Numéro 57 - 25 avril 2016
À la veille du Premier Mai 2016
Une alternative prosociale à
l'édification d'empire
- K. C. Adams -
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Tous aux actions du Premier Mai 2016 –
Journée
internationale d’unité et de lutte de la classe ouvrière
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À la veille du Premier Mai 2016
• Une
alternative prosociale à
l'édification d'empire - K. C. Adams
Le rôle de la
réglementation
• L'autoréglementation
des
intérêts
monopolistes
mène
à
la négligence criminelle - Pierre Chénier
À la veille du Premier
Mai 2016
Une alternative prosociale à
l'édification d'empire
- K. C. Adams -
La veille du Premier Mai 2016 est un temps propice
pour les collectifs des travailleurs partout au pays
de réfléchir aux expériences vécues de
l'année écoulée et aux défis qu'ils
accepteront de relever dans l'année qui vient. Cette
année passée, dans tous les secteurs de l'économie
les travailleurs et leurs alliés ont continué de
résister vaillamment
à l'offensive antisociale en défendant leurs droits et
les droits de tous et toutes. Dans chaque cas, ils se heurtent au but
que les gouvernements ont fixé pour la société,
soit de rendre les monopoles concurrentiels sur les marchés
mondiaux, qui signifie la privatisation des programmes sociaux et des
avoirs publics, le vol des pensions et des avantages
sociaux, la pression à la baisse sur les salaires et le niveau
de vie ainsi que la diffamation des syndicats et de ceux et celles qui
se battent. Ce programme des gouvernements à tous les niveaux
pour payer les riches et imposer des décisions prises sur une
base supranationale sert l'édification d'empire des
impérialistes américains en collusion et en
rivalité avec les autres grandes puissances pour établir
leur hégémonie sur le monde entier. C'est un programme de
destruction nationale qui place carrément la classe
ouvrière devant la tâche d'entreprendre
l'édification nationale en opposition à
l'édification d'empire, pour ouvrir une voie au progrès.
Loin de débattre des choix que les élites
dominantes et leurs serviteurs leur présentent, les travailleurs
doivent établir leur propre ordre du jour et bâtir un
mouvement politique capable de le réaliser.
Les propriétaires de la richesse
sociale que les travailleurs produisent bloquent la voie et
empêchent la classe ouvrière d'achever la transition
économique, politique et sociale vers la grande production
industrielle et les rapports de production modernes qui y
correspondent. C'est le projet d'édification nationale qui a
commencé avec le passage
de la petite production principalement rurale et de la production
manufacturière urbaine de petite échelle à la
grande production industrielle. Mais aujourd'hui ceux qui
possèdent et contrôlent la majeure partie de la richesse
sociale que produit la classe ouvrière ont créé un
État et un système politique qui privent la classe
ouvrière de son droit et de
sa responsabilité sociale de s'organiser pour faire avancer la
société vers des définitions modernes qui
correspondent à la grande production industrielle. De puissants
propriétaires de la richesse sociale contrôlent et
administrent l'État et le système économique et
politique du Canada pour servir leurs intérêts
privés en opposition à l'intérêt public et
à
l'édification nationale.
Les intérêts privés étroits
des propriétaires de la richesse sociale sont axés sur
l'édification d'empire au sein du système
impérialiste d'États dominé par les
États-Unis. La richesse sociale et les entreprises qu'ils
contrôlent mobilisent le pouvoir producteur de la classe
ouvrière et les ressources publiques collectives du pays et de
l'État pour
défendre et renforcer leurs empires privés et bloquer la
voie à l'affirmation des droits et empêcher les
travailleurs et le peuple de participer à l'édification
nationale.
Les propriétaires de la richesse sociale ont
abandonné leur idéologie de la libre entreprise
capitaliste de la période initiale du passage de la petite
production à la grande production industrielle. Aujourd'hui,
l'État et les institutions publiques et privées sous la
domination des propriétaires de la richesse sociale sont devenus
les outils principaux
de l'édification d'empire et du renforcement et de l'expansion
de l'intérêt privé.
Les propriétaires de la richesse sociale
répudient maintenant l'idéologie de la libre entreprise
et de la libre concurrence et épousent l'idéologie de la
réussite et de la domination de leurs empires privés en
concurrence sur les marchés mondiaux au moyen des pouvoirs
institutionnels, financiers et arbitraires directs de l'État au
sein du système
impérialiste d'États. Chacune de leurs décisions
et actions est axée sur la mobilisation de la richesse sociale
collective et du pouvoir d'État pour l'édification
d'empire au service de leurs intérêts privés.
