Numéro 133 - 26 octobre 2016
Rejetons l'assaut idéologique
néolibéral
Au sujet du caractère magique de
la propriété et du contrôle privés de la
propriété sociale
- K.C. Adams -
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L'élite impérialiste dominante exerce une
pression idéologique
constante sur le peuple. Ses joueurs vedettes, ses idéologues en
vogue,
nous pourrions dire, font constamment les manchettes à la
télévision,
dans les journaux et les magazines, et sur internet.
Une
méthode courante qu'utilisent ces joueurs vedettes est de
présenter les concepts comme des valeurs universelles immuables.
Le
concept est répété comme s'il était
irréfutable, ce qui lui donne une
qualité mystique ou magique. Le concept devient ainsi un dogme
quasi
religieux qui ne peut être ni analysé ni
évalué en soi ou dans sa
relation
avec le monde matériel parce qu'il est irréfutable et
accepté par un
acte de foi amplifié par la sincérité ou la
célébrité du personnage ou
de la force organisée par l'État qui en fait la promotion
et le répète
sans cesse.
Un concept est présenté comme un article
de foi, de nature presque
divine. Il ne peut donc être analysé en soi ou
examiné par rapport à
d'autres phénomènes. Les gens sont encouragés
à croire et à avoir foi
dans les pouvoirs magiques du concept et dans la
sincérité de la
célébrité soutenue par l'État, et à
l'accepter sans poser de questions
ou
bien à s'y opposer avec un autre article de foi soutenu par un
autre
idéologue vedette ou un idéologue vedette rival.
L'élite dominante
cherche à créer un affrontement entre ses joueurs
vedettes et leurs
articles de foi, qui sont souvent présentés comme des
énoncés de
politique opposés des partis politiques cartellisés ou
des disputes
entre l'aile
gauche et l'aile droite de l'élite dominante. On ne permet pas
l'analyse et la pensée scientifique centrée sur l'humain,
qui aborde
les problèmes de l'économie, du processus politique et du
pays avec ce
que la science appelle l'objectivité d'examen.
La cible de la pression idéologique de
l'élite dominante est la
classe ouvrière, l'accaparement continu de la richesse sociale
que les
travailleurs produisent, et son objectif idéologique est la
promotion
et le maintien des privilèges de classe comme étant une
nécessité pour
la société. Pour atteindre ces objectifs, cette
élite doit se
convaincre
qu'elle est en droit de posséder et de contrôler la
propriété sociale
et les forces productives et d'empêcher la classe ouvrière
de
développer sa propre pensée et sa propre théorie.
L'élite dominante est
tellement embourbée dans sa pensée désuète
centrée sur le capital
qu'elle s'imagine que tous les problèmes économiques et
politiques
peuvent être
réglés en réduisant la part de la richesse
sociale, produite par les
travailleurs, que ceux-ci revendiquent, en augmentant la
quantité de
richesse sociale qui afflue vers les riches, en consolidant ses
privilèges de classe et en s'accrochant au pouvoir politique par
la
privation de la classe ouvrière de son organisation, de sa
pensée et de
sa théorie
indépendantes.
La foi dogmatique de nombreuses
célébrités dans la puissance
magique de la propriété privée des biens sociaux
est un exemple d'un
concept qui exerce une pression idéologique sur le peuple. Le
concept
est présenté comme une valeur universelle : lorsque
des gens possèdent
des biens sociaux directement, ils s'intéressent plus à
leur
valeur et ont tendance à les gérer mieux, contrairement
à la propriété
d'État, publique, dont personne ne se soucie de l'actif ou de la
propriété.
Partant de cette construction mentale,
l'idéologue vedette bâtit
ses arguments pour soutenir l'offensive antisociale, qui comprend la
privatisation des avoirs publics et le maintien de la
propriété et du
contrôle privés de la richesse et de la
propriété sociale. Et ce,
malgré la preuve que cette propriété et ce
contrôle, et la recherche du
profit privé
qui leur est attachée, créent des problèmes
insolubles et sont en
contradiction avec le caractère social et interconnecté
de la grande
production industrielle. La célébrité avance cette
construction mentale
sans égard aux problèmes de l'économie et de la
société. L'objectif est
d'empêcher l'examen du monde tel qu'il est, comme une
matière pouvait
entre analysée en soi et dans ses rapports avec d'autres
matières, dans
un contexte historique donné. L'objectif est d'éblouir
les gens pour
qu'ils n'analysent pas eux-mêmes l'économie.
Les
appels à la privatisation et au contrôle privé de
la propriété
publique visent la destruction des programmes sociaux et des services
publics, pour que les détenteurs de la richesse sociale puissent
s'en
emparer et en faire des entreprises privées. Les nouveaux
propriétaires
des hôpitaux, des écoles et des autres
propriétés publiques maintenant
privatisées vont alors accroître leur réclamation
à la richesse sociale
et réduire celle du peuple ou le forcer à payer des frais
d'usager pour
tout.
L'expérience dans tous les pays a montré
que les écoles et les
hôpitaux privés servent des objectifs trop étroits
pour pouvoir
garantir le droit moderne à des soins de santé et
à l'éducation pour
tous. Cela peut sembler simpliste, mais pour garantir les droits de
tous, l'objectif général doit être de garantir les
droits et de servir
des intérêts privés
étroits. Quand le but est de garantir les droits de tous, le
problème
posé et à résoudre devient alors de
réaliser ce grand objectif général
de la meilleure façon possible. Mais quand le but est de
réaliser des
profits privés pour quelques-uns, en contradiction avec
l'objectif
général de garantir les droits de tous, le
problème est tout simplement
de
réaliser cet objectif étroit.
Les frais d'usager sont omniprésents. Les gens
sont pénalisés
financièrement pour tout : les « péages
routiers », les ponts à péage,
les frais dans les parcs publics, les frais de scolarité, de
garderie,
de programmes récréatifs et sportifs après
l'école, les frais de
scolarité postsecondaire, l'impôt foncier, les frais des
transports
publics et
de stationnement, etc.
