Numéro 73 - 26 mai 2016
Supplément
L'infamie du 5 septembre 1914 à Vancouver
Démasquer le rôle de
l'État dans les crimes commis contre le peuple
- Hardial Bains -
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Hardial Bains prenant la parole à l'assemblée du 3
septembre 1989 à
Vancouver, une des nombreuses assemblées tenues à
l'occasion du 75e
anniversaire du renvoi du Komagata Maru.
Texte du discours
prononcé par le camarade
Hardial Bains, Premier Secrétaire du Comité Central du
Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) à une
réunion commémorative, Vancouver, 3
septembre 1989
***
Camarades et amis
Dans le calendrier du programme que nous avons
entrepris pour démasquer et condamner l'État canadien et
sa politique raciste, ainsi que sa politique de pousser les Indiens
à s'entretuer, et pour faire valoir notre revendication que les
gouvernements du Canada et de Colombie-Britannique honorent la
mémoire des victimes de l'événement du Komagata
Maru, nous en sommes maintenant au 5
septembre 1914, il y a soixante-quinze ans.
Que s'est-il passé le 5
septembre 1914 ? Le ministère de l'Immigration du
Canada (MIC) a utilisé les services d'un dénommé
Bela Singh pour atteindre les visées sinistres du gouvernement
canadien qui étaient de briser l'unité de la
communauté indienne et démembrer le Indian Committee de
Vancouver, qui était le comité
formé pour appuyer les passagers du Komagata Maru.
Connaissant les sinistres ambitions et les méthodes de Bela
Singh, qui était originaire de Jain, un village du district de
Hoshiarpur, ses compatriotes avaient mis en garde les membres du Indian
Committee du danger qu'il représentait. Ces derniers ont
demandé à leurs conseillers
juridiques, la firme McNeil, Bird, Macdonald et Darling, de les aider
à obtenir des permis de port d'armes afin de se défendre.
Les avocats n'ont pas pris la chose au sérieux et leur ont
conseillé de ne pas se procurer d'armes. Trois jours plus tard,
le 5 septembre, Bela Singh entrait avec ses révolvers
chargés dans un temple où se tenait un
service religieux sikh en hommage à un compatriote
décédé. Lorsque la dernière prière a
été récitée et que les fidèles
s'inclinaient devant le livre saint, les balles de ses révolvers
traversèrent le dos et le coeur de deux hommes, dont Bhai Bhag
Singh, le président de la Khalsa Diwan Society, et
blessèrent six autres personnes.
Le coupable fut pris sur le
fait et remis aux mains de
la police. M. Hopkinson, un agent du MIC, et dont Bela Singh
était l'agent, le fit libérer sous caution. A son
procés Bela Singh avoua sa culpabilité mais
déclara avoir agi en légitime défense. La cour
l'acquitta et déclara qu'en effet un acte si
téméraire en la présence d'une si grande
assemblée ne pouvait être qu'un acte de légitime
défense. Le juge ne tint aucun compte de l'argument principal du
procureur, à savoir que Bela Singh était allé
armé de révolvers chargés à un temple
où se tenait un service religieux de personnes non armées
en hommage à un compatriote décédé.
Le gouvernement canadien n'a jamais, à ce jour,
annulé ce verdict de non-culpabilité. Le gouvernement
canadien, les tribunaux et tous les cercles officiels ont refusé
d'expliquer pourquoi ce traître, Bela Singh, avait osé
entrer dans un temple s'il croyait que sa vie y serait en danger.
Aurait-il échappé à une si grande assemblée
si leur but à tous
était de lui ôter la vie ? Il s'agissait de toute
évidence d'un complot tramé par la police pour briser
l'unité de la communauté et l'isoler de l'ensemble du
peuple canadien, à cause de l'appui qu'elle donnait aux
passagers du Komagata Maru.
Lorsque la cour a manqué à son devoir de
punir ce meurtrier et présenté son acte de
lâcheté comme un acte de bravoure, le patriote Mewa Singh
a tué Hopkinson en plein tribunal. Pour cela, Mewa Singh a
été pendu. Les tribunaux ne tinrent aucun compte de sa
déclaration au moment de la fusillade, à savoir qu'il
avait lui aussi agi en légitime
défense, la cour ayant manqué à son devoir. Il
s'agit d'un des nombreux exemples qui montrent comment le gouvernement
a tenté d'encourager les traîtres parmi la
communauté indienne tout en persécutant les patriotes.
Si vous lisez les textes et les directives, les
décisions du Conseil privé, les Arrêtés en
Conseil, les décisions du vice-roi de l'Inde, lord Harding
à l'époque, les décisions du gouvernement
canadien, et notamment celles du premier ministre Borden et du
ministère de l'Immigration et du Travail, vous verrez que tous
affirment que les «
Hindous », comme ils appelaient à l'époque
toutes les personnes provenant du sous-continent indien,
n'étaient pas les bienvenus s'ils voulaient immigrer et
s'établir au Canada. Les journaux, le Vancouver Sun, le Vancouver
Province et d'autres, réservaient aux personnes de l'Inde un
traitement ouvertement et carrément raciste.
