Le Marxiste-Léniniste

Numéro 13 - 18 mars 2015

52e anniversaire des Internationalistes

La signification de la fondation
des Internationalistes


À la célébration du 50e anniversaire de la fondation des Internationalistes le 13 mars 2013

Dans les mots de Hardial Bains

Événements importants au Canada
14 mars: Journée d'action nationale contre le projet de loi C-51

Sortie en force pour dire Non au projet de loi antiterroriste
8 mars: Journée internationale de la femme 2015
Actions à la défense de la souveraineté et du droit d'être du Venezuela
Cuba, aujourd'hui et demain - l'ambassadeur de Cuba en visite à Halifax

Le peuple rejette le verdict sur les meurtres
commis par les policiers aux États-Unis

L'impunité policière est un crime, pas un sujet de négociation
- Voice of Revolution -

La position indéfendable du département de la Justice
Morts récentes aux mains de la police aux États- Unis
La prison secrète de Homan Square à Chicago

La lutte contre l'islamophobie en France
La nouvelle laïcité, un principe discriminatoire
au service du choc des civilisations

- Nicolas Bourgoin -


Visite du président américain en Inde
L'Inde se joint aux projets impérialistes américains en Asie

Comment garantir la paix sur la péninsule coréenne
La nécessité d'une approche équilibrée vis-à-vis les questions liées à la péninsule coréenne et l'Asie du Nord-Est
- Kim Ye Jin, chercheur, Institut pour le désarmement et la paix,
ministère des Affaires étrangères, RPDC -

Des diplomates nord-coréens à l'ONU contestent la politique hostile du gouvernement des États-Unis envers la RPDC
- Ronda Hauben -


Les dangers posés par la présence américaine au Japon
Le Japon aurait intérêt à se libérer de ses fardeaux historiques
- Commentaire de Xinhua -
Le militarisme américain et japonais en hausse


52e anniversaire des Internationalistes

La signification de la fondation des Internationalistes

« Le passé n'a de beauté que s'il existe dans la forme du présent et la révolution n'a de pertinence que si elle trouve ses adhérents dans les générations successives. »
- Hardial Bains


Il y a 52 ans, le 13 mars 1963, l'organisation Les Internationalistes était fondée sur le campus de l'Université de la Colombie-Britannique. Les Internationalistes sont à l'origine du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) qui poursuit à ce jour l'oeuvre qu'ils ont entreprise.

Les Internationalistes furent l'organisation la plus importante des années soixante au Canada, dévouée à la victoire de la révolution socialiste anti-impérialiste. Ils ont abordé le problème de l'organisation révolutionnaire comme une tâche pratique, ce qui veut dire qu'à chaque étape ils ont défini les tâches concrètes qu'il fallait accomplir dans le sens immédiat.

Ils ont établi leur programme sur la base des conditions de l'époque et ont engagé tout le monde dans l'élaboration puis la réalisation du programme dans la vie réelle. Les Internationalistes savaient précisément ce qu'il fallait faire en 1962-63 et, traduisant les paroles en actes, ils ont pu élaborer leur programme davantage. Les Internationalistes étaient conscients d'où ils voulaient amener le peuple à plus long terme, c'est-à-dire vers le socialisme, et à chaque étape les tâches étaient définies en gardant à l'esprit cet objectif. Le PCC(M-L) a poursuivi son travail de la même façon. C'est un des traits caractéristiques qu'il a hérités des Internationalistes.

Un autre trait qu'il a hérité est de puiser ses effectifs parmi ceux qui sont actifs dans le mouvement en faisant appel aux larges sections du peuple, les engageant dans le travail et encourageant les meilleurs éléments à se joindre à lui.

Pour les Internationalistes, l'idéologie et la théorie étaient également une question pratique. Ils ont rejeté l'interprétation dogmatique de la vie et ont plutôt fondé leur action sur l'analyse des conditions et de là formulé des guides à l'action pour faire avancer les choses et contribuer à la création d'une société nouvelle. C'est de cette façon que les Internationalistes et plus tard le PCC(M-L) ont pu répondre aux besoins du mouvement sur le plan de la théorie et de l'idéologie dans les conditions les plus difficiles et les plus complexes. C'est cette façon de faire qui, à ce jour, continue de donner au PCC(M-L) la théorie qui guide son action et une conception du monde large, vivante et tournée vers l'avenir, capable d'inspirer ses membres et supporteurs pour atteindre à chaque fois de nouveaux sommets.

En 1968, les Internationalistes se sont réorganisés en un mouvement marxiste-léniniste de la jeunesse et des étudiants et ont fondé le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) en 1970 comme avant-garde de la classe ouvrière sur la base théorique du marxisme-léninisme. C'est parce que le PCC(M-L) tient son caractère des Internationalistes qu'il demeure une organisation active qui s'attaque résolument aux problèmes de l'organisation pour ouvrir la voie au progrès de la société dans les conditions actuelles du repli de la révolution. Le PCC(M-L) continue d'avancer avec son travail pratique, suivant la ligne générale pour la période actuelle, en dépit de la pression qu'exerce la bourgeoisie avec ses tentatives de désinformer et de tout détruire.

À l'occasion du 52e anniversaire des Internationalistes, Le Marxiste-Léniniste rend un profond hommage à leur fondateur, le camarade Hardial Bains, et à la contribution durable qu'il a faite à la vie politique du Canada. Nous saluons tous ceux qui se sont joints au travail révolutionnaire en 1963 et qui sont encore actifs avec le Parti ainsi que tous ses compagnons de route. Le travail commencé par les Internationalistes il y a 52 ans se poursuit et se poursuivra avec la naissance de la société nouvelle dans la lutte historique pour enterrer l'Ancien et donner naissance au Nouveau.

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Dans les mots de Hardial Bains

Écrivant au sujet des Internationalistes dans la note de l'auteur du livre Communisme 1945-1991, le camarade Bains explique :

« Notre organisation, Les Internationalistes, devint le point de ralliement au moment de sa fondation le 13 mars 1963 à l'Université de la Colombie-Britannique à Vancouver. Une organisation large, elle était appuyée de différentes façons par beaucoup d'enseignants et plusieurs centaines d'étudiants. Elle n'avait pas d'idéologie quand elle a commencé, à part exprimer la l'insatisfaction ressentie par les intellectuels à l'époque et le mécontentement du peuple face aux conditions existantes. Elle rassemblait les personnes avancées et les champions de la connaissance et des idées éclairées, ceux qui voulaient changer la situation. Elle a débuté comme un groupe de discussion avec comme but explicite de répondre à l'absence d'un climat de discussion académique sur le campus. Il y avait une sorte d'anticonscience, une opinion rigide contre l'investigation, des vues qui n'avaient pas de fondement dans la vie réelle et qui entravaient le progrès de la société. Comme on peut le voir, c'était une organisation avec un but limité et un départ modeste. Pas de grandes phrases tirées des livres, pas d'idéologie qui supervise chaque action et pas d'actions démonstratives pour impressionner le monde. En fait, l'idéologie, la politique et la culture de cette organisation ont commencé à prendre forme par la suite. Son idéologie, sa ligne politique, son organisation et sa culture se sont développées dans le cours des choses.


Hardial Bains devant la Maison internationale de l'Université de la Colombie-Britannique, 1962. C'est là qu'eut lieu la réunion où furent fondés Les Internationalistes le 13 mars 1963.

« Cela ne veut pas dire que ceux qui étaient engagés dans cette organisation n'avaient pas d'idéologie. J'étais communiste et j'avais une histoire d'activisme politique qui remontait aux années quarante, tandis que la plupart des autres étaient pour ainsi dire de gauche d'une façon ou d'une autre, bien que méfiants du communisme. Ce qui nous liait était notre souci des conditions existantes, l'éducation et la culture, et le rejet du but donné à la société, le but de son existence. C'était notre dégoût immédiat de ce qui était fait au peuple en général et à la classe ouvrière en particulier, aux autochtones et aux immigrants, aux peuples et nations du monde. Avec ces idées embryonnaires et le travail de l'organisation, notre idéologie a commencé à prendre forme.

« On dira avec fierté que cette organisation est issue des conditions des années soixante, qu'elle avait un caractère de masse et qu'elle n'avait pas d'idées préconçues à sa fondation. Elle s'est épanouie sur le sol fertile du désir de changement du peuple et elle allait corroborer les conclusions tirées par Karl Marx un siècle auparavant, non pas en lisant les conclusions de Marx et en les imposant à la situation d'une façon dogmatique et religieuse, mais en se servant de ces conclusions comme guide à l'action, en bâtissant cette forme d'organisation avec un objectif qui correspond aux conditions de l'époque. Ces découvertes garantirent notre indépendance à la fois en tant qu'organisation et pour ce qui est de notre pensée. Cela devint l'ingrédient qui permit à l'organisation de s'orienter dans les situations les plus complexes et difficiles. Notre but ultime était le socialisme et le communisme, ce que nous avons proclamé à la face du monde avec la fondation du Parti communiste marxiste-léniniste à Montréal le 31 mars 1970, le parti communiste existant ayant trahi ce but final. »

Concernant la situation à l'époque, le camarade Bains écrit :

« Les années 1950 et les années 1960 en partie étaient des périodes de reprise et d'expansion du capitalisme. Les États-Unis et l'Union soviétique rivalisaient pour faire valoir la supériorité de leur système à chacun et le monde entier était tenu en otage. Aucun pays, aucune force politique ne pouvait faire valoir ses intérêts sans au préalable recevoir la sanction de l'une ou l'autre des deux superpuissances. La division bipolaire du monde était achevée. Les révolutionnaires devaient être extrêmement vigilants et prendre garde de ne pas devenir les instruments de l'une ou l'autre superpuissance, tout comme aujourd'hui les communistes doivent s'assurer de ne pas succomber aux pressions à propos de l'unité de toutes les nations avec les États-Unis comme gendarmes. Durant les années 1950 et 1960 il fallait un courage immense et des convictions profondes pour prendre position à la défense du noble idéal de la paix, de la liberté et du bien-être du peuple, pour l'abolition de l'exploitation de l'être humain par l'être humain. La même chose est requise aujourd'hui. »


Manifestation à l'Université de la Colombie-Britannique le 24 octobre 1962 durant la crise des missiles cubains, quelques mois avant la fondation des Internationalistes.

Le camarade Bains fait remarquer que « chaque époque possède les matériaux pour bâtir le nouveau, mais cette construction ne peut pas se faire de façon mécanique. La lutte entre le vieux et le nouveau, entre ce qui périclite et ce qui est en train de naître, éclate à chaque époque et les forces de classe prennent position d'un côté ou de l'autre. Les classes agissent d'une certaine façon en dépit de leur volonté. Pour que le capitalisme et l'impérialisme puissent continuer, les capitalistes et les impérialistes doivent voir à ce que la nouvelle classe, le prolétariat, et tous les exploités ne s'arment pas d'un centre de direction et de la conscience et organisation qui leur permettront de mettre fin à leurs systèmes qui causent tant de souffrances. Ils doivent proposer à la classe ouvrière des objectifs qui vont à l'encontre de ses intérêts sur le plan national et international. Le but qu'on a donné à la classe ouvrière et au peuple qui vivent sous les remparts de l'impérialisme, de rechercher la prospérité au détriment du bien-être des peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, avec la polarisation de leur propre société entre riches et pauvres, et aux dépens de l'environnement naturel, a fait beaucoup de tort aux intérêts du peuple. La base de cette prospérité est la domination du monde, qui se fait en divisant le monde sur la base de l'anticommunisme. Cela a joué un rôle négatif et mené à la rétrogression. Cela continue de faire des ravages dans le mouvement ouvrier. Les gouvernements capitalistes et leurs agences officielles et non officielles consacrent beaucoup d'efforts à perpétuer la peur du communisme pour introduire dans le mouvement ouvrier une idéologie et une politique qui le paralysent. Le prolétariat, le bâtisseur du socialisme, et tous ceux qui travaillent, les intellectuels, les professionnels, les petits fermiers et pêcheurs, trappeurs et petits propriétaires d'entreprises et les opprimés, surtout les femmes et les jeunes, doivent sortir de ce cercle vicieux. Ils doivent défendre des positions politiques dans leurs propres intérêts et s'organiser en fonction de la condition objective de leur émancipation. Alors seulement pourront-ils bâtir la nouvelle société à notre époque. Cette société sera le fruit de la lutte politique pour le pouvoir, pour qu'ils puissent organiser toute la société dans la résolution des problèmes nationaux et internationaux.

« Donc pour réitérer, le travail politique est le point de départ de l'émancipation et le rôle de l'idéologie est de le servir. Ça ne marche pas dans le sens contraire. »

Plus loin il dit : « Un nouveau monde peut être créé seulement en s'unissant dans la politique qui s'attaque aux problèmes du jour. Ce sont les mêmes qu'en 1945, la paix, la démocratie et le bien-être du peuple. Une attention de premier ordre doit être portée à la construction de cette unité. C'est dire une évidence que d'affirmer que le nouveau monde ne peut pas naître tant que les travailleurs et les travailleuses sont asservis. Seul le socialisme et sa plus grande réalisation, le communisme, sont la condition de l'émancipation complète de la classe ouvrière et des opprimés du monde tant dans le sens objectif que dans le sens subjectif. Les communistes ne doivent pas faillir dans leur responsabilité de bâtir cette unité. Ils doivent également faire un travail théorique en profondeur pour s'assurer que les leçons du passé sont mises à profit. Il est nécessaire de bâtir l'organisation de la classe ouvrière et de l'ensemble du peuple et de s'assurer que le communisme est à l'avant-garde de la société, pas seulement en théorie mais en pratique. Les communistes doivent être vus par les travailleurs et le peuple comme ceux qui défendent les idéaux de l'unité politique et qui cherchent à résoudre les problèmes sur cette base.

« Avançons sur la voie que nous inspire la vision d'un monde affranchi de l'exploitation de l'être humain par l'être humain, le rêve qui sera mille fois surpassé par la réalité créée par la libération de nouvelles forces productives humaines face à l'inconnu. Ne laissons pas de place au pessimisme. Que les travailleurs, les jeunes et les personnes éclairées s'avancent pour créer un monde nouveau. Le temps joue en notre faveur. Allons courageusement de l'avant. »

Hardial Bains, 7 octobre 1991

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Événements importants au Canada
14 mars: Journée d'action nationale contre le projet de loi C-51

Sortie en force pour dire Non
au projet de loi antiterroriste

CALENDRIER D'ÉVÉNEMENTS

Des dizaines de milliers de personnes à travers le Canada ont fait connaître leur ferme opposition à l'assaut du gouvernement Harper contre les droits en répondant à l'appel de la Journée nationale d'action contre la loi antiterroriste le 14 mars. Dans plus de 70 manifestations en un jour, couvrant toutes les provinces et les Territoires du Nord-Ouest, dans les grandes et petites villes, les Canadiens ont fait mentir les prétentions du gouvernement qu'il a l'appui du public dans cette activité méprisable.