Le « chacun pour soi » et la
prolifération des organismes privés de
bienfaisance ont supplanté tout concept de
société, de gouvernement de
droit, d'amour social et de solidarité, et toute
détermination à
restreindre les privilèges de classe et le droit de monopole et
de
garantir les droits de tous. « La force fait le
droit » par le pouvoir
de la richesse sociale concentrée entre des mains privées
et par les
pouvoirs de l'État policier pour protéger les
privilèges de classe, le
statu quo et le système impérialiste d'États.
L'élite dominante et ses idéologues
vedettes nient et méprisent le
principe moderne que les êtres humains ont des droits du fait
qu'ils
sont des êtres humains. Ils demandent ouvertement la
répression du
mouvement ouvrier et des efforts pour ouvrir la voie à des
rapports de
production modernes socialisés qui correspondent aux forces
productives modernes socialisées de la grande production
industrielle.
On ne permet aucune analyse concrète dans le domaine public pour
expliquer et résoudre les problèmes pressants que sont
les crises
économiques récurrentes et les guerres prédatrices
et
interimpérialistes. Les idéologues vedettes disent des
platitudes et
lancent des appels aux
armes pour servir et protéger les privilèges de classe de
ceux qui
possèdent et contrôlent la richesse sociale que produit la
classe
ouvrière.
On fait disparaître la classe ouvrière
Les idéologues vedettes ne parlent pas des vrais
producteurs de la
propriété sociale privée ou d'État. Ce
« quelque chose » privé ou
d'État n'a pas d'origine, n'a pas été
créé par le travail, n'a pas de
matérialité et n'a pas de contexte historique qui
permettent d'analyser
les rapports de production. La propriété sociale
privée ou d'État
existe dans leur tête comme un concept en dehors de l'espace et
du
temps, et cela convient tout à fait à l'élite
dominante qui veut à tout
prix éviter l'analyse de l'économie et des rapports des
classes dans la
production, la distribution et la consommation des biens et services.
Elle veut que les producteurs de la propriété sociale, la
classe
ouvrière,
disparaissent de toute discussion sur l'économie, la
propriété sociale,
ses détenteurs, la politique, les droits, les devoirs, le mobile
de la
production ou les rapports de production. L'idéologie
centrée sur le
capital considère les travailleurs sous un angle
entièrement négatif,
comme un coût pour la propriété sociale. Pour elle,
les travailleurs
sont une
ponction sur la valeur que les propriétaires privés
chérissent tant
qui, paradoxalement, est la richesse sociale que les travailleurs
produisent par leur travail collectif et qui ne peut exister sans eux
et sans leur temps de travail appliqué aux forces productives
socialisées.
Les idéologues vedettes font disparaître
la classe ouvrière et
présentent leurs concepts antisociaux en toute impunité
dans des
écrits, à la télévision et ailleurs parce
qu'ils ont l'appui de l'État
impérialiste. Leurs valeurs universelles éternelles n'ont
pas
d'existence concrète dans le monde matériel et elles sont
dénuées de
contexte historique.
L'élite dominante ne veut pas que ses constructions mentales
soient
remises en question par une analyse de la réalité telle
qu'elle est,
qui contredit l'idéologie dominante.
L'univers fantastique des idéologues vedettes
Par exemple, selon la construction mentale des
idéologues vedettes,
les métallos ne se soucient pas des forces productives avec
lesquelles
ils produisent l'acier ou du secteur de l'acier en
général parce qu'ils
ne possèdent ni les usines ni la richesse sociale qu'ils
produisent,
indépendamment du fait que l'usine soit la
propriété d'individus ou de
l'État. Selon leur dogme, les seuls à se soucier de
l'aciérie sont les
individus qui en sont les propriétaires, et c'est parce qu'ils
en sont
les propriétaires privés qu'« ils ont
intérêt à en préserver la valeur
et à en prendre soin ».
Est-ce
vraiment le cas ? Est-ce que les propriétaires de
l'ancienne usine de Stelco à Hamilton en prennent soin mieux que
les
autres ? Est-ce bien ainsi que les choses se passent aujourd'hui
dans
le monde des propriétaires de la propriété sociale
ou n'est-ce pas
plutôt une idée surgie de leur imaginaire, de leur monde
d'idées
forgées pour accommoder une notion
préconçue ? Peut-être devraient-ils
se rendre à Hamilton et faire enquête sur la
propriété privée de Stelco
au XXIe siècle ; ils pourraient analyser et décider
avec objectivité
d'examen si les différents propriétaires de Stelco ont eu
et ont encore
un intérêt à en préserver la valeur, s'ils
s'en occupent
mieux que d'autres ou s'ils ont un intérêt à faire
du secteur canadien
de l'acier, incluant tous les facteurs et l'infrastructure
nécessaires,
un secteur vibrant ou à tout le moins stable ? De
manière générale, les
anciens propriétaires et US Steel aujourd'hui ont
démontré un intérêt
particulier à détruire Stelco pour servir leurs
intérêts privés étroits
et certainement pas à résoudre les problèmes
auxquels font face
l'entreprise, l'industrie de l'acier et l'économie en
général.
Tous les propriétaires privés de Stelco
ont présenté les problèmes
du point de vue de leurs intérêts privés et de
manière à prévenir
l'analyse et la résolution des problèmes réels qui
requièrent des
solutions réelles. Les propriétaires monopolistes
présentent les
problèmes de deux façons et les deux sont fausses.
