Numéro 39 - 18 mars 2016
Loi d'amnistie à
l'Assemblée nationale du Venezuela
La droite avoue 17 années de
délinquance politique
- Francisco Dominguez -
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Les
Vénézuéliens manifestent contre la
résurgence des forces réactionnaires lors de l'ouverture
de l'Assemblée nationale, le 4 janvier 2016. (TeleSUR)
« A confesion de parte, relevo de
prueba. » (Expression juridique espagnole : «
Quand il y a aveu, aucune preuve n'est requise. »)
L'écrivain Mexicain Carlos Fuentes n'aurait pu
imaginer à quel point il avait raison lorsqu'il disait que le
défi auquel fait face un écrivain latino-américain
est de produire de la fiction qui est plus extraordinaire que la
réalité elle-même.
L'opposition de droite au Venezuela vient d'accomplir
quelque chose qui surpasse le réalisme magique de Gabriel Garcia
Marquez : le 18 février 2016, utilisant sa
majorité à l'Assemblée nationale, elle a
adopté un projet de loi d'amnistie qui vise à fournir une
impunité juridique aux actes de délinquance politique
qu'elle et
ses partisans ont perpétrés depuis 17 ans. La loi
d'' 'amnistie' de la majorité de droite à
l'Assemblée nationale du Venezuela n'est pas seulement une
admission de culpabilité mais aussi un catalogue bien
organisé des offenses politiques qu'elle et ses partisans ont
commises depuis 1999.
Le projet de loi est franc sur ce que couvre cette
amnistie : « les actes définis comme crimes,
délits ou infractions [...] et autres actes prévus aux
présentes. » (Art. 1) Ce projet de loi est le
lapsus freudien colossal de l'opposition qui, sans le faire
exprès, a reconnu sa culpabilité de plus d'une
décennie et demie de crimes
politiques illégaux, violents et antidémocratiques.
Le projet de loi d'amnistie n'est pas encore une loi
car il doit passer par plusieurs procédures constitutionnelles,
incluant le veto du président Nicolás Maduro qui l'a
condamné dans les termes les plus forts. Dans le cas très
probable que le président Maduro oppose son veto, le projet de
loi sera ensuite envoyé à la Cour suprême (TSJ)
afin
qu'elle statue sur sa constitutionnalité. La TSJ peut
déclarer le projet de loi inconstitutionnel peu importe la
taille de la majorité de droite à l'Assemblée
nationale (pour plus d'information sur ce que l'opposition majoritaire
à l'Assemblée nationale peut et ne peut pas faire, lisez
mon article au Hufftington Post « Right Wing Majority in
Venezuela's National Assembly : The Constitutional and Political
Stakes » ).
Les objectifs et la portée du projet de loi
d'amnistie
Le Projet de loi d'amnistie et de
réconciliation nationale de l'opposition de droite (Proyecto
de Ley de Amnistía y Reconciliación Nacional, en
espagnol) est rétroactif au 1er janvier 1999, et,
en 45 articles, couvre toutes les sortes de crimes et
délits commis jusqu'au moment où il devient loi (ce qui,
dans le cas
improbable où il serait approuvé, pourrait être
cette année) en étant officiellement promulgué
dans la Gazette nationale du pays (Art. 2, p. 6).
Comme nous le verrons ci-dessous, les crimes politiques qu'il couvre
sont des plus vastes, depuis les délits commis à un
rassemblement public jusqu'aux actes terroristes mettant en jeu
des explosifs et des armes à feu. Le choix de la période
est très révélateur car il inclut TOUS les actes
politiques illégaux, criminels et en infraction de la loi
perpétrés depuis 1999 par les dirigeants de
l'opposition et leurs partisans durant les gouvernements de Hugo
Chávez et Nicolás Maduro.
