Numéro 22 - 3 juin 2017
150e anniversaire de la
Confédération
Rejetons l'hypocrisie du gouvernement
au sujet de ses responsabilités
et engagements envers
les peuples autochtones
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150e
anniversaire
de
la
Confédération
• Rejetons l'hypocrisie du gouvernement au
sujet de ses responsabilités et engagements envers les peuples
autochtones
• Ne laissons pas le gouvernement Trudeau s'en
sauver avec ses manigances
sur l'Enquête nationale ! -
Philip Fernandez
• Lettre ouverte à la commissaire de
l'Enquête Marion Buller
• Idle No More appelle à une
journée d'action nationale à la Fête du Canada
• Soutenons les Mi'kmaq qui demandent que le
nom Amherst soit retiré d'un site historique à
l'Île-du-Prince-Édouard
• Impertinentes célébrations de
Parcs Canada au Manoir
Papineau - Chantier politique
La lutte contre le
saccage du secteur maritime et du transport
• La privatisation et la
déréglementation au service de l'oligarchie
financière et de l'édification d'empire ne sont pas une
modernisation - Louis Lang
• Non à l'utilisation d'enregistreurs
audio-vidéo dans les locomotives pour espionner les travailleurs!
- Pierre Chénier
• Le gouvernement libéral de Justin
Trudeau cherche à espionner les travailleurs du rail
• Discipline et économie moderne -
K.C.
Adams
• «Pas question d'accepter le
démantèlement du cabotage et de la réglementation
ou la privatisation» - Entrevue avec Terry Engler,
président de la section locale 400 du Syndicat international des
débardeurs et magasiniers
Intégration
économique de la Forteresse Amérique du Nord
• Les défis d'un nouveau projet
d'édification nationale
Foire annuelle de
l'armement à Ottawa
• Militant piquetage contre la militarisation
et la guerre
Le Venezuela riposte
aux tentatives étrangères de changement de régime
• Les Vénézuéliens se
préparent à élire une Assemblée nationale
constituante
• Les forces contre-révolutionnaires
soutenues par les États-Unis rejettent les élections et
appellent à la violence
• La manigance impérialiste est
éventée à l'Organisation des États
américains
• Qui est derrière la tentative de coup
du département d'État américain au Venezuela? -
Mision
Verdad
• Le scénario de destruction de la
révolution bolivarienne a été écrit
à Washington - Sergio Alejandro Gomez
150e anniversaire de la
Confédération
Rejetons l'hypocrisie du gouvernement au sujet de ses
responsabilités et engagements envers les peuples autochtones
Le Gouvernement du Canada utilise un double langage
quand il parle de respecter les droits des peuples autochtones. Cela
lui permet de détourner l'attention de sa négligence
criminelle envers eux, sans parler de ses agissements inacceptables sur
tous les autres fronts. En février il a créé un
« Groupe de travail de ministres chargé d'examiner
les lois et les politiques liées aux autochtones »
pour « examiner la relation avec les autochtones »[1] et cette semaine le premier ministre a
demandé au pape François de présenter des excuses
pour
les crimes commis par l'Église catholique dans les pensionnats
autochtones au Canada.[2] Ces
pensionnats ont été créés par le
gouvernement colonial pour assimiler les peuples autochtones au
« mode de vie européen », autrement dit
pour commettre le génocide contre eux en les privant de leur
identité et de leur droit collectif à l'existence. Plus
récemment, le gouvernement a été forcé, par
la persistance des familles, d'arrêter de se traîner les
pieds dans l'Enquête nationale sur les femmes et filles
autochtones disparues et assassinées.
« Des excuses pour les écoles résidentielles, c'est
bien, mais pour quand les excuses pour les résidences? »
« Nous ne serions pas un bon arrière-plan pour une
séance de photos. »
|
Dans le communiqué du 22 février
annonçant la création du Groupe de travail, le
gouvernement dit que le groupe en question
« passera en revue les lois, politiques et pratiques
opérationnelles
pertinentes du gouvernement fédéral, pour veiller
à ce que la Couronne : remplisse ses obligations
constitutionnelles en ce qui concerne les droits ancestraux et les
droits issus de traités ; respecte les normes
internationales en matière de droits de la personne, y compris
la Déclaration des
Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ; et appuie
la mise en oeuvre des appels à l'action de la Commission de
vérité et réconciliation ». Le
communiqué cite le premier ministre :
« Aujourd'hui, nous tenons l'engagement que
nous avions pris envers les Premières Nations, les Inuits et les
Métis ainsi que tous les Canadiens, qui consistait à
examiner les lois et les politiques liées aux autochtones. Le
Groupe de travail de ministres travaillera en partenariat avec les
dirigeants
autochtones et un vaste éventail d'intervenants, dont des
jeunes. Il sera chargé d'examiner et de recommander les
changements qui doivent être apportés aux lois et les
nouvelles politiques qui doivent être formulées pour que
nous puissions mieux respecter nos obligations constitutionnelles et
nos
engagements internationaux envers les autochtones. Grâce à
cette initiative et à d'autres mesures que nous avons prises
récemment, nous cheminons vers le renouvellement complet de la
relation de nation à nation du Canada avec les
autochtones. »
Voilà toute la
duplicité de l'affaire. Lorsque le
gouvernement Trudeau parle d'un « renouvellement complet de
la relation de nation à nation du Canada avec les
autochtones », il ne parle pas d'un renouvellement
défini par les peuples autochtones. C'est un
« renouvellement »
défini de manière à convenir aux
intérêts privés de l'oligarchie financière
internationale qui a besoin d'un accès aux ressources qui se
trouvent dans le sol des territoires des peuples autochtones et de
surmonter les « obstacles ». Tout ce que fait le
gouvernement
Trudeau va dans le sens d'éliminer la résistance des
autochtones et leur lutte pour affirmer leur droit à l'existence
et d'être maîtres de leur destin.
Or, tout le discours du premier ministre à
l'effet de « renouveler la relation de nation à
nation avec les autochtones » ne change rien au fait que le
Gouvernement du Canada et le cabinet fédéral n'ont aucune
intention de renoncer au contrôle du pouvoir décisionnel
sur les
questions qui concernent les peuples autochtones. Le fait que le
nouveau Groupe de travail ne parle même pas des peuples
autochtones et préfère parler de « chefs
autochtones et un vaste éventail d'intervenants, dont les
jeunes » montre qu'il continue de nier qu'ils sont des
peuples souverains
ayant le droit de s'autodéterminer et des droits qui leur
appartiennent du fait de leur existence. Ces définitions
laissent voir clairement où s'en va le gouvernement libral sur
cette question.
La création du « Groupe de travail de
ministres » doit être vue à la lumière
des faits et gestes du gouvernement libéral par rapport à
la relation entre la Couronne et les peuples autochtones depuis qu'il
est arrivé au pouvoir le 19
octobre 2015. On verra qu'il s'agit d'une farce cruelle aux
dépens des autochtones et des Canadiens. Le but visé est
de priver encore plus les peuples autochtones de leurs droits, de
subvertir leur résistance à la duplicité du
gouvernement Trudeau et d'attaquer l'unité politique des
Canadiens, des
Québécois et des peuples autochtones.
Depuis qu'ils sont arrivés au pouvoir, les
libéraux se sont avérés aussi
déterminés que leur prédécesseur, le
gouvernement conservateur de Stephen Harper, à bafouer les
droits ancestraux, politiques et issus de traités des peuples
autochtones tout en en parlant dans les
termes les plus respectueux. Qu'ont-ils fait en pratique pour garantir
les droits issus de traités, comme le droit à une eau
potable sécuritaire, un problème qui perdure depuis si
longtemps dans près de 90 communautés des
Premières Nations ? Où sont les mesures urgentes
promises pour assurer des logements protégés contre le
feu pour les communautés des Premières Nations suite aux
mortalités survenues dans des logements inhabitables ?
Pourquoi le gouvernement Trudeau refuse-t-il d'accélérer
le versement des indemnisations aux victimes des
pensionnats et tente-t-il, comme le gouvernement Harper avant lui, de
refuser toute justice et indemnisation aux victimes en invoquant des
technicalités, comme dans le cas des enfants internés au
pensionnat de Saint-Anne à Fort Albany, en Ontario ?
En ce qui concerne le besoin pressant de
rétablir le financement des programmes desservant les enfants et
les familles des Premières Nations et de les financer
adéquatement, les
libéraux refusent toujours de respecter l'ordonnance du Tribunal
canadien des droits de la personne. Et ce en dépit de la plainte
déposée
par la Dre Cindy Blackstock et la Société de soutien
à l'enfance et à la famille des Premières Nations
du Canada il y a plus de dix ans et suite à deux avertissements
antérieurs du Tribunal. Les enfants autochtones continuent
d'être enlevés par les agences d'État en
nombres record et placés dans des foyers d'accueil loin de leurs
communautés. Le 30 mai, le Tribunal des droits de la
personne a émis une troisième ordonnance au gouvernement
fédéral l'enjoignant de s'acquitter de son obligation de
financer entièrement les programmes et services
desservant les enfants autochtones.
Quelle justification
pourrait-il y avoir à ne pas répondre à ces
besoins criants, qui sont dans bien des cas une question de vie et de
mort, sans parler du fait que le gouvernement continue de se
traîner les pieds dans l'Enquête nationale sur les femmes
et filles autochtones disparues et
assassinées ?
Un des objectifs déclarés du Groupe de
travail établi par le premier ministre est de
« décoloniser la Loi sur les Indiens
» et sur cette base renouveler les relations de nation
à nation avec les peuples autochtones. C'est un engagement
totalement vide de sens de ce
gouvernement qui aime utiliser des expressions à la mode et un
langage « correct » pour nier les revendications
et cacher son refus de répondre du non-respect des droits des
peuples autochtones. La reconnaissance de ces droits est essentielle
à l'élimination des relations coloniales du Canada
avec ses nations autochtones et à l'établissement de
relations dignes du nom. Ce Groupe de travail et ses
« objectifs » sont une manoeuvre politique
grossière pour déshabiliter les Premières Nations
encore plus et éliminer une fois pour toutes leurs droits
ancestraux et issus de
traités et leurs droits et réclamations politiques.
La décolonisation du
Canada est un
problème posé et à résoudre pour les
peuples autochtones et les peuples canadien et québécois,
tâche à laquelle le mouvement politique du peuple
s'attaque avec tout le sérieux que cela demande. Cela s'inscrit
dans le renouveau en
profondeur de la société requis pour mettre fin aux
institutions et arrangements politiques anachroniques qui
privent les peuples de leur droit d'être les décideurs et
d'exercer un contrôle sur leur vie.
L'histoire offre une occasion historique d'intensifier
le travail pour le renouveau politique. La justice doit être
rendue aux peuples autochtones pour les privations actuelles et pour
les injustices historiques dont le Canada est responsable, pour que les
peuples autochtones et ceux qui sont venus s'installer au Canada
puissent aller de l'avant
ensemble. Il faut établir un Canada populaire, moderne et
démocratique par une union égale et librement consentie
des peuples qui le composent. Une constitution conçue au Canada
doit reconnaître et codifier dans la loi la souveraineté
et
le droit à l'autodétermination des peuples autochtones
et de la nation du Québec ainsi que les droits de
citoyenneté tels que définis par le peuple
lui-même sur une base moderne.
Note
1. Le groupe comprend six ministres
fédéraux, soit la ministre des Affaires autochtones
Carolyn Bennett, le ministre des Pêches Dominic LeBlanc, la
ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould, la ministre de la
Santé Jane Philpott, le ministre de la Famille Jean-Yves Duclos
et
le ministre des Ressources naturelles Jim Carr.
2. On rapporte que le 29 mai, lors d'un
entretien privé avec le pape François, le premier
ministre a abordé le sujet de la présentation
d'« excuses papales » au nom des administrateurs
de l'Église catholique des pensionnats autochtones.
Ne laissons pas le gouvernement Trudeau s'en
sauver
avec ses manigances sur l'Enquête nationale !
- Philip Fernandez -
27e Marche commémorative annuelle des femmes, Vancouver le 14
février 2017
Les audiences de l'Enquête nationale sur les
femmes et les filles autochtones tuées et disparues (ENFFADA)
ont commencé le 30 mai. Le fait que les audiences aient
enfin lieu, après près d'un an et demi d'attente, est
dû à la persistance des familles et au tollé
provoqué par l'annonce antérieure que ces audiences
seraient retardées jusqu'à l'été. Trois
jours d'audiences ont eu lieu jusqu'à présent à
Whitehorse, au Yukon.
Le gouvernement Trudeau a
lancé l'Enquête
nationale le 8 décembre 2015. Depuis, très peu
a
été fait pour accélérer les choses et cela
fait pourtant plus de 40 ans que les familles des victimes et
leurs défenseurs exigent que la crise des femmes et des filles
autochtones disparues et assassinées soit résolue. Les
familles des victimes et leurs défenseurs veulent que justice
soit faite et elles ont besoin de faire leur deuil pour les plus
de 4 000 femmes et filles autochtones tuées et
disparues depuis les années 1980. Elles veulent honorer
leurs mémoires en mettant fin à cette
épidémie de violence contre les femmes autochtones au
Canada.
Le gouvernement a nommé cinq personnes
autochtones pour diriger les travaux de la Commission. Toutes ont
exprimé leur volonté de faire leur devoir. Toutefois,
leurs efforts ont été constamment entravés par des
divergences sur les objectifs de l'enquête. Les demandes et les
préoccupations soulevées par les familles des victimes
ainsi que par des organisations comme l'Association des femmes
autochtones du Canada (AFAC), la Coalition sur les femmes et les filles
autochtones disparues et assassinées de la Colombie-Britannique
et les Familles des Soeurs par l'esprit ont mis en lumière les
lacunes de l'enquête. En fait, avant même l'annonce de
l'enquête, elles ont dû se battre pour leur droit d'avoir
un rôle prépondérant dans la préparation du
mandat et du cadre de l'enquête. Ces préoccupations
viennent de leur expérience d'avoir été exclues
politiquement de tels mécanismes par le passé. Par
exemple, la Commission d'enquête sur les femmes disparues en
Colombie-Britannique de 2010 avait refusé que la Coalition
sur les femmes et les filles autochtones assassinées et
disparues participe aux travaux et pourtant il s'agit d'une
organisation qui
représente un grand nombre de groupes et de familles qui
voulaient mettre fin à la violence et au meurtre de femmes et de
filles autochtones dans cette province.
Bien que les audiences aient commencé, une
préoccupation majeure est que, dès le début, les
libéraux ont imposé le contrôle politique de
l'enquête et ont fixé son cadre de
référence, qui est de se pencher sur :
« les causes systémiques
de toutes les formes de violence, y compris la violence sexuelle,
à l'égard des femmes, des filles et des LGBTAB
autochtones au Canada ; les causes sociales, économiques,
culturelles, institutionnelles et historiques sous-jacentes qui
contribuent à perpétuer la violence et les
vulnérabilités
particulières des femmes, des filles et des LGBTAB autochtones
au Canada ; les politiques et les pratiques institutionnelles
mises en place en réponse à la violence à
l'égard des femmes, des filles et des LGBTAB autochtones au
Canada, y compris le recensement et l'examen des pratiques
éprouvées de réduction de la violence et de
renforcement de la sécurité. »
Nulle part est-il même admis que les agences et
les agents de la Couronne se livrent à des actes de violence
contre les femmes et les filles autochtones aujourd'hui.
Également, le fait que les raisons pour lesquelles des cas de
disparition de femmes et de filles continuent de ne pas être
résolus ne seront pas
examinées montre le manque de sérieux de l'Enquête.
Tous les efforts faits par les familles et les groupes de
défense pour faire connaître leurs inquiétudes au
sujet du mandat et du cadre de l'enquête, y compris l'omission du
rôle de la police, de l'État canadien et de ses relations
coloniales avec les peuples autochtones, ont été
bloqués.