En premier lieu, ils accusent les vrais producteurs,
les métallos,
de revendiquer une trop grande part de la valeur nouvelle qu'ils
produisent, que ce soit en salaires pour les travailleurs actifs et les
pensions pour les travailleurs retraités. La grandeur de la
revendication de la valeur de la production de l'acier n'a rien
à voir
avec la production de
l'acier comme telle, avec l'organisation de l'industrie de l'acier et
son rôle dans l'économie. La grandeur de la revendication
faite à la
valeur nouvelle a à voir avec le rapport entre l'employeur et
l'employé
et avec la répartition de la nouvelle valeur produite par la
production
de l'acier entre ces deux forces sociales. Un changement dans la
façon
dont la valeur nouvelle est distribuée entre ces deux forces
sociales
ne résoudrait pas les problèmes actuels de la production
d'acier, de
l'industrie en général et de son rôle dans
l'économie. On pourrait
réduire au minimum la demande des métallos en salaires,
éliminer les
avantages sociaux, les pensions, et cela ne changerait rien aux
problèmes du
secteur, aux crises récurrentes et à l'instabilité
continuelle.
En
deuxième lieu, les propriétaires accusent les autres
fabricants
d'acier au Canada, aux États-Unis et à l'étranger
de produire trop
d'acier et d'inonder les marchés. Une des raisons qui a
poussé US Steel
à acheter Stelco en 2007 était de l'éliminer
en tant que concurrent et
d'éliminer une bonne partie de sa capacité de production,
ce qu'il
a fait. De son point de vue, il y avait trop d'acier dans le monde et
cela occasionnait une chute des prix, des inventaires non vendus et des
arrêts de production.
Cette prétention qu'il y a trop d'acier ne peut
être prise au
sérieux. Dans tous les pays du monde le besoin d'acier est plus
grand
que jamais dans l'histoire et beaucoup plus grand que la
capacité de
production. C'est également le cas du Canada : le besoin en
acier est
énorme et en général non comblé par la
production intérieure. Quelle
ville au Canada n'a pas besoin d'acier pour loger les gens et
rebâtir
le secteur manufacturier et l'infrastructure ? Le problème
n'est pas
qu'il y a trop d'acier mais bien que l'élite dominante et
l'économie de
marché sont impuissantes à gérer l'immense
capacité de production de la
grande production industrielle socialisée. La
préoccupation de
ceux qui possèdent et contrôlent les moyens de production
socialisés
n'est pas de mettre le produit social au service des besoins de la
population et de l'économie mais de transformer le produit
social en
richesse sociale sous forme d'argent à empocher. Le produit
social
comme tel n'intéresse pas l'élite dominante ; seule
compte la
transformation de ce produit social en richesse sociale sous forme
d'argent dans ses poches.
Et
pourtant, ce fait que l'économie, telle qu'elle est actuellement
constituée et divisée en classes sociales avec les
rapports de
production dépassées, n'a pas la capacité de
transformer le produit
social réel et potentiel en richesse sociale sous forme d'argent
et
qu'il devient donc « excédentaire », n'est pas
présenté comme un
problème à
résoudre. Et pourquoi pas, demanderaient les travailleurs ?
Parce que
la résolution du problème nécessite qu'on
restreigne le droit des
monopoles de contrôler l'économie, qu'on donne un autre
but et
direction pour l'économie et qu'on établisse des rapports
modernes de
production qui correspondent aux forces de production modernes.
La classe ouvrière est appelée par
l'histoire à s'organiser et à
créer un nouveau but, pour remplacer le but imposé par
ceux qui
possèdent et contrôlent les différentes composantes
de l'économie en
concurrence les uns avec les autres, c'est-à-dire celui de
transformer
le produit social en richesse sociale sous forme d'argent par le biais
des
marchés et de soutirer la plus grande réclamation
possible au produit
social d'une manière de plus en plus dictatoriale, destructrice
et
parasitaire.
Le nouveau but de l'économie serait de produire
le produit social
pour satisfaire les besoins de la population, de l'économie et
de la
société, d'exploiter la pleine puissance des forces
productives
socialisées de la grande production industrielle pour garantir
les
droits de tous et toutes.
Une première étape dans cette lutte est
de restreindre le droit des
monopoles de dicter l'état actuel des choses. Une fois
libéré du diktat
des monopoles, il faut examiner le secteur de l'acier dans son
intégralité, avec toutes ses composantes diverses mais
nécessaires, des
matières premières jusqu'au produit fini et toute
l'infrastructure
sociale et
matérielle que cela nécessite, en harmonie avec les
secteurs et les
entreprises qui ont besoin d'acier pour la production de moyens de
production ou d'articles de consommation.
Cela reviendrait à réduire le pouvoir de
la propriété et de
l'investissement privés à une réclamation annuelle
sur l'investissement
total, calculée selon un pourcentage, un taux moyen de profit,
à même
le prix de production. L'investissement serait distinct du processus de
production et sans contrôle sur la production, les prix et la
distribution en
gros du produit social. Cela nécessiterait une autorité
publique
redevable, chargée de superviser la production, la
détermination des
prix de la production et de la demande intérieure apparente et
la
distribution en gros de l'acier, ainsi que son importation et
exportation.
Propriété privée dysfonctionnelle
et contrôle des différentes composantes de
l'économie
Les propriétaires au sein de l'économie
d'aujourd'hui contrôlée par
les monopoles ne vivent pas pour la plupart là où les
forces de
production se trouvent. Du point de vue des investissements, ils sont
généralement séparés de la production par
deux à trois paliers. Sauf
pour les petites et certaines entreprises de taille moyenne, les
entreprises
d'aujourd'hui ne sont pas détenues directement. Elles sont la
propriété
de fiducies, de sociétés de portefeuille, de
sociétés d'actions,
d'obligations et de dérivés, et diverses autres formes
d'entreprises de
l'oligarchie financière, qu'on peut définir comme
étant des fonds de contrôle de la richesse sociale
.
Les propriétaires qui font partie de
l'oligarchie financière
visent à protéger et élargir la part de la
richesse sociale qu'ils
possèdent dans telle et telle entreprise, et si cela veut dire
détruire
une partie des forces productives, ils ne se gênent pas pour le
faire.