La liste des crimes devant faire l'objet d'amnistie est
aussi longue que les actes que ces gens-là ont
perpétrés, et correspond mot pour mot aux efforts de
l'opposition de droite pour renverser illégalement le
gouvernement démocratiquement élu, constitutionnel et
légitime de la République bolivarienne du Venezuela. Elle
comprend les actes
criminels perpétrés lors des coups comme le coup
d'État en avril 2002; le lockout du pétrole
en 2002-2003; les barricades et la violence de rue (connues au
Venezuela sous le nom de guarimbas) qui ont accompagné
leur campagne de référendum de révocation contre
le président Chávez; la collusion avec les paramilitaires
colombiens pour prendre d'assaut le palais présidentiel du pays
et assassiner le président; diverses autres tentatives de coup
d'État (en 2008, 2009 et 2010); l'utilisation des guarimbas
et l'accaparement des produits de
consommation de base, incluant des aliments, lors du
référendum constitutionnel de 2007; tous les
faux reportages; toutes les activités associées à
la guerre économique; la violence gratuite, la destruction et
les pertes de vie lors des guarimbas en avril 2013 et de
février à juillet 2014 associées avec la
défaite de Henrique Capriles comme candidat présidentiel
et avec La Salida (« l''éviction »). La
Salida
est une campagne politique menée par Leopoldo López avec
l'objectif explicite d'expulser le gouvernement démocratiquement
élu (López l'a confirmé lui-même). À
cela s'ajoutent tous les actes de violence, dont des actes terroristes,
commis pour des buts politiques illégaux et inconstitutionnels.
Dans son Article 4, le projet de loi confirme tout
cela avec une éloquence renversante:
Amnistie est accordée pour des actes
considérés comme des crimes et des délits lorsque
de tels actes ont été ou pourraient avoir
été commis pour participer, organiser ou appeler à
des manifestations, des protestations, ou des réunions à
des fins politiques, pour exprimer des idées ou diffuser des
informations pour des motifs politiques, ou
faire ou promouvoir des actions, des proclamations, des accords
politiques ou des déclarations considérés comme
visant à changer l'ordre constitutionnel ou le gouvernement
officiel, qu'ils soient accompagnés ou non d'actes de
conspiration. Dans de tels cas, l'amnistie sera accordée pour
les actes criminels suivants :
a. Incitation à désobéir
à la loi, incitation à la haine et approbation d'un
crime;
b. Incitation au crime;
c. Coups et blessures;
d. Violence ou
résistance à l'autorité, et
désobéissance à l'autorité;
e. Provocation
de panique dans la communauté ou son maintien dans la
détresse par la diffusion de fausses informations;
f.
Conspiration;
g. Obstruction
des voies publiques dans le but de provoquer un incendie et autres
attaques contre les véhicules qui passent;
h. Endommagement des
systèmes de transport et des systèmes publics
d'information et de communications;
i. Destruction ou endommagement des
routes et des infrastructures liées à la communication
publique;
j. Dommage à la propriété;
k.
Conspiration et terrorisme;
l. Importation, fabrication, possession,
fourniture ou dissimulation d'explosifs ou d'engins incendiaires;
m.
Perturbation de la paix publique;
n. Insulte à un fonctionnaire,
de différentes façons;
o. Utilisation de mineurs pour
commettre des crimes;
p. Incendie criminel et autres crimes causant un
danger pour le public en
général, sous diverses formes;
q. Trahison et autres
crimes contre la nation;
r. Rébellion et autres infractions
connexes;
s. Mutinerie, rébellion civile, trahison,
rébellion militaire, incitation à la rébellion
militaire, soulèvement, fausse alarme, attaque et insulte
à la sentinelle, divulgation de secrets militaires, offense au
décorum militaire, mauvaise
utilisation des insignes, des médailles et des grades militaires
et vol d'articles appartenant aux Forces armées;
t. Déni
de services légalement dus;
u. Dissimulation;
v. Possession
illégale et mauvais usage d'armes à feu et délit
de possession illégale d'armes à feu, de possession
illégale d'une arme à feu et de possession d'armes
à feu dans les lieux
publics;
w. Dommage aux installations du système
électrique national, et
x. Autres infractions connexes ou
apparaissant étroitement liés à l'une des offenses
ci-haut mentionnées . (Art. 4, pp. 9-10)
Les
infractions incluses dans la liste ci-dessus sont spécifiquement
identifiées comme des crimes graves dans le Code
pénal du
Venezuela dans les
Articles 128, 129, 132, 134, 140, 141, 143, 163, 215, 216, 217, 218,
219, 220, 221, 222, 223, 224, 238, 254, 255, 256, 257, 272, 273, 274,
275, 276, 277, 281, 285, 283, 286, 287, 288, 289, 290, 291, 292, 296,
296-A, 297, 343, 346, 347, 349, 350, 351, 352, 353, 354, 356, 357, 360,
362, 413, 414, 415, 483, 473, 474, 479
et 506
L'« amnistie » couvre aussi les violations
de
l'article 37 de la Loi contre le crime organisé et le
financement du terrorisme, de l'article 264 de la Loi pour
la protection des enfants et des adolescents, des
articles 111, 112 et 113 de la Loi sur le
désarmement et les armes et munitions qui
traitent des offenses d'utilisation et de port illicite et
illégal d'armes, de l'article 107 de la Loi sur le
service de l'électricité qui traite des dommages
causés de façon délibérée au service
d'électricité, des
articles 412, 464, 476, 481, 486, 497, 500, 501, 502, 550, 565, 566
et 570 du Code de justice militaire qui traitent
d'infractions telles les rébellions militaires et l'instigation
à la rébellion militaire.
