Le Marxiste-Léniniste

Numéro 28 - 2 mars 2016

Discussion sur l'économie

Le commerce international comme arme géopolitique des grandes puissances

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Les monopoles les plus puissants basés sur le territoire des grandes puissances contrôlent le commerce international. Les accords de libre-échange leur permettent un accès presque illimité à la plupart des pays. Les monopoles libre-échangistes combattent toute opposition à leur libre accès avec des mesures sévères, notamment des blocus, des sanctions, des guerres prédatrices, des changements de régime financés et organisés par les impérialistes et d'autres ingérences grossières dans les affaires souveraines des peuples et leur droit d'être.

Le commerce, contrairement à ce que les apologistes de l'impérialisme affirment depuis longtemps, est plus qu'un élément économique visant à aligner le plus efficacement possible les ressources, les marchés et les travailleurs. Sous la domination des monopoles, le commerce sert leurs intérêts privés étroits de bâtisseurs d'empire et les intérêts géopolitiques de la grande puissance dans laquelle ils sont des acteurs clés.

L'aspiration des peuples du monde entier à exercer un contrôle sur leur économie, la politique et les questions qui les touchent directement entre en confrontation directe avec le contrôle monopoliste mondial du commerce international et la géopolitique des grandes puissances. Les monopoles et les grandes puissances, en particulier l'impérialisme américain, considèrent toute allusion à l'indépendance de l'économie locale ou l'indépendance politique comme une contestation de leur hégémonie et du pouvoir du droit de monopole.

L'économie locale souveraine ne doit pas être diversifiée, indépendante et au service de l'intérêt public et de l'édification nationale, déclarent les grandes puissances. L'économie locale doit servir les intérêts privés étroits des monopoles mondiaux et leur construction d'empire, déclarent les libre-échangistes. Qui contrôle l'économie et sa direction est un point central du conflit entre le droit de monopole et le droit public.

Une nouvelle direction donnerait une place centrale à l'économie locale et une place secondaire au commerce international pour renforcer l'économie nationale contre l'impérialisme et le contrôle des monopoles. Une économie indépendante se développerait de concert avec la politique indépendante et la lutte du peuple contre l'exploitation et la domination dictatoriales des monopoles mondiaux et la géopolitique au service de l'hégémonie.

Comment faire pour rompre avec la domination des monopoles mondiaux et leur construction d'empire au service d'intérêts privés? Voilà un problème posé et à résoudre pour la classe ouvrière, son leadership communiste et le mouvement populaire. La rupture avec la géopolitique des grandes puissances et la domination des monopoles mondiaux exige un effort de tout le peuple du pays. Le peuple doit être gagné à l'édification nationale contre la domination des grandes puissances et le droit de monopole et prendre conscience que son avenir est dans ses propres capacités non seulement de s'engager dans la production mais aussi de contrôler la direction de son économie et ses affaires politiques. Cela demande de s'engager et de faire avancer l'édification nationale contre le droit de monopole et sa géopolitique.

Lorsque le facteur humain est libéré de la pression impérialiste arriérée et aspire à l'édification nationale sous la direction du peuple, le facteur humain/conscience sociale devient une force invincible de rupture avec l'ancien et d'introduction du nouveau. Le pouvoir du peuple pour bâtir le nouveau commence par le pouvoir de priver les grandes puissances impérialistes de leur pouvoir de priver les peuples de leurs droits, dont le droit d'être est le droit fondamental.

L'édification nationale exige la mobilisation du peuple pour priver les impérialistes de leur contrôle géopolitique sur le commerce et l'économie des peuples

La production et l'exportation de pétrole est considérée par plusieurs pays comme une voie à suivre pour l'indépendance et l'édification nationale. Cette aspiration à utiliser le pétrole comme un tremplin vers une économie indépendante diversifiée et qui subvient à ses besoins s'est heurtée à la force brutale des guerres prédatrices du front impérialiste mené par les États-Unis en Asie occidentale et en Afrique du Nord, aux ingérences et aux complots contre les économies nationales et aux changements de régime dans le monde entier, et maintenant aux manipulations de l'approvisionnement et des prix du pétrole pour provoquer des crises économiques dans les pays ciblés.

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les impérialistes américains en alliance avec des monarchies fantoches d'Asie occidentale et centrale ont déclenché des guerres prédatrices de destruction nationale et monté des complots de changement de régime contre les États producteurs de pétrole et d'autres États. Avec la guerre froide, les impérialistes américains ont organisé le coup d'État de la CIA de 1953 pour renverser le gouvernement en Iran. Puis, poursuivant la marche géopolitique des impérialistes américains pour imposer leur hégémonie et leur contrôle des ressources humaines et matérielles du monde, l'armée américaine a déclenché après la guerre froide des guerres prédatrices contre laYougoslavie, l'Afghanistan, l'Irak et la Libye, les guerres mercenaires contre la Syrie et le Yémen, et des conspirations en vue d'un changement de régime contre tout État considéré comme n'étant pas strictement aligné sur l'impérialisme américain.