En fait, durant tout l'événement du Komagata Maru,
le gouvernement et ses organismes, notamment le ministère de
l'Immigration et la police, ont enfreint les lois qu'ils avaient
eux-mêmes créées. Tout montre que le gouvernement
n'avait que faire des lois lorsqu'elles allaient à l'encontre de
ses intérêts. Cela était un fait connu à
l'époque
également. Ce n'est pas de la sagesse rétrospective. Par
exemple, lorsque Baba Gurdit Singh, l'organisateur du voyage, et les
passagers ont été voir une firme d'avocats de Vancouver
et ont offert de payer des honoraires importants, celle-ci a
refusé sur la base que l'affaire avait «
débordé le domaine des procédures
juridiques » et qu'elle
relevait dorénavant de la politique nationale ou de la
diplomatie plutôt que du droit. Les avocats ont répondu
comme suit dans une lettre datée du 24 juin 1914 :
« ...Nous pensons que l'affaire a maintenant pris
une telle importance qu'elle déborde le domaine des
procédures juridiques et qu'elle est devenue dans une grande
mesure, sinon dans sa totalité, une question relevant de la
politique nationale qui est d'une importance vitale non seulement pour
le gouvernement de ce pays mais aussi pour
d'autres intérêts impériaux conflictuels.
« Face à cela, il nous semble qu'il s'agit
plutôt d'une affaire de diplomatie que de droit, et nous ne
croyons pas pouvoir en toute conscience entamer des poursuites
judiciaires dans ces circonstances malgré la très
généreuse provision que vous nous avez
offerte. »
Les documents, les lettres, les
télégrammes, les notes et les déclarations des
représentants gouvernementaux, du premier ministre jusqu'au plus
bas échelon, montrent que le gouvernement canadien, le
gouvernement de la Colombie-Britannique, le Conseil municipal de
Vancouver, ainsi que la police, les tribunaux et le ministère de
l'Immigration
avaient tous contrevenu à la loi. Par exemple, à
l'époque l'Inde faisait partie de l'empire britannique et donc,
légalement, tous les Indiens étaient des sujets
britanniques. Cette situation s'est maintenue même
après 1947, c'est-à-dire même après que
l'Inde ait obtenu l'indépendance formelle : tous les
Indiens ont été « reconnus »
comme des sujets britanniques. Il est normal que tous les sujets
britanniques jouissent de droits égaux, notamment en ce qui
concerne la liberté de commerce et la liberté de
mouvement. Ils devraient tous avoir le même droit de venir au
Canada, ou d'aller en Australie, ou en Nouvelle-Zélande, ou en
Grande-Bretagne ou dans tout autre pays de
l'empire britannique, si l'on s'en tient strictement aux termes de la
loi. Les Britanniques attachent une grande importance à leur
notion de fair play, on devrait au moins s'attendre à ce que
tous les sujets britanniques jouissent de droits égaux. Mais ce
n'était pas le cas dans la pratique. Les gouvernements
d'Australie et de Nouvelle-Zélande, surtout
ce dernier, suivaient à l'époque une politique à
l'immigration particulièrement raciste et discriminatoire. Le
gouvernement canadien et ses représentants discutaient
ouvertement d'interdire toute immigration « hindoue »
à l'instar de la Nouvelle-Zélande. Ils parlaient des
mesures « audacieuses » que prenait le gouvernement
néo-zélandais
pour garantir « une Nouvelle-Zélande blanche ».
Bref, l'État canadien suivait une politique raciste.
Il est important de noter ici que même si les
Indiens étaient des sujets britanniques, même si le Canada
était un dominion de la Grande-Bretagne et que ses lois
étaient sanctionnées par le parlement britannique, on
tenta de créer l'impression que le gouvernement canadien et ses
fonctionnaires pouvaient décider eux-mêmes de la loi et
retirer à
quiconque son statut de sujet britannique. C'est donc que l'État
britannique n'intervenait que lorsqu'il considérait que ses
propres intérêts étaient menacés. Et
puisqu'il était dans son intérêt d'humilier les
Indiens, il sanctionna les agissements du gouvernement canadien.
En ce qui concerne les sujets britanniques qui
étaient originaires de l'Inde, qu'ils soient des
résidents de Vancouver ou gardés prisonniers dans les
eaux du port de Vancouver, ils n'étaient pas seulement
privés de quelque droit que ce soit par le gouvernement du
Canada, mais « le gouvernement indien », autrement dit
les Britanniques,
n'est pas intervenu pour défendre la primauté du droit.
Les passagers du Komagata Maru n'ont ni
bénéficié des droits en tant que sujets
britanniques, ni n'ont été protégés par les
lois canadiennes. Il n'y avait pas d'égalité pour tous
devant la loi au Canada. C'était le cas à
l'époque, et c'est le cas aujourd'hui également en ce qui
concerne les
questions fondamentales qui ont trait aux droits et devoirs d'un
citoyen. Le fait même que la Loi sur la citoyenneté
ne soit entrée en vigueur qu'en 1948 montre que
avant 1948 les Britanniques avaient la responsabilité
directe de protéger leurs sujets -- ce qui est un
réquisitoire supplémentaire contre les actions des
gouvernements canadiens et britanniques au moment de
l'événement du Komagata Maru. Le gouvernement
canadien a tout simplement refusé de reconnaître les
passagers du Komagata Maru comme des sujets britanniques, tout
comme il a refusé de rendre justice selon les lois canadiennes
à tous ceux provenant de l'Inde.
