Le
                              Marxiste-Léniniste

Numéro 102 - 1er octobre 2012

25e anniversaire de l'accord annexionniste
de libre-échange avec les États-Unis

Renforcement du pouvoir monopoliste privé et nécessité de renouveau économique et politique


25e anniversaire de l'accord annexionniste de libre-échange avec les États-Unis
Renforcement du pouvoir monopoliste privé et nécessité de renouveau économique et politique - K. C. Adams

Deuxième session du 41e parlement canadien
Le parlement reprend là où il s'était arrêté - Enver Villamizar
Intensification des attaques contre les droits collectifs des travailleurs - Jim Nugent

Élection présidentielle au Venezuela
Le peuple vénézuélien marche pour la victoire du président Chavez et la défense de la révolution bolivarienne - Claude Brunelle

Fraude électorale au Mexique
L'avenir du Mexique - Pablo Moctezuma Barragán


25e anniversaire de l'accord annexionniste
de libre- échange avec les États-Unis

Renforcement du pouvoir monopoliste privé et nécessité de renouveau économique et politique

Les accords de libre-échange que le Canada a commencé à établir avec les États-Unis il y a 25 ans représentent un resserrement de l'emprise du capital monopoliste sur les affaires politiques et économiques du pays. Les intérêts privés les plus puissants, établis principalement aux États-Unis, ont petit à petit consolidé leur pouvoir politique et économique. Ce pouvoir économique et politique a entrepris d'éliminer tous les obstacles à sa domination et à l'exercice du droit de monopole au sein des institutions nationales publiques et privées, comme le Parlement canadien, l'Assemblée nationale du Québec, les assemblées législatives, les syndicats et les autres organisations de la société civile.

Le pouvoir monopoliste privé est la fusion du capital bancaire et du capital industriel pour former le capital financier. Le capital financier s'est servi du libre-échange comme d'une arme pour étendre et resserrer son emprise sur tous les aspects de la vie politique et économique. Il a sa base aux États-Unis des monopoles d'Amérique du Nord, mais sa portée atteint tous les pays du système impérialiste d'États, surtout ceux qui font partie de la sphère d'influence anglo-américaine.

Le libre-échange représente la fin de la raison d'État du Canada originaire en tant que projet national pour bloquer le continentalisme américain. Aujourd'hui, on cherche à établir une nouvelle raison d'État dans laquelle le Canada est un des vassaux des États-Unis des monopoles d'Amérique du Nord voués à servir la quête de domination mondiale de l'impérialisme américain en rivalité avec les autres puissances au sein du système impérialiste d'États. C'est un système dont se servent les monopoles pour opprimer et exploiter les peuples du monde et s'emparer de leurs ressources naturelles et de la valeur produite par leur travail.

L'oligarchie financière a utilisé les monopoles privés pour conquérir le Canada et le Mexique, établir sa domination en Amérique du Nord et étendre ses tentacules au-delà de l'Amérique du Nord grâce à des arrangements de libre-échange avec d'autres États au sein du système d'États dominé par les États-Unis, notamment Israël, le Chili, le Pérou, le Costa Rica, la Colombie, la Jordanie, les pays de l'Association européenne de libre-échange qui ne font pas partie de l'Union européenne et le Panama (présentement débattu au parlement), et différents accords multilatéraux en négociation avec l'Union européenne (AECG) et la plupart des pays de l'Asie pacifique (Partenariat transpacifique), excluant spécifiquement la Chine et la République populaire démocratique de Corée. Cette expansion, de pair avec les guerres de rapine en Iran, en Afghanistan, au Pakistan, en Libye et en Syrie et l'ingérence politique directe et les menaces d'agression contre tous les pays du monde, est généralement appelée mondialisation néolibérale.

Les données économiques depuis la signature de l'accord de libre-échange en 1987 montrent la montée de la domination des plus grands monopoles mondiaux. Selon une nouvelle étude de BMO Nesbitt Burns, l'investissement au Canada en provenance des États-Unis (en dollars actuels) est passé de 76 milliards $ en 1988 à 326 milliards $ en 2011. Durant la même période, l'investissement aux États-Unis en provenance du Canada est passé de 55 milliards $ à 276 milliards $. Ce mouvement et cette fusion du capital financier constituent la base économique de l'annexion du Canada à l'empire américain sur la base de laquelle la mondialisation néolibérale étend sa portée économique, militaire et politique au monde entier.

Par contre, les données sur le commerce des marchandises entre le Canada et les États-Unis permettent de voir que, bien que les échanges commerciaux soient considérables, le coeur du libre-échange est le libre mouvement du capital monopoliste. Le commerce bilatéral des marchandises entre les deux pays totalisait environ 100 milliards $ par année vers la fin des années 1980, atteignait 350 milliards $ par année en 2000 avec l'accord de libre-échange, est resté plus ou moins stable pendant les années suivantes, a chuté durant les crises de 2008-2010 et demeure aujourd'hui en dessous du niveau atteint en 2000. Selon l'étude de la BMO, les exportations vers les États-Unis représentaient 17 % du PIB du Canada tout juste avant la conclusion de l'accord de libre-échange. Elles ont atteint leur sommet à 33 % du PIB en 2000 et ont depuis chuté à 19 %, soit quelques points de plus qu'avant le libre-échange.

Un changement important s'est produit dans la façon dont les Canadiens gagnent leur vie depuis l'accord de libre-échange. L'aspect le plus frappant est la perte d'emplois dans le secteur manufacturier. Durant les deux premières années de l'accord de libre-échange, quelque 200 000 emplois manufacturiers ont disparu. Il y a eu une reprise partielle dans les années 1990, mais au cours de la dernière décennie la destruction du secteur manufacturier s'est accélérée. Statistique Canada rapporte une chute constante du pourcentage du PIB attribuable au secteur manufacturier depuis l'accord de libre-échange, passant de 20 % avant l'accord à 15,6 % en 2005 et 13 % en 2010. Cette chute peut être attribuée en partie à l'augmentation de la productivité, mais elle est en majeure partie attribuable à une politique délibérée des monopoles mondiaux dominants consistant à déplacer les opérations manufacturières à l'extérieur du Canada, souvent vers les États-Unis. Le pouvoir politique du libre-échange et le libre mouvement du capital donnent aux monopoles mondiaux la liberté de détruire l'économie, de privatiser ou de dégrader par d'autres moyens les programmes sociaux et les services publics, y compris la réglementation des entreprises, d'apporter des modifications régressives au régime fiscal en faveur d'une imposition individuelle plutôt que de société, comme avec la TPS et les frais d'utilisateur, et de faire tout ce qui sert leurs intérêts monopolistes étroits.