Tout en poursuivant des guerres ouvertes et des conspirations de changement de régime, les impérialistes américains ont décidé, à la suite de la crise économique de 2008, de déclencher des guerres économiques destructrices contre les États qui voulaient utiliser leurs ressources pétrolières comme moyen de construire une économie diversifiée et indépendante. Le front impérialiste mené par les États-Unis a décidé de détruire ou du moins de sérieusement perturber les économies de la Russie, du Venezuela, du Brésil, du Nigéria et de l'Équateur et également d'intensifier les pressions sur l'Iran, l'Angola, le Mexique, le Canada, l'Indonésie, l'Argentine, la Norvège et d'autres pays.

Une arme essentielle de cet assaut est le contrôle monopolistique du commerce international, la détermination des prix des biens les plus échangés et leur réalisation en utilisant le dollar américain. Le contrôle du marché pétrolier international et la détermination du prix du pétrole et d'autres produits de première nécessité et leur réalisation en dollars américains sont des aspects cruciaux de la guerre économique des États-Unis contre les nations souveraines. Cette guerre économique géopolitique ne réussirait pas si des nations indépendantes convenaient de se retirer du système impérialiste d'États et de défendre cette décision en mobilisant leurs peuples pour défendre leur droit d'être.

Le retrait du système impérialiste d'États et la formation d'alliances avec ceux qui affirment leur indépendance de la géopolitique signifient priver les impérialistes de leur pouvoir de contrôler les économies et la politique des pays souverains indépendants. L'indépendance et la souveraineté des peuples du monde ne peuvent être soutenues que s'ils contrôlent leurs économies indépendantes et maintiennent leurs projets d'édification nationale forts.

L'édification nationale exige des économies diversifiées et indépendantes qui participent au commerce international à l'avantage réciproque et pour le développement des partenaires commerciaux afin de renforcer leurs économies respectives. Le contrôle souverain du commerce comprend la détermination des prix du marché en fonction des prix de production qui reflètent les conditions concrètes dans le pays exportateur et le pays importateur et trouver une méthode avantageuse mutuellement pour la réalisation de leurs biens échangés. Pour cela, il faut priver les grandes puissances et leurs monopoles du contrôle que leur donnent les accords de libre-échange et la manipulation des échanges et des prix sur les marchés financiers internationaux pour servir des intérêts privés étroits contre l'intérêt public des pays souverains et leur édification nationale.

L'exemple du pétrole comme arme de l'impérialisme américain
et de la géopolitique

Le contrôle du marché pétrolier international et la détermination du prix du pétrole et sa réalisation en dollars américains sont des aspects importants de la guerre de l'impérialisme américain pour l'hégémonie et de sa guerre économique contre les nations souveraines.

Il y a quelque temps, le New York Times s'extasiait devant l'essor de la production de pétrole aux États-Unis et expliquait comment ce pays serait bientôt entièrement autosuffisant en pétrole. Cet essor a été causé par les nouvelles technologies introduites dans la production pétrolière et tiré vers l'avant par l'aide gouvernementale et les prêteurs de la richesse sociale poussés par le désir de faire un gros coup d'argent rapidement. Deux aspects doivent être pris en considération :

- L'armée des États-Unis est le plus grand consommateur institutionnel mondial de pétrole, qui est une ressource stratégique nécessaire pour soutenir sa lutte pour l'hégémonie et l'empire dans le monde entier.

- L'essor de la production pétrolière aux États-Unis dû à la fracturation hydraulique fait partie d'une campagne géopolitique pour abaisser le prix de marché du pétrole à un niveau insoutenable pour la plupart des producteurs, ce qui nuit considérablement à certaines économies ciblées. Le contrôle des prix, de leurs fluctuations à la hausse ou à la baisse, est depuis longtemps une arme du droit de monopole pour détruire les concurrents et les ennemis et pour imposer l'hégémonie sur certains marchés et retirer le maximum de profit.

Maintenant, devant la baisse prolongée des prix du pétrole et l'ampleur des dommages déjà causés à certains pays, le ton du Times est passé au pessimisme pour les entreprises et les régions productrices qui avaient connu un essor grâce à la nouvelle technologie de la fracturation hydraulique. Le journalisme impérialiste oublie facilement ce qu'il disait il y a quelques mois. Quel était le but de l'essor dangereux de la production de pétrole à l'aide de méthodes très controversées et risquées, pourrait-on demander ? N'était-ce pas de déstabiliser certaines économies pour les empêcher d'utiliser les ventes et les revenus du pétrole à des fins d'édification nationale contre l'hégémonie des États-Unis ? L'essor était nécessaire pour créer un effondrement, c'est ce qui arrive lorsque les économies du monde sont soumises à la domination et aux manoeuvres géopolitiques.

Les impérialistes utilisent les nouvelles technologies non pas pour améliorer la vie des gens, mais pour leurs intérêts privés étroits, pour réaliser un profit maximum et servir leurs objectifs géopolitiques hégémoniques. Confrontés à la fracturation hydraulique, à l'ubérisation et aux armes de destruction massive modernes, les peuples du monde sont appelés à intensifier leur résistance et à se battre pour une nouvelle direction indépendante de leur économie et des affaires mondiales afin de priver les impérialistes de leur domination destructive.

