures à 15 milliards de dollars. Ces producteurs méritent d'être desservis correctement et efficacement par nos compagnies de chemin de fer ».

Garneau évite de façon commode de parler de la situation sérieuse des producteurs de grain et de la pression à laquelle ils ont fait face depuis l'élimination de la Commission canadienne du blé (CCB) par le gouvernement Harper en 2012. La CCB et son guichet unique étaient l'assise solide de la manutention et du transport du grain et d'un système de mise en marché qui bénéficiait aux producteurs de grain des Prairies. Les oligopoles ont voulu priver les fermiers de cette assise et le gouvernement Harper leur a donné ce qu'ils voulaient. Loin de restaurer quelque mesure de contrôle des fermiers sur la production, la mise en marché et le transport du grain, le projet de loi C-49 va fournir et solidifier le service ferroviaire pour les oligopoles qui ont bénéficié de l'absence de contrôle du guichet unique de la CCB.


Un rapport préparé pour la Commission canadienne du blé en 2016 a fait une évaluation de la situation à laquelle les producteurs de grain ont fait face suite à l'élimination de ce guichet unique :

« En ce qui concerne les producteurs agricoles des Prairies, l'état actuel de la manutention et du transport du grain et le système de mise en marché ne les avantagent pas. Dans les deux dernières années, les producteurs de grain ont perdu entre 5 et 6 milliards $, ce qui a eu un impact non seulement sur eux mais sur leurs communautés locales et les économies provinciales également... La configuration actuelle de la manutention et du transport du grain des Prairies et de sa mise en marché n'a pas donné aux fermiers des Prairies une meilleure part du prix de l'expédition vers le port et n'a pas produit une meilleure logistique de transport du grain. »[2]

Dire que le transport par rail et que toutes les parties du secteur du transport sont importants pour l'économie canadienne c'est répéter un truisme compte tenu de la dimension du Canada et de son abondance de ressources que le système impérialiste d'États convoite. En plus, tout projet d'édification nationale qui est accompli à l'extérieur de et en opposition à l'édification d'empire et au système impérialiste d'États a besoin d'un système de transport interne efficace au service d'une économie de production industrielle de masse entièrement socialisée et interreliée.

Cela ne sert à rien de répéter ce que tout le monde sait. Ce qu'il faut c'est renouveler le système au bénéfice des producteurs véritables et de l'édification nationale. Cela requiert non seulement une réglementation mais des restrictions au pouvoir des oligopoles de priver les Canadiens de leur pouvoir de contrôler les affaires qui affectent leur travail, leur vie et leur édification nationale.

Le projet de loi C-49 accroît le pouvoir de l'oligarchie financière de priver les Canadiens d'un projet d'édification nationale qui sert leurs intérêts et ouvre une voie vers l'avant. Le projet de loi subordonne ouvertement les besoins de transport du Canada aux demandes des bâtisseurs d'empire mondiaux et prive encore plus les Canadiens de contrôle sur les affaires qui affectent leur travail et leur vie. Ce projet de loi doit donc être dénoncé et on doit s'y opposer fermement. Le projet de loi C-49 poursuit les actions des gouvernements Harper, Martin, Chrétien et Mulroney visant à placer le Canada sous la domination de l'oligarchie financière de Forteresse Amérique du Nord.

Notes

1. Transport Canada

 2. « An Evaluation of the Present Situation for Western Canada Grain Farmers Within a Historical Context », Laura Larson (PHD), un rapport préparé pour la Commission canadienne du blé le 31 mars 2016 et révisé le 17 avril 2016.

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Non à l'utilisation d'enregistreurs audio-vidéo dans les locomotives pour espionner les travailleurs!

Les monopoles du rail saluent les mesures organisées par l'État pour espionner
les travailleurs et nier leurs droits

Le gouvernement libéral a présenté récemment le projet de loi C-49 qui oblige les entreprises ferroviaires à installer des enregistreurs audio-vidéo dans toutes les locomotives. Dans une attaque surprise, le projet de loi autorise les compagnies à utiliser les enregistrements pour espionner les travailleurs. Ce projet de loi ouvre la voie à une criminalisation accrue des travailleurs ferroviaires et à une violation encore plus poussée de leurs droits. Ces travailleurs sont déjà régulièrement frappés de mesures disciplinaires quand ils rapportent des conditions de travail non sécuritaires et montrent des signes de fatigue à cause des horaires impossibles et du harcèlement constant de leurs employeurs.

Le projet de loi modifie deux lois. D'abord, il modifie la Loi sur la sécurité ferroviaire pour interdire aux entreprises de chemin de fer de faire rouler leurs trains si elles ne les équipent pas d'enregistreurs audio-vidéo. Les enregistrements qui jusqu'à maintenant pouvaient être utilisés uniquement par le Bureau de la sécurité des transports pour contribuer aux enquêtes dans les cas d'accidents seront maintenant mis à la disposition des compagnies pour prendre des mesures disciplinaires contre les travailleurs. L'autorisation d'un usage privé par les entreprises d'une information aussi sensible est une première.

Le projet de loi délimite les conditions dans lesquelles les entreprises peuvent utiliser ce matériel.

On y lit :

« Compagnie -- utilisation des renseignements

17. 91 (1) La compagnie peut utiliser les renseignements qu'elle enregistre, recueille ou conserve au titre du paragraphe 17. 31(1) pour :

a) effectuer des analyses en application des articles 13, 47 ou 74 du Règlement de 2015 sur le système de gestion de la sécurité ferroviaire ;

b) déterminer les causes et facteurs d'un accident ou incident à l'égard duquel elle est tenue, sous le régime de la Loi sur le Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports, de faire rapport au Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports et qui ne fait pas l'objet d'une enquête par ce Bureau....

« Utilisation — risque pour la sécurité ferroviaire

(3) Si elle utilise des renseignements en vertu du paragraphe (1), la compagnie peut également utiliser ces renseignements pour traiter un risque pour la sécurité ferroviaire prévu par règlement. »

À noter l'expression « pour traiter un risque pour la sécurité ferroviaire » . Les monopoles ferroviaires ont montré dans le passé qu'ils sont prêts à utiliser toute information pour forcer les travailleurs à accepter des conditions de travail non sécuritaires, dangereuses et aggravées au nom de l'argument pragmatique de l'amélioration de la productivité et du profit. Ils vont certainement utiliser l'information comme bon leur semble pour servir leurs intérêts privés étroits et attaquer les droits des travailleurs. La fin justifie les moyens, disent-ils, comme des seigneurs de guerre bâtisseurs d'empires. Les compagnies considèrent l'espionnage audio et vidéo des travailleurs comme une arme de plus pour affaiblir la résistance organisée des travailleurs à la défense de leur droit à des conditions de travail décentes, humaines et sécuritaires.

Le projet de loi admet sans honte que cette autorisation d'espionner les faits et gestes des employés au travail est une atteinte au droit à la vie privée et au droit de conscience. Le projet de loi autorise les monopoles du rail à faire fi de la législation actuelle qui interdit la collecte d'information personnelle. Il dit que les compagnies peuvent espionner les travailleurs « par dérogation à l'article 5 de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, dans la mesure où cet article a trait aux obligations énoncées dans l'annexe 1 de cette loi relativement à la collecte, à l'utilisation, à la communication et à la conservation de renseignements, et malgré l'article 7 de cette loi ». (La section 7 limite les circonstances dans lesquelles une organisation peut collecter de l'information à l'insu de l'intéressé et sans son consentement -- Note de LML).

Les sociétés ferroviaires peuvent aussi utiliser les renseignements fournis par les enregistreurs « malgré toute disposition d'une loi provinciale essentiellement semblable à la partie 1 de la loi visée à l'alinéa a) qui restreint la collecte, l'utilisation, la communication ou la conservation de renseignements. ».

Le projet de loi modifie aussi la Loi sur le Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports. Cette loi interdit l'utilisation de l'information audio-vidéo captée par les enregistreurs à bord des locomotives par toute autre organisation que le Bureau de la sécurité des transports et pour tout autre motif que les enquêtes dans les cas d'accidents. Le projet de loi C-49 élimine cette interdiction de la façon suivante :

« Le présent article n'a pas pour effet d'empêcher l'utilisation ou la communication d'un enregistrement de bord si cette utilisation ou communication est expressément autorisée sous le régime de la Loi sur l'aéronautique, de la Loi sur l'Office national de l'énergie, de la Loi sur la sécurité ferroviaire ou de la Loi de 2001 sur la marine marchande du Canada et si, selon le cas :

a) il n'y a pas eu d'accident de transport -- dont il doit, sous le régime de la présente loi, être fait rapport au Bureau -- qui met en cause le moyen de transport lié à l'enregistrement ;

b) il y a eu un accident de transport -- dont il doit, sous le régime de la présente loi, être fait rapport au Bureau -- qui met en cause le moyen de transport lié à l'enregistrement, mais qui ne fait pas l'objet d'une enquête prévue par la présente loi. »

Le Canadien Pacifique a tout de suite traduit ce langage contourné en ce qu'il signifie réellement pour les monopoles ferroviaires. Le Canadien Pacifique écrit ceci sur son site web :

« L'utilisation effective de cette technologie comprend son utilisation à des fins d'enquête après accident, de même que l'autorisation aux entreprises d'utiliser des renseignements de façon aléatoire pour détecter des choses comme l'altération, l'utilisation des téléphones cellulaires, les employés qui dorment et assurer la conformité à d'autres règles critiques en matière de sécurité.

« L'accès à l'information serait limité aux secteurs reliés au respect des règles et des standards et celle-ci ne serait pas mise à la disposition des superviseurs des équipages de locomotives. Les résultats liés aux renseignements seraient abordés dans le cadre des procédures relatives aux conventions collectives comme c'est déjà le cas en ce moment. »

Le CP confirme que l'information recueillie servira à prouver leurs déclarations que les accidents sont dus au comportement des travailleurs. Il nie que les accidents proviennent des procédures opérationnelles dangereuses et antiouvrières des compagnies, qui négligent la sécurité dans leur poursuite du profit privé. Le CP et les autres comme lui disent que les travailleurs doivent accepter les conditions de travail dangereuses et mauvaises pour le bien de la compagnie et que ceux qui s'y opposent sont probablement coupables de mauvais comportement. Nul doute qu'ils trouveront dans ces tonnes d'informations recueillies quelque chose qu'ils pourront utiliser contre certains individus.