Le rejet populaire du projet de loi, de la création d'un État policier, de la violation des droits, de la campagne de peur et de la criminalisation de la dissidence est sans équivoque. La fraude que le gouvernement se soucie de la sécurité publique a été exposée et rejetée. Les Canadiens ont affirmé leurs droits en démontrant qu'ils ne seront pas écartés des affaires politiques par la peur et qu'ils vont faire tout ce qu'ils peuvent pour défaire le projet de loi C-51 et également le gouvernement Harper aussi.

Ottawa

Plus de mille personnes d'Ottawa et de Gatineau ont manifesté devant les bureaux du premier ministre et sur la Colline du Parlement pour rejeter le projet de loi C-51 et s'opposer à l'ordre du jour du gouvernement. Y ont participé des travailleurs de la fonction publique, des travailleurs des postes, des enseignants, des retraités, des femmes, des jeunes et des Canadiens de tous milieux qui sont venus rejeter la terreur d'État et l'État policier et défendre les droits.

Un des orateurs, l'avocate des droits humains et professeure Monia Mazigh, a donné le ton à la manifestation en disant :

« Nous sommes rassemblés ici pour empêcher ce gouvernement de transformer le Canada en un État policier où nous avons tous peur les uns des autres. Où tous se méfient les uns des autres ; un pays où votre voisin, votre collègue et même votre femme ou votre mari peut être utilisé par le SCRS pour vous espionner ou vous dénoncer. Nous n'allons pas être plus en sécurité avec les nouveaux pouvoirs que le projet de loi C-51 va accorder au SCRS, c'est un leurre. En fait, ces nouveaux pouvoirs qui vont être donnés au SCRS vont permettre au gouvernement d'amasser plus d'information personnelle à notre sujet, une information qu'il peut utiliser contre nous à tout moment ; qu'il peut partager avec d'autres agences d'espionnage et dont personne ne sait comment elle sera interprétée. Si nous participons à une marche de solidarité avec les Palestiniens, nous pouvons être qualifiés de terroristes. Si nous affichons sur Facebook une critique contre les pipelines pétroliers à l'échelle du Canada, ils peuvent prendre note de notre nom et voilà qu'un agent du SCRS pourra venir cogner à votre porte. Ces choses-là sont déjà arrivées, croyez-moi.

« Si nous sommes des Premières Nations et que nous voulons empêcher les grandes entreprises de venir exploiter nos ressources naturelles sur nos terres, peut-être dira-t-on que nous portons atteinte à la sécurité du Canada », a ajouté Mazigh.

« Si vous êtes journaliste et que vous êtes en train d'interviewer quelqu'un qu'on soupçonne de terrorisme, vous pourriez être accusé de fomenter le terrorisme. C'est cela le projet de loi C-51. Je n'exagère rien. La distinction est très mince entre ce qu'on peut et ne peut pas faire. La portée du projet de loi C-51 est si vaste, la définition de sécurité nationale si vague que toute action de dissidence et de critique envers ce gouvernement peut être interprétée comme portant atteinte à la sécurité du Canada. »

« Cela va devenir tellement facile au SCRS d'obtenir des mandats de perquisition pour s'emparer de votre ordinateur et pénétrer dans votre maison. Les juges ne vont pas vous défendre, ils vont prendre le parti du gouvernement », a-t-elle poursuivi.

De nombreux syndicats ont participé à la manifestation dont l'Alliance de la fonction publique du Canada, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, l'Association canadienne des professeurs d'université, de même que des organisations de défense des droits humains, le Comité justice pour Mohamed Harkat, le NOWAR-PAIX, l'Assemblée d'Ottawa pour la paix, le Parti marxiste-léniniste, le Parti vert et le Nouveau Parti démocratique. Des copies du Renouveau ont été distribuées et plusieurs personnes ont laissé leurs coordonnées pour recevoir le bulletin par courriel.

Montréal


Quelque 500 personnes ont marché à Montréal devant les bureaux du député libéral de Papineau et chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, qui a annoncé que son parti votera en faveur du projet de loi quitte à « le changer plus tard si nous formons le gouvernement ». Au-devant de la marche, des manifestants portaient un ruban sur la bouche pour symboliser le fait que le projet de loi C-51 étouffe le droit de parole et de conscience des citoyens et veut taire toute opposition aux politiques antisociales de Stephen Harper et bâillonner la dissidence et l'expression des aspirations de tous.

Des gens de tous âges, particulièrement des jeunes, étaient présents, grandement opposés au projet de loi et à sa portée sans limite contre nos droits et contre tous. Plusieurs organisations et partis politiques étaient de la marche dont Greenpeace avec sa bannière « L'activisme n'est pas un crime », et des représentants du Nouveau Parti Démocratique, du Parti Vert, du Parti marxiste-léniniste du Canada, du Parti communiste du Québec et de Québec solidaire.

Les manifestants ont fait un parallèle entre le projet de loi C-51 du gouvernement Harper et la promulgation de la Loi sur les mesures de guerre au Québec en 1970 pour réprimer violemment et détourner le mouvement d'affirmation sociale et nationale qui remettait en cause les vieux arrangements ainsi que le vaste mouvement de syndicalisation et d'affirmation des droits des travailleurs. L'ironie était que ces mesures liberticides de 1970 étaient décrétées par le gouvernement libéral de Pierre Trudeau qui avait été élu quelques années auparavant sous l'enseigne libérale de « la société juste », de la « défense des droits individuels » et des droits des minorités.

Un intervenant a rappelé que la loi de 1970 avait signifié des arrestations arbitraires et préventives et la création d'un état de peur, ce qui peut se répéter aujourd'hui avec le projet de loi C-51. Il a fait ressortir le rôle actif que joue l'État canadien pour infiltrer les mouvements d'opposition, inciter à la violence et justifier l'intervention de la police par la suite, citant comme exemple le cas de l'agent de la GRC pris sur le fait à infiltrer les manifestations contre le G8 à Montebello en 2005 et les mesures arbitraires extraordinaires lors du Sommet du G20 à Toronto en 2010.

« Le projet de loi C51 n'est pas pour le peuple mais contre le peuple, a dit une des organisatrices, et c'est pourquoi nous sommes ici. »


Toronto



Hamilton

Kitchener

Winnipeg

Calgary

Edmonton


Vancouver

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8 mars: Journée internationale de la femme 2015

La Journée internationale de la femme a été marquée par des actions militantes dans tout le pays. Les femmes ont audacieusement affirmé leur place comme dirigeantes dans la lutte contre l'offensive antisociale néolibérale et à la défense des droits de tous. Les femmes et leurs organisations ont manifesté, discuté et partagé leur expérience acquise dans la lutte de résistance contre l'austérité antisociale et anti-nationale qu'imposent les gouvernements qui refusent de défendre les droits du peuple. Elles ont refusé d'accepter quelque limitation que ce soit dans l'affirmation de leurs droits parce que tout progrès qui est fait dans l'affirmation des droits des femmes fait avancer toute la société.

Par leurs actions, les femmes ont démontré qu'elles sont une force organisée redoutable et que le gouvernement Harper et les gouvernements provinciaux et tous ceux qui refusent de défendre l'intérêt public, dont les intérêts des femmes, vont devoir rendre des comptes. Cela comprend l'assaut sans précédent contre les droits que représente le projet de loi C-51, Loi antiterroriste de 2015, et le bellicisme incessant du gouvernement Harper au service des intérêts des impérialistes américains.

Halifax


Le rassemblement de la Journée internationale de la femme a été organisé par le Conseil du travail de Halifax-Dartmouth et du district et s'est tenu dans la place de Grand Parade en plein coeur d'Halifax. Le thème principal en était l'opposition à la violence sexuelle contre les femmes et l'accent a été mis sur les plus de 1000 femmes autochtones disparues ou assassinées de même que sur le récent scandale à l'École de médecine dentaire de l'Université Dalhousie où des étudiants ont affiché sur Facebook du matériel sexuellement violent à l'endroit des étudiantes de l'école.

Des oratrices ont aussi abordé la question des femmes travailleuses. Au non de l'Union des infirmières de Nouvelle-Écosse, Janet Hazelton a dénoncé l'hostilité du gouvernement provincial envers les syndicats de la santé. Le gouvernement libéral a annoncé récemment que les services qui sont présentement fournis par l'Ordre victorien des infirmières vont être ouverts à la sous-traitance. Il s'agit d'une privatisation de fait de ces services ce qui va affecter les infirmières et les travailleuses des soins à domicile qui sont toutes deux majoritairement des femmes.

Ville de Québec



Des centaines de femmes ont manifesté dans les rues de Québec contre le démantèlement des services publics et les attaques du gouvernement Couillard contre les conditions de vie des femmes travailleuses.

Trois-Rivières



Des centaines de femmes ont manifesté à Trois-Rivières devant les bureaux du député libéral Jean-Denis Girard.

Montréal


Près de 1000 femmes ont pris part à un forum en matinée à Montréal suivi d'une marche dans les rues du centre-ville sous le thème « Construisons le monde que nous voulons ». Des femmes de tous âges et de tous les milieux, actives dans des organisations de défense des droits et dans des partis politiques, ont marché avec bannières et pancartes qui affirmaient la défense des droits de tous comme alternative à l'offensive antisociale des gouvernements.







Les femmes de la communauté haïtienne de Montréal ont tenu une action pour dénoncer les crimes qui sont commis en République dominicaine contre les gens d'origine haïtienne.

Toronto


Plus de 1000 femmes ont participé au rassemblement et à la marche de la Journée internationale de la femme à Toronto. Elles y ont montré leur détermination à résister aux attaques qui sont perpétrées contre les femmes et le peuple par le gouvernement Harper et leur détermination également à débarquer le gouvernement Harper et changer la situation. Par leurs discours et slogans, elles ont affirmé le droit des femmes en tant que collectif à dire leur mot sur tous les aspects de leur vie, leurs corps, leurs territoires et leurs communautés, répondant à l'appel de la Marche mondiale des femmes 2015. Elles ont demandé à cet égard la tenue d'une enquête nationale sur les disparitions et assassinats des femmes autochtones et que cesse cette violence de même que toute violence contre les femmes. Elles ont aussi pris position contre la campagne de peur que mène le gouvernement Harper par le biais notamment du projet de loi C-51.

Un contingent d'aides-enseignants de l'Université de Toronto a participé au rassemblement qui se tenait d'ailleurs à l'Université. La manifestation a mis de l'avant des demandes pour un réseau national de garderies, pour la défense des droits des réfugiés et pour un statut pour les travailleurs temporaires étrangers. Un imposant contingent de travailleurs des postes s'est joint à la marche alors qu'elle approchait de l'Université Ryerson et les travailleurs ont demandé que cessent les attaques contre le service postal public et les travailleurs qui le dispensent.





Edmonton

Près de 300 femmes et leurs alliés ont célébré la Journée internationale de la femme le 8 mars à Edmonton par une manifestation et un forum. Des femmes de tous les secteurs de l'économie y sont venues affirmer leurs droits, le droit à la santé, à l'éducation, à des services sociaux et aux autres services publics. On comptait parmi elles des travailleuses des postes et de la construction, surtout des menuisières. L'organisation Migrante, qui défend les droits des travailleurs migrants, a organisé un contingent militant de femmes et d'hommes qui sont des travailleurs temporaires étrangers et dont plusieurs étaient du secteur de la restauration rapide. La Fédération du travail de l'Alberta et le Conseil du travail d'Edmonton et du district et des affiliés comme le Syndicat des employés de la fonction publique de l'Alberta et la section locale 1325 du Syndicat des menuisiers étaient de la partie avec drapeaux et bannières.

Un sujet de discussion était la déclaration arrogante récente du premier ministre de l'Alberta demandant aux Albertains de se « regarder dans le miroir » pour voir qui est à blâmer pour les problèmes économiques de l'Alberta et disant que le peuple avait fait la belle vie pendant trop longtemps.

« Nous regardons dans le miroir, a dit Peggy Morton qui était maître de cérémonie pour l'occasion, et ce que nous voyons ce sont des femmes qui sont opposées à l'austérité. Nous voyons des femmes qui disent plus jamais des femmes autochtones qui disparaissent ou se font assassiner. Fini les attaques contre les services publics et les travailleurs qui les dispensent qui en majorité sont des femmes. Nous voyons des femmes qui se battent pour l'immigration et non la déportation et pour les droits et un statut pour tous. Nous voyons des femmes qui disent non au projet de loi C-51 et aux attaques à nos droits civils, non à la campagne de peur et à l'islamophobie. Nous voyons des femmes qui défendent nos droits comme femmes, travailleuses et êtres humains qui ne peuvent ni être accordés ni retirés par les Prentice et Harper de ce monde. »

Les actions de la journée ont été marquées par la détermination à renforcer le combat pour défaire l'ordre du jour d'austérité de Prentice/Harper dont l'impact le plus fort est sur les femmes. Toute la journée a été marquée de l'esprit de combattre tous et toutes ensemble, comme on l'a vu avec force quand les orateurs ont scandé « Plus jamais le vol de nos soeurs ! », « L'immigration, pas la déportation ! » et « Non à l'austérité ! ». On a aussi salué la contribution importante des femmes à la lutte contre la participation du Canada aux guerres d'agression et contre les attaques aux droits civils et politiques.




Calgary

Vancouver


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Actions à la défense de la souveraineté
et du droit d'être du Venezuela

Des gens de tous les milieux se mobilisent pour dénoncer l'ingérence du gouvernement des États-Unis au Venezuela pour saper le gouvernement qui y a été élu démocratiquement sous prétexte de défendre les droits humains et les libertés démocratiques. Les impérialistes américains et les médias monopolisés répètent sans la moindre honte les mensonges éculés à propos du Venezuela dans le vain espoir de duper le monde. Il est également honteux que le gouvernement du Canada et les députés fédéraux qui aiment prétendre être les défenseurs des droits restent silencieux devant cette violation flagrante du droit international et des droits humains, du droit des Vénézuéliens de décider démocratiquement de leurs affaires.

Le Marxiste-Léniniste lance l'appel à tous de continuer les manifestations, conférences de presse et assemblées publiques pour contrer cette désinformation et défendre la souveraineté du Venezuela, le peuple vénézuélien et sa révolution bolivarienne.

Panel sur la démocratie et les droits humains à Ottawa


Il y a eu une conférence sur la démocratie et les droits humains au Venezuela le 12 mars à Ottawa avec la participation de Wilmer Omar Barrientos Fernandez, ambassadeur de la République bolivarienne du Venezuela au Canada. L'événement a suscité beaucoup d'intérêt et la salle était comble. La rencontre a débuté avec la projection du film Carbon Copy : The Economic War in Venezuela, qui fait un parallèle entre l'expérience du Venezuela et les manoeuvres économiques qui ont précédé le coup d'État sanglant soutenu par les États-Unis au Chili le 11 septembre 1973.