Le 16 mai, l'AFAC a publié sa
deuxième fiche de rendement de l'Enquête nationale et lui
a donné une note négative. En expliquant le contexte de
la publication de la deuxième fiche de rendement (la
première a été publiée au début
de 2017), la
présidente intérimaire de l'AFAC, Francyne D. Joe, a
expliqué : « Des mois se sont
écoulés depuis le début de l'enquête et nous
ne pouvons plus nous permettre d'être gentilles. Les familles
sont bouleversées, elles se découragent et nous voulons
voir les
commissaires prendre des mesures pour que cette enquête donne la
priorité aux familles et soit respectueuse des femmes disparues
et assassinées. » Elle a ajouté :
« J'ai très peur que ce ne soit pas une enquête
qui place au premier plan les familles et que celles-ci soient
reléguées au troisième plan. Il y a beaucoup de
discussions autour de l'aspect technique des choses, il y a beaucoup de
discussions autour de l'aspect juridique des choses. Mais il n'y a pas
assez de discussion sur la façon dont les familles vont faire
partie de cette enquête, alors que ce sont elles qui se battent
pour cette enquête depuis des décennies. »
Plusieurs dirigeants autochtones se sont
également exprimés. Dans un article paru le 15 mai
dans le journal en ligne The Lawyer's Daily, la dre Pamela
Palmater, citoyenne mi'kmaq, avocate, auteur, organisatrice pour Idle
No More (Jamais plus l'inaction) et directrice de la chaire en
gouvernance
autochtone à l'Université Ryerson, écrit :
« Le cadre de référence [de l'enquête]
ne contient pas les deux domaines les plus importants pour les
familles, les dirigeants et les défenseurs
autochtones : 1) un examen de tous les dossiers de police
connus touchant les
femmes et les filles autochtones assassinées et disparues
et 2) un examen exhaustif et une enquête complète sur
le comportement de la police, notamment le racisme, la violence
physique et la violence sexuelle des corps de police contre les femmes
et les filles autochtones. Pourtant, ces deux choses sont
spécifiquement exemptées ou protégées
d'examen dans le cadre de référence, ce qui oblige les
témoins qui veulent témoigner sur ces questions à
se tourner à nouveau vers ces mêmes corps policiers qui
ont mené des enquêtes viciées sur la
disparition ou le meurtre de leurs proches ou les mêmes corps
policiers qui n'ont pas agi contre la violence de leurs
agents. »
Le même jour, Christi Belcourt, une artiste
métisse en arts visuels et militante politique, a adressé
une lettre ouverte signée par plus de 50 personnes à
la commissaire en chef de l'ENFFADA, Marion Buller (voir ci-dessous).
La
lettre
soulève
de
nombreuses
préoccupations
au
sujet de l'enquête, notamment quelques questions sur la
possibilité d'ingérence politique dans son travail par
les libéraux de Trudeau comme. Par exemple, le Bureau du Conseil
privé intervient-il dans le travail d'enquête ?
Pouvez-vous démontrer que le Bureau du Conseil privé n'a
pas nui
ou ne nuit pas à l'indépendance de cette
enquête ?
Ces questions ne seraient pas même posées
si le Bureau du Conseil privé n'avait pas un historique
d'ingérence dans le fonctionnement d'enquêtes ou de
commissions pour les rendre inefficaces. Il suffit de rappeler les
efforts incessants du gouvernement précédent, celui de
Stephen Harper, pour
saboter les travaux de la Commission de vérité et
réconciliation sur les pensionnats autochtones de manière
à priver les victimes de toute possibilité d'obtenir
justice et réparation, ainsi que des compensations
financières.
Dans sa réponse du 19 mai à
la lettre ouverte de Mme Belcourt, la commissaire en chef a pris acte
de ces préoccupations soulevées et s'est engagée
à y répondre. Sur la question de l'influence du Bureau du
Conseil privé, Mme Buller rappelle que l'Enquête
nationale est « une créature du
gouvernement » et que le Bureau du Conseil privé
contrôle les cordons de la bourse. De plus, elle fait remarquer
que l'enquête est également assujettie aux
« règles de procédures précises du
gouvernement »
mais que cela n'aura pas d'incidence sur l'indépendance des
travaux et des recommandations de la commission. La commissaire Marion
Buller avoue également que le Bureau du Conseil privé
facture la Commission pour le travail qu'il effectue pour la Commission.
Depuis leur arrivée au pouvoir en
novembre 2015, les libéraux de Justin Trudeau ont
montré qu'ils diffèrent très peu dans les faits du
gouvernement Harper, lequel avait ouvertement
cherché à éteindre les droits ancestraux, les
droits politiques et
les droits issus de traités des peuples autochtones dans tout le
Canada. Les autochtones et les Canadiens avaient été
stupéfaits, lors de l'entrevue de fin d'année 2014
au réseau CBC, d'entendre le premier ministre Harper dire en
réponse à une question sur l'appel à la tenue
d'une enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones
disparues et assassinées : « Pour être
honnête, cela ne fait pas vraiment partie de nos
priorités. »
Maintenant qu'on a vu les
libéraux se
traîner les pieds en ce qui concerne l'Enquête nationale
sur les femmes et les filles autochtones disparues et
assassinées et qu'ils ont limité la portée de
l'enquête de manière à ne pas pouvoir
répondre aux graves
préoccupations des familles, des peuples autochtones et des
Canadiens, beaucoup ont tiré la conclusion qu'ils ne sont pas
différents du gouvernement précédent. Ils veulent
« renouveler » les relations uniquement pour
accomplir ce que tous les gouvernements précédents
du Canada n'ont pas été en mesure de faire :
éteindre les droits autochtones. C'est une tâche
impossible, parce que ces droits appartiennent aux peuples en raison de
leur existence. Ils ne peuvent être ni cédés ni
enlevés ni abandonnés de quelque manière que ce
soit.
L'unité politique des peuples autochtones et de leurs
alliés canadiens doit être renforcée en ce moment
pour s'assurer que ces droits soient reconnus et garantis
concrètement. L'enquête doit être menée de
manière à permettre que justice soit faite, et le
gouvernement ne doit
pas pouvoir agir à sa guise.
Tous à la Journée nationale d'action
du 1er juillet appelée par Idle No More - Jamais
plus l'inaction, dans le cadre du 150e anniversaire de la
Confédération ! Exigeons que l'Enquête
nationale sur les femmes et les filles autochtones tuées et
disparues serve son but
de rendre justice aux victimes et à leurs familles afin de
mettre fin une fois pour toutes à la crise des femmes et des
filles autochtones assassinées et disparues et pour faire
avancer la cause de garantir les droits des autochtones !
Lettre ouverte à la commissaire
de
l'Enquête Marion Buller
Vigile des Familles des Soeurs par l'esprit sur la colline du parlement
le 4 avril 2016
Madame la commissaire,
Partout au pays, des familles, des défenseurs
des droits, des leaders autochtones, des experts et des gens à
la base lancent des cris d'alarme concernant le déroulement de
l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones
disparues et assassinées. Nous reconnaissons que vous et vos
collègues
avez entrepris de relever un défi difficile. Or, il est
maintenant évident que vous devez agir tout de suite pour
réduire les dommages et entreprendre un virage fondamental dans
votre approche pour aller de l'avant en toute crédibilité.
Nous écrivons cette lettre en hommage à
l'esprit des femmes, des filles et des personnes bispirituelles, nos
parents, qui nous inspire à poursuivre la résistance
à la violence systémique qui continue dans ce pays.
Nous sommes très préoccupés par le
manque de communication qui cause angoisse, frustration, confusion et
déception dans ce processus attendu depuis si longtemps. Nous
vous demandons, en tant que dirigeante de cette Enquête, de
retravailler votre approche de façon substantielle pour regagner
notre confiance et faire en sorte que les familles ne soient plus
forcées de revivre des expériences traumatisantes. Nous
partageons entièrement les préoccupations
soulevées ces derniers jours par la Coalition du Manitoba, la
Coalition de la Colombie-Britannique, les organisations autochtones et
les
défenseurs des droits reconnus. Voici quelques-uns des aspects
critiques que vous devez examiner en toute urgence en tant que
commissaire en chef :
Respecter l'esprit de nos soeurs et familles
Nous notons qu'il y a une incohérence dans le
respect des protocoles de cérémonie des peuples
autochtones pour reconnaître et honorer l'esprit de nos soeurs et
de nos familles. Comme indiqué lors de la
préenquête, la cérémonie et la culture
doivent être
intégrées dans tous les aspects du travail de
l'enquête. Nous avons entendu des gens qui ont participé
à des cercles consultatifs ou à des réunions dire
qu'il n'y avait pas assez de temps après la
cérémonie pour accomplir le travail nécessaire.
Dans d'autres cas, on
nous dit qu'il y a absence de cérémonie
appropriée. La Commission doit trouver un juste équilibre
entre le temps requis par les familles et/ou la communauté pour
la cérémonie et le temps nécessaire pour le
travail de l'Enquête, sans compromettre l'un et l'autre.
Nous recommandons une planification adéquate
avec la communauté pour respecter les lois et
cérémonies autochtones là où
l'Enquête tient des audiences. Les communautés ont besoin
de temps pour une discussion entre les aînés et les
acteurs des
cérémonies pour qu'ils puissent aviser la Commission du
temps requis pour respecter les protocoles régionaux et leurs
désirs concernant les prières et les
cérémonies.
Prolongation de l'enquête
Puisque le rapport est attendu pour
le 1er novembre 2017 et que les audiences pour les familles
sont maintenant retardées jusqu'à l'automne, il est
évident que le calendrier de cette enquête est trop court.
Nous sommes en désaccord avec l'évaluation faite par
l'Enquête
nationale (en réponse à la Coalition du Manitoba) qu'une
extension n'est pas nécessaire. Nous recommandons que vous
fassiez tout de suite une demande officielle de prolongation
plutôt que d'attendre. Cela vous permettra d'utiliser
l'été pour revoir l'approche de l'Enquête à
la
lumière des nombreuses préoccupations soulevées
partout au pays, dont celles que nous exprimons ici.
Nos dirigeants
Nous ne comprenons pas pourquoi tant de dirigeants
familiaux, de défenseurs, d'activistes et de militants de la
base (en bref, ceux qui sont connus et respectés dans l'ensemble
du pays et qui ont une grande expertise de ces questions) n'ont pas
été invités à contribuer. C'est
déconcertant et
il s'agit d'une occasion manquée pour ceux qui tiennent à
contribuer au succès de l'enquête.
Sauf votre respect, le refus d'établir des
rapports avec des défenseurs connus et respectés qui ont
mené la charge pour la mise sur pied de cette enquête au
cours des trente dernières années ne renforce en rien
votre indépendance. Nous croyons au contraire que cela mine
votre
capacité à vous acquitter efficacement de votre mandat.
Nous notons que l'absence d'un bureau central et d'un
leadership ayant cette connaissance approfondie placent l'Enquête
en situation de désavantage. Nous vous prions de convoquer un
groupe de travail dès que possible, afin d'aider à
remettre l'enquête sur la bonne voie cet été.
Nous vous invitons instamment à engager un
directeur ou un président parmi les nombreux experts autochtones
reconnus et respectés dans l'ensemble du pays qui serait
chargé de superviser et d'orienter l'Enquête pour qu'elle
respecte la vision énoncée dans son mandat mais aussi, et
surtout,
qu'elle respecte l'esprit et la demande des familles et des
défenseurs des droits durant toutes ces années.
Nous reconnaissons que vous avez retenu les services de
personnes qui sont d'excellents conseillers juridiques. Toutefois, il y
a une perception généralisée et
préoccupante voulant que l'Enquête soit trop
légaliste dans ses opérations jusqu'à
présent et que c'est la vision
légale qui prédomine dans l'exécution du mandat.
Nous vous demandons instamment, en tant que commissaire
en chef, de prendre l'initiative d'exprimer clairement la vision et
l'orientation de l'enquête, avec ouverture et transparence et en
tenant compte des conseils reçus durant la
préenquête concernant les ordres juridiques autochtones.
Les conseils des
aînés et des familles devraient être d'une grande
importance pour vous et plus généralement pour l'ensemble
de l'enquête.
Pour un processus sensible au traumatisme
Des familles nous ont dit avoir été
traumatisées à nouveau lors de la
préenquête. Nous sommes d'accord avec les observations de
la coalition du Manitoba sur le fait que le processus ne semble pas
très sensible au traumatisme vécu par les familles et
notons dans votre réponse
que les commissaires, directeurs et la plupart des autres membres du
personnel de la Commission recevront une formation à cet
égard en juin 2017. Nous vous implorons en tant que
commissaire en chef de bien comprendre à quel point les familles
ont déjà été forcées de revivre
des expériences traumatisantes à cause des retards, du
silence, du manque de communication, de la confusion et les annulations
répétées et comment, à l'inverse, ces
facteurs potentiels de traumatisme pourraient être
éliminés par une ouverture et une transparence beaucoup
plus
grandes et par un calendrier bien arrêté.
Soutien aux familles et aux proches
Les familles et les proches des victimes doivent
être soutenues avec une capacité, des ressources et des
soins nécessaires durant la préparation du processus,
durant le partage d'expérience et après les audiences.
Cela n'est pas du tout évident dans ce que nous voyons
présentement.
Nous demandons :
Les familles auront-elles droit à des
avocats ? Durant l'Enquête sur les femmes disparues de la
Colombie-Britannique, de nombreux avocats sont intervenus mais
très peu de familles ont été
représentées par des avocats. Il est préoccupant
de voir que la leçon n'a pas
été apprise.
Quels mécanismes sont prévus pour assurer
un suivi et un accès adéquat à la guérison
par les méthodes traditionnelles tels que soulevés durant
la préenquête ?
Indépendance
On nous a promis une enquête indépendante
mais plusieurs questions restent sans réponse concernant le
rôle du Bureau du Conseil privé (BCP) dans le processus
décisionnel. Notamment les questions suivantes :
Les dépenses sont-elles approuvées par le
BCP ou par l'Enquête ?
Le BCP a-t-il fait entrave à la capacité
de l'Enquête à soutenir les familles ?
Une partie du budget de l'enquête sert-elle
à couvrir les dépenses des bureaux du BCP ou de
fonctionnaires ?
Pouvez-vous démontrer que le BCP n'a pas nui et
ne nuit pas à l'indépendance de l'Enquête ?
Communications
Les communications désorganisées,
désordonnées et insuffisantes de l'Enquête ont
endommagé sa crédibilité et causé confusion
et frustrations parmi les familles et parmi ceux qui désirent
sincèrement voir l'Enquête réussir. Les
informations
concernant les plans et procédures de l'Enquête sont
souvent diffusées par les médias ou non officiellement
dans les médias sociaux plutôt que de provenir de
l'Enquête ou directement des commissaires. L'absence d'une
stratégie de communication conséquente et ouverte
soulève des questions sur la transparence et la
redevabilité de l'Enquête. Ce manquement peut et doit
être corrigé immédiatement.
L'Enquête doit avoir un plan et une
stratégie de communications clairs. L'information doit
être diffusée par un porte-parole reconnu,
idéalement un commissaire, avec toute la
prévisibilité et fiabilité nécessaires.
L'information doit être diffusée
régulièrement et faire preuve d'ouverture concernant les
procédures, processus et plans d'action.
Droit de participation
Nous vous prions de prolonger la date limite pour les
demandes de statut de participant puisque le processus a
été réalisé jusqu'à maintenant dans
la confusion et le manque de communication et de transparence. Nous
suggérons d'ajouter d'autres dates échéance pour
la soumission
d'autres demandes de participation et demandons que le processus de
soumission soit expliqué clairement aux familles, aux
communautés et aux défenseurs des droits.
En outre, il faut des explications beaucoup plus
claires sur comment l'Enquête prévoit faire participer les
membres des communautés autochtones touchés par des
niveaux extrêmes de violence et les personnes qui ne sont pas
nécessairement comprises dans les audiences dites de familles.
Plus
spécifiquement, nous avons besoin de réponses aux
questions suivantes :
Comment l'Enquête prévoit-elle faire
participer les personnes de la rue ?
Comment les témoignages des personnes
engagées dans les industries du sexe seront-ils inclus ?
Comment l'Enquête prévoit-elle faciliter
les choses pour les personnes qui veulent témoigner sur des
questions liées à la violence policière ?
Comment l'Enquête s'arrangera-t-elle
spécifiquement pour entendre les personnes bispirituelles et
transgenres et les experts qui veulent témoigner à leur
sujet ?
Calendrier
Il faut publier un calendrier clair des
événements et des lieux. Jusqu'à présent
l'Enquête semble enveloppée dans le secret et cela cause
de la confusion. Cela crée entre autres l'impression que la
participation aux cercles consultatifs familiaux et aux autres
réunions se fait par
invitation seulement. Cela laisse des personnes autochtones de la base
qui sont affectées ou concernées sans moyen de soutenir
l'Enquête ou les familles.
C'est le coeur gros que nous apposons nos signatures
à cette lettre. Nous voulons tous que cette Enquête
réussisse au-delà de ce que nous pouvons imaginer. C'est
une occasion qui ne se représentera pas et aucune et aucun
d'entre nous ne peut se permettre un échec. Nous savons que vous
les
commissaires et le personnel partagez notre désir de voir
l'Enquête réussir.
Nous vous demandons de prendre maintenant les mesures
nécessaires pour répondre aux inquiétudes
concernant la viabilité de l'Enquête sans une correction
fondamentale des défaillances structurelles présentement
signalées partout au pays et nous vous demandons de
répondre
à cette lettre en indiquant votre volonté de le faire
d'ici le 22 mai.
Nous demeurons à la disposition de
l'Enquête et vous prions de faire appel à notre
participation.
En souvenir des disparues et avec nos prières
pour qu'elles reviennent à la maison.