Ce n'était pas du tout le cas des immigrants
provenant de Chine ou du Japon à cette époque. Ceux-ci
entraient dans la catégorie de ce qui est appellé
l'immigration « orientale » et étaient soumis
à des traités spécifiques signés entre le
gouvernement du Canada et les gouvernements respectifs de la Chine et
du Japon. Ni la Chine ni le
Japon n'étaient des colonies britanniques. Les immigrants
provenant de Chine et du Japon n'étaient pas sujets
britanniques, alors que tous les Indiens l'étaient. Ni le
gouvernement du Canada ni les gouvernements provinciaux et municipaux
ni la police ou les tribunaux ou les commissions indépendantes,
n'avaient le droit de priver des sujets
britanniques de leurs droits légitimes.
Une fois que le gouvernement canadien a pris une
position si arbitraire, comment pouvons-nous juger quelle loi a
été suivie ? Quiconque se soucie des droits des
êtres humains constatera que les autorités canadiennes ont
commis un acte intolérable. [...]. Une fois qu'elles n'avaient
aucune justification en droit, elles se sont servies de
toutes sortes d'insultes et de diffamations racistes contre les
personnes d'origine indienne pour diviser le peuple, tant la
communauté indienne que la communauté indienne et
l'ensemble de la population canadienne.
Passons pour un instant de 1914 à
aujourd'hui, alors que nous commémorons ces
événements. Une question se pose, le gouvernement
canadien a-t-il changé sa façon d'agir ?
En 1914, il n'existait aucune Charte des droits et
libertés. Aujourd'hui, il y a même une Charte des
droits et libertés. Cette Charte
des droits et libertés ne contient aucune clause de mesure
punitive contre ceux qui violent les droits qui y sont inscrits. Au
contraire, c'est l'inverse qui est vrai. La Charte des droits et
libertés déclare qu'il n'existe pas de droits
inviolables. Tous les « droits » ont des «
limites raisonnables ». Alors que les «
droits » ont
des « limites raisonnables », les devoirs, en
particulier l'obligation d'obéir à la loi, sont
considérés comme inviolables. En fait, l'État et
ses organismes se donnent le droit de violer la loi en toute
impunité, comme cela s'est passé lors de
l'événement du Komagata Maru et est la pratique
depuis ce temps, et même avant. On peut dire
que le degré auquel l'État punit les auteurs de
violations des droits et des devoirs prévus est la mesure de la
défense de ses citoyens. S'il n'existe pas de dispositions pour
punir les auteurs des violations, on ne saurait parler de droits ou
devoirs. Ce ne peut être qu'une imposture.
La Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen , adoptée en 1789 par l'Assemblée
nationale française comme un acte de la révolution
française, a proclamé que « les hommes naissent et
demeurent libres et égaux en droits » et la
constitution fondée sur celle-ci prévoyait des mesures
punitives contre ceux qui violent ses
dispositions. C'est pourquoi le gouvernement britannique de
l'époque a commis des crimes ignobles contre la
révolution française, pour s'assurer qu'elle ne fasse pas
de progrès et garantir la restauration. En 1989, lorsque la
France a célébré le bicentenaire de la
Révolution française, Thatcher a déclaré
avant de se rendre aux célébrations à
Paris que la Révolution française n'avait rien
apporté au plan des droits démocratiques et des
libertés de l'être humain. Elle a dit qu'avec la Magna
Carta (la Grande Charte), les Anglais avaient déjà
ces droits depuis plusieurs siècles.
La Magna Carta est un document que les barons
anglais ont arraché au roi Jean sans terre en 1215. Dans
cette charte, le roi promettait certains droits à ses sujets,
Cela n'avait rien à voir avec l'octroi de droits
démocratiques au peuple. Les barons ont conçu la charte
pour protéger leurs fiefs et acquérir plus de
privilèges. Bien que
cette charte ait été le premier document à limiter
le pouvoir absolu des rois, que ce soit en Angleterre ou ailleurs, elle
ne donnait de garantie qu'à deux catégories de
droits : ceux que le roi promet aux barons et ceux que les barons
promettent aux hommes libres sous eux. Bien que certains droits, comme l'habeas
corpus
(qui, soit dit
en passant, a également été enfreint dans le cas
des passagers du Komagata Maru), ont leur origine dans la
Grande Charte, celle-ci était essentiellement le résultat
de la lutte des barons, qui voulaient limiter les droits de
l'État central et du roi. Personne n'a jamais salué la Magna
Carta comme étant un document qui consacre les droits
des êtres humains. La Magna Carta n'était pas une
mesure progressiste en termes de la naissance des nations modernes. Il
a fallu aux Anglais plus de 300 ans pour en surmonter les
conséquences et commencer à établir un pouvoir
centralisé au sein de la structure d'un État-nation.
[...] Margaret Thatcher est tellement «
démocratique » et « patriote »
qu'elle voudrait revenir aux temps de ces anciens maraudeurs qui
freinaient tout progrès. Si Margaret Thatcher se permet
aujourd'hui d'affirmer impunément une telle chose, imaginez
quelle foi les représentants britanniques au Canada accordaient
aux droits et libertés au cours des deux premières
décennies du siècle !