Le premier conférencier, le professeur Jorge Sorger, est un Vénézuélien vivant au Canada depuis de nombreuses années et ancien professeur de biologie à l'Université MacMaster. Il a parlé de son enfance au Venezuela et de l'extrême pauvreté que lui et les siens ont connue : la malnutrition, le manque de logement adéquat, un taux élevé de mortalité infantile, etc. La vaste majorité des Vénézuéliens vivaient dans une grande pauvreté, sans perspective, mais la Révolution bolivarienne a changé tout cela et a donné aux citoyens une place d'honneur dans la société. Il a expliqué qu'auparavant l'économie n'était qu'un moyen pour certains de s'enrichir en servant les intérêts américains plutôt que le moyen de pourvoir aux besoins de la population. Il a expliqué que les institutions démocratiques du Venezuela ont des racines profondes et que tous les citoyens font partie de conseils de quartier où ils décident des priorités sur la santé, l'éducation et les infrastructures pour satisfaire leurs besoins.

L'orateur suivant était le journaliste Sam Heaton qui a expliqué comment on tente de justifier l'intervention américaine et canadienne et les tentatives de coups d'État au Venezuela à l'aide de définitions impérialistes anglo-américaines des droits. Le concept de droits promus par les impérialistes américains, le Canada et l'oligarchie est celui qui a été imposé par la Charte de Paris de 1991 qui affirme que tout pays qui n'a pas une économie de marché, des droits de la personne et des élections de type qui convienne aux États-Unis est un État paria qui a besoin de changement de régime. Cette définition sert à combattre les pays qui bâtissent le socialisme, qui est la condition permettant de garantir les droits du peuple et l'aspiration de la Révolution bolivarienne. Il a fait remarquer que l'exigence d'élections multipartites comme condition pour être considéré comme un pays démocratique est problématique pour les États-Unis parce qu'ils se retrouvent avec des dictatures partout dans le monde, tandis qu'au Venezuela tout est fait démocratiquement et les États-Unis n'aiment pas les résultats.

Ce dont les États-Unis, le Canada et l'oligarchie vénézuélienne parlent, ce n'est pas des droits mais des privilèges, a dit Sam Heaton. Il a souligné que c'est le gouvernement vénézuélien qui défend la primauté du droit, tandis que les forces antibolivariennes l'attaquent puisqu'elle n'est plus basée sur leurs privilèges d'antan. Il a fait un survol de l'histoire de l'intervention et des activités anti-diplomatiques du Canada au Venezuela, y compris la récente nomination de Ben Rowswell comme ambassadeur.


L'ambassadeur Barrientos tient une copie de la Constitution du Venezuela.

Le dernier conférencier était l'ambassadeur Wilmer Omar Barrientos Fernandez qui a présenté une étude en profondeur de l'État vénézuélien et des progrès qu'il a réalisés sur les plans social, économique, politique et culturel avec la Révolution bolivarienne. Il a montré comment les gains de la révolution sont attaqués par le sabotage économique et a donné des preuves que les forces de l'opposition accumulent des biens de consommation et les gardent en réserve pour essayer de saboter la production et la distribution. Il a expliqué que, pour la première fois dans l'histoire du Venezuela, la Révolution bolivarienne a investi les revenus du pétrole dans la santé et l'éducation et les Vénézuéliens ont accès à tous les produits de première nécessité qui n'étaient auparavant accessibles qu'aux classes supérieures. L'ambassadeur a demandé pourquoi ces statistiques ne sont pas citées dans les médias qui s'efforcent de présenter un tableau sombre de la situation au pays. Il a invité les gens à aller au Venezuela et voir de leurs yeux. Dans les années 1980, quand les prix du pétrole se sont effondrés, le peuple n'avait aucun appui du gouvernement et il y a eu des émeutes qui ont fait beaucoup de morts. Les difficultés économiques présentement causées par le sabotage et la chute des prix du pétrole n'ont pas créé une situation de famine et il n'y a pas d'émeutes en dépit de la pénurie de certains aliments. Malgré les difficultés, a dit l'ambassadeur, les Vénézuéliens appuient la révolution et sont résolus à surmonter tous les obstacles.

L'ambassadeur a dit qu'il était heureux de la présence de nombreux Vénézuéliens à la conférence. Il a expliqué qu'il faut se méfier des diversions et dit que les Vénézuéliens qui se soucient de l'avenir de leur pays doivent s'engager dans la résolution des problèmes et contribuer à bâtir l'unité. Il a donné de nombreux exemples de désinformation et de mensonges de la part des forces soutenues par les États-Unis dans leurs tentatives de renverser le gouvernement démocratiquement élu. Il a également réfuté les dires de représentants de l'opposition qui ont été reçus au parlement canadien.

L'ambassadeur Barrientos a parlé de son enfance dans un quartier ouvrier et expliqué qu'il était difficile de s'instruire à cause du manque de transport scolaire. Cela l'a motivé à créer des possibilités pour les travailleurs et les pauvres au Venezuela et aujourd'hui des millions de personnes sont inscrites dans les universités. Il a également parlé de son expérience comme compagnon d'arme du défunt président Hugo Chavez dès 1992 et raconté comment lui et Chavez avaient accepté de rencontrer les représentants de l'opposition pour empêcher la division du pays par l'impérialisme américain.

Les présentations ont été suivies de discussions animées où les participants ont posé plusieurs questions, certains contestant les dires de l'ambassadeur et d'autres le remerciant d'être venu. L'ambassadeur a donné à tous la chance de dire ce qu'ils avaient à dire et a ensuite répondu systématiquement à toutes les questions.

Manifestation contre les sanctions américaines à Ottawa


La journée précédant la conférence il y a eu une manifestation dans les rues d'Ottawa pour condamner les sanctions annoncées par les États-Unis le 9 mars et appuyer la Révolution bolivarienne. La manifestation a commencé devant les bureaux du premier ministre où des orateurs ont dénoncé l'ingérence du Canada et son appui à des personnages controversés de l'« opposition » au Venezuela.

Les manifestants ont scandé : « Yankee Go Home ! » et « Levez les sanctions ! » et ont décidé de se rendre à l'ambassade américaine, promettant d'y revenir régulièrement, tant que l'impérialisme américain continuera de menacer la République bolivarienne.


Conférence de presse au Centre culturel Simon Bolivar à Montréal

Le 12 mars, une conférence de presse a eu lieu au Centre culturel Simon Bolivar à Montréal où il a été question de la situation actuelle au Venezuela, de l'agression américaine et de la désinformation au sujet de ce qui se passe dans ce pays.

Manifestation d'urgence à Vancouver

Plus d'une centaine de personnes se sont rassemblées au Musée des beaux-arts de Vancouver le 10 mars pour exprimer leur opposition aux plans d'intervention au Venezuela annoncés la veille par le président Obama.

Les participants, dont beaucoup provenaient d'autres pays des Amériques, ont scandé à l'unisson : « Yankee Go Home ! »

« C'est une menace pour tous les pays, pas seulement le Venezuela. Le gouvernement américain doit respecter la souveraineté de tous les pays », a dit un participant.

« Comment le gouvernement américain peut-il imposer des sanctions au Venezuela pour soi-disant violation des droits de la personne alors qu'il appuie le gouvernement du Mexique où des étudiants sont tués et disparus ? », a demandé une jeune Mexicaine.

À la fin de la manifestation, les organisateurs ont convié tout le monde à rester vigilant face aux développements au Venezuela et dans les Amériques.

(Sources : Consulat du Venezuela à Vancouver. Photos : LML, Ambassade du Venezuela, HCPDF)

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Cuba, aujourd'hui et demain: un aperçu de l'avenir de la révolution cubaine

L'ambassadeur de Cuba en visite à Halifax


Le 11 mars, Son Excellence Julio Garmendia Peña, ambassadeur de Cuba au Canada, a commencé une visite de deux jours en Nouvelle-Écosse par une réunion publique à la faculté de droit Schulich de l'Université Dalhousie.

L'ambassadeur s'est adressé à un important auditoire d'environ 90 personnes sur les défis et développements actuels auxquels fait face Cuba, en particulier la signification des mesures prises pour établir des relations diplomatiques complètes entre Cuba et les États-Unis ainsi que les autres obstacles sur la voie de la normalisation effective des relations entre les deux pays. Après la présentation, l'ambassadeur a répondu pendant une heure à des questions touchant de nombreux aspects de son discours.

Lors de sa deuxième visite à Halifax, l'ambassadeur a mis l'accent en particulier sur les relations chaleureuses entre les populations de la Nouvelle-Écosse et de Cuba et l'état des relations Canada-Cuba à l'occasion du 70e anniversaire de leur établissement en 1945. L'ambassadeur a également discuté des consultations démocratiques de masse qui ont lieu partout à Cuba dans lesquelles le peuple est appelé à donner une orientation aux mesures économiques en cours pour une mise à jour du modèle économique cubain afin d'assurer une société socialiste prospère et durable pour l'avenir.

Le 12 mars il a donné une entrevue dans le cadre de l'émission CBC Morning Show. L'ambassadeur a également rencontré le premier ministre de la Nouvelle-Écosse Stephen McNeil et le maire de Halifax, Mike Savage.

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Le peuple rejette le verdict sur les meurtres
commis par les policiers aux États-Unis

L'impunité policière est un crime,
pas un sujet de négociation


Le 4 mars dernier, le département de la justice des États-Unis (le DoJ) a annoncé qu'il ne poursuivra pas en justice Darren Wilson, le policier qui a tué Michael Brown, le jeune adolescent afro-américain sans arme, à Ferguson. Cette décision fait suite à la décision similaire de ne pas poursuivre Wilson qui a été prise par le procureur local. En même temps qu'il rendait sa décision, le DoJ a émis un rapport qui expose clairement le racisme systémique qui sévit au département de police de Ferguson. Bien sûr, aucun lien ne sera établi entre ce racisme systémique et l'affirmation de Wilson qu'il a craint pour sa vie quand il a eu devant lui un adolescent afro-américain sans arme.

Quand la police tue quelqu'un, les procureurs du département de la Justice doivent prouver, s'ils veulent porter des accusations au fédéral, que le policier a sciemment et délibérément violé les droits civils constitutionnels de la personne qui a été tuée ou violentée lorsque le meurtre ou l'assaut ont été commis. Cela veut dire qu'il faut démontrer qu'un usage « déraisonnable » de la force a été fait ou que la victime a été attaquée sur une base raciste.

Le Département parle « d'un seuil élevé » avant que des poursuites puissent être entamées et il utilise cela comme prétexte pour permettre la brutalité policière et les meurtres d'Afro-Américains, de Latinos et de jeunes en général à l'échelle du pays. D'autres jeunes ont été tués par la police depuis le meurtre du jeune Brown en août 2014, dont un jeune non armé de 12 ans et un jeune de 19 ans le 6 mars dans sa maison à Madison. Comme ces meurtres l'indiquent, le « seuil » est très bas quand il s'agit pour la police de justifier l'usage de la force contre les jeunes et les minorités nationales. Wilson, et la police en général, n'ont qu'à dire qu'ils craignaient pour leur vie. Il est indéniable que cette peur faire partie de la culture raciste et militariste qui veut que le simple fait d'être un homme noir fait de vous une menace.

Le policier Wilson, armé jusqu'aux dents et protégé, notamment par une voiture de police et du renfort qui s'en venait, a fait feu 12 fois sur un adolescent non armé qui se tenait à une bonne distance de lui. C'est évident qu'il avait d'autres options. Il n'est pas obligé de les utiliser. Il n'a pas à subir un procès contrairement à toute autre personne qui fait feu sur quelqu'un non armé et le tue. En plus de cela, le fait d'avoir tiré 12 fois serait probablement considéré comme une intention malveillante et donc un meurtre au premier degré. Contrairement aux civils, les policiers n'ont pas à prouver que la menace était réelle. Une peur « raisonnable » est une raison suffisante.

C'est à ce deux poids deux mesures et à ce racisme rampant et bien documenté de l'État, des plus hauts aux plus bas échelons, que les Américains demandent qu'on s'attaque. On le voit dans la prise de position « La vie des noirs compte » et dans les manifestations qui se tiennent en ce moment à Ferguson et dans tout le pays. C'est un crime de la part du DoJ que de sanctionner cette impunité et ce racisme de l'État. Le DoJ doit rendre des comptes de ses actes tout comme les départements de police et les individus qui commettent ces meurtres.

Ces meurtres sont une composante de la culture militaire qui est répandue parmi la police locale par le DoJ et le Pentagone. En font partie l'approche militaire préemptive du viser pour tuer et le traitement des jeunes comme des ennemis. Est-ce un hasard que le président Obama qualifie tous les jeunes hommes de 15 à 35 ans de « combattants » et que la police voit dans les jeunes afro-américains et latinos une « menace » à leur vie ?

Dans son rapport sur Ferguson, le DoJ mentionne que dans 88 % des cas où la police de Ferguson rapporte avoir fait usage de la force, c'était à l'endroit d'Afro-Américains. Tous les exemples de morsures par des chiens policiers ont impliqué des Afro-Américains. Selon le rapport, des infractions mineures à la circulation ont été utilisées pour criminaliser, mettre à l'amende et en prison des Afro-Américains. Par exemple, entre 2011 et 2013, 95 % des personnes qui ont été accusées « d'avoir traversé la rue de manière imprudente » sont des Afro-Américains et il en est de même de 94 % des personnes qui ont été accusées de « refus d'obtempérer ».

En réponse à ce racisme systémique, le DoJ va maintenant entreprendre des négociations avec le département de police de Ferguson afin « d'améliorer » la situation. Une fois de plus, les recommandations sont d'améliorer la formation et la supervision et les « tactiques » d'intervention. Une « entente » négociée de la sorte existe à Cleveland où le jeune de 12 ans non armé Tamir Rice a été tué par la police deux secondes après qu'elle soit arrivée sur les lieux. Une entente du genre existe aussi à Los Angeles, ce qui n'a pas empêché le meurtre, le premier mars dernier, d'un Afro-Américain.

La culture raciste militariste et le traitement des jeunes et des minorités nationales comme des criminels et une menace ne disparaîtront pas par des négociations. Le problème en est un de racisme de l'État et d'impunité sanctionnée par l'État pour le meurtre, la brutalisation et la torture de civils non armés. Le DoJ et le Pentagone jouent un rôle criminel et ce sont eux en premier lieu qui doivent rendre des comptes. Leur rôle se voit non seulement à leur refus de mener des poursuites dans les cas de meurtres policiers mais également à leur refus de prendre action tout de suite face à la preuve flagrante de torture et de détention sans accusation par la police de Chicago à la prison secrète de Homan Square.

Alors que les manifestations et les actions se poursuivent, on doit continuer à défendre les droits de tous et à demander des comptes au gouvernement fédéral et aux agences de police à tous les niveaux.

* Voice of Revolution est une publication de l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis. Traduction : LML

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La position indéfendable du département de la Justice

Comme s'y attendaient ceux qui connaissent l'histoire et le genre d'enquêtes du département de la justice, le procureur général Eric Holder a annoncé qu'il n'entamera pas de poursuite contre Darren Wilson, le policier qui a tué un adolescent non armé à Ferguson. Selon Holder, « les faits ne justifient pas des accusations au criminel contre l'officier Darren Wilson dans ce cas ». « La mort de Michael Brown, a-t-il dit, bien qu'une tragédie, n'a pas impliqué de comportement de la part de l'officier Wilson qui mérite une poursuite. »

Selon le rapport, l'affirmation de Wilson que Brown « représentait une menace » est valide. « Il n'y a pas de preuve crédible, poursuit le rapport, que Wilson aurait délibérément fait feu sur Brown alors que celui essayait de se rendre ou ne constituait pas une menace. » Les enquêteurs fédéraux, tout comme le procureur local, ont écarté les témoignages à l'effet que Brown ne constituait pas une menace au moment où il a été tué comme des déclarations non fiables de témoins oculaires.