Ce qui précède représente la
violation d'un nombre étonnant d'articles, soit 82, du Code
pénal et d'autres lois, dont la plupart traitent de
violence politique. Ne s'arrêtant pas là et saisissant
l'occasion en tant que 'super majorité', les
députés des partis de droite ont aussi inclus des
articles du Code pénal qui traitent
d'infractions liées à la corruption dans la Loi
contre la corruption (voir
articles 16, 17, 18, 20, 21 et 22 du
projet de loi d'amnistie).
Violence dans les rues instiguée par des forces
réactionnaires de l'opposition
d'extrême-droite
en 2014
Cette liste complète de crimes, si elle devient
loi, absoudrait l'ensemble du leadership de l'opposition de droite
(sans exception) qui a été directement impliqué
dans ces 17 années de déstabilisation, de même
que tous les agents et groupes de choc de l'opposition qui ont
perpétré des actes de vandalisme et provoqué des
dizaines de morts
et de graves blessures à des centaines de personnes au cours des
guarimbas; il en serait de même des
activités associées à l'armement et à la
formation militaire de groupes armés et des actes
associés aux attaques armées avec explosifs et armes
à feu et à la destruction de propriété
publique et privée.
Et ce n'est pas tout. Le projet de loi d'amnistie
comprend aussi les actes :
- jugés diffamatoires et commis par un citoyen,
un chef politique, un journaliste, un administrateur ou un
rédacteur du domaine des médias, une équipe de
rédaction ou toute autre personne, y compris des images et des
messages véhiculés par les médias sociaux
(articles 8 et 9);
- troublant la paix établie et l'ordre
général, comme ce fut le cas entre le 11 et
le 14 avril 2002 (article 10);
- troublant la paix dans le cadre de la grève
nationale et de la grève du pétrole,
déclenchées vers la fin de 2002 jusqu'en 2003
(article 11);
- liés à des déclarations
émises le 23 janvier 2014 et les jours suivants par
des dirigeants politiques dans les médias et les réseaux
sociaux, dans le cadre de la proposition dite de La Salida (
« L'Expulsion », article 12); - liés
à l' « Accord national de transition »
signé par les dirigeants de l'opposition
politique le 11 février 2015 et à l'appel
public à signer ou approuver cet accord (article 13);
- liés à « l'outrage au tribunal en
raison d'injonctions ou de protections suite à des recours
constitutionnels... » (article14);
- liés au « terrorisme individuel
présumé tel que stipulé dans l'article 52 de
la Loi organique contre le crime organisé et le financement
du terrorisme, commis en 2014 et lié aux plans qui ont
facilité la fuite de personnes qui avaient été
privées de leur liberté suite aux
événements mentionnés dans la présente,
à condition
que ces actes n'aient pas porté atteinte à la vie ou
à l'intégrité physique du peuple [...];
- reconnus comme étant des crimes en vertu de
l'article 52 de la Loi organique contre le crime
organisé et le financement du terrorisme en cas d'actes
punissables commis en 2014 au cours de manifestations, à
condition que ces actes n'aient pas porté atteinte à la
vie ou l'intégrité physique de personnes
(article 15);
L'article 7 du projet de loi d'amnistie
(pages 12 à 14) énumère les
événements politiques au cours desquels les délits
ont été commis : 2002 (tentative de coup
d'État), 2003 (lockout du pétrole), 2004
(référendum sur la destitution), 2006
(élection présidentielle), 2007
(référendum
constitutionnel), 2009 ( congédiement arbitraire de
centaines de travailleurs municipaux par le maire de droite de Caracas,
Antonio Ledezma), 2009 (en août, manifestations contre la Loi
de l'Éducation du gouvernement), 2011 (violentes
manifestations dans l'État de Barinas, 2013 (en avril,
manifestations violentes
dans les rues du pays suite à la défaite du candidat
présidentiel de l'opposition, Henrique Caprile, menant au
décès de 13 personnes, dont deux enfants), 2014
(guarimbas, de février à juin, menées par
Leopoldo Lopez dans le but de destituer - La Salida - le
gouvernement légitime et démocratiquement élu du
président
Nicolas Maduro et dans lesquelles 43 personnes ont
été tuées - voir les détails au sujet des
victimes et comment elles ont été tuées). Il y a
eu plus de 15 milliards $ US en saccage de la
propriété publique et privée, incluant la
destruction par le feu de 15 universités, et 800
personnes gravement blessées. Au sujet de La Salida,
l'article 7 comprend une liste
de 23 événements au cours desquels des supporters de
l'opposition se sont déchaînés, pour lesquels on
demande l'amnistie.