Le pouvoir politique et l'expression concentrée du libre-échange est l'exercice du droit de monopole aux dépens du droit public sur toutes les questions et dans tous les domaines, et la domination d'intérêts monopolistes privés dans les institutions politiques publiques. Les droits des individus, surtout ceux de la classe ouvrière, subissent une pression extrême. Toutes les décisions politiques importantes sont prises in camera par les intérêts monopolistes privés directement concernés et l'appareil exécutif de leurs représentants politiques. Toutes les institutions du pouvoir civil et des droits du travail jouant un rôle dans l'établissement d'un équilibre au sein de la raison d'État canadienne en opposition au continentalisme américain, comme la Commission nationale du blé, sont maintenant abolies, tout simplement inutilisées ou attaquées de différentes manières.

Le défi pour la classe ouvrière et ses alliés est de se constituer en force sociale capable d'établir une nouvelle raison d'État pour le Canada dans un État national basé sur :

- la reconnaissance des droits de tous et la souveraineté de toutes les nations, ce qui veut dire en pratique mettre fin à tous les accords militaires avec les États-Unis, cesser de participer à leurs guerres de rapine et se retirer immédiatement de l'OTAN et de NORAD ;

- une économie qui suffit à ses besoins en développant le secteur manufacturier et en garantissant le bien-être de chacun en toute situation et circonstance ;

- la pratique du commerce pour l'avantage réciproque avec toutes les nations quel que soit leur régime politique, ce qui veut dire en pratique annuler tous les accords actuels de libre-échange et cesser d'utiliser la monnaie dominante comme base des échanges commerciaux ou comme fonds de réserve ;

- le droit inaliénable des Canadiens et des Premières Nations à la propriété et au contrôle de toutes leurs ressources naturelles ;

- le droit inaliénable des Canadiens de contrôler le processus décisionnel sur toutes les questions qui touchent à l'économie socialisée et à l'environnement social et naturel ;

- investir le peuple souverain de son pouvoir souverain par des institutions politiques renouvelées qui garantissent son droit de se gouverner et de décider de ses affaires.

Oui au droit public ! Non au droit de monopole !
Oui au secteur manufacturier ! Non à la destruction nationale !

Haut de page


Deuxième session du 41e parlement canadien

Le parlement reprend là où il s'était arrêté

Les Canadiens ont été bombardés de rapports trompeurs voulant que les objectifs du gouvernement pour cette session du parlement sont de mener à la prospérité. Or, il est déjà question que les Canadiens devront subir un autre projet de loi omnibus encore plus imposant que celui adopté lors de la dernière session, le projet de loi C-38. Le leader parlementaire Peter Van Loan a dit que ce projet de loi serait une priorité dès cet automne.

À cet égard, la session parlementaire reprendra là où elle s'était arrêtée. De nouvelles lois, plusieurs comprises dans le projet de loi omnibus universel, ont servi à imposer des arrangements antinationaux et à saisir la prérogative définie dans la constitution comme étant les pouvoirs résiduels de la Couronne. Cela a été rendu possible en élargissant les pouvoirs arbitraires attribués aux ministres de la Couronne, conséquence d'une dérogation à l'esprit de la loi et d'une modification des paramètres que doivent respecter les ministres gouvernementaux. Qui plus est, les critères invoqués par les ministres pour exercer leur discrétion sur la base de ces pouvoirs arbitraires ont aussi été redéfinis, remplacés plus souvent qu'autrement par des notions d'« intérêt national » et de « sécurité nationale ». À cet effet, de plus amples changements sont prévus pour la Loi canadienne sur l'investissement étranger, lesquels changements seraient faits subtilement par le biais d'une loi omnibus. Les travailleurs devront être sur leurs gardes face à des changements apportés par le biais d'une loi omnibus sous couvert de la « sécurité nationale ».

Le recours aux lois omnibus a été vigoureusement dénoncé par les Canadiens lors de la dernière session. Cette opposition venait aussi d'experts légaux et constitutionnels qui considèrent que ces méthodes remettent en cause la légitimité même du parlement. Le parlement a la responsabilité de traduire la volonté populaire en volonté légale en proposant et en débattant des lois qui soutiennent le droit public, et non des intérêts privés et le droit de monopole. Puisqu'il n'existe aucune définition établie de ce qui constitue une loi omnibus, ces méthodes servent à ouvrir la voie à l'ordre du jour néolibéral, antisocial, antiouvrier et antinational du gouvernement Harper. Le gouvernement continue d'abuser de sa majorité obtenue de façon douteuse pour désinformer le corps politique et repousser toute résistance organisée et toute opposition. Il continue de se cacher derrière de nobles idéaux toujours selon ce qui sert ses objectifs immédiats, ces idéaux pouvant se nommer prospérité, la guerre aux pédophiles ou venir en aide aux victimes d'actes criminels.

Les nouveaux arrangements mis en place par le gouvernement Harper par le biais de lois omnibus répondent aux mesures qu'on met présentement en place entre les pouvoirs exécutifs du Canada et des États-Unis pour établir les États-Unis des monopoles d'Amérique du Nord et leur permettant de faire concurrence à d'autres blocs économiques, militaires et politiques.

L'ambassadeur des États-Unis au Canada, David Jacobsen, dans le cadre d'une émission de CTV le 24 juin, commentant la fin de session parlementaire, a dit que cette période était parmi les plus extraordinaires de l'histoire des relations entre le Canada et les États-Unis. Il a révélé que les pouvoirs exécutifs du Canada et des États-Unis, dont font partie, selon lui, le premier ministre, le président et d'autres « hauts fonctionnaires au sein des deux gouvernements », s'étaient réunis afin de faire le bilan de leurs réalisations. Il s'agit de la réunion du Comité exécutif ayant été mis sur pied par les deux pouvoirs exécutifs dans le but de gérer ces États-Unis des monopoles d'Amérique du Nord.

Jacobsen a spécifiquement cité l'accord frontalier conclu entre le Canada et les États-Unis qui fait en sorte que le Canada serait l'unique source de financement de la construction du nouveau pont entre les villes de Windsor et de Détroit ; la Loi modifiant la Loi sur les droits d'auteur, le projet de loi C-11 ; le fait que le gouvernement des États-Unis ait autorisé le Canada à participer aux pourparlers pour l'entente commerciale du Partenariat transpacifique. Il a donné d'autres exemples de grandes réalisations durant cette période : la bonification de NEXUS, un programme conjoint canado-étasunien sur les douanes et l'immigration qui facilite le mouvement de voyageurs « dignes de confiance » en Amérique du Nord ; la mise sur pied d'équipes frontalières intégrées dans la plupart des postes frontaliers entre le Canada et les États-Unis ; et de nouveaux règlements qui éliminent les contrôles de sécurité aux frontières pour toute marchandise ayant déjà été examinée par des agents de sécurité étasuniens ou canadiens.