On dira bien sûr qu'un jeune homme sans arme à plus de 130 pieds constitue une menace pour un policier bien entraîné qui attend incessamment du renfort. Même si on utilise la fausse distance que la police a invoquée, soit 35 pieds, c'est certainement une distance suffisante pour rendre inutile l'usage de la force. Au lieu de cela, le rapport du DoJ entérine la version des événements de Wilson, notamment qu'il « avait un motif raisonnable de craindre pour sa vie ». Sa confrontation avec Brown et le fait qu'il ait tiré 12 fois sur lui en 2 minutes ne constituerait pas un usage déraisonnable de la force.

Holder a également annoncé que l'enquête du DoJ sur le département de police de Ferguson a révélé « un comportement discriminatoire systémique ». De nombreux faits et exemples sont donnés qui démontrent un racisme systémique à l'oeuvre au sein du service de police.

Entre 2012 et 2014, 93 % des gens qui ont arrêtés sont des noirs. Dans 88 % des cas où la police de Ferguson a rapporté un usage de la force, c'est contre des Afro-Américains qu'elle a été exercée. La police de Ferguson n'a cessé d'accuser des Afro-Américains pour les infractions les plus mineures, leur faisant payer des amendes de centaines de dollars qui représentent 20 % du budget de la ville.

C'est significatif que Holder ait aussi dit qu'il est prêt à démanteler le département de la police de Ferguson. Cela nous indique que les conclusions du rapport, loin de servir à éliminer le racisme et la violence de l'État, vont être utilisées pour la prise de contrôle au niveau fédéral de la police locale. Alors que le gouvernement fédéral travaille à mettre sous contrôle fédéral la police locale et d'État, des rapports comme celui sur Ferguson servent à justifier cette prise de contrôle. Déjà, par le biais du Groupe de travail conjoint sur le terrorisme du FBI, les mécanismes conjoints fédéraux/locaux d'application des politiques envers les immigrants, les exercices conjoints des forces de police lors de manifestations telles celles contre l'OTAN et le G-20, le gouvernement fédéral est en train d'intégrer les polices locales, d'État et de comté sous son commandement. La prise de contrôle par l'État ne règle rien. Elle ne fait que militariser davantage l'activité de police et exclure le public de la gouvernance, surtout au niveau local.

(Voice of Revolution / Traduction : LML)

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Morts récentes aux mains de
la police aux États- Unis


Lors d'un point de presse tenu le 9 mars dernier, le chef de la police du comté de DeKalb Cedric Alexander a dit qu'un homme noir sans arme qui marchait nu devant un immeuble d'appartements à Atlanta a été tué par un agent de la police locale.

Cet homme de 27 ans, du nom de Anthony Hill, a été tué par un officier de police qui répondait supposément à des appels selon lesquels un homme nu, apparemment « dérangé » mentalement, cognait aux portes et courait dans la rue. Cette information a été confirmée plus tard par une vidéo amateur montrant Hill courant nu qui a été massivement reproduite sur les médias sociaux. Hill y apparaît complètement nu et sans arme.

Selon le chef de police, un officier présent sur les lieux a vu Hill dans le stationnement et dit que l'homme a couru vers lui. « L'officier lui a demandé de s'arrêter, tout en courant à reculons, a tiré son arme et fait feu deux fois », a dit Alexander.

Des témoins et la petite amie de Hill ont nié que Hill représentait une menace, disant que l'homme était manifestement sans arme et avait les mains en l'air lorsqu'il s'est dirigé vers le policier.

Les autorités ont dit avoir essayé de venir en aide à Hill mais que celui-ci est mort après avoir reçu une balle à la poitrine. Alexander a également dit que l'officier de police qui l'a tué est un vétéran qui est au service de police depuis 7 ans et est blanc.

Ce cas, qui a été confié au bureau des enquêtes de Géorgie, s'ajoute à une série d'incidents similaires où des officiers de police blancs ont tué des hommes noirs non armés depuis un an aux États-Unis. Ces événements, dont font partie le meurtre de Eric Garner à New York et de Michael Brown au Missouri continuent de susciter des manifestations à l'échelle des États-Unis et un débat très intense sur le racisme des forces de police.

Les noirs aux États-Unis sont plus susceptibles de se faire tirer dessus, d'être arrêtés et incarcérés par la police que n'importe quelle autre section de la population

Juste ces 5 dernières semaines, au moins 5 personnes ont été tuées ou blessées gravement par la police aux États-Unis :

- le 26 janvier 2015, Jessie Hernandez, 17 ans, a été tué par la police de Denver qui a tiré 18 fois sur lui alors qu'il était assis dans sa voiture ;

- le 4 février 2015, Yuvette Henderson, 38 ans, mère de 2 enfants, a été tuée par la police d'Emervyille qui a fait feu 7 fois sur elle ;

- le 6 février 2015, Sureshbhai Patel, 57 ans, grand-père d'origine indienne, a été partiellement paralysé par la police de Madison après qu'un voisin l'ait pris pour un « homme noir très maigre » ;

- le 10 février 2015, Antonio Zambrano-Montes, 35 ans, a été blessé à mort 12 fois par la police de Pasco alors qu'il avait les mains en l'air ;

- le 1er mars 2015, Africa, un homme qui vivait dans le quartier de Skid Row à Los Angeles, a été blesse à mort par au moins 5 coups de feu tirés par la police de Los Angeles

(TeleSUR, ColorofChange.org)

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La prison secrète de Homan Square à Chicago


Manifestation devant la prison de Homan le 28 février 2015

Dans une série d'articles récents parus dans le quotidien britannique The Guardian, il est question des abus qui se produisent à la prison Homan Square de Chicago, un centre d'interrogatoire des unités spéciales de la police. Alors que la torture et la brutalité policière sont chose commune à Chicago et ailleurs, HOman Square est connu comme une «prison secrète parallèle» où peuvent «disparaître» ceux qui y sont amenés. La détention sans accusation y est chose commune. La détention de gens pendant des heures et des jours, menottés en positions douloureuses, puis leur libération sans que des accusations ne soient portées sont aussi chose commune. La majorité des gens qui y sont amenés sont des Afro-Américains et des Latinos et des activistes politiques.

On parle entre autres dans ces articles de ce qui y est arrivé à des manifestants anti-OTAN. En mai 2012, des manifestants sont venus de tout le pays à Chicago pour dénoncer le sommet de l'OTAN et les guerres menées par les États-Unis. Douze personnes ont été arrêtées. Plutôt que d'être amenées au poste de police, elles se sont retrouvées au Homan Square. Un des activistes arrêtés a décrit comment, plutôt que d'être accusé et de pouvoir appeler son avocat, il a été photographié dans le cadre de la collecte d'une « banque de données biométriques », placé dans une cage et menotté à un banc.

On ne lui a jamais lu ses droits Miranda avant de procéder à son interrogatoire qui était une chasse aux renseignements visant d'autres manifestants. Il a été menotté pendant 17 heures et placé dans une cage sans fenêtre avant que son avocat ne puisse savoir où il se trouvait. Une manifestante arrêtée la même nuit a dit qu'un officier lui avait déclaré qu'elle devait se préparer à une « nuit d'enfer » à Homan avant d'être elle aussi menottée et enchaînée pendant 18 heures. Il s'est passé plusieurs heures avant que les deux prisonniers ne soient amenés à une station de police, incarcérés puis relâchés.

Des avocats de Chicago rapportent que leurs clients se font battre dans cette prison. Un avocat n'a pu avoir accès à sa cliente que plusieurs heures après qu'elle ait été admise à l'hôpital pour blessure à la tête. Un jeune de 15 ans a été détenu pendant plus de 12 heures jusqu'à ce que son avocat, qui n'a jamais été autorisé à le voir, n'arrive à la prison. Des gens y sont régulièrement amenés sans que leur transfert ne soit inscrit sur un registre. C'est seulement lorsqu'ils arrivent à un poste de police qu'on leur permet de parler à leur avocat. Les avocats passent des heures à chercher leurs clients et se font dire que leurs clients n'y sont pas inscrits et parfois ils ne les trouvent qu'une fois relâchés de la prison Homan, sans recevoir aucune explication. Un rapport indique qu'au moins une personne y est morte et qu'on n'a jamais su qu'elle y était avant son décès.

Des manifestations ont été organisées pour demander que Homan Square soit fermé. Suite à la parution de la série d'articles, des appels à une enquête se sont faits plus pressants. L'Union américaine pour les libertés civiles et l'Association nationale pour le progrès des gens de couleur ont dit mener leur propre enquête et se préparer à poser des gestes. Amnistie internationale a publié une lettre qu'elle a adressée au maire Rahm Emanuel dans laquelle l'organisation demande une enquête ouverte et impartiale. Elle fait remarquer que plusieurs des plaintes révèlent une violation des lois internationales relatives à la torture, aux mauvais traitements et aux disparitions forcées.

L'organisation We Charge Genocide ( Nous accusons de génocide), « un effort inter-générationnel à la base pour rassembler les voix et les expériences des jeunes les plus ciblés par la violence policière à Chicago », demande réparations pour tous ceux qui ont été torturés et victimes d'abus. Le groupe a donné des preuves et des exemples de torture et d'abus qui ont été commis pendant des années sous le règne de l'ex-commandant Jon Burge de 1972 à 1991. Ils y ont ajouté les crimes qui se sont produits à la prison Homan et intensifient leurs efforts pour obtenir justice et réparations pour tous ceux qui ont été victimes de torture et d'abus aux mains de la police de Chicago.

Des manifestations à Homan Square pour exiger sa fermeture et que les responsables rendent des comptes

Des activistes de diverses organisations de Chicago demandent la tenue d'une enquête complète sur les crimes commis par la police à Homan Square pour lesquels existent des preuves substantielles de torture, de « disparitions » de personnes pendant une période de 12 à 24 heures, sans chefs d'accusation contre elles et sans qu'elles puissent parler à un avocat. Le 1er mars, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant la prison Homan, scandant « Fermez le Homan Square ! » et « Poursuivez, accusez et mettez les tortionnaires en prison ! ».

Des dizaines de manifestants ont marché dans les rues avoisinantes plus tard et ont appelé les gens à dénoncer les abus policiers et la violation des droits. Les organisateurs essaient d'amasser des preuves et se préparent à mener des actions pour demander des comptes.

Les manifestants ont déclaré que c'en est assez de la torture, des détentions sans accusations et de la brutalité policière. Parmi ceux qui en ont été victimes, on compte des manifestants au sommet de l'OTAN à Chicago en 2012 et des Afro-Américains.

Les manifestants ont exigé que quiconque se fait arrêter à Chicago soit « amené au poste de police sitôt arrêté et puisse appeler un avocat ». Ils ont aussi demandé que des affiches informant les gens de leurs droits et donnant le numéro 800 pour de l'aide légale soient placés dans toutes les stations de police de Chicago. Ils ont dit que le public doit être informé et que les représentants officiels de la police doivent rendre des comptes et ils ont demandé à cet égard la tenue « d'une réunion spéciale d'ici 10 jours ». Cette réunion « va permettre au public de poser des questions aux superviseurs de la police de Chicago sur ce qui se passe au Homan Square et dans d'autres stations ».

Une autre manifestation s'est tenue le 5 mars sous le thème « Fermez cette maison de torture ! ».

« Nous sommes outrés, ont dit les organisateurs, de l'existence de cette prison notoire de Homan Square, où la police de Chicago détient illégalement des civils, les torture, les intimide et leur nie leurs droits ! Nous comprenons très bien que le Homan Square ne pourrait pas exister sans la complicité et la protection du maire Emmanuel et du procureur du district du comté de Cook, en Illinois, Anita Alvarez. Nous demandons que Homan soit fermé immédiatement !

« Nous tenons à redire que ce site de terreur policière n'est pas le seul endroit où la violence policière et la violation de la procédure établie font rage. Ces choses se produisent de façon routinière dans toutes les stations de police de Chicago, où ce sont d'abord et avant tout les membres des communautés afro-américaines et latinos qui se font torturer et abuser et n'ont jamais accès à un téléphone ou au service d'un avocat. »

Dans les demandes qu'ils ont présentées au maire Rahm Emmanuel, on compte entre autres :

1. La fermeture immédiate de la prison Homan Square ;

2. Le congédiement du chef de la police de Chicago, Gary McCarthy ;

3. L'adoption d'une ordonnance de réparations pour torture ;

4. L'affichage dans TOUTES les stations de police de Chicago, et la mise à la disposition de TOUS les détenus dès leur arrestation, des services et de la ligne 1-800-LAW-REP4 pour de l'assistance légale de première instance qui est offerte 24 heures par jour et 7 jours par semaine ;

5. Des excuses de la part du maire aux gens de Chicago et à tous ceux qui ont vécu torture et abus aux mains de la police de Chicago et pour avoir permis que la prison Homan Square soit utilisée comme chambre de torture de la police de Chicago ;

6. La démission immédiate du procureur du district du comté de Cook dans l'État d'Illinois, Anita Alvarez. Le nouveau procureur général Loretta Lynch doit immédiatement entreprendre une enquête fédérale de droits civils complète sur le Homan Square et sur les plaintes qui ont été émises par l'Alliance de Chicago en 2014 à son prédécesseur Eric Holder, au sujet des meurtres, de la torture, et des abus qui sont commis par la police de Chicago.

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La lutte contre l'islamophobie en France

La nouvelle laïcité, un principe discriminatoire au service du choc des civilisations

Sale temps pour la République... Multiplication des atteintes contre les musulmans et leurs lieux de culte, nouvelles mesures de surveillance et de flicage d'Internet et des réseaux sociaux sur fond de « guerre contre le terrorisme » : la mascarade du 11 janvier [grande manifestation à Paris suite à l'attentat contre Charlie Hebdo], en affichant un front uni contre l'islamisme, a lancé les hostilités en préparant l'opinion aux serrages de vis sécuritaires et liberticides ainsi qu'à toutes les aventures militaires. Et il ne faut pas grand chose pour la convaincre, l'attentat contre Charlie Hebdo survenant dans un contexte déjà marqué par une hausse de l'islamophobie en France et dans toute l'Europe. Les manifestations contre l'Islam ne cessent de prendre de l'ampleur et certains journalistes ou responsables politiques n'hésitent plus à mettre l'Islam directement en cause dans les problèmes économiques et sociaux qui touchent la France.

Leitmotiv des discours discriminatoires antimusulmans, la « laïcité » est le fer de lance de ces croisades des temps modernes. L'Islam est considéré comme une religion conquérante et en expansion continue, et dénoncé comme une menace directe pour les « valeurs de la République ». Pourquoi cette soudaine préoccupation qui marque une rupture avec la politique de tolérance dont ont bénéficié les populations immigrées ou issues de l'immigration pendant plusieurs décennies ? La présence des musulmans en France ne date pas d'hier mais n'a été perçue comme une menace pour la neutralité religieuse qu'à partir du début des années 2000, précisément à l'époque du lancement de la « guerre contre le terrorisme ». La défense actuelle de la laïcité, agressive et discriminatoire, servirait-elle d'autres objectifs que le maintien de la neutralité religieuse de l'État ? Si l'on peut répondre sans hésiter par l'affirmative, reste à savoir lesquels...

