Numéro 52 - 13
décembre 2015
Première semaine du 42e
Parlement
Le «nouveau style de
leadership»
du gouvernement libéral
- Sam Heaton -
• La Chambre
des communes adopte des
modifications néolibérales à l'impôt
• Débat sur la réforme
électorale
• Les projets de loi à l'étude au
Parlement
Positions
réactionnaires du Canada sur les affaires internationales
• Motion de l'opposition sur le rôle du
Canada en Irak et en Syrie
• Une position indéfendable sur les
votes aux Nations unies sur
la Palestine et le nettoyage ethnique
sioniste
- Tony Seed -
• Inacceptable résolution du Canada sur
les droits de l'homme en l'Iran
Venezuela
• Défendons la Révolution
bolivarienne! Pas un seul pas en arrière!
- Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) -
• Les forces patriotiques s'engagent à
défendre les acquis de la révolution
Brésil
• Procédures fallacieuses de
destitution contre la présidente Rousseff
Cuba
• Séminaire à Guantanamo pour
l'abolition des bases militaires étrangères
• Piquetage à Montréal le 17
décembre: Exigeons la fin du blocus contre Cuba
maintenant!
Première semaine du 42e Parlement
Le «nouveau style de leadership»
du
gouvernement libéral
- Sam Heaton -
La première semaine de travaux du nouveau
Parlement, du 7 au 11 décembre, a été
consacrée à l'adoption de deux motions : le projet
de loi C-2, une motion de voies et moyens pour ajuster les taux
d'imposition, et le projet de loi C-3, qui autorise les dépenses
associées à l'accueil et la réinstallation de
réfugiés syriens au Canada. Le
gouvernement a également lancé deux comités
parlementaires, le Comité de la procédure et des affaires
de la Chambre, qui s'est réuni du 8 au 10 décembre, et le
Comité spécial conjoint du Sénat et de la Chambre
des communes pour faire des recommandations en réponse au
jugement de la Cour suprême dans l'affaire Carter c. Canada sur
l'aide
médicale à mourir. Le consentement unanime était
requis pour établir ces deux comités en un si court laps
de temps. Il n'y a pas eu unanimité par contre pour la
sélection des membres du Comité des finances pour qu'il
puisse tenir une première séance le 11 décembre.
Ce comité et les autres devront attendre à la reprise des
travaux le 25 janvier
2016.
La première tentative d'obtenir le consentement
unanime pour le comité sur l'aide médicale à
mourir a échoué le 10 décembre. Le Bloc
québécois, qui suivant la pratique établie ne
pourra pas siéger sur les comités puisqu'il n'a pas
atteint le seuil nécessaire de 12 députés à
la Chambre, a fait valoir que l'enjeu est important pour le
Québec et
que par conséquent le Bloc devrait y être
représenté. Il n'a donc pas donné son
consentement. Les libéraux ont fustigé les
députés bloquistes, ils les ont accusés
d'irresponsabilité et de ne pas faire honneur au leadership
démontré par le Québec sur cette question. Le
leader du gouvernement Dominic LeBlanc les a accusés
d'empêcher les Canadiens
de se faire entendre sur le sujet puisque le gouvernement s'est
engagé à tenir des consultations publiques. Le
consentement unanime a été reçu le dernier jour
des travaux du Parlement. Après ces reproches et ce chantage,
Dominic LeBlanc a dit qu'il était
« surpris » que les députés
bloquistes persistent à demander d'être
représentés au comité, ne serait-ce qu'à
titre de membres sans droit de
vote, et a rappelé que tous les députés auront
l'occasion de se faire entendre lors des débats sur les projets
de loi en Chambre.
Le Comité de la procédure et des affaires
de la Chambre des communes s'est réuni le 10 décembre
mais n'a pas réussi à établir son comité
directeur, le Sous-comité du programme et de la
procédure. Un des vice-présidents du comité, le
député David Christophersen (Hamilton Centre, NPD), a
présenté une motion à l'effet que le comité
directeur soit constitué du président, de deux
vice-présidents et d'un seul député du
gouvernement, plutôt que deux. Cela voudrait dire que mis
à part le président, il y aurait un député
chacun pour le Parti libéral, le Parti conservateur et le
Nouveau Parti démocratique. Selon M. Christophersen, cela
encouragerait le comité directeur à agir par
consensus plutôt que de se faire imposer des décisions
finales par le parti au pouvoir. Il a également dit s'objecter
à la présence du secrétaire parlementaire du chef
du gouvernement Kevin Lamoureux (Winnipeg Nord) à la
réunion du 10 décembre parce qu'il serait là
seulement « pour s'assurer que le comité fasse
exactement ce que veut le
premier ministre ».
Ententes de coulisses
Le secrétaire parlementaire a introduit chacune
des motions du gouvernement sur la formation des comités en
précisant qu'« il y a eu consultations entre les
partis et vous constaterez qu'il y a consentement unanime à
l'égard de la motion suivante ». Fait à
remarquer, ces discussions n'ont pas eu lieu au parlement ni dans
aucun autre forum public, ce qui laisse entendre que la nouvelle image
de coopération et le nouveau ton du gouvernement libéral
dépendront de la conclusion d'ententes dans les coulisses du
Parlement, de compromis dont le public ne sera pas informé. Du 4
au 11 décembre, les députés du gouvernement ont
déclaré au moins huit fois qu'il y a eu
« des discussions entre les partis » ou des
« consultations avec les autres partis » sans
jamais révéler la teneur de ces discussions et
consultations.
Quoi qu'il en soit, on sait maintenant que ces
discussions de coulisses n'ont pas permis de former le Comité
des finances durant les trois jours de séance du Parlement,
alors que le gouvernement s'est engagé à présenter
un rapport sur les préconsultations budgétaires pas plus
tard que le 5 février 2016. Aucun député n'a dit
publiquement les
raisons ou les arguments qui expliquent l'échec à former
le comité en question.
À la Chambre, tout s'est déroulé de
la même façon que sous le gouvernement
précédent : les partis d'opposition ont passé
leur temps à chercher à discréditer le
gouvernement sur différents thèmes et les
représentants du gouvernement ont répliqué en
insinuant que les partis de l'opposition ont mal pris leur
défaite, en rappelant les faits et
gestes du gouvernement précédent, en se contentant de
donner des réponses toutes faites et en se félicitant
d'être un gouvernement ouvert et transparent. La promesse de ne
pas tolérer le chahut a été très vite
oubliée.
Nouveau style de leadership
Dans les lettres de mandat du gouvernement rendues
publiques le 13 novembre, les ministres se sont fait dire
qu'« à titre de ministres, vous avez la
responsabilité de respecter notre engagement d'instaurer un
nouveau style de leadership au sein du gouvernement ». Cela
comprendrait
« une collaboration étroite avec vos
collègues, un engagement significatif envers les
députés de l'opposition, les comités
parlementaires et la fonction publique ; un dialogue constructif
avec les Canadiens et Canadiennes, la société civile et
les partenaires, y compris les représentants des milieux des
affaires, du monde syndical, du
secteur public élargi, ainsi que les organisations sans but
lucratif et les organisations de bienfaisance ; et la quête
de solutions afin d'éviter les tensions en n'aggravant pas les
conflits ».
L'Opposition conservatrice
a annoncé la fin des
« voies ensoleillées » des libéraux
25 minutes après le début de la première
séance régulière du Parlement le 7
décembre, après un échange sur les
réalisations du gouvernement précédent. Les
plaisanteries au sujet des « voies
ensoleillées » se sont poursuivies toute la
semaine mais sans vraiment capter le sens véritable de la phrase.
Quand Wilfrid Laurier parlait des « voies
ensoleillées » du gouvernement libéral, il
faisait référence à la fable d'Ésope qui
raconte une dispute entre le soleil et le vent à savoir lequel
réussira à faire enlever son manteau à un
promeneur. Le vent souffle pour que le promeneur en perde son manteau.
Mais plus il souffle, plus
l'homme s'accroche à son manteau. Le soleil procède
à l'opposé. Il réchauffe l'homme de ses rayons et
celui-ci cède son manteau sous l'effet de la chaleur.
Les « voies ensoleillées »
sont la prétention qu'on peut accomplir plus de choses par la
négociation et la raison. Cette prétention est
avancée malgré le fait que nous vivons à une
période du pouvoir monopoliste où le contrat social qui
accommodait jadis différents intérêts
opposés est maintenant chose du passé. On crée
l'impression
de popularité du nouveau gouvernement et on prétend que
le problème avec le gouvernement conservateur
précédent était sa façon arrogante
d'imposer les demandes des monopoles, sans pour autant remettre en
cause ces demandes des monopoles. Le gouvernement conservateur aurait
été défait parce qu'il suivait « les
voies
orageuses ».
Tout est faux dans le discours sur les
« voies ensoleillées ». Les
libéraux n'ont aucune intention de négocier quoi que ce
soit parce que leur plan est aussi d'imposer la volonté des
monopoles les plus puissants. La première semaine de travaux du
Parlement a déjà donné plusieurs raisons de croire
que les « voies
ensoleillées » du gouvernement libéral ne vont
pas donner les résultats escomptés. Et quand elles
échoueront, les Canadiens peuvent s'attendre à être
blâmés pour leur manque de coopération et de
civisme.
Entretemps, le système de gouvernement de partis
a dégénéré en un système mafieux de
partis de cartel dans lequel plus personne ne cherche à aplanir
les contradictions au sein de la classe dominante, telles que
représentées par les contradictions entre les partis au
Parlement, par d'autre moyen que l'imposition de
l'hégémonie des factions
dominantes. Le diktat de l'élite dominante sur la classe
ouvrière et le peuple doit être exposé et combattu.
Les accords de coulisses en guise de
« collaboration », d'« engagement
significatif » et de « dialogue
constructif » avec différents secteurs de la
société ayant des intérêts opposés ne
vont pas harmoniser
ces intérêts ni éliminer le désir du peuple
de se donner le pouvoir de décider des choses qui le concernent.
Le premier ministre laisse entendre dans les lettres de
mandat que son gouvernement tiendra ses propres ministres responsables
mais ce qui est absent, ce sont les mécanismes par lesquels les
Canadiens peuvent tenir le gouvernement responsable. À cet
égard, nous devons tout mettre en oeuvre en 2016 pour
bâtir le mouvement pour le renouveau
démocratique et renforcer les formes sociales par lesquelles le
peuple exerce un contrôle sur ses affaires.
La Chambre des communes adopte des modifications
néolibérales à l'impôt
Le 9 décembre, la Chambre des communes a
adopté une motion de voies et moyens à l'effet d'amender
la Loi de l'impôt sur le revenu. Le gouvernement a
ensuite déposé le projet de loi C-2, Loi modifiant
la Loi de l'impôt sur le revenu, qui contient les
modifications qui en découlent. Bien que le projet de loi C-2 ne
soit qu'en première lecture, la motion de voies et moyens fait
en sorte qu'il entre en vigueur à compter du 1er janvier 2016 et
n'a pas besoin de passer par le Sénat. La motion de voies et
moyens et le projet de loi modifient les paliers d'imposition et
apportent plusieurs autres changements à la loi.[1]
Le projet de loi C-2 est le premier du nouveau
gouvernement, puisque le projet de loi C-1, qui concerne les serments
d'office, fait partie du rituel d'ouverture de la première
session du Parlement. Les partis ont voté en bloc, soit 230
députés libéraux, néodémocrates et
bloquistes pour, 95 députés conservateurs contre.
Les changements aux taux d'imposition ont
été le sujet de beaucoup d'attention et le gouvernement
libéral les qualifie de « baisses d'impôt pour
la classe moyenne ».
Le plafond d'imposition de
15 % s'applique
maintenant à ceux qui touchent un revenu annuel allant
jusqu'à 45 282 $ et non plus 40 726 $. Le prochain
palier d'imposition comprend maintenant les revenus supérieurs
à 45 282 $ mais inférieurs à 90 563 $.
Le taux marginal d'imposition pour ce palier, qui
correspond à ce que le gouvernement libéral appelle
« classe moyenne », passera de 22 % à
20,5 %. Pour le palier suivant, ceux qui ont un revenu
supérieur à 90 563 $ et inférieur à
140 388 $, le taux d'imposition demeurera à 26 %. Le
quatrième palier, qui commençait auparavant avec un
revenu de
126 264 $, avec un taux d'imposition de 29 %, commence
maintenant à 140 388 $ et va jusqu'à 200 000 $.
Le taux demeure 29 %. Le projet de loi introduit un
cinquième palier, auquel s'applique un taux de 33 %, soit
ceux qui ont un revenu annuel dépassant 200 000 $ par
année.
Il n'y a pas de palier d'imposition au Canada qui
s'applique spécifiquement à ceux qui ont un revenu annuel
se chiffrant dans les millions de dollars. Le « montant
personnel de base » pour lequel l'impôt est
remboursable, présentement à 11 138 $, n'est pas
changé par la motion de voies et moyens ni par le projet de loi
C-2.
La raison donnée par le gouvernement pour changer
les paliers et les taux d'imposition est de s'assurer « que
les Canadiens et les Canadiennes de la classe moyenne aient plus
d'argent dans leurs poches pour épargner, investir ou faire
croître l'économie ». Le gouvernement a
l'intention de récupérer les pertes de revenus que lui
occasionnent ces modifications en instituant un nouveau palier pour les
revenus supérieurs à 200 000 $ par année, ce
qu'il appelle « demander au 1 % des Canadiens les plus
riches de donner un peu plus ».