Le périodique Embassy cite un analyste au sujet de la concordance entre la Loi sur les droits d'auteur et le fait que les États-Unis aient accepté que le Canada participe aux pourparlers du Partenariat transpacifique :

« Je devine un peu que c'est le résultat d'une ultime entente et non l'effet du hasard si la Chambre a adopté la loi au cours de la nuit et que le lendemain nous avons été autorisés à participer aux négociations. »

Ces manoeuvres d'un cynisme consommé démontrent que des décisions qui affectent profondément l'avenir du Canada sont prises à l'extérieur de l'enceinte parlementaire, de ses comités, de ses partis politiques au parlement, y compris le parti au pouvoir et même le Cabinet. L'adoption de lois omnibus est le mécanisme privilégié du gouvernement Harper pour mettre tout cela en place. Notons que tandis que le gouvernement Harper procède à des coupures massives dans la fonction publique, tout semble indiquer que 100 employés à temps plein travaillent actuellement au Bureau du premier ministre à « conseiller » et à « consulter » le premier ministre, ainsi que 1 066 employés au Bureau du Conseil privé qui y remplissent les mêmes fonctions. Il s'agit sans aucun doute d'intérêts privés servant l'oligarchie financière internationale, lesquels intérêts privés ont présentement pris en charge les nouveaux arrangements d'État et décident comment le gouvernement Harper devra s'y prendre pour brader les ressources naturelles et humaines du Canada et les mettre à la disposition des ambitions agressives des impérialistes étasuniens pour la domination mondiale. Une fois de plus, l'Histoire déclare haut et fort que c'est à la classe ouvrière de mettre un terme à cet état de fait en assumant le rôle politique qui lui revient de droit de se constituer en la nation et d'investir le peuple du pouvoir souverain.

À quoi il faut s'attendre

Une vue d'ensemble des lois proposées et adoptées lors de la dernière session parlementaire, des lois en attente et des divers changements aux réglementations révèle la direction que prend le gouvernement Harper dans ses efforts pour établir les États-Unis des monopoles d'Amérique du Nord sur la base d'une nouvelle raison d'État promue par les élites dominantes du Canada et des États-Unis pour mieux servir leur besoin de domination mondiale. C'est se servir des institutions publiques pour avancer les intérêts privés et faire la guerre aux autres intérêts privés et aux autorités publiques qui leur font concurrence, le tout aux dépens des peuples du Canada, des États-Unis et du monde.

Cette direction comprend :

- l'adoption de lois permettant encore davantage à l'État de s'ingérer dans les affaires d'organisations et de peuples qui ne sont pas directement sous contrôle gouvernemental, en particulier les Premières Nations, les syndicats, les organisations d'agriculteurs, de charité, et les organisations non gouvernementales qui ne sont pas redevables au gouvernement ou aux partis politiques;

- de nouveaux changements au Code criminel permettant de consolider le pouvoir central déjà concentré entre les mains du ministre de la Sécurité publique. Ces changements violent les droits humains des individus reconnus coupables de crimes, criminalisent des délits mineurs en imposant des peines d'emprisonnement et légalisent la diffamation de Canadiens individuels et même de pays en les appelant, entre autres, des « terroristes ». Certains de ces changements ont été jugés irrecevables par les tribunaux. Par exemple, en février dernier un juge a refusé d'appliquer les peines de prison minimales et obligatoires imposées par la Loi sur la lutte contre les crimes violents de 2008, les qualifiant de « châtiments cruels et inhabituels »;

- des changements annoncés aux lois sur l'immigration qui centralisent les pouvoirs entre les mains du ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration et légalisent la diffamation de réfugiés, d'immigrants et de résidents permanents, tout en permettant que ceux-ci puissent être assujettis aux monopoles en tant que main-d'oeuvre à bon marché. Ces changements sont faits au nom de valoriser la citoyenneté et d'éliminer les abus de procédures par des éléments sans scrupules. Ce n'est que désinformation puisque des mesures sont déjà prévues à cet effet;

- des changements affectant la réglementation touchant aux secteurs de l'économie et permettant un plus grand contrôle centralisé entre les mains du pouvoir exécutif;

- de nouveaux arrangements dans les services militaires et dans les services de police et de sécurité nationales, par exemple celui plaçant des institutions civiles comme la Garde côtière canadienne sous contrôle du commandement des États-Unis.

L'état de la législation

Chambre des communes

En attente de la première lecture :

S-9 : Loi modifiant le Code criminel (Loi sur le terrorisme nucléaire)

À l'étape de la deuxième lecture :

S-9 : Loi concernant les foyers familiaux situés dans les réserves des Premières Nations et les droits ou intérêts matrimoniaux sur les constructions et terres situées dans ces réserves

S-6 : Loi concernant l'élection et le mandat des chefs et des conseillers de certaines premières nations et la composition de leurs conseils respectifs

S-7 : Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur la preuve au Canada et la Loi sur la protection de l'information

S-8 : Loi concernant la salubrité de l'eau potable sur les terres des Premières Nations

C-4 : Loi modifiant la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, la Loi sur des mesures de réforme équitables concernant les réfugiés et la Loi sur la sûreté du transport maritime

C-5 : Loi prévoyant la reprise et le maintien des services aériens

C-7 : Loi concernant la sélection des sénateurs et modifiant la Loi constitutionnelle de 1867 relativement à la limitation de la durée du mandat des sénateurs

C-12 : Loi modifiant la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques

C-14 : Loi modifiant la Loi de mise en oeuvre de l'Accord sur le commerce intérieur et la Loi sur la responsabilité civile de l'État et le contentieux administratif

C-15 : Loi modifiant la Loi sur la défense nationale et d'autres lois en conséquence

C-17 : Loi modifiant la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada

C-21 : Loi modifiant la Loi électorale du Canada (responsabilité en matière de prêts liés à la politique)

C-30 : Loi édictant la Loi sur les enquêtes visant les communications électroniques criminelles et leur prévention et modifiant le Code criminel et d'autres lois