L'utilisation d'équipement audio-vidéo pour espionner les travailleurs est une arme de plus qui est donnée par l'État aux monopoles ferroviaires pour criminaliser et harceler les travailleurs et affaiblir leur résistance organisée sur tous les fronts pour défendre et améliorer leurs conditions d'emplois. La criminalisation et le harcèlement des travailleurs sont une partie intégrante des risques posés à la sécurité des travailleurs et du public. Cette attaque organisée par l'État est une façon de plus de permettre aux monopoles ferroviaires de blâmer les autres de leur propre aventurisme qui est au service de leurs intérêts privés de profit et d'édification d'empire et qui met à risque les travailleurs et la sécurité des communautés. Cela ne doit pas passer !

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Le gouvernement libéral de Justin Trudeau cherche
à espionner les travailleurs du rail

Le gouvernement et les oligarques du rail disent que les accidents sont causés
par le mauvais comportement des travailleurs ; cela ne doit pas passer !

Les libéraux de Justin Trudeau ont effrontément glissé en douce dans le projet de loi C-49, Loi sur la modernisation des transports, une attaque grossière et inacceptable contre les droits individuels et collectifs des travailleurs ferroviaires. Le projet de loi autorise les entreprises ferroviaires à espionner les travailleurs avec l'équipement audio-vidéo installé dans les locomotives. Jusqu'à maintenant, l'information captée par les enregistreurs était mise à la disposition du seul Bureau de la sécurité des transports (BST) à des fins d'enquête. L'enregistrement des travailleurs pendant qu'ils travaillent et parlent entre eux, et l'utilisation de cette information pour cibler et attaquer certains travailleurs est un affront contre toute la classe ouvrière et est quelque chose d'entièrement inacceptable.

Les travailleurs ne sont pas à blâmer pour les accidents. En se mettant d'accord avec les oligarques du rail que les travailleurs sont à blâmer pour les accidents et qu'il faut les espionner, le gouvernement commet une attaque grossière contre la dignité des travailleurs et nie que ce sont les conditions de travail et opérationnelles que les compagnies imposent qui sont la source des accidents. L'objectif des compagnies est de faire le plus de profits possibles et rien d'autre. C'est une pratique courante des monopoles ferroviaires de saper les conditions des travailleurs et de négliger la sécurité au nom du profit et c'est une des principales raisons pour lesquelles les travailleurs ont besoin d'un syndicat organisé et militant qui défend leurs droits et les droits de tous.

Les compagnies et leur obsession du profit doivent faire l'objet d'une opposition organisée constante et doivent être réglementés et restreints parce que c'est ce qui cause les accidents et les autres problèmes. Les travailleurs ferroviaires font de leur mieux dans le cadre des conditions de travail que les entreprises fournissent. Lorsque les travailleurs se plaignent de conditions de travail non sécuritaires ou inacceptables, ils sont considérés par les compagnies comme une entrave à la réalisation du profit, lequel est l'objectif principal et unique des compagnies, et ils sont pris pour cibles d'attaques.

Les travailleurs ferroviaires veulent que les trains roulent de façon sécuritaire. Pourquoi voudraient-ils autre chose ou faire quoi que ce soit qui mette à risque le fonctionnement du train ? Leur propre moyen de subsistance, leur sécurité personnelle et celle des gens et des communautés dépendent du fonctionnement sécuritaire des trains qu'ils conduisent. Les travailleurs du rail ne s'objectent pas à l'installation d'enregistreurs audio-vidéo dans les trains à de strictes fins d'enquête du BST. Depuis que les enregistreurs sont utilisés, ils se sont fermement opposés à ce que leur contenu soit mis à la disposition des sociétés ferroviaires. Ils le font pour défendre leur dignité et leur vie privée et se protéger contre les mesures disciplinaires arbitraires qui pleuvent déjà en grand nombre sur eux et vont certainement augmenter si cet espionnage organisé par l'État est autorisé.

Les travailleurs ferroviaires et leurs représentants ont fait de multiples interventions à ce sujet, y compris aux Comités de la chambre. Le gouvernement fédéral a choisi d'ignorer leurs préoccupations et leurs demandes et il ment honteusement à leur sujet.

Le ministère des Transports écrit dans un communiqué relatif à cette mesure :

« Depuis l'automne 2016, les représentants de Transports Canada ont rencontré des intervenants et des partenaires clés, y compris des entreprises, des syndicats et le BST. Ces discussions ont porté sur le type d'équipement et sa configuration, la portée de son application et la façon dont les renseignements provenant des enregistreurs seraient utilisés. Au cours de ces consultations, il a été déterminé de façon générale que les avantages en matière de sécurité des enregistreurs audio-vidéo de locomotive seraient optimisés si l'enregistrement pouvait être utilisé par les compagnies de chemin de fer et Transports Canada pour une gestion proactive de la sécurité. » (Le souligné est du LML)

De la façon typique intéressée du gouvernement libéral de Justin Trudeau, le ministère déclare qu'un caractère « général » serait ressorti de ces soi-disant consultations. Ce caractère « général » exclut délibérément les opinions de ceux qui sont directement visés et les plus fortement affectés, les travailleurs du rail et leurs représentants. Qui a établi ce caractère « général » dont parle le gouvernement ? Certainement pas ceux qui fournissent le service aux Canadiens, souvent à leur risque et dans des conditions dangereuses pour les communautés dont ils se sont souvent plaints. Leurs conditions de travail se sont aggravées alors que les sociétés ferroviaires imposent leur objectif de profit au détriment de tout autre. Le travail ferroviaire est devenu plus complexe, avec des convois plus longs, plus lourds, chargés de matériaux souvent dangereux, et circulant à de plus hautes vitesses.


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Toujours avec l'arrogance typique du gouvernement libéral, le ministère des Transports essaie en vain de se couvrir d'une feuille de vigne qui n'arrive pas vraiment à cacher ce qu'il y a dessous. Il écrit que pour « atténuer les préoccupations concernant la vie privée des employés, les modifications législatives proposées limiteraient également à quelles fins les données sont utilisées ». Les entreprises ferroviaires pourraient utiliser le contenu des enregistreurs pour « effectuer des analyses par échantillonnage aléatoire afin de relever les préoccupations en matière de sécurité dans le cadre d'une gestion permanente de la sécurité, pour déterminer la cause d'un accident ou d'un incident à signaler qui n'a pas fait l'objet d'une enquête par le BST et pour répondre à une menace définie pour la sécurité ».

Le point essentiel ici, c'est que les monopoles du rail vont avoir dans leurs mains le contenu des enregistrements, avec lequel ils vont pouvoir espionner les travailleurs et utiliser l'information contre des individus donnés et leur syndicat. Une fois que l'État leur a donné le pouvoir d'épier les faits et gestes des travailleurs en toute impunité, ils peuvent donner l' « analyse » qu'ils veulent de leur « échantillonnage aléatoire » pour faire face à ce qu'ils considèrent une « menace définie pour la sécurité ».

Le gouvernement vient simplement de donner de nouveaux pouvoirs de police aux monopoles du rail pour criminaliser encore plus les travailleurs. S'ajoutant à la fatigue continuelle des travailleurs due aux horaires impossibles, aux mesures disciplinaires constantes surtout lorsque les travailleurs dénoncent des conditions dangereuses, et au caractère secret et privé des systèmes de gestion de la sécurité des oligopoles du rail, cette dernière mesure est un abus de pouvoir criminel.

Cette proposition vise à camoufler qui est ultimement responsable de la sécurité ferroviaire et ce qu'il faut faire pour améliorer les conditions. Avec cette proposition, ceux qui sont en position de pouvoir abdiquent leur responsabilité envers la sécurité des travailleurs et du public et cela ne doit pas passer. Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) dénonce fermement cette nouvelle mesure de même que l'hypocrisie libérale qui l'accompagne et appelle tous les travailleurs à se joindre aux travailleurs du rail dans la lutte contre cette mesure.

L'Assemblée générale du Congrès du travail du Canada qui s'est tenue du 8 au12 mai à Toronto a adopté à l'unanimité une résolution d'urgence appelant le CTC à organiser une campagne de tous ses affiliés pour y faire échec. Tous les syndicats, conseils du travail et fédérations des travailleurs doivent mettre en oeuvre cette résolution sans tarder et faire en sorte que le gouvernement libéral de Justin Trudeau et les monopoles du rail rendent des comptes et sont forcés de renoncer à cette mesure.

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Discipline et économie moderne

Nécessité d'humaniser les conditions de travail

Les oligopoles du rail applaudissent le projet de loi C-49 parce qu'il leur donne le droit d'espionner les travailleurs et d'attaquer leur droit de conscience et parle d'eux comme « un risque pour la sécurité ferroviaire ». Ils disent toujours que les accidents et tous les autres problèmes sont la faute des travailleurs et ne sont pas causés par des conditions de travail mauvaises et non sécuritaires.

Les oligarques du rail diffament leurs travailleurs en disant qu'ils dorment au travail, qu'ils utilisent leur téléphone cellulaire, qu'ils trafiquent l'équipement et qu'ils sont généralement responsables des accidents qui se produisent. Ce mensonge sert à nier le rôle positif du facteur humain dans l'économie socialisée et la discipline qu'engendre spontanément le travail industriel.

La diffamation des travailleurs s'explique par le rapport social antagoniste entre la classe ouvrière et les oligarques. C'est un élément de la guerre de propagande contre la classe ouvrière et sa lutte de classe pour défendre ses droits dans les conditions actuelles et pour préparer les conditions subjectives pour enlever le contrôle de l'économie socialisée aux oligarques dominants et à leur État. C'est pour l'empêcher de s'engager dans un projet d'édification nationale pour investir le peuple du pouvoir souverain pour faire en sorte que ceux qui font le travail contrôlent le travail et prennent les décisions concernant les conditions concrètes de travail.

