Le Marxiste-Léniniste

Numéro 133 - 26 octobre 2016

Rejetons l'assaut idéologique néolibéral

Au sujet du caractère magique de la propriété et du contrôle privés de la propriété sociale

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L'élite impérialiste dominante exerce une pression idéologique constante sur le peuple. Ses joueurs vedettes, ses idéologues en vogue, nous pourrions dire, font constamment les manchettes à la télévision, dans les journaux et les magazines, et sur internet.

Une méthode courante qu'utilisent ces joueurs vedettes est de présenter les concepts comme des valeurs universelles immuables. Le concept est répété comme s'il était irréfutable, ce qui lui donne une qualité mystique ou magique. Le concept devient ainsi un dogme quasi religieux qui ne peut être ni analysé ni évalué en soi ou dans sa relation avec le monde matériel parce qu'il est irréfutable et accepté par un acte de foi amplifié par la sincérité ou la célébrité du personnage ou de la force organisée par l'État qui en fait la promotion et le répète sans cesse.

Un concept est présenté comme un article de foi, de nature presque divine. Il ne peut donc être analysé en soi ou examiné par rapport à d'autres phénomènes. Les gens sont encouragés à croire et à avoir foi dans les pouvoirs magiques du concept et dans la sincérité de la célébrité soutenue par l'État, et à l'accepter sans poser de questions ou bien à s'y opposer avec un autre article de foi soutenu par un autre idéologue vedette ou un idéologue vedette rival. L'élite dominante cherche à créer un affrontement entre ses joueurs vedettes et leurs articles de foi, qui sont souvent présentés comme des énoncés de politique opposés des partis politiques cartellisés ou des disputes entre l'aile gauche et l'aile droite de l'élite dominante. On ne permet pas l'analyse et la pensée scientifique centrée sur l'humain, qui aborde les problèmes de l'économie, du processus politique et du pays avec ce que la science appelle l'objectivité d'examen.

La cible de la pression idéologique de l'élite dominante est la classe ouvrière, l'accaparement continu de la richesse sociale que les travailleurs produisent, et son objectif idéologique est la promotion et le maintien des privilèges de classe comme étant une nécessité pour la société. Pour atteindre ces objectifs, cette élite doit se convaincre qu'elle est en droit de posséder et de contrôler la propriété sociale et les forces productives et d'empêcher la classe ouvrière de développer sa propre pensée et sa propre théorie. L'élite dominante est tellement embourbée dans sa pensée désuète centrée sur le capital qu'elle s'imagine que tous les problèmes économiques et politiques peuvent être réglés en réduisant la part de la richesse sociale, produite par les travailleurs, que ceux-ci revendiquent, en augmentant la quantité de richesse sociale qui afflue vers les riches, en consolidant ses privilèges de classe et en s'accrochant au pouvoir politique par la privation de la classe ouvrière de son organisation, de sa pensée et de sa théorie indépendantes.

La foi dogmatique de nombreuses célébrités dans la puissance magique de la propriété privée des biens sociaux est un exemple d'un concept qui exerce une pression idéologique sur le peuple. Le concept est présenté comme une valeur universelle : lorsque des gens possèdent des biens sociaux directement, ils s'intéressent plus à leur valeur et ont tendance à les gérer mieux, contrairement à la propriété d'État, publique, dont personne ne se soucie de l'actif ou de la propriété.

Partant de cette construction mentale, l'idéologue vedette bâtit ses arguments pour soutenir l'offensive antisociale, qui comprend la privatisation des avoirs publics et le maintien de la propriété et du contrôle privés de la richesse et de la propriété sociale. Et ce, malgré la preuve que cette propriété et ce contrôle, et la recherche du profit privé qui leur est attachée, créent des problèmes insolubles et sont en contradiction avec le caractère social et interconnecté de la grande production industrielle. La célébrité avance cette construction mentale sans égard aux problèmes de l'économie et de la société. L'objectif est d'empêcher l'examen du monde tel qu'il est, comme une matière pouvait entre analysée en soi et dans ses rapports avec d'autres matières, dans un contexte historique donné. L'objectif est d'éblouir les gens pour qu'ils n'analysent pas eux-mêmes l'économie.

Les appels à la privatisation et au contrôle privé de la propriété publique visent la destruction des programmes sociaux et des services publics, pour que les détenteurs de la richesse sociale puissent s'en emparer et en faire des entreprises privées. Les nouveaux propriétaires des hôpitaux, des écoles et des autres propriétés publiques maintenant privatisées vont alors accroître leur réclamation à la richesse sociale et réduire celle du peuple ou le forcer à payer des frais d'usager pour tout.

L'expérience dans tous les pays a montré que les écoles et les hôpitaux privés servent des objectifs trop étroits pour pouvoir garantir le droit moderne à des soins de santé et à l'éducation pour tous. Cela peut sembler simpliste, mais pour garantir les droits de tous, l'objectif général doit être de garantir les droits et de servir des intérêts privés étroits. Quand le but est de garantir les droits de tous, le problème posé et à résoudre devient alors de réaliser ce grand objectif général de la meilleure façon possible. Mais quand le but est de réaliser des profits privés pour quelques-uns, en contradiction avec l'objectif général de garantir les droits de tous, le problème est tout simplement de réaliser cet objectif étroit.

Les frais d'usager sont omniprésents. Les gens sont pénalisés financièrement pour tout : les « péages routiers », les ponts à péage, les frais dans les parcs publics, les frais de scolarité, de garderie, de programmes récréatifs et sportifs après l'école, les frais de scolarité postsecondaire, l'impôt foncier, les frais des transports publics et de stationnement, etc.