C-32 : Loi modifiant la Loi sur le mariage civil

C-37 : Loi modifiant le Code criminel (Loi sur la responsabilisation des contrevenants à l'égard des victimes)

C-42 : Loi modifiant la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada et apportant des modifications connexes et corrélatives à d'autres lois

C-43 : Loi modifiant la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés

Comités de la Chambre des communes :

C-24 : Loi portant mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et la République du Panama, de l'Accord sur l'environnement entre le Canada et la République du Panama et de l'Accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et la République du Panama

C-27 : Loi visant à accroître l'obligation redditionnelle et la transparence des Premières Nations en matière financière

C-28 : Loi modifiant la Loi sur l'Agence de la consommation en matière financière du Canada

C-36 : Loi modifiant le Code criminel (maltraitance des aînés)

Projets de loi émanant des députés à surveiller :

Comités de la Chambre des communes :

C-377 : Loi modifiant la Loi de l'impôt sur le revenu (exigences applicables aux organisations ouvrières)

C-394 : Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur la défense nationale (recrutement par des organisations criminelles)

C-309 : Loi modifiant le Code criminel (dissimulation d'identité)

À l'étape de la troisième lecture :

C-217 : Loi modifiant le Code criminel (méfaits à l'égard des monuments commémoratifs de guerre)

C-293 : Loi modifiant la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition (plaignants quérulents)

Au Sénat

S-10 : Loi de mise en oeuvre de la Convention sur les armes à sous-munitions

S-11 : Loi concernant les produits alimentaires, et portant notamment sur leur inspection, leur salubrité, leur étiquetage, la publicité à leur égard, leur importation, leur exportation, leur commerce interprovincial, l'établissement de normes à leur égard, l'enregistrement de personnes exerçant certaines activités à leur égard, la délivrance de licences à ces personnes, l'établissement de normes relatives aux établissements où de telles activités sont exercées ainsi que l'agrément de tels établissements (Loi sur la salubrité des aliments au Canada).

Projets de loi ayant été sanctionnés :

C-2 : Loi modifiant le Code criminel (mégaprocès)

C-3 : Loi portant exécution de certaines dispositions du budget de 2011 mis à jour le 6 juin 2011

C-6 : Loi prévoyant la reprise et le maintien des services postaux

C-8 : Loi portant octroi à Sa Majesté de crédits pour l'administration publique fédérale pendant l'exercice se terminant le 31 mars 2012

C-9 : Loi portant octroi à Sa Majesté de crédits pour l'administration publique fédérale pendant l'exercice se terminant le 31 mars 2012

C-10 : Loi édictant la Loi sur la justice pour les victimes d'actes de terrorisme et modifiant la Loi sur l'immunité des États, le Code criminel, la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et d'autres lois

C-11 : Loi modifiant la Loi sur le droit d'auteur

C-13 : Loi portant exécution de certaines dispositions du budget de 2011 mis à jour le 6 juin 2011 et mettant en oeuvre d'autres mesures

C-16 : Loi modifiant la Loi sur la défense nationale (juges militaires)

C-18 : Loi réorganisant la Commission canadienne du blé et apportant des modifications corrélatives et connexes à certaines lois

C-19 : Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur les armes à feu

C-20 : Loi modifiant la Loi constitutionnelle de 1867, la Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales et la Loi électorale du Canada

C-22 : Loi portant mise en vigueur de l'Accord entre les Cris d'Eeyou Istchee et Sa Majesté la Reine du chef du Canada sur la région marine d'Eeyou

C-23 : Loi portant mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et le Royaume hachémite de Jordanie, de l'Accord sur l'environnement entre le Canada et le Royaume hachémite de Jordanie et de l'Accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et le Royaume hachémite de Jordanie

C-25 : Loi concernant les régimes de pension agréés collectifs et apportant des modifications connexes à certaines lois

C-26 : Loi modifiant le Code criminel (arrestation par des citoyens et moyens de défense relativement aux biens et aux personnes)

C-29 : Loi portant octroi à Sa Majesté de crédits pour l'administration publique fédérale pendant l'exercice se terminant le 31 mars 2012

C-31 : Loi modifiant la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, la Loi sur des mesures de réforme équitables concernant les réfugiés, la Loi sur la sûreté du transport maritime et la Loi sur le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration

C-33 : Loi prévoyant le maintien et la reprise des services aériens

C-34 : Loi portant octroi à Sa Majesté de crédits pour l'administration publique fédérale pendant l'exercice se terminant le 31 mars 2012

C-35 : Loi portant octroi à Sa Majesté de crédits pour l'administration publique fédérale pendant l'exercice se terminant le 31 mars 2013

C-38 : Loi portant exécution de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 29 mars 2012 et mettant en oeuvre d'autres mesures

C-39 : Loi prévoyant le maintien et la reprise des services ferroviaires

S-3 : Loi n° 3 visant à harmoniser le droit fédéral avec le droit civil du Québec et modifiant certaines lois pour que chaque version linguistique tienne compte du droit civil et de la common law

S-4 : Loi modifiant la Loi sur la sécurité ferroviaire et la Loi sur les transports au Canada en conséquence

S-5 : Loi modifiant la législation régissant les institutions financières et comportant des mesures connexes et corrélatives

S-1001 : Loi concernant l'Université Queen's à Kingston

S-1002 : Loi autorisant l'Industrielle Alliance Pacifique, Compagnie d'Assurances Générales, à demander sa prorogation en tant que personne morale régie par les lois de la province de Québec

S-1003 : Loi autorisant Industrielle Alliance Pacifique, Assurance et services financiers inc. à demander sa prorogation en tant que personnes morale régie par les lois de la province de Québec

S-5 : Loi modifiant la législation régissant les institutions financières et comportant des mesures connexes et corrélatives (Loi sur la révision du système financier)

(Traduction : LML)

Haut de page


Intensification des attaques contre
les droits collectifs des travailleurs

Les organisations de défense des travailleurs représentent le principal obstacle à l'objectif déclaré du gouvernement conservateur de Stephen Harper d'imposer une transformation majeure à la société canadienne, une transformation qui affecterait à la baisse les salaires et les avantages sociaux des travailleurs ainsi que les programmes sociaux pour tous les Canadiens. Aucun effort n'est épargné par la bande Harper pour semer le désarroi pour contrer les syndicats des travailleurs et toute forme de résistance et d'organisation du peuple.