Leur but n'est pas de produire, d'accroître les forces
productives ou
d'apporter la
sécurité et la stabilité à
l'économie locale, régionale ou nationale,
mais de s'emparer d'un dérivé de la production, la
richesse sociale sous forme d'argent
. Ils s'intéressent à l'acier pour sa valeur
d'échange, sa valeur en
argent, et non pour sa valeur d'usage. Dans la plupart des cas, la
tonte des coupons des dividendes, l'encaissement d'un
paiement d'intérêts ou la lecture d'un
résumé de rapport financier
trimestriel est le plus près qu'ils viennent des moyens de
production.
La construction idéologique qui nous
intéresse ici — la notion que
lorsque les gens possèdent directement quelque chose et ont
directement
intérêt à en accroître la valeur, ils ont
tendance à en prendre mieux
soin — est trompeuse dans une économie dominée par
l'oligarchie
financière. Cela tient plutôt d'une vision romantique de
la propriété
des
forces productives matérielles du début de la
période de transition de
la petite production à la grande production industrielle
socialisée,
lorsqu'un propriétaire capitaliste unique était
prêt à sacrifier sa vie
et son confort personnel pour réinvestir dans l'entreprise la
valeur
ajoutée qu'il réclame. Les monopoles d'aujourd'hui sont
de propriété
privée,
mais leur propriété n'est généralement pas
directe, elle est plutôt
indirecte par l'intermédiaire de fonds de contrôle de
la richesse sociale .
La propriété privée des monopoles
ne peut pas être considérée comme
directe comme l'est une petite entreprise familiale. La
propriété
monopoliste est négative, voire même destructrice. La
propriété
monopoliste qui représente des intérêts
privés entre en contradiction
avec le caractère social et interdépendant des forces
productives
modernes.
Les problèmes auxquels fait face une entreprise
spécifique sont liés à
l'économie dans son ensemble et exigent des solutions sociales,
pas
seulement des solutions qui peuvent en apparence sembler être
propres à
une certaine entreprise.
Soit
que les intérêts privés ne sont pas
intéressés par des
solutions sociales à moins qu'elles ne servent leurs
intérêts privés
étroits liés à l'appropriation d'une part de la
richesse sociale, soit
qu'ils ne sont pas en mesure d'adopter ou d'appliquer des solutions
sociales, car la coopération entre les concurrents et d'autres
grands
secteurs fait défaut.
Généralement, les solutions aux problèmes
réels de l'économie
aujourd'hui exigent que l'on restreigne le droit de monopole pour
défendre l'intérêt public, mais l'oligarchie
financière refuse même de
discuter d'une telle possibilité.
Comme nous l'avons expliqué, l'objectif des
propriétaires de
différentes composantes de l'économie est de
réclamer la richesse
sociale sous forme d'argent, un dérivé du produit social,
et non de
produire la richesse sociale en tant que produits ou services. Ils se
soucient de réclamer la plus grande part possible de la richesse
sociale sous forme
d'argent, et cela se fait souvent tout simplement en volant les autres,
sans passer par les tracas de la production et la vente du produit
social. Les manoeuvres parasitaires pour s'emparer de la valeur
déjà
produite sont maintenant omniprésentes et dominent
l'économie
impérialiste : aujourd'hui des milliards de dollars
changent de main
par
voie électronique sans qu'il y ait de nouvelle production. Le
parasitisme et la dégénérescence de ceux qui
contrôlent la richesse
sociale perturbent constamment la production de biens et services. Les
manoeuvres parasitaires s'accompagnent de stratagèmes pour payer
les
riches monopoles à même les fonds publics, par les
subventions
directes, les
prêts, les exemptions de frais et d'impôt et les
partenariats
public-privé. Parmi les autres programmes organisés par
l'État pour les
monopoles il y a les contrats gouvernementaux garantis pour les
services publics, les produits pharmaceutiques, les fournitures
médicales et pour les hôpitaux, les armes pour les forces
militaires et
policières et, dans le
cas des États-Unis, l'ensemble des services pénitenciers.
La propriété privée des monopoles
existe surtout par intermédiaire,
à deux ou trois degrés de séparation. Dans
l'esprit des propriétaires
distants, les problèmes réels de l'usine sont sans
conséquence ; ils
sont laissés aux soins d'un cadre dirigeant embauché
localement mais
celui-ci n'a pas droit de regard sur les investissements ou les
autres décisions importantes. L'oligarchie financière
s'occupe
presqu'uniquement d'accumuler la richesse sociale, la plupart du temps
sous forme d'argent mais aussi sous forme de propriété
sociale, et de
bâtir des empires. Les propriétaires privés sont si
détachés de
l'entreprise qu'ils possèdent que souvent ils refusent de
réinvestir la
richesse sociale
produite par les travailleurs parce qu'ils en ont besoin ailleurs dans
leur empire monopoliste, souvent à cause de pertes encourues par
une
autre entreprise de l'empire mondial, dans un autre pays.
Essar Steel Algoma est un exemple d'entreprise locale
qui vit des
difficultés à cause de pertes encourues ailleurs dans
l'empire d'Essar
Global, en plus des problèmes propres à l'industrie de
l'acier au
Canada. Essar Global a perdu des milliards de dollars dans
l'exploitation d'une mine de minerai de fer au Minnesota qui fait
maintenant l'objet
d'une faillite aux termes du Chapitre 11 (loi américaine
sur les
faillites). Le monopole mondial est aussi engagé dans un duel
avec un
monopole américain concurrent du minerai de fer, Cliffs Natural
Resources, qui est même allé jusqu'à couper
l'approvisionnement en
boulettes de fer à l'aciérie Algoma.
Les
problèmes de l'ancienne aciérie Stelco (US Steel Canada)
dans
la région de Hamilton et d'Algoma (Essar) Steel à
Sault-Ste-Marie ne
viennent pas des installations mêmes, si ce n'est qu'elles ont
besoin
de renouvellement et des réinvestissements nécessaires.
Les problèmes
viennent du fait que l'industrie canadienne de l'acier est
manipulée
par les bâtisseurs d'empire mondiaux pour servir leurs
intérêts privés.
