Numéro 102 - 1er
octobre 2012
25e anniversaire de l'accord
annexionniste
de libre-échange avec les États-Unis
Renforcement du pouvoir monopoliste
privé et nécessité de renouveau économique
et politique
25e
anniversaire de l'accord annexionniste de libre-échange avec les
États-Unis
• Renforcement du pouvoir monopoliste
privé et nécessité de renouveau économique
et politique - K. C. Adams
Deuxième
session du 41e parlement canadien
• Le parlement reprend là où il
s'était arrêté - Enver Villamizar
• Intensification des attaques contre les
droits collectifs des travailleurs - Jim Nugent
Élection
présidentielle au Venezuela
• Le peuple vénézuélien
marche pour la victoire du président Chavez et la défense
de la révolution bolivarienne - Claude Brunelle
Fraude
électorale au Mexique
• L'avenir du Mexique - Pablo
Moctezuma Barragán
25e anniversaire de l'accord
annexionniste
de libre- échange avec les États-Unis
Renforcement du pouvoir monopoliste privé et
nécessité de renouveau économique et politique
- K. C. Adams -
Les accords de libre-échange que le Canada a
commencé à établir avec les États-Unis il y
a 25 ans représentent un resserrement de l'emprise du capital
monopoliste sur les affaires politiques et économiques du pays.
Les intérêts privés les plus puissants,
établis principalement aux États-Unis, ont petit à
petit consolidé leur pouvoir politique et économique. Ce
pouvoir économique et politique a entrepris d'éliminer
tous les obstacles à sa domination et à l'exercice du
droit de monopole au sein des institutions nationales publiques et
privées, comme le Parlement canadien, l'Assemblée
nationale du Québec, les assemblées législatives,
les syndicats et les autres organisations de la société
civile.
Le pouvoir monopoliste privé est la fusion du
capital bancaire et du capital industriel pour former le capital
financier. Le capital financier s'est servi du libre-échange
comme d'une arme pour étendre et resserrer son emprise sur tous
les aspects de la vie politique et économique. Il a sa base aux
États-Unis des monopoles d'Amérique du Nord, mais sa
portée atteint tous les pays du système
impérialiste d'États, surtout ceux qui font partie de la
sphère d'influence anglo-américaine.
Le libre-échange représente la fin de la raison
d'État du Canada originaire en tant que projet national
pour bloquer le continentalisme américain. Aujourd'hui, on
cherche à établir une nouvelle raison d'État dans
laquelle le Canada est un des vassaux des États-Unis des
monopoles d'Amérique du Nord voués à servir la
quête de domination mondiale de l'impérialisme
américain en rivalité avec les autres puissances au sein
du système impérialiste d'États. C'est un
système dont se servent les monopoles pour opprimer et exploiter
les peuples du monde et s'emparer de leurs ressources naturelles et de
la valeur produite par leur travail.
L'oligarchie financière a utilisé les
monopoles privés pour conquérir le Canada et le Mexique,
établir sa domination en Amérique du Nord et
étendre ses tentacules au-delà de l'Amérique du
Nord grâce à des arrangements de libre-échange avec
d'autres États au sein du système d'États
dominé par les États-Unis, notamment Israël, le
Chili, le Pérou, le Costa Rica, la Colombie, la Jordanie, les
pays de l'Association européenne de libre-échange qui ne
font pas partie de l'Union européenne et le Panama
(présentement débattu au parlement), et différents
accords multilatéraux en négociation avec l'Union
européenne (AECG) et la plupart des pays de l'Asie pacifique
(Partenariat transpacifique), excluant spécifiquement la Chine
et la République populaire démocratique de Corée.
Cette expansion, de pair avec les guerres de rapine en Iran, en
Afghanistan, au Pakistan, en Libye et en Syrie et l'ingérence
politique directe et les menaces d'agression contre tous les pays du
monde, est généralement appelée mondialisation
néolibérale.
Les données économiques depuis la
signature de l'accord de libre-échange en 1987 montrent la
montée de la domination des plus grands monopoles mondiaux.
Selon une nouvelle étude de BMO Nesbitt Burns, l'investissement
au Canada en provenance des États-Unis (en dollars actuels) est
passé de 76 milliards $ en 1988 à 326 milliards $ en
2011. Durant la même période, l'investissement aux
États-Unis en provenance du Canada est passé de 55
milliards $ à 276 milliards $. Ce mouvement et cette fusion du
capital financier constituent la base économique de l'annexion
du Canada à l'empire américain sur la base de laquelle la
mondialisation néolibérale étend sa portée
économique, militaire et politique au monde entier.