La nouvelle direction exige la conscience centrée sur l'être humain pour mettre la science et les progrès technologiques sous le contrôle du peuple, pour servir l'édification nationale et l'intérêt public contre les bâtisseurs d'empire, la lutte pour l'hégémonie et les intérêts privés des impérialistes.

Dans ses articles, le New York Times rapporte que la crise a éclaté et que « pas un puits de pétrole aux États-Unis ne fait de l'argent aux prix d'aujourd'hui. Ils produisent seulement pour satisfaire les exigences des bailleurs de fonds. » Et dans d'autres articles, le New York Times rapporte avec un enthousiasme non dissimulé les difficultés économiques du Venezuela, du Brésil et d'autres pays et applaudit complaisamment les tentatives violentes de changement de régime financées par les États-Unis.

Qu'est-ce qui détermine, ou devrait déterminer, le prix des produits de base ? Le commerce international évolue désormais dans le cadre de la collusion et de la rivalité géopolitiques, de la quête d'hégémonie des États-Unis et du parasitisme des négociants en marchandises. Le prix des produits de base est souvent considéré, surtout par l'économie vulgaire, comme étant déterminé par l'offre et la demande. Les rédacteurs des médias de masse disent que l'offre et la demande déterminent les prix. Ils présentent cela comme la grande vérité de l'économie 101, sans penser plus loin ou pour propager délibérément de la désinformation.

Si l'offre et la demande étaient soumises à un contrôle conscient, qu'est-ce qui déterminerait les prix alors ? C'est une question légitime à laquelle l'économie 101 des médias de masse et de leurs experts ne peut pas ou ne veut pas répondre. Dire que l'offre et la demande contrôlent les prix c'est affirmer de manière désinvolte que c'est l'anticonscience qui commande la pensée et c'est aussi masquer le fait que ce sont les impérialistes et leurs monopoles qui contrôlent l'offre et la demande pour déterminer les prix de marché afin de servir leurs intérêts privés étroits. L'anticonscience et le contrôle de l'offre et la demande sont des armes aux mains des grandes puissances servant leurs efforts pour dominer le monde et écraser tout État indépendant qui tente de limiter leur contrôle.

Les prix proviennent de la valeur d'un produit. Le temps de travail requis pour produire un bien détermine sa valeur. Le prix de production et ultimement le prix de vente de base d'un produit sont déterminés par une formule composée des trois éléments de la valeur que les travailleurs produisent : la valeur reproduite (la portion de nouvelle valeur produite qui reproduit la capacité individuelle et sociale de travailler), la valeur ajoutée (la portion de nouvelle valeur réclamée par ceux qui possèdent et contrôlent les moyens de production) et la valeur transférée (l'ancienne valeur contenue dans la valeur déjà produite du matériel et des instruments de production consommés dans le processus de production). Les prix devraient refléter et se rapprocher de la valeur de la production. Ce n'est pas ce qui se passe dans le cadre de la géopolitique, comme on peut le voir dans le commerce international où c'est l'anticonscience et l'offre et la demande d'un commerce dominé par l'impérialisme qui déterminent les prix de marché pour satisfaire l'intérêt privé étroit vivant de l'exploitation de la vaste majorité des travailleurs et de leurs ressources à l'échelle mondiale. La question des prix se brouille encore plus à cause de l'hégémonie du dollar américain dans le commerce international et les transactions financières et la détermination du prix des produits de base dans la devise de l'oppresseur, que celui-ci contrôle et manipule à son avantage et force les autres à utiliser.

Le 16 février, quatre grands pays producteurs de pétrole, l'Arabie saoudite, la Russie, le Venezuela et le Qatar ont d'un commun accord décidé de geler leur production pétrolière aux niveaux du mois de janvier afin de tenter de stopper la chute des prix du pétrole. Les États-Unis ont fait bande à part, bien qu'ils soient récemment devenus les plus grands producteurs de pétrole au monde. En dépit de l'entente, le Times écrit : « Certains analystes s'attendent à ce que la chute des prix se poursuive puisque rien n'indique que la surabondance va s'atténuer et que d'autres facteurs comme la hausse du dollar exercent une pression sur le prix des produits de base, y compris le pétrole.

« 'Dans un marché de surabondance, le pétrole brut n'a pas de valeur intrinsèque', disent les analystes de Morgan Stanley dans un avis à la clientèle (22 février). 'Si l'appréciation du dollar se poursuit, des scénarios de prix du pétrole de 20 $ à 25 $ sont possibles simplement à cause des devises', écrivent-ils.»

Le prix d'une devise par rapport à d'autres devises, et, par extension, à tous les produits de base, représente une quantité de produits qu'on peut acheter avec une unité de devise. Lorsque le prix d'une devise - dans ce cas-ci la devise dominante, le dollar américain - augmente par rapport à la plupart des autres devises, il en résulte qu'une certaine quantité de dollars peut être échangée contre davantage de produits, le pétrole par exemple, qu'avant l'augmentation. Aujourd'hui, pour s'échanger avec un nombre donné de dollars, cela prend deux barils de pétrole alors qu'avant l'appréciation du dollar un seul baril suffisait. C'est ce qui exerce une pression à la baisse sur le prix en dollars américains des produits de base mais une pression à la hausse sur leur prix en d'autres devises par rapport au taux de change avec le dollar.