Le Front du Peuple a mis de l'avant la revendication
que le gouvernement canadien honore les victimes de
l'événement du Komagata Maru. Au lieu d'honorer
la mémoire des victimes, le gouvernement canadien continue
d'agir avec arrogance comme il l'a fait par le passé. Il est
allé jusqu'à se servir de la commémoration du
soixante-quinzième anniversaire du renvoi du Komagata Maru
de Vancouver, le 23 juillet de cette année, pour bien
laisser savoir à tout le monde qu'il allait poursuivre sa
politique antipopulaire. Sans le moindre scrupule, il laisse savoir
qu'il continuera de financer ceux qui gagnent leur vie en divisant la
communauté et qu'il
continuera de persécuter les patriotes. Deuxièmement, il
laisse savoir qu'il ne prendra aucune mesure contre les racistes et
ceux qui attisent le chauvinisme et, troisièmement, qu'il
continuera de traiter la lutte des personnes d'origine indienne comme
si elles ne faisaient pas partie de la lutte de l'ensemble du peuple
canadien.
Le gouvernement appelle « minorités
visibles » ceux qu'il appelait au début du
siècle « Hindous » pour perpétuer sa
fraude au sujet des droits de la « majorité »
et des droits de la « minorité ». Il s'est
ouvertement allié aux lèche-bottes dans la
communauté qui revendiquent des droits pour ces «
minorités
visibles ». Mais qui formulerait une revendication
pareille ? En plus d'être une preuve de mépris
à l'égard des sentiments du peuple, c'est une
façon pour l'État de faire savoir qu'il poursuivra
précisément le même genre d'activités qui
ont conduit aux événements tragiques du 5
septembre 1914 : encourager les
lèche-bottes à attaquer les patriotes, financer des
agents dans la communauté indienne, y poster des indicateurs de
police, diviser la communauté indienne ; encourager les
carriéristes, former une alliance avec ceux qui sont
disposés à s'accommoder du racisme et du chauvinisme de
l'État canadien et persécuter ceux qui refusent. Il
accuse
ensuite ceux qui refusent de jouer ce jeu d'être des «
extrémistes », des « terroristes »,
des « anarchistes », alors qu'il qualifie de «
modérés », de « gens
sérieux » ceux qui acceptent de prendre part à
cette infamie antipopulaire et déclare que ce sont des gens
sincèrement intéressés à établir
l'« harmonie » dans
la communauté. Selon l'État canadien, le seul
problème qui se pose dans la communauté indienne est d'y
établir la « paix » et l'«
harmonie ». Ce n'est qu'un prétexte pour perturber la
paix et l'harmonie.
En 1914, on accolait aux forces antiracistes et
patriotiques les mêmes étiquettes qu'aujourd'hui. On
employait pratiquement les mêmes termes. Les personnes
patriotiques étaient dénoncées et bon nombre
d'entre elles ont été expulsées du pays en raison
de leur patriotisme. Plusieurs ont été pendus à
leur retour en Inde. On les accusait de
sédition et d'opposition au roi. Et comme en 1914,
aujourd'hui encore la lutte de la communauté indienne est
présentée comme étant séparée de la
lutte du peuple canadien. Or, c'était une lutte de l'ensemble du
peuple canadien à l'époque et ce l'est encore
aujourd'hui. Lorsque nous revendiquons pour les personnes d'origine
indienne le droit
de vivre en paix dans ce pays - et c'était aussi la
revendication en 1914 - sans ingérence de l'État,
sans empiétement sur leurs droits et sans faire l'objet des
menées d'agents et de traîtres financés par
l'État, nous réclamons pour les Indiens ce que nous
réclamons pour tout le monde. Nous ne demandons pas que les gens
d'origine indienne
aient des droits spécifiques. Lorsque cet État raciste
nous dit qu'au Canada la population est divisée entre «
blancs » et « minorités visibles »
et qu'il existe des droits de la « majorité »
et des droits des « minorités », cela ne
convainc personne. En effet, comment est-ce possible que certains aient
plus de droits que
d'autres ?
En réalité, l'État se sert du
racisme pour diviser le peuple. Il incite au chauvinisme, ce qui
constitue une attaque contre l'ensemble du peuple. C'est pourquoi l'on
dit qu'une nation qui en opprime une autre ne saurait être libre.
On peut dire la même chose d'un peuple. Ce n'est pas vrai que les
« non-blancs » font l'objet de la
discrimination des « blancs ». C'est là une
invention des racistes. Il n'est pas difficile de réfuter le
mythe de la supériorité des « blancs ».
Les habitants francophones du Québec qui ont fait l'objet d'une
discrimination raciale brutale n'étaient-ils pas «
blancs » ? Ils ont été opprimés
par les colonialistes britanniques de la
même façon que les Indiens. Les personnes d'origine
irlandaise étaient aussi des « blancs ». Ils
ont été opprimés par leurs colonisateurs dans le
passé et le sont encore aujourd'hui. Dans l'histoire plus
récente, les Doukhobors en Colombie-Britannique ont
également été persécutés, et ils
étaient « blancs ». On voit donc que ce mythe
voulant que les « blancs » ont plus de droits que les
« non-blancs » est un instrument utilisé par
les capitalistes pour créer des divisions parmi le peuple.
En réalité, l'État encourage les
racistes à s'organiser et à parler ouvertement contre les
personnes d'origine différente. Ces racistes ont droit à
une publicité énorme et à la protection
policière. Si les « blancs » avaient tous les
droits, alors comment expliquer qu'historiquement, et surtout dans les
années 1930, ce sont plus que
quiconque des « blancs » qui ont été
expulsés du Canada. Le gouvernement disait qu'ils étaient
des bolcheviks qui cherchaient à renverser l'État. Des
milliers d'entre eux ont été expulsés en Europe.
Autrement dit, lorsqu'il s'agit des droits du peuple, ils ne sont pas
du tout protégés. [...] Le Canada n'accorde pas à
ses citoyens de droits
fondamentaux et inaliénables.