Les changements apportés vont ajouter à
l'incohérence du régime fiscal archaïque du Canada,
qui utilise des formules tortueuses pour soutirer les revenus
d'État aux individus plutôt que de faire des
réclamations directement à la valeur produite dans
l'économie. Selon l'Agence de revenu du Canada, environ les deux
tiers des Canadiens qui
soumettent une déclaration d'impôt gagnent moins de 45
000 $ par année et se situent donc dans le palier
inférieur de revenus. Le projet de loi C-2 ne changera rien pour
eux.
Les modifications apportées par les
libéraux aux taux d'imposition ne résoudront aucun des
problèmes des travailleurs canadiens. L'État continue de
tirer son revenu principalement sur le dos des travailleurs,
malgré le fait que la valeur ajoutée que ces derniers
créent durant leur vie soit déjà en grande partie
accaparée par le capital privé. Puis
une bonne partie des revenus de l'État obtenus par l'impôt
des travailleurs est ensuite remise aux monopoles privés. Les
projets d'investissements en infrastructure des libéraux vont
d'ailleurs accroître cette tendance.
À cause de la nature tortueuse du régime
fiscal, la baisse des taux d'imposition pour ceux que les
libéraux appellent « la classe moyenne »
va aussi profiter à ceux qui se situent dans le palier
supérieur, celui des 90 563 $ et plus. En effet, la partie
du revenu qui se situe entre 45 282 $ et 90 563 $ va
être soumise
au taux réduit de 20,5 % peu importe le revenu annuel
total, tout comme l'impôt payé sur le montant de base de
11 138 $ est remboursable pour tout le monde.
Notes
1. Le ministre des Finances Francis Morneau a
publié des Notes
explicatives
relatives
à
la
Loi de
l'impôt sur le revenu sur les impacts du projet de loi C-2
sur
les entreprises privées, le revenu d'investissement et les
dividendes. Le projet de loi apporte
plusieurs autres changements à la loi de l'impôt pour
l'ajuster aux
changements dans les taux d'imposition, comme pour le fractionnement du
revenu et les impôts payables par les trusts et les successions.
Il baisse également le plafond sur la contribution annuelle aux
comptes d'épargne libre d'impôt à 5 500 $.
Les individus qui ont un revenu annuel supérieur
à 200 000 $ sont maintenant admissibles à un
crédit de 33 % pour dons à des organismes de
bienfaisance enregistrés excédant 200 $. Le projet
de loi ajoute « un montant additionnel à
l'impôt payable [...] sur le revenu de placement d'une
société privée sous contrôle
canadien (SPCC) ». Le ministre dit que c'est fait pour
« limiter les possibilités de reporter l'impôt
sur le revenu dont les particuliers qui tirent directement un revenu de
placement pourraient par ailleurs profiter en tirant ce revenu par
l'entremise d'une SPCC ».
Le ministre explique comme suit les changements au
crédit d'impôt :
« Par exemple, dans le cas d'un particulier
qui a 215 000 $ en revenu imposable et qui fait des dons
totalisant 20 000 $ en 2016, son crédit d'impôt en
application du paragraphe 118.1(3) correspond au total des sommes
suivantes :
« - 30 $, soit 15 % de la
première tranche de 200 $ du total des dons du
particulier ;
« - 4 950 $, correspondant à
33 % de 15 000 $, soit la moindre des sommes suivantes :
« -- l'excédent du total de ses dons
sur 200 $ (19 800 $),
« -- l'excédent de son revenu
imposable sur 200 000 $ (15 000 $) ;
« -1 392 $, correspondant à
29 % de 4 800 $, soit l'excédent du total de ses dons
pour l'année (20 000 $) sur le total de 200 $ et du
montant de ses dons auquel s'est appliqué le taux de 33 %
(15 000 $).
« Dans ce cas, le crédit d'impôt
pour dons du particulier pour 2016 s'élèverait à 6
372 $ (30 $ + 4 950 $ + 1 392 $). »
Débat sur la réforme électorale
Cette semaine le Parlement a été le
théâtre d'une grande diversion sur la question de la
proposition de réforme électorale des libéraux.
Plutôt que de discuter de l'urgente nécessité de
renouveau démocratique, les libéraux ont
répété leurs engagements électoraux visant
à annuler les changements apportés par les conservateurs
et à mettre en
oeuvre un processus menant au changement du mode de scrutin. Les
conservateurs, pour leur part, ont concentré leurs attaques
contre le gouvernement sur la question du système
électoral et ont demandé que le gouvernement organise un
référendum pour que les Canadiens puissent se prononcer
sur les changements à apporter au système
électoral. C'est d'une
hypocrisie inouïe étant donné que les conservateurs
ont fait les changements les plus fallacieux et de la façon la
plus sournoise possible au système électoral quand ils
formaient le gouvernement. Ils ont en outre rejeté du revers de
la main les démarches que les Canadiens ont faites pour les
empêcher d'imposer ces changements législatifs, s'opposant
même à des contestations judiciaires et à des
décisions des tribunaux.
Maintenant qu'ils sont au
pouvoir, les libéraux
espèrent rétablir ce qu'ils appellent des
« élections libres et équitables ».
Ils ne reconnaissent pas que le système électoral n'a
rien de libre ni d'équitable, puisque son objectif premier est
de déshabiliter les Canadiens. Néanmoins, c'est un
problème à résoudre. Il faut aussi prendre en
compte le fait que ce sont les libéraux eux-mêmes qui dans
les années 90 ont commencé la vague de réformes
que l'on connaît et ont constamment enchâssé le
privilège et cherché à dissimuler la corruption
des partis politiques qui siègent à la Chambre des
communes.
Dans leur plateforme électorale, les
libéraux s'étaient engagés à
« mettre fin au système uninominal à
majorité simple et à explorer de nouvelles
options ». Rien de plus précis n'avait
été dit. La lettre de mandat du premier ministre à
la nouvelle ministre des Institutions démocratiques lui donne
notamment comme mandat
de :
« Présenter une proposition pour
établir un comité parlementaire spécial de
consultation sur la réforme électorale, notamment le
bulletin de vote préférentiel, la représentation
proportionnelle, le vote obligatoire et le vote en ligne.
« Introduire des modifications à la Loi
électorale
du
Canada pour accorder une plus grande
autonomie au commissaire aux élections fédérales.
De plus, abroger les dispositions de la Loi sur
l'intégrité des élections qui font en sorte
qu'il est plus difficile pour les Canadiens et les Canadiennes de voter
et plus facile
pour les contrevenants à la Loi électorale
d'éviter d'être punis.
« Présenter des options pour
créer un poste de commissaire indépendant chargé
d'organiser les débats des chefs des partis politiques lors des
futures campagnes électorales fédérales, avec le
mandat d'améliorer les connaissances des Canadiens et des
Canadiennes en ce qui concerne les partis, leurs chefs et leurs
positions stratégiques.
« Passer en revue les limites des montants
que les partis politiques et les tierces parties peuvent
dépenser pendant les élections, et proposer des mesures
pour assurer que les dépenses encourues entre les
élections soient également assujetties à des
limites raisonnables. »
Les interventions des conservateurs ont clairement
indiqué qu'ils appuient les libéraux lorsque ceux-ci
affirment que c'est le gouvernement qui doit soumettre les choix sur
lesquels les Canadiens auraient à voter dans un
référendum. Ils ne veulent pas que les Canadiens
examinent eux-mêmes les alternatives, proposent le système
en vertu duquel
leur gouvernement sera élu et soumettent leur proposition dans
un référendum. Ils veulent garder le processus fermement
entre les mains du gouvernement et d'un « comité
parlementaire spécial » qui va décider comment
les Canadiens seront consultés et quelles options leur seront
présentées lors du référendum.
Quant aux libéraux, ils ont riposté en
accusant les conservateurs d'avoir toujours refusé de consulter
les Canadiens sur quoi que ce soit. Ils prétendent aussi que
leur victoire électorale leur a donné le mandat de
changer le système comme bon leur semble. Ils ont dit qu'ils
consulteraient les Canadiens et que, pour ce faire, ils devaient mettre
sur
pied un « comité parlementaire spécial
multipartite ». Les libéraux n'ont pas exclu la
possibilité d'un référendum, bien que rien ne
laisse entrevoir qu'ils ont l'intention d'en organiser un. Cependant
ils semblent vouloir écarter tout processus par lequel des
représentants de l'électorat choisis par le peuple
lui-même et non par les partis
tiendraient des consultations sur la réforme électorale
et décideraient de la procédure à suivre. Ils
semblent au contraire décidés à ce que cette
question fondamentale demeure le privilège des partis cartels
qui ont profité du système en place et à rejeter
les points de vue et les opinions du peuple.
Les échanges qui ont eu lieu au cours de la
première semaine d'activités parlementaires montrent bien
comment l'urgent besoin du renouveau des institutions
démocratiques va être ignoré par le nouveau
gouvernement avec l'aide de l'opposition. Le
Marxiste-Léniniste va traiter de cette question de
façon détaillée dans la nouvelle
année et appelle les Canadiens à s'engager dans la
discussion et à ne pas la laisser entre les mains des partis
cartels.
Les projets de loi à l'étude au Parlement
À la fin de la première semaine de cette
première session, le 42e Parlement était saisi de 27
projets de loi. Trois sont des projets de loi émanant du
gouvernement, dont deux ont été déposés
à la Chambre des communes et un au Sénat. Des projets de
loi émanant de députés ou de sénateurs, 13
proviennent des libéraux (tous émanant de
sénateurs), six des conservateurs (un d'entre eux émane
d'un sénateur), quatre du NPD et il y a un projet de loi qui
émane d'un sénateur indépendant. Les projets de
loi C-1 et S-1 sont considérés comme des projets de loi pro
forma qui ouvrent chaque session du Parlement et ils ne
dépassent pas le stade de la première lecture.
Le projet de loi C-2, la Loi de crédits no 4
pour 2015-2016, a été présenté,
discuté en comité plénier et adopté en
troisième lecture le 10 décembre avant de recevoir la
sanction royale le 11 décembre. Il a été
adopté par un vote de 228 à 96 à la Chambre des
communes. Les députés de chaque parti ont voté en
bloc et tous les partis
ont appuyé le projet de loi sauf l'opposition officielle
conservatrice.
La loi C-3 prescrit un financement pour la
réinstallation de 25 000 réfugiés syriens au
Canada d'ici la fin de février 2016 et autorise un montant total
de 810 104 813 $. Le projet de loi a d'abord été
adopté sans qu'il ne contienne le calendrier précis des
dépenses supplémentaires estimées. On ne s'en est
aperçu qu'une fois le projet de loi
adopté en première lecture au Sénat et les
procédures ont été déclarées nulles
et non avenues et le projet de loi a été
déposé à nouveau avec cette fois un calendrier
précis de dépenses. Il a passé les étapes
subséquentes et reçu la sanction royale. Il n'a pas
été présenté une nouvelle fois à la
Chambre des communes.
Tous les autres projets de lois en sont à
l'étape de la première lecture.
La façon dont seront traités les nombreux
projets de loi émanant de députés ou de
sénateurs et ceux émanant des partis de l'opposition nous
en apprendra plus sur la façon dont le gouvernement entend
procéder avec ses réformes parlementaires et sur le
changement de ton qu'il dit vouloir instaurer. La Parti libéral
écrit dans sa plateforme que
« nous servirons de porte-voix aux Canadiennes et aux
Canadiens en limitant le nombre de fois où les
députés libéraux devront suivre une ligne de
parti » et que « nous ferons du vote libre une
norme à la Chambre des communes ». On fera exception
à cette règle, selon la plateforme, lorsqu'il s'agira
« de mesures émanant de la plateforme
électorale libérale, de votes de confiance portant, par
exemple, sur le budget ; de questions touchant à nos
valeurs communes et les protections garanties par la Charte
canadienne des droits et libertés ».
Dans les parlements passés, les projets de loi
émanant des députés ou des sénateurs de
l'opposition ont été habituellement défaits par le
parti au pouvoir ou sont morts au feuilleton sans même avoir fait
l'objet d'un vote. Lorsque des projets de loi émanant de
députés ou de sénateurs sont adoptés, cela
résulte souvent d'ententes de coulisses entre
les partis au Parlement, qui comprennent des compromis ou des
engagements à appuyer d'autres initiatives, et les
députés votent alors selon la décision que prend
le caucus du parti. Le gouvernement n'a toujours pas la majorité
au Sénat. Le Parlement reprend ses travaux la dernière
semaine de janvier.
Les projets de loi à l'étude au Parlement
C-2, Loi modifiant la Loi de l'impôt
sur le revenu
- Modifie la Loi de l'impôt sur le revenu
en concordance avec les changements dans les taux d'imposition qui ont
été adoptés par le gouvernement dans une motion de
voies et moyens le 9 décembre.
C-201, Loi modifiant la Loi sur les
paiements versés en remplacement d'impôts
(évaluation indépendante), Matthew Dubé
(Beloeil-Chambly, NPD)
- Modifie la Loi sur les paiements versés en
remplacement d'impôts afin de permettre l'évaluation
par un tiers de la valeur d'un lieu historique national.
