Numéro 113 - 26 août 2016
D'autres décisions de la Cour
supérieure de l'Ontario
contre les métallos
L'assaut organisé par
l'État contre les droits à US Steel Canada
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Ligne de piquetage des métallos devant le
palais de justice de la LACC le 17 août à Toronto
La nécessité d'une nouvelle direction prosociale
Deux événements séparés
mais reliés mettent en lumière l'assaut organisé
par l'État contre les droits collectifs et individuels à
US Steel Canada où les travailleurs, l'économie et les
communautés de l'acier souffrent sous le coup de la fraude
fédérale de la protection de la faillite en vertu de la
LACC.
1) Le 19 août, le juge Wilton-Siegel,
agissant sous l'autorité de la Loi sur les arrangements avec
les créanciers des compagnies, a rejeté une motion
présentée par le syndicat visant à rétablir
les avantages sociaux à la retraite (les OPEB)
de 20 600 retraités de Stelco et de leurs personnes
à charge. Par cette
décision arbitraire et injuste, le juge, en ayant recours aux
pouvoirs policiers de l'État, a privé les
retraités de Stelco de leur droit collectif à des
avantages sociaux à la retraite.
Les métallos ont obtenu leur droit aux OPEB en
échange de leur capacité de travail pendant leurs
années actives à Stelco, suite aux négociations du
syndicat et par une lutte déterminée contre leur
employeur. Les métallos ont respecté leur partie de
l'échange qui a eu lieu dans le cadre des rapports de production
existants tandis que ceux qui
possèdent et contrôlent les moyens de production à
Stelco refusent de respecter leur partie de l'échange en
invoquant des circonstances exceptionnelles. Ceux qui ont
hérité de la propriété et du contrôle
de Stelco mettent de l'avant leur intérêts privés
étroits au moyen du saccage, mené par l'État, des
forces de production matérielles et du vol de ce
qui appartient de droit aux métallos actifs et à la
retraite et à leurs communautés.
2) Le même juge exerçant ses pouvoirs
policiers en vertu de la LACC a décidé que le travailleur
de US Steel Canada à Erie Works John Roach a perdu son droit
individuel de recevoir une assignation temporaire et doit prendre sa
retraite ou être congédié. Le droit individuel de
John à recevoir une assignation temporaire suite à un
accident de travail qu'il a subi à Stelco a été le
produit de sa propre détermination et de la persistance du
syndicat local, et ce droit est protégé en vertu de
l'autorité civile de la législation du travail de
l'Ontario et des droits individuels qui sont accordés en vertu
du Code des droits de la personne de l'Ontario.
C'est le pouvoir policier de
la LACC qui dicte que soit nié le droit individuel de John
à une assignation temporaire et à quelque recours pour se
défendre en vertu de la législation du travail de
l'Ontario, de la procédure syndicale de griefs, ou de tout
processus prescrit par le Code
des droits de la personne de l'Ontario
et de son Tribunal des
droits de la personne.
L'assaut du droit de monopole organisé par
l'État contre les droits collectifs et individuels et le
déploiement sans limites du pouvoir policier représentent
un sérieux problème auquel la classe ouvrière fait
face en ce qui a trait à la défense de ses droits dans
cette période de transition de la petite production à la
production industrielle de masse.
L'assaut organisé par l'État constitue une attaque contre
le gouvernement de droit, contre la société civile et les
arrangements actuels d'équilibre au sein des rapports de
production qui existent présentement entre la classe
ouvrière et ceux qui possèdent et contrôlent les
forces de production matérielles. La situation a atteint le
niveau d'une crise
marquée par l'irrationalité, une crise dans laquelle
l'État prive la classe ouvrière de ses droits individuels
et collectifs et lui nie le pouvoir d'une résistance
organisée tandis que les propriétaires des monopoles les
plus puissants, qui forment l'autre pôle des rapports sociaux de
production, se voient accordés des droits arbitraires et un
pouvoir policier
sans limites d'imposer leur volonté à la classe
ouvrière. Cette crise des droits et de conflit entre le droit de
monopole et le droit humain doit être résolue pour qu'on
ouvre la voie au progrès de la société. Cette
crise provient du fait que le régime qui soutenait le droit
public dans le passé ne le fait plus. Seuls continuent d'exister
les pouvoirs
policiers et ils sont utilisés pour la protection du droit de
monopole. C'est seulement en créant un régime qui
soutient le droit humain et défend le peuple et les droits de
tous sur cette base qu'on peut faire prospérer l'économie
et la développer. L'édification nationale va revivre, sur
une base nouvelle et moderne.