Le « chacun pour soi » et la prolifération des organismes privés de bienfaisance ont supplanté tout concept de société, de gouvernement de droit, d'amour social et de solidarité, et toute détermination à restreindre les privilèges de classe et le droit de monopole et de garantir les droits de tous. « La force fait le droit » par le pouvoir de la richesse sociale concentrée entre des mains privées et par les pouvoirs de l'État policier pour protéger les privilèges de classe, le statu quo et le système impérialiste d'États.

L'élite dominante et ses idéologues vedettes nient et méprisent le principe moderne que les êtres humains ont des droits du fait qu'ils sont des êtres humains. Ils demandent ouvertement la répression du mouvement ouvrier et des efforts pour ouvrir la voie à des rapports de production modernes socialisés qui correspondent aux forces productives modernes socialisées de la grande production industrielle. On ne permet aucune analyse concrète dans le domaine public pour expliquer et résoudre les problèmes pressants que sont les crises économiques récurrentes et les guerres prédatrices et interimpérialistes. Les idéologues vedettes disent des platitudes et lancent des appels aux armes pour servir et protéger les privilèges de classe de ceux qui possèdent et contrôlent la richesse sociale que produit la classe ouvrière.

On fait disparaître la classe ouvrière

Les idéologues vedettes ne parlent pas des vrais producteurs de la propriété sociale privée ou d'État. Ce « quelque chose » privé ou d'État n'a pas d'origine, n'a pas été créé par le travail, n'a pas de matérialité et n'a pas de contexte historique qui permettent d'analyser les rapports de production. La propriété sociale privée ou d'État existe dans leur tête comme un concept en dehors de l'espace et du temps, et cela convient tout à fait à l'élite dominante qui veut à tout prix éviter l'analyse de l'économie et des rapports des classes dans la production, la distribution et la consommation des biens et services. Elle veut que les producteurs de la propriété sociale, la classe ouvrière, disparaissent de toute discussion sur l'économie, la propriété sociale, ses détenteurs, la politique, les droits, les devoirs, le mobile de la production ou les rapports de production. L'idéologie centrée sur le capital considère les travailleurs sous un angle entièrement négatif, comme un coût pour la propriété sociale. Pour elle, les travailleurs sont une ponction sur la valeur que les propriétaires privés chérissent tant qui, paradoxalement, est la richesse sociale que les travailleurs produisent par leur travail collectif et qui ne peut exister sans eux et sans leur temps de travail appliqué aux forces productives socialisées.

Les idéologues vedettes font disparaître la classe ouvrière et présentent leurs concepts antisociaux en toute impunité dans des écrits, à la télévision et ailleurs parce qu'ils ont l'appui de l'État impérialiste. Leurs valeurs universelles éternelles n'ont pas d'existence concrète dans le monde matériel et elles sont dénuées de contexte historique. L'élite dominante ne veut pas que ses constructions mentales soient remises en question par une analyse de la réalité telle qu'elle est, qui contredit l'idéologie dominante.

L'univers fantastique des idéologues vedettes

Par exemple, selon la construction mentale des idéologues vedettes, les métallos ne se soucient pas des forces productives avec lesquelles ils produisent l'acier ou du secteur de l'acier en général parce qu'ils ne possèdent ni les usines ni la richesse sociale qu'ils produisent, indépendamment du fait que l'usine soit la propriété d'individus ou de l'État. Selon leur dogme, les seuls à se soucier de l'aciérie sont les individus qui en sont les propriétaires, et c'est parce qu'ils en sont les propriétaires privés qu'« ils ont intérêt à en préserver la valeur et à en prendre soin ».

Est-ce vraiment le cas ? Est-ce que les propriétaires de l'ancienne usine de Stelco à Hamilton en prennent soin mieux que les autres ? Est-ce bien ainsi que les choses se passent aujourd'hui dans le monde des propriétaires de la propriété sociale ou n'est-ce pas plutôt une idée surgie de leur imaginaire, de leur monde d'idées forgées pour accommoder une notion préconçue ? Peut-être devraient-ils se rendre à Hamilton et faire enquête sur la propriété privée de Stelco au XXIe siècle ; ils pourraient analyser et décider avec objectivité d'examen si les différents propriétaires de Stelco ont eu et ont encore un intérêt à en préserver la valeur, s'ils s'en occupent mieux que d'autres ou s'ils ont un intérêt à faire du secteur canadien de l'acier, incluant tous les facteurs et l'infrastructure nécessaires, un secteur vibrant ou à tout le moins stable ? De manière générale, les anciens propriétaires et US Steel aujourd'hui ont démontré un intérêt particulier à détruire Stelco pour servir leurs intérêts privés étroits et certainement pas à résoudre les problèmes auxquels font face l'entreprise, l'industrie de l'acier et l'économie en général.

Tous les propriétaires privés de Stelco ont présenté les problèmes du point de vue de leurs intérêts privés et de manière à prévenir l'analyse et la résolution des problèmes réels qui requièrent des solutions réelles. Les propriétaires monopolistes présentent les problèmes de deux façons et les deux sont fausses.