C-202, Loi portant création de la
Charte canadienne des droits environnementaux et apportant une
modification connexe à une autre loi, Linda Duncan
(Edmonton Strathcona, NPD)
- Crée la Charte canadienne des droits
environnementaux « dont les dispositions
s'appliquent aux décisions qui émanent d'une source
d'origine fédérale ou qui concernent le territoire
domanial ou une entreprise fédérale ».
C-203, Loi modifiant la Loi sur la Cour
suprême (compréhension des langues officielles),
François Choquette (Drummond)
- Modifie la Loi sur la Cour suprême et
crée une nouvelle condition de nomination des juges de la Cour
suprême selon laquelle ceux-ci doivent comprendre le
français et l'anglais sans l'aide d'un interprète.
C-204, Loi modifiant la Loi canadienne sur
les droits de la personne et le Code criminel (identité et
expression de genre), Randall Garrison (Esquimalt-Saanich-Sooke,
NPD)
- Modifie la Loi canadienne sur les droits de la
personne « afin d'intégrer l'identité et
l'expression de genre à la liste des motifs de distinction
illicite », et « modifie également le Code
criminel afin d'intégrer l'identité et l'expression de
genre à la liste des caractéristiques distinctives
protégées par l'article 318 et
à celle des circonstances aggravantes ».
C-205, Loi désignant le mois de juin
comme le Mois de la SLA, David Tilson (Duffferin-Caledon,
conservateur)
- Désigne le mois de juin de chaque année
comme le Mois de la SLA (sclérose latérale amyotrophique).
C-206, Loi modifiant le Code criminel
(mauvais traitement de personnes vulnérables), Jim
Eglinski (Yellowhead, conservateur)
- Précise que l'abus financier, les mauvais
traitements physiques ou moraux ou les abus sexuels à
l'égard d'une personne âgée de soixante-cinq ans ou
plus ou d'une personne qui est à la charge d'autrui sont
considérés comme des circonstances aggravantes.
C-207, Loi instituant la Journée
nationale de reconnaissance, Todd Doherty (Cariboo-Prince George,
conservateur)
- Désigne le 3 mars comme une journée
nationale consacrée, chaque année, à donner
à la population canadienne « l'occasion d'exprimer sa
reconnaissance pour le travail héroïque des membres des
Forces canadiennes et des professionnels d'intervention d'urgence,
notamment les policiers, les pompiers et le personnel
paramédical ».
C-208, Loi modifiant la Loi sur la preuve au
Canada (interprétation des dates numériques), Todd
Doherty (Cariboo-Prince George,
conservateur)
- Modifie la Loi sur la preuve au Canada afin
d'uniformiser, en cas de contestation, l'interprétation par les
tribunaux d'une date numérique.
C-209, Loi modifiant la Loi sur le
système correctionnel et la mise en liberté sous
condition (délinquants notoires), Todd Doherty
(Cariboo-Prince George, conservateur)
- Modifie la Loi sur le système
correctionnel et la mise en liberté sous condition
« afin d'exiger du Service correctionnel du Canada qu'il
communique, dans certaines conditions, les détails de la
libération d'office d'un délinquant notoire en publiant
ceux-ci sur son site Web et en avisant la victime, par écrit, de
la
communication de ces renseignements ».
S-201, Loi visant à interdire et
à prévenir la discrimination génétique, sénateur
James
S.
Cowan,
(Nouvelle-Écosse,
libéral
indépendant)
- Interdit à quiconque « d'obliger une
personne à subir un test génétique ou à en
communiquer les résultats comme condition préalable
à la fourniture de biens et services, à la conclusion ou
au maintien d'un contrat ou d'une entente avec elle ou à l'offre
de modalités particulières dans un contrat ou dans une
entente », et modifie de
façon similaire le Code canadien du travail, la Loi
canadienne
sur
les
droits
de
la personne, la Loi sur la
protection des renseignements personnels et la Loi sur la
protection des renseignements personnels et les documents
électroniques
S-202, Loi modifiant la Loi sur le divorce
(plans parentaux), sénatrice Anne C. Cools (Ontario,
indépendante)
- Modifie la Loi sur le divorce
« afin de prévoir que la demande d'ordonnance
relative à la garde ou à l'accès
présentée par les époux ou l'un d'eux en vertu de
cette loi peut inclure un plan parental énonçant les
responsabilités et l'autorité de chaque époux
à l'égard des soins, du développement et de
l'éducation de l'enfant à
charge ».
S-203, Loi modifiant le Code criminel et
d'autres lois (fin de la captivité des baleines et des
dauphins), sénateur Wilfred P. Moore (Nouvelle-Écosse,
libéral
indépendant)
- Modifie le Code criminel afin de
créer des infractions concernant les cétacés en
captivité. Il modifie également la Loi sur les
pêches afin d'interdire la mise en captivité de
cétacés, ainsi que la Loi sur la protection
d'espèces animales ou végétales sauvages et la
réglementation de leur commerce international et
interprovincial afin d'en interdire l'importation ou l'exportation.
S-204, Loi modifiant la Loi sur la gestion
des finances publiques (emprunts de fonds), sénateur
Wilfred P. Moore (Nouvelle-Écosse, libéral
indépendant)
- Modifie la partie IV (Dette publique) de la Loi
sur la gestion des finances publiques afin de
« restreindre les circonstances dans lesquelles le
gouverneur en conseil peut autoriser l'emprunt de fonds sans
approbation législative ».
S-205, Loi modifiant la Loi sur l'Agence des
services frontaliers du Canada (inspecteur général de
l'Agence des services frontaliers du Canada) et d'autres lois en
conséquence, sénateur Wilfred P. Moore (Nouvelle-Écosse,
libéral
indépendant)
- Prévoit « la nomination d'un
inspecteur général de l'Agence des services frontaliers
du Canada ayant le pouvoir de présenter des rapports et des
recommandations sur les activités de l'Agence et étant
chargé de recevoir et d'instruire les plaintes concernant
celle-ci ».
S-206, Loi modifiant le Code criminel
(protection des enfants contre la violence éducative ordinaire),
sénatrice Céline Hervieux-Payette
(Québec, libérale indépendante)
- Supprime « la justification, prévue
au Code criminel, selon laquelle les instituteurs, les parents et les
personnes qui remplacent les parents sont fondés à
employer la force pour corriger un élève ou un enfant
confié à leurs soins ».
S-207, Loi visant à moderniser la
composition des conseils d'administration de certaines personnes
morales, institutions financières et sociétés
d'État mères, notamment à y assurer la
représentation équilibrée des femmes et des
hommes, sénatrice Céline Hervieux-Payette
(Québec, libérale indépendante)
- Exige que les sociétés sous
réglementation fédérale « veillent
à ce que leur conseil d'administration soit composé d'au
moins quarante pour cent de membres de chaque sexe et que les
actionnaires puissent voter contre un candidat à un poste
d'administrateur ».
S-208, Loi instituant la Journée
nationale des produits du phoque, sénatrice Céline
Hervieux-Payette (Québec, libérale
indépendante)
- Désigne le 20 mai comme
« Journée nationale des produits du
phoque »
S-209, Loi modifiant la Loi sur les langues
officielles (communications et services destinés au public), sénatrice
Maria
Chaput
(Manitoba,
libérale
indépendante)
- Modifie la Loi sur les langues officielles
« afin d'introduire la notion de qualité égale
des communications et des services offerts dans chaque langue
officielle par les institutions fédérales »,
et « précise les lieux où les institutions
fédérales sont tenues d'offrir des communications et des
services dans les deux
langues officielles ».
S-210, Loi modifiant la Loi modifiant la Loi
sur l'immigration et la protection des réfugiés, la Loi
sur le mariage civil, le Code criminel et d'autres lois en
conséquence, sénatrice Mobina S.B. Jaffer
(Colombie-Britannique, libérale indépendante)
- Modifie la Loi modifiant la Loi sur l'immigration
et la protection des réfugiés, la Loi sur le
mariage civil, le Code criminel et d'autres lois en
conséquence « afin d'en abroger le titre
abrégé », qui était la Loi sur la
tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares.
S-211, Loi instituant la Journée
nationale de la sensibilisation à la drépanocytose, sénatrice
Jane
Cordy,
(Nouvelle-Écosse,
libérale
indépendante)
- Désigne le 19 juin comme
« Journée nationale de la sensibilisation à la
drépanocytose ».
S-212, Loi visant la promotion des langues
autochtones du Canada ainsi que la reconnaissance et le respect des
droits linguistiques autochtones, sénateur Serge Joyal
(Québec, libéral indépendant)
- « Reconnaît le droit des peuples
autochtones du Canada d'utiliser, de préserver, de revitaliser
et de promouvoir leurs langues, et énonce l'engagement du
gouvernement du Canada à préserver, à revitaliser
et à promouvoir les langues autochtones dans l'ensemble du pays
en les protégeant et en les utilisant lorsque cela est
indiqué. »
S-213, Loi modifiant la Loi
constitutionnelle de 1867 et la Loi sur le Parlement du Canada
(présidence du Sénat), sénateur Terry M.
Mercer (Nouvelle-Écosse, libéral indépendant)
- Modifie la Loi constitutionnelle de 1867
afin de prévoir l'élection du président et du
vice-président du Sénat par vote secret et de limiter le
droit de vote du président aux cas où il y a
égalité des voix.
S-214, Loi modifiant la Loi sur les aliments
et drogues (cosmétiques sans cruauté),
sénatrice Carolyn Stewart Olsen (Nouveau-Brunswick,
conservatrice)
- Modifie la Loi sur les aliments et drogues
afin d'interdire les essais de cosmétiques sur des animaux et la
vente de cosmétiques créés ou fabriqués par
un procédé comportant des essais de cosmétiques
sur des animaux.
S-215, Loi modifiant le Code criminel (peine
pour les infractions violentes contre les femmes autochtones), sénatrice
Lillian
Eva
Dyck
(Saskatchewan,
libérale
indépendante)
- Modifie le Code criminel afin d'exiger que
le tribunal, « lorsqu'il détermine la peine pour
certaines infractions violentes, considère comme circonstance
aggravante le fait que la victime soit une femme
autochtone ».
Positions réactionnaires du Canada
sur les affaires internationales
Motion de l'opposition sur le rôle
du Canada en
Irak et en Syrie
Le 10 décembre, le
porte-parole du Parti
conservateur pour les Affaires étrangères, Tony Clement,
(Parry Sound-Muskoka) a déposé la première motion
de l'opposition conservatrice à la Chambre des communes.[1] La
résolution de l'opposition demande au gouvernement de maintenir
la mission aérienne de combat des chasseurs CF-18 des
Forces armées canadiennes qui participent actuellement à
l'opération canadienne IMPACT. Cette dernière fait partie
d'une coalition de pays dirigée par les États-Unis qui
opère en Irak et en Syrie et porte le nom de Force de
stabilisation du Moyen-Orient.[2]
La résolution se lit comme suit :
« Que, étant donné que l'État islamique
a revendiqué les récents attentats survenus à
Paris, à Beyrouth et en Afrique, et qu'il a
déclaré la guerre au Canada, la Chambre : a)
reconnaisse que le moment est mal choisi pour le Canada de se retirer
de la mission de combat et de contraindre ses
alliés à assumer un fardeau plus lourd dans la lutte
contre l'État islamique ; b) rappelle au gouvernement son
obligation à l'égard de ses partenaires de l'OTAN et sa
responsabilité de protéger la liberté, la
démocratie et la sécurité des Canadiens ; c)
demande au gouvernement de maintenir la mission aérienne de
combat des chasseurs
CF-18 de l'ARC ; d) exprime sa gratitude aux membres des Forces
armées canadiennes pour leur participation à la lutte
contre le terrorisme ; e) reconfirme notre engagement à
l'égard de nos alliés de mettre fin à
l'État islamique. »
Des représentants des conservateurs, des
libéraux et du NPD ont pris la parole pour discuter de cette
motion, dont le ministre et les porte-paroles en matière
d'Affaires étrangères et de Défense nationale.
Dans ses commentaires, Clement a
réitéré le point de vue des conservateurs qui a
sous-tendu toutes les questions posées par les
députés conservateurs à la période de
questions pendant la première semaine au Parlement à
l'effet qu'en s'engageant à retirer les CF-18 canadiens dans un
avenir rapproché, les libéraux abandonnaient les
alliés du
Canada et se retiraient de la lutte contre l'EIIS. Il a ensuite
présenté la participation du gouvernement Harper au
bombardement de la Syrie et de l'Irak comme un geste de
solidarité avec les alliés du Canada dans la lutte pour
défaire l'EIIS. Il a énuméré les crimes
qu'on attribue à l'EIIS et les a liés aux meurtres qui
ont eu lieu en Californie, en
France, au Liban, en Égypte et au Yémen et en a conclu
que le Canada doit maintenir ses missions de frappes directes. Il a
ensuite parlé d'autres alliés et comment ils intensifient
leurs actions contre l'Irak et la Syrie.