Dans l'économie moderne de la grande production industrielle, ce sont les conditions concrètes qui disciplinent les travailleurs. Les travailleurs eux-mêmes, individuellement ou collectivement, appliquent une discipline au travail qui surgit spontanément des conditions concrètes. La discipline provient des exigences scientifiques des machines, comme une locomotive, des exigences des conditions de travail, y compris le temps de travail, et de la nécessité de travailler pour vivre. Les travailleurs, surtout ceux qui sont bien formés, s'en tiennent avec diligence aux exigences, à la science et au rythme des machines dont ils se servent et des conditions de leur mise en opération, car c'est souvent une question de vie ou de mort. Quant à leur bien-être personnel et à celui de leurs confrères et du travail comme tel, ils ne vont pas violer la discipline qu'imposent les conditions concrètes. L'humanisation des conditions concrètes du travail est la façon fondamentale d'améliorer la sécurité.

Dans les rapports sociaux actuels, la classe ouvrière ne contrôle pas les conditions de travail et ne peut se défendre et gérer les conditions de travail que par la lutte de classe organisée. Les oligarques contrôlent les conditions de travail et imposent leur objectif, qui est la poursuite incessante du profit privé, en contradiction avec et en opposition au caractère socialisé de l'économie moderne et à la nécessité d'humaniser les conditions de travail et l'environnement social et naturel.

La seule force sociale capable de changer la direction et le but de l'économie socialisée est la classe ouvrière. Les véritables producteurs peuvent eux-mêmes donner à l'économie un but qui correspond à son caractère socialisé et répondre à la nécessité d'humaniser les conditions de travail et l'environnement social et naturel. Le problème pour la classe ouvrière est comment priver les oligarques dominants et leur État du pouvoir de priver les travailleurs de leur droit de contrôler le travail qu'ils font et d'humaniser les conditions de travail et l'environnement social et naturel.

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«Pas question d'accepter le démantèlement du cabotage et de la réglementation ou la privatisation»


  Manifestation à Vancouver le 23 février 2017 contre les changements au secteur du transport proposés par le Rapport Emerson

Le Marxiste-Léniniste publie ci-dessous une entrevue faite par Forum ouvrier, la publication en ligne du Centre ouvrier du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) avec Terry Engler, le président de la section locale 400 du Syndicat international des débardeurs et magasiniers (SIDM), sur la lutte que mènent les travailleurs contre le saccage du secteur maritime et du transport du Canada.

***

Forum ouvrier : Le SIDM et d'autres syndicats maritimes et du transport sont engagés dans une campagne pour arrêter le saccage du secteur. Quels sont les traits principaux de cette lutte ?

Terry Engler : Nous travaillons très fort pour tuer le Rapport Emerson. Ce rapport a été écrit par David Emerson et commandé par le gouvernement Harper. Il a écrit son rapport sans jamais avoir consulté les syndicats. Le rapport recommande la fin du cabotage, cette exigence que le travail qui est fait entre deux ports canadiens ou à l'intérieur du Canada doit être accompli par des compagnies canadiennes et un équipage canadien. Le rapport demande la fin du cabotage. Il recommande aussi la privatisation des ports et des aéroports. Nous sommes opposés à tout cela et nous faisons tout ce que nous pouvons pour convaincre le Parti libéral de tuer le rapport Emerson. Nous allons lutter jusqu'au bout pour que cela se produise. En janvier, nous avons organisé des actions simultanées à Vancouver, Victoria, Prince Rupert, Toronto, Montréal et St-John's pour dénoncer le Rapport Emerson de même que l'AÉCG, l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne.

Pour nous, ces choses-là signifieraient la perte d'un grand nombre d'emplois et de notre avenir. Les conséquences économiques se chiffreraient à environ 14 000 emplois perdus et à des millions de dollars en salaires perdus pour les travailleurs canadiens et les communautés. Nos manifestations ont été bruyantes et combatives. Nous avons arrêté la circulation pendant quelques heures dans le centre-ville de Vancouver. Nous allons bientôt aller distribuer des tracts au siège social de Rogers Communications, car Rogers est le client principal d'un vaisseau de réparations de câbles qui est amarré à Vancouver et le restera les huit prochaines années [la distribution de tracts a eu lieu le 11 mai - Note de FO] L'équipage du vaisseau est formé de travailleurs philippins qui sont payés 4 $ de l'heure et même moins. Nous pensons qu'on aurait dû engager des travailleurs canadiens d'abord et sinon que ces travailleurs doivent être payés à un taux canadien et non à un taux international. Nous avons aussi intenté une poursuite en justice sur cette question.

Nous allons organiser d'autres actions qui vont rassembler tous les modes de transport afin que tous comprennent que le problème existe et qu'il n'est pas question pour nous d'accepter le démantèlement du cabotage et de la réglementation ou la privatisation. Nous allons rendre la vie difficile à ceux qui veulent faire ces choses. Nous devons protéger nos emplois et notre avenir. D'autres syndicats font le même travail à l'échelle internationale et mènent la même lutte pour protéger leurs emplois en Australie et ailleurs dans le monde.

Nous travaillons aussi au sein de la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF). Elle a un groupe de travail sur le cabotage pour mener la lutte contre ceux qui engagent des travailleurs pour les exploite jusqu'à l'os et s'en servir pour abaisser le niveau de vie dans les pays où on les fait travailler. Nous ne sommes pas opposés aux travailleurs étrangers. Nous travaillons avec l'ITF pour les protéger parce que leur situation est vraiment horrible. Rien que l'an dernier, la Fédération a récupéré 41 millions $ en salaires volés aux marins. Bien qu'ils les paient à des salaires si bas, les employeurs refusent souvent de leur verser leurs salaires.

Nous voulons protéger les emplois que nous avons encore et qui fournissent un salaire qui nous permet de faire vivre nos familles. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour que les jeunes aient la même possibilité que moi j'ai eue de soutenir ma famille.

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Intégration économique de la Forteresse Amérique du Nord

Les défis d'un nouveau projet d'édification nationale

De récentes données sur les exportations font état de l'ampleur de l'intégration du Canada et du Mexique à l'impérialisme américain dans une Forteresse Amérique du Nord sous le contrôle des oligopoles dominants. Selon les données publiées par TD Securities et Bloomberg, les exportations du Mexique vers les États-Unis représentent 27 % de la valeur totale de la production du Mexique telle que déterminée par le Produit intérieur brut (PIB). La valeur des exportations du Canada vers les États-Unis en pourcentage du PIB est de 22 %, pas beaucoup moins.

Les exportations vers les États-Unis en pourcentage des exportations totales sont de 81 % pour le Mexique et de 77 % pour le Canada.

Les exportations totales en pourcentage du PIB sont de 33 % pour le Mexique et de 26 % pour le Canada.

Aucun autre pays examiné dans cette étude n'approche même de loin les pourcentages du Mexique et du Canada en termes d'exportations aux États-Unis.

L'Irlande exporte vers les États-Unis une valeur de production équivalant à 11 % de son PIB. Tous les autres pays visés par l'étude ont un taux d'exportation aux États-Unis inférieur à 10 %. La Chine et le Royaume-Uni sont à 4 % et le Japon à 3 %.

Le pourcentage des exportations vers les États-Unis par rapport aux exportations totales est de 24 % pour l'Irlande, comparativement à 77 % pour le Canada et 81 % pour le Mexique. Les suivants sont le Japon avec 20 % et la Chine avec 18 %.

Les données de l'étude font état de l'intégration des trois pays de la Forteresse Amérique du Nord dans une économie dominée par les oligarques de l'impérialisme américain.

Pays Exportations vers les É-U (% du total) Exportations (% du PIB) Exportations vers les É-U (% du PIB) Impact total
Mexique 81 33 27 141
Canada 77 26 20 123
Irlande 24 44 11 79
Pays-Bas 4 66 3 73
Suisse 11 53 6 70
Allemagne 10 41 4 55
Suède 7 45 2 54
R-U 15 28 4 47
Norvège 4 39 1 44
Chie 18 21 4 43
N-Zélande 12 28 2 42
Japon 20 13 3 36
Italie 9 24 2 35
France 7 22 2 31
Australie 5 20 1 26
Source : TD Securities, Bloomberg. Note : Ordonné selon le pointage de l'impact total, soit la somme des trois colonnes précédentes. Le tableau est paru dans le Globe and Mail qui ne précise pas la date du relevé.

Le Globe and Mail écrit : « Selon le groupe Manufacturiers et Exportateurs du Canada (MEC), une taxe à la frontière sur les importations pour la partie américaine serait un cauchemar du point de vue logistique parce que les pièces manufacturées sont difficiles à retracer et parce que les produits finis contiennent une quantité variante de contenu canadien.

« Par exemple, les pièces automobiles traversent la frontière plusieurs fois avant la mise en vente du véhicule assemblé. ‘Comment taxer un véhicule ?', demande Mathew Wilson, vice-président du MEC qui représente 90 000 manufacturiers au Canada. ‘La majorité des automobiles exportées aux États-Unis ont un contenu beaucoup plus américain que canadien.'

« Selon M. Wilson, il n'existe pas de système en place pour retracer le pays d'origine des produits. Le Pacte de l'automobile de 1965 entre les États-Unis et le Canada, ainsi que l'accord de libre-échange nord-américain, permettent un déplacement libre des pièces manufacturées entre les deux pays sans être taxées. ‘Seraient-elles taxées à leur pleine valeur ou seulement pour la partie qui provient du Canada ?', poursuit-il. ‘En fait, comment calcule-t-on la quantité qui vient du Canada ? Il n'existe pas de règlement ou de loi qui permette d'établir quelle quantité vient du Canada. Il s'agirait seulement de retracer la partie qui vient des partenaires de l'ALÉNA.' »[1]

M. Wilson parle d'une situation dans laquelle les oligopoles contrôlent l'économie intégrée au sein de la Forteresse Amérique du Nord et déplacent la valeur manufacturière suivant les intérêts de leurs empires privés. Les détails de ces déplacements sont secrets. Les empires industriels déclarent que leur droit au secret provient des droits de propriété sur lesquels les arrangements constitutionnels actuels sont fondés, établis suite au renversement de l'autocratie médiévale.

La prétention du MEC que les gouvernements et leurs agences ne savent pas ce qui se passe dans les principaux secteurs de l'économie et que ce serait un « cauchemar logistique » que d'essayer de retracer l'importation et l'exportation des pièces manufacturées est trompeuse. Les oligopoles de la grande production industrielle veulent que leurs opérations demeurent un mystère d'État car cela les aide à exercer un contrôle sur les travailleurs et sur la société et à damer le pion aux concurrents.