Toutes les objections à l'édification
d'empire sont écartées comme des obstacles au
développement économique et à la création
d'emplois. La vente d'armes à des régimes
médiévaux odieux comme celui d'Arabie saoudite est
présentée comme acceptable parce que cela crée des
emplois au Canada et qu'il n'y a pas d'autre choix dans le
système commercial du libre-échange de
l'édification d'empire.
L'envoi de l'armée canadienne à
l'étranger pour réprimer les projets d'édification
nationale des autres et les forcer à s'intégrer au
système impérialiste d'États dominé par les
États-Unis est présenté comme étant «
notre responsabilité de protéger » ou comme
une expression de la « conviction responsable »,
suivant l'idéologie
libérale régressive.
Les subventions et crédits d'impôt pour
les entreprises privées, qui sont des magouilles pour payer les
riches, sont présentés comme des « programmes de
soutien à l'entreprise ». La construction
d'infrastructures sociales et matérielles financées et
garanties par l'État et réalisées par des
monopoles privés de l'ingénierie et de la
construction, pour servir l'édification d'empire, est
présentée comme une façon de créer des
emplois et de renforcer l'économie axée sur l'exportation.
L'idéologie des bâtisseurs d'empire
capitalistes de l'Europe du XIXe siècle s'est formée dans
la lutte contre les forces médiévales autocratiques de la
petite production. C'est l'idéologie qui a été
amenée dans ce qu'on a appelé « le nouveau
monde ». Elle a maintenant été
abandonnée par nécessité devant la mobilisation
flagrante de l'État
et des ressources humaines et naturelles du pays pour
l'édification d'empire au service de certains
intérêts privés. Les bâtisseurs d'empire
mobilisent des instituts de recherche, des panels, des chaires
d'université et des gouvernements pour inventer une
idéologie et des énoncés de principe qui servent
l'intérêt étroit de ceux qui contrôlent la
richesse
sociale et l'État.
Par contraste, la classe ouvrière oppose
à l'idéologie dominante ses propres considérations
idéologiques et, ce faisant, donne naissance à des
définitions modernes qui sont la base de l'édification
nationale moderne. Les institutions et arrangements anachroniques
peuvent être remplacés par des institutions et
arrangements modernes qui répondent
aux exigences du temps. La classe ouvrière doit par
nécessité être matérialiste et dialectique
dans sa conception du monde et doit baser son idéologie sur
l'objectivité de considération. Les conditions sociales
historiques ont chargé les travailleurs de la tâche de
compléter la transition de la société de la petite
production à la grande production
industrielle. Pour ce faire, ils ont besoin de conditions et
d'institutions économiques, politiques et sociales et de
rapports entre humains qui correspondent au caractère
socialisé de la grande production moderne. La pensée et
l'idéologie de la classe ouvrière doivent être
modernes, c'est-à-dire qu'elles doivent refléter les
conditions économiques de la
production et la façon dont elle gagne sa vie et reproduit la
vie, les forces de production et la société.
La classe ouvrière ne peut pas se permettre de
se laisser entraîner dans les conflits sectaires des partis du
cartel politique au sujet d'énoncés de politique
basés sur les considérations idéologiques de
l'élite dominante. C'est seulement en s'en tenant à ses
propres considérations idéologiques modernes et en
prenant des positions politiques
indépendantes sur cette base que la classe ouvrière
organise et active sa politique pratique et son projet
d'édification nationale. L'idéologie moderne mène
le mouvement politique dans le sens d'arrêter de payer les
riches, d'augmenter les investissements dans les programmes sociaux et
d'assurer notre sécurité par la défense des droits
de tous et
toutes.
Le rôle de la réglementation
L'autoréglementation des intérêts
monopolistes mène à la négligence criminelle
- Pierre Chénier -
Journée de commémoration des
personnes décédées ou blessées au travail
Une marche vers l'Assemblée nationale à Québec a
marqué la Journée de commémoration des personnes
décédées ou blessées au travail en avril
2015.