En premier lieu, ils accusent les vrais producteurs, les métallos, de revendiquer une trop grande part de la valeur nouvelle qu'ils produisent, que ce soit en salaires pour les travailleurs actifs et les pensions pour les travailleurs retraités. La grandeur de la revendication de la valeur de la production de l'acier n'a rien à voir avec la production de l'acier comme telle, avec l'organisation de l'industrie de l'acier et son rôle dans l'économie. La grandeur de la revendication faite à la valeur nouvelle a à voir avec le rapport entre l'employeur et l'employé et avec la répartition de la nouvelle valeur produite par la production de l'acier entre ces deux forces sociales. Un changement dans la façon dont la valeur nouvelle est distribuée entre ces deux forces sociales ne résoudrait pas les problèmes actuels de la production d'acier, de l'industrie en général et de son rôle dans l'économie. On pourrait réduire au minimum la demande des métallos en salaires, éliminer les avantages sociaux, les pensions, et cela ne changerait rien aux problèmes du secteur, aux crises récurrentes et à l'instabilité continuelle.

En deuxième lieu, les propriétaires accusent les autres fabricants d'acier au Canada, aux États-Unis et à l'étranger de produire trop d'acier et d'inonder les marchés. Une des raisons qui a poussé US Steel à acheter Stelco en 2007 était de l'éliminer en tant que concurrent et d'éliminer une bonne partie de sa capacité de production, ce qu'il a fait. De son point de vue, il y avait trop d'acier dans le monde et cela occasionnait une chute des prix, des inventaires non vendus et des arrêts de production.

Cette prétention qu'il y a trop d'acier ne peut être prise au sérieux. Dans tous les pays du monde le besoin d'acier est plus grand que jamais dans l'histoire et beaucoup plus grand que la capacité de production. C'est également le cas du Canada : le besoin en acier est énorme et en général non comblé par la production intérieure. Quelle ville au Canada n'a pas besoin d'acier pour loger les gens et rebâtir le secteur manufacturier et l'infrastructure ? Le problème n'est pas qu'il y a trop d'acier mais bien que l'élite dominante et l'économie de marché sont impuissantes à gérer l'immense capacité de production de la grande production industrielle socialisée. La préoccupation de ceux qui possèdent et contrôlent les moyens de production socialisés n'est pas de mettre le produit social au service des besoins de la population et de l'économie mais de transformer le produit social en richesse sociale sous forme d'argent à empocher. Le produit social comme tel n'intéresse pas l'élite dominante ; seule compte la transformation de ce produit social en richesse sociale sous forme d'argent dans ses poches.

Et pourtant, ce fait que l'économie, telle qu'elle est actuellement constituée et divisée en classes sociales avec les rapports de production dépassées, n'a pas la capacité de transformer le produit social réel et potentiel en richesse sociale sous forme d'argent et qu'il devient donc « excédentaire », n'est pas présenté comme un problème à résoudre. Et pourquoi pas, demanderaient les travailleurs ? Parce que la résolution du problème nécessite qu'on restreigne le droit des monopoles de contrôler l'économie, qu'on donne un autre but et direction pour l'économie et qu'on établisse des rapports modernes de production qui correspondent aux forces de production modernes.

La classe ouvrière est appelée par l'histoire à s'organiser et à créer un nouveau but, pour remplacer le but imposé par ceux qui possèdent et contrôlent les différentes composantes de l'économie en concurrence les uns avec les autres, c'est-à-dire celui de transformer le produit social en richesse sociale sous forme d'argent par le biais des marchés et de soutirer la plus grande réclamation possible au produit social d'une manière de plus en plus dictatoriale, destructrice et parasitaire.

Le nouveau but de l'économie serait de produire le produit social pour satisfaire les besoins de la population, de l'économie et de la société, d'exploiter la pleine puissance des forces productives socialisées de la grande production industrielle pour garantir les droits de tous et toutes.

Une première étape dans cette lutte est de restreindre le droit des monopoles de dicter l'état actuel des choses. Une fois libéré du diktat des monopoles, il faut examiner le secteur de l'acier dans son intégralité, avec toutes ses composantes diverses mais nécessaires, des matières premières jusqu'au produit fini et toute l'infrastructure sociale et matérielle que cela nécessite, en harmonie avec les secteurs et les entreprises qui ont besoin d'acier pour la production de moyens de production ou d'articles de consommation.

Cela reviendrait à réduire le pouvoir de la propriété et de l'investissement privés à une réclamation annuelle sur l'investissement total, calculée selon un pourcentage, un taux moyen de profit, à même le prix de production. L'investissement serait distinct du processus de production et sans contrôle sur la production, les prix et la distribution en gros du produit social. Cela nécessiterait une autorité publique redevable, chargée de superviser la production, la détermination des prix de la production et de la demande intérieure apparente et la distribution en gros de l'acier, ainsi que son importation et exportation.

Propriété privée dysfonctionnelle et contrôle des différentes composantes de l'économie

Les propriétaires au sein de l'économie d'aujourd'hui contrôlée par les monopoles ne vivent pas pour la plupart là où les forces de production se trouvent. Du point de vue des investissements, ils sont généralement séparés de la production par deux à trois paliers. Sauf pour les petites et certaines entreprises de taille moyenne, les entreprises d'aujourd'hui ne sont pas détenues directement. Elles sont la propriété de fiducies, de sociétés de portefeuille, de sociétés d'actions, d'obligations et de dérivés, et diverses autres formes d'entreprises de l'oligarchie financière, qu'on peut définir comme étant des fonds de contrôle de la richesse sociale .

Les propriétaires qui font partie de l'oligarchie financière visent à protéger et élargir la part de la richesse sociale qu'ils possèdent dans telle et telle entreprise, et si cela veut dire détruire une partie des forces productives, ils ne se gênent pas pour le faire. Leur but n'est pas de produire, d'accroître les forces productives ou d'apporter la sécurité et la stabilité à l'économie locale, régionale ou nationale, mais de s'emparer d'un dérivé de la production, la richesse sociale sous forme d'argent . Ils s'intéressent à l'acier pour sa valeur d'échange, sa valeur en argent, et non pour sa valeur d'usage. Dans la plupart des cas, la tonte des coupons des dividendes, l'encaissement d'un paiement d'intérêts ou la lecture d'un résumé de rapport financier trimestriel est le plus près qu'ils viennent des moyens de production.