Les faits et pourcentages concernant le déplacement de la valeur au sein des empires peuvent être connus facilement. Les hauts directeurs et technocrates des empires industriels connaissent l'emplacement exact de chaque pièce et savent exactement où elles doivent se retrouver et à quel moment pour la production ou la vente du produit social. Le déplacement de la valeur au sein de la Forteresse Amérique du Nord à titre d'exportations et importations sert à enrichir les oligopoles et à consolider le pouvoir privé des empires et la richesse sociale, et à faire de la Forteresse Amérique du Nord un bastion et une puissance militaire capable de conquérir le monde et d'imposer l'hégémonie de l'impérialisme américain sur ses rivaux, les nations et les peuples.

Le contrôle des empires industriels qui étendent leurs tentacules dans tous les secteurs existe dans une économie canadienne dont les exportations représentent 26 % de l'ensemble de la valeur produite et dont 77 % des exportations se font en direction des États-Unis. La Forteresse Amérique du Nord représente et défend les intérêts des oligopoles et des bâtisseurs d'empires sur le continent et à l'échelle mondiale en opposition aux intérêts des travailleurs et des peuples et de tous ceux qui veulent un projet national indépendant, la paix et l'affranchissement de la domination et de la répression.

Lorsque les empires industriels nord-américains de l'automobile sont tombés dans le chaos et la crise en 2008, la Forteresse Amérique du Nord les a secourus à l'aide de fonds publics. Ils ont reçu de l'argent de l'État et ont profité de nouvelles réglementations leur permettant de resserrer leur contrôle et de priver la classe ouvrière de l'occasion de concevoir une nouvelle direction pour l'économie qui soit favorable au peuple, qui encourage la coopération plutôt que la concurrence brutale et destructive entre ses parties constituantes, qui élimine les crises récurrentes et ouvre une voie à l'émancipation de la classe ouvrière.

La réalité d'aujourd'hui est que des empires privés et les oligarques les plus puissants dominent tout à l'intérieur de la Forteresse Amérique du Nord. Les travailleurs et les peuples n'ont aucun contrôle sur l'économie de base et sur les affaires qui les concernent. Ils dépendent de l'économie de base pour leur bien-être et sécurité et pourtant ils n'exercent aucun contrôle sur elle et n'ont pas voix au chapitre sur les décisions prises. Les oligarques dirigent les affaires des monopoles dominants et de l'État. Les gouvernements représentent les oligarques les plus puissants, ils exécutent leurs ordres et mettent l'ensemble des pouvoirs policiers et militaires et des ressources de la Forteresse Amérique du Nord au service d'intérêts privés en opposition aux intérêts des travailleurs et des peuples et aux besoins de l'économie socialisée de la grande production industrielle et de l'édification nationale.

La mission historique de bâtir le nouveau

La propriété privée a été inscrite dans la loi et les constitutions pour protéger le droit des marchands, manufacturiers et d'autres groupes qui voulaient s'affranchir de la tyrannie de l'aristocratie médiévale. On attribue au roi Louis XIV de France (1638-1715) la phrase : « L'État, c'est moi. » Ceux qui détenaient une propriété productive au sein d'une économie naissante basée sur la grande production étaient en concurrence avec la petite production et l'autocratie médiévales. Les propriétaires des nouvelles forces productives de grande production voulaient affranchir leur propriété privée et protection légale pour pouvoir prospérer, s'étendre et contester la petite production dans tous les secteurs. Pour réussir, les paysans et les confréries de travailleurs devaient être affranchis de l'asservissement féodal pour pouvoir être exploités librement en tant qu'esclaves salariés.

Aujourd'hui, au XXIe siècle, la propriété privée engagée dans la production de biens et services est depuis longtemps affranchie des restrictions féodales. La vieille propriété privée assume des formes et un contenu nouveaux au sein de gigantesques empires mondiaux et de puissants États, bien au-delà de tout ce que Louis XIV a pu imaginer. Aujourd'hui, « l'État, c'est l'empire des oligarques ». L'État est l'empire des oligarques qui écrasent non seulement les travailleurs mais aussi toute propriété, privée ou publique, qui fait entrave à leur empire.

Le droit des détenteurs de la propriété de faire passer les forces productives de la petite production à la grande production, qui utilise la science sans les restrictions féodales, et de libérer les masses pour en faire des esclaves salariés était le développement historique nécessaire de cette période initiale de la grande production industrielle de masse. Pour que la grande production assume sa place dominante dans la société et supplante la petite production et les restrictions féodales, la forme de l'État et des rapports de production devait être transformée radicalement. Cette transformation s'est faite par des bouleversements plus ou moins explosifs partout en Europe et s'est répandue au reste du monde et a ainsi donné naissance à son plus grand produit : la classe ouvrière internationale, le prolétariat.

Les nouvelles forces productives de la grande production et le droit à la propriété privée affranchie des restrictions féodales ont pris des proportions massives et sont concentrées dans les mains d'oligarques partout dans le monde. La liberté et le droit de la propriété privée de se développer sans restriction médiévale a fait place à la liberté et au droit des oligarques et des empires de priver les travailleurs et les peuples de leur liberté et droit de développer et d'établir des rapports de production socialisés conformes aux forces modernes de la grande production industrielle socialisée et d'établir une forme d'État qui sert et aide au développement du nouveau contenu.

La classe ouvrière, avec sa conception du monde moderne qui réclame la défense des droits de toutes et tous, que le bien-être et la sécurité du peuple et l'intérêt général de la société soient garantis en puisant dans l'immense produit social des forces modernes de la grande production socialisée, est le moteur du mouvement historique de la période actuelle. Avec sa conception du monde moderne imprégnée du facteur humain/conscience sociale et du génie d'être au centre de la production de toute valeur, la classe ouvrière développera une forme moderne de l'État qui répond au besoin de nouveaux rapports de production.

La classe ouvrière du Mexique, du Canada et des États-Unis peut et doit s'acquitter de sa grande mission de bâtir le nouveau dans le cadre d'un projet d'édification nationale qui investit le peuple du pouvoir souverain, défend les droits de toutes et tous et établit l'indépendance et le contrôle de la classe ouvrière sur l'économie de base constituée de la grande production industrielle, des programmes sociaux et des services publics.

Pour accomplir sa mission historique, la classe ouvrière doit développer sa conception du monde moderne et la transmettre à l'ensemble du peuple et doit bâtir ses propres institutions et son quartier-général politique pour contester le pouvoir des oligarques dominants et restreindre le pouvoir de leur empire impérialiste, la Forteresse Amérique du Nord.

Note 

1. « Canada won't escape Trump's protectionist measures as ‘border tax' threatens exports », Globe and Mail, 11 janvier 2017

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Foire annuelle de l'armement à Ottawa

Militant piquetage contre la militarisation et la guerre

Des gens de tous les milieux ont pris part à une militante ligne de piquetage le matin du 31 mai à Ottawa contre la foire annuelle de l'armement CANSEC commanditée par le gouvernement guerrier de Justin Trudeau et les plus grands monopoles américains de l'armement. Le ministre belliciste de la Défense nationale Harjit Sajjan, qui devait prendre la parole à un déjeuner sur les lieux un peu après 7 heures, ainsi que les représentants de General Dynamics, fabriquant des véhicules blindés vendus à l'Arabie saoudite, de Raytheon, le plus grand producteur de missiles téléguidés du monde, et de plusieurs autres monopoles de l'armement ont été retardés à cause du piquetage. Les manifestants ont dénoncé la participation du Canada à l'intensification des préparatifs de guerre et l'utilisation de la foire comme occasion pour payer les riches monopoles de l'armement et procurer des armes à des criminels de guerre comme les États-Unis, Israël, l'Arabie saoudite et la Turquie.

L'événement privé accueille des milliers de participants en provenance d'une soixantaine de pays, dont plus de 4 000 représentants du gouvernement canadien, notamment du ministère de la Défense. La foire est organisée par l'Association des industries canadiennes de défense et de sécurité et ses principaux commanditaires cette année, mis à part le gouvernement canadien, étaient la Corporation commerciale canadienne, une société de la couronne qui facilite des accords sur l'achat d'armements entre des entreprises situées au Canada et des gouvernements étrangers, et Lockheed Martin, le plus grand contracteur militaire américain. Parlant des préparatifs de guerre accélérés et de ce que cela signifie pour les producteurs d'armes, la présidente de l'association Chrystyn Cianfarani a dit que les dépenses pour la défense sont généralement à la hausse et que c'est ce qui attire les entreprises.

L'orateur invité, le ministre Sajjan, a loué la contribution des forces armées canadiennes à « la lutte contre le terrorisme, à la protection des civils, aux secours en cas de catastrophes naturelles et à l'effort pour un monde plus pacifique ». Il n'a pas dit un mot indiquant une reconnaissance du sérieux pour l'humanité des horreurs qui ont accompagné les guerres et les déploiements militaires agressifs du dernier siècle ou du déploiement des forces armées sous toutes sortes de prétextes. Il a au contraire dit que les militaires « ont besoin d'être flexibles, agiles et rapides dans leur réaction dans cet environnement de sécurité mondial ».

Le ministre a surtout parlé des « écarts de capacité » des Forces armées canadiennes. Ces écarts ou « sous-investissements », a-t-il dit, concernent les avions de combat et « les combattants de surface ». Mais la capacité de faire quoi ? Dans le contexte où les États-Unis exigent que les pays de l'OTAN augmentent leurs dépenses militaires de façon importante et achètent des armes lourdes, dans le contexte des menaces contre la souveraineté de plusieurs pays d'Europe, du Moyen-Orient et d'Asie, le gouvernement Trudeau est préoccupé par la capacité du Canada à participer à d'autres guerres d'agression des États-Unis.

À cet égard le ministre Sajjan a annoncé que la « nouvelle politique de défense » du Canada, qui sera rendue publique le 7 juin, augmentera les dépenses militaires et établira « un financement prévisible ». Parlant du rôle des fabricants d'armes privés dans le façonnement de la nouvelle politique de défense, il a dit : « Nous devons travailler ensemble, en tant que nation, si nous voulons affronter les menaces auxquelles nous sommes confrontés. » Il a dit que les contracteurs de l'industrie de la défense sont « le moteur de l'innovation » qui va « révolutionner les tactiques militaires » et que les Forces armées canadiennes vont maintenant collaborer avec ces intérêts privés le plus possible pour « donner aux entreprises l'expérience et l'exposition dont elles ont besoin pour réussir sur les marchés mondiaux ».