Au cours de la dernière année cette campagne a pris la forme de coups d'éclat, de confrontation directe avec les travailleurs dans les secteurs privés et publics régis par les lois du travail fédérales — les compagnies aériennes, le service postal et les compagnies ferroviaires. L'une après l'autre, la lutte des travailleurs de ces secteurs a été criminalisée et les travailleurs privés de leurs droits de négociation collective. Les organisations des travailleurs sont aussi la cible constante d'attaques menées par le biais de campagnes sournoises prônant des lois visant à affaiblir les syndicats et invalider les droits des travailleurs.

La dernière session du parlement a vu l'abrogation de la Loi des salaires raisonnables. Ce changement était bien dissimulé dans le projet de loi omnibus sur l'exécution du budget, la loi C-38. Avant que Harper ne s'en débarrasse, la Loi des salaires raisonnables fixait un salaire minimum pour les projets de construction financés par le gouvernement fédéral, salaire qui était basé sur les salaires locaux établis. Sans aucune discussion publique, la bande Harper a détruit une politique vieille de 100 ans qui contribuait à assurer une certaine stabilité dans le secteur de la construction. Le but était d'affaiblir les organisations des travailleurs oeuvrant dans le métier des bâtiments en mettant les projets appuyés par le gouvernement à la disposition de contractants offrant des salaires inférieurs.[1]

Deux autres attaques législatives sournoises contre les organisations ouvrières sont en cours. L'une d'elle est le projet de loi 377 qui veut modifier la Loi de l'impôt sur le revenu et qui affectera le fonctionnement de tous les syndicats du pays. L'autre provient d'une campagne menée par le député conservateur de Nepean-Carleton, Pierre Poilièvre, qui prône une législation cherchant à retirer une forme de sécurité syndicale, la formule Rand, touchant aux conventions collectives des entreprises régies par le fédéral. Ces deux initiatives viennent directement du bureau de Harper lui-même, mais sont présentées comme étant des « projets de loi émanant des députés ».[2]

Le projet de loi C-377

Le projet de loi C-377 est une loi du gouvernement Harper visant à modifier la Loi de l'impôt sur le revenu, mais qui est présentée comme venant d'un député, le député conservateur Russ Hiebert, le 5 décembre 2011. Il a été adopté en deuxième lecture en février 2012 avec l'appui de tous les députés conservateurs à la Chambre. C-377 est maintenant à l'étape du comité des Finances.

Le projet de loi s'en prend spécifiquement aux syndicats en leur imposant un onéreux système de rapports publics qu'aucune autre organisation ou entreprise n'est tenue de respecter. Puisque la législation amendera la Loi de l'impôt sur le revenu, elle affectera tous les syndicats au pays, et pas seulement les syndicats dans les secteurs régis par le gouvernement fédéral. Même de petits syndicats locaux aux effectifs réduits devront se résigner à produire ces rapports onéreux.

Le projet de loi C-377 est présenté dans les médias monopolisés comme un « projet de loi exigeant que les syndicats soient plus transparents ». L'auteur présumé du projet de loi attaque l'intégrité des syndicats en insinuant qu'ils ne rendent pas compte aux membres de leur état financier. Il prétend que le projet va protéger les travailleurs. La réalité est que les syndicats ont déjà leurs mécanismes pour rendre des comptes aux membres et ont à cet égard des normes plus élevées que beaucoup d'autres organisations à but non lucratif et pas mal plus élevées que les entreprises qui peuvent à tout moment se dissimuler derrière le « secret des affaires ».

La logique donnée pour cette ingérence de l'État est que les organisations des travailleurs bénéficient de « fonds publics », ce qui est une déformation de la réalité. Un travailleur syndiqué peut déduire ses cotisations syndicales du total de ses revenus lorsque vient le temps de calculer ses impôts et ces déductions représentent en moyenne 100 $. Cette déduction est liée aux dépenses que chaque travailleur a encourues au travail et n'est pas une subvention gouvernementale aux syndicats. Les syndicats sont les seules organisations à se financer sur la base des cotisations de leurs membres. Cet autofinancement permet aux syndicats un champ d'action indépendant et les coudées franches, étant indépendants de tout financement gouvernemental, et c'est ce que la dictature Harper veut détruire.

La logique invoquée pour justifier l'ingérence gouvernementale dans les affaires du syndicat contient aussi de sérieuses failles qui révèlent la nature antiouvrière du projet de loi C-377. D'autres organisations à but non lucratif, lesquelles sont presque toutes financées par le gouvernement, ne se verront pas dans l'obligation de produire des rapports aussi contraignants.[3] Aussi, les associations professionnelles seront exemptées du projet de loi C-377, même si les cotisations professionnelles sont déductibles d'impôt en tant que dépenses reliées au travail au même titre que le sont les cotisations syndicales. Le montant déductible total sur le revenu des cotisations professionnelles (395 millions $) est à toutes fins pratiques le même que le montant déductible pour les cotisations syndicales (400 millions $).

La loi Harper-Hiebert est une copie conforme d'une loi antisyndicale qui a vu le jour aux États-Unis à l'initiative de George W. Bush au cours de son premier mandat. Un supporter de Bush, Newt Gingrich, a clairement révélé le but premier de cette loi quand il a déclaré que celle-ci allait « affaiblir nos ennemis et encourager nos alliés ». Un autre acolyte de Bush, Grover Norquist, a dit : « Chaque dollar que les syndicats devront verser à divulguer leur état financier est un dollar en moins pour l'organisation d'autres activités syndicales. » Le projet de loi C-377 va plus loin, par contre, que la loi étasunienne, puisqu'elle touche à l'ensemble des syndicats du Canada tandis que la version de Bush ne touchait qu'aux syndicats régis par les instances fédérales.

Les syndicats étasuniens touchés par cette loi ont trouvé que les renseignements qu'ils étaient forcés de révéler étaient mis à la disposition des entreprises pour leur permettre de combattre les campagnes de syndicalisation. Le projet de loi C-377 exigera des syndicats qu'ils rendent publics l'état de leur fonds de grève et contient une longue liste de données que les syndicats doivent mettre à la disposition des entreprises.

Prendre à partie les syndicats dans leur obligation de soumettre des rapports exhaustifs aura pour effet de les criminaliser. Cela prépare aussi le terrain pour éventuellement rendre illégales certaines activités pour lesquelles on exige des rapports aujourd'hui.

La formule Rand

La bande à Harper calque une autre initiative antiouvrière des États-Unis avec sa loi défendant le « droit au travail ». Encore une fois, c'est sous le couvert d'une initiative émanant d'un député qu'ils mettent de l'avant ce projet de loi foncièrement antiouvrier.