Il existe même l'expression qu'au Canada vous
n'avez aucun droit, vous n'avez que des «
privilèges ». Si vous acceptez de jouer le jeu,
dit-on ouvertement, alors vous aurez ce qu'on appelle des «
privilèges », sinon on vous les retirera. Dans la Charte
des
droits
et
libertés, il est souligné qu'au Canada
tous les droits sont
soumis à des « limites raisonnables » et, bien
entendu, les apologistes du système trouvent cela «
justifiable ». Au lieu d'exiger une application universelle
de la loi, ils disent que ces limites sont une façon de garantir
que personne n'abuse de la « démocratie ».
L'argument est si faux qu'un seul exemple suffit à le
réfuter. Par
exemple, ce que nous considérons comme justifiable est
très différent de ce que Brian Mulroney considère
comme justifiable. Si nous étions au gouvernement et qu'on nous
demande de redresser les torts historiques faits aux victimes de
l'événement Komagata Maru, nous
présenterions sans hésiter des excuses au nom de
l'État, et ce non
seulement à tous les Canadiens, mais à tous les Indiens
et à toutes les familles qui ont souffert. Voilà ce qui
serait, pour nous, des « limites raisonnables » qui se
justifient. Nous déclarerions également que notre
gouvernement ne pratiquera plus et ne permettra plus la pratique
d'aucune forme de racisme ou de discrimination raciale.
Les juges de la Cour suprême sont de tels laquais
de l'État canadien que pas un seul d'entre eux n'a encore rendu
de jugement contre la notion arbitraire des « limites
raisonnables ». Ils l'ont tous au contraire approuvée
et dans ce contexte, même la citoyenneté d'une personne,
le droit de vivre dans le pays dont vous êtes citoyens, n'est
pas un droit inaliénable. Dès que vous posez des limites,
qu'elles soient raisonnables ou non, vous ouvrez une véritable
boîte de Pandore. Tout devient alors sujet à
interprétation. Les puissants de l'économie aboutissent
avec tous les droits, comme c'est le cas au Canada. Même les lois
de l'immigration sont formulées de cette façon. Celui qui
est
riche, quel que soit son pays, peut devenir résident permanent
du Canada du simple fait qu'il est riche, et, pour les mêmes
raisons, celui qui est pauvre ne le peut pas. Ce qui est raisonnable
pour le riche n'est pas du tout raisonnable pour le pauvre.
L'inviolabilité d'un droit est fondamentale. Pour qu'un droit
soit digne de ce nom, il doit avoir force
de loi, sinon il est sans contenu, sans signification. Sans
l'inviolabilité, un droit ne veut rien dire et ne vaut rien. Il
ne peut alors qu'engendrer et perpétuer des conflits.
À notre avis, l'État canadien est un
État de l'arbitraire et du non-droit qui soutient
l'exploitation, la régression et la réaction mondiale.
Pour lui, aucun droit n'est inaliénable. Entre ce qu'il dit et
ce qu'il fait, il y a une marge. Ainsi, il n'est pas rare d'entendre le
ministre des Affaires extérieures parler contre l'apartheid en
Afrique du Sud
pendant que les hommes d'affaires canadiens font de bonnes affaires
avec l'Afrique du Sud raciste. C'est une vraie farce. Que vaut la
parole d'un représentant de l'État canadien ? De
même, le gouvernement canadien peut déclarer qu'il est
contre le racisme pendant que dans les rues se tiennent des
rassemblements racistes appuyés d'un grand
renfort de publicité dans la presse bourgeoise, la radio, la
télévision, et protégés par la police.
Prétendre qu'il est contre le racisme, ou que le
gouvernement canadien a adouci ses positions et pris ses distances par
rapport à ce que le gouvernement de l'époque a fait aux
personnes d'origine indienne et à d'autres personnes, non
seulement au début du siècle mais durant toute la
période qui s'est écoulée depuis, c'est se moquer
de la
condition réelle qui est faite au peuple. Bien au contraire,
camarades et amis, ces gens se moquent de nous. Lorsque le gouvernement
se sert de la commémoration des victimes de
l'événement du Komagata Maru le 23 juillet
pour créer une opinion publique en faveur de ses
lèche-bottes dans la communauté indienne, il insulte les
forces antiracistes et démocratiques de ce pays. Certains de ces
lèche-bottes reçoivent même de l'argent pour
travailler contre les forces antiracistes et démocratiques. Leur
geste du 23 juillet et les événements qui l'ont
précédé constituent à toutes fins pratiques
une déclaration qu'ils continueront d'agir comme avant. Loin de
nous laisser
confus quant à leurs activités, ou de nous donner des
illusions, cela nous montre que nous devons poursuivre notre lutte
contre eux. D'aucune manière, nous ne pouvons imposer des
limites à la revendication de nos droits fondamentaux
inaliénables.
L'État canadien parle beaucoup de
démocratie mais il n'a rien de démocratique, en paroles
comme en pratique. Outre l'inviolabilité des droits, une
véritable démocratie doit n'avoir qu'une seule
signification, qu'un seul contenu. Elle doit être le pouvoir de
la majorité dans l'intérêt de la majorité.
Nous parlons ici de la majorité numérique de la
population. Nous ne divisons pas le peuple sur une base raciale comme
le laissent entendre le gouvernement et tous les racistes lorsqu'ils
parlent de « majorité blanche » et de «
minorités visibles ». Seul un raciste enragé
divise la société sur la base de la couleur de la peau.