Le ministre a conclu en disant que la nouvelle politique de défense du Canada va « rendre nos attentes plus claires, formaliser nos intentions d'acquisition et mieux répondre à vos besoins en même temps que nous répondons aux nôtres ».[1]

Parmi les autres orateurs il y avait le chef d'état-major de la défense Jonathan Vance, le vice-chef d'état-major Alain Parent, Steven MacKinnon, secrétaire parlementaire du ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, et le général américain à la retraite Keith Alexander, maintenant président de IronNet Cybersecurity.

Note

1. Voir « Examen de la politique de défense du Canada : Ne laissons pas les fauteurs de guerre décider des questions de guerre et de paix ! », LML, 20 mai 2017

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Le Venezuela riposte aux tentatives étrangères de changement de régime

Les Vénézuéliens se préparent à élire une
Assemblée nationale constituante


« [Le président] Maduro nous a convoqué et me voilà. L'Assemblée constituante nationale
est la voie vers la paix ! »

Alors que s'intensifient les efforts de changement de régime dirigés par les États-Unis et la violence au pays fomentée à l'étrangers, le gouvernement vénézuélien prend des mesures pour résoudre les problèmes sur une base pacifique et ouvrir la voie pour le renouvellement de la Révolution bolivarienne.

Les Vénézuéliens se préparent à élire une Assemblée constituante en juillet dans le but de « transformer l'État, créer un nouveau cadre juridique et rédiger une nouvelle Constitution » qui permettra au peuple de mieux défendre l'indépendance, la souveraineté et le bien-être du Venezuela et exercer le contrôle sur son économie et sa société.


Assemblée rurale de femmes dans l'État de Zulia pour l'Assemblée constituante. (Y. Machado)

Les travailleurs, les femmes, les jeunes, les peuples autochtones, les petits agriculteurs et les pêcheurs et les organisations communautaires voient la convocation d'une Assemblée constituante comme une occasion de discuter des solutions à apporter aux problèmes auxquels le Venezuela est confronté et un moyen de se donner le pouvoir tandis que les forces de l'opposition soutenues par les États-Unis ont appelé au boycottage et continuent leurs attaques violentes.

Le 23 mai, la présidente du Conseil national électoral du Venezuela (CNE), Tibisay Lucena, a tenu une conférence de presse pour annoncer que l'Assemblée constituante nationale sera composée de 364 députés constituants territoriaux et 181 députés sectoriels pour un total de 545 membres élus.[1]

Tous les électeurs éligibles du Venezuela peuvent élire des représentants à l'Assemblée constituante par un vote direct, universel et au scrutin secret. Le processus aboutira à une nouvelle Constitution rédigée par l'Assemblée constituante qui sera soumise à un référendum national. Le référendum sera suivi par des élections à tous les niveaux, des élections régionales en décembre et des élections présidentielles en 2018, comme l'exige la Constitution du Venezuela.

Les 181 députés sectoriels sont composés d'indigènes (8), d'étudiants (24), de paysans et de pêcheurs (8), de patrons (15), de personnes handicapées (5), de retraités (28), de conseillers communaux (24) et de travailleurs (79).

La catégorie sectorielle des travailleurs sera ventilée en sous-sections qui comprennent le pétrole, l'exploitation minière, les industries de base, les entreprises, l'éducation, la santé, le sport, les transports, la construction, la culture, les intellectuels, la presse, la science, la technologie et l'administration publique. Il y aura un délégué national élu pour 83 000 électeurs inscrits dans chaque circonscription sectorielle, à l'exception des délégués des communes et des Conseils communaux qui seront choisis par « la direction communale dans leurs propres États ».

Les candidats seront nommés par leurs pairs dans leurs secteurs respectifs et doivent également être appuyés par au moins trois pour cent des électeurs inscrits dans leur secteur ou leur domaine professionnel.

Un délégué à l'Assemblée constituante élu dans chaque municipalité du pays indépendamment de la taille de la population, et deux délégués seront élus dans chacun des 23 États du Venezuela et dans le district de la capitale, Caracas.

Le 31 mai, un site Web a été lancé pour les Vénézuéliens qui voudraient se présenter aux élections de l'Assemblée constituante pour qu'ils puissent télécharger le formulaire de candidature et commencer à recueillir les signatures des électeurs inscrits. Les candidats doivent :

- être vénézuéliens de la naissance, sans autre citoyenneté ;
- être âgés de 18 ans et plus à la date de l'élection ;
- avoir résidé au Venezuela pendant cinq ans ;
- être inscrits dans le registre électoral.

Les représentants élus du gouvernement, le personnel actif de l'armée, les juges, les ministres et les directeurs de la CNE, entre autres, ne peuvent se présenter aux élections à l'Assemblée constituante.


Le Conseil électoral national du Venezuela a lancé son site Web pour tous ceux qui désirent
se présenter à l'élection de l'Assemblée constituante.

L'Assemblée nationale constituante sera convoquée dans les 72 heures qui suivront les élections pour commencer ses travaux.

Lors d'un rassemblement le 29 mai à Caracas, le président Nicolás Maduro a expliqué le rôle important de l'Assemblée constituante pour aider le peuple vénézuélien à lutter contre la violence contre-révolutionnaire et la poussée pour un changement de régime soutenue par l'étranger. Face aux crises économiques et politiques auxquelles le Venezuela est confronté, devant le refus des forces soutenues par les États-Unis de résoudre les différends par le dialogue et leur détermination à attaquer la révolution bolivarienne du Venezuela et les progrès accomplis pour le bien-être du peuple, le président Maduro a déclaré : « Je confie tout au peuple vénézuélien pour qu'il exerce sa volonté, sa souveraineté totale et absolue. »

La veille, lors de son émission hebdomadaire de télévision du dimanche, le président Maduro a déclaré aux Vénézuéliens : « Que chacun prenne sa décision, si il ou elle veut un vote ou veut des balles, si il ou elle veut une Assemblée constituante ou veut les terroristes guarimbas [violents blocus de rue]. Que chacun décide dans tout le pays. L'un ou l'autre : [...] l'Assemblée constituante ou la violence. L'Assemblée constituante ou les guarimbas. »


Grand rassemblement le 1er juin 2017 dans l'État de Guyana pour l'Assemblée constituante
(E. Rodriguez)

Note

1. Le 1er mai, le président de la République bolivarienne du Venezuela, Nicolás Maduro Moros, a publié deux décrets présidentiels convoquant une Assemblée nationale constituante et une Commission présidentielle responsable de déterminer son fonctionnement et de consulter les Vénézuéliens, en facilitant leur participation. L'article 347 de la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela de 1999 stipule que « le peuple du Venezuela est le détenteur du pouvoir constitutif originel » et que ce pouvoir peut être exercé par une Assemblée constituante « dans le but de transformer l'État, en créant un nouvel ordre juridique et en élaborant une nouvelle Constitution ».

La Constitution du Venezuela permet non seulement à une Assemblée constituante élue d'être convoquée (à l'initiative du président, d'autres ordres de gouvernement ou de citoyens), mais elle interdit au président de s'opposer à ses résultats et à toute autorité étatique d'entraver ses travaux (Articles 348 et 349).

Dans ses décrets, le président Maduro a demandé au peuple vénézuélien de « décider de l'avenir du pays en réaffirmant les principes de l'indépendance, de la souveraineté, de l'égalité, de la paix et de la démocratie participative, pluriethnique et multiculturelle ». Tous les secteurs politiques ont été officiellement invités à participer et encouragés à profiter de la possibilité de résoudre leurs différends de manière démocratique et pacifique.

Pour plus d'informations, voir : « Convocation d'une Assemblée constituante nationale pour ouvrir une voie pacifique au progrès », LML  20 mai 2017

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Les forces contre-révolutionnaires soutenues
par les États-Unis rejettent les élections et
appellent à la violence


Marche à Caracas à la défense de la paix et en appui à l'Assemblée constituante le 26 mai 2017

Quelques heures après que le Conseil électoral national du Venezuela ait annoncé le cadre des élections de l'Assemblée constituante, le président de l'Assemblée nationale, Julio Borges, a rejeté l'annonce du CEN comme étant un « piège ». Borges, qui fait partie de la coalition « Table de l'unité démocratique » (MUD), qui est soutenue par les États-Unis et contrôle l'Assemblée nationale, a annoncé que la MUD va boycotter les élections de l'Assemblée constituante nationale et entreprendre plutôt une « nouvelle phase de lutte ». Borges a déclaré que les élections de l'Assemblée constituante visent à faire dévier les efforts qui sont faits pour renverser le président élu du Venezuela, Nicolás Maduro. Les dirigeants de l'opposition ont donné la même réponse à l'annonce que l'élection des gouverneurs aura lieu le 10 décembre et celle concernant l'élection présidentielle de 2018.


Les bureaux du ministère du Logement à Maracaibo ont été incendiés le 24 mai.  (TeleSUR)

La capitale du Venezuela, Caracas et d'autres villes ont été victimes des violences quotidiennes des éléments contre-révolutionnaires depuis le 4 avril, soit le lendemain de l'adoption par l'Organisation des États américains d'une motion visant à discréditer le Venezuela et déclarant faussement que l'ordre constitutionnel y a été brisé. Soixante-huit vénézuéliens ont été tués dans des circonstances présumément liées aux protestations. Dix de ces morts seraient le résultat de la violence policière ; 15 auraient été causées par les attaques des contre-révolutionnaires contre les supporters du gouvernement ; cinq seraient le résultat indirect des manifestations alors que 29 seraient inexpliquées et neuf décès seraient accidentels.[1]

Le gouvernement vénézuélien a interdit l'utilisation des armes à feu, y compris celles qui tirent des balles en caoutchouc, par la police affectée aux émeutes afin d'éviter que les manifestants ne soient blessés. Les autorités vénézuéliennes montrent du doigt les tentatives de provoquer la violence et même les meurtres ciblés de manifestants pour créer l'apparence d'une violence de l'État et justifier une intervention étrangère au nom de la rupture de l'ordre.