(Pour la liste complète des signataires de la
liste, cliquer ici)
Idle No More appelle à une journée
d'action
nationale à la Fête du Canada
Le mouvement Idle No More (Plus jamais l'inaction) et
les Défenseurs de la terre ont lancé un appel
le 15 mai à faire du 1er juillet une journée
d'action nationale « en appui à l'autodétermination
autochtone sur la terre, les territoires et les
ressources ». Idle No More appelle aussi à saisir
l'occasion pour sensibiliser les
gens sur le fait que le cadre constitutionnel du Canada, «
établi il y a 150 ans par l'Acte de l'Amérique
du Nord britannique (1867), a illégalement confisqué
nos terres, territoires et ressources, engendré la Loi sur
les Indiens et tenté d'effacer la juridiction autochtone, et
les autochtones eux-mêmes ».
Il note que « cet
assaut n'a pas cessé. En
fait, il s'est accéléré avec le gouvernement
actuel. Le premier ministre Trudeau approuve des projets
d'oléoducs et continue de miser sur l'exploitation de nos
ressources. Il ne veut pas reconnaître les droits territoriaux
autochtones. Nous allons demander que le gouvernement Trudeau respecte
notre droit
internationalement reconnu à l'autodétermination, y
compris notre droit absolu au ‘consentement préalable,
donné librement et en connaissance de cause' tel
qu'énoncé dans la Déclaration des Nations unies
sur les droits des peuples autochtones. »
Les mouvements du peuple « n'accepteront jamais
les tractations de coulisses visant à affaiblir nos droits,
comme celles conclues durant les rencontres à huis clos du
Conseil des ministres et du Groupe de travail ministériel avec
trois organisations autochtones nationales (Assemblée des
Premières Nations, l'Inuit Tapiriit Kanatami et le Conseil
national métis) présidé par la ministre de la
Justice Jody Wilson-Raybould », affirme Idle No More.
Les revendications de la journée d'action sont
les suivantes :
1) un nouveau processus véritablement
ouvert de reconnaissance de nation à nation qui commence par la
pleine reconnaissance des droits et du titre autochtones collectifs
ainsi que notre pouvoir décisionnel sur tous nos
territoires ;
2) la pleine application des Appels à
l'action de la Commission de vérité et
réconciliation, y compris le rejet des doctrines coloniales de
la découverte et la reconnaissance de l'autodétermination
autochtone ;
3) la pleine application sur le terrain de la
Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples
autochtones.
Pour des mises à jour et plus d'information,
consulter le site Web de Idle No More ici
et la
page Facebook ici.
Soutenons les Mi'kmaq qui demandent que le nom Amherst
soit retiré d'un site historique à
l'Île-du-Prince-Édouard
Depuis 2008, le leader mi'kmaq Keptin John Joe
Stark,
membre de la Confédération mi'kmaq de
l'Île-du-Prince-Édouard, demande au gouvernement de la
province de retirer le nom de Jeffrey Amherst, (le
général britannique notoirement associé à
la distribution de couvertures
infectées de varioles parmi les Mi'kmaq et d'autres peuples
autochtones au XIXe siècle) du site historique de Port-la-Joye
à Rocky Point, dans le havre de Charlottetown.
Keptin Sark fait remarquer que sa contestation vise
aussi le gouvernement libéral actuel de
l'Île-du-Prince-Édouard qui ne respecte pas les droits
ancestraux des Mi'kmaq, notamment leurs revendications territoriales.
Le gouvernement provincial a refusé de l'aider sous
prétexte que les Sites historiques
nationaux sont de compétence fédérale. Au
début de mai de cette année, Keptin Sark a
retourné l'Ordre de l'Île-du-Prince-Édouard qui lui
a été décerné par l'assemblée
législative provinciale.
Keptin Sark soutient que la présence du nom de
Amherst sur le site historique est une insulte aux Mi'kmaq et à
tous les peuples autochtones car il fut un
« tyran » qui a non seulement participé au
massacre militaire documenté des Mi'kmaq et d'autres peuples
autochtones mais a aussi
ordonné la distribution de couvertures contaminées par la
variole parmi eux pour tuer hommes, femmes et enfants.
Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a
également refusé de témoigner du respect pour les
Mi'kmaq et les autres peuples autochtones et de retirer
immédiatement le nom de Amherst. Keptin Sark dit avoir
envoyé plusieurs demandes à ce sujet à la ministre
responsable de Parcs
Canada, Catherine McKenna, proposant plusieurs noms mi'kmaq comme
alternatives, mais en vain.
Dans une lettre récemment publiée dans le
Charlottetown Guardian, Parcs Canada
écrit : « Il est important de noter que le site
ne célèbre pas les actions de Jeffrey Amherst. [...] Les
noms de lieux historiques liés au site servent à
commémorer des
événements qui se sont produits alors que cet endroit
servait de siège du gouvernement pour les gouvernements
coloniaux français et britanniques. »
Le refus de reconnaître les crimes d'un
administrateur colonial militaire ou civil comme Amherst sur les sites
historiques du Canada n'est pas seulement une question de remplacer un
nom
par un autre. L'intransigeance des libéraux au pouvoir à
l'Île-du-Prince-Édouard et au fédéral sert
à
justifier les crimes commis par l'État colonial canadien contre
les peuples autochtones aujourd'hui.
LML lance l'appel à tous à
participer à
la campagne pour exiger le retrait du nom de Jeffrey Amherst du site
historique de Port-la-Joye à
l'Île-du-Prince-Édouard. Écrivez ou
téléphonez à la ministre McKenna :
catherine.mckenna@parl.gc.ca ; Twitter --
@cathmckenna ; téléphone -- (613) 996-5322.
Tous les lieux
qui
portent le nom de Jeffrey Amherst au Canada doivent changer de nom!
Impertinentes célébrations de Parcs
Canada
au Manoir Papineau
- Chantier politique -
Les patriotes qui ont refusé de se réconcilier avec la
Couronne après la défaite de la rébellion ont
affronté la mort et la déportation. Dans le dessin
ci-dessus un officier britannique lit l'ordre d'expulsion après
la défaite de la rébellion des Patriotes, ce à
quoi les Patriotes répondent le point levé : «
Trahison ! »
Le 17 mai, le gouvernement fédéral,
par le biais de Parcs Canada, annonçait le coup d'envoi des
célébrations de Canada 150 au Manoir Papineau, dans
la ville de Montebello, dans la région de l'Outaouais, le
domaine seigneurial de Louis-Joseph Papineau qui a trahi les Patriotes
après la Rébellion de 1837-1838. Nous entendons
souvent parler de ceux qui ont trahi le mouvement
révolutionnaire des Patriotes et qui ont accepté un
« accommodement raisonnable » avec la Couronne
après l'écrasement de la Rébellion.
L'accommodement
raisonnable leur a donné accès au gouvernement et au
pouvoir des institutions pour défendre leur droit à la
propriété privée, et même les droits
seigneuriaux dont ils jouissaient sous le régime de la
Nouvelle-France. Ils ont concilié avec le pouvoir non pas pour
défendre et poursuivre la lutte pour la reconnaissance de la
République mais plutôt pour défendre la monarchie
britannique qui a trahi et usurpé le droit du peuple
d'être le souverain.
Comme Louis-Joseph Papineau, ceux qui ont
recherché l'accommodement sont caractérisés par
leur amour éternel pour les vieilles institutions
françaises et britanniques et leurs descendants ont toujours
occupé un rôle de premier plan dans les arrangements
politiques conçus pour
« ramener les brebis égarées dans le droit
chemin ». Ils disent typiquement que les mouvements
organisés du peuple, et des jeunes en particulier, ne donnent
rien et invitent tous ceux qui ont des griefs à se fier à
ces mêmes institutions qui les lâchent constamment.
Le 25 février 1838, Robert Nelson
écrivait ceci à J-B Ryan fils :
« Papineau nous a abandonné et cela pour des motifs
personnels et familiaux concernant les seigneuries et son amour
invétéré pour les vieilles lois françaises.
Nous pouvons faire bien
sans lui, et mieux que si nous étions avec lui ; c'est un
homme bon seulement pour la parole, mais aucunement pour
l'action. »
La ligne actuelle des historiens officiels et du
gouvernement selon laquelle tous ceux qui ont combattu ont en fait
donné naissance aux institutions démocratiques actuelles
est risible. Dans le fond, tous seraient des patriotes... Même
les soldats britanniques puisqu'ils étaient payés par
l'empire et servaient de
chair à canon. Tout cela pour cacher que ce qui a
été appelé « Constitution »
du Canada n'a eu pour effet que de créer des institutions qui
considèrent les droits comme des privilèges que le
pouvoir exécutif peut retirer ou rendre selon son bon vouloir.
C'est sous le régime de Harper que les
musées ont commencé à avancer l'idée que
« tous » sont patriotes, comme si la cause pour
laquelle des centaines et des milliers de personnes ont lutté
n'avait pas de fondement de classe et d'esprit et pouvait être
à la
fois progressiste et réactionnaire !
Se servir du Manoir Papineau au Québec pour
célébrer cet état de fait dans le cadre de
ce 150e anniversaire du Canada est une véritable insulte au
Québec qui est né dans cette lutte pour
l'indépendance.
La lutte contre le saccage du secteur
maritime et du transport
La privatisation et la déréglementation
au service de l'oligarchie financière et de l'édification
d'empire ne sont pas une modernisation
- Louis Lang -
Le 16 mai dernier, le ministre des Transports Marc
Garneau a présenté le projet de loi C-49, Loi sur la
modernisation des transports, à la Chambre des communes. Le
projet de loi contient des mesures qui modifient la Loi sur les
transports au Canada en ce qui a trait au transport aérien
et ferroviaire.
Le gouvernement libéral de Justin Trudeau dit
vouloir « faire croître l'économie
canadienne » en la modernisant au moyen d'une plus grande
déréglementation et privatisation. Cette direction, qui
n'a rien de neuf, était la politique du gouvernement Harper.
Dans le secteur du transport, le projet de loi C-49 consolide la
direction donnée
par le gouvernement Harper qui est au service des
sociétés monopolistes étrangères. Ce sont
elles qui tirent profit du réseau de corridors de transport du
Canada qui facilitent le commerce international qu'elles dominent. La
direction offerte par Trudeau ne fait rien pour s'attaquer au
déclin sérieux que connaît le secteur manufacturier
avec ses
fermetures d'usines constantes et les pertes de milliers d'emplois.
Dans un discours devant la Chambre de commerce
d'Edmonton le 18 mai 2017, le ministre des Transports Marc
Garneau a confirmé qu'il continue dans la voie des conservateurs
de Stephen Harper. « Au cours des trente dernières
années, les revenus découlant des marchandises
transportées par train ont plus que doublé. La
déréglementation et la privatisation de l'industrie ont
contribué à cette croissance. Le réseau
ferroviaire est ainsi devenu plus productif, efficace et
fiable », a-t-il dit.
Le projet de loi C-49
Les médias monopolisés dans leurs
reportages ont laissé croire que le projet de loi de Garneau sur
le transport consistait uniquement en une Charte des droits des
passagers. Ils ont laissé de côté des
éléments importants qui devraient faire l'objet de
discussion publique. On compte parmi eux :
a) Libéralisation des restrictions en
matière de propriété internationale des
transporteurs aériens canadiens pour offrir aux voyageurs plus
de choix grâce à une meilleure concurrence ;
b) Amélioration de l'accès, de la
transparence, de l'efficacité et de la durabilité de
l'investissement à long terme dans le secteur du transport
ferroviaire des marchandises ;
c) Amélioration de la sécurité des
transports au Canada grâce à l'installation obligatoire
d'enregistreurs audio-vidéo de locomotive. [1]
Le projet de loi C-49 accroît le pourcentage
autorisé de propriété étrangère des
lignes aériennes canadiennes de 29 à 49 %.
Le projet de loi prévoit à ce sujet qu'un investisseur
unique pourra détenir jusqu'à 25 % des
intérêts votants d'un transporteur canadien et qu'un
transporteur international pourra détenir
jusqu'à 25 % d'un transporteur canadien.
Avec le projet de loi C-49, le gouvernement
libéral poursuit dans la voie du gouvernement
précédent de déréglementation et
d'extension des pouvoirs discrétionnaires du Cabinet
fédéral d'intervenir directement dans l'économie
au service de l'oligarchie financière. Le projet de loi C-49
à cet égard donne le droit au ministre des Transports
d'intervenir dans les ententes entre deux entreprises de transport
« s'il estime que l'entente soulève d'importantes
questions d'intérêt public ». Il s'agit
d'ententes qui sont conclues entre deux entreprises ou plus de
transport aérien qui offrent des services à destination,
en provenance ou à l'intérieur du Canada dans lesquelles
elles coordonnent
ou s'entendent sur les détails des opérations comme les
prix, les horaires ou les routes. Ces ententes sont présentement
régies par la Loi sur la concurrence.
En ce qui concerne le Canadien National, le projet de
loi propose que le taux maximum de parts votantes qu'une personne peut
maintenir soit haussé de 15 à 25 %. En ce
moment, l'oligarque de Microsoft Bill Gates est le plus gros
actionnaire du CN, possédant 13 % des actions par le
biais de son fonds
d'investissement. Il en contrôle également 2,3 %
par le biais de la Fondation Bill et Melinda Gates.
En ce qui concerne la question de «
l'accès, de la transparence et de l'efficience » dans
le secteur du commerce ferroviaire de marchandises, le ministre Garneau
a dit que le gouvernement libéral vise par ses mesures à
bâtir « un réseau ferroviaire qui maintient des
tarifs bas et nous permet ainsi d'effectuer nos échanges
commerciaux de
façon concurrentielle et de continuer à occuper un
rôle essentiel dans les chaînes de valeur
mondiales ».
Les remarques de Garneau
faisant
référence à la mondialisation impérialiste
ou à l'édification d'empire en opposition à
l'édification nationale nous rappellent le discours que Stephen
Harper avait fait en 2007 lors des discussions du Partenariat pour
la sécurité et la prospérité avec les
États-Unis et le Mexique. « L'émergence des
chaînes
mondiales comme modèles d'affaires dominants est un facteur
clé de l'échange économique mondial. La
propriété et le niveau de vie canadien peuvent être
maintenus seulement si le Canada devient une plaque tournante
logistique du marché international des marchandises entre
l'Amérique du Nord, l'Asie et l'Europe », avait-il
dit.
Le projet de loi C-49 crée un nouveau
mécanisme appelé Interconnexion de longue distance qui va
remplacer le système actuel d'Interconnexion temporaire
élargie qui est réglementé.
Selon la logique de Garneau, le nouveau
mécanisme d'interconnexion est nécessaire afin de fournir
une « alternative concurrentielle » à des
expéditeurs captifs qui ont accès à une seule
entreprise ferroviaire. Cette mesure vise clairement à
déréglementer le transport ferroviaire au
bénéfice des monopoles qui opèrent surtout aux
États-Unis
en augmentant leur accès au réseau de chemins de fer
canadien.
Pris dans son ensemble, le projet de loi place le
réseau de transport ferroviaire au service des oligopoles, ceux
qui transportent des marchandises comme ceux qui ont des marchandises
à transporter. Il contient une définition vague d'un
service « adéquat et approprié » qui requiert
que les
entreprises fournissent aux expéditeurs le « meilleur
service qui puisse être raisonnablement offert dans les
circonstances ». Des définitions subjectives comme
celles-là, qui ne comprennent pas de conditions
spécifiques ou d'actions précises à entreprendre,
peuvent facilement être manipulées à des fins
intéressées et parfois avec des conséquences
désastreuses.
Dans son discours du 18 mai, le ministre Garneau a
dit avoir à coeur les intérêts des producteurs de
grain qui ont eu à mener des luttes continuelles depuis plus
d'un siècle contre les deux principales entreprises ferroviaires
du Canada. Il a dit que « les producteurs de grain sont
l'âme de l'économie des Prairies. Plus de 60 %
de leurs récoltes sont destinés aux marchés
étrangers, ce qui représente des ventes
supérieures à 15 milliards de dollars. Ces
producteurs méritent d'être desservis correctement et
efficacement par nos compagnies de chemin de fer ».
Garneau évite de façon commode de parler
de la situation sérieuse des producteurs de grain et de la
pression à laquelle ils ont fait face depuis
l'élimination de la Commission canadienne du blé (CCB)
par le gouvernement Harper en 2012. La CCB et son guichet unique
étaient l'assise solide de la manutention et du transport du
grain et
d'un système de mise en marché qui
bénéficiait aux producteurs de grain des Prairies. Les
oligopoles ont voulu priver les fermiers de cette assise et le
gouvernement Harper leur a donné ce qu'ils voulaient. Loin de
restaurer quelque mesure de contrôle des fermiers sur la
production, la mise en marché et le transport du grain, le
projet de loi C-49
va fournir et solidifier le service ferroviaire pour les oligopoles qui
ont bénéficié de l'absence de contrôle du
guichet unique de la CCB.