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Le 28 avril, les travailleurs de tout le Canada vont
marquer le Jour
de deuil pour
les travailleurs blessés ou tués au travail. Le mot
d'ordre du mouvement ouvrier pour
l'occasion est « Pleurer les morts et combattre pour les vivants
». C'est un slogan très
approprié. On voit à chaque jour à l'oeuvre la
négligence manifestée par les monopoles qui
mène aux blessures et aux décès au travail parce
qu'ils considèrent la santé et la sécurité
comme un « coût » qui entrave leur course aux
profits. Les gouvernements quant à eux
éliminent la réglementation qui protège la
santé et la sécurité au travail. On peut voir
à
chaque jour que l'autoréglementation sème un chaos qui
non seulement affecte la production
et les travailleurs mais la société tout entière.
Les incidents qui se produisent nous poussent à
demander que l'autoréglementation soit bannie.
L'autoréglementation des industries est un aspect majeur de
l'offensive néolibérale antisociale
des riches et de leurs gouvernements. L'autoréglementation fait
partie de la destruction de
l'autorité publique en vertu de laquelle les
intérêts privés s'accaparent du pouvoir
décisionnel.
Elle élimine les standards publics que l'autorité
publique fait appliquer. Elle fait des
conditions de travail, de la santé et de la
sécurité des travailleurs et des communautés et
des
autres aspects du fonctionnement des industries le domaine privé
des intérêts privés. Avec
l'autoréglementation, les intérêts privés
qui contrôlent la production n'ont plus de comptes à
rendre sur les activités qui menacent la vie des travailleurs et
la société.
Comment les industries devraient opérer et comment devrait se
faire la production sont des
choses qui sont connues de ceux qui y participent. Les standards
publics et la réglementation
de la production expriment le niveau de développement auquel en
est arrivé la société. L'autoréglementation
de l'industrie selon le diktat, les objectifs et
les caprices des intérêts privés
étroits perturbe le travail productif des êtres humains et
leurs efforts pour contrôler les forces
à l'oeuvre dans la production et humaniser la
société.
Le 10 avril dernier, deux
travailleurs qui lavaient les vitres d'un pavillon de
l'Université du
Québec au centre-ville de Montréal à plus de 60
pieds de haut ont été victimes d'un incident
tragique où l'un d'entre eux est mort et l'autre a
été gravement blessé, est resté dans un
état
critique pendant plusieurs jours et par chance est maintenant en train
de se rétablir.
Les travailleurs sont tombés lorsque la grue soutenant la
plate-forme sur laquelle ils
travaillaient s'est renversée quand le camion sur lequel elle
était montée a soudainement basculé. D'autres
travailleurs de la même entreprise qui étaient sur le site
ont subi un choc nerveux et ont dû
être transportés à l'hôpital. Le travailleur
qui est mort est le père de celui qui a été
blessé.
L'enquête en cours a révélé que
l'opérateur n'a pas sécurisé adéquatement
le camion sur un
terrain solide, ce qui a fait basculer le camion sous le poids de la
grue. On sait aussi
maintenant que l'opérateur de la grue n'avait pas reçu de
formation sur les normes de
l'opération d'une grue.
Au Québec, les grutiers qui ne travaillent pas sur les chantiers
de construction ne sont pas
obligés de recevoir une formation. L'opération d'une grue
sur un site autre qu'un site de
construction est considérée comme étant moins
dangereuse et la qualification des grutiers est
laissée à la discrétion des intérêts
privés.
Comme si l'autoréglementation des sites hors-construction
n'était pas déjà suffisamment
criminelle, LML a appris d'un représentant en
santé-sécurité du secteur de la
construction que la Commission de la construction du Québec
(CCQ), l'agence réglementaire
du gouvernement du Québec chargée de surveiller
l'industrie de la construction, demande
maintenant que soit réduite la formation des grutiers
travaillant sur les chantiers de
construction.
Présentement, les
grutiers sur les chantiers de construction doivent suivre un cours de
870
heures qui est sous la responsabilité de la CCQ et est
donné par des grutiers du secteur de la
construction. La CCQ voudrait que le cours soit réduit à
180 heures et soit donné par
l'industrie elle-même.
Il est bien connu que le secteur de la construction est le secteur le
plus meurtrier au Québec
en ce qui concerne les décès au travail mais la CCQ
propose quand même
l'autoréglementation. Les faits eux-mêmes montrent qu'il
faut une mise en oeuvre encore
plus serrée des normes et de la réglementation et
certainement pas un relâchement.