La construction idéologique qui nous intéresse ici — la notion que lorsque les gens possèdent directement quelque chose et ont directement intérêt à en accroître la valeur, ils ont tendance à en prendre mieux soin — est trompeuse dans une économie dominée par l'oligarchie financière. Cela tient plutôt d'une vision romantique de la propriété des forces productives matérielles du début de la période de transition de la petite production à la grande production industrielle socialisée, lorsqu'un propriétaire capitaliste unique était prêt à sacrifier sa vie et son confort personnel pour réinvestir dans l'entreprise la valeur ajoutée qu'il réclame. Les monopoles d'aujourd'hui sont de propriété privée, mais leur propriété n'est généralement pas directe, elle est plutôt indirecte par l'intermédiaire de fonds de contrôle de la richesse sociale .

La propriété privée des monopoles ne peut pas être considérée comme directe comme l'est une petite entreprise familiale. La propriété monopoliste est négative, voire même destructrice. La propriété monopoliste qui représente des intérêts privés entre en contradiction avec le caractère social et interdépendant des forces productives modernes. Les problèmes auxquels fait face une entreprise spécifique sont liés à l'économie dans son ensemble et exigent des solutions sociales, pas seulement des solutions qui peuvent en apparence sembler être propres à une certaine entreprise.

Soit que les intérêts privés ne sont pas intéressés par des solutions sociales à moins qu'elles ne servent leurs intérêts privés étroits liés à l'appropriation d'une part de la richesse sociale, soit qu'ils ne sont pas en mesure d'adopter ou d'appliquer des solutions sociales, car la coopération entre les concurrents et d'autres grands secteurs fait défaut. Généralement, les solutions aux problèmes réels de l'économie aujourd'hui exigent que l'on restreigne le droit de monopole pour défendre l'intérêt public, mais l'oligarchie financière refuse même de discuter d'une telle possibilité.

Comme nous l'avons expliqué, l'objectif des propriétaires de différentes composantes de l'économie est de réclamer la richesse sociale sous forme d'argent, un dérivé du produit social, et non de produire la richesse sociale en tant que produits ou services. Ils se soucient de réclamer la plus grande part possible de la richesse sociale sous forme d'argent, et cela se fait souvent tout simplement en volant les autres, sans passer par les tracas de la production et la vente du produit social. Les manoeuvres parasitaires pour s'emparer de la valeur déjà produite sont maintenant omniprésentes et dominent l'économie impérialiste : aujourd'hui des milliards de dollars changent de main par voie électronique sans qu'il y ait de nouvelle production. Le parasitisme et la dégénérescence de ceux qui contrôlent la richesse sociale perturbent constamment la production de biens et services. Les manoeuvres parasitaires s'accompagnent de stratagèmes pour payer les riches monopoles à même les fonds publics, par les subventions directes, les prêts, les exemptions de frais et d'impôt et les partenariats public-privé. Parmi les autres programmes organisés par l'État pour les monopoles il y a les contrats gouvernementaux garantis pour les services publics, les produits pharmaceutiques, les fournitures médicales et pour les hôpitaux, les armes pour les forces militaires et policières et, dans le cas des États-Unis, l'ensemble des services pénitenciers.

La propriété privée des monopoles existe surtout par intermédiaire, à deux ou trois degrés de séparation. Dans l'esprit des propriétaires distants, les problèmes réels de l'usine sont sans conséquence ; ils sont laissés aux soins d'un cadre dirigeant embauché localement mais celui-ci n'a pas droit de regard sur les investissements ou les autres décisions importantes. L'oligarchie financière s'occupe presqu'uniquement d'accumuler la richesse sociale, la plupart du temps sous forme d'argent mais aussi sous forme de propriété sociale, et de bâtir des empires. Les propriétaires privés sont si détachés de l'entreprise qu'ils possèdent que souvent ils refusent de réinvestir la richesse sociale produite par les travailleurs parce qu'ils en ont besoin ailleurs dans leur empire monopoliste, souvent à cause de pertes encourues par une autre entreprise de l'empire mondial, dans un autre pays.

Essar Steel Algoma est un exemple d'entreprise locale qui vit des difficultés à cause de pertes encourues ailleurs dans l'empire d'Essar Global, en plus des problèmes propres à l'industrie de l'acier au Canada. Essar Global a perdu des milliards de dollars dans l'exploitation d'une mine de minerai de fer au Minnesota qui fait maintenant l'objet d'une faillite aux termes du Chapitre 11 (loi américaine sur les faillites). Le monopole mondial est aussi engagé dans un duel avec un monopole américain concurrent du minerai de fer, Cliffs Natural Resources, qui est même allé jusqu'à couper l'approvisionnement en boulettes de fer à l'aciérie Algoma.