Un rapport
préparé pour la Commission
canadienne du blé en 2016 a fait une évaluation de
la situation à laquelle les producteurs de grain ont fait face
suite à l'élimination de ce guichet unique :
« En ce qui concerne les producteurs agricoles
des Prairies, l'état actuel de la manutention et du transport du
grain et le système de mise en marché ne les avantagent
pas. Dans les deux dernières années, les producteurs de
grain ont perdu entre 5 et 6 milliards $, ce qui a eu un
impact non seulement sur eux mais sur leurs
communautés locales et les économies provinciales
également... La configuration actuelle de la manutention et du
transport du grain des Prairies et de sa mise en marché n'a pas
donné aux fermiers des Prairies une meilleure part du prix de
l'expédition vers le port et n'a pas produit une meilleure
logistique de transport du grain. »[2]
Dire que le transport par rail et que toutes les
parties du secteur du transport sont importants pour l'économie
canadienne c'est répéter un truisme compte tenu de la
dimension du Canada et de son abondance de ressources que le
système impérialiste d'États convoite. En plus,
tout projet d'édification nationale qui est accompli à
l'extérieur de et
en opposition à l'édification d'empire et au
système impérialiste d'États a besoin d'un
système de transport interne efficace au service d'une
économie de production industrielle de masse entièrement
socialisée et interreliée.
Cela ne sert à rien de répéter ce
que tout le monde sait. Ce qu'il faut c'est renouveler le
système au bénéfice des producteurs
véritables et de l'édification nationale. Cela requiert
non seulement une réglementation mais des restrictions au
pouvoir des oligopoles de priver les Canadiens de leur pouvoir de
contrôler les affaires qui affectent leur
travail, leur vie et leur édification nationale.
Le projet de loi C-49 accroît le pouvoir de
l'oligarchie financière de priver les Canadiens d'un projet
d'édification nationale qui sert leurs intérêts et
ouvre une voie vers l'avant. Le projet de loi subordonne ouvertement
les besoins de transport du Canada aux demandes des bâtisseurs
d'empire mondiaux et prive encore plus les Canadiens de
contrôle sur les affaires qui affectent leur travail et leur
vie. Ce projet de loi doit donc être dénoncé et on
doit s'y opposer fermement. Le projet de loi C-49 poursuit les actions
des gouvernements Harper, Martin, Chrétien et Mulroney visant
à placer le Canada sous la domination de l'oligarchie
financière de Forteresse Amérique du Nord.
Notes
1. Transport Canada
2. « An
Evaluation
of
the
Present
Situation
for
Western
Canada Grain Farmers Within a Historical
Context », Laura Larson (PHD), un rapport
préparé pour la Commission canadienne du blé
le 31 mars 2016 et révisé le 17
avril 2016.
Non à l'utilisation d'enregistreurs
audio-vidéo dans les locomotives pour espionner les travailleurs!
- Pierre Chénier -
Les monopoles du rail saluent les
mesures
organisées par l'État pour espionner
les travailleurs et
nier leurs droits
Le gouvernement libéral a
présenté récemment le projet de loi C-49 qui
oblige les entreprises ferroviaires à installer des
enregistreurs audio-vidéo dans toutes les locomotives. Dans une
attaque surprise, le projet de loi autorise les
compagnies à utiliser les enregistrements pour espionner les
travailleurs. Ce projet de loi ouvre la voie à une
criminalisation accrue des travailleurs ferroviaires et à une
violation encore plus poussée de leurs droits. Ces travailleurs
sont déjà régulièrement frappés de
mesures disciplinaires quand ils rapportent des conditions de travail
non sécuritaires
et montrent des signes de fatigue à cause des horaires
impossibles et du harcèlement constant de leurs employeurs.
Le projet de loi modifie deux lois. D'abord, il modifie
la Loi sur la sécurité ferroviaire pour
interdire aux entreprises de chemin de fer de faire rouler leurs trains
si elles ne les équipent pas d'enregistreurs audio-vidéo.
Les enregistrements qui jusqu'à maintenant pouvaient être
utilisés uniquement par le Bureau de la sécurité
des
transports pour contribuer aux enquêtes dans les cas d'accidents
seront maintenant mis à la disposition des compagnies pour
prendre des mesures disciplinaires contre les travailleurs.
L'autorisation d'un usage privé par les entreprises d'une
information aussi sensible est une première.
Le projet de loi délimite les conditions dans
lesquelles les entreprises peuvent utiliser ce matériel.
On y lit :
« Compagnie --
utilisation des renseignements
17. 91 (1) La compagnie
peut utiliser les
renseignements qu'elle enregistre, recueille ou conserve au titre du
paragraphe 17. 31(1) pour :
a) effectuer des analyses en
application des
articles 13, 47 ou 74 du Règlement de 2015
sur le système de gestion de la sécurité
ferroviaire ;
b) déterminer les
causes et facteurs d'un
accident ou incident à l'égard duquel elle est tenue,
sous le régime de la Loi sur le Bureau canadien
d'enquête sur les accidents de transport et de la
sécurité des transports, de faire rapport au Bureau
canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la
sécurité des transports et qui ne fait
pas l'objet d'une enquête par ce Bureau....
« Utilisation — risque
pour la
sécurité ferroviaire
(3) Si elle utilise des
renseignements en vertu du
paragraphe (1), la compagnie peut également utiliser ces
renseignements pour traiter un risque pour la sécurité
ferroviaire prévu par règlement. »
À noter l'expression « pour traiter un
risque pour la sécurité ferroviaire » . Les
monopoles ferroviaires ont montré dans le passé qu'ils
sont prêts à utiliser toute information pour forcer les
travailleurs à accepter des conditions de travail non
sécuritaires, dangereuses et aggravées au nom de
l'argument pragmatique de l'amélioration de la
productivité et du profit. Ils vont certainement utiliser
l'information comme bon leur semble pour servir leurs
intérêts privés étroits et attaquer les
droits des travailleurs. La fin justifie les moyens, disent-ils, comme
des seigneurs de guerre bâtisseurs d'empires. Les compagnies
considèrent l'espionnage audio et vidéo des travailleurs
comme une arme
de plus pour affaiblir la résistance organisée des
travailleurs à la défense de leur droit à des
conditions de travail décentes, humaines et sécuritaires.
Le projet de loi admet sans
honte que cette
autorisation d'espionner les faits et gestes des employés au
travail est une atteinte au droit à la vie privée et au
droit de conscience. Le projet de loi autorise les monopoles du rail
à faire fi de la législation actuelle qui interdit la
collecte d'information personnelle. Il dit que les compagnies peuvent
espionner les travailleurs « par dérogation à
l'article 5 de la Loi sur la protection des renseignements
personnels et les documents électroniques, dans la mesure
où cet article a trait aux obligations énoncées
dans l'annexe 1 de cette loi relativement à la collecte,
à l'utilisation, à la communication et à la
conservation de
renseignements, et malgré l'article 7 de cette
loi ». (La section 7 limite les circonstances dans
lesquelles une organisation peut collecter de l'information à
l'insu de l'intéressé et sans son consentement -- Note de
LML).
Les sociétés ferroviaires peuvent aussi
utiliser les renseignements fournis par les enregistreurs «
malgré toute disposition d'une loi provinciale essentiellement
semblable à la partie 1 de la loi visée à
l'alinéa a) qui restreint la collecte, l'utilisation, la
communication ou la conservation de renseignements. ».
Le projet de loi modifie aussi la Loi sur le Bureau
canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la
sécurité des transports. Cette loi interdit
l'utilisation de l'information audio-vidéo captée par les
enregistreurs à bord des locomotives par toute autre
organisation que le Bureau de la sécurité des transports
et pour tout autre
motif que les enquêtes dans les cas d'accidents. Le projet de loi
C-49 élimine cette interdiction de la façon
suivante :
« Le présent
article n'a pas pour effet
d'empêcher l'utilisation ou la communication d'un enregistrement
de bord si cette utilisation ou communication est expressément
autorisée sous le régime de la Loi sur
l'aéronautique, de la Loi sur l'Office national de
l'énergie, de la Loi sur la sécurité
ferroviaire ou de la Loi de 2001 sur la marine marchande
du Canada et si, selon le cas :
a) il n'y a pas eu
d'accident de transport -- dont il
doit, sous le régime de la présente loi, être fait
rapport au Bureau -- qui met en cause le moyen de transport lié
à l'enregistrement ;
b) il y a eu un accident de
transport -- dont il doit,
sous le régime de la présente loi, être fait
rapport au Bureau -- qui met en cause le moyen de transport lié
à l'enregistrement, mais qui ne fait pas l'objet d'une
enquête prévue par la présente loi. »
Le Canadien Pacifique a tout de suite traduit ce
langage contourné en ce qu'il signifie réellement pour
les monopoles ferroviaires. Le Canadien Pacifique écrit ceci sur
son site web :
« L'utilisation effective de cette technologie
comprend son utilisation à des fins d'enquête après
accident, de même que l'autorisation aux entreprises d'utiliser
des renseignements de façon aléatoire pour
détecter des choses comme l'altération, l'utilisation des
téléphones cellulaires, les employés qui dorment
et assurer la conformité à d'autres
règles critiques en matière de sécurité.
« L'accès à
l'information serait
limité aux secteurs reliés au respect des règles
et des standards et celle-ci ne serait pas mise à la disposition
des superviseurs des équipages de locomotives. Les
résultats liés aux renseignements seraient abordés
dans le cadre des procédures relatives aux conventions
collectives comme c'est déjà le cas en ce
moment. »
Le CP confirme que l'information recueillie servira
à prouver leurs déclarations que les
accidents sont dus au comportement des travailleurs. Il nie que les
accidents proviennent des procédures opérationnelles
dangereuses et antiouvrières des compagnies, qui
négligent la sécurité dans leur poursuite du
profit privé. Le CP et les autres
comme lui disent que les travailleurs doivent accepter les conditions
de travail dangereuses et mauvaises pour le bien de la compagnie et que
ceux qui s'y opposent sont probablement coupables de mauvais
comportement. Nul doute qu'ils trouveront dans ces tonnes
d'informations recueillies quelque chose qu'ils pourront utiliser
contre certains
individus.
L'utilisation d'équipement audio-vidéo
pour espionner les travailleurs est une arme de plus qui est
donnée par l'État aux monopoles ferroviaires pour
criminaliser et harceler les travailleurs et affaiblir leur
résistance organisée sur tous les fronts pour
défendre et améliorer leurs conditions d'emplois. La
criminalisation et le harcèlement des
travailleurs sont une partie intégrante des risques posés
à la sécurité des travailleurs et du public. Cette
attaque organisée par l'État est une façon de plus
de permettre aux monopoles ferroviaires de blâmer les autres de
leur propre aventurisme qui est au service de leurs
intérêts privés de profit et d'édification
d'empire et qui met à risque les
travailleurs et la sécurité des communautés. Cela
ne doit pas passer !
Le gouvernement libéral de Justin Trudeau
cherche
à espionner les travailleurs du rail
Le gouvernement et les oligarques du
rail disent
que les accidents sont causés
par le mauvais comportement des
travailleurs ; cela ne doit pas passer !
Les libéraux de Justin Trudeau ont
effrontément glissé en douce dans le projet de loi C-49, Loi
sur
la
modernisation
des
transports,
une attaque grossière
et inacceptable contre les droits individuels et collectifs des
travailleurs ferroviaires. Le projet de loi autorise les entreprises
ferroviaires à espionner les travailleurs avec
l'équipement audio-vidéo installé dans les
locomotives. Jusqu'à maintenant, l'information captée par
les enregistreurs était mise à la disposition du seul
Bureau de la sécurité des transports (BST) à des
fins d'enquête. L'enregistrement des travailleurs pendant qu'ils
travaillent et parlent entre eux, et l'utilisation de cette information
pour cibler et
attaquer certains travailleurs est un affront contre toute la classe
ouvrière et est quelque chose d'entièrement inacceptable.
Les travailleurs ne sont
pas à blâmer pour
les accidents. En se mettant d'accord avec les oligarques du rail que
les travailleurs sont à blâmer pour les accidents et qu'il
faut les espionner, le gouvernement commet une attaque grossière
contre la dignité des travailleurs et nie que ce sont les
conditions de
travail et opérationnelles
que les compagnies imposent qui sont la source des accidents.
L'objectif des compagnies est de faire le plus de profits possibles et
rien d'autre. C'est une pratique courante des monopoles ferroviaires de
saper les conditions des travailleurs et de négliger la
sécurité au nom du profit et c'est une des principales
raisons pour lesquelles les travailleurs
ont besoin d'un syndicat organisé et militant qui défend
leurs droits et les droits de tous.
Les compagnies et leur obsession du profit doivent
faire l'objet d'une opposition organisée constante et doivent
être réglementés et restreints parce que c'est ce
qui cause les accidents et les autres problèmes. Les
travailleurs ferroviaires font de leur mieux dans le cadre des
conditions de travail que les entreprises fournissent. Lorsque les
travailleurs se plaignent de conditions de travail non
sécuritaires ou inacceptables, ils sont considérés
par les compagnies comme une entrave à la réalisation du
profit, lequel est l'objectif principal et unique des compagnies, et
ils sont pris pour cibles d'attaques.
Les travailleurs ferroviaires veulent que les trains
roulent de façon sécuritaire. Pourquoi voudraient-ils
autre chose ou faire quoi que ce soit qui mette à risque le
fonctionnement du train ? Leur propre moyen de subsistance, leur
sécurité personnelle et celle des gens et des
communautés dépendent du fonctionnement
sécuritaire des trains
qu'ils conduisent. Les travailleurs du rail ne s'objectent pas à
l'installation d'enregistreurs audio-vidéo dans les trains
à de strictes fins d'enquête du BST. Depuis que les
enregistreurs sont utilisés, ils se sont fermement
opposés à ce que leur contenu soit mis à la
disposition des sociétés ferroviaires. Ils le font pour
défendre leur dignité et leur vie
privée et se protéger contre les mesures disciplinaires
arbitraires qui pleuvent déjà en grand nombre sur eux et
vont certainement augmenter si cet espionnage organisé par
l'État est autorisé.
Les travailleurs ferroviaires et leurs
représentants ont fait de multiples interventions à ce
sujet, y compris aux Comités de la chambre. Le gouvernement
fédéral a choisi d'ignorer leurs préoccupations et
leurs demandes et il ment honteusement à leur sujet.
Le ministère des Transports écrit dans un
communiqué relatif à cette mesure :
« Depuis l'automne 2016, les
représentants de Transports Canada ont rencontré des
intervenants et des partenaires clés, y compris des entreprises,
des syndicats et le BST. Ces discussions ont porté sur le type
d'équipement et sa configuration, la portée de son
application et la façon dont les renseignements provenant des
enregistreurs
seraient utilisés. Au cours de ces consultations, il a
été déterminé de façon
générale que les avantages en matière de
sécurité des enregistreurs audio-vidéo de
locomotive seraient optimisés si l'enregistrement pouvait
être utilisé par les compagnies de chemin de fer et
Transports Canada pour une gestion proactive de la
sécurité. » (Le souligné est du LML)
De la façon typique intéressée du
gouvernement libéral de Justin Trudeau, le ministère
déclare qu'un caractère «
général » serait ressorti de ces soi-disant
consultations. Ce caractère «
général » exclut
délibérément les opinions de ceux qui sont
directement visés et les plus fortement affectés, les
travailleurs du rail et leurs
représentants. Qui a établi ce caractère «
général » dont parle le gouvernement ?
Certainement pas ceux qui fournissent le service aux Canadiens, souvent
à leur risque et dans des conditions dangereuses pour les
communautés dont ils se sont souvent plaints. Leurs conditions
de travail se sont aggravées alors que les
sociétés ferroviaires
imposent leur objectif de profit au détriment de tout autre. Le
travail ferroviaire est devenu plus complexe, avec des convois plus
longs, plus lourds, chargés de matériaux souvent
dangereux, et circulant à de plus hautes vitesses.
Cliquer pour agrandir
|
Toujours avec l'arrogance typique du gouvernement
libéral, le ministère des Transports essaie en vain de se
couvrir
d'une feuille de vigne qui n'arrive pas vraiment à cacher ce
qu'il y a dessous. Il écrit que pour « atténuer les
préoccupations concernant la vie privée des
employés, les modifications législatives proposées
limiteraient également à quelles fins les
données sont utilisées ». Les entreprises
ferroviaires pourraient utiliser le contenu des enregistreurs pour
« effectuer des analyses par échantillonnage
aléatoire afin de relever les préoccupations en
matière de sécurité dans le cadre d'une gestion
permanente de la sécurité, pour déterminer la
cause d'un accident ou d'un incident à signaler qui
n'a pas fait l'objet d'une enquête par le BST et pour
répondre à une menace définie pour la
sécurité ».
Le point essentiel ici, c'est que les monopoles du rail
vont avoir dans leurs mains le contenu des enregistrements, avec lequel
ils vont pouvoir espionner les travailleurs et utiliser l'information
contre des individus donnés et leur syndicat. Une fois que
l'État leur a donné le pouvoir d'épier les faits
et gestes des travailleurs en toute impunité, ils
peuvent donner l' « analyse » qu'ils veulent de leur
« échantillonnage aléatoire » pour faire
face à ce qu'ils considèrent une « menace
définie pour la sécurité ».