Avec le projet de loi d'amnistie, on voudrait aussi
inclure des délits tels le trafic de drogues,
l'enlèvement, le détournement de fonds (articles 16
et 30), la corruption, le stockage de biens, la spéculation
sur le marché noir, le boycott économique, le frelatage
frauduleux des produits, la vente de produits après la date
d'expiration
(article 19), le financement du terrorisme, l'enrichissement
illicite (article 20), la fraude et l'usure dans la vente et la
construction de logements privés, et le non paiement
d'impôts (article 35).
En somme, non seulement le projet de loi contient-il
des clauses pour chaque délit commis par les supporters de
l'opposition, délits touchant à des activités
politiques ponctuées de violence et d'actes de
déstabilisation, mais son ampleur est telle qu'il couvre une
gamme de crimes économiques commis par des banquiers, des
entrepreneurs et des
financiers, dont la plupart se sont soustraits au système
judiciaire vénézuélien en fuyant vers Miami, le
Pérou, le Panama, etc., prétendant être des
'réfugiés politiques'.
Le projet de loi d'amnistie : Guide pour le golpismo
et l'impunité
En raison des préjugés
véhiculés par les médias, plusieurs seraient
portés à croire que le gouvernement bolivarien fait
preuve d'une attitude intolérante et sectaire et d'un
autoritarisme qui le pousse à punir ses adversaires. C'est faux.
À maintes occasions Hugo Chavez a offert l'amnistie à des
individus impliqués dans des actions séditieuses et
illégales contre son gouvernement. La désinformation
médiatique laisse aussi croire que le projet de loi d'amnistie
est très populaire en ce moment, ce qui n'est pas le cas. Un
sondage Hinterlaces mené du 19 au 24
février 2016 révèle que
seulement 9 % des personnes interrogées pensent que
l'adoption d'une loi
d'amnistie est une priorité.
Aussi pourrait-on penser que la grave polarisation qui
afflige cette nation sud-américaine est une conséquence
de la nature supposément intolérante et autoritaire du
gouvernement bolivarien. En réalité, le président
Chavez et le président Maduro ont invité à
plusieurs reprises l'opposition de droite à entreprendre un
dialogue constructif. Qui
plus est, le gouvernement vénézuélien a
prôné un dialogue constructif avec l'opposition et a
même obtenu l'appui à un tel dialogue par le biais
d'instances régionales comme le MERCOSUR, le marché
commun du Sud, l'UNASUR (Union des pays sud-américains), l'ALBA
(Alternative bolivarienne pour les peuples des Amériques) et la
CELAC
(Communauté d'États latino-américains et
caraïbes), pour ne nommer que celles-là.
À l'annonce par la majorité de droite
à l'Assemblée nationale de son intention d'adopter le
projet de loi d'amnistie, les députés chavistes ont
proposé en contrepartie la mise sur pied d'une Commission de
vérité et réconciliation formée par tous
les partis, laquelle examinerait en détail, cas par cas,
les 17 années couvertes par le projet de
loi. La Commission, sur une base consensuelle et après de
rigoureuses enquêtes policières, criminelles et
judiciaires, déterminerait quels cas méritent la
grâce présidentielle, l'amnistie ou le châtiment.
Les députés chavistes ont aussi affirmé de
façon non équivoque que la Commission aurait aussi comme
objectif de faire enquête sur tous les
individus, membres des forces de sécurité et responsables
de faire appliquer la loi, qui auraient pu commettre des crimes
violents, en particulier des actes qui violent les droits humains. Le
projet de loi d'amnistie n'exprime aucun remords face aux innombrables
actes de violence politique qui ont été commis et ne
présente aucune excuse aux
victimes.