Les problèmes de l'ancienne aciérie Stelco (US Steel Canada) dans la région de Hamilton et d'Algoma (Essar) Steel à Sault-Ste-Marie ne viennent pas des installations mêmes, si ce n'est qu'elles ont besoin de renouvellement et des réinvestissements nécessaires. Les problèmes viennent du fait que l'industrie canadienne de l'acier est manipulée par les bâtisseurs d'empire mondiaux pour servir leurs intérêts privés. La production et la distribution de l'acier canadien nécessitent une direction nationale, afin d'établir un contrôle sur les prix, l'offre et la demande. Les problèmes de ce secteur aujourd'hui exigent des solutions prosociales et une approche large qui servent l'édification nationale mais cela entre en conflit avec les intérêts étroits des monopoles privés des groupes de propriétaires et leur édification d'empire. Ces problèmes doivent être analysés et des solutions proposées en tenant compte de l'ensemble de l'économie socialisée et interconnectée. Ils ne peuvent pas être résolus en répétant des dogmes idéologiques tels que « seuls les propriétaires privés ont intérêt à maintenir la viabilité de l'usine ». Les dogmes ne servent à rien dans la résolution de problèmes ; c'est dans leur nature d'être dépassés. Ils sont maintenus et répétés parce qu'ils servent des intérêts monopolistes privés, parce qu'ils servent l'édification d'empire aux dépens de l'édification nationale, aux dépens de la classe ouvrière et de l'intérêt général de la société.

Dans le cas de Stelco, les métallos ont proposé des alternatives pour résoudre les problèmes du secteur de l'acier qui ne correspondent pas aux dogmes des idéologues vedettes. Un fait important : les solutions que les travailleurs proposent proviennent des véritables producteurs et de leur analyse des conditions concrètes. Leur point de départ n'est pas un dogme préconçu mais plutôt la situation de Stelco telle qu'elle se présente : une entité contrôlée par US Steel, dans le secteur de l'acier et au sein d'une économie interconnectée. De là, une analyse et des solutions ont été élaborées pour ouvrir la voie vers l'avant, mais les alternatives prosociales des métallos se sont vues refuser l'espace public nécessaire pour bâtir l'opinion et l'appui publics, et c'est un obstacle que la classe ouvrière doit surmonter.

Les préjugés et les dogmes des idéologues vedettes, appuyés par la puissance des médias de masse et de l'État, parviennent facilement à enterrer les alternatives prosociales qui ne correspondent pas à leurs constructions mentales. Le dogme d'un idéologue vedette peut être imposé dans un article ou une émission de télévision pour perturber le développement de la pensée et de l'analyse du monde matériel. Un exemple récent est un professeur vedette à Hamilton qui a dénoncé comme un « coup publicitaire » l'appel du Syndicat local 1005 des métallos à tenir une enquête publique dans le secteur de l'acier, sur l'utilisation de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies contre les métallos et l'intérêt public et sur les solutions possibles aux problèmes de l'industrie.

L'élite dominante par son contrôle de l'État et des médias retire l'espace public à l'analyse des conditions concrètes et à la discussion des alternatives prosociales. Le mouvement ouvrier est confronté à la nécessité de bâtir ses propres médias s'il espère briser le contrôle et la domination de l'opinion publique et de la direction de l'économie par l'élite dominante.

La propriété d'État et la propriété privée

La construction mentale des idéologues vedettes utilisent souvent des arguments bidons comme celui à l'effet que la propriété privée est supérieure à la propriété étatique. Ils mettent en opposition la propriété privée et la propriété de l'État, mais pas en soi et dans leur relation avec les classes sociales à l'oeuvre, notamment les véritables producteurs, et dans leur contexte historique particulier. Ils présentent la chose comme une abstraction, comme une affirmation sans conséquence matérielle dans le temps et l'espace et sans analyse concrète.

Ils créent un lien arbitraire entre le sentiment et la motivation des gens envers les forces productives, bien qu'ils n'utilisent pas ce terme-là, et le caractère social ou privé de la propriété. Ce sentiment et cette motivation sont présentés en dehors de tout matérialisme historique et en particulier sans le contexte des rapports de production : il y a eu le rapport entre l'esclave et le maître d'esclaves, puis celui entre le serf et le seigneur propriétaire et maintenant celui qui oppose les travailleurs à ceux qui possèdent et contrôlent la propriété sociale, l'élite dominante de l'oligarchie financière.

La nature de l'État auquel se réfèrent les idéologues vedettes

Les idéologues vedettes parlent surtout en termes généraux, en dehors de tout contexte historique. Ils affirment de diverses façons que personne ne s'intéresse à la valeur de quelque chose qui est propriété d'État. Cette affirmation est-elle vérifiable dans le monde d'aujourd'hui, ou même à d'autres périodes historiques où existaient d'autres rapports de production et où dominaient d'autres classes sociales ? Pourquoi un État sous le contrôle d'une classe sociale construit-il quelque chose dont personne ni aucune classe sociale ne se soucie ? Qu'est-ce qui le motive ? L'État existe dans un contexte historique spécifique de classes sociales, de forces productives et de rapports de production. Au cours de son existence, l'État sert une classe ou des classes sociales en particulier pour affirmer en général sa domination sur une autre classe ou des classes sociales et sur d'autres États ou peuples.

L'État est la force organisée qui maintient le contrôle et la domination de la classe dominante durant une période historique donnée. Les membres de la classe dominante sont très soucieux de leur État et de ce que l'État possède ; ils s'assurent que les ressources humaines et matérielles soient mobilisées pour bâtir et maintenir l'État, ses biens et avoirs. L'actif le plus important de l'État est l'armée et la propriété et les avoirs de son armée permanente et de son armée de réserve. La classe dominante se soucie énormément du maintien des ressources humaines et matérielles de ses forces armées et policières parce que l'armée, ou le pouvoir policier, est son arme principale pour maintenir sa domination sur les forces de classe qu'elle exploite au pays et sur les forces extérieures qu'elle voudrait conquérir ou dont elle voudrait peut-être saisir le territoire et les biens.