La violence contre-révolutionnaire se limite à de petits groupes dans les petites régions, en particulier les quartiers les plus riches où vivent leurs participants, mais les résultats ont été tragiques. Dans un exemple capté sur vidéo, un jeune afro-vénézuélien, Orlando Jose Figuera, est brûlé vif par des manifestants, présumément pour son soutien à la Révolution bolivarienne. Un autre homme, Carlos Ramirez a été gravement brûlé dans un quartier riche de Caracas après que les agresseurs ont crié : « Ce Chaviste doit mourir, il doit mourir parce qu'il est Chaviste. » Outre les blocages de rue connus sous le nom de guarimbas qui ont entraîné de nombreux décès liés à la circulation, les tactiques communes incluent l'attaque des institutions publiques et l'incendie des institutions publiques. Tôt dans la matinée du 22 mai, plus de 50 autobus ont été incendiés et entièrement détruits au terminus de la ligne Transbolivar dans l'État de Bolivar.


Autobus incendiés dans l'État de Bolivar le 22 mai 2017

Alors que la grande majorité des Vénézuéliens s'opposent aux actions violentes et à l'intervention étrangère, les représentants de la MUD ont fréquemment rencontré des responsables des États-Unis et d'autres responsables étrangers, demandant une intervention contre le gouvernement vénézuélien. Suite à l'annonce des élections de l'Assemblée constituante, la MUD a appelé à une nouvelle violence, annonçant qu'elle « restera dans les rues jusqu'à ce que nos objectifs soient atteints ».

Un autre dirigeant de la MUD soutenue par les États-Unis, Freddy Guevara, a qualifié les élections régionales qui se tiendront en décembre de « piège » et a appelé à encore plus de violence de rue. « Un jour de plus dans la rue c'est un jour de moins du pouvoir de Nicolás Maduro ; continuons à nous attaquer à la dictature », a dit Guevara.

Note

1. Pour une mise à jour, voir « In Detail : The Deaths So Far », Venezuelanalysis.com.

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La manigance impérialiste est éventée à l'Organisation des États américains

Le 31 mai, le Canada, les États-Unis et quelques autres États membres de l'Organisation des États américains (OÉA) ont tenté en vain de faire adopter une déclaration interventionniste contre la République bolivarienne du Venezuela lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OÉA à laquelle les 34 États membres étaient représentés. La réunion de consultation avait été convoquée pour examiner la situation au Venezuela à la suite d'une motion adoptée lors d'une réunion illégale du Conseil permanent de l'OÉA le 3 avril avec la connivence des États-Unis, du Canada, du Mexique et de certains autres États membres.[1]


Le projet de déclaration présenté par les États-Unis, le Canada, le Mexique, le Pérou et le Panama à la réunion ministérielle du 31 mai reprend un certain nombre de demandes des forces d'opposition soutenues par l'étranger au Venezuela, y compris un appel à « mettre fin à la convocation d'une Assemblée nationale constituante telle qu'actuellement conçue ». Il s'agissait d'une ingérence flagrante dans les affaires internes du Venezuela, et ce malgré les déclarations formelles de soutien à la solidarité et à l'amitié avec le peuple vénézuélien.

La ministre des Affaires étrangères du Canada, Chrystia Freeland, s'est vantée avant la rencontre que le Canada utiliserait l'occasion pour « appeler à l'action » sur la question du Venezuela et qu'elle utiliserait son compte Twitter pour inviter les gens à écouter son discours en direct. Elle a aussi joué sur le fait qu'elle et le secrétaire général de l'OÉA, Luis Almagro, ont eu une rencontre privée avant la réunion de l'OÉA. Almagro est celui qui mène la charge avec l'accusation impérialiste contre le gouvernement de Nicolas Maduro à l'OÉA et partout où il peut. Il fait d'ailleurs l'objet de nombreuses critiques pour son engagement personnel dans la campagne contre le Venezuela par l'entremise de l'OÉA, bien qu'il soit un fonctionnaire de l'organisation et est donc tenu de répondre de ses actions aux pays membres.

En conférence de presse le même jour que se tenait la réunion de l’OÉA, le premier ministre de Trinité-et-Tobago Keith Rowley a demandé que Luis Almagro soit démis de ses fonctions pour « ses propos désobligeants » envers le gouvernement du Venezuela et son président. Il a dit que les agissements des dirigeants de l’OÉA ont fait dégénérer la situation en des attaques partisanes et qu’ls pourraient faire la même chose au sein de la CARICOM, citant comme exemple le fait que seulement certains pays membres de cette organisation ont été invités à une rencontre à Washington pour discuter de la situation au Venezuela.

Les efforts interventionnistes du Canada et du groupe minoritaire dont il fait partie ont été entravés par les 15 pays de la Communauté caribéenne (CARICOM), qui ont resserré les rangs et donné un appui unanime à un projet de déclaration qui réitère l'engagement aux principes de non-ingérence et de non-intervention.[2] Tout en exprimant « une grande préoccupation concernant la situation politique, économique et sociale au Venezuela, en particulier l'augmentation de la violence et la polarisation entre le gouvernement et l'opposition », la déclaration des pays des Caraïbes diffère nettement de celle proposée par le Canada et les autres en ce qu'elle ne reprend pas la cause et les revendications des forces antigouvernementales.


  La ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland rencontre le secrétaire général de l'OÉA Luis Almagro à son bureau de Washington le 31 mai 2017 pour discuter de « la situation désespérée au Venezuela ».

Au cours de la réunion de l'OÉA à laquelle tous les États membres étaient présents, des représentants de différents pays sont intervenus pour signaler leur appui à l'un ou l'autre des projets de déclarations.

Il est vite apparu que le groupe interventionniste dirigé par les États-Unis, le Canada et le Mexique ne serait pas en mesure de recueillir le vote à la majorité des deux tiers requis pour faire adopter leur déclaration, ou même à majorité simple. Il était évident qu'ils n'allaient certainement pas pouvoir la faire adopter par consensus. Quand la parole était au Canada, la ministre Freeland a dû se contenter de proposer que la session reste ouverte afin que « la recherche d'une solution » pour le Venezuela puisse se poursuivre au cours des prochaines semaines jusqu'à l'Assemblée générale de l'OÉA qui se tiendra au Mexique les 19 et 20 juin.

C'est précisément ce qu'a fait le président d'assemblée. Après que tous ceux qui ont demandé à parler l'aient fait, le Guatemala, qui préside l'organisation en ce moment, a demandé une pause de 30 minutes et demandé aux membres d'utiliser le temps nécessaire pour essayer de parvenir à un consensus sur la base de points qu'ils avaient en commun, comme en témoignent les deux projets de déclaration, en disant qu'il ne voulait pas d'un vote, que cela « n'avait aucun sens ». La Bolivie a déclaré qu'il y avait deux chemins très différents pour les membres et a demandé le vote. En fin de compte, une motion de la CARICOM demandant la suspension de la réunion et des travaux pour continuer à parvenir à un consensus à l'Assemblée générale, qui a été soutenue par la majorité des personnes présentes, a prévalu et la réunion a été suspendue par le président sans suite.

Qui a dit quoi

Le représentant du Nicaragua, le premier à parler, a déclaré qu'il voulait un rejet ferme et une condamnation sans équivoque de la convocation de la réunion pour intervenir dans les affaires du Venezuela, la qualifiant d'acte illicite et hostile. Il a aussi dit que le deux poids, deux mesures dans le traitement des pays de l'OÉA était inacceptable et que ceux qui veulent véritablement aider devraient commencer par respecter la souveraineté du Venezuela.

Le ministre des Affaires étrangères de la Bolivie a dénoncé les actions agressives et interventionnistes du secrétaire général de l'OÉA, Luis Almagro, qui, dit-il, a contribué à créer un climat de conflit au Venezuela, provoquant la violence et même des morts. S'il y a un réel intérêt à contribuer, ouvrons des espaces de dialogue entre égaux, sans impositions, a-t-il dit. Il a rappelé à tous les participants que chaque État a le droit de choisir sa forme de gouvernement et que les peuples libres n'ont pas besoin de protecteurs ni de tutelle d'autrui.

La représentante de l'Équateur a souligné que s'il faut parler de la démocratie, du droit à la santé, de la violence, de la protection des droits humains et de la séparation des pouvoirs, il faudra regarder ce qui se passe dans les autres pays de l'hémisphère, qui, dit-elle, comprend certains des endroits les plus violents et les plus inégaux au monde.

Le représentant de Trinité-et-Tobago a déclaré que la politique étrangère de son pays reposait sur le respect de la souveraineté, la non-ingérence, l'adhésion au droit international et aux principes de l'Organisation des Nations Unies, qui incluent le droit à l'autodétermination. La déclaration de la CARICOM est conforme à la politique étrangère de Trinité-et-Tobago, a-t-il dit. Il a ajouté que Trinité-et-Tobago ne chercherait pas à déterminer pour tout autre État souverain ce qui constitue une ingérence dans ses affaires intérieures.

Le représentant de Saint-Christophe-et-Niévès s'est prononcé contre les appels à des mesures punitives contre le Venezuela et les déclarations non autorisées faites contre le Venezuela au nom de l'OÉA, censées être adressées au secrétaire général, qui selon lui contreviennent directement à la charte de l'OÉA. Cette position a été reprise dans les remarques des représentants d'autres pays qui ont pris la parole.

Le représentant de Saint-Vincent-et-les-Grenadines a souligné « le respect sans faille » de son pays pour les principes de la souveraineté et de la non-ingérence.

Notes

1. À titre d'information, voir « Dénonçons le sale rôle joué par le Canada ! Ne touchez pas au Venezuela ! », LML, 22 avril 2017

2. La CARICOM comprend : Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, la Barbade, le Belize, la Dominique, Grenade, le Guyana, Haïti, la Jamaïque, Montserrat, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines, le Suriname et Trinité-et-Tobago.

(Avec des informations de OAS.org ete Jamaica Observer)

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Qui est derrière la tentative de coup du département d'État américain au Venezuela?

Créer une image déformée de la crise humanitaire est le point de départ. Dépeindre un pays au bord du gouffre est le prétexte.

Le complot de coup d'État contre le Venezuela a déjà été écrit et présenté. Le 2 mars 2017, lors de la première ronde de pourparlers de l'OÉA, Shannon K. O'Neil (directrice du Conseil des relations extérieures pour l'Amérique latine, CFR) s'est présentée devant le Comité sénatorial des États-Unis pour les relations étrangères avec une panoplie d'actions et de mesures que les États-Unis devaient prendre s'ils voulaient chasser le chavisme du pouvoir politique au Venezuela.