L'affaire du foulard islamique (1989)


Manifestation à Paris en janvier 2004 contre l'adoption de la loi interdisant le port de symboles religieux « ostentatoires » par les étudiants dans les institutions d'enseignement publiques.

Premier coup de projecteur sur « le problème » du voile, l'affaire du foulard islamique de 1989. Peu après la rentrée scolaire, trois élèves du collège Gabriel-Havez de Creil, situé en ZEP, sont exclues parce qu'elles ont refusé d'enlever leur foulard en classe. L'affaire prend rapidement une tournure nationale et le ministre de l'Éducation, Lionel Jospin, sollicite l'avis du Conseil d'État qui répond de façon nuancée le 27 novembre 1989 : il rappelle le droit des élèves à manifester des convictions religieuses dans l'école mais établit des limites quant à l'expression de signes religieux ayant un caractère jugé ostentatoire ou revendicatif. Même avis dans un autre arrêt du Conseil d'État en novembre 1992, à propos d'une affaire identique au collège Jean-Jaurès de Montfermeil, qui imposera la réintégration d'élèves exclues pour port du foulard.

Par sa décision, le Conseil d'État a rappelé ainsi les principes de laïcité qui donnent obligation à l'institution scolaire d'accepter tous les élèves, quelle que soit leur origine ou leur religion mais en posant en même temps un certain nombre de contraintes à l'exercice de leur liberté religieuse :

« Le port par les élèves de signes par lesquels ils entendent manifester leur appartenance à une religion n'est pas par lui-même incompatible avec le principe de laïcité, dans la mesure où il constitue l'exercice de la liberté d'expression et de manifestation de croyances religieuses, mais cette liberté ne saurait permettre aux élèves d'arborer des signes d'appartenance religieuse qui par leur nature, par les conditions dans lesquelles ils seraient portés individuellement ou collectivement, ou par leur caractère ostentatoire ou revendicatif, constitueraient un acte de pression, de provocation, de prosélytisme ou de propagande, porteraient atteinte à la dignité ou à la liberté de l'élève ou d'autres membres de la communauté éducative, compromettraient leur santé ou leur sécurité, perturberaient le déroulement des activités d'enseignement et le rôle éducatif des enseignants, enfin troubleraient l'ordre dans l'établissement ou le fonctionnement normal du service public » (arrêt du CE, 27 novembre 1989).

Sur le fond, le Conseil d'État reste en accord avec le principe de laïcité tel qu'il apparaît dans la loi de séparation de l'Église et de l'État. Les textes fondateurs la définissent en effet comme une obligation concernant les locaux, le programme scolaire et le personnel enseignant, et non les élèves en tant qu'usagers. Il s'agit d'un principe juridique de défense de la liberté d'expression individuelle et de tolérance vis-à-vis de la pratique religieuse consubstantiel à la loi de 1905, que rappelle l'article 9 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme :

« Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l'enseignement, les pratiques et l'accomplissement des rites. »

Le tournant de 2003

Selon Raphaël Liogier, la « grande bifurcation » (à partir de laquelle l'islamisation est posée par les responsables politiques comme un problème majeur) a lieu en France en 2003, année de l'intervention américaine en Irak. C'est à cette période que naissent l'ensemble des associations anti-islamisation comme l'Observatoire de l'islamisation, le Bloc Identitaire, Riposte Laïque ou encore Ni Putes Ni Soumises. C'est aussi en 2003 que François Baroin rendra, à la demande du premier ministre de l'époque, Jean-Pierre Raffarin, un rapport dans lequel il propose une nouvelle conception de la laïcité. Suivant l'une des conclusions de cette commission, Jacques Chirac se prononce en faveur d'une loi interdisant le port de signes religieux « ostensibles » par les élèves dans les établissements scolaires publics. Cette loi est adoptée le 15 mars 2004 et appliquée à partir de la rentrée 2004. Elle sera suivie par d'autres qui contribueront à exclure les manifestations visibles de la religion musulmane d'un nombre croissant de lieux publics.

La défense d'une nouvelle laïcité est présentée dans le rapport Baroin comme une réaction nécessaire face au développement du communautarisme et à l'action des fondamentalistes, afin de défendre les valeurs de la République. Exit le multiculturalisme, place à l'assimilationnisme :

« La laïcité a été en effet progressivement remplacée au panthéon des valeurs de la gauche par la défense des différences culturelles et du communautarisme. Cette tendance s'inscrit dans le cadre de la promotion des droits de l'homme comme valeur dominante de la gauche. Elle se traduit par une mauvaise conscience vis-à-vis de l'héritage colonial de la France et un besoin de réparation (thème de la « repentance »). La liberté d'expression et la reconnaissance des différences sont privilégiées par rapport à d'autres valeurs comme l'autorité du maître, la mission d'éduquer et l'émancipation de la personne ».

Ce rapport considère le voile islamique davantage comme « un attribut des fondamentalistes s'inscrivant dans un modèle de société fondé sur une logique de ghetto et hostile aux valeurs de la démocratie » que comme un simple signe d'appartenance religieuse. Faisant tout de même la différence entre Islam et islamisme, il préconise de s'appuyer sur les musulmans intégrés pour lutter contre la menace de l'islamisation, de l'implantation dans notre pays d'un Islam fondamentaliste qui conteste les principes mêmes de l'organisation de notre société :

« Ce contre-discours doit être porté par des personnalités issues de l'immigration. La nomination de plusieurs ministres issus de ces rangs a été un premier signe encourageant. Il revient à l'actuelle majorité de créer de vraies élites républicaines issues de l'immigration dans tous les domaines (politique, économique et social). C'est une condition de la reconquête des territoires perdus de la République ».

La nouvelle laïcité, un principe discriminatoire au
service du choc des civilisations

En faisant d'un principe juridique une « valeur de civilisation » et en promouvant une conception quasi-religieuse de la laïcité, ce glissement ouvre la voie à toutes les dérives islamophobes. La pratique religieuse des musulmans, véritable phobie collective, est perçue à la fois comme un signe d'obscurantisme et un problème menaçant l'identité nationale. Les partisans de l'interdiction du voile s'appuient sur une conception émancipatrice de l'instruction et sur une vision dévaluée du signe religieux opposé au progressisme et au scientisme de la philosophie des Lumières. Comme l'affirme Claude Guéant [directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy], « toutes les civilisations ne se valent pas » et l'Islam, de par sa nature conquérante, représenterait une menace pour l'Occident judéo-chrétien. Reprenant cette conception dévoyée de la laïcité, les politiques surfent depuis dix ans sur le fantasme de l'islamisation, traduction française de la théorie néoconservatrice du choc des civilisations remise au goût du jour par [le politicologue conservateur américain] Samuel Huntington. Les débouchés politiques en sont connus : stratégie du bouc émissaire et discrimination socio-

ethnique, justification des guerres de l'Empire contre le monde musulman sous couvert d'éradication du djihadisme. Ce tournant idéologique, initié par la droite, est poursuivi par le gouvernement actuel qui affiche sur ce point une remarquable continuité avec le précédent en achevant sa mue sécuritaire.

Nouvelle idéologie dominante, le néoconservatisme sert les intérêts des élites mondialistes en justifiant leurs projets bellicistes. En revanche, l'immense majorité n'a rien à gagner d'une guerre civile et/ou militaire contre le monde musulman. Loin d'être l'islamisation, la véritable menace est celle d'une confrontation avec l'Islam sur le modèle de la guerre des civilisations. Le refus de la guerre sans fin contre le terrorisme, coûteuse pour les deux camps, trace la seule voie praticable : renouer avec une conception tolérante, pacifiée et égalitaire de la laïcité, oeuvrer pour la réconciliation nationale avec les populations issues de l'immigration post-coloniale.

Note

* Le Conseil d'État est une instance du gouvernement national français qui joue à la fois le rôle de conseiller juridique du pouvoir exécutif et de la plus haute des juridictions du pouvoir administratif. Établi en 1799 par Napoléon Bonaparte en tant que successeur du Conseil du Roi, il est constitué des plus hauts représentants de l'État. Le vice-président du Conseil d'État est le plus haut fonctionnaire de la France. (NDLR).

(bourgoinblog.wordpress.com, 22 janvier 2015)

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Visite du président américain en Inde

L'Inde se joint aux projets impérialistes
américains en Asie

Du 25 au 26 janvier, le président américain Barack Obama est allé en Inde pour une visite officielle de deux jours, pour une deuxième ronde de discussions américano-indiennes en quatre mois dans le cadre du pivot asiatique des États-Unis. C'était le deuxième voyage d'Obama en Inde. Il est le premier président américain à visiter l'Inde plus d'une fois.

Plusieurs questions ont été abordées lors de cette visite. Dans un article du 24 janvier, le journaliste indien Siddharth Varadarajan, un chercheur au Centre d'affaires publiques et de théorie critique à New Delhi, a souligné certaines des questions importantes en discussion. Ce sont « des milliards de dollars de ventes de réacteurs nucléaires, la perspective de ventes lucratives d'armes et la possibilité d'ouvrir des portes aux entreprises américaines à la recherche d'opportunités dans les secteurs de l'assurance, de la vente au détail et des services ».

En ce qui concerne la vente de réacteurs nucléaires, écrit Varadarajan, le commerce nucléaire avant la tenue de la réunion a été stagnant « parce que les entreprises américaines comme GE et Westinghouse - qui craignent être poursuivies pour un accident nucléaire dans le cadre des risques associés à la vente de réacteurs à l'intérieur des États-Unis - ne sont pas disposées à se soumettre à toute réclamation pour dommages en cas d'accident en Inde. À cause du droit à la responsabilité en vigueur ici, cette dernière est considérée par eux comme un obstacle et l'administration Obama a passé les quatre dernières années à essayer d'obtenir du côté indien de diluer ses dispositions . »

Les autres questions abordées lors de la réunion ont inclus les ventes d'armes américaines à l'Inde, un traité bilatéral d'investissement, le développement et la production d'armes ; la coopération bilatérale de sécurité sur la lutte contre le terrorisme ; la coopération régionale « pour faire avancer la paix, la stabilité et la prospérité » dans les régions de l'Asie-Pacifique et de l'océan Indien ainsi que la coopération sur la « transformation de l'Afghanistan ».

Varadarajan souligne l'importance de l'Inde pour les intérêts stratégiques américains dans le cadre de son pivot pour l'Asie :

« Durant ses premiers mois, [le premier ministre indien Narendra] Modi a accueilli avec enthousiasme l'idée que l'Inde fasse équipe avec les États-Unis et le Japon, ainsi que l'Australie. Alors qu'il était à Tokyo l'année dernière, il a critiqué 'l'expansionnisme' de certains pays sans les nommer tout en les accusant 'd'empiéter sur les mers des autres'. Ce qu'Obama voudrait faire est de canaliser les instincts naturels de Modi dans un cadre institutionnel pour la région de l'Asie-Pacifique, dans lequel le pivot américain tire profit de l'Inde. [...]

« Pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté à propos de qui est ciblé par cette entente trilatérale, la déclaration conjointe [lors du précédent sommet] souligne 'la montée des tensions sur les différends territoriaux maritimes ... en particulier dans la mer de la Chine du Sud' et 'exhorte les parties concernées de poursuivre la résolution de leurs différends territoriaux et maritimes par tous les moyens pacifiques, conformément aux principes universellement reconnus du droit international'. C'était la première fois que les eaux contestées ont été mentionnées dans une déclaration conjointe indo-américaine. »

Directement liés au pivot américain en Asie sont les ventes d'armes, les exercices militaires communs et l'interfonctionnement des forces armées indiennes et américaines. Varadarajan écrit : « Les États-Unis ont connu un succès mitigé pour faire de l'Inde un consommateur de matériel militaire américain. La Russie est encore un grand fournisseur mais les États-Unis ont fait des percées qui auraient été considérées comme impensables il y a une décennie. Les États-Unis ont également augmenté la portée et l'ampleur de leurs exercices avec les trois composantes des forces armées indiennes. Cependant ce qui reste insaisissable est le Saint-Graal de l'interfonctionnement, soit l'utilisation transparente du matériel et du personnel militaire indien et américain, ce qui nécessite non seulement la familiarité de travailler ensemble, mais aussi l'utilisation d'équipements compatibles du côté indien et, plus important encore, l'accès aux forces navales et aériennes américaines aux installations militaires indiennes. »

À cet égard, Varadarajan souligne dans un article publié après le sommet :

« Plus qu'une 'percée' sur la responsabilité nucléaire et leur chimie personnelle, on se souviendra du sommet entre le premier ministre Narendra Modi et le président américain Barack Obama comme celui où l'Inde a pris la décision fatidique de s'allier aux États-Unis contre la Chine.

« En diplomatie, d'importants changements sont souvent transmis par des mots écrits et non par des paroles. La politique américaine de confinement contre l'Union soviétique a ratissé large. La décision de l'Inde de soutenir la variante moderne de cette politique avec cette fois la Chine comme la cible, se retrouve écrite au sens large dans la déclaration sur 'la vision stratégique américano-indienne pour la région de l'Asie-Pacifique et de l'Océan Indien' publiée le 25 janvier.

« Sans précédent dans la forme et le contenu, le document déclare 'un partenariat plus étroit entre les États-Unis et l'Inde est indispensable afin de promouvoir la paix, la prospérité et la stabilité ' dans la région. La prospérité, à son tour, 'dépend de la sécurité', dit la déclaration, en ne mentionnant pas dans ce contexte la Somalie et la piraterie, le golfe Persique ou le détroit de Malacca, mais plutôt le seul et unique point contentieux, soit un différend maritime impliquant la Chine.

« 'Nous affirmons l'importance de la sauvegarde de la sécurité maritime et d'assurer la liberté de navigation et de survol dans la région, en particulier dans la mer de la Chine du Sud', dit le document. 'Nous appelons toutes les parties à éviter la menace ou l'usage de la force et de poursuivre la résolution des différends territoriaux et maritimes par tous les moyens pacifiques, conformément aux principes universellement reconnus du droit international, notamment la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.'

« Pour réaliser l'importance de cette référence à la mer de la Chine du Sud, il suffit de se reporter en juin 1998, lorsque Bill Clinton et son homologue chinois, Jiang Zemin, ont émis une 'déclaration présidentielle commune sino-américaine sur l'Asie du Sud'. Le contexte était les essais nucléaires de l'Inde et du Pakistan mais New Delhi a été agacé devant un tel langage tatillon.

« En septembre dernier, lorsqu'une référence à la mer de Chine méridionale a été inclue pour la première fois dans une déclaration américano-indienne, le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que 'tout litige devrait être résolu par les pays souverains directement concernés par des consultations et des négociations amicales'. Le 26 janvier, le porte-parole chinois a ajouté que 'les pays hors de la région' devraient 'respecter les efforts faits par les pays de la région pour maintenir une sérénité dans la mer de la Chine du Sud.'