Le gouvernement vient simplement de donner de nouveaux
pouvoirs de police aux monopoles du rail pour criminaliser encore plus
les travailleurs. S'ajoutant à la fatigue continuelle des
travailleurs due aux horaires impossibles, aux mesures disciplinaires
constantes surtout lorsque les travailleurs dénoncent des
conditions dangereuses, et au
caractère secret et privé des systèmes de gestion
de la sécurité des oligopoles du rail, cette
dernière mesure est un abus de pouvoir criminel.
Cette proposition vise à camoufler qui est
ultimement responsable de la sécurité ferroviaire et ce
qu'il faut faire pour améliorer les conditions. Avec cette
proposition, ceux qui sont en position de pouvoir abdiquent leur
responsabilité envers la sécurité des travailleurs
et du public et cela ne doit pas passer. Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) dénonce fermement cette nouvelle
mesure de même que l'hypocrisie libérale qui l'accompagne
et appelle tous les travailleurs à se joindre aux travailleurs
du rail dans la lutte contre cette mesure.
L'Assemblée générale du
Congrès du travail du Canada qui s'est tenue du 8 au12 mai
à
Toronto a adopté à l'unanimité une
résolution d'urgence appelant le CTC à organiser une
campagne de tous ses affiliés pour y faire échec. Tous
les syndicats, conseils du travail et fédérations des
travailleurs doivent mettre en oeuvre cette résolution sans
tarder
et faire en sorte que le gouvernement libéral de Justin Trudeau
et les monopoles du rail rendent des comptes et sont forcés de
renoncer à cette mesure.
Discipline et économie moderne
- K.C. Adams -
Nécessité d'humaniser
les
conditions de travail
Les oligopoles du rail applaudissent le projet de loi
C-49 parce qu'il leur donne le droit d'espionner les travailleurs et
d'attaquer leur droit de conscience et parle d'eux comme
« un risque pour la sécurité
ferroviaire ». Ils disent toujours que les accidents et tous
les autres problèmes sont la faute
des travailleurs et ne sont pas causés par des conditions de
travail mauvaises et non sécuritaires.
Les oligarques du rail diffament leurs travailleurs en
disant qu'ils dorment au travail, qu'ils utilisent leur
téléphone cellulaire, qu'ils trafiquent
l'équipement et qu'ils sont généralement
responsables des accidents qui se produisent. Ce mensonge sert à
nier le rôle positif du facteur humain dans
l'économie socialisée et la discipline qu'engendre
spontanément le travail industriel.
La diffamation des travailleurs s'explique par le
rapport social antagoniste entre la classe ouvrière et les
oligarques. C'est un élément de la guerre de propagande
contre la classe ouvrière et sa lutte de classe pour
défendre ses droits dans les conditions actuelles et pour
préparer les conditions
subjectives pour enlever le contrôle de l'économie
socialisée aux oligarques dominants et à leur
État. C'est pour l'empêcher de s'engager dans un
projet d'édification nationale pour investir le peuple du
pouvoir souverain pour faire en sorte que ceux qui font le travail
contrôlent le travail
et prennent les décisions concernant les conditions
concrètes de travail.
Dans l'économie moderne de la grande production
industrielle, ce sont les conditions concrètes qui disciplinent
les travailleurs. Les travailleurs eux-mêmes, individuellement ou
collectivement, appliquent une discipline au travail qui surgit
spontanément des conditions concrètes. La discipline
provient des
exigences scientifiques des machines, comme une locomotive, des
exigences des conditions de travail, y compris le temps de travail, et
de la nécessité de travailler pour vivre. Les
travailleurs, surtout ceux qui sont bien formés, s'en tiennent
avec diligence aux exigences, à la science et au rythme des
machines dont ils
se servent et des conditions de leur mise en opération, car
c'est souvent une question de vie ou de mort. Quant à leur
bien-être personnel et à celui de leurs confrères
et du travail comme tel, ils ne vont pas violer la discipline
qu'imposent les conditions concrètes. L'humanisation des
conditions
concrètes du travail est la façon fondamentale
d'améliorer la sécurité.
Dans les rapports sociaux actuels, la classe
ouvrière ne contrôle pas les conditions de travail et ne
peut se défendre et gérer les conditions de travail que
par la lutte de classe organisée. Les oligarques
contrôlent les conditions de travail et imposent leur objectif,
qui est la poursuite incessante du profit
privé, en contradiction avec et en opposition au
caractère socialisé de l'économie moderne et
à la nécessité d'humaniser les conditions de
travail et l'environnement social et naturel.
La seule force sociale capable de changer la direction
et le but de l'économie socialisée est la classe
ouvrière. Les véritables producteurs peuvent
eux-mêmes donner à l'économie un but qui
correspond à son caractère socialisé et
répondre à la
nécessité d'humaniser les conditions de travail et
l'environnement social et naturel. Le problème pour la classe
ouvrière est comment priver les oligarques dominants et leur
État du pouvoir de priver les travailleurs de leur droit de
contrôler le travail qu'ils font et d'humaniser les conditions de
travail et
l'environnement social et naturel.
«Pas question d'accepter le
démantèlement du cabotage et de la réglementation
ou la privatisation»
- Entrevue avec Terry Engler,
président de la section locale 400 du Syndicat
international des débardeurs et magasiniers -
Manifestation à Vancouver le 23 février 2017 contre les
changements au secteur du transport proposés par le Rapport
Emerson
Le Marxiste-Léniniste publie
ci-dessous une entrevue faite par Forum ouvrier, la
publication en ligne du Centre ouvrier du Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) avec Terry Engler, le président de
la section locale 400 du Syndicat international des
débardeurs et magasiniers (SIDM), sur la lutte que mènent
les travailleurs contre le saccage du secteur maritime et du transport
du Canada.
***
Forum ouvrier : Le
SIDM et d'autres syndicats maritimes et du transport sont
engagés dans une campagne pour arrêter le saccage du
secteur. Quels sont les traits principaux de cette lutte ?
Terry Engler : Nous
travaillons très fort pour tuer le Rapport Emerson. Ce rapport a
été écrit par David Emerson et commandé par
le gouvernement Harper. Il a écrit son rapport sans jamais avoir
consulté les syndicats. Le rapport recommande la fin du
cabotage, cette exigence que le travail qui est fait entre deux ports
canadiens ou à l'intérieur du Canada doit être
accompli par des compagnies canadiennes et un équipage canadien.
Le rapport demande la fin du cabotage. Il recommande aussi la
privatisation des ports et des aéroports. Nous sommes
opposés à tout cela et nous faisons tout ce que nous
pouvons pour convaincre le Parti libéral de tuer le rapport
Emerson. Nous allons lutter jusqu'au bout pour que cela se produise. En
janvier, nous avons organisé des actions simultanées
à Vancouver, Victoria, Prince Rupert, Toronto, Montréal
et St-John's pour dénoncer le Rapport Emerson de même que
l'AÉCG, l'accord de libre-échange entre le Canada et
l'Union européenne.
Pour nous, ces choses-là signifieraient la perte
d'un grand nombre d'emplois et de notre avenir. Les conséquences
économiques se chiffreraient à environ 14 000
emplois perdus et à des millions de dollars en salaires perdus
pour les travailleurs canadiens et les communautés. Nos
manifestations ont été bruyantes et combatives.
Nous avons arrêté la circulation pendant quelques heures
dans le centre-ville de Vancouver. Nous allons bientôt aller
distribuer des tracts au siège social de Rogers Communications,
car Rogers est le client principal d'un vaisseau de réparations
de câbles qui est amarré à Vancouver et le restera
les huit prochaines années [la distribution de tracts
a eu lieu le 11 mai - Note de FO] L'équipage du
vaisseau est formé de travailleurs philippins qui sont
payés 4 $ de l'heure et même moins. Nous pensons
qu'on aurait dû engager des travailleurs canadiens d'abord et
sinon que ces travailleurs doivent être payés à un
taux canadien et non à un taux international. Nous avons
aussi intenté une poursuite en justice sur cette question.
Nous allons organiser
d'autres actions qui vont
rassembler tous les modes de transport afin que tous comprennent que le
problème existe et qu'il n'est pas question pour nous d'accepter
le démantèlement du cabotage et de la
réglementation ou la privatisation. Nous allons rendre la vie
difficile à ceux qui veulent faire ces choses. Nous devons
protéger nos emplois et notre avenir. D'autres syndicats font le
même travail à l'échelle internationale et
mènent la même lutte pour protéger leurs emplois en
Australie et ailleurs dans le monde.
Nous travaillons aussi au sein de la
Fédération internationale des ouvriers du transport
(ITF). Elle a un groupe de travail sur le cabotage pour mener la lutte
contre ceux qui engagent des travailleurs pour les exploite
jusqu'à l'os et s'en servir pour abaisser le niveau de vie dans
les pays où on les fait travailler. Nous ne sommes pas
opposés aux
travailleurs étrangers. Nous travaillons avec l'ITF pour les
protéger parce que leur situation est vraiment horrible. Rien
que l'an dernier, la Fédération a
récupéré 41 millions $ en salaires
volés aux marins. Bien qu'ils les paient à des salaires
si bas, les employeurs refusent souvent de leur verser leurs salaires.
Nous voulons protéger les emplois que nous avons
encore et qui fournissent un salaire qui nous permet de faire vivre nos
familles. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour que les jeunes
aient la même possibilité que moi j'ai eue de soutenir ma
famille.
Intégration économique de
la Forteresse Amérique du Nord
Les défis d'un nouveau projet
d'édification nationale
De récentes données sur les exportations
font état de l'ampleur de l'intégration du Canada et du
Mexique à l'impérialisme américain dans une
Forteresse Amérique du Nord sous le contrôle des
oligopoles dominants. Selon les données publiées par TD
Securities et Bloomberg, les exportations du Mexique vers les
États-Unis représentent 27 % de la valeur
totale de la production du Mexique telle que déterminée
par le Produit intérieur brut (PIB). La valeur des exportations
du Canada vers les États-Unis en pourcentage du PIB est
de 22 %, pas beaucoup moins.
Les exportations vers les États-Unis en
pourcentage des exportations totales sont de 81 % pour le
Mexique et de 77 % pour le Canada.
Les exportations totales en pourcentage du PIB sont
de 33 % pour le Mexique et de 26 % pour le Canada.
Aucun autre pays examiné dans cette étude
n'approche même de loin les pourcentages du Mexique et du Canada
en termes d'exportations aux États-Unis.
L'Irlande exporte vers les États-Unis une valeur
de production équivalant à 11 % de son PIB.
Tous les autres pays visés par l'étude ont un taux
d'exportation aux États-Unis inférieur
à 10 %. La Chine et le Royaume-Uni sont
à 4 % et le
Japon à 3 %.
Le pourcentage des exportations vers les
États-Unis par rapport aux exportations totales est
de 24 % pour l'Irlande, comparativement
à 77 % pour le Canada et 81 % pour le
Mexique. Les suivants sont le Japon avec 20 % et la Chine
avec 18 %.
Les données de l'étude font état
de l'intégration des trois pays de la Forteresse Amérique
du Nord dans une économie dominée par les oligarques de
l'impérialisme américain.
Pays |
Exportations vers les É-U (% du
total) |
Exportations (% du PIB) |
Exportations vers les É-U (% du
PIB) |
Impact total |
Mexique |
81 |
33 |
27 |
141 |
Canada |
77 |
26 |
20 |
123 |
Irlande |
24 |
44 |
11 |
79 |
Pays-Bas |
4 |
66 |
3 |
73 |
Suisse |
11 |
53 |
6 |
70 |
Allemagne |
10 |
41 |
4 |
55 |
Suède |
7 |
45 |
2 |
54 |
R-U |
15 |
28 |
4 |
47 |
Norvège |
4 |
39 |
1 |
44 |
Chie |
18 |
21 |
4 |
43 |
N-Zélande |
12 |
28 |
2 |
42 |
Japon |
20 |
13 |
3 |
36 |
Italie |
9 |
24 |
2 |
35 |
France |
7 |
22 |
2 |
31 |
Australie |
5 |
20 |
1 |
26 |
Source : TD Securities,
Bloomberg.
Note : Ordonné selon le pointage de l'impact total, soit la
somme des trois colonnes précédentes. Le tableau est paru
dans le Globe and Mail qui ne précise pas la date du
relevé. |
Le Globe and Mail écrit :
« Selon le groupe Manufacturiers et Exportateurs du Canada
(MEC), une taxe à la frontière sur les importations pour
la partie américaine serait un cauchemar du point de vue
logistique parce que les pièces manufacturées sont
difficiles
à retracer et parce que les produits finis contiennent une
quantité variante de contenu canadien.
« Par exemple, les pièces automobiles
traversent la frontière plusieurs fois avant la mise en vente du
véhicule assemblé. ‘Comment taxer un
véhicule ?', demande Mathew Wilson, vice-président
du MEC qui représente 90 000 manufacturiers au
Canada. ‘La majorité des automobiles exportées aux
États-Unis ont un contenu beaucoup plus américain que
canadien.'
« Selon M. Wilson, il n'existe pas de
système en place pour retracer le pays d'origine des produits.
Le Pacte de l'automobile de 1965 entre les États-Unis et le
Canada, ainsi que l'accord de libre-échange
nord-américain, permettent un déplacement libre des
pièces
manufacturées entre les deux pays sans être taxées.
‘Seraient-elles taxées à leur pleine valeur ou seulement
pour la partie qui provient du Canada ?', poursuit-il. ‘En fait,
comment calcule-t-on la quantité qui vient du Canada ? Il
n'existe pas de règlement ou de loi qui
permette d'établir quelle quantité vient du Canada. Il
s'agirait seulement de retracer la partie qui vient des partenaires de
l'ALÉNA.' »[1]
M. Wilson parle d'une situation dans laquelle les
oligopoles contrôlent l'économie intégrée au
sein de la Forteresse Amérique du Nord et déplacent la
valeur manufacturière suivant les intérêts de leurs
empires privés. Les détails de ces déplacements
sont
secrets. Les empires industriels déclarent que leur droit au
secret provient des droits de propriété sur lesquels les
arrangements constitutionnels actuels sont fondés,
établis suite au renversement de l'autocratie
médiévale.
La prétention du MEC que les gouvernements et
leurs agences ne savent pas ce qui se passe dans les principaux
secteurs de l'économie et que ce serait un
« cauchemar logistique » que d'essayer de
retracer l'importation et l'exportation des pièces
manufacturées est trompeuse. Les
oligopoles de la grande production industrielle veulent que leurs
opérations demeurent un mystère d'État car cela
les aide à exercer un contrôle sur les travailleurs et sur
la société et à damer le pion aux concurrents.
Les faits et pourcentages concernant le
déplacement de la valeur au sein des empires peuvent être
connus facilement. Les hauts directeurs et technocrates des empires
industriels connaissent l'emplacement exact de chaque pièce et
savent exactement où elles doivent se retrouver et à quel
moment pour la
production ou la vente du produit social. Le déplacement de la
valeur au sein de la Forteresse Amérique du Nord à titre
d'exportations et importations sert à enrichir les oligopoles et
à consolider le pouvoir privé des empires et la richesse
sociale, et à faire de la Forteresse Amérique du
Nord un bastion et une puissance militaire capable de conquérir
le monde et d'imposer l'hégémonie de
l'impérialisme américain sur ses rivaux, les nations et
les peuples.
Le contrôle des empires industriels qui
étendent leurs tentacules dans tous les secteurs existe dans une
économie canadienne dont les exportations
représentent 26 % de l'ensemble de la valeur produite
et dont 77 % des exportations se font en direction des
États-Unis. La Forteresse
Amérique du Nord représente et défend les
intérêts des oligopoles et des bâtisseurs d'empires
sur le continent et à l'échelle mondiale en opposition
aux intérêts des travailleurs et des peuples et de tous
ceux qui veulent un projet national indépendant, la paix et
l'affranchissement de la domination et de la répression.
Lorsque les empires industriels nord-américains
de l'automobile sont tombés dans le chaos et la crise
en 2008, la Forteresse Amérique du Nord les a secourus
à l'aide de fonds publics. Ils ont reçu de l'argent de
l'État et ont profité de nouvelles réglementations
leur permettant
de resserrer leur contrôle et de priver la classe ouvrière
de l'occasion de concevoir une nouvelle direction pour
l'économie qui soit favorable au peuple, qui encourage la
coopération plutôt que la concurrence brutale et
destructive entre ses parties constituantes, qui élimine les
crises récurrentes et
ouvre une voie à l'émancipation de la classe
ouvrière.
La réalité d'aujourd'hui est que des
empires privés et les oligarques les plus puissants dominent
tout à l'intérieur de la Forteresse Amérique du
Nord. Les travailleurs et les peuples n'ont aucun contrôle sur
l'économie de base et sur les affaires qui les concernent. Ils
dépendent
de l'économie de base pour leur bien-être et
sécurité et pourtant ils n'exercent aucun contrôle
sur elle et n'ont pas voix au chapitre sur les décisions prises.