La production et la distribution de l'acier canadien nécessitent
une
direction nationale, afin d'établir un contrôle sur les
prix, l'offre
et la demande. Les problèmes de ce secteur aujourd'hui exigent
des
solutions prosociales et une approche large qui servent
l'édification
nationale
mais cela entre en conflit avec les intérêts
étroits des monopoles
privés des groupes de propriétaires et leur
édification d'empire. Ces
problèmes doivent être analysés et des solutions
proposées en tenant
compte de l'ensemble de l'économie socialisée et
interconnectée. Ils ne
peuvent pas être résolus en répétant des
dogmes idéologiques tels que «
seuls les propriétaires privés ont intérêt
à maintenir la viabilité de
l'usine ». Les dogmes ne servent à rien dans la
résolution de
problèmes ; c'est dans leur nature d'être
dépassés. Ils sont maintenus
et répétés parce qu'ils servent des
intérêts monopolistes privés, parce
qu'ils servent l'édification d'empire aux dépens de
l'édification
nationale, aux dépens de la classe ouvrière et de
l'intérêt général de
la société.
Dans le cas de Stelco, les métallos ont
proposé des alternatives
pour résoudre les problèmes du secteur de l'acier qui ne
correspondent
pas aux dogmes des idéologues vedettes. Un fait important :
les
solutions que les travailleurs proposent proviennent des
véritables
producteurs et de leur analyse des conditions concrètes. Leur
point de
départ n'est pas un dogme préconçu mais
plutôt la situation de Stelco
telle qu'elle se présente : une entité
contrôlée par US Steel, dans le
secteur de l'acier et au sein d'une économie
interconnectée. De là, une
analyse et des solutions ont été élaborées
pour ouvrir la voie vers
l'avant, mais les alternatives prosociales des métallos se sont
vues
refuser l'espace public nécessaire pour bâtir l'opinion et
l'appui
publics, et c'est un obstacle que la classe ouvrière doit
surmonter.
Les préjugés et les dogmes des
idéologues vedettes, appuyés par la
puissance des médias de masse et de l'État, parviennent
facilement à
enterrer les alternatives prosociales qui ne correspondent pas à
leurs
constructions mentales. Le dogme d'un idéologue vedette peut
être
imposé dans un article ou une émission de
télévision pour perturber le
développement de la pensée et de l'analyse du monde
matériel. Un
exemple récent est un professeur vedette à Hamilton qui a
dénoncé comme
un « coup publicitaire » l'appel du Syndicat
local 1005 des métallos à
tenir une enquête publique dans le secteur de l'acier, sur
l'utilisation de la Loi sur les arrangements avec les
créanciers
des compagnies contre les métallos et
l'intérêt public et sur les solutions possibles aux
problèmes de l'industrie.
L'élite dominante par son contrôle de
l'État et des médias retire
l'espace public à l'analyse des conditions concrètes et
à la discussion
des alternatives prosociales. Le mouvement ouvrier est confronté
à la
nécessité de bâtir ses propres médias s'il
espère briser le contrôle et
la domination de l'opinion publique et de la direction de
l'économie
par
l'élite dominante.
La propriété d'État et la
propriété privée
La construction mentale des idéologues vedettes
utilisent souvent
des arguments bidons comme celui à l'effet que la
propriété privée est
supérieure à la propriété étatique.
Ils mettent en opposition la
propriété privée et la propriété de
l'État, mais pas en soi et dans
leur relation avec les classes sociales à l'oeuvre, notamment
les
véritables
producteurs, et dans leur contexte historique particulier. Ils
présentent la chose comme une abstraction, comme une affirmation
sans
conséquence matérielle dans le temps et l'espace et sans
analyse
concrète.
Ils créent un lien arbitraire entre le sentiment
et la
motivation des gens envers les forces productives, bien qu'ils
n'utilisent pas ce terme-là, et le caractère social ou
privé de la
propriété. Ce sentiment et cette motivation sont
présentés en dehors de
tout matérialisme historique et en particulier sans le contexte
des
rapports de production :
il y a eu le rapport entre l'esclave et le maître d'esclaves,
puis
celui entre le serf et le seigneur propriétaire et maintenant
celui qui
oppose les travailleurs à ceux qui possèdent et
contrôlent la propriété
sociale, l'élite dominante de l'oligarchie financière.
La nature de l'État auquel se
réfèrent les idéologues vedettes
Les idéologues vedettes parlent surtout en
termes généraux, en
dehors de tout contexte historique. Ils affirment de diverses
façons
que personne ne s'intéresse à la valeur de quelque chose
qui est
propriété d'État. Cette affirmation est-elle
vérifiable dans le monde
d'aujourd'hui, ou même à d'autres périodes
historiques où existaient
d'autres
rapports de production et où dominaient d'autres classes
sociales ?
Pourquoi un État sous le contrôle d'une classe sociale
construit-il
quelque chose dont personne ni aucune classe sociale ne se
soucie ?
Qu'est-ce qui le motive ? L'État existe dans un contexte
historique
spécifique de classes sociales, de forces productives et de
rapports de production. Au cours de son existence, l'État sert
une
classe ou des classes sociales en particulier pour affirmer en
général
sa domination sur une autre classe ou des classes sociales et sur
d'autres États ou peuples.
L'État est la force organisée qui
maintient le contrôle et la
domination de la classe dominante durant une période historique
donnée.
Les membres de la classe dominante sont très soucieux de leur
État et
de ce que l'État possède ; ils s'assurent que les
ressources humaines
et matérielles soient mobilisées pour bâtir et
maintenir l'État, ses
biens et avoirs. L'actif le plus important de l'État est
l'armée et la
propriété et les avoirs de son armée permanente et
de son armée de
réserve. La classe dominante se soucie énormément
du maintien des
ressources humaines et matérielles de ses forces armées
et policières
parce que l'armée, ou le pouvoir policier, est son arme
principale pour
maintenir sa domination sur les forces de classe qu'elle exploite au
pays et sur les forces extérieures qu'elle voudrait
conquérir ou dont
elle voudrait peut-être saisir le territoire et les biens.