« La
communauté internationale et nos
alliés ont fait front commun. Voici ce que certains des
dirigeants du monde entier, nos alliés de la coalition, ont
à dire au sujet de la lutte contre l'EIIS. Le premier ministre
du Royaume-Uni, David Cameron, a déclaré ceci :
'Les combattants du groupe État islamique ont
brutalement assassiné des otages britanniques. Ils ont
contribué à la pire attaque terroriste contre des
Britanniques depuis le 7 juillet 2005, une attaque qui a eu lieu sur
des plages de la Tunisie. Ils ont comploté de commettre des
atrocités dans nos rues. Depuis le mois de novembre de l'an
dernier,
nos services de sécurité ont déjoué pas
moins de sept complots différents contre notre peuple. Cette
menace est donc très réelle. La question est la
suivante : devrions-nous collaborer avec nos alliés pour
affaiblir et détruire cette menace et traquer ces terroristes
dans leurs régions, là où ils complotent de tuer
des Britanniques ou devrions-nous
rester les bras croisés et attendre qu'ils viennent nous
attaquer ?'
« Le président de la République
française, François Hollande, a abondamment parlé
de ce sujet. Il a dit que la France livrerait combat à l'EIIS,
ajoutant : 'Et il n'y aura dans cette action aucun répit et
aucune trêve ! [...] Il ne s'agit donc pas de contenir, mais
de détruire cette organisation [...]'
Le président Obama a dit : 'Le groupe
État islamique est le visage du mal. Notre but, comme je l'ai
dit à maintes reprises, est de réduire puis de
détruire cette organisation terroriste barbare.' La position de
nos alliés sur cette question est manifestement claire, mais,
malheureusement, le rôle du Canada, qui avait été
clairement défini par
le gouvernement conservateur précédent, est maintenant
vague et hésitant. »
Le ministre libéral
de la Défense
nationale, Harjit Sajjan, ainsi que le whip du parti libéral,
l'ancien général des Forces armées canadiennes,
Andrew Leslie, ont choisi de répondre par des questions. Ils ont
demandé pourquoi les conservateurs n'avaient pas vu venir la
menace de l'EIIS alors qu'il n'était qu'une organisation en
devenir et
pourquoi les conservateurs n'ont pas préféré que
le Canada concentre ses efforts à former des « forces
locales » dans ces pays victimes des attaques de l'EIIS afin
d'atteindre ses objectifs dans ces pays comme le Canada l'avait fait en
Afghanistan.
« Je pose la question suivante : comment
se fait-il que les dirigeants du gouvernement précédent
n'ont pas vu venir la menace alors que l'EIIS était une petite
organisation ? » a dit Sajjan.
Défendant l'intention du Canada de se concentrer
sur la formation, Leslie a demandé de manière emphatique
« pourquoi le gouvernement a décidé de ne pas
déployer des CF-18 en Afghanistan pour se concentrer
principalement sur la formation des forces locales » dans ce
pays. Leslie avait dit plus tôt que cette approche avait
produit des résultats extraordinaires.
Sajjan a ensuite expliqué comment le gouvernement
considère la question de l'EIIS et de l'EIIL, disant qu'il
fallait une réponse « militaire
multidimensionnelle » : « Les
récentes attaques à Beyrouth et à Paris appellent
une réponse concertée et le Canada va jouer un rôle
dans ce combat. Il s'agit de savoir comment
nous relèverons le défi. » Il a
ajouté :
« Pour pouvoir finalement détruire
l'EIIL et son idéologie tordue, nous aurons besoin d'une force
locale formée par des professionnels et prête à
défendre son territoire. L'EIIL représente une menace
complexe, aux interrelations multiples, et au-delà de son
pouvoir militaire il cherche à inspirer des attaques terroristes
afin de créer des
déplacements de réfugiés sur une vaste
échelle et d'intimider d'autres personnes. Ces problèmes
distincts font tous partie de la même menace, l'EIIL, mais on ne
peut pas les résoudre par le seul recours à la force
militaire. Pour contrer ces menaces, nous devons faire preuve de
souplesse et nous doter d'une approche multidimensionnelle, qui nous
permettra de continuer à lutter contre ce groupe sur de nombreux
fronts, tout en tenant compte des facteurs politiques, sociaux et
économiques qui alimentent le conflit en Irak et en Syrie. Il
s'agit entre autres d'entraver le mouvement des combattants
étrangers, de répondre aux besoins humanitaires et de
mettre fin au financement de
l'EIIL. »
Il a ensuite parlé de l'accueil au Canada des
réfugiés syriens comme faisant partie de la lutte contre
l'EIIS, liant de façon trompeuse les réfugiés aux
« musulmans » et parlant du besoin que
« nous » démontrions que les musulmans ont
leur place dans « notre société »
en les accueillant à bras ouverts. On
doit présumer, selon cette logique, que les musulmans au Canada
sont à risque d'être radicalisés et que le fait
d'accueillir des réfugiés en provenance de la Syrie va
faire contrepoids à ce risque. C'est ainsi qu'on présente
les Canadiens comme étant divisés sur la base de la
religion et que les musulmans sont pris comme cible
particulière, ce qui sert
à masquer que plusieurs pays dont la majorité des
citoyens sont musulmans ont été détruits par les
États-Unis et leurs alliés de l'OTAN.
« Nous prenons des mesures importantes
à cet égard, notamment en accueillant 25 000
réfugiés syriens. Comme le premier ministre l'a dit hier
à la Chambre, le premier groupe de réfugiés
arrivera ce soir à Toronto, et un deuxième groupe
débarquera samedi à Montréal. »
« La meilleure façon de montrer aux
musulmans qu'ils ont une place dans notre société, c'est
d'accepter ces réfugiés à bras ouverts, comme nous
l'avons fait pour les réfugiés de la mer vietnamiens dans
les années 1970 et les Kosovars à la fin des
années 1990 », a-t-il dit. Ni l'opposition ni les
médias n'ont dit que la crise des
réfugiés kosovars avait elle-même été
créée par les puissances de l'OTAN, y compris le Canada,
qui visaient à démembrer la Yougoslavie, alors que la
question des « boat people » vietnamiens a
été créée lorsque l'objectif de diviser le
Vietnam pour empêcher le peuple de diriger le pays a
échoué.
Sajjan a ensuite parlé de l'expérience du
Canada en Afghanistan : « Le changement de cap actuel (la
formation
plutôt
que
les
frappes.
Note de la rédaction)
rappelle la décision que le Canada a prise en 2011 d'interrompre
sa mission de combat en Afghanistan en faveur d'une mission de
formation. Cette nouvelle
mission, appelée opération Attention, a été
un succès tant pour le Canada que pour l'Afghanistan.
« En trois ans, nos militaires ont
formé 116 kandaks, ou bataillons, dans tous les aspects du
secteur militaire, des notions les plus élémentaires aux
techniques les plus avancées. L'expertise que nous avons acquise
au cours de cette mission, en ce qui concerne non seulement la
transmission de compétences, mais également les
meilleures
techniques pour les transmettre, correspond précisément
à ce qui est nécessaire actuellement pour lutter contre
l'EIIL. Nos forces spéciales sont plus que capables de
s'acquitter de cette mission. Elles sont constituées de soldats
qui figurent parmi les mieux formés et les plus
compétents du monde. L'augmentation du nombre de conseillers,
qui est
l'une des options proposées, nous permettra de transformer de
simples citoyens qui défendent courageusement leurs proches en
soldats de métier capables d'enrayer le fléau qui les
afflige et de l'empêcher de ressurgir. »
Par ce tour de passe-passe, Sajjan laisse entendre que
derrière la « formation » se cachent des
conseillers, et par conséquent, des forces spéciales. Les
Canadiens seraient censés croire que la formation offerte par le
Canada ne mènera pas le Canada à participer à la
guerre sur le terrain en Syrie contre le gouvernement et le peuple en
même temps que contre les forces liées à l'EIIS.
Pour boucler la boucle sur le consensus proguerre et
prochangement de régime qui semble de toute évidence
s'installer au Parlement, la porte-parole du NPD pour les Affaires
étrangères, Hélène Laverdière, a
tenu le gouvernement syrien grand responsable de la crise des
réfugiés. « Pendant le discours de mon
collègue, j'ai été frappée,
entre autres choses, par son commentaire selon lequel tous les
réfugiés que nous allons accueillir sont des gens qui
fuient le groupe armé État islamique. Mon collègue
sait-il que plusieurs, sinon la plupart de ces réfugiés
sont des gens qui fuient non pas le groupe État islamique, mais
le régime de Bashar al-Assad ? Est-il au courant, en plus,
que plusieurs membres de la coalition ne participent pas aux
bombardements ? Finalement, pourquoi est-il si convaincu que les
bombardements vont régler le problème, alors qu'il y a
tellement d'exemples, dans cette région, de conflits où
cela n'a pas mené à une solution
pacifique ? »
Laverdière s'est enlisée encore davantage
en tentant de justifier l'ingérence dans les affaires de la
Syrie en violation du droit international dans sa réponse au
porte-parole conservateur en matière d'environnement et de
changement climatique, Michael Chong (Wellington-Halton Hills), qui a
invoqué la doctrine interventionniste et
pro-impérialiste de la « responsabilité de
protéger ».
Chong a posé la question suivante :
« Dans la foulée du génocide rwandais, nous
avons vu le gouvernement libéral de l'époque, et plus
particulièrement le ministre responsable, Lloyd Axworthy, jouer
un rôle essentiel dans l'établissement de la doctrine de
la responsabilité de protéger. Il est clair que le groupe
État islamique a
commis de nombreuses atrocités, qui comptent parmi les pires et
les plus massives de l'histoire récente. Inutile de les
énumérer. Voici ma question. Si les atrocités
commises par le groupe État islamique ne suffisent pas à
convaincre le gouvernement actuel qu'il y a lieu d'invoquer la doctrine
de la responsabilité de protéger, quel genre
d'atrocités
faudra-t-il pour qu'il se décide à le faire ? S'il
n'est pas prêt à agir dans la situation actuelle, faut-il
en conclure qu'il abandonne l'approche humanitaire très
fondamentale grâce à laquelle il serait possible de
prévenir les génocides comme celui du Rwanda dans le
monde entier ? »
Ce à quoi Laverdière a répondu en
endossant la position proguerre à l'effet qu'une
résolution ambigüe du Conseil de sécurité de
l'ONU
ou à tout le moins un appui formel de l'OTAN seraient
nécessaires pour justifier les guerres d'agression qui
transgressent la Charte de l'ONU, la paix et la sécurité
internationales, comme ce fut le cas en
Libye. « En effet, il a été beaucoup
discuté d'invoquer la responsabilité de protéger.
Cela dit, il est important de se rappeler que la responsabilité
de protéger ne peut être invoquée par un pays seul.
Cette doctrine s'accompagne de critères bien définis.
Toute intervention militaire doit être autorisée par le
Conseil de sécurité des Nations unies.
La responsabilité de protéger ne peut donc être
invoquée sans une décision du Conseil de
sécurité des Nations unies. Or, dans le cas
présent, l'intervention n'est avalisée ni par le Conseil
de sécurité des Nations unies ni par l'OTAN. L'absence
d'autorisation de la part d'une organisation multilatérale
constitue est un problème de plus auquel cette
mission fait face. »
La position du NPD va sans doute s'attirer davantage de
questions de la part des libéraux et des conservateurs qui ne
manqueront pas de soulever que le Conseil de sécurité de
l'ONU a donné son appui à la guerre en Syrie.
Notes
1.Les motions de l'opposition ont
préséance sur les motions de subsides du gouvernement
lors des journées de subsides ou jours
« assignés ». Les membres de l'opposition
peuvent proposer des motions à débattre sur toute
question qui relève du Parlement du Canada, ainsi que sur les
rapports de comité touchant aux estimés. Il y a
un total de 22 jours assignés en vertu des subsides au cours
desquels l'opposition peut proposer des motions. Toute motion
nécessite un vote à moins que le parrain de cette motion
l'ait désignée comme ne faisant pas l'objet d'un vote.
2.Selon divers rapports, les libéraux se sont
seulement engagés à mettre fin aux frappes des CF-18
canadiens en Irak et en Syrie. Sont maintenus d'autres instruments des
forces aériennes qui aident les États-Unis, la
Grande-Bretagne et d'autres dans leurs frappes contre l'Irak et qui
aident aussi l'opposition au gouvernement syrien.
Le Canada n'a pas que des CF-18 dans ces pays. Il a deux
aéronefs Aurora qui effectuent des vols de reconnaissance, deux
avions de transport militaire et un aéronef de
réapprovisionnement en vol Polaris qui aident tous la coalition
à mener ses frappes contre l'Irak et la Syrie. Le gouvernement a
refusé de confirmer si ces aéronefs continueront
de survoler l'Irak et la Syrie.
« Nous ne sommes pas en mesure de
préciser exactement quelle sera notre contribution à la
coalition contre l'EIIS », a dit Tina Crouse, une
attachée de presse du ministère de la Défense
nationale dont la tâche provisoire est de répondre aux
demandes des médias au nom du bureau du ministre.
« Le gouvernement fera cette
annonce en temps voulu. »
Selon le ministère de la Défense
nationale, la Force opérationnelle interarmées en Irak du
Canada est composée « d'un personnel d'environ 600
membres des Forces aériennes du Canada » qui comprend
« la prestation de personnel de planification et de liaison
travaillant avec les États-Unis et d'autres partenaires de la
coalition, de soutien au personnel navigant, du commandement et du
contrôle et de la logistique et une force opérationnelle
aérienne ».