Par contre, les données sur le commerce des
marchandises entre le Canada et les États-Unis permettent de
voir que, bien que les échanges commerciaux soient
considérables, le coeur du libre-échange est le libre
mouvement du capital monopoliste. Le commerce bilatéral des
marchandises entre les deux pays totalisait environ 100 milliards $ par
année vers la fin des années 1980, atteignait 350
milliards $ par année en 2000 avec l'accord de
libre-échange, est resté plus ou moins stable pendant les
années suivantes, a chuté durant les crises de 2008-2010
et demeure aujourd'hui en dessous du niveau atteint en 2000. Selon
l'étude de la BMO, les exportations vers les États-Unis
représentaient 17 % du PIB du Canada tout juste avant la
conclusion de l'accord de libre-échange. Elles ont atteint leur
sommet à 33 % du PIB en 2000 et ont depuis chuté à
19 %, soit quelques points de plus qu'avant le libre-échange.
Un changement important s'est produit dans la
façon dont les Canadiens gagnent leur vie depuis l'accord de
libre-échange. L'aspect le plus frappant est la perte d'emplois
dans le secteur manufacturier. Durant les deux premières
années de l'accord de libre-échange, quelque 200 000
emplois manufacturiers ont disparu. Il y a eu une reprise partielle
dans les années 1990, mais au cours de la dernière
décennie la destruction du secteur manufacturier s'est
accélérée. Statistique Canada rapporte une chute
constante du pourcentage du PIB attribuable au secteur manufacturier
depuis l'accord de libre-échange, passant de 20 % avant l'accord
à 15,6 % en 2005 et 13 % en 2010. Cette chute peut être
attribuée en partie à l'augmentation de la
productivité, mais elle est en majeure partie attribuable
à une politique délibérée des monopoles
mondiaux dominants consistant à déplacer les
opérations manufacturières à l'extérieur du
Canada, souvent vers les États-Unis. Le pouvoir politique du
libre-échange et le libre mouvement du capital donnent aux
monopoles mondiaux la liberté de détruire
l'économie, de privatiser ou de dégrader par d'autres
moyens les programmes sociaux et les services publics, y compris la
réglementation des entreprises, d'apporter des modifications
régressives au régime fiscal en faveur d'une imposition
individuelle plutôt que de société, comme avec la
TPS et les frais d'utilisateur, et de faire tout ce qui sert leurs
intérêts monopolistes étroits.
Le pouvoir politique et l'expression concentrée
du libre-échange est l'exercice du droit de monopole aux
dépens du droit public sur toutes les questions et dans tous les
domaines, et la domination d'intérêts monopolistes
privés dans les institutions politiques publiques. Les droits
des individus, surtout ceux de la classe ouvrière, subissent une
pression extrême. Toutes les décisions politiques
importantes sont prises in camera par les
intérêts monopolistes privés directement
concernés et l'appareil exécutif de leurs
représentants politiques. Toutes les institutions du pouvoir
civil et des droits du travail jouant un rôle dans
l'établissement d'un équilibre au sein de la raison
d'État canadienne en opposition au continentalisme
américain, comme la Commission nationale du blé, sont
maintenant abolies, tout simplement inutilisées ou
attaquées de différentes manières.
Le défi pour la classe ouvrière et ses
alliés est de se constituer en force sociale capable
d'établir une nouvelle raison d'État pour le Canada dans
un État national basé sur :
- la reconnaissance des droits de tous et la
souveraineté de toutes les nations, ce qui veut dire en pratique
mettre fin à tous les accords militaires avec les
États-Unis, cesser de participer à leurs guerres de
rapine et se retirer immédiatement de l'OTAN et de NORAD ;
- une économie qui suffit à ses besoins en
développant le secteur manufacturier et en garantissant le
bien-être de chacun en toute situation et circonstance ;
- la pratique du commerce pour l'avantage
réciproque avec toutes les nations quel que soit leur
régime politique, ce qui veut dire en pratique annuler tous les
accords actuels de libre-échange et cesser d'utiliser la monnaie
dominante comme base des échanges commerciaux ou comme fonds de
réserve ;
- le droit inaliénable des Canadiens et des
Premières Nations à la propriété et au
contrôle de toutes leurs ressources naturelles ;
- le droit inaliénable des Canadiens de
contrôler le processus décisionnel sur toutes les
questions qui touchent à l'économie socialisée et
à l'environnement social et naturel ;
- investir le peuple souverain de son pouvoir souverain
par des institutions politiques renouvelées qui garantissent son
droit de se gouverner et de décider de ses affaires.
Oui au droit public ! Non au droit de
monopole !
Oui au secteur manufacturier ! Non à la destruction nationale !