L'État
impérialiste américain soutire à chaque
année 650
milliards $ à l'économie pour financer ses forces
armées stationnées
partout dans le monde pour mener des guerres de conquête pour
étendre
son empire, supprimer les projets d'édification nationale des
autres,
piller leurs richesses, en rivalité ou de connivence avec
d'autres
au sein du système impérialiste d'États.
L'armée, les agences
d'espionnage et les forces policières des États-Unis sont
organisées
pour réprimer la classe ouvrière des États-Unis et
l'empêcher de
développer son propre projet d'édification nationale
contre
l'impérialisme américain.
L'élite dominante des États-Unis est
très soucieuse de son État, en
particulier de son armée, à tel point qu'elle oblige les
citoyens et
les résidents du pays, en particulier les jeunes, à
prêter allégeance à
chaque jour à son État militaire et impérialiste.
L'élite dominante
organise des exercices patriotiques élaborés pour
endoctriner des
jeunes afin
qu'ils servent de chair à canon dans ses guerres
prédatrices sans
remettre en cause le rôle de l'État et des institutions
des États-Unis.
Ces derniers sont la plus grande arme de l'oligarchie
financière, celle
qui lui permet de continuer d'exercer son pouvoir de classe violent, de
réprimer les peuples du monde et de leur enlever toute
perspective
d'avenir.
La prétention des idéologues vedettes que
personne ni aucune force
sociale ne se soucie des institutions et des entreprises d'État
aux
États-Unis est tout à faire fausse et ridicule. D'abord
l'élite
dominante des États-Unis se soucie beaucoup de son
système impérialiste
d'États et de ses entreprises et institutions publiques. C'est
son
pouvoir d'État
qui lui permet de répandre son système
impérialiste d'États de par le
monde, de s'enrichir à même le tribut qu'elle saisit de
force pour
garnir ses coffres et de priver les peuples partout dans le monde, y
compris aux États-Unis, de leur droit d'édifier un
État moderne avec
des rapports de production socialisés qui sont au diapason avec
les
conditions
modernes d'une économie socialisée et
interconnectée avec, à la base,
la grande production industrielle.
Le souci de la classe dominante pour la
propriété d'État va bien
au-delà de l'armée, des agences de renseignement et du
pouvoir policier
en général. Par exemple, à la fin du XIXe
siècle et au cours du XXe
siècle l'élite dominante anglo-canadienne a construit des
sociétés
hydro-électriques en tant que sociétés
d'État partout au pays.
Celles-ci
ont fourni en abondance une énergie hydro-électrique
à bon marché au
service de la grande production industrielle moderne, du
développement
commercial et de l'expansion urbaine. Pour l'élite dominante,
les
sociétés d'État hydro-électriques du
Québec, de l'Ontario, de la
Colombie-Britannique et d'ailleurs ont bien servi ses
intérêts privés
et son
projet national. D'autres exemples de sociétés
d'État qui ont contribué
à l'édification nationale sont le service postal, les
compagnies
aériennes nationales, les chemins de fer et toutes les autres
infrastructures matérielles et sociales.
Le sens profond de la propriété et du
contrôle d'État
Les idéologues vedettes utilisent le mot «
État » très
libéralement. Les institutions et les entreprises d'État
appartiennent
à quelqu'un. Une autorité publique qui représente
ceux qui dominent
l'État exerce son droit de propriété et son
contrôle sur ses
institutions. L'élite dominante tire avantage de ces
institutions et de
ces entreprises, tout
comme les propriétaires d'esclaves classiques de l'Égypte
ancienne
étaient particulièrement fiers de la valeur produite par
leurs
esclaves, tels les pyramides.
Les
idéologues vedettes prétendent que la classe dominante du
Canada, qui possède et contrôle les sociétés
d'État en plus de ses
propriétés privées, ne se soucient guère de
leur valeur, qu'en fait,
personne ne s'intéresse à la valeur de la
propriété d'État. Pourtant,
l'État représente et défend des
intérêts de classes sociales bien
précis. La base
même de l'État canadien est la dictature que l'oligarchie
financière
exerce sur les producteurs de la richesse sociale et de la
propriété
sociale, c'est-à-dire la classe ouvrière. L'État
canadien défend et
préserve le pouvoir de l'oligarchie financière, laquelle
possède et
contrôle la richesse et la propriété sociales,
ainsi que son
intégration au système
d'États dominé par les États-Unis.
Les idéologues vedettes attribuent un pouvoir
magique à la
propriété privée de la propriété
sociale en partie pour désarmer la
classe ouvrière moderne qui travaille soit dans des entreprises
de
propriété privée, soit dans des entreprises
d'État. L'invocation d'un
pouvoir magique déforme le rapport entre les travailleurs et
ceux qui
possèdent et
contrôlent les entreprises et qui achètent leur
capacité de travail.
Que les forces productives socialisées soient de
propriété privée
ou de propriété d'État, cela a peu d'incidence sur
le rapport entre les
travailleurs et ceux à qui ils vendent leur capacité de
travail. Ces
rapports sont régis par les lois fondamentales du système
capitaliste :
ceux qui possèdent et contrôlent la richesse et la
propriété sociales
sont liés par un rapport social dialectique antagoniste à
ceux qui
vendent leur capacité de travail. Le rapport social, le capital,
est un
rapport dialectique : la thèse qui exploite
l'antithèse — la thèse
étant ceux qui possèdent et contrôlent la force
productive socialisée,
la classe capitaliste, et l'antithèse étant la classe
ouvrière.
L'antithèse vend sa capacité de travail
à la thèse en tant que
valeur d'échange, et la thèse consomme la capacité
de travail en tant
que valeur d'usage en l'appliquant à la force productive
socialisée
qu'elle possède et contrôle soit sur une base
privée, soit sur une base
publique par le biais de l'État. La valeur nouvelle produite par
la
valeur
d'usage de l'antithèse qui fait partie de la force productive
socialisée possédée et contrôlée par
la thèse est plus grande que la
valeur d'échange payée pour la capacité de travail
de l'antithèse. La
différence est la valeur ajoutée, le profit saisi par la
thèse, ceux
qui possèdent et contrôlent la force productive, soit sur
une base
privée, soit sur une base
publique par le biais de l'État, tel Postes Canada. Le rapport
social, le capital , doit sa cohésion et sa
stabilité à la dictature de l'oligarchie
financière, à l'État canadien et à ses
institutions.