Les joueurs clés du CFR et leur origine

Le Conseil des relations extérieures, ou CFR, est un groupe de réflexion fondé en 1921 avec de l'argent de la Fondation Rockefeller. Il vise à créer un groupe d'experts pour façonner la politique étrangère des États-Unis et inluencer ceux qui ont des postes de direction, y compris celui de président et le département d'État, qui n'agissent  pas selon leurs  propres raisons mais plutôt selon les intérêts de ces lobbyistes.

Depuis sa création, le conseil, qui est composé de 4 500 membres, a placé un certain nombre de hauts fonctionnaires en poste pour mettre en oeuvre la stratégie du CFR. Il s'agit notamment des secrétaires d'État Henry Kissinger, Madeleine Albright et Colin Powell, responsables respectivement de la guerre au Vietnam, en Yougoslavie et en Iraq, et dans le cas de Powell, un important acteur du coup d'État d'avril 2002 au Venezuela.

En outre, un membre honoraire et ex-vice-président du groupe de réflexion a été David Rockefeller, l'ancien propriétaire de la compagnie Standard Oil qui a d'importants intérêts et une grande influence au Venezuela. Sa pénétration dans la vie politique nationale de ce pays a été telle qu'il a été l'un des commanditaires du pacte Punto Fijo qui a donné naissance à la Quatrième République.

Les entreprises qui financent le CFR et l'utilisent comme une plate-forme politique

Les entreprises nées de la dissolution de Standard Oil financent également le CFR, à savoir Chevron et Exxon Mobil. La première a été impliquée dans le financement des sanctions contre le Venezuela et la seconde veut créer des conflits entre la Guyane et le Venezuela afin de profiter des grandes réserves pétrolières situées dans l'Essequibo.

Parmi les financiers de CFR, se trouve la Citibank qui a bloqué l'année dernière les comptes de la Banque centrale du Venezuela et de la Banque du Venezuela, ce qui a eu une incidence sur la capacité du pays à importer des biens essentiels. En novembre 2016, la société financière JP Morgan a eu recours à l'agression financière comme excuse pour déclarer le Venezuela en défaut de paiement et a fait des manipulations qui ont remis en cause la crédibilité financière du Venezuela.

Les deux banques ont visé à nuire à la capacité du Venezuela d'attirer des investissements et des prêts qui auraient stabilisé son économie. Les joueurs les plus agressifs du coup financier et économique contre le Venezuela font partie du CFR. Ces mêmes joueurs sont maintenant responsables de l'élaboration de l'ordre du jour du coup d'État politique, de la même manière que Colin Powell, un membre du CFR, a conçu et armé le coup d'État de 2002 contre Chavez lorsqu'il était le secrétaire d'État de George W. Bush. Maintenant, tout comme par le passé, la MUD (dénommée aujourd'hui la Coalition de l'unité démocratique) répond uniquement à une ligne politique conçue par ces forces de l'establishment, le pouvoir réel qui gouverne les États-Unis.

Présentation devant le sénat des États-Unis

O'Neil n'est rien de plus qu'une déléguée des dirigeants royaux de cette organisation privée. Elle a été chargée de présenter au Comité des relations étrangères du sénat des États-Unis les mesures qui doivent être prises pour changer le cours politique du Venezuela, en utilisant des tactiques de guerre non conventionnelles, comme le soulignent les intérêts des grandes puissances économiques représentées par le CFR.

Les audiences ont commencé par la présentation d'un rapport appuyé par aucun fait tangible ou fiable, à l'effet que la population du Venezuela vit actuellement dans des conditions aussi mauvaises sinon pires que les citoyens du Bangladesh, de la République du Congo et du Mozambique, des pays poussés à une misère extrême par des guerres privées et irrégulières qui visent à piller leurs ressources naturelles.

Créer une image (déformée par les médias) de la crise humanitaire au Venezuela est le point de départ du reste du plan. Dépeindre un pays au point de s'effondrer est le prétexte.

Durant sa présentation, O'Neil a déclaré que la PDVSA est sur le point de manquer à ses obligations de remboursements, en omettant de dire que la compagnie pétrolière d'État continue d'honorer les paiements de sa dette étrangère en respect de ses engagements internationaux. Avant de proposer ces options au gouvernement des États-Unis, la déléguée du CFR a dit que le Venezuela est un endroit stratégique pour les intérêts étasuniens dans l'hémisphère et qu'un effondrement hypothétique de la production pétrolière affecterait les États-Unis (parce que cela ferait monter les prix) tout en affirmant sans aucune preuve à l'appui que les incursions au Venezuela des cartels de la drogue Zetas et Sinaloa représentent une menace pour la région.

Le complot autour du coup d'État

Le CFR propose trois grandes actions politiques pour que les États-Unis mènent à bien dans un avenir immédiat un coup d'État au Venezuela. En raison du poids politique et financier représenté par le Council For Foreign Relations (CFR), les options sont déjà en place (et fonctionnent depuis des mois). En effet, le CFR a ordonné aux dirigeants anti-chavistes de suivre strictement ce manuel de coup.

1. Le CFR propose de poursuivre les sanctions contre les « contrevenants aux droits de l'homme, les narcotrafiquants et les responsables corrompus » afin d'accroître la pression sur le gouvernement vénézuélien. Selon ce scénario, les dirigeants anti-Chavez ont appuyé ces actions et les faux positifs en question, puisqu'il n'y a aucune preuve reliant le vice-président vénézuélien Tareck El Aissami au trafic international de drogue. Même les dirigeants comme Freddy Guevara sont allés à Washington directement pour « exiger » que les sanctions soient prolongées, grâce à l'appui du lobby anti-vénézuélien dirigé par Marco Rubio.


« L'OÉA légalise les coups d'État »

2. Les États-Unis doivent prendre une position plus ferme au sein de l'OÉA pour mettre en oeuvre la Charte démocratique contre le Venezuela, s'assurer de la coopération des pays des Caraïbes et d'Amérique centrale pour appuyer cette initiative qui n'a pas été approuvée jusqu'à maintenant, lors des dernières sessions (illégales) de l'OÉA. La menace de Marco Rubio contre Haïti, la République dominicaine et le Salvador n'a pas été une action isolée mais une manoeuvre coordonnée menée par le Département d'État pour accroître la pression contre les alliances internationales du Venezuela.

Le CFR propose également que le département du Trésor convainque la Chine de retirer son appui au Venezuela pour augmenter la pression politique et économique sur le pays et le gouvernement. La MUD a été un acteur important dans ce scénario, alors que Luis Almagro a exigé que la Charte démocratique soit appliquée contre le Venezuela. À l'occasion de la marche du 19 avril convoquée par la MUD, la dernière déclaration du département d'État étasunien vise non seulement à durcir sa position face au Venezuela pour augmenter la pression de l'OÉA (par la tentative de rassembler le plus grand nombre d'alliés autour de cette critique), mais de légitimer, de façon préméditée, des actes violents et lamentables qui pourraient se produire durant la marche. S'appuyant sur de faux récits tels que l'utilisation de « collectifs » pour supprimer les manifestations et « les tortures » menées par les forces de sécurité de l'État vénézuélien, le département d'État propose d'appeler le 19 avril un point tournant dans l'escalade du siège contre le Venezuela et d'élargir les sanctions contre le pays, les rendant plus agressives et plus directes.

3. Le CFR affirme que les États-Unis devraient collaborer avec la Colombie, le Brésil, la Guyane et les pays des Caraïbes pour se préparer à une éventuelle « augmentation de réfugiés », par la canalisation des ressources du département de l'Agriculture des États-Unis vers diverses ONG et organisations de l'ONU. Mais au-delà de cet avertissement d'une intervention au Venezuela, il existe une véritable opération politique : l'ONG financée par le même département d'État, Human Rights Watch (HRW), a publié aujourd'hui, le 18 avril 2017, un rapport sur la manière dont la « crise humanitaire » s'est propagée au Brésil. Sur la base de témoignages spécifiques et de données gonflées sur l'immigration, HRW a profité de l'occasion pour faire appel aux gouvernements de la région (l'accent est mis sur le Brésil) pour faire pression sur le gouvernement vénézuélien, comme l'exige la stratégie proposée par le CFR. Luis Florido, le dirigeant de Popular Voluntad, est actuellement en tournée au Brésil et en Colombie pour essayer de réactiver l'assaut contre le Venezuela par les pays frontaliers.

Le groupe de réflexion étasunien exige également que ces pays organisent sous la direction des États-Unis et du Fonds monétaire international (FMI) un plan de mise en tutelle financière du Venezuela, qui masque les investissements russes et chinois dans les régions stratégiques du pays. Au cours des derniers jours, Julio Borges a utilisé son rôle au parlement et en tant que porte-parole politique pour continuer le message qui propage le faux récit de la « crise humanitaire » au Venezuela. C'est la même stratégie que celle du CFR qui soutient que les États-Unis devraient accroître leur intervention dans les affaires internes du Venezuela par le biais du département d'État maintenant dirigé par Rex Tillerson et lié à la société pétrolière Exxon Mobil (dont il a été PDG depuis 2007 jusqu'à ce qu'il accepte ce poste public), un financier du CFR.

Les dirigeants de l'opposition entrent en jeu

Ces actions en cours, qui mettent en lumière l'urgence géopolitique à l'oeuvre dans la stratégie du coup d'État contre le Venezuela (en même temps que les dernières déclarations de l'amiral Kurt Tidd du Commandement du Sud des États-Unis sur la nécessité de remplacer la Chine et la Russie en tant qu'alliés de l'Amérique latine), reflètent également la manière dont ils ont délégué la création de la violence, du chaos programmé et des procédures diplomatiques (dans le meilleur des cas ou par l'utilisation exclusive de Luis Florido) à leurs intermédiaires au Venezuela, en particulier les dirigeants des partis radicaux de l'antichavisme. Ces actions menées par les États-Unis (et les entreprises qui gèrent leur politique étrangère) mènent à un but final : l'intervention par des moyens militaires limités et par des mesures financières.