L'État impérialiste américain soutire à chaque année 650 milliards $ à l'économie pour financer ses forces armées stationnées partout dans le monde pour mener des guerres de conquête pour étendre son empire, supprimer les projets d'édification nationale des autres, piller leurs richesses, en rivalité ou de connivence avec d'autres au sein du système impérialiste d'États. L'armée, les agences d'espionnage et les forces policières des États-Unis sont organisées pour réprimer la classe ouvrière des États-Unis et l'empêcher de développer son propre projet d'édification nationale contre l'impérialisme américain.

L'élite dominante des États-Unis est très soucieuse de son État, en particulier de son armée, à tel point qu'elle oblige les citoyens et les résidents du pays, en particulier les jeunes, à prêter allégeance à chaque jour à son État militaire et impérialiste. L'élite dominante organise des exercices patriotiques élaborés pour endoctriner des jeunes afin qu'ils servent de chair à canon dans ses guerres prédatrices sans remettre en cause le rôle de l'État et des institutions des États-Unis. Ces derniers sont la plus grande arme de l'oligarchie financière, celle qui lui permet de continuer d'exercer son pouvoir de classe violent, de réprimer les peuples du monde et de leur enlever toute perspective d'avenir.

La prétention des idéologues vedettes que personne ni aucune force sociale ne se soucie des institutions et des entreprises d'État aux États-Unis est tout à faire fausse et ridicule. D'abord l'élite dominante des États-Unis se soucie beaucoup de son système impérialiste d'États et de ses entreprises et institutions publiques. C'est son pouvoir d'État qui lui permet de répandre son système impérialiste d'États de par le monde, de s'enrichir à même le tribut qu'elle saisit de force pour garnir ses coffres et de priver les peuples partout dans le monde, y compris aux États-Unis, de leur droit d'édifier un État moderne avec des rapports de production socialisés qui sont au diapason avec les conditions modernes d'une économie socialisée et interconnectée avec, à la base, la grande production industrielle.

Le souci de la classe dominante pour la propriété d'État va bien au-delà de l'armée, des agences de renseignement et du pouvoir policier en général. Par exemple, à la fin du XIXe siècle et au cours du XXe siècle l'élite dominante anglo-canadienne a construit des sociétés hydro-électriques en tant que sociétés d'État partout au pays. Celles-ci ont fourni en abondance une énergie hydro-électrique à bon marché au service de la grande production industrielle moderne, du développement commercial et de l'expansion urbaine. Pour l'élite dominante, les sociétés d'État hydro-électriques du Québec, de l'Ontario, de la Colombie-Britannique et d'ailleurs ont bien servi ses intérêts privés et son projet national. D'autres exemples de sociétés d'État qui ont contribué à l'édification nationale sont le service postal, les compagnies aériennes nationales, les chemins de fer et toutes les autres infrastructures matérielles et sociales.

Le sens profond de la propriété et du contrôle d'État

Les idéologues vedettes utilisent le mot « État » très libéralement. Les institutions et les entreprises d'État appartiennent à quelqu'un. Une autorité publique qui représente ceux qui dominent l'État exerce son droit de propriété et son contrôle sur ses institutions. L'élite dominante tire avantage de ces institutions et de ces entreprises, tout comme les propriétaires d'esclaves classiques de l'Égypte ancienne étaient particulièrement fiers de la valeur produite par leurs esclaves, tels les pyramides.

Les idéologues vedettes prétendent que la classe dominante du Canada, qui possède et contrôle les sociétés d'État en plus de ses propriétés privées, ne se soucient guère de leur valeur, qu'en fait, personne ne s'intéresse à la valeur de la propriété d'État. Pourtant, l'État représente et défend des intérêts de classes sociales bien précis. La base même de l'État canadien est la dictature que l'oligarchie financière exerce sur les producteurs de la richesse sociale et de la propriété sociale, c'est-à-dire la classe ouvrière. L'État canadien défend et préserve le pouvoir de l'oligarchie financière, laquelle possède et contrôle la richesse et la propriété sociales, ainsi que son intégration au système d'États dominé par les États-Unis.

Les idéologues vedettes attribuent un pouvoir magique à la propriété privée de la propriété sociale en partie pour désarmer la classe ouvrière moderne qui travaille soit dans des entreprises de propriété privée, soit dans des entreprises d'État. L'invocation d'un pouvoir magique déforme le rapport entre les travailleurs et ceux qui possèdent et contrôlent les entreprises et qui achètent leur capacité de travail.

Que les forces productives socialisées soient de propriété privée ou de propriété d'État, cela a peu d'incidence sur le rapport entre les travailleurs et ceux à qui ils vendent leur capacité de travail. Ces rapports sont régis par les lois fondamentales du système capitaliste : ceux qui possèdent et contrôlent la richesse et la propriété sociales sont liés par un rapport social dialectique antagoniste à ceux qui vendent leur capacité de travail. Le rapport social, le capital, est un rapport dialectique : la thèse qui exploite l'antithèse — la thèse étant ceux qui possèdent et contrôlent la force productive socialisée, la classe capitaliste, et l'antithèse étant la classe ouvrière.

L'antithèse vend sa capacité de travail à la thèse en tant que valeur d'échange, et la thèse consomme la capacité de travail en tant que valeur d'usage en l'appliquant à la force productive socialisée qu'elle possède et contrôle soit sur une base privée, soit sur une base publique par le biais de l'État. La valeur nouvelle produite par la valeur d'usage de l'antithèse qui fait partie de la force productive socialisée possédée et contrôlée par la thèse est plus grande que la valeur d'échange payée pour la capacité de travail de l'antithèse. La différence est la valeur ajoutée, le profit saisi par la thèse, ceux qui possèdent et contrôlent la force productive, soit sur une base privée, soit sur une base publique par le biais de l'État, tel Postes Canada. Le rapport social, le capital , doit sa cohésion et sa stabilité à la dictature de l'oligarchie financière, à l'État canadien et à ses institutions.