La lutte pour le contrôle des forces productives
matérielles
socialisées, en propriété privée ou en
propriété publique par le biais
de l'État, est au coeur de la lutte de classe dans le cadre du
rapport
social appelé capital , qui oppose l'oligarchie
financière à la
classe ouvrière. Il ne s'agit pas de savoir si la
propriété des forces
productives
est privée ou publique, mais quelle classe sociale
contrôle la valeur
d'usage de l'antithèse, la classe ouvrière, et les forces
productives
socialisées auxquelles l'antithèse applique son travail.
Pour sortir
victorieuse de la lutte de classe pour le contrôle de sa
capacité de
travail, sa valeur d'usage, la classe ouvrière doit briser les
liens du
rapport social
dialectique, le capital, et devenir la classe ouvrière nouvelle,
la
synthèse, aux commandes des forces productives
socialisées et d'un
nouvel État qui est sien.
Toutes les entreprises du Canada moderne, tant
privées que
publiques, s'abreuvent à la propriété sociale que
la classe ouvrière a
produite. Le problème à résoudre pour la classe
ouvrière est de prendre
le contrôle de la propriété sociale qu'elle produit
et à laquelle elle
applique son travail pour produire une nouvelle richesse sociale, pour
se
donner le pouvoir de priver la thèse, ceux qui possèdent
et contrôlent
les forces productives socialisées, de sa capacité
d'exploiter et
d'opprimer l'antithèse, et ainsi sortir du rapport social et
créer la
synthèse, une classe ouvrière nouvelle avec son propre
État. Pour
ouvrir une voie vers l'avant il faut beaucoup de sagesse,
d'organisation et de capacité
d'analyse, et non pas des dogmes, qu'ils soient le produit
d'idéologues
vedettes ou pas.
Les travailleurs font ce qu'ils peuvent dans le monde
dans lequel ils naissent
La classe ouvrière hérite des rapports
sociaux, des forces
productives, de l'État et de la pensée de la
génération précédente. Les
travailleurs, par leur participation à la lutte pour la
production, à
l'expérimentation scientifique et à la lutte de classe,
constatent que
tout ne tourne pas rond au pays, en particulier pour ce qui est de
leurs rapports avec
leurs employeurs. Ils vendent leur capacité de travail et, au
moyen de
leur travail, produisent la richesse et la propriété
sociale, les
produits et services nécessaires à la survie de la
société, sans pour
autant recevoir en retour une garantie de sécurité et de
bien-être tout
au long de leur vie. Les rapports sociaux existants les privent du
droit de regard et
d'un contrôle sur les forces productives socialisées, sur
ce qu'ils
produisent et sur sa distribution. Les rapports sociaux privent la
classe ouvrière d'un contrôle sur les affaires politiques,
économiques
et sociales qui l'affectent directement et qui affectent la
capacité de
la société à résoudre les nombreux
problèmes auxquels elle est
confrontée et à se
donner une perspective d'avenir. Le problème fondamental pour
les
travailleurs n'est pas que les forces productives modernes soient de
propriété privée ou de propriété
publique, mais bien que les rapports
de production périmés ne correspondent plus à
l'économie socialisée et
interconnectée et à ses forces productives modernes.
C'est ce qui prive
les producteurs de fait du contrôle de leurs moyens de
production, du
produit social qu'ils produisent et de la capacité de
maîtriser la
puissance et l'immense capacité de la production industrielle
socialisée de produire efficacement, sans crises ni ruptures, de
répondre aux besoins de la société et de la
population, et de garantir
sa sécurité et son
bien-être tout au long de sa vie.
Les travailleurs veulent ce qu'il y a de mieux pour les
forces
productives où ils travaillent, que le secteur soit privé
ou public.
Ils veulent défendre l'intérêt
général de la société et ils veulent que
l'édification nationale progresse d'un pas ferme. Le
problème est
qu'ils sont confrontés à une oligarchie financière
qui ne se préoccupe
que de ses
intérêts privés étroits et de
l'édification d'empires dans le cadre du
système impérialiste d'États dominé par les
États-Unis.
Selon la notion de valeur de l'élite dominante,
les travailleurs ne
se soucient guère des forces productives matérielles
où ils
travaillent. Selon les idéologues vedettes, les seuls à
se soucier des
forces productives sont les propriétaires directs de ces forces
productives. Les travailleurs dans les secteurs privés et
publics ne
partagent pas du tout ce
point de vue, surtout en ces jours d'offensive antisociale où le
droit
de monopole et l'édification d'empire entraîne la
destruction des
forces productives sur une grande échelle, tant privées
que publiques,
sous le prétexte réactionnaire de rendre nos monopoles
compétitifs et
numéro un dans le monde. La vérité est que la
classe ouvrière est
entravée
dans son effort pour développer et améliorer les forces
productives et
les mettre à contribution collectivement au service du peuple et
de
l'intérêt général de la
société.
La construction mentale des idéologues vedettes
laisse entendre que
les infirmières, les enseignants, les travailleurs des postes et
l'ensemble des travailleurs du secteur public ne se soucient
guère des
forces productives où ils travaillent, et que les Canadiens en
général
se fichent pas mal des écoles publiques, des hôpitaux et
des autres
propriétés
sociales appartenant à l'État.
La plupart des travailleurs du secteur public sont en
désaccord
total avec cette façon de voir. Les enseignants font valoir que
leurs
conditions de travail, dont font partie les écoles et le
matériel
d'enseignement, sont les conditions d'apprentissage des
élèves. Les
travailleurs de l'éducation se soucient beaucoup des conditions
d'enseignement. Ils
sont aux premières lignes pour défendre le droit à
l'éducation pour
tous et à tous les niveaux contre l'offensive
néolibérale et aimeraient
par-dessus tout avoir plus de contrôle sur ces conditions afin de
les
améliorer et d'y investir davantage.