Dès qu'on affirme que la majorité est définie
comme étant
blanche, on s'attaque au coeur même de ce que signifie
démocratie. La majorité ne peut être définie
que par la signification que lui confère l'histoire à une
période donnée. Par exemple, le peuple américain a
combattu le colonialisme britannique au XVIIIe siècle. C'est le
contenu de la lutte à l'époque qui a défini ce qui
constitue la majorité. La
majorité était constituée de tous les
Américains qui aspiraient à l'indépendance et
à la liberté. Ce sont eux qui ont exercé leur
volonté, c'est dans leur intérêt que l'État
a été établi. Définir en d'autres termes la
majorité à cette époque, ou définir la
majorité aujourd'hui par les termes de cette époque,
serait absurde. Aujourd'hui, c'est la classe
ouvrière qui constitue la majorité aux États-Unis.
Il y a d'autres personnes qui font partie de ce qu'on appelle en
général les travailleurs et qui font partie de la
majorité. Un État réellement démocratique
doit être élu par les travailleurs dans
l'intérêt des travailleurs. Cet État
n'empiétera pas sur les droits des autres sections du peuple
qui, à
généralement parler, sont les producteurs dans la
société. Mais il sera l'ennemi de tout ce qui les
asservit. Il établira une véritable démocratie.
Faut-il croire qu'au Canada aujourd'hui ce sont les
millionnaires et les milliardaires qui constituent la
majorité ? Le fait de tenir ce qu'ils appellent des
élections serait un exercice de la «
volonté » de la majorité. Quelle farce !
Et la farce est encore plus poussée si vous considérez
que c'est à peine la majorité de la population
qui est inscrite sur les listes électorales, sans parler du taux
de participation aux élections ! Il n'est pas rare qu'aux
États-Unis moins de 50 pour cent de la population
s'inscrive sur les listes d'électeurs. Puis, il y a ceux qui
prétendent obtenir la majorité des votes. Ils ne
reçoivent jamais plus de 15 ou 20 pour cent des votes
de la population adulte. Alors qui dit qu'ils sont élus par la
majorité ? Que font-ils une fois élus ?
Travaillent-ils pour la majorité ? Laissez-moi rire !
[...]
Camarades et amis,
Si l'État canadien est défini comme un
État qui agit avec le plus grand arbitraire et de façon
antipopulaire, alors les promesses de son gouvernement seront toujours
suspectes. On ne peut pas vraiment se fier à la parole d'un
Brian Mulroney ou d'un Jerry Weiner. [...] Le gouvernement
honorera-t-il la mémoire des victimes de
l'événement du Komagata Maru ? Jurera-t-il
de ne plus jamais
pratiquer le racisme ? Mettra-t-il réellement un terme
à tout acte de racisme ? Il ne veut pas répondre
à ces questions. C'est pourquoi notre lutte doit continuer...
Lorsqu'ils se réuniront le 24 décembre cette
année pour leur congrès, le Comité de
Défense indien et le
Front du Peuple doivent se donner comme tâche fondamentale, pour
les mois et les années qui viennent, d'intensifier la lutte
contre le racisme, notamment contre les positions prises par
l'État canadien sur ces questions. En d'autres termes,
le 11 janvier, lorsque nous conclurons notre programme
d'activités à la mémoire des victimes de
l'événement du Komagata Maru, nous devons dire
à la population que le gouvernement a refusé de
déclarer son opposition au racisme, ou à tout acte de
racisme. Le gouvernement a refusé d'honorer la mémoire
des victimes de l'événement du Komagata Maru, et
il continue tout comme avant de diviser les Indiens de l'ensemble des
Canadiens et de semer la discorde dans la communauté indienne.
Nous devons dire clairement au peuple que l'État est raciste
puisqu'il refuse de prendre position. Il doit sûrement se
solidariser avec les racistes, puisqu'il a refusé de
déclarer des sanctions contre ceux qui commettent des actes de
racisme et de discrimination raciale, qui font de la
propagande raciste, etc...
Le gouvernement est aussi fier de son geste aujourd'hui
qu'il l'était en 1914 et durant les soixante-quinze
années qui se sont écoulées depuis. Il n'a jamais
regretté de s'être livré à de telles
activités et ce qu'il a fait le 23 juillet en est la
meilleure preuve. Ainsi, s'il regrettait ces événements
de 1914, il aurait invité toutes les
parties intéressées à prendre part aux
commémorations. Il leur aurait demandé à toutes de
venir commémorer cet événement le 23 juillet
afin de réellement rendre hommage aux victimes et il aurait
promis de ne plus jamais recommencer. [...] Or, il a
préféré faire une distinction entre ceux qui
luttent pour les droits du peuple, qui ont toujours
fait ressortir l'essence de la lutte, et les éléments
douteux. Il a convoqué ces derniers et les a réunis
à des fins perfides. Bien entendu, il y avait peut-être
parmi eux certaines personnes sérieuses, bien
intentionnées, des gens confus, mais ça n'a pas
d'importance. L'important est de bien voir ce que l'État a
accompli le 23 juillet. Il a fait
le 23 juillet la même chose qu' en 1914. Il a
tenté de semer de nouveaux germes de discorde parmi le peuple et
de déchaîner les passions. D'une part, il y avait les
forces patriotiques qui affirmaient leur position sur cette question
le 23 juillet 1989. D'autre part il y avait l'État qui
organisait encore une fois contre les
éléments patriotiques. [...]