La lutte pour le contrôle des forces productives matérielles socialisées, en propriété privée ou en propriété publique par le biais de l'État, est au coeur de la lutte de classe dans le cadre du rapport social appelé capital , qui oppose l'oligarchie financière à la classe ouvrière. Il ne s'agit pas de savoir si la propriété des forces productives est privée ou publique, mais quelle classe sociale contrôle la valeur d'usage de l'antithèse, la classe ouvrière, et les forces productives socialisées auxquelles l'antithèse applique son travail. Pour sortir victorieuse de la lutte de classe pour le contrôle de sa capacité de travail, sa valeur d'usage, la classe ouvrière doit briser les liens du rapport social dialectique, le capital, et devenir la classe ouvrière nouvelle, la synthèse, aux commandes des forces productives socialisées et d'un nouvel État qui est sien.

Toutes les entreprises du Canada moderne, tant privées que publiques, s'abreuvent à la propriété sociale que la classe ouvrière a produite. Le problème à résoudre pour la classe ouvrière est de prendre le contrôle de la propriété sociale qu'elle produit et à laquelle elle applique son travail pour produire une nouvelle richesse sociale, pour se donner le pouvoir de priver la thèse, ceux qui possèdent et contrôlent les forces productives socialisées, de sa capacité d'exploiter et d'opprimer l'antithèse, et ainsi sortir du rapport social et créer la synthèse, une classe ouvrière nouvelle avec son propre État. Pour ouvrir une voie vers l'avant il faut beaucoup de sagesse, d'organisation et de capacité d'analyse, et non pas des dogmes, qu'ils soient le produit d'idéologues vedettes ou pas.

Les travailleurs font ce qu'ils peuvent dans le monde
dans lequel ils naissent

La classe ouvrière hérite des rapports sociaux, des forces productives, de l'État et de la pensée de la génération précédente. Les travailleurs, par leur participation à la lutte pour la production, à l'expérimentation scientifique et à la lutte de classe, constatent que tout ne tourne pas rond au pays, en particulier pour ce qui est de leurs rapports avec leurs employeurs. Ils vendent leur capacité de travail et, au moyen de leur travail, produisent la richesse et la propriété sociale, les produits et services nécessaires à la survie de la société, sans pour autant recevoir en retour une garantie de sécurité et de bien-être tout au long de leur vie. Les rapports sociaux existants les privent du droit de regard et d'un contrôle sur les forces productives socialisées, sur ce qu'ils produisent et sur sa distribution. Les rapports sociaux privent la classe ouvrière d'un contrôle sur les affaires politiques, économiques et sociales qui l'affectent directement et qui affectent la capacité de la société à résoudre les nombreux problèmes auxquels elle est confrontée et à se donner une perspective d'avenir. Le problème fondamental pour les travailleurs n'est pas que les forces productives modernes soient de propriété privée ou de propriété publique, mais bien que les rapports de production périmés ne correspondent plus à l'économie socialisée et interconnectée et à ses forces productives modernes. C'est ce qui prive les producteurs de fait du contrôle de leurs moyens de production, du produit social qu'ils produisent et de la capacité de maîtriser la puissance et l'immense capacité de la production industrielle socialisée de produire efficacement, sans crises ni ruptures, de répondre aux besoins de la société et de la population, et de garantir sa sécurité et son bien-être tout au long de sa vie.

Les travailleurs veulent ce qu'il y a de mieux pour les forces productives où ils travaillent, que le secteur soit privé ou public. Ils veulent défendre l'intérêt général de la société et ils veulent que l'édification nationale progresse d'un pas ferme. Le problème est qu'ils sont confrontés à une oligarchie financière qui ne se préoccupe que de ses intérêts privés étroits et de l'édification d'empires dans le cadre du système impérialiste d'États dominé par les États-Unis.

Selon la notion de valeur de l'élite dominante, les travailleurs ne se soucient guère des forces productives matérielles où ils travaillent. Selon les idéologues vedettes, les seuls à se soucier des forces productives sont les propriétaires directs de ces forces productives. Les travailleurs dans les secteurs privés et publics ne partagent pas du tout ce point de vue, surtout en ces jours d'offensive antisociale où le droit de monopole et l'édification d'empire entraîne la destruction des forces productives sur une grande échelle, tant privées que publiques, sous le prétexte réactionnaire de rendre nos monopoles compétitifs et numéro un dans le monde. La vérité est que la classe ouvrière est entravée dans son effort pour développer et améliorer les forces productives et les mettre à contribution collectivement au service du peuple et de l'intérêt général de la société.

La construction mentale des idéologues vedettes laisse entendre que les infirmières, les enseignants, les travailleurs des postes et l'ensemble des travailleurs du secteur public ne se soucient guère des forces productives où ils travaillent, et que les Canadiens en général se fichent pas mal des écoles publiques, des hôpitaux et des autres propriétés sociales appartenant à l'État.

La plupart des travailleurs du secteur public sont en désaccord total avec cette façon de voir. Les enseignants font valoir que leurs conditions de travail, dont font partie les écoles et le matériel d'enseignement, sont les conditions d'apprentissage des élèves. Les travailleurs de l'éducation se soucient beaucoup des conditions d'enseignement. Ils sont aux premières lignes pour défendre le droit à l'éducation pour tous et à tous les niveaux contre l'offensive néolibérale et aimeraient par-dessus tout avoir plus de contrôle sur ces conditions afin de les améliorer et d'y investir davantage.