La prise de contrôle de l'État par
certains intérêts privés puissants et l'absence
d'un gouvernement de droit
On entend par société civile un
arrangement multiforme qui repose sur un gouvernement de droit. En
retour, un gouvernement de droit est censé défendre les
droits de tous. On s'attend à ce que ces droits soient
protégés par ce qu'on appelle les institutions
démocratiques (pas seulement le gouvernement mais
également les tribunaux, les
agences gouvernementales et non gouvernementales de toutes sortes). Il
va sans dire qu'on s'attend aussi à ce qu'un tel gouvernement se
porte garant de toutes les lois et de tous les arrangements
négociés qui ont été conclus sous ses
auspices.
Aujourd'hui, cependant, nous faisons face à une
situation où un gouvernement déclare être un
gouvernement de droit mais a recours à ses pouvoirs
discrétionnaires, aussi appelés pouvoirs policiers, afn
de nier les droits de tous et de détruire les lois et les
institutions qui se sont gagné une certaine
légitimité suite à la Deuxième Guerre
mondiale. Même les pouvoirs discrétionnaires des ministres
qui dans le passé étaient limités par des lois
dont la mise en oeuvre était faite au nom du plus grand bien ne
sont plus guidés par cet objectif pour la société.
Une société reposant sur le droit public et servant le
bien public a été remplacée par une
société qui donne préséance au droit de
monopole et est au service de l'objectif des plus grands monopoles
d'être concurrentiels sur les marchés mondiaux.
Il ne s'agit plus d'un gouvernement de droit mais d'un
gouvernement qui permet l'anarchie et son corollaire qui est la
violence. Les pouvoirs policiers qui par nature sont à
l'extérieur du gouvernement de droit et les tribunaux à
leur service sont tout ce qui reste de ce qui était connu comme
l'autorité publique. Toute défense des droits est
anathème pour ce nouveau régime. C'est
précisément contre cela que luttent les métallos
et tous les Canadiens qui défendent la conception fondamentale
de droits inaliénables. Un gouvernement de droit se doit de
soutenir les droits tels que définis par des ententes qui ont
été conclues légitimement. Les arguments de
circonstances exceptionnelles
qui sont mis de l'avant pour défendre le droit de monopole sont
frauduleux, tout comme le sont les arguments selon lesquels ces
monopoles amènent la prospérité et doivent donc
faire l'objet de concessions qui nient les droits de tous.
Dans cette attaque aux droits collectifs, le juge de la
LACC écarte du revers de la main les arrangements légaux
qui ont trait aux avantages sociaux à la retraite en invoqunt
les « droits des créanciers » comme si cela
allait de soi. Tous savent que l'expression « droits des
créanciers » est un euphémisme pour
désigner les droits des
forces impérialistes les plus puissantes au sein du processus de
la LACC.
En ce qui concerne l'attaque au droit individuel, le
juge de la LACC déclare que le métallo John Roach n'a pas
le droit d'émettre une plainte ou de faire appel à
« quelque processus exécutoire de quelque cour ou
tribunal que ce soit » pendant que US Steel est placé
sous la protection de la faillite et qu'il doit donc se soumettre
à tout
arrangement qui sera décidé par la «
restructuration réussie » de la compagnie.
Le
juge de la LACC déclare que ceux qui
contrôlent la restructuration de US Steel Canada sont libres
d'agir en opposition à tout « processus exécutoire
de quelque cour ou tribunal que ce soit » et sans
être restreints par lui. La décision constitue un
déni du gouvernement de droit et de sa capacité
d'utiliser le pouvoir discrétionnaire afin
d'atténuer les choses en faveur de la justice. La
décision fait du droit de monopole quelque chose d'absolu et est
une affirmation que la société civile n'existe plus. Sans
être confrontés à un pouvoir puissant de
restriction provenant de la force organisée de la classe
ouvrière à la défense de ses droits individuels et
collectifs, les monopoles, les
tribunaux et les gouvernements peuvent rire dans leur barbe.
La
situation à laquelle fait face la classe
ouvrière est dangereuse et requiert une nouvelle direction dans
l'organisation de la lutte à la défense des droits de
tous et pour une nouvelle direction des affaires économiques et
politiques du Canada. La voie de la classe ouvrière à la
défense de ses droits et pour une nouvelle direction
réside dans son pouvoir en tant que force
organisée et dans sa capacité de créer une opinion
publique à la défense des droits et pour une
société nouvelle : pas une société
civile définie par la préséance qu'elle donne aux
droits de propriété qui aujourd'hui ont été
réduits au droit de monopole mais une société
humaine. La classe
ouvrière doit développer davantage ses propres
médias et bâtir ses propres institutions de pouvoir de la
classe ouvrière. Cette lutte vise à priver le droit de
monopole de son pouvoir d'écraser le droit public et de priver
le peuple de développer et de mettre en oeuvre son propre ordre
du jour prosocial et les solutions aux problèmes du pays.
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Marxiste-Léniniste
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