Soixante-quinze ans après
l'événement du Komagata Maru, et maintenant que
tous ont été témoins des
célébrations honteuses du 23 juillet 1989, nous
posons publiquement la question : l'État veut-il que le
sang coule à nouveau dans la communauté indienne ?
Qui paie-t-il pour se livrer à de telles
activités ? Qui sont ses agents ? Qui sont ceux qui
ont chargé leurs revolvers comme le traître Bela Singh,
l'espion et l'agent du MIC ? Qui sont aujourd'hui les instruments
de l'État ? Où ouvriront-ils le feu ? Sur
qui ? Combien seront-ils payés pour leur geste
sinistre ? Ce sont les questions qui se
posent. Les travailleurs devraient les poser au gouvernement, ils
devraient téléphoner aux ministres et aux
députés et leur demander : dites-nous quel nouveau
complot vous avez ourdi, dites-nous quelle main obscure organise dans
les coulisses ces activités sinistres contre le peuple canadien,
comme en cette journée noire du 5
septembre 1914 quand le traître Bela Singh a tué Bhai
Bhag d'une balle dans le coeur alors qu'il priait pour un compatriote
décédé. S'ils ont la conscience tranquille, ils
déclareront qu'ils n'ont aucun plan du genre. Tout le monde
pourra alors dire : oui, l'État a raison. Mais ne sombrons
pas dans l'indifférence et l'apathie. Le
gouvernement canadien et son État prétendent
représenter tous les Canadiens. Le 23 juillet, ils ne
représentaient personne. Ils ne représentaient que ceux
qui les ont suivis, avec leur intérêts étroits, ce
qui les a empêchés de présenter des excuses pour
les gestes racistes et illégaux commis en 1914 et depuis.
[...]
La lutte que nous menons est la lutte de tous les
Canadiens, non pas d'une partie du peuple. En même temps, les
personnes d'origine indienne ont le droit de s'unir et de demander que
soient redressées les injustices dont elles ont
été victimes. Cela n'entre absolument pas en
contradiction avec l'esprit d'unité du peuple. Bien au
contraire, cela
contribue à l'unité du peuple.
Camarades et amis, Nous pouvons résumer les
leçons du 23 juillet et de toute la période des
soixante-quinze dernières années en disant que le
gouvernement veut promouvoir les lâches, les laquais, ces gens
qui n'ont absolument aucun principe. L'État déteste ceux
qui lui résistent et luttent pour leurs droits. Il les calomnie
et les traite de
« terroristes », de personnes «
violentes » et d'« extrémistes ». Du
haut de cette tribune, nous réaffirmons comme nous le faisons
depuis vingt ans que nous ne nous soumettrons jamais à ceux qui
veulent nous faire renoncer à nos droits. Notre position est
juste. Nous ne supplions personne. Nous proclamons nos droits et nous
luttons pour les faire respecter. (Applaudissements) C'est ainsi que
nous reconnaissons non seulement la légitimité d'un
droit, mais aussi comment mener la lutte pour défendre ce droit.
C'est sur cette base que nous luttons.
On nous a accusés de vouloir obliger
l'État à se plier à nos exigences. Nous
demandons : quel mal y a-t-il à vouloir que l'État
se soumette à la volonté du peuple ? Nous ne lui
demandons pas de se soumettre à notre volonté pour en
opprimer d'autres, comme il nous opprime, nous lui demandons de
reconnaître les crimes qu'il a
commis dans le passé et de cesser de nous attaquer comme il le
fait aujourd'hui. Est-ce trop demander ? C'est le minimum que
puisse demander toute personne qui se respecte. Nous ne demandons pas
de compensation monétaire, même si le gouvernement
en 1913 et en 1914 devait de l'argent à des membres de
la communauté
indienne à cause des injustices perpétrées contre
eux lors de l'événement du Komogata Maru.[...] Nos
gens ont toujours travaillé fort. Même dans les
années 1906 et 1908, alors que toutes sortes de
calomnies couraient contre notre communauté qu'elle était
un fardeau pour l'État, une enquête a
démontré que pas un seul de ses
membres ne vivait de l'assistance sociale. Les familles indiennes se
sont toujours occupées de leurs sans-travail et se sont toujours
fort bien débrouillées. Les torts commis contre les
personnes d'origine indienne et l'ensemble des Canadiens ne peuvent
être réduits à une question d'argent. Les Rajiv
Gandhi, les Jawalharlal Nehru, les Indira Gandhi et
leurs semblables ont peut-être, eux, l'habitude de mendier, mais
pas le peuple. Les Pendjabis et les autres peuples indiens ne se sont
jamais agenouillés devant personne. Cette lutte pour
défendre la dignité et des droits du peuple se poursuit
encore aujourd'hui. Pas une année ne s'est écoulée
sans qu'une lutte éclate. Parfois la lutte est à un bas
niveau, parfois à un niveau plus élevé, mais elle
se poursuit continuellement. Elle se poursuivra jusqu'à ce que
des droits égaux soient reconnus à tous. Il ne se passe
pas un seul jour sans que nous brûlions du désir
d'être libres, d'être indépendants, d'être
heureux comme nous l'entendons. Ceux qui, aujourd'hui,
préfèrent l'argent au mépris de cette
aspiration à la liberté ont sans aucun doute renié
notre histoire, nos traditions, mais ce n'est pas le cas de notre
communauté progressiste de Vancouver, ce n'est pas le cas des
masses populaires patriotiques et progressistes de l'Inde, du Pendjab.