Le député conservateur Poilievre est rapidement devenu la vedette des médias monopolisés le 14 septembre lorsqu'il a réclamé une loi nationale du « droit au travail » semblable aux lois antisyndicales qu'on retrouve dans plusieurs États américains. Poilievre a annoncé qu'il en ferait un projet de loi émanant des députés dont le but serait de mettre un terme aux cotisations syndicales obligatoires pour les fonctionnaires fédéraux et pour d'autres travailleurs oeuvrant dans des entreprises régies par le gouvernement fédéral.[4]

L'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) a été spécifiquement ciblée par Poilievre lors du lancement de la campagne pour le « droit au travail ». Le député conservateur a accusé l'AFPC d'agir contre l'intérêt national et contre l'intérêt des ses membres en appuyant deux partis souverainistes pendant la récente élection au Québec. Il demande donc une loi rendant les cotisations syndicales non obligatoires. Un porte-parole de l'AFPC a répliqué que les propos de Poilievre relevaient de la fabulation. L'AFPC n'avait qu'attribué une note aux candidats de la région de la Capitale nationale en fonction de leurs votes antérieurs sur les questions ouvrières et le financement de programmes sociaux.

Mettre fin à la perception obligatoire de cotisations syndicales dans les entreprises où le syndicat est l'agent de négociation collective des travailleurs tel que proposé par Poilievre présuppose l'élimination d'une législation maîtresse régissant les relations de travail : la formule Rand. La formule Rand est au coeur de l'équilibre dans les relations de travail au Canada depuis 1945. Elle fut adoptée à ce moment-là par les gouvernements en réaction aux nombreuses et puissantes grèves qui se succédaient comme partie d'une campagne pour exiger la reconnaissance et la sécurité syndicales dans les principaux secteurs industriels de l'économie. Le fait d'éliminer la formule Rand affecterait grandement les syndicats puisque chaque période de négociations pour une convention collective ne pourrait débuter sans qu'une lutte pour la reconnaissance et la sécurité syndicale ainsi que pour la stabilité financière du syndicat ne soit enclenchée, comme pour la période d'avant-guerre.

Par la formule Rand, le gouvernement reconnaît deux principes fondamentaux : a) les travailleurs peuvent s'associer pour former des collectifs munis de droits collectifs ; et b) les collectifs des travailleurs peuvent prendre des décisions collectives sur la base de la règle de la majorité. Sur la base de l'acceptation de ces principes, la formule Rand permet à la majorité des travailleurs d'une unité de négociation de décider démocratiquement si un syndicat devrait les représenter dans le processus de négociation collective. Aussi, une majorité des travailleurs peut décider si des cotisations peuvent être perçues comme base de financement du syndicat. La formule Rand ne stipule pas que tous les travailleurs d'une unité doivent être membres du syndicat, mais plutôt que tous les travailleurs ont le droit de bénéficier de la protection qu'offre la convention collective et que tous les travailleurs de l'unité doivent verser des cotisations syndicales pour la négociation et l'administration de la convention collective.

Au coeur de cette attaque contre les syndicats menée sous la bannière du « droit au travail » est le fait que Poilievre et tous les tenants néolibéraux du « droit au travail » s'attaquent au principe démocratique fondamental de la règle de la majorité telle qu'incorporée dans la formule Rand et dans une loi équivalente aux États-Unis, la loi Wagner. Afin de mieux s'opposer à un principe démocratique aussi fondamental que la règle de la majorité tout en prétendant être démocratiques, les néolibéraux s'en prennent à un autre principe de la formule Rand/loi Wagner, qui est la reconnaissance des travailleurs en tant que collectif. C'est le refus de reconnaître les travailleurs en tant que collectif qui sous-tend toute la rhétorique néolibérale au sujet du « choix des travailleurs ».

« Ce que je cherche à faire c'est de permettre aux travailleurs de choisir », a dit Poilievre aux médias. Bien sûr, derrière cette candeur se cache une attaque contre le principe même du droit des travailleurs de s'associer et de former un collectif. Car après tout, s'il n'existe pas de collectif, comment pourrait-on prendre des décisions selon la règle de la majorité ?

La bannière jaune du « libre choix » héritée de l'offensive antisyndicale aux États-Unis a aussi été brandie par le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, et par le chef de l'opposition en Ontario, Tim Hudak. Wall cherche à éliminer la formule Rand dans le cadre des modifications apportées aux lois sur les relations de travail. Les conservateurs de Hudak, au moyen d'un document de travail hautement publicisé, demandent une loi du « droit au travail » semblable à ce qui existe aux États-Unis dans le but proclamé de rendre l'Ontario plus compétitif pour les investissements avec les États du sud où les salaires sont inférieurs grâce entre autres à cette loi du « droit au travail ».

Les « transformations majeures pour le Canada » de Harper pour attirer les investissements internationaux et les efforts de Hudak pour changer les lois régissant les relations de travail en Ontario pour mieux faire concurrence aux États à salaires inférieurs des États-Unis démontrent sans ambiguïté dans quelle spirale vers les bas fonds les politiciens néolibéraux veulent entraîner la nation. Toute la rhétorique au sujet de soutirer les travailleurs des griffes de leurs propres syndicats et au sujet de « libres choix » est pour amener les Canadiens à agir contre leurs propres intérêts. Défendre les droits des travailleurs et les organisations des travailleurs est bel et bien un front décisif sur lequel il faut lutter dans l'opposition générale à l'offensive néolibérale de la minorité dominante de riches au Canada et de l'oligarchie financière internationale.

Notes

1. L'Association des contractants Merit ainsi que le Christian Labour Alliance du Canada sont les organisations choyées par les monopoles du pétrole et du gaz en Alberta pour leurs « nouveautés » dans les relations de travail. Merit demande depuis longtemps l'abolition de la Loi des salaires raisonnables et appuie les autres mesures antisyndicales dont il est question dans cet article. Merit est un proche du régime Harper.

2. Présenter des initiatives gouvernementales comme étant des projets de loi émanant des députés est un abus du système parlementaire auquel la bande à Harper a de plus en plus recours. Des projets de loi abusifs sont mis de l'avant sans que le gouvernement Harper en prenne la responsabilité. En plus, les votes pour de tels projets de lois sont des votes libres, permettant au gouvernement de diviser les rangs des partis d'opposition. En plus de se servir de cette tactique pour mettre de l'avant des lois antiouvrières, la bande Harper s'en sert aussi pour raviver au parlement la source de division qu'est la question de l'avortement.