« La réponse de Pékin n'est pas surprenante. La dernière référence indo-américaine à la mer de la Chine du Sud s'inscrit dans une initiative stratégique plus large qui fusionne la politique 'Agir à l'Est' du gouvernement Modi avec le controversé 'pivot pour l'Asie' de l'administration Obama. Leur document 'Vision stratégique' les engage à 'promouvoir les valeurs communes qui sont la marque de la grandeur de nos pays... Afin de réaliser cette vision régionale, nous allons développer une feuille de route qui s'appuie sur nos efforts respectifs à améliorer les liens entre les puissances asiatiques, permettant à nos deux nations de mieux répondre aux défis diplomatiques, économiques et de sécurité dans la région.'

« Les 'puissances asiatiques' visées sont bien sûr l'Australie et le Japon, un fait confirmé par les autorités américaines dans un exposé exclusif fait au New York Times. Selon ces fonctionnaires, les 45 premières minutes de la réunion entre Modi et Obama ont été dominées par la Chine. Modi, ont-ils révélé, a suggéré de relancer un réseau de sécurité impliquant les États-Unis, l'Inde, le Japon et l'Australie. » La dernière fois que ce quatuor ait été convoqué, durant l'année 2006, la réticence de l'Inde d'être entraînée dans une guerre froide émergente en Asie, l'a conduit à insister que son interaction se limiterait à un exercice naval et à des réunions avec des fonctionnaires de bas niveau en marge des grands rassemblements de l'ASEAN. Le quatuor a été dissous sans plus lorsque Kevin Rudd est devenu le premier ministre de l'Australie. Peu de larmes ont été versées à Delhi sur sa disparition jugée opportune.

« Ce que nous voyons maintenant est que Modi s'engage à ce que l'Inde travaille étroitement avec les États-Unis, le Japon et l'Australie afin de contrer les défis que représente la Chine pour eux. À tous les égards, ceci représente un changement majeur dans la politique étrangère de l'Inde. »

(Sources : Huffington Post, Hindustan Times, Brookings Institute, Times of India)

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Comment garantir la paix sur la péninsule coréenne

La nécessité d'une approche équilibrée vis-à-vis
les questions liées à la péninsule coréenne et
l'Asie du Nord-Est


L'Arche de la Réunification à Pyongyang

Depuis la Deuxième Guerre mondiale, la structure de pouvoir propre à l'Asie du Nord-Est est imposée à la péninsule coréenne, où à la fois le nord et le sud aspirent à la réunification. Dans ce contexte, tous les pays voisins ayant des intérêts politiques, militaires et économiques dans la péninsule sont profondément préoccupés par la formule de réunification, puisque celle-ci est directement liée à la sécurité et à la paix en Asie du Nord-Est.

Le danger de la réunification coréenne basée
sur la confrontation
entre systèmes

Le nord et le sud de la Corée se sont développés différemment depuis la division du pays, entretenant des idéologies et des systèmes politiques différents depuis près de soixante-dix ans. Ni l'une ni l'autre ne veut abandonner ses idéologies et ses systèmes respectifs. En même temps, la réunification demeure leur aspiration commune.

Dans ce contexte, si un côté tentait de forcer son idéologie et son système sur l'autre, cela ne pourrait qu'engendrer une guerre, menaçant ainsi la paix et la stabilité en Asie du Nord-Est. Les enjeux géopolitiques de la péninsule demeurent inchangés. La péninsule coréenne est entourée de grandes puissances et sur la péninsule même les intérêts de ces puissances sont inter-reliés. La spécificité géographique de la péninsule coréenne fait en sorte qu'un conflit entre grandes puissances peut être évité. Malheureusement, il peut aussi être provoqué. Toute confrontation et tout conflit entre les deux parties en Corée ne peuvent inévitablement qu'amener les grandes puissances à se mêler au conflit, tandis que la réconciliation et la coopération entre le nord et le sud demeurent des facteurs de stabilité dans la région, y compris entre grandes puissances, et peuvent empêcher que n'éclatent des conflits.

Une guerre fratricide entre le nord et le sud engendrée par une confrontation entre les deux systèmes pourrait alors pousser les pays voisins à y participer. Par contre, la péninsule réunifiée sur une base pacifique pourrait servir de zone tampon servant à tempérer les confrontations stratégiques entre pays voisins.

La nouvelle stratégie Asie-Pacifique des États-Unis vise à contrôler et à contenir les autres principales puissances et la péninsule coréenne est perçue comme étant la pièce principale dans cette stratégie. Face à ces manoeuvres des États-Unis, les pays voisins consolident leurs contre-mesures stratégiques et multiplient leurs sphères de coopération.

Ainsi, la sécurité de l'Asie du Nord-Est devient de plus en plus dépendante de la formule de réunification de la péninsule coréenne. En 2012, les États-Unis ont développé leur nouvelle stratégie de défense et depuis ce temps déploient à chaque année leurs flottes de porte-avions dans le cadre d'exercices navals conjoints États-Unis-Japon-Corée du Sud dans les eaux entourant la péninsule, accélérant les préparatifs visant à établir un système de défense antimissile trilatéral. Pour riposter à ces manoeuvres des États-Unis, la Russie et la Chine mènent aussi des exercices navals conjoints autour de la péninsule et s'unissent pour s'opposer aux efforts des États-Unis visant à mettre en place un système de défense antimissile en Asie.

Dans ce contexte, le maintien de systèmes en confrontation ne peut que mener à la guerre dans la péninsule coréenne, où il n'existe aucun mécanisme permettant d'empêcher un conflit armé, puisque l'accord d'Armistice a été invalidé. Une telle guerre ferait rage jusqu'à ce qu'il en ressorte un gagnant et elle attiserait une confrontation stratégique entre pays voisins, menant à la destruction complète de l'équilibre de sécurité en Asie du Nord-Est. À long terme, elle plongerait la région dans un chaos apocalyptique. Si une telle guerre éclatait dans la péninsule, elle déclencherait la dévastation d'armes nucléaires et ses séquelles catastrophiques ne ressembleraient en rien à celles provoquées par la Guerre de Corée des années cinquante ni par les récents conflits au Moyen-Orient ni à ce qui se passe présentement en Ukraine.

Enfin, la réunification basée sur une confrontation entre systèmes n'est pas réaliste et irait contre les intérêts à la fois de la Corée du Nord et de la Corée du Sud ainsi que des pays voisins et pourrait ouvrir une boîte de Pandore qui détruirait les intérêts à long-terme de la nation coréenne et de l'Asie du Nord-Est.

Le nord et le sud doivent donc éviter de présenter leurs propres idéologies et systèmes comme étant absolus et doivent cesser de poursuivre une voie où les systèmes se confrontent sans cesse. Ils doivent plutôt travailler à la réunification nationale sur une base pacifique pour jouer un rôle central dans la transformation en Asie du Nord-Est d'une paix instable en une paix durable.

La réunification coréenne basée sur un système de coexistence : la seule voie

Puisque de toute évidence la confrontation entre les systèmes ne peut qu'engendrer la guerre, la voie pacifique pour la réunification coréenne comprend, bien entendu, la coexistence des systèmes du nord et du sud.

Certains croient que les différences de systèmes entre le nord et le sud pourraient être raison suffisante pour qu'ils ne puissent coexister. Cependant, cette raison ne tient pas. Les différences de systèmes ne peuvent être des empêchements à la réunification. Au contraire, elles doivent être une raison incontournable pour la coexistence même des systèmes. La preuve en est que l'aspiration de la nation coréenne à la réunification ne s'est jamais essoufflée et se consolide de plus en plus malgré les différents systèmes formés et consolidés dans le nord et le sud de la Corée.

Deux systèmes différents, diverses activités politiques et diverses formes de propriété peuvent coexister au sein d'un même État. Cette pratique a fait ses preuves dans d'autres pays.

La Corée du Nord et la Corée du Sud reconnaissent toutes deux que chacune a un système qui lui est propre. Ainsi, si elles se respectent mutuellement, la coopération entre les deux parties sera facilement réalisable et la réalisation de la réunification ne posera aucun problème.

La proposition du nord consistant à réunifier le pays en vertu d'une formule préservant les deux systèmes ne vise pas à forcer les intérêts et le système du nord sur le sud, ce qui serait source de grandes difficultés pour les deux parties. Le nord n'impose aucunement son système socialiste au sud et il ne l'a jamais fait. Cependant, le nord ne tolérerait pas pour autant que le sud lui impose son système.

Lorsque la réunification est mise de l'avant selon la formule de deux systèmes coexistant, ni une partie ni l'autre n'a à mettre sa vie en danger pour réaliser la réunification, ni a-t-elle à sacrifier ses intérêts.

Au contraire, elles peuvent avoir le beurre et l'argent du beurre.

La formule de réunification en vertu de deux systèmes coexistant n'a pas comme objectif d'imiter les expériences d'unification d'autres pays mais de réaliser l'unification en vertu de la réalité qui existe sur la péninsule coréenne. En d'autres mots, il s'agit d'une formule qui convient aux deux parties et que les deux ont adoptée d'un commun accord. Si le nord et le sud, les deux parties essentielles à la réunification, cessent de respecter les clauses auxquelles elles ont donné leur accord et en trahissent l'esprit, et si elles cherchent à imiter les expériences vécues par d'autres pour tenter de les mettre en oeuvre dans la péninsule coréenne, elles se retrouveront en pleine utopie.

Les expériences et les formules d'unification d'autres pays peuvent concorder aux réalités et aux conditions qui prédominent dans ces pays respectifs. Par contre, elles ne sauraient définitivement pas concorder à la réalité qui prédomine dans la péninsule coréenne.


Sommet historique nord-sud, le 15 juin 2005, avec le dirigeant de la RPDC, Kim Jong Il (à gauche) et le président sud-coréen, Kim Dae-jung

Sur la voie de la réunification, le nord et le sud se sont déjà entendus sur une charte et un programme pour la réunification, tels les Trois principes de réunification nationale, la Déclaration conjointe historique du 15 juin ainsi que la Déclaration du 4 octobre, montrant au monde entier la trempe de la nation ainsi que sa détermination à mener à bien ses efforts pour réunifier le pays.

Les trois principes de réunification nationale dont il est question sont les principes de la réunification indépendante et pacifique et de la grande unité nationale.

Les trois principes de réunification nationale sont au service de la Corée du Nord et de la Corée du Sud en tant que fondement pour toutes les ententes et déclarations qui ont précédé entre le nord et le sud et sont la pierre angulaire de la réunification basée sur la coexistence des systèmes. Lorsque notre pays prône la réunification conformément aux Trois principes de réunification nationale, il n'y a pas lieu d'aller chercher ailleurs pour obtenir notre formule de réunification ou de chercher l'approbation de forces extérieures. Il s'agit pour nous de choisir la coexistence en vertu de la grande unité nationale en opposition à la guerre qu'engendrerait la confrontation.

Les autorités actuelles de la Corée du Sud devraient toujours respecter et apprécier les trois principes de réunification nationale ainsi que toutes les autres ententes intercoréennes.

Si notre nation va de l'avant d'un commun accord, tout est possible.

Lorsque nous trouvons des solutions pour toutes les relations intercoréennes en vertu de la charte de la réunification et du grand programme de toute la nation, la question de la réunification peut être abordée de façon équitable et sans heurts conformément aux intérêts communs de la nation.

La réunification coréenne basée sur la coexistence des systèmes et les répercussions positives de celle-ci sur l'Asie du Nord-Est

D'un point de vue politico-militaire, certains prônent dans un esprit rigide qu'on ne pourra mettre fin aux hostilités et réaliser la réunification que lorsqu'on aura mis fin à l'Armistice et qu'un mécanisme de paix aura été mis en place dans la péninsule coréenne. Cependant, si la réunification basée sur la coexistence des systèmes est promue par le nord et le sud, l'armistice et l'hostilité perdront naturellement du terrain et s'ensuivra un environnement pacifique.

La réunification basée sur la coexistence des systèmes verra inévitablement naître un État neutre. Le fait de garantir une position neutre aux pays voisins fera en sorte que la structure de sécurité de confrontation disparaîtra pour faire place à une structure plus pacifique dans l'Asie du Nord-Est.


Une mer de drapeaux pour la réunification, célébrations du 1er mai 2007 à Séoul

Pour ce qui est de la sphère économique, cette formation engendrera d'énormes avantages non seulement pour la péninsule coréenne mais aussi pour l'Asie du Nord-Est dans son ensemble.

Il existe déjà dans la région un grand nombre de projets de coopération économique bilatéraux et multilatéraux. Ces projets visent à lier entre eux des réseaux ferroviaires, des réseaux routiers, des gazoducs et des réseaux de pouvoir électrique, touchant aussi au développement énergétique, aux ressources naturelles, aux ports maritimes, aux zones économiques spéciales et à la coopération environnementale. Comme de raison, de telles initiatives nécessitent un développement stable dans les relations intercoréennes sur la péninsule coréenne. Ainsi, le fait de promouvoir la réunification pacifique basée sur la coexistence des systèmes acceptée par le nord et le sud de la Corée répondra aux exigences de coopération régionale de sorte à ce que la péninsule et la région connaissent un franc succès à assurer la prospérité de tous. Aussi cette formule incitera les États membres d'autres régions, y-compris l'Europe, à envisager de coopérer dans la région de la péninsule coréenne.

Par conséquent, la résolution sans heurts de la question de la réunification en vertu de la formule adoptée par le nord et le sud est une résolution équilibrée qui favorise un environnement pacifique sur la péninsule coréenne et dans l'Asie du Nord-Est et qui propulsera et consolidera la coopération économique régionale.

Voilà ce qui démontre la solidité des arguments en faveur de la réunification tels qu'élaborés par le premier président Kim Jong Un de la Commission de Défense nationale de la RPDC à l'occasion de son allocution du Nouvel An 2015. Il a affirmé que le nord et le sud ne devraient pas recourir à une confrontation des systèmes en présentant leur idéologie et leur système comme étant absolus mais qu'ils devraient plutôt résoudre la question de la réunification dans les intérêts communs de la nation en transcendant les différences idéologiques en vertu d'ententes déjà acceptées.

La réunification basée sur la coexistence des systèmes est la seule façon de résoudre la question coréenne de façon pacifique et raisonnable. Lorsque cette réunification sera réalisée, les pays à l'échelle internationale salueront cette initiative ainsi que la sagesse et la dignité de la nation coréenne.

(Le 2 février, 2015)

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Des diplomates nord-coréens à l'ONU contestent
la politique hostile du gouvernement
des États-Unis envers la RPDC


L'ambassadeur de la RPDC à l'ONU Jang Il Hun (droite) à la conférence de presse du 16 février 2015

Le lundi 26 février, l'ambassadeur de la Corée du Nord aux Nations unies, Jang Il Hun, a tenu une conférence de presse en présence de plusieurs journalistes couvrant les événements de l'ONU. C'était congé à New York et les édifices du siège de l'ONU étaient fermés pour la Journée des présidents américains. La conférence de presse a eu lieu à la Mission de la RPDC aux Nations unies à New York. À la conférence de presse, l'ambassadeur a expliqué que la journée du 16 février n'était pas qu'un congé aux États-Unis en hommage aux présidents des États-Unis mais que c'était aussi la date à laquelle son pays célébrait l'anniversaire de naissance de son grand dirigeant, Kim Jong Il.