Le rejet du revers de la main d'une Commission de
vérité et réconciliation et l'entêtement de
la droite à faire adopter le projet de loi d'amnistie confirment
que la majorité de droite à l'Assemblée nationale
ne recherche pas la réconciliation ou même la
vérité et repousse par là une occasion
précieuse de mettre en place les conditions favorables
à la réconciliation nationale. Elle a
préféré aller de l'avant avec son projet de loi
d'amnistie et démontré qu'elle ne veut pas la paix mais
bien l'impunité, ce qui, si elle réussit, ouvre la porte
à encore plus de « méfaits, de délits,
d'infractions et de crimes » dans les années qui
viennent. Ainsi, l'avocat en droit constitutionnel le plus
respecté
du Venezuela, Hermann Escarra, a-t-il raison de dire que le projet de
loi d'amnistie va générer davantage de violence au pays.
Il n'est pas difficile de conclure que la droite
vénézuélienne est plutôt
intéressée à se servir de sa 'super
majorité' pour échapper à toute sanction.
Le projet de loi d'amnistie est anticonstitutionnel car
il contrevient à un grand nombre de principes et d'articles
contenus dans la Constitution de 1999, mais plus encore, il
contrevient à un principe fondamental essentiel à toute
démocratie, la primauté du droit ( estado de derecho en
espagnol). Pire encore, le projet de loi prévoit
l'amnistie pour des délits qui ont été commis par
plusieurs des députés qui pilotent le projet de loi et
ont voté en sa faveur. On peut parcourir la liste des
infractions, des crimes spécifiques et des actions politiques
violentes qui sont comprises dans le projet de loi, article par
article, et leur apposer le nom de membres importants de l'opposition.
Par
exemple, l'article 7 du projet de loi parle de «
manifestations dans les universités ayant eu lieu dans
l'État de Merida en mai 2006 ». Or, lors de ces
événements, Nixon Moreno, un membre en vue de
l'opposition, a été accusé de tentative de viol
contre une femme membre de la Garde nationale. Moreno s'est enfui au
Pérou en
tant qu' « exilé politique » et un mandat
d'arrestation d'Interpol a été émis contre lui.
C'est un fait bien connu qu'une grande partie de la
coalition de l'opposition embrasse les points de vue de
l'extrême-droite et n'a pas hésité à maintes
occasions d'avoir recours à la violence politique sous toutes
ses formes. À cet égard, le gouvernement dénonce
depuis 17 ans des sections de l'opposition pour leur collaboration
et leur
utilisation des forces paramilitaires colombiennes en sol
vénézuélien.
En fait, le plus jeune député de
l'Assemblée nationale, Robert Serra, 27 ans, et son
assistant, ont été assassinés par trois
paramilitaires colombiens qui sont présentement en prison suite
à leur extradition par le président colombien, Juan
Manuel Santos, à la demande des autorités
policières vénézuéliennes. Serra et son
assistant ont été
poignardés à mort dans leur propre maison et les
paramilitaires ont dit avoir eu recours à cette méthode
brutale pour ne pas alerter les voisins.
Qu'on pense aussi aux événements atroces
qui ont mené au démembrement du corps de Liana Aixa
Argueta par deux individus liés à des partis politiques
de l'extrême-droite, qui ont avoué avoir reçu une
formation militaire dans des camps clandestins au Venezuela et en
Colombie dispensée par le général de l'opposition
à la retraite Antonio
Rivero (voir les détails dans Miami Diaro).
Il ne faut pas non plus oublier que plusieurs
des 43 personnes qui sont mortes au cours des guarimbas de La
Salida (de février à
juillet 2014) ont été tuées d'une balle
à la tête tirée par des tireurs professionnels. On
parle ici de tireurs professionnels hautement qualifiés.
Le projet de loi d'amnistie contrevient aussi à
plusieurs protocoles et conventions internationaux en matière de
droits humains, sociaux et politiques dont le Venezuela est signataire.
Hermann Escarra a dit que le projet de loi d'amnistie enfreint
notamment la Convention interaméricaine relative aux droits
de l'homme, des protocoles
internationaux en matière de droits civils et politiques et de
droits de l'enfant.
En somme, le projet de loi d'amnistie n'est pas du tout
un mécanisme de réconciliation tel que le prétend
le projet de loi lui-même (pages 1 à 7) mais
bien une loi d'impunité pour les crimes politiques commis contre
la nation, la constitution, la stabilité du pays, ses lois, son
peuple, ses institutions, son gouvernement, ses
installations, ses institutions militaires, ses fonctionnaires, son
infrastructure, et la liste ne s'arrête pas là. Le projet
de loi est un guide pour le golpismo et l'impunité, et,
d'abord et avant tout, un aveu de culpabilité pour 17 ans
de délinquance politique.
Francisco Dominguez est maître de
conférences à l'Université de Middlesex, où
il est chef du Groupe de recherche sur les études
latino-américaines.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
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