Il s'agit là d'un des arrangements du système impérialiste d'États qui garantit qu'un tribut provenant des quatre coins du monde est versé aux grandes puissances, en particulier les États-Unis, ce qui explique en partie pourquoi les États-Unis sont capables de se payer des armées dotées d'armes sophistiquées, des bases partout dans le monde, des flottes de navires qui menacent tous et chacun et des mercenaires et des voyous qui s'engagent violemment dans des changements de régimes et détruisent des pays là où l'élite au pouvoir aux États-Unis le juge nécessaire.

Le commerce international et la détermination des prix sont devenus des armes aux mains des grandes puissances dans l'exercice de leur hégémonie. Les pays qui veulent se libérer de cette domination et de ce contrôle font face à la question de comment se retirer de ce système impérialiste d'États ou du moins entretenir des relations commerciales avec les grandes puissances en adoptant les restrictions les plus strictes afin de défendre leur économie souveraine et leur droit d'être. Avoir une économie souveraine est devenu d'une importance capitale. L'économie souveraine est le point de départ et tout commerce doit se faire dans le but de consolider l'économie souveraine et sans porter atteinte aux intérêts des autres, ses partenaires commerciaux. Dans la conjoncture historique actuelle, promouvoir les échanges avec les grandes puissances sans les conditions les plus strictes, c'est être dans une trappe où l'appât vous emmène tout droit dans la cage impérialiste.

Le Canada a subi les contrecoups, en tant que dommage collatéral, de la lutte géopolitique de l'impérialisme américain pour écraser la quête d'indépendance de plusieurs pays producteurs de pétrole. Le recours à des nouvelles technologies de production de pétrole a entraîné un essor dans la production de pétrole, en particulier aux États-Unis, créant un engorgement à l'échelle mondiale et une chute du prix du pétrole brut de 70 % au cours des vingt derniers mois.

La tourmente affecte déjà les pays producteurs de pétrole. Le New York Times rapporte que cette manoeuvre téméraire par laquelle on a inondé le globe de pétrole s'est retournée contre ses auteurs, de la même façon que le déclenchement de guerres impérialistes prédatrices a des conséquences imprévisibles. Au sujet de la situation qui prévaut aux États-Unis, le Times écrit : « Les conséquences pour l'immense industrie pétrolière du pays commencent à peine à se faire ressentir. Un grand nombre de compagnies pétrolières n'ont presque plus d'argent liquide et ne peuvent pas rembourser leur dette. En général, les dirigeants du secteur de l'énergie et leurs créanciers se rendent compte qu'un redressement des prix du pétrole ne se produira pas avant un an, et plusieurs entreprises ne peuvent attendre jusque là. Ces dirigeants et leurs banquiers se préparent à un ralentissement prolongé qui pourrait bouleverser l'industrie de l'énergie de façon comparable à la tourmente de la fin des années 90 qui a mené à des mégafusions comme Exxon Mobil.

« Si les prix demeurent à ce bas niveau, près de 150 compagnies de pétrole et de gaz pourraient faire faillite, selon l'IHS, une maison de recherche en énergie. Des centaines d'autres compagnies qui avaient accumulé des dettes pour partir en affaires à partir de rien et sont devenus de gros joueurs grâce au boom du pétrole de schiste au pays seront sans doute achetées ou leurs actifs seront vendus. Près d'un tiers de l'industrie pétrolière pourrait ainsi être consolidé dans le cadre de ce ralentissement, selon un estimé.

« Il n'y a en ce moment aux États-Unis pas un seul puits qui soit profitable. Cela a entraîné certaines compagnies dans une descente mortelle où elles produisent du pétrole simplement pour satisfaire leurs créanciers. »

Le Times écrit : « L'industrie connaît fréquemment des périodes d'essor et de contraction. Cependant, la contraction actuelle pourrait bien être extrême, et ses conséquences plus sévères, en grande partie à cause de l'argent rapide qui a inondé l'industrie grâce aux fonds spéculatifs, aux sociétés financières privées et aux structures d'investissements assortis d'avantages fiscaux appelées sociétés de développement d'entreprises. (notre souligné - LML ).

« À titre d'exemple, Energy & Exploration Partners of Fort Worth a obtenu des prêts d'au moins 24 fonds spéculatifs afin d'acquérir des dizaines de milliers d'acres de terrains au Texas lorsque les prix du pétrole oscillaient aux alentours de 100 $ le baril. La compagnie a déclaré faillite en décembre, quand ses créanciers n'ont pas pu se mettre d'accord sur comment la maintenir à flot.

« Tandis que les pertes s'accumulent, les investisseurs et les créanciers se préparent déjà à un redressement, achetant des biens dans des ventes de feu et accordant de nouveaux prêts. Mais les temps sont incertains, même pour les opportunistes. Après s'être fait échauder par des prédictions à l'effet que le pétrole allait remonter dès l'an dernier, plusieurs investisseurs craignent de s'engager prématurément.