Ce ne sera jamais le cas.
Durant toute cette période d'hystérie
raciste et de racisme larvé, les forces antiracistes et
démocratiques se sont dressées ici, la tête haute
et le poing levé, et c'est ainsi que nous nous sommes
défendus. Et que personne ne se fasse d'illusions : nous
n'allons jamais relâcher notre vigilance et abandonner la lutte.
Notre lutte ne blesse
personne d'autre et n'est pas préjudiciable aux
intérêts des autres Canadiens. Elle n'est dirigée
contre personne. Nous ne la menons pas pour asservir les autres. Bien
au contraire, elle est une invitation à se tenir debout. Si nous
n'agissions pas ainsi, alors, camarades et amis, nous ne serions pas ce
que nous disons être. Il est difficile, très difficile,
de se renier soi-même, car la lutte fait partie de la vie. Elle
est le sang vital qui coule dans les veines du peuple. [...]
Les personnes d'origine indienne qui résident
à l'étranger peuvent acquérir plusieurs nouvelles
citoyennetés, mais elles n'en continuent pas moins de faire
partie d'une même nation. Il est très regrettable que
l'État qui représente la nation indienne aujourd'hui soit
hostile à son propre peuple, tant aux Indiens qui vivent en Inde
qu'à ceux qui
vivent à l'étranger. Cet État conspire contre eux.
Il se comporte comme le gouvernement colonial indien du temps du Komagata
Maru. Lui aussi est assis à la même table que nos
ennemis et conspire contre nous. Il se livre aux mêmes
activités que nos ennemis. Savez-vous que de 1947
à 1989, en quarante-deux ans, de
nombreux gouvernements étrangers impérialistes et
révisionnistes nous ont traités de tous les noms racistes
et que le gouvernement indien n'a jamais élevé la moindre
protestation ? Il n'a jamais condamné ces agissements. Les
attaques racistes ont coûté la vie à plusieurs
personnes, surtout en Grande-Bretagne. Le gouvernement indien se tait.
Quand il ouvre la bouche, c'est pour nous dénigrer. Il
déclare que nous méritons d'être traités
ainsi, que c'est de notre faute. Il faut dire ici que lorsque nous
luttons pour notre dignité, lorsque nous luttons pour nos
droits, c'est une source d'inspiration pour le peuple en Inde
également. Notre lutte donne du courage à nos
frères et nos soeurs
là-bas.
Nos ennemis nous reprochent de « vivre dans
l'opulence » à l'étranger. Qu'est-ce que cela
veut dire ? Que nous perdons notre dignité, que nous
perdons notre respect de soi ? Bien au contraire, « vivre
dans l'opulence » veut dire que nous devons lutter avec
encore plus de ténacité pour notre dignité, pour
nos droits. Il
n'existe pas de contradiction entre lutter pour son bien-être
économique et lutter pour ses droits politiques. Ceux qui
insinuent que parce que nous « vivons dans
l'opulence », nous devrions nous soumettre à nos
ennemis se trompent lourdement. Ce n'est pas de la sagesse, c'est une
stupidité que toutes les forces progressistes et
démocratiques
rejettent. Ceux qui l'affirment prêchent la servilité
devant l'État. Se trouver dans une situation économique
relativement « meilleure » signifie que nous sommes
dans une situation relativement « meilleure » pour
lutter pour nos droits. Insinuent-ils que parce que nous sommes dans
une situation meilleure, nous devrions tout
abandonner ? C'est le genre de « sagesse » que
nous servent les traîtres endurcis, ceux qui n'ont aucun respect
d'eux-mêmes, aucune dignité.
Camarades et amis,
Nous devons développer notre lutte. Nous
n'avions aucune illusion que le gouvernement entendrait raison, se
montrerait raisonnable et accepterait nos revendications. Bien au
contraire, il s'est livré à un autre crime contre nous,
un crime pour lequel il devra rendre des comptes. Nous ne devons jamais
oublier que celui qui se livre à des
infamies, qui collabore avec l'État contre la dignité et
les droits de la communauté, est un traître. Alors que
nous luttons contre les attaques de l'État, nous
dénonçons ces forces et les combattons également.
Les traîtres viennent toujours en bandes. Il y avait des
traîtres dans les années 1970, et il y avait des
traîtres auparavant. Il y a encore
des traîtres aujourd'hui. [...] Certains portent de gros turbans
et se disent « religieux » ; certains portent des
foulards rouges au cou et se disent « socialistes » ou
« communistes ». Peu importe leur accoutrement, ceux
qui collaborent avec l'État contre les intérêts du
peuple restent des traîtres. On doit les maudire. Il ne faut
jamais quémander quoi que ce soit de l'État raciste. Nous
originaires de l'Inde résidant à l'étranger
n'avons de comptes à rendre qu'à nos peuples, les peuples
indien et canadien, et à l'histoire. Nous avons des comptes
à rendre aux peuples du monde.
La lutte pour la dignité et pour nos droits est
notre seule source d'inspiration et la seule source d'inspiration de la
jeune génération qui est appelée à
poursuivre la lutte. Nous vaincrons ! (Applaudissements et ovation
prolongés)
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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Courriel: redaction@cpcml.ca
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