Les oligarques dirigent les affaires des monopoles dominants et de
l'État. Les gouvernements représentent les oligarques les
plus
puissants, ils exécutent leurs ordres et mettent l'ensemble des
pouvoirs policiers et militaires et des ressources de la Forteresse
Amérique du Nord au service d'intérêts
privés en opposition aux intérêts des travailleurs
et des peuples et aux besoins de l'économie socialisée de
la grande
production industrielle et de l'édification nationale.
La mission historique de bâtir le nouveau
La propriété privée a
été inscrite dans la loi et les constitutions pour
protéger le droit des marchands, manufacturiers et d'autres
groupes qui voulaient s'affranchir de la tyrannie de l'aristocratie
médiévale. On attribue au roi Louis XIV de France
(1638-1715) la phrase :
« L'État, c'est moi. » Ceux qui
détenaient une propriété productive au sein d'une
économie naissante basée sur la grande production
étaient en concurrence avec la petite production et l'autocratie
médiévales. Les propriétaires des nouvelles forces
productives de grande production voulaient affranchir leur
propriété privée et protection légale pour
pouvoir prospérer, s'étendre et contester la petite
production dans tous les secteurs. Pour réussir, les paysans et
les confréries de travailleurs devaient être affranchis de
l'asservissement féodal pour pouvoir être exploités
librement en tant qu'esclaves salariés.
Aujourd'hui, au XXIe siècle, la
propriété privée engagée dans la production
de biens et services est depuis longtemps affranchie des restrictions
féodales. La vieille propriété privée
assume des formes et un contenu nouveaux au sein de gigantesques
empires mondiaux et de
puissants États, bien au-delà de tout ce que Louis XIV a
pu imaginer. Aujourd'hui, « l'État, c'est l'empire
des oligarques ». L'État est l'empire des oligarques
qui écrasent non seulement les travailleurs mais aussi toute
propriété, privée ou publique, qui fait
entrave à leur empire.
Le droit des détenteurs de la
propriété de faire passer les forces productives de la
petite production à la grande production, qui utilise la science
sans les restrictions féodales, et de libérer les masses
pour en faire des esclaves salariés était le
développement historique
nécessaire de cette période initiale de la grande
production industrielle de masse. Pour que la grande production assume
sa place dominante dans la société et supplante la petite
production et les restrictions féodales, la forme de
l'État et des rapports de production devait être
transformée
radicalement. Cette transformation s'est faite par des bouleversements
plus ou moins explosifs partout en Europe et s'est répandue au
reste du monde et a ainsi donné naissance à son plus
grand produit : la classe ouvrière internationale, le
prolétariat.
Les nouvelles forces productives de la grande
production et le droit à la propriété
privée affranchie des restrictions féodales ont pris des
proportions massives et sont concentrées dans les mains
d'oligarques partout dans le monde. La liberté et le droit de la
propriété
privée de se développer sans restriction
médiévale a fait place à la liberté et au
droit des oligarques et des empires de priver les travailleurs et les
peuples de leur liberté et droit de développer et
d'établir des rapports de production socialisés conformes
aux forces modernes
de la grande production industrielle socialisée et
d'établir une forme d'État qui sert et aide au
développement du nouveau contenu.
La classe ouvrière, avec sa conception du monde
moderne qui réclame la défense des droits de toutes et
tous, que le bien-être et la sécurité du peuple et
l'intérêt général de la
société soient garantis en puisant dans l'immense produit
social des forces
modernes de la grande production socialisée, est le moteur du
mouvement historique de la période actuelle. Avec sa conception
du monde moderne imprégnée du facteur humain/conscience
sociale et du génie d'être au centre de la production de
toute valeur, la classe ouvrière développera
une forme moderne de l'État qui répond au besoin de
nouveaux rapports de production.
La classe ouvrière du Mexique, du Canada et des
États-Unis peut et doit s'acquitter de sa grande mission de
bâtir le nouveau dans le cadre d'un projet d'édification
nationale qui investit le peuple du pouvoir souverain, défend
les droits de toutes et tous et établit l'indépendance et
le
contrôle de la classe ouvrière sur l'économie de
base constituée de la grande production industrielle, des
programmes sociaux et des services publics.
Pour accomplir sa mission historique, la classe
ouvrière doit développer sa conception du monde moderne
et la transmettre à l'ensemble du peuple et doit bâtir ses
propres institutions et son quartier-général politique
pour contester le pouvoir des oligarques dominants et restreindre le
pouvoir de leur
empire impérialiste, la Forteresse Amérique du Nord.
Note
1. « Canada won't escape Trump's
protectionist measures as ‘border tax' threatens exports », Globe
and
Mail, 11 janvier 2017
Foire annuelle de l'armement à
Ottawa
Militant piquetage contre la militarisation et la
guerre
Des gens de tous les milieux ont pris part à une
militante ligne de piquetage le matin du 31 mai à Ottawa
contre la foire annuelle de l'armement CANSEC commanditée par le
gouvernement guerrier de Justin Trudeau et les plus grands monopoles
américains de l'armement. Le ministre belliciste de la
Défense nationale Harjit Sajjan,
qui devait prendre la parole à un déjeuner sur les lieux
un peu après 7 heures, ainsi que les représentants
de
General Dynamics, fabriquant des véhicules blindés vendus
à l'Arabie saoudite, de Raytheon, le plus grand producteur de
missiles téléguidés du monde, et de plusieurs
autres monopoles de l'armement ont été retardés
à cause du piquetage.
Les manifestants ont dénoncé la participation du Canada
à l'intensification des préparatifs de guerre et
l'utilisation de la foire comme occasion pour payer les riches
monopoles de l'armement et procurer des armes à des criminels de
guerre comme les États-Unis, Israël, l'Arabie saoudite et
la Turquie.
L'événement privé accueille des
milliers de participants en provenance d'une soixantaine de pays, dont
plus de 4 000 représentants du gouvernement canadien,
notamment du ministère de la Défense. La foire est
organisée par l'Association des industries canadiennes de
défense et de sécurité et ses principaux
commanditaires cette
année, mis à part le gouvernement canadien,
étaient la Corporation commerciale canadienne, une
société de la couronne qui facilite des accords sur
l'achat d'armements entre des entreprises situées au Canada et
des gouvernements étrangers, et Lockheed Martin, le plus grand
contracteur militaire américain. Parlant des préparatifs
de guerre
accélérés et de ce que cela signifie pour les
producteurs d'armes, la présidente de l'association Chrystyn
Cianfarani a dit que les dépenses pour la défense sont
généralement à la hausse et que c'est ce qui
attire les entreprises.
L'orateur invité, le
ministre Sajjan, a
loué la contribution des forces armées canadiennes
à « la lutte contre le terrorisme, à la protection
des civils, aux secours en cas de catastrophes naturelles et à
l'effort pour un monde plus pacifique ». Il n'a pas dit un
mot indiquant une reconnaissance du sérieux pour
l'humanité des horreurs qui ont
accompagné les guerres et les déploiements militaires
agressifs du dernier siècle ou du déploiement des forces
armées sous toutes sortes de prétextes. Il a au contraire
dit que les militaires « ont besoin d'être flexibles,
agiles et rapides dans leur réaction dans cet environnement de
sécurité mondial ».
Le ministre a surtout parlé des «
écarts de capacité » des Forces armées
canadiennes. Ces écarts ou «
sous-investissements », a-t-il dit, concernent les avions de
combat et « les combattants de surface ». Mais la
capacité de faire quoi ? Dans le contexte où les
États-Unis exigent que les pays de l'OTAN augmentent leurs
dépenses militaires de façon importante et
achètent des armes lourdes, dans le contexte des menaces contre
la souveraineté de plusieurs pays d'Europe, du Moyen-Orient et
d'Asie, le gouvernement Trudeau est préoccupé par la
capacité du Canada à participer à d'autres guerres
d'agression des États-Unis.
À cet égard le ministre Sajjan a
annoncé que la « nouvelle politique de
défense » du Canada, qui sera rendue publique
le 7 juin, augmentera les dépenses militaires et
établira « un financement prévisible ».
Parlant du rôle des fabricants d'armes privés dans le
façonnement de la nouvelle politique de défense, il a
dit : «
Nous devons travailler ensemble, en tant que nation, si nous voulons
affronter les menaces auxquelles nous sommes
confrontés. » Il a dit que les contracteurs de
l'industrie de la défense sont « le moteur de
l'innovation » qui va « révolutionner les
tactiques militaires » et que les Forces armées
canadiennes vont maintenant
collaborer avec ces intérêts privés le plus
possible pour « donner aux entreprises l'expérience et
l'exposition dont elles ont besoin pour réussir sur les
marchés mondiaux ».
Le ministre a conclu en disant que la nouvelle
politique de défense du Canada va « rendre nos attentes
plus claires, formaliser nos intentions d'acquisition et mieux
répondre à vos besoins en même temps que nous
répondons aux nôtres ».[1]
Parmi les autres orateurs il y avait le chef
d'état-major de la défense Jonathan Vance, le vice-chef
d'état-major Alain Parent, Steven MacKinnon, secrétaire
parlementaire du ministre des Services publics et de
l'Approvisionnement, et le général américain
à la retraite Keith Alexander, maintenant président de
IronNet Cybersecurity.
Note
1. Voir «
Examen
de
la
politique
de
défense
du
Canada : Ne laissons pas les fauteurs de guerre
décider des questions de guerre et de paix ! », LML, 20
mai 2017
Le Venezuela riposte aux tentatives
étrangères de changement de régime
Les Vénézuéliens se
préparent à élire une
Assemblée nationale
constituante
« [Le président] Maduro nous a convoqué et me
voilà. L'Assemblée constituante nationale
est la voie vers la paix ! »
Alors que s'intensifient les efforts de changement de
régime dirigés par les États-Unis et la violence
au pays fomentée à l'étrangers, le gouvernement
vénézuélien prend des mesures pour résoudre
les problèmes sur une base pacifique et ouvrir la voie pour le
renouvellement de la Révolution bolivarienne.
Les Vénézuéliens se
préparent à élire une Assemblée
constituante en juillet dans le but de « transformer
l'État, créer un nouveau cadre juridique et
rédiger une nouvelle Constitution » qui permettra au
peuple de mieux défendre l'indépendance, la
souveraineté et le bien-être du Venezuela et exercer le
contrôle sur son économie et sa
société.
Assemblée rurale de femmes dans l'État de Zulia pour
l'Assemblée constituante. (Y.
Machado)
Les travailleurs, les femmes, les jeunes, les peuples
autochtones, les petits agriculteurs et les pêcheurs et les
organisations communautaires voient la convocation d'une
Assemblée constituante comme une occasion de discuter des
solutions à apporter aux problèmes auxquels le Venezuela
est confronté et un moyen de se donner le pouvoir tandis
que les forces de l'opposition soutenues par les États-Unis ont
appelé au boycottage et continuent leurs attaques violentes.
Le 23 mai, la présidente du Conseil
national électoral du Venezuela (CNE), Tibisay Lucena, a tenu
une conférence de presse pour annoncer que l'Assemblée
constituante nationale sera composée de 364
députés constituants territoriaux et 181
députés sectoriels pour un total de 545 membres
élus.[1]
Tous les électeurs éligibles du Venezuela
peuvent élire des représentants à
l'Assemblée constituante par un vote direct, universel et au
scrutin secret. Le processus aboutira à une nouvelle
Constitution rédigée par l'Assemblée constituante
qui sera soumise à un référendum national. Le
référendum sera suivi par des élections à
tous les niveaux,
des élections régionales en décembre et des
élections présidentielles en 2018, comme l'exige la
Constitution du Venezuela.
Les 181 députés sectoriels sont
composés d'indigènes (8), d'étudiants (24), de
paysans et de pêcheurs (8), de patrons (15), de personnes
handicapées (5), de retraités (28), de conseillers
communaux (24) et de travailleurs (79).
La catégorie sectorielle des travailleurs sera
ventilée en sous-sections qui comprennent le pétrole,
l'exploitation minière, les industries de base, les entreprises,
l'éducation, la santé, le sport, les transports, la
construction, la culture, les intellectuels, la presse, la science, la
technologie et l'administration publique. Il y aura un
délégué national élu
pour 83 000 électeurs inscrits dans chaque
circonscription sectorielle, à l'exception des
délégués des communes et des Conseils communaux
qui seront choisis par « la direction communale dans leurs
propres États ».
Les candidats seront nommés par leurs pairs dans
leurs secteurs respectifs et doivent également être
appuyés par au moins trois pour cent des électeurs
inscrits dans leur secteur ou leur domaine professionnel.
Un délégué à
l'Assemblée constituante élu dans chaque
municipalité du pays indépendamment de la taille de la
population, et deux délégués seront élus
dans chacun des 23 États du Venezuela et dans le district
de la capitale, Caracas.
Le 31 mai, un site Web a été
lancé pour les Vénézuéliens qui voudraient
se présenter aux élections de l'Assemblée
constituante pour qu'ils puissent télécharger le
formulaire de candidature et commencer à recueillir les
signatures des électeurs inscrits. Les candidats doivent :
- être vénézuéliens de la
naissance, sans autre citoyenneté ;
- être âgés de 18 ans et plus
à la date de l'élection ;
- avoir résidé au Venezuela pendant cinq
ans ;
- être inscrits dans le registre électoral.
Les représentants élus du gouvernement,
le personnel actif de l'armée, les juges, les ministres et les
directeurs de la CNE, entre autres, ne peuvent se présenter aux
élections à l'Assemblée constituante.
Le Conseil électoral national du Venezuela a lancé son
site Web pour tous ceux qui désirent
se présenter à l'élection de l'Assemblée
constituante.
L'Assemblée nationale constituante sera
convoquée dans les 72 heures qui suivront les
élections pour commencer ses travaux.
Lors d'un rassemblement le 29 mai à
Caracas, le président Nicolás Maduro a expliqué le
rôle important de l'Assemblée constituante pour aider le
peuple vénézuélien à lutter contre la
violence contre-révolutionnaire et la poussée pour un
changement de régime soutenue par l'étranger. Face aux
crises économiques et politiques auxquelles
le Venezuela est confronté, devant le refus des forces soutenues
par les États-Unis de résoudre les différends par
le dialogue et leur détermination à attaquer la
révolution bolivarienne du Venezuela et les progrès
accomplis pour le bien-être du peuple, le président Maduro
a déclaré : « Je confie tout au peuple
vénézuélien pour qu'il exerce sa
volonté, sa souveraineté totale et absolue. »
La veille, lors de son émission hebdomadaire de
télévision du dimanche, le président Maduro a
déclaré aux Vénézuéliens :
« Que
chacun prenne sa décision, si il ou elle veut un vote ou veut
des balles, si il ou elle veut une Assemblée constituante ou
veut les terroristes guarimbas [violents blocus de rue]. Que
chacun décide dans
tout le pays. L'un ou l'autre : [...] l'Assemblée
constituante ou la violence. L'Assemblée constituante ou les guarimbas. »
Grand rassemblement le
1er juin 2017 dans l'État de Guyana pour l'Assemblée
constituante
(E.
Rodriguez)
Note
1. Le 1er mai, le président de la
République bolivarienne du Venezuela, Nicolás Maduro
Moros, a publié deux décrets présidentiels
convoquant une Assemblée nationale constituante et une
Commission présidentielle responsable de déterminer son
fonctionnement et de consulter les Vénézuéliens,
en
facilitant leur participation. L'article 347 de la Constitution de
la République bolivarienne du Venezuela de 1999 stipule
que « le peuple du Venezuela est le détenteur du pouvoir
constitutif originel » et que ce pouvoir peut être
exercé par une Assemblée constituante « dans le but
de transformer l'État, en créant un nouvel ordre
juridique et en élaborant une nouvelle Constitution ».
La Constitution du Venezuela permet non seulement
à une Assemblée constituante élue d'être
convoquée (à l'initiative du président, d'autres
ordres de gouvernement ou de citoyens), mais elle interdit au
président de s'opposer à ses résultats et à
toute autorité étatique d'entraver ses travaux
(Articles 348 et 349).
Dans ses décrets, le président Maduro a
demandé au peuple vénézuélien de «
décider de l'avenir du pays en réaffirmant les principes
de l'indépendance, de la souveraineté, de
l'égalité, de la paix et de la démocratie
participative, pluriethnique et multiculturelle ». Tous les
secteurs politiques ont été officiellement invités
à participer et
encouragés à profiter de la possibilité de
résoudre leurs différends de manière
démocratique et pacifique.
Pour plus d'informations, voir : «
Convocation d'une Assemblée constituante nationale pour ouvrir
une voie pacifique au progrès », LML 20
mai 2017
Les forces contre-révolutionnaires soutenues
par
les États-Unis rejettent les élections et
appellent
à la violence
Marche à Caracas à la défense de la paix et en
appui à l'Assemblée constituante le 26 mai 2017
Quelques heures après que le Conseil
électoral national du Venezuela ait annoncé le cadre des
élections de l'Assemblée constituante, le
président de l'Assemblée nationale, Julio Borges, a
rejeté l'annonce du CEN comme étant un
« piège ».