« La dette écrasante de l'industrie, qui représente le double en levier financier ou argent emprunté que celui des compagnies faisant partie de l'indice 500 de Standard & Poor, a aussi des effes inattendus. Selon les banquiers et les dirigeants de l'industrie de l'énergie, certaines compagnies de pétrole continuent de produire simplement pour honorer leur dette. Les banques qui cherchent à consolider les garanties sur leurs prêts - qui sont généralement les réserves de pétrole des compagnies - exigent des producteurs qu'ils forent de nouveaux puits de pétrole pour prouver que leurs réserves sont en mesure de produire du pétrole. »

Le ralentissement dans le secteur du pétrole des États-Unis a été extrême. Le Times écrit : « Les revenus sont à la baisse pour les compagnies qui ont fait des profits record ces dernières années, ce qui les a amenées à démanteler plus du deux-tiers de leurs plates-formes de forage et a réduit de façon dramatique leurs investissements dans l'exploration et la production. De nombreuses compagnies ont fait faillite et on estime que 250 000 travailleurs du pétrole ont perdu leur emploi. »

Ce bilan ne mentionne pas la perturbation des industries interdépendantes telles le transport et l'acier, qui ont investi massivement dans le tubulaire et d'autre production reliée au pétrole et sont maintenant en crise et au bord de la faillite.

La production pétrolière domestique aux États-Unis a augmenté de façon spectaculaire ces dernières années, chassant les importations pétrolières du marché américain et forçant ces producteurs à se trouver des acheteurs ailleurs. Le pétrole saoudien, nigérien et algérien, qui était jadis vendu aux États-Unis, participe maintenant à la concurrence sur les marchés asiatiques à des prix considérablement inférieurs.

Selon le Times, « la terre est inondée de pétrole brut, au point que la production excédentaire de pétrole l'an dernier aurait pu répondre à elle-seule aux besoins de la Grande-Bretagne et de la Thaïlande.

« Une production excessive d'un million ou deux millions de barils par jour pourra sembler banale dans un marché qui en demande 94 millions par jour. La quantité de surabondance quotidienne ces derniers mois est la plus élevée depuis l'effondrement des prix du pétrole à la fin des années 90. À cette époque, les prix avaient chuté à moins de 10 $ le baril, en tenant compte de l'inflation. Le pétrole provenant de nouveaux puits avait inondé le marché au moment où la crise financière en Asie frappait les marchés émergents. L'engorgement aujourd'hui est largement attribuable au fait que la production de pétrole domestique aux États-Unis a presque doublé depuis 2008. Le boom du schiste a jeté près de trois millions de nouveaux barils par jour sur les marchés mondiaux.

« Les producteurs de pétrole américains battent en retraite. Des compagnies ont démantelé plus de 60% de leurs plates-formes de forage depuis près d'un an. Alors que la production domestique atteignait les 9,7 millions de barils par jour au début de l'année dernière, elle a chuté de plus d'un demi-million de barils.

« Ce mois-ci (janvier 2016), Exxon Mobil, la plus grande compagnie pétrolière aux États-Unis, a annoncé que ses revenus de semestre avaient chuté de 58 %, et la Royal Dutch Shell a annoncé une chute de 56 % (au dernier semestre de 2015). »

Les conséquences pour l'exploration ont été dramatiques. Le Times écrit : : « Wood MacKenzie, un cabinet de consultants, a identifié 68 grands projets de pétrole et de gaz naturel de par le monde, ayant une valeur combinée de 380 milliards $, qui ont été retardés depuis que les prix ont commencé à chuter, ce qui a interrompu la production de 2,9 millions de barils par jour.

« Pendant ce temps, RBC Capital Markets a estimé que seulement l'an dernier des projets capables de produire plus d'un demi-million de barils par jour ont été annulés, retardés ou relégués aux oubliettes par les pays de l'OPEP, et cette année ne s'annonce guère plus reluisante. La chute de production, cependant, n'est pas assez rapide, du fait surtout que des projets en haute mer du Canada et du golfe du Mexique sont en production et que de nouveaux projets sont en train de se réaliser.

« Aux États-Unis, il n'existe plus de puits dont le forage est profitable. Chevron, Royal Dutch Shell et BP ont tous annoncé des mises à pied pour épargner des liquidités, et ils s'en tirent beaucoup mieux que plusieurs producteurs indépendants plus modestes qui réduisent leurs dividendes et vendent leurs biens en raison de pertes nettes. Des États comme l'Alaska, le Dakota du Nord, le Texas, l'Oklahoma et la Louisiane connaissent des difficultés économiques. Le Fonds monétaire international estime que les pertes de revenus de l'Arabie saoudite et de ses alliés du golfe Persique atteindront 300 milliards $ cette année. »

Évidemment, ce rapport du Times ne dit rien du caractère anarchique destructeur de cette tactique consistant à inonder le monde de pétrole de schiste sans égard aux conséquences sociales et naturelles. C'est quelque chose d'absolument choquant. Le recours à la nouvelle technologie, non pas pour servir le bien-être de l'humanité mais pour détruire ses concurrents et rechercher l'hégémonie mondiale américaine est à l'oeuvre à la fois dans l'économie et dans la conduite des guerres et est un grave réquisitoire contre l'élite dirigeante des États-Unis.