L'ambassadeur a dit que la conférence de presse avait été convoquée afin de rendre public le point de vue de la RPDC au sujet de la soi-disant « Conférence sur les droits humains en Corée du Nord : la route devant nous », devant avoir lieu le lendemain à Washington et organisée par les gouvernements des États-Unis et de la Corée du Sud. Il a expliqué que cette conférence était partie intégrante de la politique hostile du gouvernement des États-Unis envers la RPDC, une politique suivie par les États-Unis depuis presque 70 ans, depuis la division de la Corée. L'ambassadeur a rappelé que ce sont les États-Unis qui sont responsables de la division de la Corée.

La conférence de Washington devait souligner le premier anniversaire du Rapport de la commission d'enquête (CE) du Conseil des droits humains des Nations-Unies, rapport, a rappelé l'ambassadeur Jang, qui avait été fabriqué, fondé sur de faux témoignages dont plusieurs des auteurs étaient restés anonymes.

L'ambassadeur Jang a dit que la RPDC avait porté plainte au gouvernement des États-Unis au sujet de la conférence et avait demandé que les États-Unis l'annulent. Cette requête avait été faite par le biais du contact au département d'État des États-Unis, lequel est la voie de communication entre la RPDC et les États-Unis. Les États-Unis et la RPDC n'ont pas de relations diplomatiques formelles. Advenant que les États-Unis refusent d'annuler la conférence, l'ambassadeur Jang a expliqué que la RPDC avait demandé « de participer à la conférence en tant que partie concernée ».

La réponse des États-Unis, rapporte l'ambassadeur Jang, a été la suivante : puisque la conférence était tenue par des organisations privées, il ne s'agissait donc pas d'un événement gouvernemental et par conséquent, le gouvernement des États-Unis ne pouvait pas l'annuler. Ni n'était-il possible pour le gouvernement des États-Unis d'inviter la RPDC à y participer. L'ambassadeur Jang a rappelé aux journalistes que le gouvernement des États-Unis avait tenu une conférence de presse à l'occasion de l'ouverture de l'Assemblée générale des Nations-Unies le mois de septembre dernier. Lorsque la RPDC a demandé d'y participer, le gouvernement des États-Unis a refusé.(1) Ainsi, la prétention du gouvernement des États-Unis à l'effet qu'il n'était pas responsable d'avoir nié le droit de la RPDC de participer à une conférence sur les droits humains en RPDC organisée par le gouvernement étasunien était, de toute évidence, fausse.

La conférence de Washington a eu lieu le 17 février au Centre des Études stratégiques et internationales (CESI). Dans un article du 10 février du quotidien Korea Times, on écrit que « la Corée du Sud et les États-Unis... organiseront une conférence le 17 février pour souligner le premier anniversaire du Rapport de la commission d'enquête de l'ONU au sujet de la Corée du Nord et des violations des droits humains perpétrées par l'État nord-coréen ». L'article explique comment le Centre Yonsei pour la liberté humaine de Séoul ainsi que trois autres groupes d'experts et institutions des droits humains aux États-Unis comptent organiser cette conférence.(3) À la lumière du fait qu'un certain nombre d'orateurs à la conférence étaient ou avaient été des porte-parole officiels du gouvernement, et que plusieurs d'entre eux ont joué un rôle dans la promotion d'une politique hostile envers la RPDC au nom des États-Unis et d'instances gouvernementales sud-coréennes et autres, les prétentions des États-Unis à l'effet que la réunion n'était pas organisée par des organismes gouvernementaux ne sont pas du tout crédibles. Il est clair que la conférence avait été appuyée par le gouvernement des États-Unis et que les grands invités faisaient partie d'une brochette d'orateurs ayant une histoire d'hostilité envers la RPDC et ayant promu tacitement ou ouvertement un changement de régime en RPDC.

À l'ordre du jour de la conférence on ne retrouvait aucun orateur ayant une opinion différente, par exemple sur comment bâtir des relations amicales entre les États-Unis et la RPDC. Pourtant ce n'était pas un mystère pour personne que la RPDC avait cherché à négocier la question des droits humains avant que la résolution à l'Assemblée générale des Nations unies à cet effet ne soit adoptée en décembre. Il est donc difficile de comprendre pourquoi la négociation proposée a été rejetée puisque les parties participant à la conférence prétendent qu'ils ne cherchaient qu'à améliorer la situation des droits humains en RPDC.

Il est à noter que le fait de rejeter toute possibilité de négociation entre le gouvernement des États-Unis et la RPDC démontre clairement que les orateurs à la conférence ne semblaient pas chercher à améliorer les droits humains en RPDC mais à provoquer un changement de régime. Cependant, le fait de discuter de comment se servir des canaux et des procédures de l'ONU pour atteindre leurs fins va nettement à l'encontre des obligations contenues dans la Charte des Nations unies. Les participants à la conférence, pour éviter de tenir une discussion ouverte sur un changement de régime, ont donc plutôt choisi de menacer de traîner les porte-parole de la RPDC devant la Cour pénale internationale.

Le 22 décembre, le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les droits humains, Ivan Simonovic, a tenu une rencontre avec les journalistes après avoir présenté un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU au sujet de présumés abus aux droits humains perpétrés par la RPDC. À cette rencontre un journaliste a demandé à M. Simonovic s'il prêtait confiance aux preuves qui étaient soulevées contre la RPDC. Il a répondu qu'il s'agissait d'un sujet qui suscitait en lui des « sentiments mitigés ». Il a aussi dit que le rapport de la Commission n'était pas de nature à « être utilisé devant un tribunal ».(3)

Ceux qui poursuivent une politique hostile envers la RPDC travaillent maintenant à mettre sur pied un bureau chapeauté par les Nations unies à Séoul, en Corée du Sud, afin de recueillir des soi-disant preuves contre la RPDC.

Ce qu'on reproche à la RPDC est fondé sur des témoins qu'on dit anonymes, ce qui en soit soulève de sérieuses questions quant à leur fiabilité. En fait, l'une des histoires les plus publicisées est le produit d'un transfuge qui a porté ses accusations contre la RPDC sur la place publique tout en reconnaissant que son histoire était fausse.

En janvier, Shin Dong-hyuk a admis avoir falsifié plusieurs des accusations qu'il a portées contre la RPDC basées sur ses expériences dans ce pays. Ces accusations contre la RPDC ont été le sujet d'un livre de Blaine Harden, lequel a été grandement promu et traduit en de nombreuses langues. Harden reconnaît le rôle central qu'a joué Shin dans la promotion d'accusations liées aux droits humains portées contre la RPDC. Harden écrit : (4) :

« Shin était devenu le témoin le plus en vue de la cruauté de la Corée du Nord envers son propre peuple. Il a été photographié avec le secrétaire d'État étasunien, a reçu de nombreux honneurs pour la défense des droits humains et a voyagé partout dans le monde pour participer à des émissions de nouvelles telles 60 Minutes. Son histoire a déclenché une enquête sans précédent des Nations unies, accusant les dirigeants de la Corée du Nord de crimes contre l'humanité. »

Après que Shin eut avoué que son témoignage était faux, la RPDC a fait parvenir une lettre au secrétaire général de l'ONU ainsi qu'au Conseil de sécurité pour les aviser de ce nouveau développement.

Dans la lettre de la RPDC où les aveux de Sin Tong Hyok (ou Shin Dong-hyuk) sont soulevés, on explique(5) :

« Peut-on feindre ne pas voir que John Kerry, le secrétaire d'État des États-Unis et d'autres politiciens des États-Unis, ne se contentant guère de recourir à leur politique anti-RPDC frénétique, ont trompé l'opinion publique mondiale ainsi que la communauté internationale en propageant une désinformation scandaleuse et en poussant Sin Tong Hyok à livrer un faux témoignage dans la « campagne des droits humains » anti-RPDC bien qu'ils aient été très au courant de sa véritable nature.

« La communauté internationale se souvient très bien d'un certain Colin Powell, ancien secrétaire d'État des États-Unis et de son mensonge proféré au sujet de la « possession d'armes de destruction massive » par le régime de Saddam Hussein à la réunion du Conseil de sécurité le 5 février 2003 afin de se donner une raison et de créer les conditions pour l'invasion de l'Irak.

« Depuis qu'il a été révélé que le rapport de la CE est frauduleux, qu'il s'agit d'un document fabriqué au gré des témoignages mensongers de Sin Tong Hyok, est-il nécessaire de rappeler que toutes les « résolutions » sur la situation des droits humains en République populaire démocratique de Corée et adoptées par l'Assemblée générale en fonction de faux documents sont par le fait même non valides.

« Je propose fortement que les Nations unies adoptent une position impartiale et équitable, étant bien conscientes que les « campagnes des droits humains » menées contre la RPDC par les États-Unis et d'autres n'ont absolument rien à voir avec la protection de droits humains authentiques, mais sont plutôt des actions dangereuses visant à salir l'image de la RPDC et à se trouver un prétexte pour l'envahir. »

Contrairement à la conférence hostile envers la Corée du Nord du 17 février à Washington, celle organisée par la Société asiatique à New York en juillet 2013, portant le titre « Éviter l'apocalypse : à la recherche de la paix avec la Corée du Nord » ouvre des portes. (6) Les orateurs à cette conférence ont discuté de l'importance de bâtir un dialogue entre le gouvernement des États-Unis et celui de la Corée du Nord.(6) Dans le contexte du programme mis de l'avant, l'ancien gouverneur du Nouveau Mexique, Bill Richardson, et l'ambassadeur Donald Gregg, ancien ambassadeur des États-Unis en République de Corée, ont soulevé la question : « Comment le gouvernement des États-Unis compte-t-il améliorer sa relation avec la Corée du Nord ? »

Ils ont traité du problème qui a été causé par la relation hostile entretenue par les États-Unis et ont appelé à penser de façon créative afin de changer la situation. « Cela pourrait être la nomination d'un envoyé spécial ou une initiative quelconque prise par l'ONU ou par les médias, mais en définitive, il faut penser à quelque chose qui fera évoluer la situation », avait expliqué le gouverneur Richardson. La conférence de Washington que la RPDC a critiquée fait partie d'une longue liste d'actions qui empêchent le développement d'une relation amicale entre les deux pays qui serait favorable à la paix. En plus, le développement de relations amicales entre États est un mandat de la Charte de l'ONU et une obligation pour les pays membres de l'ONU.

Notes

1 Ronda Hauben, « Une guérilla de l'information aux Nations-Unies, des préoccupations humanitaires ou des jeux de pouvoir géopolitiques ? »
http://blogs.taz.de/netizenblog/2014/12/31/information-warfare-at-the-un/

« Le 23 septembre 2014, le secrétaire d'État des États-Unis, John Kerry, a organisé une réunion non loin du siège de l'ONU à New York dans le but de mettre en place des actions de l'ONU condamnant la RPDC, mieux connue sous le nom de Corée du Nord, en vertu d'allégations de violations des droits humains.

« Le sujet de la réunion était supposément un rapport de la Commission d'enquête des droits humains de l'ONU (CE) alléguant des violations des droits humains en Corée du Nord. Le ministre des Affaires étrangères de la Corée du Nord était présent à la session d'ouverture de l'Assemblée générale 2014-2015 mais lui et sa délégation se sont vu interdire l'entrée à cette réunion organisée par les États-Unis au sujet de la Corée du Nord. »

2. Yi Whan-woo, « Une conférence sur les droits de l'homme en Corée du Nord doit se tenir aux États-Unis », le Korea Times, 10 février 2015
http://koreatimes.co.kr/www/news/nation/2015/02/113_173399.html

3. Ivan Simonovic parle de la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée — Rencontre du Conseil de sécurité avec les médias, le 22 décembre 2014
http://m.webtv.un.org/watch/ivan-simonovic-on-the-situation-of-human-rights-the-democratic-peoples-republic-of-korea-security-council-media-stakeout-22-december2014/3957338562001

Voici la transcription d'une question posée lors du point de presse par un journaliste qui demande à M. imonovic s'il est confiant que les conclusions et les constatations du Rapport de la Commission d'enquête sont corroborées par d'autres preuves, suivie de la transcription de la réponse de M. Simonovic

Question : « Est-ce que selon vous les conclusions et les constatations qui sont faites par la Commission d'enquête sont corroborées de façon satisfaisante non seulement par les déclarations des transfuges mais par d'autres preuves documentaires et visuelles fournies par les satellites ?

« En plus, êtes-vous d'accord, vous basant sur vos visites à d'autres pays et votre examen des dossiers sur les droits de l'homme, avec les conclusions de la commission à l'effet que les abus en Corée du Nord sont sans parallèle ? »

Réponse de M. Simonovic : « Eh bien, j'aimerais partager avec vous mes sentiments qui sont des sentiments mitigés. Je crois certainement que c'est une bonne chose que d'avoir des preuves solides que des crimes contre l'humanité ont été perpétrés. D'un autre côté, nous devons être bien conscients que le seuil qui a été accepté par la Commission d'enquête pour sa preuve ne tiendrait pas devant un tribunal.

« Il reste beaucoup à faire en fait de collecte de documents et d'autres formes de preuves. Selon nous, il est très important que ces autres choses soient amassées pour faire en sorte que la responsabilité sera au rendez-vous au moment où nous allons pouvoir appliquer ces choses dans la vie réelle. »

4. Blaine Harden, http://www.blaineharden.com/

5. JA Song Nam, ambassadeur de la République populaire démocratique de Corée : communiqué de presse du 21 janvier 2015, lettre adressée au secrétaire général de l'ONU et au Conseil de sécurité de l'ONU

6. Ronda Hauben, Une diplomatie qui sort des sentiers battus pour bâtir un dialogue avec la Corée du Nord, le 15 juillet 2013
http://blogs.taz.de/netizenblog/2013/07/15/out-of-the-box-diplomacy-to-build-a-dialogue-with-north-korea/

Voir aussi also http://asiasociety.org/video/policy/searching-peace-north-korea-complete

(blogs.taz.de/netizenblog, February 23, 2015)

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Les dangers posés par la présence américaine au Japon

Le Japon aurait intérêt à se libérer de
ses fardeaux historiques

À l'approche du 70e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le Japon s'est fait réprimander de manière directe et implicite pour ne pas avoir réfléchi sérieusement sur son passé de guerre.

En répondant à la question d'un journaliste japonais lors d'une conférence de presse accordée à Beijing dimanche, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a exhorté le Japon à abandonner ses tentatives de diluer la culpabilité de la nation pour les atrocités commises en temps de guerre.

« Il y a 70 ans, le Japon a perdu la guerre. Soixante-dix ans plus tard, le Japon ne doit pas perdre sa conscience », a averti M. Wang.


Des travailleurs japonais manifestent pour de meilleurs salaires et conditions de travail et pour que le gouvernement respecte l'article de la constitution sur le caractère pacifiste du Japon le 4 mars 2015.