3. Il existe 161 000 organisations bénévoles et à but non lucratif au Canada. Ces organisations déclarent des revenus annuels de 112 milliards $ qui représentent des fonds publics d'une manière ou d'une autre. Ces organisations ne seront pas tenues de produire des rapports exigés par C-377.

4. Le député Poilievre est le secrétaire parlementaire du ministre du Transport. Parce qu'il est lié au Cabinet et qu'il fait ainsi partie du gouvernement, il ne peut déposer un projet de loi émanant des députés. Poilievre a dit qu'il trouverait un autre député conservateur pour déposer ce projet de loi au parlement.

(Traduction: LML)

Haut de page


Élection présidentielle au Venezuela

Le peuple vénézuélien marche pour la victoire
du président Chavez et la défense de la
révolution bolivarienne


Le président vénézuélien et candidat à la présidence Hugo Chavez salue ses supporters durant un rassemblement à Charallave, dans l'État de Miranda, Venezuela, le 9 septembre 2012.

Le 7 octobre prochain, plus de 16 millions d'électeurs inscrits voteront à l'élection présidentielle du Venezuela. Ils choisiront entre la réélection du président Chavez, candidat soutenu par le Grand Front patriotique (GPP)[1] et Henrique Capriles, candidat de la Coalition pour l'unité démocratique (MUD), une organisation néolibérale de droite.[2]

À dix jours du scrutin, les firmes de sondages indépendantes Consultores et International consulting services (ICS) donnaient gagnant le président Chavez avec 57,5 % et 60,01 % des votes contre 42.5 % et 39.2 % pour le candidat de la droite.

Répondant à la tradition voulant que chaque localité du pays organise une marche pour y accompagner son candidat favori, ce sont des millions de Vénézuéliens qui ont pris part à ces marches d'un bout à l'autre du pays depuis le début de la période électorale, scandant à l'unisson : « Chavez, coeur de la patrie ! »

S'adressant à l'une de ces assemblées populaires le 26 septembre dernier dans l'État de Falcon, le président Chavez a affirmé : « Nous devons gagner de manière écrasante le 7 octobre prochain. [...] Pour cela il est nécessaire que nous initions immédiatement la grande mobilisation dans chaque quartier, chaque rue, chaque village, chaque ville pour que partout pas un seul vote ne soit laissé de côté. » Faisant référence à son avance sur le candidat de la droite, il a mentionné que même s'il est un fait qu'il va gagner ces élections, « nous devons travailler fort, personne ne doit baisser la garde, nous n'avons pas seulement l'obligation de gagner, si non de gagner avec force ».

Cet appel à gagner avec force vise à la fois à démontrer le soutien à la révolution bolivarienne et à neutraliser les intentions de l'opposition de déstabiliser le pays en ne reconnaissant pas le résultat du vote le 7 octobre au soir. En effet, le secrétaire exécutif du MUD, Ramón Guillermo Aveledo, se référant à la possibilité que des organisations politiques membres de sa coalition ne reconnaissent pas les résultats officiels de l'élection, a affirmé que le MUD va respecter uniquement les résultats qu'ils considéreront « dignes de confiance ». Cette déclaration a été faite deux jours après que l'agitateur Yon Goicoechea a fait paraître un article dans le journal El Universal sous le titre « La fraude n'est pas gratuite ». Goicoechea y affirme que « les résultats du 7 octobre ne seront pas déterminés par des faits, nous savons aujourd'hui qu' Henrique gagnera cette course. Ce qu'il y aura cette nuit-là est une décision militaire qui, si elle est erronée, produira un massacre. » Il suggère que le Conseil électoral national va organiser une fraude le jour des élections et que les supporteurs de l'opposition vont descendre dans la rue, reproduisant ainsi ce qui s'est produit lors de la chute de l'Union soviétique en 1989. L'auteur de cet article était l'organisateur principal des protestations de groupes étudiants contre le gouvernement Chavez en 2007 et qui a fini par s'aligner avec les forces réactionnaires qui servent les intérêts américains. Il est à noter que cette activité lui a valu en 2008 le prix Milton Friedman et une bourse de 50 000 $ US pour l'« avancement de la liberté » décernés par l'institut libertaire américain Cato.

Dans le même temps, l'ex-ambassadeur américain Patrick Duddy, celui-là même qui fut expulsé du Venezuela en 2008 pour collaboration à un coup d'État avec un groupe de militaires, a soumis un texte au Conseil des relations extérieures de son pays. Dans ce texte, il demande des sanctions contre le Venezuela « si les résultats des élections apparaissent frauduleux, les États-Unis doivent encourager des pressions internationales incluant le gel de compte de banque individuel, la saisie de biens aux États-Unis ou encore forcer la mise en dépôt fiduciaire de compte d'entités gouvernementales vénézuéliennes ». Poursuivant sur la question des options militaires, il affirme que « si ceux qui sont loyalistes à Chavez dominent le haut commandement vénézuélien, il n'est pas clair jusqu'à quel point ils contrôlent les rangs intermédiaires. » L'article laisse clairement paraître l'intention des États-Unis de soudoyer une frange de l'armée vénézuélienne.

En juin dernier, Robert Zoellick, alors président de la Banque mondiale, a déclaré juste avant de démissionner de son poste que « les jours de Chavez sont comptés et, avec l'élimination de son programme d'aide gouvernementale, d'autres nations comme Cuba et Nicaragua seront en difficulté ». Il faisait référence au soutien américain au candidat Capriles, qui, s'il est élu, entend rétablir des relations « favorables » avec les États-Unis et revoir les programmes d'aide et les alliances avec les pays d'Amérique latine et des Caraïbes.

D'autre part, depuis plusieurs semaines aux États-Unis, des réseaux de médias importants tel que Bloomberg, The Wall Street Journal, Fox News et Miami Herald font de la désinformation en écrivant tous que Capriles gagne du terrain, que les jours de Chavez sont comptés, que Chavez utilise des groupes liés à la révolution bolivarienne pour faire régner un climat de menace, de terreur et de vandalisme. Ils vont jusqu'à accuser le président Chavez de manipuler l'information dans les médias alors que tous savent que la majorité des médias écrits, télévisés ou parlés au Venezuela sont aux mains de l'opposition.

Finalement, il faut ajouter à la mise en place de ce scénario visant à provoquer la déstabilisation du pays le soir du 7 octobre et les jours suivant, avec l'intention claire de renverser le président Chavez, les nombreux actes de sabotage qui se multiplient dans le pays. Notons les derniers en ligne qui sont survenus ces derniers jours par le coupage de câblages dans des sous-stations de distribution d'électricité provoquant des pannes de courant dans Caracas et d'autres régions du pays.