Le Times ne voit pas ce qu'il ne veut pas voir : il se penche après-coup sur des problèmes qui auraient pu être prévus si un objectif différent était aux commandes. Plutôt que de tendre à l'hégémonie, pourquoi ne pas tenter de répondre aux besoins du peuple et d'humaniser l'environnement social et naturel ? Bien sûr, ce serait demander à un tigre de se transformer en agneau ou à un impérialiste narcissiste de se transformer en travailleur éclairé muni d'une conscience sociale.

La production annuelle mondiale totale de pétrole brut est quelque chose de connu. La demande annuelle mondiale totale de pétrole brut est également bien connue. Pourquoi alors les impérialistes américains déversent-ils dans un si court laps de temps des millions de barils par jour de pétrole brut nouvellement produit sur les marchés mondiaux en utilisant une nouvelle technologie controversée aux conséquences dangereuses pour l'environnement et d'autres aspects de la vie. Ils savaient que beaucoup de projets à long terme de production de pétrole brut étaient déjà bien en cours dans le golfe du Mexique et les sables bitumineux du Canada. Ils savaient que ces grands projets allaient accroître l'offre mondiale de pétrole brut. Ils étaient également au courant que des efforts étaient faits dans le monde entier pour réduire la consommation de pétrole brut et le remplacer par d'autres formes d'énergie.

Les impérialistes américains connaissaient les conséquences qu'il y aurait à répandre sur les marchés des millions de barils de pétrole nouvellement produits et savaient qu'elles seraient dévastatrices, non seulement pour certains pays producteurs de pétrole, mais éventuellement aussi pour les investisseurs dans la nouvelle production aux États-Unis. Pourquoi alors ont-ils agi comme ils l'ont fait sinon pour instiguer une guerre économique qui sert leur quête d'hégémonie mondiale, comme ils le font avec leurs guerres prédatrices téméraires et leurs changements violents de régime qui ont eux aussi des conséquences horribles prévisibles comme les dommages collatéraux en civils tués, en millions de réfugiés et en destruction des civilisations et de leur environnement social et naturel. L'élite dirigeante américaine accepte ces conséquences comme étant normales et valant le coût en autant que son objectif d'hégémonie est servi. Les impérialistes américains sont engagés dans une guerre mondiale pour l'hégémonie et sont prêts à accepter les risques parce qu'ils croient que leur objectif de domination du monde mérite d'être poursuivi quelles que soient les catastrophes que cela engendre. C'est la dégénérescence totale du pragmatisme américain, niant tout principe, surtout les principes modernes.

Les conséquences de la fracturation hydraulique et de la production de millions de nouveaux barils de pétrole n'ont pas tardé à se matérialiser. Des villes-champignons ont poussé au Texas, au Dakota du Nord et ailleurs. Le transport ferroviaire du pétrole obtenu par fracturation a donné lieu à un nombre accru d'accidents, dont le point culminant a été une explosion dévastatrice et un feu destructeur à Lac-Mégantic au Québec, dans lesquels 47 personnes ont péri.

Sans perdre une seconde, les parasites commerciaux se sont mis à inonder les marchés avec du pétrole vendu à rabais et les prix sur les marchés mondiaux se sont effondrés. Les économies du Venezuela, du Brésil et de la Russie ont subi une énorme perte de recettes résultant de l'exportation du pétrole. Les surplus de pétrole n'avaient nulle part où aller, sauf en entreposage, alors que les ventes dans le monde entier sont demeurées à 94 millions de barils par jour bien que la production ait grimpé bien au-delà. La production de pétrole de schiste est en voie d'arrêt avec les demandes de remboursement de dettes, les faillites et les rachats des petits producteurs tels que décrits dans les extraits du Times. Cela n'empêche pas le Times de laisser planer la menace d'une reprise rapide de la production de pétrole de schiste si le prix du baril de pétrole augmente au-delà de 40 $.

Le système économique dans lequel la production est socialisée mais la propriété et l'appropriation sont privées plonge le monde dans des crises économiques récurrentes. La collusion et la rivalité impérialistes, les conflits et les guerres à des fins géopolitiques aggravent les problèmes alors que les guerres économiques sont omniprésentes. Le monde a été témoin du bouleversement des forces de la petite production par les forces avancées de la production. Ce monde a un besoin urgent de renouveau reposant sur une nouvelle direction et de nouvelles relations entre les humains pour que ces nouvelles forces de production soient placées sous le contrôle conscient des peuples et imbues de l'objectif moderne de défendre les droits de tous, d'assurer leur bien-être et d'humaniser l'environnement social et naturel.