L'oligarchie financière prive les travailleurs
du secteur public
d'un contrôle sur les programmes sociaux et les services publics
où ils
travaillent, en particulier sur la quantité de richesse sociale
qui
doit être investie dans ces services et programmes et sur comment
la
valeur qu'ils produisent devrait être réalisée
(échangée) avec la
valeur produite
dans d'autres secteurs et entreprises de l'économie.
De façon générale, les
travailleurs du secteur privé voient les
choses du même oeil, bien que leur situation diffère de
celle des
travailleurs du secteur public. Ils se soucient des forces productives
puisqu'elles sont la base matérielle de leur survie et du
bien-être de
la population et de la société, dont ils font partie.
Sans les moyens
de production
socialisés modernes, le niveau de vie serait
considérablement inférieur
à ce qu'il est présentement. Les métallos ne
demandent pas mieux que
d'avoir des propriétaires d'aciéries, privées et
publiques, qui se
soucient de façon pratique des forces productives et qui
veillent à ce
que les installations soient constamment renouvelées à
même les
investissements provenant de la richesse sociale que les travailleurs
produisent, et à ce que les problèmes dans ce secteur et
dans
l'économie soient réglés comme il faut et dans une
perspective
prosociale élargie.
Si les métallos rencontraient ces
idéologues vedettes, ils leur
diraient et leur montreraient avec faits à l'appui que les
propriétaires de Stelco et d'Algoma dans le monde d'aujourd'hui
considèrent les installations productrices et les travailleurs
comme de
simples pions régulièrement sacrifiés pour le bien
de l'empire et dans
leurs intérêts privés
étroits. Ceux qui possèdent et contrôlent
l'aciérie ne la valorisent
pas pour ses capacités de production dans un contexte
d'édification
nationale. Sinon ils la défendraient en tant qu'actif
précieux et
veilleraient à ce qu'elle soit constamment renouvelée
avec les
investissements nécessaires, et ils feraient tout ce qui est
possible
pour résoudre les
problèmes dans le secteur et dans l'économie en
général. Ils
considéreraient l'existence de l'aciérie et du facteur
humain comme
essentiel dans l'économie canadienne, ce qui signifie que les
grands
problèmes interdépendants tels que la tarification,
l'offre et la
demande, et le développement de l'infrastructure
matérielle et sociale
sont interconnectés
avec l'aciérie et tous dépendent de chacun pour leur
sécurité et leur
bien-être.
En d'autres mots, les problèmes de
l'aciérie ne sont pas des
questions privées affectant les intérêts
privés des détenteurs des
moyens de production particuliers, mais des questions publiques et des
problèmes sociaux qui touchent l'ensemble de l'économie
et de
l'édification nationale. Ils doivent être traités
comme des problèmes
économiques,
politiques et sociaux de l'édification nationale dont la
résolution est
nécessaire pour le bien commun de tous et l'intérêt
général de la
société. Mais ceux qui détiennent et
contrôlent l'aciérie à différentes
époques sont obsédés par leurs
intérêts privés étroits et voient les
travailleurs et compétiteurs comme des ennemis à
écraser. Ils refusent
de
reconnaître que les moyens de production sont une
propriété sociale
liée au bien-être et à la stabilité de
l'économie, et la nécessité du
tout abordé dans un sens public large. Ils refusent de
reconnaître les
droits du facteur humain sans lequel aucune société
moderne ne peut
être construite et aucun rapport social moderne de production ne
peut
être
développé, ni même l'équilibre dans le
présent au sein de la rapport
social entre la classe ouvrière et ceux qui détiennent et
contrôlent
les moyens de production socialisés.
Les idéologues vedettes veulent embourber la
classe ouvrière et ses
alliés dans un non-sens sur la propriété
privée par rapport à la
propriété de l'État, car une telle discussion n'a
rien à voir avec les
conditions concrètes au Canada aujourd'hui, et rien à
voir avec la
résolution des problèmes dans l'économie moderne.
L'élite impérialiste
dominante ne veut pas que la classe ouvrière développe sa
capacité
d'analyser les conditions concrètes telles qu'elles se
présentent
objectivement et subjectivement. Elle prive la classe ouvrière
de son
droit d'améliorer sa pensée par la participation
consciente à la
recherche d'une voie à suivre pour achever la transition de la
petite
production,
l'autocratie médiévale et les rapports sociales
dépassées, à la grande
production industrielle socialisée et à des rapports
modernes de
production où les producteurs réels contrôlent la
production en
harmonie avec les conditions socialisées modernes, apportant la
stabilité à l'ensemble, surmontant les crises
récurrentes qui sont une
caractéristique de la
période actuelle de transition et s'investissant du pouvoir
politiquement dans une démocratie et un État à eux.
La classe ouvrière acquiert la capacité
et la volonté de dénoncer
l'absurdité et les préjudices de l'élite
dominante, et, ce faisant,
vient à dépendre de ses propres organisations, de sa
sagesse et de sa
capacité d'analyse scientifique. Le dogme des idéologues
vedettes et
des autres au service de ceux qui détiennent et contrôlent
les moyens
de
production socialisés est destiné à empêcher
le développement de la
théorie moderne pour guider les actions et les rapports dans le
monde
moderne de la grande production industrielle socialisée.
La pensée centrée sur le capital qui
exalte la propriété privée et
le contrôle privé de la propriété sociale
mène nulle part et est
totalement inadaptée aux conditions modernes. La pensée
et la théorie
modernes doivent refléter les conditions modifiées de la
façon dont les
gens travaillent et vivent. Les vieux préjugés et dogmes
de l'époque
précédente de la petite production et du régime
autocratique jouent un
rôle extrêmement négatif dans le monde
d'aujourd'hui. Ils doivent et
peuvent être rejetés et remplacés par une nouvelle
direction.
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