L'oligarchie financière prive les travailleurs du secteur public d'un contrôle sur les programmes sociaux et les services publics où ils travaillent, en particulier sur la quantité de richesse sociale qui doit être investie dans ces services et programmes et sur comment la valeur qu'ils produisent devrait être réalisée (échangée) avec la valeur produite dans d'autres secteurs et entreprises de l'économie.

De façon générale, les travailleurs du secteur privé voient les choses du même oeil, bien que leur situation diffère de celle des travailleurs du secteur public. Ils se soucient des forces productives puisqu'elles sont la base matérielle de leur survie et du bien-être de la population et de la société, dont ils font partie. Sans les moyens de production socialisés modernes, le niveau de vie serait considérablement inférieur à ce qu'il est présentement. Les métallos ne demandent pas mieux que d'avoir des propriétaires d'aciéries, privées et publiques, qui se soucient de façon pratique des forces productives et qui veillent à ce que les installations soient constamment renouvelées à même les investissements provenant de la richesse sociale que les travailleurs produisent, et à ce que les problèmes dans ce secteur et dans l'économie soient réglés comme il faut et dans une perspective prosociale élargie.

Si les métallos rencontraient ces idéologues vedettes, ils leur diraient et leur montreraient avec faits à l'appui que les propriétaires de Stelco et d'Algoma dans le monde d'aujourd'hui considèrent les installations productrices et les travailleurs comme de simples pions régulièrement sacrifiés pour le bien de l'empire et dans leurs intérêts privés étroits. Ceux qui possèdent et contrôlent l'aciérie ne la valorisent pas pour ses capacités de production dans un contexte d'édification nationale. Sinon ils la défendraient en tant qu'actif précieux et veilleraient à ce qu'elle soit constamment renouvelée avec les investissements nécessaires, et ils feraient tout ce qui est possible pour résoudre les problèmes dans le secteur et dans l'économie en général. Ils considéreraient l'existence de l'aciérie et du facteur humain comme essentiel dans l'économie canadienne, ce qui signifie que les grands problèmes interdépendants tels que la tarification, l'offre et la demande, et le développement de l'infrastructure matérielle et sociale sont interconnectés avec l'aciérie et tous dépendent de chacun pour leur sécurité et leur bien-être.

En d'autres mots, les problèmes de l'aciérie ne sont pas des questions privées affectant les intérêts privés des détenteurs des moyens de production particuliers, mais des questions publiques et des problèmes sociaux qui touchent l'ensemble de l'économie et de l'édification nationale. Ils doivent être traités comme des problèmes économiques, politiques et sociaux de l'édification nationale dont la résolution est nécessaire pour le bien commun de tous et l'intérêt général de la société. Mais ceux qui détiennent et contrôlent l'aciérie à différentes époques sont obsédés par leurs intérêts privés étroits et voient les travailleurs et compétiteurs comme des ennemis à écraser. Ils refusent de reconnaître que les moyens de production sont une propriété sociale liée au bien-être et à la stabilité de l'économie, et la nécessité du tout abordé dans un sens public large. Ils refusent de reconnaître les droits du facteur humain sans lequel aucune société moderne ne peut être construite et aucun rapport social moderne de production ne peut être développé, ni même l'équilibre dans le présent au sein de la rapport social entre la classe ouvrière et ceux qui détiennent et contrôlent les moyens de production socialisés.

Les idéologues vedettes veulent embourber la classe ouvrière et ses alliés dans un non-sens sur la propriété privée par rapport à la propriété de l'État, car une telle discussion n'a rien à voir avec les conditions concrètes au Canada aujourd'hui, et rien à voir avec la résolution des problèmes dans l'économie moderne. L'élite impérialiste dominante ne veut pas que la classe ouvrière développe sa capacité d'analyser les conditions concrètes telles qu'elles se présentent objectivement et subjectivement. Elle prive la classe ouvrière de son droit d'améliorer sa pensée par la participation consciente à la recherche d'une voie à suivre pour achever la transition de la petite production, l'autocratie médiévale et les rapports sociales dépassées, à la grande production industrielle socialisée et à des rapports modernes de production où les producteurs réels contrôlent la production en harmonie avec les conditions socialisées modernes, apportant la stabilité à l'ensemble, surmontant les crises récurrentes qui sont une caractéristique de la période actuelle de transition et s'investissant du pouvoir politiquement dans une démocratie et un État à eux.

La classe ouvrière acquiert la capacité et la volonté de dénoncer l'absurdité et les préjudices de l'élite dominante, et, ce faisant, vient à dépendre de ses propres organisations, de sa sagesse et de sa capacité d'analyse scientifique. Le dogme des idéologues vedettes et des autres au service de ceux qui détiennent et contrôlent les moyens de production socialisés est destiné à empêcher le développement de la théorie moderne pour guider les actions et les rapports dans le monde moderne de la grande production industrielle socialisée.

La pensée centrée sur le capital qui exalte la propriété privée et le contrôle privé de la propriété sociale mène nulle part et est totalement inadaptée aux conditions modernes. La pensée et la théorie modernes doivent refléter les conditions modifiées de la façon dont les gens travaillent et vivent. Les vieux préjugés et dogmes de l'époque précédente de la petite production et du régime autocratique jouent un rôle extrêmement négatif dans le monde d'aujourd'hui. Ils doivent et peuvent être rejetés et remplacés par une nouvelle direction.

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