La manipulation du commerce

La manipulation du commerce se fait dans le contexte de la géopolitique. De nouvelles technologies sont introduites, de concert avec l'armement militaire avancé et les services d'espionnage, pour forcer un changement de régime en faveur des grandes puissances dominantes et des intérêts privés étroits de leurs monopoles. On le voit bien avec la fracturation hydraulique qui est utilisée pour amener l'industrie pétrolière sous la domination impérialiste et avec l'application Uber qui sert à détruire et voler l'industrie du taxi et à transférer le tribut résultant du transport vers la Californie. Le commerce international sous la domination des monopoles et de la géopolitique ne favorisent en rien les peuples et leur développement économique. Une nouvelle direction est nécessaire, qui demande qu'on prive les grandes puissances et leurs monopoles de leur domination du commerce international et des économies des peuples du monde.

Le point de départ d'une prise en main de l'économie est d'abord de la maîtriser et de la rendre viable au niveau qu'elle a atteint dans le cadre du triomphe de la grande production industrielle sur la petite production. Les peuples doivent placer ces changements sous leur contrôle conscient. Le point de départ ne peut pas être le commerce international parce qu'il est présentement dominé par les grandes puissances, leurs monopoles et les intérêts géopolitiques étroits. Le monde a atteint un point de rupture en ce qui concerne le commerce international, où tous les vieux mythes, en commençant par le mercantilisme selon lequel le commerce international va mener spontanément à l'utilisation efficace des ressources et des travailleurs du monde, éclatent et sont réduits en lambeaux.

Le contrôle et la domination des monopoles mondiaux, et la concurrence et la collusion qu'ils provoquent, y compris les guerres pour protéger et étendre leur contrôle, ont conduit les peuples à un précipice et menacent leur droit d'être et de survivre. Les peuples doivent priver les impérialistes de leur contrôle sur le commerce international et sur leurs économies souveraines, et se sortir de l'étau de la géopolitique. C'est par leurs propres efforts que les peuples doivent confronter et résoudre leur problème interne de transformer leur économie de la petite production à la production industrielle de masse. Le point de départ est d'empêcher les grandes puissances de s'ingérer dans leurs efforts pour résoudre les difficultés liées à la transition. Une nouvelle direction est nécessaire et les peuples sont capables de trouver cette direction mais ils doivent nier leur négation à résoudre les problèmes qui découlent de la domination et du contrôle des grandes puissances et de leurs monopoles.

La situation géopolitique actuelle dans le domaine du commerce est devenue tellement absurde et incohérente que les Canadiens et les peuples aux États-Unis, en Europe et au Japon sont censés appuyer leurs monopoles dans leur concurrence sur les marchés mondiaux et accepter volontairement le libre-échange dominé par les monopoles. Puis, lorsque ces mêmes monopoles qui exigent tant d'appui pour devenir concurrentiels, y compris l'utilisation des fonds publics, ne sont pas capables d'être concurrentiels, les peuples sont censés appuyer les mesures pour défendre leurs monopoles et empêcher leurs rivaux mondiaux d'accéder à leur marché intérieur.

La collusion et la concurrence entre les monopoles peuvent rapidement se transformer en propos agressifs, en chauvinisme et en guerre. Le chauvinisme des grandes puissances menant à la guerre est contraire à l'édification d'une économie indépendante prosociale ayant la diversité et la stabilité nécessaires pour se tenir debout sans que les différentes parties interdépendantes de l'économie se fassent concurrence à l'échelle nationale et internationale. Cela signifie que le droit public doit restreindre le droit de monopole et que l'intérêt public doit primer sur les intérêts privés étroits. Cela signifie que l'économie socialisée inter-reliée moderne doit être reconnue pour ce qu'elle est, consciemment. Les incongruités et les vestiges de la petite production basée sur la propriété et le contrôle privés de secteurs de l'économie, qui sont maintenant entièrement liés et interdépendants au sein de l'économie socialisée, doivent être mis au rancart.

Pour progresser dans la voie d'une nouvelle direction et résoudre le problème de mettre les nouvelles forces de la grande production industrielle sous la gouverne d'un contrôle conscient, les peuples du monde doivent défendre leur souveraineté et leur droit d'être quelles que soient les conditions. Cela veut dire faire reposer leurs actions sur l'analyse et les principes modernes. En ce qui concerne le commerce international, le principe moderne est que le commerce avec d'autres doit bénéficier à l'économie domestique indépendante et ne pas l'endommager ou endommager les intérêts du partenaire commercial. Les prix auxquels les choses s'échangent doivent être déterminés par les prix de production et il doit être tenu compte des conditions concrètes des deux pays et de leurs différences. Cela veut dire que les prix déterminés pour l'échange doivent être ajustés afin que l'échange et sa réalisation reflètent les prix de production des partenaires commerciaux sans que soit utilisée une devise qui n'est pas liée à la transaction, comme la devise américaine ou tout autre devise à cet égard.

Les forces modernes de production exigent que la conscience sociale et les peuples qui s'investissent du pouvoir de décider de leurs affaires supplantent l'obscurantisme et l'autocratie qui ont dominé la petite production. Le peuple d'un pays donné peut commencer avec ce qu'il sait et établir son contrôle souverain de son économie nationale. En mettant à contribution le facteur humain/conscience sociale et en contrôlant ce qui est connu, on ouvre un chemin pour découvrir ce qui n'est pas connu et ce que le peuple ne sait pas qu'il ne sait pas.