L'autoréglementation n' a pas de sens et les travailleurs sont
les premiers à savoir à quel
point l'application des normes et règlements par une
autorité publique est importante.
Le lobbying de la CCQ pour une réduction de la formation des
opérateurs de grues est en fait
un diktat des entreprises de la construction. Selon elles, la formation
est toujours quelque
chose de trop coûteux et elle n'est pas un élément
inhérent à un processus de production
moderne.
Le gouvernement, par le biais de son agence réglementaire la
CCQ, se fait lui-même
l'instrument du diktat des intérêts privés. Le
gouvernement se nie lui-même en tant qu'autorité
publique qui doit protéger les travailleurs. C'est inacceptable
et illogique, et pourtant c'est
bien l'état de choses qui règne dans le programme
néolibéral de destruction nationale, lequel
doit être vaincu par la force organisée de la classe
ouvrière.
Tout aussi choquant que l'impact de l'autoréglementation est le
pragmatisme de ceux en
position de pouvoir et de privilège qui mettent de l'avant un
tel programme. En ce qui
concerne l'industrie de la construction, le seul argument qui est mis
de l'avant est que la
formation actuelle qui est requise des grutiers est trop coûteuse
et que c'est un frein aux
profits des entreprises. Les profits et la compétitivité
deviennent le but de l'existence des
industries et tout ce qui sert ce but est considéré comme
justifié peu importe les conséquences
pour les travailleurs et la société.
On retrouve ce même
pragmatisme en ce qui
concerne
l'autoréglementation des entreprises ferroviaires.
En 1999, le
gouvernement Chrétien a adopté
l'autoréglementation en ce qui a trait
à la sécurité ferroviaire et les programmes de
sécurité en mettant en
place le Système de gestion de la sécurité
ferroviaire. En vertu de ce
système, ce
sont les entreprises ferroviaires qui déterminent leur propres
programmes de sécurité et le rôle du gouvernement
est de les vérifier
et d'y apposer leur sceau. La logique derrière
l'autoréglementation
ferroviaire, c'est que la sécurité est un coût pour
les entreprises,
qui doit être équilibré avec les autres coûts
que doivent assumer les
entreprises
ferroviaires dans le cours de leurs opérations. La classe
ouvrière
rejette cette façon de penser centrée sur le capital et
soutient que la
mise en oeuvre des standards publics et l'élévation du
niveau de la
classe ouvrière par la formation et l'éducation ajoutent
de la valeur à
la production, humanisent la société et défendent
le droit d'être du
peuple.
L'autoréglementation
mise en place par le gouvernement Chrétien a
fait des programmes de sécurité et de leur mise en oeuvre
le domaine
privé des entreprises ferroviaires et en a même fait des
choses
secrètes, au point où les travailleurs ferroviaires et
leurs syndicats
ne sont même pas autorisés à en prendre
connaissance. C'est une bien
triste
blague que de suggérer que ceux qui contrôlent les
entreprises
ferroviaires privées en savent plus sur ce qui doit être
fait pour
garantir des opérations ferroviaires sécuritaires qu'une
autorité
publique et que les travailleurs eux-mêmes. Des tragédies
comme celle
de Lac-Mégantic, qui a tué 47 personnes et en a
blessé plusieurs
autres, sont
écartées du revers de la main et ne sont même pas
considérées par les
gouvernements comme une preuve que l'autoréglementation des
entreprises ferroviaires est dangereuse pour les travailleurs et les
communautés et doit être bannie.
L'autoréglementation des industries est
contraire au mouvement
historique des êtres humains pour prendre contrôle de leur
vie. La
classe ouvrière organisée doit assumer sa
responsabilité sociale et
empêcher les néolibéraux au pouvoir de faire
entrave à la tendance
progressiste de l'histoire. Les travailleurs ne doivent rien accepter
en deçà de
l'établissement d'autorités publiques dans tous les
secteurs de
l'économie qui se consacrent à la mise en oeuvre des
standards les plus
élevés dans l'intérêt public.
L'autoréglementation des industries est
contraire à la production
industrielle de grande échelle et ne convient pas à une
société
moderne. Le mouvement organisé de la classe ouvrière va
travailler sans
relâche pour que tous les secteurs de l'économie
fonctionnent selon les
standards les plus avancés dont l'application est assurée
par une
autorité
publique qui se gagne la confiance du peuple en prenant des actions
décisives à la défense de l'intérêt
public.
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