Le lendemain à Tokyo, la chancelière allemande Angela Merkel a utilisé des propos moins tranchants, allant toutefois dans la même veine, lorsqu'elle a affirmé que son pays s'est mérité le pardon de ses voisins européens face au rôle de l'Allemagne nazie dans la Deuxième Guerre mondiale « d'abord parce que l'Allemagne a fait face à son passé honnêtement ».

Cette année marque le 70e anniversaire de la victoire de la guerre de Résistance contre l'agression japonaise du peuple chinois et la guerre anti-fasciste. Dans de telles circonstances, la capacité du Japon à exprimer des remords sincères suite à ses crimes de guerre et à tirer des leçons de l'Histoire attirera l'attention du monde entier.

Malheureusement, le Premier ministre japonais Shinzo Abe s'est dit enclin à calmer les remords nationaux face à la guerre, suite à des remarques étonnantes prononcées ces dernières semaines.

Tout au long de sa carrière politique, M. Abe a tenté à plusieurs reprises de blanchir le Japon de son passé d'agression.

En 1995, en tant que nouveau membre de la Chambre des Représentants, M. Abe s'est abstenu de voter sur un projet de résolution concernant le 50e anniversaire de la guerre, disant s'opposer à certains termes utilisés dans le document tels que « règne colonial » et « invasion ».

Plus tôt, en tant que membre clé d'une organisation de législateurs conservateurs, M. Abe avait réussi à éliminer des expressions telles qu' »excuse » et « ne jamais faire la guerre » du document.

La résolution a été adoptée, puis est devenue le fondement de la Déclaration de Murayama, une déclaration historique du Japon d'après-guerre se repentissant de la guerre.

Au moment de la publication de la déclaration par le Premier ministre de l'époque Tomiichi Murayama, « La guerre de la grande Asie de l'Est », un livre bourré de faits historiques déformés, a été publié par le groupe de droite « Comité de révision historique », dont M. Abe est un membre clé.

En 2005, la Diète japonaise (Parlement) a adopté une résolution marquant le 60e anniversaire de la fin de la guerre. Bien que les termes « règne colonial » ou « invasion » n'aient pas été utilisés dans le document, celui-ci a été rejeté par le secrétaire général du Parti libéral-démocrate (PLD) de l'époque, M. Abe, qui l'a qualifié d' »héritage » de la résolution liée à la guerre vieille d'une décennie.

Depuis le début de son second mandat de Premier ministre japonais en 2012, M. Abe a tenu de nombreux propos controversés concernant l'agression commise par le Japon au cours de la Seconde Guerre mondiale, et a rendu hommage au sanctuaire de Yasukuni malgré les protestations de pays voisins.

Par ailleurs, il a récemment révélé son intention de remplacer la Déclaration de Murayama par sa propre version.

La tendance révisionniste de M. Abe a suscité des préoccupations quant à « la soi-disant Déclaration d'Abe », qui pourrait être une nouvelle déformation de l'Histoire.

Dans des efforts apparents destinés à apaiser ces inquiétudes intérieures et extérieures, M. Abe a affirmé à différentes occasions qu'il « héritera grosso modo de la Déclaration de Murayama », mais qu'il ne se limitera pas à utiliser exactement les mêmes termes.

Quelle que soit l'habileté de M. Abe à vanter « la paix », « le développement » et « la contribution » dans sa déclaration, ce document ne sera nul autre qu'un manifeste historiquement révisionniste, en l'absence de certains mots-clés, tels que « règne colonial » et « invasion ».

Les affaires historiques hanteront les relations du Japon avec la Chine et d'autres pays asiatiques ayant souffert de la guerre d'agression japonaise ainsi que son règne colonialiste.

« Porter le fardeau de l'histoire, ou faire une rupture nette avec son passé », comme l'a dit le ministre chinois des Affaires étrangères, la décision revient au Japon.

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Le militarisme américain et japonais en hausse

Le Cabinet japonais a récemment approuvé un budget militaire de 51,24 milliards $ pour l'année fiscale 2015. Avec l'augmentation de 2 % par rapport à l'année dernière, le montant représente la plus grande dépense militaire pour l'impérialisme japonais. Le budget militaire pour l'année inclus environ 6,6 milliards $ pour financer l'occupation militaire américaine du Japon avec les États-Unis dépensant 6,26 milliards $ annuellement pour l'occupation. L'augmentation dans les dépenses militaires reflète en partie le pivot asiatique pour menacer la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la Chine ainsi que consolider l'impérialisme américain en tant que dictature mondiale.

Le gouvernement japonais dit que le budget militaire, outre le maintien de la force des troupes, sera utilisé pour acheter de l'équipement sophistiqué principalement de fournisseurs japonais et américains. Cela inclut les dépenses pour l'aéronef de transport de troupes à rotors basculants Osprey de Boeing, des drones de surveillance Global Hawk de Northrop Grumman, des chasseurs furtifs F-35 de Lockheed Martin, des avions chasseurs de sous-marins P-1 de Kawasaki Heavy Industrie et le sous-marin furtif Soryu. Le budget 2015 couvre aussi l'achat de pièces pour les drones Global Hawk, qui doivent être déployées en 2019, deux destroyers équipés de radars Aegis et un système de défense par missiles développé conjointement avec l'impérialisme américain.

La construction de navires de guerre est une composante majeure du budget militaire avec des achats à des monopoles japonais tels que Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et IHI Corporation (anciennement connu sous le nom Ishikawajima-Harima Heavy Industries et lié au groupe Sumitomo avec des ententes d'affaires avec Kawasaki et Fuji Heavy Industries, Boeing et GE). Le Japon a déjà la plus grande Garde côtière au monde qui est principalement de nature militaire et équipe sa flotte séparée de destroyers et croiseurs modernes pour un déploiement à l'étranger.

Selon l'Agence nationale de la défense du Japon, qui est la composante administrative de l'armée, la tendance générale des achats ces dernières années indique un développement de systèmes d'armements naval et aérien. Par exemple en 2012, l'armée a dépensé 16 % de son budget sur des armes et des systèmes d'acquisition. La construction navale s'élevait à 1,8 milliards $, une augmentation significative par rapport à l'année précédente, ce qui a de nouveau été augmenté. Les achats d'avions de guerre pour cette année totalisaient 1,36 milliards $ et un autre 1,03 milliards $ sur la R&D pour l'équipement. Ces achats, de pair avec d'autres développements ont stimulé l'industrie d'équipement de guerre au Japon, dans une économie capitaliste monopoliste souffrant de crises économiques récurrentes chroniques.

L'industrie de guerre du Japon


Manifestation contre la levée de l'embargo sur l'exportation d'armements, près du bureau du Premier ministre Abe à Tokyo, 1er avril 2014.

En plus d'augmenter son budget militaire, le gouvernement japonais a adopté deux autres mesures stimulant l'industrie de guerre. En 2008, il a adopté la Loi de base sur l'espace. La nouvelle loi étend le focus sur la technologie et la R&D pour inclure la « sécurité » dans l'espace. L'emphase sur assurer la sécurité dans le cosmos a signifié le développement de systèmes spatiaux pour satisfaire aux besoins du pivot asiatique de l'armée américaine et le renforcement des capacités militaires du Japon.

Cela a eu pour résultat plus de ventes pour les compagnies militaires japonaises telles MHI, qui est en première place pour les ventes d'armements au ministère de la défense. En réponse au changement de la politique spatiale du gouvernement, MHI a combiné en 2014 ses départements reliés à l'espace avec le département des affaires de défenses. MHI a déclaré dans un communiqué de presse qu'il cherche à augmenter ses ventes du secteur spatial à plus de 5 milliards $ et à élargir son autre activité militaire. Le domaine de l'espace et de la défense occupent 27 % des ventes de MHI au Japon. Jusque-là, la compagnie n'avait pas de ventes dans ce domaine dans d'autres pays mais cela changera bientôt. Un élan des ventes militaires pour les principales compagnies japonaises d'armements est survenu avec la décision l'année dernière du gouvernement japonais d'enlever l'interdiction sur l'exportation d'équipement militaire.

Koga Yoshihiro, professeur émérite à l'université Kaestu a exprimé sa préoccupation face à ce développement disant : « L'augmentation des exportations d'armes augmentera la proportion de la production militaire dans l'ensemble et produira un changement dans la structure industrielle japonaise. »

Les géants japonais de la construction navale
se dirigent vers la militarisation rapide

À la demande de l'impérialisme américain et en réponse aux crises économiques récurrentes sans fin du capitalisme monopoliste japonais, le gouvernement a accéléré la militarisation du secteur de l'industrie lourde du Japon et l'a orienté pour des commandes liées au secteur militaire.

Mitsubishi Heavy Industries (MHI), le constructeur naval géant qui a construit le cuirassé Mushashi lors de la Deuxième Guerre mondiale, est au premier rang de cette militarisation. Après la guerre, sous l'occupation militaire américaine, le constructeur naval s'est converti pour produire des vaisseaux commerciaux. Dans les années 50, il est devenu la plus grande entreprise de construction navale au monde. Maintenant, cependant, la compagnie devient de nouveau un manufacturier militaire majeur.

Le professeur Yoshihiro souligne que dans le contexte du changement de direction de MHI il y a les changements structuraux dans le marché mondial de la construction navale. Après la conversion en construction navale commerciale, les monopoles japonais tels MHI sont venus en compétition et dans un conflit sérieux au milieu des années 80 avec les compagnies de construction navale sud coréennes et en une plus grande compétition dans les années 2000 avec les constructeurs navals chinois. Les monopoles japonais ont perdu progressivement leur position dans le marché mondial.

Face à cette compétition, le professeur Yoshihiro a dit que les constructeurs navals japonais ont augmenté leur focus sur la militarisation avec MHI menant la tendance. « Mitshubishi tente de traverser la difficulté en focusant sur la construction de navires de guerre dernier cri, incluant des sous-marins et des croiseurs Aegis », a-t-il dit.

La construction militaire est classée dans la rubrique de la sécurité nationale et par conséquent élimine les compétiteurs externes ou même les cibles de l'occupation militaire américaine du Japon et son pivot asiatique. L'élite dirigeant japonaise considère toute la Corée, pas seulement la RPDC, comme un concurrent militaire et cherche sa revanche pour avoir été expulsée de ses occupations coloniales en Asie, qui étaient une énorme source de tribut.

La classe dirigeante japonaise n'externaliserait pas l'armement moderne à des entreprises coréennes ou chinoises. Sur les six destroyers Aegis déployés par l'armée japonaise, un fut construit par IHI Corporation et les autres par MHI. MHI est maintenant le plus grand manufacturier d'armement au pays. Les constructeurs navals du Japon ont constamment exhorté les gouvernements successifs à augmenter les dépenses militaires nationales ainsi que de lever l'interdiction sur les exportations d'armement. En 2007, le président de MHI Nishioka Takashi a critiqué la pratique du Japon de bannir les exportations d'armements, disant que la politique « entrave le développement des capacités technologiques des fabricants japonais » et va « à l'encontre du but de l'alliance Japon-États-Unis. »

Lever l'embargo sur l'exportation d'armements
fait partie du pivot asiatique d'Obama

Le gouvernement Abe a levé l'embargo sur l'exportation d'armements le 1er avril 2014. Le même jour, la Fédération des organisations économiques japonaises (Keidanren) a émis un communiqué accueillant avec enthousiasme le changement de politique. La levée de l'interdiction permet l'exportation d'armements et de technologies liées au secteur militaire dans les restrictions de l'occupation militaire américaine. Cela répond aux demandes des cercles d'affaires américains et japonais, alors que l'occupation militaire américaine du Japon inclue l'intégration financière et industrielle de la production militaire. Par exemple, l'avion de guerre F-35 est produit conjointement au Japon et aux États-Unis, tout comme le système de combat Aegis et le système de missiles de défense.

La décision expose la fausseté du prétendu « esprit pacifique de la Constitution japonaise », que le Japon et les États-Unis font miroiter tout en s'engageant conjointement dans des guerres prédatrices, telles que la guerre contre la Corée et le Vietnam, et menace d'annihilation nucléaire la RPDC et la Chine. Cela avec l'armée américaine agissant comme fer de lance et l'armée et le territoire japonais en tant que base et fournisseur en Asie.

La levée de l'exportation d'armements confirme le pivot asiatique d'Obama et une menace mortelle sérieuse en Asie orientale et au-delà. Le changement a longtemps été considéré comme un credo national confirmé par une résolution de la Diète adoptée par les deux Chambres en 1981 déclarant la position du Japon en tant que « nation pacifique en ligne avec l'idéal pacifique de la Constitution. » Le changement efface l'hypocrisie précédente de la « constitution pacifique » imposée par l'armée américaine d'occupation en mettant l'occupation militaire américaine du Japon sur un pied de guerre ouvertement agressif avec les ressources militaires japonaises disponibles mondialement.

Sous la nouvelle politique, le gouvernement japonais a approuvé l'exportation d'avions de combat F-35 à Israël, à laquelle le Japon prend part dans le cadre de leur fabrication conjointe internationale. Elle permet aussi l'exportation d'armes de destructions massive à non seulement des gouvernements étrangers mais aussi des alliances internationales de guerre telles que l'OTAN. Sous les directives procédurales, le Japon peut aussi fournir à l'étranger des services de réparation et d'entretien, même dans les zones de guerre active, pour les avions, navires de guerre et autres armements américains. Le gouvernement coordonne ce changement avec la permission qui est donnée à l'armée japonaise de s'engager ouvertement dans des guerres à l'étranger. L'armée japonaise agit ouvertement partout dans le monde sous la couverture d'opérations de « lutte contre la piraterie » et de « maintien de la paix ». L'armée américaine sous le pivot asiatique d'Obama veut maintenant que l'équipement et les troupes japonaises joignent les guerres prédatrices et sa « guerre contre le terrorisme » dans le monde, pas seulement comme base fiable pour les guerres et l'intimidation en Asie. Le gouvernement met de l'avant ce changement sous la maxime agressive et tordue « le droit à l'auto-défense collective à l'étranger afin de construire un Japon prêt pour la guerre. »

La levée de l'exportation d'armement et la pression pour déployer l'armée japonaise à l'étranger sonne l'urgence pour le peuple de lutter pour un gouvernement anti-guerre qui mette fin à l'occupation militaire américaine du Japon, défend le principe de régler les différends avec les autres pays pacifiquement sans le recours à la force, de doter le Japon d'une Constitution et de mécanismes politiques modernes pour le renouveau démocratique, une nouvelle direction pour l'économie et l'habilitation du peuple.

Les Canadiens peuvent jouer un rôle dans l'opposition de la montée du militarisme américain et japonais en organisant pour un gouvernement anti-guerre au Canada qui affaiblit le militarisme américain et japonais en coupant tous les liens canadiens avec l'OTAN, NORAD, le United States Northern Command et toutes les autres organisations contrôlées et dirigées par l'impérialisme américain.

(Sources : Ministère des finances du Japon, Demande de budget exercice 2015 Ministère de la défense du Japon, Japan Press Weekly, Akahata)

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