Borges, qui fait partie de la coalition « Table de
l'unité démocratique » (MUD), qui est soutenue
par les États-Unis et contrôle l'Assemblée
nationale, a annoncé que la MUD va boycotter les
élections de l'Assemblée constituante nationale et
entreprendre
plutôt une « nouvelle phase de lutte ».
Borges a déclaré que les élections de
l'Assemblée constituante visent à faire dévier les
efforts qui sont faits pour renverser le président élu du
Venezuela, Nicolás Maduro. Les dirigeants de l'opposition ont
donné la même réponse à l'annonce que
l'élection des gouverneurs aura lieu le 10 décembre
et celle concernant l'élection présidentielle
de 2018.
Les bureaux du ministère du Logement à Maracaibo ont
été incendiés le 24 mai. (TeleSUR)
|
La capitale du Venezuela, Caracas et d'autres villes
ont été victimes des violences quotidiennes des
éléments contre-révolutionnaires depuis le 4
avril, soit le lendemain de l'adoption par l'Organisation des
États américains d'une motion visant à
discréditer le Venezuela
et déclarant faussement que l'ordre constitutionnel y a
été brisé. Soixante-huit
vénézuéliens ont été tués
dans des circonstances présumément liées aux
protestations. Dix de ces morts seraient le résultat de la
violence
policière ; 15 auraient été
causées par les attaques des contre-révolutionnaires
contre les supporters du gouvernement ; cinq seraient le
résultat indirect des manifestations alors que 29 seraient
inexpliquées et neuf décès seraient accidentels.[1]
Le gouvernement vénézuélien a
interdit l'utilisation des armes à feu, y compris celles qui
tirent des balles en caoutchouc, par la police affectée aux
émeutes afin d'éviter que les manifestants ne soient
blessés. Les autorités
vénézuéliennes montrent du
doigt les tentatives de provoquer la violence et même les
meurtres ciblés de manifestants pour créer l'apparence
d'une violence de l'État et justifier une intervention
étrangère au nom de la rupture de l'ordre.
La violence contre-révolutionnaire se limite
à de petits groupes dans les petites régions, en
particulier les quartiers les plus riches où vivent leurs
participants, mais les résultats ont été
tragiques. Dans un exemple capté sur vidéo, un jeune
afro-vénézuélien, Orlando Jose Figuera, est
brûlé vif par des manifestants, présumément
pour son soutien à la Révolution bolivarienne. Un autre
homme, Carlos Ramirez a été gravement brûlé
dans un quartier riche de Caracas après que les
agresseurs ont crié : « Ce Chaviste doit mourir,
il doit mourir parce qu'il est Chaviste. » Outre les
blocages de rue connus sous le nom de guarimbas qui ont
entraîné de nombreux décès liés
à la circulation, les tactiques communes incluent l'attaque des
institutions
publiques et l'incendie des institutions publiques. Tôt dans la
matinée du 22 mai, plus de 50 autobus ont
été incendiés et entièrement
détruits au terminus de la ligne Transbolivar dans l'État
de Bolivar.
Autobus incendiés dans l'État de Bolivar le 22 mai 2017
Alors que la grande majorité des
Vénézuéliens s'opposent aux actions violentes et
à l'intervention étrangère, les
représentants de la MUD ont fréquemment rencontré
des responsables des États-Unis et d'autres responsables
étrangers, demandant une
intervention contre le gouvernement vénézuélien.
Suite à l'annonce des élections de l'Assemblée
constituante, la MUD a appelé à une nouvelle violence,
annonçant qu'elle « restera dans les rues
jusqu'à ce que nos objectifs soient atteints ».
Un autre dirigeant de la MUD soutenue par les
États-Unis, Freddy Guevara, a qualifié les
élections régionales qui se tiendront en décembre
de « piège » et a appelé à
encore plus de violence de rue. « Un jour de plus dans la
rue c'est un jour
de moins du pouvoir de Nicolás Maduro ; continuons à
nous attaquer à la dictature », a dit Guevara.
Note
1. Pour une mise
à jour, voir « In Detail :
The Deaths So
Far »,
Venezuelanalysis.com.
La manigance impérialiste est
éventée à l'Organisation des États
américains
Le 31 mai, le Canada, les États-Unis et
quelques autres États membres de l'Organisation des États
américains (OÉA) ont tenté en vain de faire
adopter une déclaration interventionniste contre la
République bolivarienne du Venezuela lors d'une réunion
des ministres
des Affaires étrangères de l'OÉA à laquelle
les 34 États membres étaient
représentés. La réunion de consultation avait
été convoquée pour examiner la situation au
Venezuela à la suite d'une motion adoptée lors d'une
réunion
illégale du Conseil permanent de l'OÉA le 3 avril
avec la connivence des États-Unis, du Canada, du Mexique et de
certains autres États membres.[1]
|
Le projet de déclaration présenté
par les États-Unis, le Canada, le Mexique, le Pérou et le
Panama à la réunion ministérielle du 31 mai
reprend un certain nombre de demandes des forces d'opposition soutenues
par l'étranger au Venezuela, y compris un appel à
« mettre fin à la convocation d'une Assemblée
nationale constituante telle qu'actuellement
conçue ». Il s'agissait d'une ingérence
flagrante dans les affaires internes du Venezuela, et ce malgré
les déclarations formelles de soutien à la
solidarité et à
l'amitié avec le peuple vénézuélien.
La ministre des Affaires étrangères du
Canada, Chrystia Freeland, s'est vantée avant la rencontre que
le Canada utiliserait l'occasion pour « appeler à
l'action » sur la question du Venezuela et qu'elle
utiliserait son compte Twitter pour inviter les gens à
écouter son
discours en direct. Elle a aussi joué sur le fait qu'elle et le
secrétaire général de l'OÉA, Luis Almagro,
ont eu une rencontre privée avant la réunion de
l'OÉA. Almagro est celui qui mène la charge avec
l'accusation impérialiste contre le gouvernement de Nicolas
Maduro
à l'OÉA et partout où il peut. Il fait d'ailleurs
l'objet de nombreuses critiques pour son engagement personnel dans la
campagne contre le Venezuela par l'entremise de l'OÉA, bien
qu'il soit un fonctionnaire de l'organisation et est donc tenu de
répondre de ses actions aux pays membres.
En conférence de presse le même jour que
se tenait la réunion de l’OÉA, le premier ministre de
Trinité-et-Tobago Keith Rowley a demandé que Luis Almagro
soit démis de ses fonctions pour « ses propos
désobligeants » envers le gouvernement du
Venezuela et son président. Il a dit que les agissements des
dirigeants de l’OÉA ont fait dégénérer la
situation en des attaques partisanes et qu’ls pourraient faire la
même chose au sein de la CARICOM, citant comme exemple le fait
que seulement certains pays membres de cette
organisation ont été invités à une
rencontre à Washington pour discuter de la situation au
Venezuela.
Les efforts interventionnistes du Canada et du groupe
minoritaire dont il fait partie ont été entravés
par les 15 pays de la Communauté caribéenne
(CARICOM), qui ont resserré les rangs et donné un appui
unanime à un projet de déclaration qui
réitère
l'engagement aux principes de non-ingérence et
de non-intervention.[2] Tout en
exprimant « une grande préoccupation concernant la
situation politique, économique et sociale au Venezuela, en
particulier l'augmentation de la violence et la polarisation entre le
gouvernement et l'opposition », la déclaration des
pays des Caraïbes diffère nettement de celle
proposée par le Canada et les autres en ce qu'elle ne reprend
pas la cause et les revendications des forces antigouvernementales.
La ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland
rencontre le secrétaire général de l'OÉA
Luis Almagro à son bureau de Washington le 31 mai 2017
pour discuter de « la situation désespérée
au Venezuela ».
|
Au cours de la réunion de l'OÉA à
laquelle tous les États membres étaient présents,
des représentants de différents pays sont intervenus pour
signaler leur appui à l'un ou l'autre des projets de
déclarations.
Il est vite apparu que le groupe interventionniste
dirigé par les États-Unis, le Canada et le Mexique ne
serait pas en mesure de recueillir le vote à la majorité
des deux tiers requis pour faire adopter leur déclaration, ou
même à majorité simple. Il était
évident qu'ils
n'allaient certainement pas pouvoir la faire adopter par consensus.
Quand la parole était au Canada, la ministre Freeland a dû
se contenter de proposer que la session reste ouverte afin que
« la recherche d'une solution » pour le Venezuela
puisse se poursuivre au cours des prochaines semaines jusqu'à
l'Assemblée générale de l'OÉA qui se
tiendra au Mexique les 19 et 20 juin.
C'est précisément ce qu'a fait le
président d'assemblée. Après que tous ceux qui ont
demandé à parler l'aient fait, le Guatemala, qui
préside l'organisation en ce moment, a demandé une pause
de 30 minutes et demandé aux membres d'utiliser le temps
nécessaire pour essayer de parvenir à un consensus sur la
base de points qu'ils avaient en commun, comme en témoignent les
deux projets de déclaration, en disant qu'il ne voulait pas d'un
vote, que cela « n'avait aucun sens ». La Bolivie
a déclaré qu'il y avait deux chemins
très différents pour les membres et a demandé le
vote. En fin de compte, une motion de la CARICOM demandant la
suspension de la réunion et des travaux pour continuer à
parvenir à un consensus à l'Assemblée
générale, qui a été soutenue par la
majorité des personnes présentes, a prévalu et la
réunion a été suspendue par le président
sans suite.
Qui a dit quoi
Le représentant du Nicaragua, le premier
à parler, a déclaré qu'il voulait un rejet ferme
et une condamnation sans équivoque de la convocation de la
réunion pour intervenir dans les affaires du Venezuela, la
qualifiant d'acte illicite et hostile. Il a aussi dit que le deux
poids, deux mesures dans le
traitement des pays de l'OÉA était inacceptable et que
ceux qui veulent véritablement aider devraient commencer par
respecter la souveraineté du Venezuela.
Le ministre des Affaires étrangères de la
Bolivie a dénoncé les actions agressives et
interventionnistes du secrétaire général de
l'OÉA, Luis Almagro, qui, dit-il, a contribué à
créer un climat de conflit au Venezuela, provoquant la violence
et même des
morts. S'il y a un réel intérêt à
contribuer, ouvrons des espaces de dialogue entre égaux, sans
impositions, a-t-il dit. Il a rappelé à tous les
participants que chaque État a le droit de choisir sa forme de
gouvernement et que les peuples libres n'ont pas besoin de protecteurs
ni de tutelle
d'autrui.
La représentante de l'Équateur a
souligné que s'il faut parler de la démocratie, du droit
à la santé, de la violence, de la protection des droits
humains et de la séparation des pouvoirs, il faudra regarder ce
qui se passe dans les autres pays de l'hémisphère, qui,
dit-elle,
comprend certains des endroits les plus violents et les plus
inégaux au monde.
Le représentant de Trinité-et-Tobago a
déclaré que la politique étrangère de son
pays reposait sur le respect de la souveraineté, la
non-ingérence, l'adhésion au droit international et aux
principes de l'Organisation des Nations Unies, qui incluent le droit
à
l'autodétermination. La déclaration de la CARICOM est
conforme à la politique étrangère de
Trinité-et-Tobago, a-t-il dit. Il a ajouté que
Trinité-et-Tobago ne chercherait pas à déterminer
pour tout autre État souverain ce qui constitue une
ingérence dans
ses affaires intérieures.
Le représentant de
Saint-Christophe-et-Niévès s'est prononcé contre
les appels à des mesures punitives contre le Venezuela et les
déclarations non autorisées faites contre le Venezuela au
nom de l'OÉA, censées être adressées au
secrétaire
général, qui selon lui contreviennent directement
à la charte de l'OÉA. Cette position a été
reprise dans les remarques des représentants d'autres pays qui
ont pris la parole.
Le représentant de
Saint-Vincent-et-les-Grenadines a souligné « le
respect sans faille » de son pays pour les principes de
la souveraineté et de la non-ingérence.
Notes
1. À titre d'information, voir «
Dénonçons le sale rôle joué par
le Canada ! Ne touchez pas au Venezuela ! »,
LML, 22 avril 2017
2. La CARICOM comprend : Antigua-et-Barbuda,
les Bahamas, la Barbade, le Belize, la Dominique, Grenade, le Guyana,
Haïti, la Jamaïque, Montserrat,
Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent
et les Grenadines, le Suriname et Trinité-et-Tobago.
Qui est derrière la tentative de coup du
département d'État américain au Venezuela?
- Mision Verdad -
Créer une image
déformée de
la crise
humanitaire est le point de départ. Dépeindre un pays au
bord du gouffre est le prétexte.
Le complot de coup d'État contre le Venezuela a
déjà été écrit et
présenté. Le 2 mars 2017, lors de la
première ronde de pourparlers de l'OÉA, Shannon K. O'Neil
(directrice du Conseil des relations extérieures pour
l'Amérique latine, CFR) s'est présentée devant le
Comité sénatorial des États-Unis pour les
relations étrangères
avec une panoplie d'actions et de mesures que les États-Unis
devaient prendre s'ils voulaient chasser le chavisme du pouvoir
politique au Venezuela.
Les joueurs clés du CFR et leur origine
Le Conseil des relations extérieures, ou CFR,
est un groupe de réflexion fondé en 1921 avec de
l'argent de la Fondation Rockefeller. Il vise à créer un
groupe d'experts pour façonner la politique
étrangère des États-Unis et inluencer ceux qui ont
des postes de direction, y compris celui de président et le
département d'État, qui n'agissent pas selon
leurs propres raisons mais plutôt selon les
intérêts de ces lobbyistes.
Depuis sa création, le conseil, qui est
composé de 4 500 membres, a placé un certain
nombre de hauts fonctionnaires en poste pour mettre en oeuvre la
stratégie du CFR. Il s'agit notamment des secrétaires
d'État Henry Kissinger, Madeleine Albright et Colin Powell,
responsables respectivement de la guerre au Vietnam, en
Yougoslavie et en Iraq, et dans le cas de Powell, un important acteur
du coup d'État d'avril 2002 au Venezuela.
En outre, un membre honoraire et
ex-vice-président du groupe de réflexion a
été David Rockefeller, l'ancien propriétaire de la
compagnie Standard Oil qui a d'importants intérêts et une
grande influence au Venezuela. Sa pénétration dans la vie
politique nationale de ce pays a été telle qu'il a
été l'un des commanditaires du pacte Punto Fijo qui
a donné naissance à la Quatrième République.
Les entreprises qui financent le CFR et l'utilisent
comme une plate-forme politique
Les entreprises nées de la dissolution de
Standard Oil financent également le CFR, à savoir Chevron
et Exxon Mobil. La première a été impliquée
dans le financement des sanctions contre le Venezuela et la seconde
veut créer des conflits entre la Guyane et le Venezuela afin de
profiter des grandes réserves pétrolières
situées dans
l'Essequibo.
Parmi les financiers de CFR, se trouve la Citibank qui
a bloqué l'année dernière les comptes de la Banque
centrale du Venezuela et de la Banque du Venezuela, ce qui a eu une
incidence sur la capacité du pays à importer des biens
essentiels. En novembre 2016, la société
financière JP Morgan a eu recours à l'agression
financière
comme excuse pour déclarer le Venezuela en défaut de
paiement et a fait des manipulations qui ont remis en cause la
crédibilité financière du Venezuela.
Les deux banques ont visé à nuire
à la capacité du Venezuela d'attirer des investissements
et des prêts qui auraient stabilisé son économie.
Les joueurs les plus agressifs du coup financier et économique
contre le Venezuela font partie du CFR. Ces mêmes joueurs sont
maintenant responsables de l'élaboration de l'ordre du jour du
coup d'État
politique, de la même manière que Colin Powell, un membre
du CFR, a conçu et armé le coup d'État
de 2002 contre Chavez lorsqu'il était le secrétaire
d'État de George W. Bush. Maintenant, tout comme par le
passé, la MUD (dénommée aujourd'hui la Coalition
de
l'unité démocratique) répond uniquement
à
une ligne politique conçue par
ces forces de l'establishment, le pouvoir réel qui gouverne les
États-Unis.
Présentation devant le sénat des
États-Unis
O'Neil n'est rien de plus qu'une
déléguée des dirigeants royaux de cette
organisation privée. Elle a été chargée de
présenter au Comité des relations
étrangères du sénat des États-Unis les
mesures qui doivent être prises pour changer le cours politique
du Venezuela, en utilisant des tactiques de guerre non
conventionnelles, comme le soulignent
les intérêts des grandes puissances économiques
représentées par le CFR.
Les audiences ont commencé par la
présentation d'un rapport appuyé par aucun fait tangible
ou fiable, à l'effet que la population du Venezuela vit
actuellement dans des conditions aussi mauvaises sinon pires que les
citoyens du Bangladesh, de la République du Congo et du
Mozambique, des pays poussés à une misère
extrême par des guerres
privées et irrégulières qui visent à piller
leurs ressources naturelles.
Créer une image (déformée par les
médias) de la crise humanitaire au Venezuela est le point de
départ du reste du plan. Dépeindre un pays au point de
s'effondrer est le prétexte.