La faculté d'abstraire ce qui manque doit devenir la norme, mais pour que cette action consciente se développe, le peuple a besoin de se donner le pouvoir de décider et de contrôler ses affaires; il a besoin de son propre projet d'édification nationale qu'il contrôle pour pouvoir affirmer son droit d'être ; il doit priver les impérialistes du pouvoir de nier ses droits et de bloquer son effort pour s'engager dans une nouvelle direction prosociale.

Note

Qu'est-ce que l'avantage réciproque dans le commerce international ? Dans les conditions actuelles, les grandes puissances qui dominent le commerce international volent la valeur ajoutée des pays exportateurs. Ce n'est pas vraiment différent de la vieille méthode coloniale consistant à voler et à réclamer un tribut sous menace d'annihilation. En plus de la propriété directe des moyens de production et de l'appropriation directe de la valeur ajoutée, l'imposition d'un tribut dans le commerce se fait principalement par le biais du prix et du taux de change.

Par exemple, Wal-Mart achète des biens du Vietnam à un prix de production qui est établi au Vietnam. Le prix domestique de production comprend les intrants déjà produits, soit les matériaux et la machinerie, qui forment la valeur transférée. La valeur transférée plus la nouvelle valeur que créent les travailleurs renferment toutes deux des taux d'exploitation qui sont plus élevés que ceux aux États-Unis, en Europe, au Japon et au Canada. La transaction est calculée et réalisée en dollars américains, ce qui veut dire que le prix de production qui existe en devise vietnamienne est changé dans la devise américaine plus forte, ce qui entraîne une chute des prix.

Même si le temps de travail nécessaire à la production des biens est similaire dans la grande puissance importatrice et dans le pays dominé exportateur, les prix de production du pays exportateur dominé sont très inférieurs. La différence entre les prix de production, qui est principalement la conséquence de la valeur reproduite plus basse (salaires et avantages sociaux) et de la valeur ajoutée plus basse ( le profit réclamé dans le pays exportateur) réalisées dans le pays exportateur, est accaparée par la grande puissance en tant que tribut.

Le taux d'exploitation est le ratio entre la valeur reproduite (salaires et avantages sociaux) et la valeur ajoutée (profit). La valeur ajoutée, dans le commerce inégal, passe à la grande puissance importatrice ou est saisie directement si l'installation de production est de propriété étrangère. Plus grande est la valeur ajoutée en rapport à la valeur reproduite (la valeur reproduite individuelle et sociale), plus grand est le taux d'exploitation. Les biens sont achetés dans le pays exportateur à un prix de marché correspondant à une faible valeur reproduite et une faible valeur ajoutée par rapport à la grande puissance importatrice. La valeur des biens exprimée en prix dans le pays exportateur est faible comparée à ce qu'elle est dans le pays importateur bien que la valeur réelle en fait de temps de travail soit à peu près la même peu importe où elle est produite, là où existe la production industrielle de masse.

La valeur véritable du bien importé est déterminée par le temps de travail moyen nécessaire aux travailleurs pour produire ce bien mais le prix de production est déterminé au sein de l'économie exportatrice. La différence de prix entre les deux pays, telle que déterminée par la différence entre les prix de production et la valeur ajoutée réelle est accaparée par le pays importateur et distribuée comme profit pour Wal-Mart ou sous la forme de prix plus bas pour ses clients.

La différence de prix est encore amplifiée par le fait qu'une grande partie de la valeur qui est incorporée dans le produit y est mise par l'infrastructure sociale et matérielle organisée par l'État à des prix locaux de production. La faiblesse du rendement dans le commerce des biens inhibe le développement des pays plus faibles. C'est particulièrement évident en Afrique.

Le taux d'exploitation et les prix de production varient d'un pays à l'autre et doivent être pris en compte dans le commerce international, en particulier le prix des biens échangés, pour que le commerce à avantage mutuel veuille dire quelque chose dans le monde réel. Le point central, c'est que la valeur ajoutée doit demeurer dans le pays producteur plutôt qu'être saisie par le biais du commerce international. Cela veut dire que les pays importateurs doivent vouloir le produit parce que celui-ci est un complément à l'économie souveraine et pas parce que le pays importateur veut voler la valeur ajoutée du pays exportateur. Il faut porter une attention spéciale aux pays en voie de développement afin que leurs économies soient renforcées et non affaiblies par le commerce. Le commerce doit aussi éliminer le dollar américain dans les transactions et doit trouver d'autres façon de réaliser les échanges que l'échange des devises.

À mesure que les pays se développent et passent de la petite production à la production industrielle de masse autosuffisante et que la classe ouvrière exerce sa réclamation à une portion toujours plus grande de la nouvelle valeur et la place sous son contrôle, individuellement et, de façon croissante, socialement, le commerce international des biens de consommation fabriqués sur une échelle de masse et des moyens de production devrait diminuer, et il devrait se concentrer principalement sur les ressources naturelles qui ne se trouvent pas partout, les produits agricoles et d'autres produits qui ont un caractère national particulier.

(Source : une série d'articles du New York Times. Photos : LML, F. Chowdury, A. Dubois, Ottawa Act)

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