« Faisant partie de la Force
opérationnelle interarmées en Irak, la Force
opérationnelle aérienne en Irak (FOAI) contribue aux
opérations aériennes de la coalition contre le soi-disant
EIIS. L'étendue et le prolongement de la mission permettent aux
FAC
de frapper des cibles du soi-disant EIIS en Irak et en Syrie.
L'utilisation de puissance
aérienne contribue à la destruction de l'infrastructure
et de l'équipement du groupe, l'empêchant d'utiliser des
moyens militaires pour attaquer les forces de sécurité
irakiennes ou les ressources de la coalition.
« La FOAI compte les éléments
suivants : six chasseurs CF-18 Hornet ; un aéronef de
ravitaillement CC-150T Polaris pour appuyer les opérations
aériennes ; et deux aéronefs de patrouille CP-140M
Aurora pour contribuer aux capacités de surveillance et
reconnaissance et des éléments d'appui aux
pilotes. »
Il est fort possible que, tout comme au cours de la
troisième guerre menée par George W. Bush Jr. contre
l'Irak, le Canada fournisse des avions qui aideront les
États-Unis et d'autres forces à repérer et
atteindre des cibles ainsi que des avions de réapprovisionnement
des aéronefs qui mènent les frappes en vertu de la
logique perverse voulant
qu'une telle contribution ne fait pas partie des « missions
de frappes ».
Une position indéfendable sur les votes
aux
Nations unies sur la Palestine et
le nettoyage ethnique sioniste
- Tony Seed -
Le 24 novembre 2015, l'Assemblée
générale des Nations unies a adopté cinq
résolutions non contraignantes sur la Palestine. Le Canada a
voté contre toutes les cinq résolutions, montrant encore
une fois qu'il agit en chien de poche des États-Unis et
d'Israël et étalant encore une fois son mépris pour
les droits du peuple palestinien et le droit
international. Les seuls grands États qui ont voté contre
toutes les cinq résolutions sont les États-Unis, le
Canada et Israël.
La doctrine de la
« responsabilité de
protéger » des libéraux a été
utilisée pour entraîner le Canada dans la guerre
menée par les États-Unis contre l'ex-Yougoslavie,
l'Afghanistan, l'Irak, la Libye et maintenant la Syrie, tout en
évitant la « responsabilité de
protéger » les Palestiniens de l'occupation et des
crimes de
guerre israélien et de respecter le droit international. Elle
s'accompagne de son corollaire, que la présence militaire
à long terme au Moyen-Orient est une question de
sécurité nationale pour le Canada et que le Canada ne
doit pas « rester passif » quand « nos
alliés » sont engagés dans une guerre
d'agression. Ces guerres,
dont trois contre sur les Palestiniens au cours des neuf
dernières années, ont engendré les crises
humanitaires massives, les souffrances, les destructions et les
réfugiés dont nous avons été témoins
au cours des vingt dernières années, et que nous voyons
aujourd'hui. Ce mantra des libéraux et les
événements dramatiques entourant les
réfugiés syriens
chassés de leur patrie par une guerre civile
réactionnaire commandée, financée,
organisée et alimentée par l'étranger ne peuvent
cacher la réalité de plus cinq millions de Palestiniens,
de trois générations de Palestiniens, déjà
réfugiés et chassés de leur patrie qui se voient
refuser par la force leur droit de retour et leur droit
d'être.
Aucune attention n'est portée aux raisons qui
font que les droits des peuples à l'autodétermination,
à la souveraineté et à vivre dans la paix sont des
principes du droit international. Aujourd'hui, nous vivons une
situation inacceptable où les normes juridiques mondiales sont
bafouées intentionnellement. Il s'agit d'une politique
déterminée des
États-Unis et de l'OTAN visant à créer un droit
international parallèle que partagent les libéraux de
Trudeau.
Comité pour l'exercice des droits
inaliénables du peuple palestinien (A/70/L.10)
Extrait : « Prie le
Comité de continuer de tout mettre en oeuvre pour promouvoir
l'exercice effectif des droits inaliénables du peuple
palestinien, y compris son droit à l'autodétermination,
de contribuer à mettre sans tarder un
terme à l'occupation israélienne qui dure depuis 1967,
à concrétiser la solution des deux États, sur la
base des frontières d'avant 1967, ... »
Vote : 102 voix pour, 8 voix contre
(Australie, Canada, États-Unis, Îles Marshall,
Israël, Micronésie, Nauru et Palaos) et 57 abstentions
Division des droits des Palestiniens du
Secrétariat (A/70/L.11)
Extrait : « Considère que,
en aidant le Comité pour l'exercice des droits
inaliénables du peuple palestinien à s'acquitter de son
mandat, la Division des droits des Palestiniens du Secrétariat
continue d'apporter une contribution extrêmement utile et
constructive à la sensibilisation de l'opinion publique
internationale à la
question de Palestine, ... »
Vote : 99 voix pour, 8 voix contre
(Australie, Canada, États-Unis, Îles Marshall,
Israël, Micronésie, Nauru et Palaos) et 59 abstentions
Programme d'information spécial sur la question
de Palestine du Département de l'information du
Secrétariat (A/70/L.12)
Extrait : « Considère que
le programme d'information spécial sur la question de Palestine
du Département est très utile en ce qu'il aide à
sensibiliser la communauté internationale à la question
de Palestine... »
Vote : 155 voix pour, 7 voix contre
(Australie, Canada, États-Unis, Îles Marshall,
Israël, Micronésie et Palaos) et 7 abstentions (Cameroun,
Honduras, Nauru, Paraguay, Soudan du Sud, Tonga et Togo)
Règlement pacifique de la question de Palestine
(A/70/L.13)
Extrait : « Se déclarant
profondément préoccupée par les effets
extrêmement préjudiciables qu'ont les politiques,
décisions et activités israéliennes en
matière de colonies de peuplement, notamment sur la
continuité, l'intégrité et la viabilité du
Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est,
... »
Vote : 155 voix pour, 7 voix contre (Canada,
États-Unis, Îles Marshall, Israël, Micronésie,
Nauru et Palaos) et sept abstentions (Australie, Cameroun, Honduras,
Paraguay, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Soudan du Sud et Tonga),
Jérusalem (A/70/L.14)
Extrait : « Rappelle qu'elle a
déterminé que toute mesure prise par Israël,
Puissance occupante, en vue d'imposer ses lois, sa juridiction et son
administration à la Ville sainte de Jérusalem
était illégale et, de ce fait, nulle et non avenue et
sans validité aucune, et demande à Israël de
renoncer immédiatement à toutes ces
mesures illégales et unilatérales ; »
Vote : 153 voix pour, 7 voix contre (Canada,
États-Unis, Îles Marshall, Israël, Micronésie,
Nauru et Palaos) et 8 abstentions (Australie, Cameroun, Panama,
Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Soudan du Sud, Togo et
Tonga)
Inacceptable résolution du Canada
sur les droits
de l'homme en l'Iran
Le 19 novembre 2015, la Troisième Commission de
l'Assemblée générale des Nations unies a
adopté la résolution L.45 sur la situation des droits de
l'homme en République islamique d'Iran. Cette résolution
a été préparée et présentée
par le Canada dans le cadre des attaques au service des
intérêts géopolitiques anglo-américains de
l'État
canadien contre l'Iran visant à isoler et à
déstabiliser ce pays. Au nombre de ces attaques figurent la
rupture unilatérale des relations diplomatiques avec l'Iran le 7
septembre 2012 et l'inscription de l'Iran sur une liste
illégitime des États qui soutiennent le terrorisme.
À l'époque, un des prétextes de ces mesures
était l'accusation que l'Iran était le
plus grand contrevenant des droits humains dans le monde.
Ce comportement de voyou du Canada a
été
démontré une fois de plus le 5 novembre lorsque le Canada
a présenté sa résolution à la
Troisième Commission. C'était la 13e année que le
Canada présente ce genre de résolution à l'ONU.
Rappelons que le Canada a rompu ses relations diplomatiques avec l'Iran
en 2012 après que ce pays ait
accueilli une réunion fructueuse du mouvement des pays non
alignés qui témoignait de l'isolement du système
d'États impérialistes anglo-américains.
La Résolution L.45 est une violation flagrante de
la souveraineté de l'Iran et repose sur des définitions
de guerre froide des droits de l'homme. Comme LML le
soulignait au moment de l'examen du Canada par la Commission des droits
de l'homme des Nations unies plus tôt cette année :
« La conception des droits et des
prétendues valeurs universelles du Canada est une
création des impérialistes américains,
énoncée plus spécifiquement dans la Charte de
Paris de 1991. La Charte de Paris consiste essentiellement
à déclarer que tout pays qui n'a pas une économie
de marché, des droits humains et des élections
semblables à ceux des États-Unis et des grandes
puissances de la vieille Europe est un État paria dans lequel il
faut chercher à provoquer un changement de régime. C'est
cette définition des droits humains, qui appartient à
l'époque de la guerre froide, que le Canada et les autres pays
du système impérialiste d'États
américano-européen invoquent
pour faire des remontrances aux autres. »[1]
La résolution demande, entre autres, au
gouvernement iranien de respecter les droits des femmes et des
minorités, des opposants politiques du régime, d'abolir
la torture et autres peines cruelles, ainsi que la détention
arbitraire, des droits que l'État canadien viole en toute
impunité au Canada.
Lorsque la résolution a été
présentée le 5 novembre, le représentant de la
délégation iranienne a souligné qu'il était
regrettable que le Canada ait jugé bon de présenter cette
résolution à un moment où l'Iran venait de
conclure un accord nucléaire basé sur la diplomatie et
les négociations menées dans un esprit de respect mutuel.
Il a également
souligné que la défense des droits humains du Canada est
douteuse compte tenu de son traitement des peuples autochtones. Il a
déclaré qu'elle espérait que le nouveau
gouvernement du Canada aiderait à réparer certains des
dommages faits aux relations entre le Canada et l'Iran au cours des
douze dernières années.
Plusieurs pays dont le Nigeria, l'Équateur, Cuba,
la Biélorussie, la République populaire
démocratique de Corée, la Syrie et la Bolivie, sont
intervenus contre la résolution. Notamment, ils ont
souligné que la résolution était nuisible à
l'avancement des droits humains et qu'elle violait la Charte des
Nations unies en s'ingérant dans les
affaires intérieures d'un autre pays. Ils ont rejeté
également la politisation des droits de l'homme qui sert
à viser certains pays et à leur imposer des sanctions
alors que d'autres pays au bilan douteux en matière de respect
des droits humains sont à
l'abri. Le
représentant de l'Iran a dit que la résolution repose sur
des fabrications et des spéculations sans fondement. Il a dit
qu'il était scandaleux que certains pays co-auteurs
étaient des dictatures où les droits humains n'existaient
pas et que c'était des pays qui recrutent, abritent et arment
des terroristes qui attaquent les peuples du monde.
Il est clair que bon nombre des pays qui ont voté
en faveur la résolution ont été forcés de
le faire par les puissances anglo-américaines. Le vote de 76
pour, 35 contre et 68 abstentions montre une diminution de l'appui
à cette même résolution qui avait été
votée l'an dernier à 78 pour, 35 contre et 69 abstentions.
Les Canadiens épris de paix et de justice doivent
s'opposer à cette résolution brutale contre l'Iran. Elle
ne sert nullement la cause des droits humains. L'État canadien
qui viole les droits humains en toute impunité au pays n'a pas
la crédibilité nécessaire pour parler des droits
humains ailleurs dans le monde.
Note
1. « L'arme du Canada pour combattre et
humilier les pays qui choisissent une voie
indépendante », LML,
Numéro 32 — 15
juillet 2015.
Venezuela
Défendons la Révolution bolivarienne!
Pas
un seul pas en arrière!
- Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) -
Rassemblement des
forces patriotes à quelques
jours des élections,
à Caracas le 3 décembre 2015 (AVN)
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) exprime son appui militant aux travailleurs
révolutionnaires et au peuple du Venezuela ainsi qu'à
leurs dirigeants suite à la prise de contrôle de
l'Assemblée nationale par les forces de l'oligarchie soutenue
par les États-Unis à l'élection du 6
décembre 2015. Le PCC(M-L) réitère sa confiance
dans le processus bolivarien irréversible qui a permis au peuple
vénézuélien d'affirmer ses droits contre les
forces du privilège, de l'esclavage et du droit de monopole, qui
ont usurpé le pouvoir par la force et qui cherchent à
refaire la même chose aujourd'hui.
Le PCC(M-L) salue le Parti socialiste unifié du
Venezuela et son dirigeant, le président Nicolas Maduro, qui a
déclaré que la lutte du Venezuela pour le socialisme ne
fait que commencer et qu'il est nécessaire de reprendre au
départ la lutte pour faire échec aux forces de la
contre-révolution. « Ce n'est pas le temps de
pleurer, c'est le
temps de lutter », a-t-il dit. Le peuple
vénézuélien et ses organisations dans les
quartiers et les endroits de travail, ses collectifs, ses missions
sociales et ses partis politiques se préparent à
défendre leur révolution dans le contexte de la terreur
d'État que l'oligarchie et le capital financier
s'apprêtent à déclencher.
Le PCC(M-L) condamne la guerre économique et le
coup électoral orchestrés ces dernières
années par les impérialistes américains, les
dirigeants de la Vieille Europe et du Canada, les élites
privilégiées d'Amérique latine et leurs agents.