Comment justifier l'intervention

La preuve présentée par le président Nicolas Maduro lie les dirigeants de Primero Justicia au financement du vandalisme contre les institutions publiques (le cas du TSJ à Chacao). Au-delà de ce cas particulier, ce que cela révèle c'est la promotion très probable de facteurs para-criminels, irréguliers et mercenaires (alliés et politiquement dirigés) pour escalader et encourager la violence afin de légitimer la position du département d'État.

La MUD, dont le nom est mal choisi, est une ambassade privée qui fonctionne sur la base des grands intérêts économiques de ces puissances en place, qui sont essentielles pour que sa stratégie progresse. Que ces stratégies puissent suivre le rythme de ce mouvement dans son ensemble dépendra de ce que leurs partisans peuvent accomplir sur le terrain. En dépit des tactiques de la guerre financière et politique mises en place par ces pouvoirs (le blocus financier, l'assaut diplomatique international, l'attaque programmée contre les paiements de la PDVSA, etc.) et les manoeuvres du département d'État, pour créer toutes les conditions pour exercer une pression, un siège et un besoin de financement de leurs agents au Venezuela, le point de rupture tant désiré au Venezuela n'a pas encore été atteint.

Mais pour ceux qui ont financé et conçu cet ordre du jour contre le Venezuela, il est important que ce point de rupture arrive le plus tôt possible.

(27 avril 2017. Traduction : LML)

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Le scénario de destruction de la révolution bolivarienne a été écrit à Washington


Les manifestations au Venezuela sont devenues plus violentes et mieux organisées selon une stratégie de guerre non-conventionnelle.


Enfreindre la loi, créer un gouvernement parallèle, organiser des institutions économiques alternatives, harceler des fonctionnaires, détruire la propriété, faire du stockage de denrées, manifester, empêcher des événements sociaux, boycotter des élections, perturber des écoles, avoir recours à de fausses identités, chercher à se faire arrêter, entreprendre des grèves de la faim et submerger les systèmes administratifs de l'État -- voilà quelques-unes des 198 méthodes utilisées pour renverser des gouvernements proposées il y a plus de quarante ans par l'expert en coups d'État de la CIA, Gene Sharp.

Il serait difficile de trouver ne serait-ce qu'une seule de ces techniques qui n'a pas été utilisée contre la révolution bolivarienne vénézuélienne.

Depuis plusieurs années, l'administration du président Nicolas Maduro fait face à des attaques particulièrement intenses et à la mise en oeuvre d'une soi-disant Guerre non-conventionnelle qui mise sur la manipulation psychologique, la contestation sociale, les coups d'État et, par moments, la lutte armée.

Différentes des conflits traditionnels, ces guerres non-conventionnelles misent sur l'incitation à des confrontations entre les autorités et la population afin de miner la capacité du gouvernement de fonctionner, ce qui mène à son renversement sans intervention militaire étrangère.

Peut-être le meilleur exemple de ce genre de guerre est-il l'opération menée par les États-Unis et les puissances occidentales contre le gouvernement de Mouammar Kadhafi en Libye. Des groupes d'opposition armés et recevant leurs conseils de l'étranger ont accompli le sale boulot sur le terrain tandis que l'OTAN les appuyait du haut des airs et que l'industrie médiatique transnationale s'affairait à manipulait les faits présentés au public.

Le Venezuela, une étude de cas

Dès qu'il est devenu possible qu'un dirigeant indépendant comme Hugo Chavez parvienne à remporter la présidence, dans un pays qui possède les plus importantes réserves de pétrole au monde, une stratégie a été mise en branle pour le renverser.

Comme la 4e République était complètement discréditée, la première étape a été d'organiser une nouvelle opposition et de recruter de nouveaux dirigeants. C'est l'Agence de développement international des États-Unis (USAID) qui a fait parvenir des fonds qui allaient servir à créer des partis politiques et à former plusieurs des dirigeants de l'actuelle Coalition de l'Unité démocratique (MUD).


Le même jour où trois millions de personnes ont marché à Caracas en appui à Nicolás Maduro, les manifestations beaucoup plus petites de l'opposition ont fait les manchettes.

Dans des manuels des Forces spéciales des États-Unis comme le Circulaire de formation 18-01, on définit sept différentes étapes d'une guerre non-conventionnelle. D'abord il y a les « préparatifs psychologiques » qui visent à unifier la population en opposition au gouvernement de même que le « contact initial » des agents des services spéciaux sur le terrain. Les étapes subséquentes comprennent l'extension des actions antigouvernementales et la préparation d'une « transition » au cours de laquelle le contrôle du pays par le gouvernement national est remis en cause.

Bien que la tentative de coup d'État de 2002 ait été un échec, grâce à la mobilisation massive du peuple vénézuélien, l'idée d'organiser des manifestations de rue n'a jamais été abandonnée. Ainsi Chavez a dû faire face à des manifestations et à du sabotage d'intensité variée jusqu'à ses tout derniers jours.

Lorsque le dirigeant bolivarien est mort en mars 2013 et que son successeur Nicolas Maduro a pris la relève, la droite et ses conseillers étrangers ont mis en oeuvre les tactiques les plus agressives de leur stratégie de guerre non-conventionnelle dans l'espoir d'asséner un coup fatal à la révolution.

Plus que des barricades de rue

Les actions récentes de contestation de plus en plus violentes au Venezuela rappellent les barricades et les combats de rue (guarimbas) qui ont eu lieu en février 2014 et qui ont provoqué la mort de 43 personnes et dans lesquelles plus de 800 personnes ont été blessées.

À ce moment-là, les extrémistes qui se sont manifestés dans des actions soi-disant composées d'étudiants ont même suspendu des fils d'acier dans les rues pour décapiter les motocyclistes. Ils ont causé des millions de dollars de dommages à la propriété publique dans le but de répandre un climat de panique et de paralyser le pays.

Par contre, la récente vague de violence semble mieux organisée et plus étendue. Certains des incidents rapportés sont totalement gratuits et insensés.

L'attaque par des gangs d'opposition armés contre l'hôpital de maternité et la pouponnière Hugo Rafael Chavez Frias alors que 54 enfants étaient à l'intérieur de l'édifice serait déclarée crime de guerre par tout tribunal international.

Il n'est pas difficile d'identifier les groupes organisés dans les manifestations, avec leurs boucliers, leurs masques à gaz et les objets contondants qu'ils manient. Si ces protestations sont pacifiques comme on aime à le dire, pourquoi ces jeunes s'y présentent-ils prêts au combat ?

Une vidéo publiée récemment par les autorités vénézuéliennes montre une douzaine de jeunes portant des masques et fabriquant des cocktails Molotov pendant une marche dans le quartier huppé d'Altamira dans l'est de Caracas.

Après l'arrestation de Nixon Leal, un individu violent lié à plusieurs dirigeants de MUD, le vice-président Tareck El Aissami a présenté les preuves qui montrent clairement comment les bandes armées sont organisées pour mener des confrontations ouvertes contre le gouvernement à Caracas et dans d'autres villes importantes, conformément aux étapes décrites dans la stratégie de guerre non-conventionnelle. Les menaces contre les autorités ne sont pas que physiques. Elles cherchent aussi à provoquer l'humiliation comme on l'a vu récemment avec l'utilisation d'excréments humains dans la fabrication de bombes artisanales baptisées « puputovs ».

Guerre symbolique/Fausses nouvelles

Un des aspects d'une guerre non-conventionnelle et un élément clé de son succès est la dimension symbolique, en particulier la construction de réalités via les médias de masse, en particulier dans des sociétés hyperconnectées où on se fie aux réseaux sociaux pour savoir ce qui se passe à peine quelques mètres de chez soi.

Parfois avec une plus grande intensité que ce qu'on voit dans les rues, le cyberespace vénézuélien prend les allures d'un champ de bataille où il est difficile de distinguer entre ce qui est de l'information exacte et ce que les autorités ont identifié comme étant des fausses nouvelles, ou des « faux positifs ».

Une image qui a fait le tour du monde montre deux jeunes vénézuéliens, nus et attachés à un arbre dans l'État de Tachira, qui semblent avoir été victimes d'une attaque physique. Plusieurs médias internationaux, y compris certains médias latino-américains, ont dit que les jeunes avaient été victimes de « bandes » chavistas, alors qu'il s'agissait en fait d'un incident lié à une activité criminelle non politique où les résidents de la région ont décidé de se faire justice eux-mêmes.

L'industrie médiatique internationale se sert du choix de sujets comme d'une arme. Le même jour où trois millions de personnes marchaient à Caracas pour exprimer leur appui à Nicolas Maduro, ce qui a dominé la une des principaux sites web et des quotidiens ce sont les manifestations de l'opposition où la participation était beaucoup plus faible.

Parmi les tactiques de guerre non-conventionnelle on compte aussi la création de symboles auxquels tout groupe peut s'identifier. L'image d'une femme vêtue du drapeau vénézuélien et debout devant un véhicule armé de la Garde nationale bolivarienne a été publiée à répétition pour devenir l'icône des manifestants.

Il y a aussi les nombreux photographes massés autour de ce jeune violoniste pendant une manifestation de l'opposition. Il est difficile de voir cet incident comme un acte spontané et non comme une mise en scène bien orchestrée.

La solution

La droite vénézuélienne, qui est traditionnellement divisée par ses conflits personnels et son lot d'individus qui s'entre-déchirent pour le pouvoir, est, au contraire, unie dans la mise en oeuvre du scénario de guerre non-conventionnelle conçue à Washington. Le seul point qu'ils ont en commun est la violence.

Les appels répétés aux manifestations de rue en dépit du fait que cette ronde de guarimbas a déjà coûté la vie à quarante personnes ainsi que le refus de l'opposition de participer à l'Assemblée constituante indiquent clairement que la seule solution selon l'opposition est de mettre un terme à la révolution par tous les moyens et peu importe les conséquences.

La continuité du projet social initié par Hugo Chavez, qui a à tout jamais transformé la réalité de ce pays en faveur des pauvres, n'est pas l'unique enjeu.

Le succès de la stratégie de l'opposition pourrait devenir un point de référence funeste pour le recours à la guerre non-conventionnelle et s'ajouter à la liste des coups, des interventions militaires et des opérations secrètes qui portent le sceau de l'activité de Washington en Amérique latine.

(Granma International, le 25 mai 2017. Traduction : LML. Photos : AVN)

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