Durant sa présentation, O'Neil a
déclaré que la PDVSA est sur le point de manquer à
ses obligations de remboursements, en omettant de dire que la compagnie
pétrolière d'État continue d'honorer les paiements
de sa dette étrangère en respect de ses engagements
internationaux. Avant de proposer ces options au gouvernement des
États-Unis, la
déléguée du CFR a dit que le Venezuela est un
endroit stratégique pour les intérêts
étasuniens dans l'hémisphère et qu'un effondrement
hypothétique de la production pétrolière
affecterait les États-Unis (parce que cela ferait monter les
prix) tout en affirmant sans aucune preuve à l'appui que les
incursions au Venezuela des cartels de la drogue Zetas
et Sinaloa représentent une menace pour la région.
Le complot autour du coup d'État
Le CFR propose trois grandes actions politiques pour
que les États-Unis mènent à bien dans un avenir
immédiat un coup d'État au Venezuela. En raison du poids
politique et financier représenté par le Council For
Foreign Relations (CFR), les options sont déjà en place
(et fonctionnent depuis des mois). En effet, le CFR a ordonné
aux
dirigeants anti-chavistes de suivre strictement ce manuel de coup.
1. Le CFR propose de poursuivre les sanctions
contre les « contrevenants aux droits de l'homme, les
narcotrafiquants et les responsables corrompus » afin
d'accroître la pression sur le gouvernement
vénézuélien. Selon ce scénario, les
dirigeants anti-Chavez ont appuyé ces actions et les faux
positifs en question, puisqu'il n'y a
aucune preuve reliant le vice-président
vénézuélien Tareck El Aissami au trafic
international de drogue. Même les dirigeants comme Freddy Guevara
sont allés à Washington directement pour «
exiger » que les sanctions soient prolongées,
grâce à l'appui du lobby
anti-vénézuélien dirigé par Marco Rubio.
« L'OÉA légalise les coups d'État »
|
2. Les États-Unis doivent prendre une
position plus ferme au sein de l'OÉA pour mettre en oeuvre la
Charte démocratique contre le Venezuela, s'assurer de la
coopération des pays des Caraïbes et d'Amérique
centrale pour appuyer cette initiative qui n'a pas été
approuvée jusqu'à maintenant, lors des dernières
sessions (illégales) de
l'OÉA. La menace de Marco Rubio contre Haïti, la
République dominicaine et le Salvador n'a pas été
une action isolée mais une manoeuvre coordonnée
menée par le Département d'État pour
accroître la pression contre les alliances internationales du
Venezuela.
Le CFR propose également que le
département du Trésor convainque la Chine de retirer son
appui au Venezuela pour augmenter la pression politique et
économique sur le pays et le gouvernement. La MUD a
été un acteur important dans ce scénario, alors
que Luis Almagro a exigé que la Charte démocratique soit
appliquée contre le
Venezuela. À l'occasion de la marche du 19 avril
convoquée par la MUD, la dernière déclaration du
département d'État étasunien vise non seulement
à durcir sa position face au Venezuela pour augmenter la
pression de l'OÉA (par la tentative de rassembler le plus grand
nombre d'alliés autour de cette critique), mais de
légitimer, de façon
préméditée, des actes violents et lamentables qui
pourraient se produire durant la marche. S'appuyant sur de faux
récits tels que l'utilisation de « collectifs »
pour supprimer les manifestations et « les tortures »
menées par les forces de sécurité de l'État
vénézuélien, le département d'État
propose d'appeler le 19 avril un point
tournant dans l'escalade du siège contre le Venezuela et
d'élargir les sanctions contre le pays, les rendant plus
agressives et plus directes.
3. Le CFR affirme que les États-Unis
devraient collaborer avec la Colombie, le Brésil, la Guyane et
les pays des Caraïbes pour se préparer à une
éventuelle « augmentation de
réfugiés », par la canalisation des ressources
du département de l'Agriculture des États-Unis vers
diverses ONG et organisations de l'ONU. Mais au-delà de
cet avertissement d'une intervention au Venezuela, il existe une
véritable opération politique : l'ONG
financée par le même département d'État,
Human Rights Watch (HRW), a publié aujourd'hui, le 18
avril 2017, un rapport sur la manière dont la « crise
humanitaire » s'est propagée au Brésil. Sur la
base de témoignages
spécifiques et de données gonflées sur
l'immigration, HRW a profité de l'occasion pour faire appel aux
gouvernements de la région (l'accent est mis sur le
Brésil) pour faire pression sur le gouvernement
vénézuélien, comme l'exige la stratégie
proposée par le CFR. Luis Florido, le dirigeant de Popular
Voluntad, est actuellement en tournée au
Brésil et en Colombie pour essayer de réactiver l'assaut
contre le Venezuela par les pays frontaliers.
Le groupe de réflexion étasunien exige
également que ces pays organisent sous la direction des
États-Unis et du Fonds monétaire international (FMI) un
plan de mise en tutelle financière du Venezuela, qui masque les
investissements russes et chinois dans les régions
stratégiques du pays. Au cours des derniers jours, Julio Borges
a utilisé son
rôle au parlement et en tant que porte-parole politique pour
continuer le message qui propage le faux récit de la «
crise humanitaire » au Venezuela. C'est la même
stratégie que celle du CFR qui soutient que les
États-Unis devraient accroître leur intervention dans les
affaires internes du Venezuela par le biais du département
d'État
maintenant dirigé par Rex Tillerson et lié à la
société pétrolière Exxon Mobil (dont il a
été PDG depuis 2007 jusqu'à ce qu'il accepte
ce poste public), un financier du CFR.
Les dirigeants de l'opposition entrent en jeu
Ces actions en cours, qui mettent en lumière
l'urgence géopolitique à l'oeuvre dans la
stratégie du coup d'État contre le Venezuela (en
même temps que les dernières déclarations de
l'amiral Kurt Tidd du Commandement du Sud des États-Unis sur la
nécessité de remplacer la Chine et la Russie en tant
qu'alliés de l'Amérique latine), reflètent
également la manière dont ils ont
délégué la création de la violence, du
chaos programmé et des procédures diplomatiques (dans le
meilleur des cas ou par l'utilisation exclusive de Luis Florido)
à leurs intermédiaires au Venezuela, en particulier les
dirigeants des partis radicaux de l'antichavisme. Ces actions
menées par les États-Unis (et les
entreprises qui gèrent leur politique étrangère)
mènent à un but final : l'intervention par des
moyens militaires limités et par des mesures financières.
Comment justifier l'intervention
La preuve présentée par le
président Nicolas Maduro lie les dirigeants de Primero Justicia
au financement du vandalisme contre les institutions publiques (le cas
du TSJ à Chacao). Au-delà de ce cas particulier, ce que
cela révèle c'est la promotion très probable de
facteurs para-criminels, irréguliers et mercenaires
(alliés et politiquement
dirigés) pour escalader et encourager la violence afin de
légitimer la position du département d'État.
La MUD, dont le nom est mal choisi, est une ambassade
privée qui fonctionne sur la base des grands
intérêts économiques de ces puissances en place,
qui sont essentielles pour que sa stratégie progresse. Que ces
stratégies puissent suivre le rythme de ce mouvement dans son
ensemble dépendra de ce que leurs partisans peuvent accomplir
sur
le terrain. En dépit des tactiques de la guerre
financière et politique mises en place par ces pouvoirs (le
blocus financier, l'assaut diplomatique international, l'attaque
programmée contre les paiements de la PDVSA, etc.) et les
manoeuvres du département d'État, pour créer
toutes les conditions pour exercer une pression, un siège et un
besoin de
financement de leurs agents au Venezuela, le point de rupture tant
désiré au Venezuela n'a pas encore été
atteint.
Mais pour ceux qui ont financé et conçu
cet ordre du jour contre le Venezuela, il est important que ce point de
rupture arrive le plus tôt possible.
Le scénario de destruction de la
révolution bolivarienne a été écrit
à Washington
- Sergio Alejandro Gomez -
Les manifestations au Venezuela sont devenues plus violentes et mieux
organisées selon une stratégie de guerre
non-conventionnelle.
Enfreindre la loi, créer un gouvernement
parallèle, organiser des institutions économiques
alternatives, harceler des fonctionnaires, détruire la
propriété, faire du stockage de denrées,
manifester, empêcher des événements sociaux,
boycotter des élections, perturber des écoles, avoir
recours à de fausses identités, chercher à se
faire arrêter,
entreprendre des grèves de la faim et submerger les
systèmes administratifs de l'État -- voilà
quelques-unes des 198 méthodes utilisées pour
renverser des gouvernements proposées il y a plus de quarante
ans par l'expert en coups d'État de la CIA, Gene Sharp.
Il serait difficile de trouver ne serait-ce qu'une
seule de ces techniques qui n'a pas été utilisée
contre la révolution bolivarienne
vénézuélienne.
Depuis plusieurs années, l'administration du
président Nicolas Maduro fait face à des attaques
particulièrement intenses et à la mise en oeuvre d'une
soi-disant Guerre non-conventionnelle qui mise sur la manipulation
psychologique, la contestation sociale, les coups d'État et, par
moments, la lutte armée.
Différentes des conflits traditionnels, ces
guerres non-conventionnelles misent sur l'incitation à des
confrontations entre les autorités et la population afin de
miner la capacité du gouvernement de fonctionner, ce qui
mène à son renversement sans intervention militaire
étrangère.
Peut-être le meilleur exemple de ce genre de
guerre est-il l'opération menée par les États-Unis
et les puissances occidentales contre le gouvernement de Mouammar
Kadhafi en Libye. Des groupes d'opposition armés et recevant
leurs conseils de l'étranger ont accompli le sale boulot sur le
terrain tandis que l'OTAN les appuyait du haut des airs
et que l'industrie médiatique transnationale s'affairait
à manipulait les faits présentés au public.
Le Venezuela, une étude de cas
Dès qu'il est devenu possible qu'un dirigeant
indépendant comme Hugo Chavez parvienne à remporter la
présidence, dans un pays qui possède les plus importantes
réserves de pétrole au monde, une stratégie a
été mise en branle pour le renverser.
Comme la 4e République était
complètement discréditée, la première
étape a été d'organiser une nouvelle opposition et
de recruter de nouveaux dirigeants. C'est l'Agence de
développement international des États-Unis (USAID) qui a
fait parvenir des fonds qui allaient servir à créer des
partis politiques et à former plusieurs des
dirigeants de l'actuelle Coalition de l'Unité
démocratique (MUD).
Le même jour où trois millions de personnes ont
marché à Caracas en appui à Nicolás Maduro,
les manifestations beaucoup plus petites de l'opposition ont fait les
manchettes.
Dans des manuels des Forces spéciales des
États-Unis comme le Circulaire de formation 18-01, on
définit sept différentes étapes d'une guerre
non-conventionnelle. D'abord il y a les « préparatifs
psychologiques » qui visent à unifier la population
en opposition au gouvernement de même que le « contact
initial » des agents
des services spéciaux sur le terrain. Les étapes
subséquentes comprennent l'extension des actions
antigouvernementales et la préparation d'une «
transition » au cours de laquelle le contrôle du pays
par le gouvernement national est remis en cause.
Bien que la tentative de coup d'État
de 2002 ait été un échec, grâce
à la mobilisation massive du peuple
vénézuélien, l'idée d'organiser des
manifestations de rue n'a jamais été abandonnée.
Ainsi Chavez a dû faire face à des manifestations et
à du sabotage d'intensité variée jusqu'à
ses tout derniers jours.
Lorsque le dirigeant bolivarien est mort en
mars 2013 et que son successeur Nicolas Maduro a pris la
relève, la droite et ses conseillers étrangers ont mis en
oeuvre les tactiques les plus agressives de leur stratégie de
guerre non-conventionnelle dans l'espoir d'asséner un coup fatal
à la révolution.
Plus que des barricades de rue
Les actions récentes de contestation de plus en
plus violentes au Venezuela rappellent les barricades et les combats de
rue (guarimbas) qui ont eu lieu en février 2014 et qui ont
provoqué la mort de 43 personnes et dans lesquelles plus
de 800 personnes ont été blessées.
À ce moment-là, les extrémistes
qui se sont manifestés dans des actions soi-disant
composées d'étudiants ont même suspendu des fils
d'acier dans les rues pour décapiter les motocyclistes. Ils ont
causé des millions de dollars de dommages à la
propriété publique dans le but de répandre un
climat de panique et de paralyser le pays.
Par contre, la récente vague de violence semble
mieux organisée et plus étendue. Certains des incidents
rapportés sont totalement gratuits et insensés.
L'attaque par des gangs d'opposition armés
contre l'hôpital de maternité et la pouponnière
Hugo Rafael Chavez Frias alors que 54 enfants étaient
à l'intérieur de l'édifice serait
déclarée crime de guerre par tout tribunal international.
Il n'est pas difficile d'identifier les groupes
organisés dans les manifestations, avec leurs boucliers, leurs
masques à gaz et les objets contondants qu'ils manient. Si ces
protestations sont pacifiques comme on aime à le dire, pourquoi
ces jeunes s'y présentent-ils prêts au combat ?
Une vidéo publiée récemment par
les autorités vénézuéliennes montre une
douzaine de jeunes portant des masques et fabriquant des cocktails
Molotov pendant une marche dans le quartier huppé d'Altamira
dans l'est de Caracas.
Après l'arrestation de Nixon Leal, un individu
violent lié à plusieurs dirigeants de MUD, le
vice-président Tareck El Aissami a présenté les
preuves qui montrent clairement comment les bandes armées sont
organisées pour mener des confrontations ouvertes contre le
gouvernement à Caracas et dans d'autres villes importantes,
conformément
aux étapes décrites dans la stratégie de guerre
non-conventionnelle. Les menaces contre les autorités ne sont
pas que physiques. Elles cherchent aussi à provoquer
l'humiliation comme on l'a vu récemment avec l'utilisation
d'excréments humains dans la fabrication de bombes artisanales
baptisées « puputovs ».
Guerre symbolique/Fausses nouvelles
Un des aspects d'une guerre non-conventionnelle et un
élément clé de son succès est la dimension
symbolique, en particulier la construction de réalités
via les médias de masse, en particulier dans des
sociétés hyperconnectées où on se fie aux
réseaux sociaux pour savoir ce qui se passe à peine
quelques mètres de chez soi.
Parfois avec une plus grande intensité que ce
qu'on voit dans les rues, le cyberespace
vénézuélien prend les allures d'un champ de
bataille où il est difficile de distinguer entre ce qui est de
l'information exacte et ce que les autorités ont
identifié comme étant des fausses nouvelles, ou des
« faux positifs ».
Une image qui a fait le tour du monde montre deux
jeunes vénézuéliens, nus et attachés
à un arbre dans l'État de Tachira, qui semblent avoir
été victimes d'une attaque physique. Plusieurs
médias internationaux, y compris certains médias
latino-américains, ont dit que les jeunes avaient
été victimes de « bandes » chavistas,
alors qu'il
s'agissait en fait d'un incident lié à une
activité criminelle non politique où les résidents
de
la région ont décidé de se faire justice
eux-mêmes.
L'industrie médiatique internationale se sert du
choix de sujets comme d'une arme. Le même jour où trois
millions de personnes marchaient à Caracas pour exprimer leur
appui à Nicolas Maduro, ce qui a dominé la une des
principaux sites web et des quotidiens ce sont les manifestations de
l'opposition où la participation était beaucoup plus
faible.
Parmi les tactiques de guerre non-conventionnelle on
compte aussi la création de symboles auxquels tout groupe peut
s'identifier. L'image d'une femme vêtue du drapeau
vénézuélien et debout devant un véhicule
armé de la Garde nationale bolivarienne a été
publiée à répétition pour devenir
l'icône des manifestants.
Il y a aussi les nombreux photographes massés
autour de ce jeune violoniste pendant une manifestation de
l'opposition. Il est difficile de voir cet incident comme un acte
spontané et non comme une mise en scène bien
orchestrée.
La solution
La droite vénézuélienne, qui est
traditionnellement divisée par ses conflits personnels et son
lot d'individus qui s'entre-déchirent pour le pouvoir, est, au
contraire, unie dans la mise en oeuvre du scénario de guerre
non-conventionnelle conçue à Washington. Le seul point
qu'ils ont en commun est la violence.
Les appels répétés aux
manifestations de rue en dépit du fait que cette ronde de
guarimbas a déjà coûté la vie à
quarante personnes ainsi que le refus de l'opposition de participer
à l'Assemblée constituante indiquent clairement que la
seule solution selon l'opposition est de mettre un terme à la
révolution par tous les moyens et peu importe les
conséquences.
La continuité du projet social initié par
Hugo Chavez, qui a à tout jamais transformé la
réalité de ce pays en faveur des pauvres, n'est pas
l'unique enjeu.
Le succès de la stratégie de l'opposition
pourrait devenir un point de référence funeste pour le
recours à la guerre non-conventionnelle et s'ajouter à la
liste des coups, des interventions militaires et des opérations
secrètes qui portent le sceau de l'activité de Washington
en Amérique latine.
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Marxiste-Léniniste
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