Ces forces annoncent avec une arrogance sans borne l'offensive qu'elles
ont en réserve contre le Venezuela
et ses travailleurs, ses femmes, ses jeunes et ses peuples autochtones.
La première chose qu'elles veulent faire est d'abroger la Loi
organique
du
travail
qui protège les droits des
travailleurs, et la Loi sur les prix justes qui
défend le peuple contre le terrorisme économique.
L'oligarchie s'est engagée à chasser le président
Maduro et à détruire la Constitution du Venezuela, qui
représente un exploit historique dans la défense des
droits du peuple.
Toute nouvelle tentative du gouvernement canadien
d'invoquer les résultats de l'élection au Venezuela pour
inciter aux divisions parmi les Vénézuéliens, pour
saper leur capacité de résoudre les problèmes de
la société dans leur intérêt plutôt
qu'à l'avantage des monopoles, doit être condamnée.
Le PCC(M-L) rejette les commentaires du ministre des
Affaires étrangères Stéphane Dion qui tente de
ressusciter la « Charte démocratique
interaméricaine » impérialiste imposée
par les États-Unis, le Canada et leurs alliés dans
l'Organisation des États américains. C'est un
prétexte pour s'ingérer dans les affaires internes du
Venezuela, pendant que l'oligarchie se sert de sa majorité au
Congrès pour essayer de saper l'ordre constitutionnel et son
caractère bolivarien.
Les peuples canadien, québécois et
autochtones ont toujours été aux côtés du
peuple vénézuélien dans leur lutte commune pour
une nouvelle direction pour les Amériques où le droit
public et non le droit de monopole sera défendu. C'est d'autant
plus le cas aujourd'hui. Notre lutte est une seule et même lutte
contre les politiques néolibérales
impérialistes et leur expression dans nos pays respectifs.
Les forces patriotiques s'engagent à
défendre les acquis de la révolution
Des résidents de Caracas participent à
des assemblées de rue pour discuter comment défendre
les gains de leur révolution le 9 décembre 2015.
Suite à la victoire du 6 décembre des
forces d'opposition réactionnaires à l'élection
législative, les forces patriotiques du Venezuela dressent le
bilan de leur défaite — la première depuis qu'Hugo Chavez
a été élu en 1998 — et veillent à ce que
les gains révolutionnaires soient défendus contre les
forces néolibérales appuyées par
l'impérialisme
étasunien.
Un appel du président Maduro à la
discussion et à l'action
Le 7 décembre, le président Nicolas
Maduro a rencontré les gouverneurs et ministres bolivariens. En
soirée, il s'est adressé au peuple
vénézuélien à la télévision
et a lancé l'appel à mettre en oeuvre toutes les
méthodes de consultation possibles pour
« consolider » le mouvement bolivarien.
Maduro a fait valoir la nécessité de la
discussion et de la réflexion pour qu'il en ressorte un plan
d'action au sein des mouvements sociaux, du Parti socialiste uni du
Venezuela (PSUV) et d'autres partis et organisations qui soutiennent la
révolution bolivarienne. « Cette oligarchie ne pourra
jamais vous représenter », a-t-il dit.
Le président
Nicolas Maduro au rassemblement électoral du Grand Pôle
patriotique le 3 décembre 2015
Le président a dit que suite à une
rencontre qui a duré toute la journée et qui s'est
penchée sur les résultats des élections, où
la coalition de l'opposition, la Table ronde d'unité
démocratique (MUD), a obtenu une majorité significative
au Parlement, son cabinet avait pris plusieurs décisions et
fixé un échéancier de mesures à prendre.
« Hier, nous avons remporté 43 %
des votes et la contre-révolution a triomphé — pour
l'instant », a-t-il dit, empruntant l'expression bien connue
de l'ancien président Hugo Chavez pour indiquer que ce recul
n'était que provisoire.
« Ils sont là pour la restauration
néolibérale de l'extrême-droite »,
a-t-il dit tout en affirmant que ce qui s'imposait était de se
mobiliser à la défense des gains révolutionnaires.
Il a appelé à un débat et à
la reconstruction du mouvement révolutionnaire parce que
« la droite vénézuélienne n'a qu'un
seul programme : détruire la révolution
bolivarienne. »
Maduro a annoncé une semaine de discussion qui
doit permettre d'en arriver à une stratégie
révolutionnaire unifiée. « L'unité doit
être l'objectif principal », a-t-il dit, ajoutant que
« personne ne doit se laisser désorienter devant
l'adversité ».
Le 8 décembre, le président a
convoqué une réunion spéciale de toutes les
organisations et de tous les partis qui constituent le Grand Pôle
patriotique (GPP), le groupe de coordination de tous ceux qui appuient
la révolution.
Le 12 décembre, il a convoqué une
réunion des conseils présidentiels du pouvoir populaire.
Ces conseils sont élus par la base et représentent les
peuples autochtones, les travailleurs, les jeunes, les femmes et
d'autres secteurs de la société.
Il a aussi convoqué une réunion de tous
les délégués du Parti socialiste unifié du
Venezuela
(PSUV) le 16 décembre à Caracas. Neuf cents
délégués se fixeront comme objectif
d'évaluer la situation, de dresser un plan et de faire des
propositions, a-t-il dit.
Maduro a fait valoir qu'il était primordial
d'élaborer un « document central pour la
révolution bolivarienne » et de créer une
commission distincte à l'Assemblée nationale, dont la
tâche serait de défendre les lois à la
défense des droits des travailleurs (Loi organique du travail)
et les mouvements sociaux et tous les gains
législatifs.
Suite à sa rencontre avec les organisations du
GPP le 8 décembre, Maduro, dans son allocution hebdomadaire, a
annoncé un remaniement ministériel imminent, et a
indiqué qu'il avait demandé à des ministres de
remettre leur démission. Il a reconnu les contributions des
ministres et s'est engagé à ce que le mouvement
socialiste
« continue à combattre avec
humilité » et à se concentrer sur les besoins
du peuple.
L'optimisme révolutionnaire prédomine au
sein des Chavistas
En dépit de cette défaite, tous ceux qui
ont versé leur sang, leur sueur et leurs larmes dans la
construction de la révolution bolivarienne refusent de
s'apitoyer sur leur sort. Le résultat de ces élections
offre plutôt une leçon à tirer, l'occasion pour le
mouvement
révolutionnaire de se renouveler et la réaffirmation de
la nécessité révolutionnaire de reprendre avec une
ardeur renouvelée le travail de masse.
TeleSUR s'est entretenu avec des personnes qui partagent
cette conclusion :
« Luciana Vazquez est la coordinatrice de la
mission Barrio Tricolor dans le district de Mamera à Caracas. Ce
programme, d'abord mis sur pied par Hugo Chavez et poursuivi par le
président Nicola Maduro, vise à transformer les
communautés et à apporter la dignité aux quartiers
par le biais de la planification et d'infrastructures. C'est
un programme qui se concentre sur la communauté, sur le pouvoir
et les prises de décisions à partir de la base. Luciana a
dit à TeleSUR que la défaite à l'Assemblée
nationale offre l'occasion d'approfondir le processus
révolutionnaire au Venezuela.
« 'Le moment est venu de radicaliser la
révolution, de travailler dans le sens de garantir une nouvelle
victoire, conformément au legs de Hugo Chavez', a-t-elle dit.
'Personne n'a dit que la voie de la construction et de la consolidation
continues de la révolution était facile, et c'est encore
moins le cas dans de telles circonstances, dans le
contexte d'un système bourgeois et capitaliste. Nous continuons
ensemble, motivés par le rêve de construire un meilleur
Venezuela socialiste. La nouvelle offensive révolutionnaire est
commencée'.
« Elle a reconnu que la situation actuelle
était difficile, et même si l'opposition a parfois
laissé entendre qu'elle ne démantèlerait pas les
missions sociales, elle s'inquiète pour l'avenir de ces
ressources. Mais pour elle, les résultats de ces
élections mettent en lumière le fait que les mouvements
sociaux doivent faire place à
l'amélioration.
« 'Nous devons examiner de plus près
nos faiblesses afin de se refaire une force au niveau de notre
organisation, de notre formation et de notre participation. Plus
particulièrement, nous devons veiller à travailler avec
une plus grande efficacité à la transformation
complète des barrios', a-t-elle dit, reprenant une citation de
Chavez :
'La lutte continue. Les barrios ne peuvent être détruits,
ils doivent être transformés'.
« Pacha Catalina Guzman travaille au sein
d'Antimantuanos, une organisation autonome qui cherche à unifier
les conseils communaux par le biais d'événements musicaux
et sportifs. Elle dit qu'elle ne s'attendait pas à ce que
l'opposition gagne autant de sièges à l'Assemblée
nationale.
« 'Par contre, nous voyons la situation moins
comme une défaite qu'une occasion d'avancer. En fait, c'est un
moment historique qui nous motive à approfondir notre travail
auprès des communautés. Nous y travaillerons avec une
motivation renouvelée', a-t-elle dit.
« Pacha a voulu souligner qu'un tel recul
politique n'est pas une défaite pour le socialisme au Venezuela.
« 'Hier le peuple a voté. Un parti
politique a gagné, l'autre a perdu, mais l'objectif est toujours
le même', a-t-elle dit. 'La nouvelle situation nous oblige
à élaborer ce qu'est le pouvoir populaire et ce que nous
avons accompli au cours de ces 15 dernières années.'
« Alors que le monde entier surveillait de
près l'élection pour y déceler une fraude ou un
quelconque scandale, les Vénézuéliens ont
voté dans le calme et de façon pacifique, et l'instance
électorale du Venezuela n'a décelé aucune
irrégularité. Pacha a affirmé que s'il est vrai
que le résultat n'est pas celui qu'on avait
espéré, le processus a
changé la perception qu'avait la communauté
internationale de la gauche au Venezuela.
« 'L'élection a été pour
nous une occasion de démontrer aux autres pays que la
démocratie existe bel et bien au Venezuela. L'élection a
été remportée par un segment qui a recours
à la violence lorsqu'il perd. En ce qui nous concerne, nous
avons perdu, nous restons calmes, et nous respectons le
résultat. Je tiens à dire que les élections
ont été une démonstration de démocratie.
Nous respectons les résultats, sans ressentiment ni violence.
Nous continuons de construire', a-t-elle conclu.
« Pierre Marais est un employé
municipal qui travaille aux missions sociales de planification
auprès des conseils municipaux. Il dit que le résultat
'surprise' incite 'à la réflexion et à l'analyse'.
« 'En ce qui me concerne, la plus importante
leçon à tirer de ces élections, c'est que les
mêmes personnes qui ont déjà voté pour Hugo
Chavez et pour Nicolas Maduro ont maintenant voté pour MUD. Pour
elles, c'était un vote de contestation', a-t-il dit.
'Peut-être que nous, chavistas, avons péché par
excès de confiance. Peut-être avons-nous mal
interprété la situation. S'il y a une leçon
à tirer, c'est que le gouvernement doit se rapprocher des
quartiers'.
« Une fois le choc initial passé, il
est temps de passer à l'action, selon Pierre. Dès demain,
nous tiendrons des discussions dans les quartiers sur les trois
thèmes : révision, réforme,
motivation. »
« 'Maintenant nous devons prendre davantage
en compte la guerre économique. Nous devons travailler plus fort
et avec une plus grande efficacité. Nous devons travailler de
plus près avec ceux qui ont voté dans le but de punir le
gouvernement, car ils ne connaissent sans doute pas les
conséquences de leurs actions', a-t-il
dit. »
Partout au Venezuela, les conseils de quartier
élus et d'autres organisations à la base se
réunissent pour examiner les résultats et décider
de comment poursuivre le travail. En 2006, le gouvernement Chavez a
adopté une loi qui habilite les citoyens locaux à former
ces conseils élus qui exercent les prises de décisions au
niveau communautaire en
faveur des intérêts du peuple. Ces organisations
populaires locales sont la pierre angulaire de la révolution
bolivarienne.
Les réactionnaires annoncent leurs manoeuvres
contre-révolutionnaires
Jorge Rodriguez, chef de la
campagne du Parti
socialiste au Venezuela, a salué la riche tradition
démocratique du pays en vertu de laquelle l'opposition a
gagné le contrôle de l'Assemblée nationale pour la
première fois en 15 ans. En même temps, il a fait une mise
en garde à l'effet que les supporters du parti ne
toléreraient aucun geste de
la part de la nouvelle assemblée visant à porter atteinte
aux gains obtenus depuis 1998.
« Le peuple a démontré que le
Venezuela est un pays de paix, qu'il a une des démocraties les
plus fortes au monde et qu'il rejette la violence », a dit
Rodriguez.
Les représentants de MUD ont annoncé
qu'ils se serviraient de leur majorité à
l'assemblée pour abolir des lois charnières telles la Loi
sur
les
prix
équitables, laquelle assure que le prix des
produits essentiels soit abordable pour toute la population, ainsi que
la Loi organique du Travail.[1]
« 'L'abolition de ce projet de loi
mènerait inévitablement à la mise à pied de
travailleurs. Nous ne le permettrons pas. Ici nous sommes un peuple de
dignité. Nous avons un président chavista et un
gouvernement révolutionnaire qui protège le
peuple », a dit Rodriguez.