Cette conjoncture électorale met en lumière pourquoi le président Chavez insiste avec toute la vigueur qui le caractérise sur l'importance capitale que représente cette élection pour l'avenir de la révolution bolivarienne et de la nation vénézuélienne. Il appelle les Vénézuéliens à ne pas permettre le retour à la situation des années 80 et dit qu'un vote pour la continuation de sa présidence et pour la Révolution bolivarienne « est un vote pour la jeunesse, l'avenir, la sécurité, le développement et la stabilité ».

Notes

1. Le Grand Front patriotique (Gran Polo Patriotico-GPP). Il regroupe les partis de gauche tel que le Parti socialiste unifié du Venezuela, le Parti Communiste du Venezuela, le Parti Patrie pour tous, de même des organisations sociales et syndicales et est formé de 34 000 comités d'organisation.

2. La Coalition pour l'unité démocratique (Mesa de la Unidad Democratica-MUD) est une alliance des partis de droite opposés à la révolution bolivarienne et proches des États-Unis. Elle a perdu quatre petits partis membres récemment, lorsque fût divulgué un document confidentiel révélant le véritable programme néolibéral que son candidat Capriles entend appliquer s'il est élu président.

Haut de page


Fraude électorale au Mexique

L'avenir du Mexique

Lorsque le Tribunal électoral de la Judiciaire fédérale a déclaré Enrique Peña Nieto président du Mexique à l'issue de l'élection présidentielle 2012, il a exposé un pouvoir antidémocratique qui soumet la volonté populaire du peuple mexicain à la mafia politique. Il a exposé la dictature qu'exercent les grandes sociétés mexicaines sur le système électoral avec l'alternance au pouvoir du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) et du Parti de l'action nationale (PAN).

La duperie est d'une ampleur considérable. Le Tribunal qui prétend être blanc comme neige a validé l'élection avant la publication du rapport de l'Unité fiscale de l'Institut électoral fédéral (IFE) sur le financement de la campagne de Peña Nieto. Il a même rendu son jugement sans les informations concluantes des rapports financiers qui doivent être remis en octobre.

Le Tribunal n'a pas fait un examen exhaustif du processus électoral et, tout comme l'IFE, il s'est tout simplement prêté à la manoeuvre du PRI. Le peuple a été témoin de la manipulation d'une élection qui n'a été ni libre ni équitable, comme l'exige l'Article 41 de la Constitution.

Et combien de votes a reçu le fraudeur ? Seulement 23 % des 82 millions de Mexicains en âge de voter, une très faible majorité. C'est malgré toute la propagande illégale qu'a faite Peña Nieto pendant sept ans en se servant des fonds publics en tant que gouverneur de l'État de Mexico et de l'appui inconditionnel du réseau Televisa et de l'ensemble de l'appareil de désinformation médiatique durant la campagne. C'est sans compter les millions de votes achetés avec des cartes-cadeaux offertes par la chaîne de produits alimentaires Soriana et la banque Monex, les cartes d'appel, les matériaux de construction, les promesses d'emploi, les budgets d'État pour les programmes sociaux, les dons d'animaux et autres cadeaux. Le PRI a dépassé la limite des dépenses électorales par 336 millions de pesos, soit plus que 15 fois le montant permis. D'autre part, la commission électorale a permis des inégalités extrêmes dans la couverture médiatique, la manipulation de l'opinion publique par des journalistes à la solde du PRI qui ont créé l'impression d'un triomphe imminent de Peña Nieto et les nombreuses fraudes électorales dans les régions, notamment au Chiapas et au Yucatan, comme les boîtes de scrutin truquées.

Plus des trois quarts des Mexicains ont voté contre le retour du PRI et contre le processus corrompu qui garantit l'alternance du PRI et du PAN au pouvoir pour appliquer les mêmes politiques suivant le diktat de Washington et de l'oligarchie mexicaine. On a vu au moins quatre millions de Mexicains se battre avec résolution pour le changement au Mexique. Cette lutte pour la démocratie est présente à Mexico et dans presque tous les États du Mexique ; il y a une mobilisation militante constante. Deux camps s'affrontent : ceux qui veulent imposer le retour du PRI, les élites et l'oligarchie financière qui profitent des politiques néolibérales, et ceux qui sont les victimes de ces politiques et qui veulent se donner une organisation pouvant faire avancer la situation étape par étape. La première tâche est d'unir tous ceux qui sont encore désinformés ou manipulés par la propagande médiatique au service des élites.

Sur le plan externe, l'empire américain est intervenu de façon décisive en faveur du retour du PRI. La consolidation du bipartisme et la prétention démocratique d'une « alternance » conviennent aux intérêts de l'empire. Peña Nieto a promis de continuer la « lutte contre le trafic de la drogue » et les efforts pour achever l'intégration militaire du Mexique aux États-Unis, ouvrir les sociétés d'État du secteur pétrolier aux « partenariats » avec des entreprises privées, appliquer aveuglément les politiques néolibérales des États-Unis et défendre les intérêts des sociétés étrangères en multipliant les privilèges. La lutte contre la fraude électorale de 2012 et contre le PRI est vitale pour la vaste majorité des Mexicains à cause de l'urgence de défendre la souveraineté et les droits.

La vaste majorité des électeurs sait que cette élection était truquée, achetée et inconstitutionnelle. Le nombre de ceux qui participent au mouvement démocratique continue de grandir et des progrès ont été faits. C'est pour cela qu'on assiste maintenant à une campagne délibérée pour démoraliser les gens. Mais ce n'est pas le temps de sombrer dans le désespoir, c'est le temps d'agir. Le peuple en a assez. Il veut mettre fin à l'ère de la corruption, de l'impunité et de l'injustice. Il se prépare à mettre fin au vieux monde de la soumission, de la violence et du chaos en faveur d'un monde nouveau, celui de la souveraineté et des droits, de la paix et du bien-être de tous. Le vieux monde refuse de mourir et impose sa domination cynique. Le monde nouveau appelle la force de la jeunesse et de l'avenir, le potentiel de la classe ouvrière, les peuples autochtones, les femmes et les patriotes. La première étape est le renouveau démocratique pour que le peuple puisse avoir entre ses mains le pouvoir de décider.

* Pablo Moctezuma Barragán est le rédacteur de Mexteki et dirigeant national de l'Union des travailleurs mexicains.

(Traduction : LML)

Haut de page


Lisez Le Marxiste-Léniniste
Site web:  www.pccml.ca   Courriel: redaction@cpcml.ca