Rodriguez a aussi appelé les nouveaux membres
élus de l'assemblée à respecter la constitution,
approuvée à l'époque du président Hugo
Chavez par voie référendaire en 1999 avec l'appui
d'au-delà de 70 % de la population. Henry Ramos, le
secrétaire général de l'un des partis au sein de
MUD, a déjà fait des commentaires portant
atteinte à la constitution.
Des représentants de MUD ont aussi
déclaré qu'ils tenteraient de destituer le
président Maduro en faisant peser leur majorité de
deux-tiers à l'Assemblée nationale. La constitution
vénézuélienne autorise l'Assemblée
nationale à destituer le président sans plébiscite
préalable si le deux-tiers de l'assemblée vote en ce sens.
Les forces réactionnaires ont aussi
annoncé que parmi leurs nombreux projets néfastes ils
pourraient se servir de leur majorité législative pour
adopter une « loi d'amnistie » visant à
libérer leurs homologues qui ont été
incarcérés pour activités criminelles contre le
peuple vénézuélien.
Maduro a dit qu'il compte bloquer toutes propositions en
faveur d'une loi d'amnistie et visant à libérer ce que
les forces d'opposition appellent des prisonniers politiques, tels que
le chef de l'opposition, Leopoldo Lopez, condamné à
l'emprisonnement en septembre. Lopez a été inculpé
d'incitation à la violence et de complicité dans des
crimes
commis au cours des manifestations violentes organisées en 2014
par l'opposition dans lesquelles celle-ci a érigé des
barricades — « Guarimbas » — et est responsable
de la mort de plus de 40 personnes.
« Je n'accepterai aucune loi d'amnistie,
puisque ces individus ont transgressé les droits
humains », a dit Maduro. « Ils peuvent bien
adopter toutes les lois qu'ils veulent, je maintiens que les assassins
seront jugés et ils devront payer. »
Note
1. Les lois organiques sont 1) les lois
adoptées visant à organiser les pouvoirs publics ou
à développer les droits constitutionnels, 2) les lois qui
servent de cadre normatif à d'autres lois, ou 3) les lois
enchâssées par la constitution. À l'exception de
cette dernière, tout projet de loi visant à promulguer ou
à amender une loi organique doit
d'abord être approuvé par deux-tiers de l'Assemblé
nationale et doit être soumis, avant promulgation, à la
Chambre constitutionnelle de la Cour suprême de Justice qui doit
déterminer la constitutionnalité de son statut organique.
(« Une introduction aux institutions gouvernementales
vénézuéliennes et aux sources de droit
primaires »
d'Antonio Ramirez, mai 2006)
Brésil
Procédures fallacieuses de destitution contre la
présidente Rousseff
Les mouvements sociaux du
Brésil se mobilisent pour défendre la
démocratie et s'opposer à un coup d'État contre la
présidente Dilma
Rousseff.
Une procédure de destitution contre la
présidente brésilienne Dilma
Rousseff du Parti des travailleurs (PT) a été
officiellement lancée le
3 décembre. Le prétexte de cette action est la
décision du 7 octobre de
la cour fédérale de vérification (TCU) de rejeter
les livres comptables
du gouvernement pour 2014. La décision est non contraignante et
ne constitue pas juridiquement une condamnation de quelque acte
répréhensible. La question des livres comptables concerne
les mesures
prises par le gouvernement Rousseff pour maintenir les programmes
sociaux pour les pauvres du Brésil, comme la Bolsa Familia, dans
le
cadre des difficultés économiques actuelles qui frappent
le Brésil.
L'action en destitution est une tentative d'orchestrer
un coup
d'État contre la présidente Rousseff et le PT. C'est sans
contredit un
acte de pur opportunisme politique des forces de l'opposition et de
l'aile droite du Parti du mouvement démocratique
brésilien (PMDB), qui
fait partie de la coalition gouvernementale avec le PT. Ces forces ont
fait
pression ces derniers mois pour la destitution et ont maintenant
décidé
d'agir pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le
bien-être du
peuple brésilien.
La présidence Rousseff a défendu le projet
d'édification nationale
prosocial établi par le PT sous la présidence de Luiz
Inácio « Lula »
da Silva (2003-2011) qui s'oppose au néolibéralisme et a
travaillé avec
diligence pour améliorer le bien-être de la population, en
particulier
des pauvres. Les gouvernements Rousseff et Lula font
partie du bloc important des gouvernements progressistes de la
région
qui travaillent pour l'intégration fondée sur la
coopération et
l'avantage mutuel et qui forment un rempart contre
l'impérialisme
américain et les forces de l'opposition traîtres et
réactionnaires
alignées avec lui.
Plusieurs motions de l'opposition en vue de la
destitution ont été
déposées à la chambre basse où le
président est Eduardo Cunha du PMDB.
Cunha est sous enquête par un comité d'éthique du
Congrès pour
corruption et blanchiment d'argent après qu'il ait
été prouvé qu'il
avait des comptes bancaires suisses secrets qui auraient
été mis en
place
pour recevoir des pots-de-vin. « Plusieurs accusés
dans une enquête
massive de pots-de-vin et de commissions versées dans le cadre
de
contrats gonflés avec la société
pétrolière d'État Petrobras ont
affirmé dans des déclarations en retour d'un
allègement de sentence que
Cunha a reçu un pot de vin de 5 millions $ dans le cadre de
contrats pour deux navires de forage construits pour
Petrobras », a
rapporté Reuters en septembre. Un groupe représentant
plusieurs partis
a soumis une demande formelle au comité que Cunha soit
démis de ses
fonctions. Après que le PT ait indiqué qu'il appuierait
le renvoi de
Cunha, le président a décidé d'agir contre la
présidente Rousseff
et le PT.
En réponse, la présidente Rousseff a
déclaré, « J'ai reçu avec
indignation la décision prise par le président de la
chambre basse
d'entreprendre le processus de destitution », ajoutant que
« il n'y a
pas d'acte illicite commis par moi, encore moins de soupçons que
j'aie
abusé des fonds publics ». Le PT a censuré la
décision de Cunha, qu'il a qualifiée de sans fondement et
a annoncé son
intention de demander l'annulation de la procédure de
destitution
devant le Tribunal fédéral suprême.
Rousseff a également condamné les
activités des partis d'opposition
d'aggraver la situation économique et d'isoler le PT en adoptant
des
projets de loi qui gonflent les dépenses gouvernementales afin
de faire
plus tard des accusations de malversations financières.
L'ancien président da Silva a
dénoncé l'activité de Cunha et des
partis d'opposition comme une tentative de coup d'État et a
appelé les
forces progressistes à se ranger derrière la
présidente Rousseff. Il a
qualifié le geste de Cunha d'acte irresponsable mû par la
vengeance.
Lula a souligné les réalisations du PT durant les 12
dernières années,
y
compris la création de 10 millions d'emplois, permettant
à plus de 36
millions de personnes de se sortir d'une pauvreté abjecte,
d'éliminer
la faim, de lutter contre la corruption, de développer le pays
et
donner au peuple un sentiment de dignité et de fierté.
Plusieurs autres partis politiques - le Parti socialisme
et liberté
(PSOL), le Parti démocratique du travail (PDT) et le
Réseau de
développement durable (Rede) - se sont prononcés contre
la tentative de
destitution de même que le dirigeant du PDF Carlos Lupi. Le chef
du PDF
a souligné que quelqu'un qui fait l'objet d'une enquête
pour
corruption et blanchiment d'argent n'a pas l'autorité morale
pour
chasser du pouvoir une présidente élue par un vote
populaire.
Un tiers des membres de la commission de destitution
font l'objet
d'une enquête pour activité criminelle, ce qui montre bien
le caractère
sans principe et intéressé de cette activité
sinistre.
Un tiers de ceux
qui siègent sur la Commission de destitution sont
sous enquête pour activité criminelle, ce qui montre la
nature sans
scrupules et intéressée de cette
activité néfaste.
|
Les élections des 65 membres qui formeront la
Commission de
destitution ont commencé le 8 décembre. Seuls 39 membres
avaient été
choisis lorsque le juge de la Cour suprême Luiz Edson Fachin a
suspendu
les travaux du comité spécial ce soir-là. Ce fut
en réponse à une
demande du Parti communiste du Brésil (PCdoB), de remettre en
cause la légalité de la procédure de vote secret,
adoptée par Cunha à
la Chambre des députés, laquelle selon le PCdoB a
été utilisée pour
former un comité composé de membres qui sont
défavorables à la
présidente Rousseff.
Parmi les autres manoeuvres qui se déroulent, le
vice-président de
Rousseff, Michael Temer, a indiqué de manière non
équivoque qu'il ne
défendrait pas la présidente. Pendant ce temps, Leonardo
Picciani, qui
appuie Rousseff et qui, jusqu'au 9 décembre, a été
le dirigeant du PMDB
à la Chambre basse, a été chassé et
remplacé par Leonardo
Quintao, qui est favorable à la destitution. TeleSUR souligne
que « le
PMDB, une organisation politique parapluie composée d'une grande
variété de points de vue idéologiques, est
divisée sur la question de
la destitution de la présidente Rousseff ».
TeleSUR explique également que si la commission
va de l'avant et
recommande la destitution, la Chambre des députés votera
ensuite sur
l'opportunité de commencer la destitution formelle, ce qui
nécessite un
appui des deux tiers, soit 342 voix sur 513 pour passer à la
prochaine
étape. Si ce seuil est atteint, Rousseff sera contrainte de
démissionner temporairement pendant que le Sénat
délibère sur sa
destitution. Pour que la présidente soit destituée de
façon permanente,
le Sénat aura aussi besoin des appuis des deux tiers de ses
membres,
dans ce cas 54 votes, pour voter pour sa destitution. Dans le cas
où
une procédure de destitution débuterait au Sénat,
Rousseff serait
remplacée
par le vice-président Temer.
L'absence de base juridique pour la destitution
Le 7
décembre, la présidente Rousseff a rencontré un
groupe de juristes qui
lui ont indiqué que la destitution n'a pas de fondement
juridique.
Le professeur Luiz Moreira Gomes Junior, un ancien
membre du bureau
du procureur national et professeur de droit constitutionnel a
déclaré
que « c'est évident pour la communauté
juridique brésilienne » qu'il
n'y a aucune base constitutionnelle pour la requête et que Cunha
manque
de crédibilité et de pertinence pour permettre à
la motion visant à la destituer de procéder. Moreira
caractérise la
situation comme un « coup d'État
parlementaire ».
Selon l'avocate brésilienne détenant un
doctorat en science
politique, Rosa Cardoso, le processus de destitution doit être
fondé
sur la commission d'un crime, qui fait défaut dans ce cas.
Le professeur Francisco Queiroz Cavalcanti de
l'Université fédérale
de Pernambuco a souligné que les redressements financiers
effectués par
le gouvernement ont été justifiés étant
donné la situation financière
grave que connaît le pays et le fait que la présidente ne
s'est pas
appropriée des fonds pour elle-même.
Le docteur en droit Marcelo Labanca a en outre
souligné que le seuil
de mise en accusation pour destitution « exige la fraude,
une intention
malhonnête. Aucun acte n'a été trouvé qui
pourrait amener la présidente
à perdre son mandat. La loi est manipulée à des
fins politiques »,
a-t-il dit .
Un vaste appui des mouvements sociaux et des syndicats
Le
8 décembre, les mouvements sociaux, groupes ruraux et les partis
politiques organisés dans le Front populaire ont appelé
à une action
unie pour rejeter la procédure de destitution.
Le Front populaire a annoncé une journée
nationale d'action pour le
16 décembre afin de mobiliser les mouvements sociaux et de
veiller à ce
que tout vote pour la destitution soit défait.
« Si les secteurs conservateurs veulent le
pouvoir, ils doivent
attendre jusqu'aux prochaines élections en 2018 et assurer la
consolidation démocratique, qui est en danger avec ces
tentatives
maladroites [de destitution] », a déclaré le
Front Populaire dans un
communiqué.
Le 10 décembre, les membres de la centrale
syndicale du Brésil, la
CUT, ont tenu un rassemblement pour s'opposer aux procédures de
destitution et discuter des tensions économiques et politiques
actuelles dans le pays. Durant l'événement, les
responsables ont appelé
tous les législateurs brésiliens à surmonter leurs
divergences
politiques afin
de relancer l'économie en difficulté du pays.
« Le Brésil a besoin de
tranquillité afin de reprendre son
développement économique et nous traçons la voie
du redressement en
discutant des alternatives pour surmonter la crise », a
déclaré Vagner
Freitas, président de la CUT.
Dans cette situation, le PCdoB joue un rôle
important en organisant
ses forces pour contribuer au travail de masse nécessaire pour
vaincre
politiquement la tentative de renverser le gouvernement Rousseff et
faire marche arrière sur ses gains importants. Le PCdoB est
persuadé
que le coup d'État, qui vise le Brésil et son peuple,
doit être vaincu,
qu'il n'y a pas de juste milieu dans ce combat pour la
démocratie, et
que la seule façon de surmonter la crise économique
actuelle que
connaît le pays est de préserver la stabilité
institutionnelle et la
démocratie. Le parti souligne également que le large
éventail de ceux
qui prennent position en appui à la démocratie se
développe rapidement.
Le 4 décembre, le parti a organisé un
forum de ses mouvements sociaux au siège du Comité
central à São Paulo.
La présidente du PCdoB, Luciana Santos, a ouvert
la réunion en
disant que le moment exige que les communistes fassent preuve de
l'esprit qui les caractérise, celui d'amener le débat
dans la rue.
« Notre arme principale est notre
conviction », a déclaré Santos.
« Nous avons besoin plus que jamais de l'exercer. Parler et
comparer le
gouvernement du PSDB [Parti de la social-démocratie
brésilienne] avec
la transformation que le Brésil a connue avec le processus
progressiste
de la coalition menée par Lula et
Dilma », a-t-elle exhorté.
Le secrétaire national des mouvements sociaux du
PCdoB, André
Tokarski, a proposé que les membres et les dirigeants du parti
soient
guidés par un plan de travail qui inclura la tenue de
séances plénières
dans 100 villes brésiliennes.
« A partir de ces endroits
stratégiques, le mouvement peut être
activé dans les petites villes et intégrer d'autres
secteurs tels que
les intellectuels et les mouvements sociaux afin d'éclairer et
mobiliser le peuple », a expliqué Tokarski. Il a
également proposé que
les publications du parti soient utilisées comme des instruments
importants pour fournir des éclaircissements et un soutien
matériel au
travail pour s'opposer à la tentative de destitution.
Le secrétaire national du PCdoB pour les affaires
internationales,
José Reinaldo Carvalho, a déclaré que les grandes
batailles à venir
vont exiger d'élever le niveau politique, idéologique et
organisationnel du parti et de rénover le visage des mouvements
sociaux.
« Une victoire de la droite serait
dévastatrice. Nous devons donc
sonner haut et fort l'alarme démocratique et patriotique. Il est
illusoire de penser que cette classe dirigeante va renverser cette
situation par des moyens démocratiques », a
déclaré Reinaldo.
Le 7 décembre 2015,
à Hortaleza, dans l'État de Ceará, les
activistes du PCdoB travaillent avec d'autres forces progressistes
à un
plan pour défaire le coup d'État.
Jamil Murad, président du comité municipal
du PCdoB de Sao Paulo, a
déclaré qu'il est nécessaire de faire le lien
entre les effets de la
destitution et les dommages aux intérêts du peuple.
« Nous ne nous
sortirons pas de cette situation si les travailleurs ne sont pas partie
prenante au processus », a-t-il dit.
Maria Jose Lia qui représente la
Confédération nationale des
associations communautaires (Conam), a souligné la
nécessité de
clarifier la situation pour le peuple et de le mobiliser contre la
destitution. Du matériel populaire pour le grand public serait
d'une
grande aide dans le travail, a-t-elle ajouté.
Guilherme Boulos, le coordonnateur national du Mouvement
des
travailleurs sans abri (MTST), a dit que l'aggravation de la situation
politique au pays exige de briser « le monopole des
médias au Brésil,
qui désinforme plus qu'il n'informe ».
Carina Vitral, présidente de l'Union nationale
des étudiants (UNE),
a dit que l'unité des mouvements sociaux sera essentielle pour
les
manifestations de rue. « Alors que nous sommes dans les
rues, les
forces progressistes tenteront d'arrêter la destitution au
congrès
national », a-t-elle dit.
Jamil Murad a exprimé son enthousiasme à
propos de l'unité entre les
mouvements populaires et les syndicats en lutte pour la
démocratie et
contre le coup d'État. Selon Murad, ce mouvement peut
établir une
nouvelle direction pour le Brésil.
Cuba
Séminaire à Guantanamo pour l'abolition
des bases militaires étrangères
Deux cents délégués de 30 pays se
sont réunis à Guantanamo, la province orientale de Cuba,
du 23 au 25 novembre pour le 4e séminaire sur l'abolition des
bases militaires étrangères. Le séminaire fut
organisé par MovPaz, la section cubaine du Conseil mondial de la
paix.
Les délégués ont donné leur
appui ferme à Cuba pour que lui soit rendu le territoire
occupé par les États-Unis qui couvre environ 120 km
carrés dans la province de Guantanamo et à sa demande de
fermeture de la base
navale des États-Unis ainsi que de la prison et du centre de
torture sur ce territoire cubain. La base navale à Guantanamo,
établie en
premier en 1898, est la plus vieille base américaine outre-mer.
Avec la levée du blocus économique, financier et
commercial du pays et le retrait des autres politiques injustes des
États-Unis, le retour du territoire cubain à Guantanamo
est une des demandes fondamentales de Cuba pour aller de l'avant avec
la normalisation des relations avec les
États-Unis.
L'accent lors du séminaire a également
été accordé à la situation de
l'Amérique latine et les Caraïbes en tant que Zone de paix
tel que déclaré lors du sommet à la Havane de la
Communauté d'États latino-américains et
caribéens (CELAC). Au mépris de la déclaration de
l'Amérique latine et les Caraïbes, les États-Unis
continuent d'utiliser au
moins 70 bases militaires dans la région, incluant
Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Belize, Chili, Costa Rica, Cuba,
République dominicaine, Salvador, Guyane française,
Grenade, Guadeloupe, Guyana, Honduras, Martinique, Mexique, Panama,
Paraguay, Pérou et Porto Rico. La France et la Grande-Bretagne
ont leurs propres bases dans la région
tandis que les Forces canadiennes sont présentes en
Jamaïque et en Haïti, avec d'autres pays, et ont une
présence navale permanente sous le U.S. Southern Command. Les
troupes de l'armée, la marine et la force aérienne des
États-Unis sont aussi stationnées au Canada.
Session d'ouverture du
séminaire, avec Dr. Nancy
Acosta Hernández, présidente de l'Assemblée
provinciale du pouvoir du peuple à Guantanamo
Lors de la journée d'ouverture, les
délégués ont été accueillis par la
Dr. Nancy Acosta Hernández, présidente de
l'Assemblée provinciale du pouvoir du peuple à Guantanamo
qui a expliqué l'histoire de la province et quelques uns des
effets de l'occupation américaine. Entre autres choses, les 120
km carrés occupés par les États-Unis ont
été
frappés par la pollution laissée par la machine de guerre
des États-Unis et depuis plus d'un siècle, la population
locale n'a pas accès à la baie, ses plages et son
territoire
avoisinant. Cela a limité l'accroissement de la population et de
l'économie de Guantanamo, qui a pourtant l'une des populations
les plus jeunes de Cuba et a fait de grands progrès dans
la santé publique et l'éducation.
Panneau d'affichage :
À Guantanamo, Oui nous
le pouvons !
La baie de Guantanamo est
une des plus grandes de
l'hémisphère et la deuxième plus grande à
Cuba après la baie de Nipe au sud-est de l'île. Le Dr.
Mario Montero de l'Université de Guantanamo a expliqué
aux participants au séminaire que l'occupation des
États-Unis a mené à des changements
écologiques négatifs significatifs. Par exemple,
le maintien à long terme d'une grande flotte de navires, avions
et autres véhicules de guerre génère une
énorme quantité de déchets, incluant du
pétrole, des solvants et matériaux utilisés qui
polluent les eaux. Le Dr. Montero a identifié les impacts
négatifs sur le sol, les plantes et animaux, la géologie,
l'hydrologie et l'atmosphère, les altérations du
paysage, l'épuisement des ressources halieutiques, la perte de
la culture et les établissements autochtones pour étude.
Le message des Dr. Acosta Hernández et Dr.
Montero et des autres représentants de la province aux
délégués était : Guantanamo n'est pas
une base ! Ils ont déploré le fait que le nom de
leur province et sa capitale soit devenu synonyme de la
« guerre au terrorisme » et de la
torture des États-Unis. Un gala
culturel, qui a pour thème « Mon Guantanamo n'est pas
une base navale », a eu lieu le soir du 23 novembre
où on a pu voir la culture riche et variée de la province
et de sa capitale, incluant l'influence de l'origine haïtienne
d'une grande partie de sa population. Fernando González,
vice-président de l'Institut cubain d'amitié avec les
peuples (ICAP), a ouvert l'événement.
Gala culturel : Mon
Guantanamo n'est pas une base
navale !
Le camarade José Ramón Balaguer Cabrera,
chef du Département des relations internationales du
Comité central du Parti communiste de Cuba et membre de son
secrétariat, a aussi pris part au séminaire. Le camarade
Balaguer Cabrera a réitéré que le territoire
occupé par les États-Unis « doit être
retourné à Cuba parce que c'est un
affront à la souveraineté de son peuple. Il constitue un
des obstacles les plus importants à la normalisation des
relations entre Cuba et son voisin du nord. » À cause
de cela, a-t-il dit, à Cuba la province de Guantanamo est connue
en tant que première tranchée dans la lutte contre
l'impérialisme.
Balaguer a souligné que le séminaire et la
visite à Guantanamo prenaient place dans le contexte de la
reprise des relations diplomatiques entre Cuba et les
États-Unis. « [La reprise des relations
diplomatiques] a sa base dans la fermeté indomptable que notre
peuple a maintenue depuis les 50 dernières années face
à tous les gouvernements
à Washington et leurs tentatives de défaire le processus
triomphant qui a commencé en 1959 et pour ramener le pays
à la situation odieuse avant cette date, a dit Balaguer. Ils ne
le font pas et ont été contraints de reconnaître
leur échec. Aujourd'hui commence une nouvelle stratégie,
destinée aux mêmes objectifs : renverser l'ordre
politique,
économique et social que le peuple Cubain, sans aucun mandat
externe, a choisi pour lui-même. Et ils ne réussiront pas
dans cette tentative. »
Les membres de la
délégation des
États-Unis
Parmi les autres orateurs au séminaire il y avait
María Do Socorro Gómez, présidente du Conseil
mondial de la paix et ancienne parlementaire du Brésil, Edgar
Ponce, ambassadeur de la République d'Équateur à
Cuba et Palmiro León Soria Saucedo, ambassadeur de l'État
plurinational de Bolivie. Il y avait des orateurs des États-Unis
opposés
au refus du gouvernement américain de reconnaître la
souveraineté et le droit à l'autodétermination de
Cuba. D'autres, du Japon, du Mexique et d'ailleurs, ont parlé de
la présence militaire américaine et des guerres sales
auxquelles les peuples font face.
Visite à Caimanera
Les
délégations arrivent à
Caimanera.
Le 25 novembre, des
délégués ont
visité la municipalité de Caimanera qui est adjacente au
territoire cubain occupé par les États-Unis. La
population de Caimanera est directement témoin quotidiennement
de l'occupation américaine alors qu'elle surplombe la
frontière d'occupation à son point le plus septentrional
au milieu de la baie ainsi qu'un
certain nombre d'installations américaines.
La population de Caimanera a rencontré les
délégués à leur arrivée avec des
salutations et remerciements pour être avec Cuba dans
l'affirmation que le retour de Guantanamo est une question d'importance
internationale. La population de Caimanera a montré comment elle
résiste aujourd'hui à l'occupation et défend les
gains de la révolution.
Aujourd'hui, Caimanera fournit plus de 70 % de la production de
sel de Cuba. Avec une population de 11 091, Caimanera a une
polyclinique comprenant 13 spécialistes, 12 médecins de
familles et 5 pharmaciens ; l'éducation de la garderie au
niveau universitaire ; électrification
complète ; 80 % des rues
pavées ; 14 autobus ; sept installations culturelles,
deux installations sportives et 25 autres zones de jeu. Caimanera est
à 87 % autosuffisante dans la production de légumes,
mais est limitée dans la croissance agricole en raison de la
contamination du sol. Les représentants élus et
dirigeants du Parti à Caimanera ont expliqué qu'un
des plus importants accomplissements dans la municipalité a
été un taux de mortalité infantile de zéro
durant quatre années et une espérance de vie de 78 ans.
Vue du territoire cubain
occupé par la base
navale des États-Unis
Les délégués ont visité un
belvédère à partir duquel certains sites
américains peuvent être vus au milieu des collines. On
peut aussi les voir à partir des toits de certains appartements
et autres bâtiments de la municipalité. Cela donne
à tous les visiteurs un aperçu réel de l'ampleur
de l'occupation américaine ainsi que du besoin d'exiger le
retrait
de l'armée impérialiste des États-Unis de tout
pays. Les délégués ont ensuite été
invités à un rassemblement dans une place à
Caimanera où ils ont été accueillis par une
représentante de la fédération étudiante
locale de mi-niveau, qui a affirmé que sa maison n'est pas une
base militaire et a présenté la demande du peuple que les
États-Unis
quittent.
Rassemblement et
célébration à
Caimanera
Exigeons la fin du blocus
contre Cuba maintenant!
Montréal
Piquetage jeudi 17
décembre
Le
17
décembre
2014
Cuba
et les États-Unis
ont annoncé qu'ils entamaient des négociations pour
« normaliser » leurs relations diplomatiques. C'est aussi
à cette
date que les cinq héros cubains étaient finalement tous
libérés.
Pour
souligner
cette
date
et
pour dénoncer le
blocus qui perdure, nous vous invitons à un piquetage le jeudi
17 décembre :
De
17
h
à
17
h 30 :
devant l'Église
St.James United au 463 Ste-Catherine Ouest
(près de la rue
St-Alexandre)
De 17 h 30 à 18 h :
devant le consulat des
États-Unis,
coin St-Alexandre et René-Lévesque
Organisé
par
la
Table
de
concertation de
solidarité Québec-Cuba
524 728-7222 info@solidaritequebeccuba.ca
www.solidaritequebeccuba.qc.ca/
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