Deuxième session du 41e parlement
canadien
Le parlement reprend là où il
s'était arrêté
- Enver Villamizar -
Les Canadiens ont été bombardés de
rapports trompeurs voulant que les objectifs du gouvernement pour cette
session du parlement sont de mener à la
prospérité. Or, il est déjà question que
les Canadiens devront subir un autre projet de loi omnibus encore plus
imposant que celui adopté lors de la dernière session, le
projet de loi C-38. Le leader parlementaire Peter Van Loan a dit que ce
projet de loi serait une priorité dès cet automne.
À cet égard,
la session parlementaire reprendra là où elle
s'était arrêtée. De nouvelles lois, plusieurs
comprises dans le projet de loi omnibus universel, ont servi à
imposer des arrangements antinationaux et à saisir la
prérogative définie dans la constitution comme
étant les pouvoirs résiduels de la Couronne. Cela a
été rendu possible en élargissant les pouvoirs
arbitraires attribués aux ministres de la Couronne,
conséquence d'une dérogation à l'esprit de la loi
et d'une modification des paramètres que doivent respecter les
ministres gouvernementaux. Qui plus est, les critères
invoqués par les ministres pour exercer leur discrétion
sur la base de ces pouvoirs arbitraires ont aussi été
redéfinis, remplacés plus souvent qu'autrement par des
notions d'« intérêt national » et de «
sécurité nationale ». À cet effet, de plus
amples changements sont prévus pour la Loi canadienne sur
l'investissement étranger, lesquels changements seraient
faits subtilement par le biais d'une loi omnibus. Les travailleurs
devront être sur leurs gardes face à des changements
apportés par le biais d'une loi omnibus sous couvert de la
« sécurité nationale ».
Le recours aux lois omnibus a été
vigoureusement dénoncé par les Canadiens lors de la
dernière session. Cette opposition venait aussi d'experts
légaux et constitutionnels qui considèrent que ces
méthodes remettent en cause la légitimité
même du parlement. Le parlement a la responsabilité de
traduire la volonté populaire en volonté légale en
proposant et en débattant des lois qui soutiennent le droit
public, et non des intérêts privés et le droit de
monopole. Puisqu'il n'existe aucune définition établie de
ce qui constitue une loi omnibus, ces méthodes servent à
ouvrir la voie à l'ordre du jour néolibéral,
antisocial, antiouvrier et antinational du gouvernement Harper. Le
gouvernement continue d'abuser de sa majorité obtenue de
façon douteuse pour désinformer le corps politique et
repousser toute résistance organisée et toute opposition.
Il continue de se cacher derrière de nobles idéaux
toujours selon ce qui sert ses objectifs immédiats, ces
idéaux pouvant se nommer prospérité, la guerre aux
pédophiles ou venir en aide aux victimes d'actes criminels.
Les nouveaux arrangements
mis en place par le gouvernement Harper par le biais de lois omnibus
répondent aux mesures qu'on met présentement en place
entre les pouvoirs exécutifs du Canada et des États-Unis
pour établir les États-Unis des monopoles
d'Amérique du Nord et leur permettant de faire concurrence
à d'autres blocs économiques, militaires et politiques.
L'ambassadeur des États-Unis au Canada, David
Jacobsen, dans le cadre d'une émission de CTV le 24 juin,
commentant la fin de session parlementaire, a dit que cette
période était parmi les plus extraordinaires de
l'histoire des relations entre le Canada et les États-Unis. Il a
révélé que les pouvoirs exécutifs du Canada
et des États-Unis, dont font partie, selon lui, le premier
ministre, le président et d'autres « hauts fonctionnaires
au sein des deux gouvernements », s'étaient réunis
afin de faire le bilan de leurs réalisations. Il s'agit de la
réunion du Comité exécutif ayant été
mis sur pied par les deux pouvoirs exécutifs dans le but de
gérer ces États-Unis des monopoles d'Amérique du
Nord.
Jacobsen a spécifiquement cité l'accord
frontalier conclu entre le Canada et les États-Unis qui fait en
sorte que le Canada serait l'unique source de financement de la
construction du nouveau pont entre les villes de Windsor et de
Détroit ; la Loi modifiant la Loi sur les droits d'auteur,
le projet de loi C-11 ; le fait que le gouvernement des
États-Unis ait autorisé le Canada à participer aux
pourparlers pour l'entente commerciale du Partenariat transpacifique.
Il a donné d'autres exemples de grandes réalisations
durant cette période : la bonification de NEXUS, un programme
conjoint canado-étasunien sur les douanes et l'immigration qui
facilite le mouvement de voyageurs « dignes de confiance »
en Amérique du Nord ; la mise sur pied d'équipes
frontalières intégrées dans la plupart des postes
frontaliers entre le Canada et les États-Unis ; et de nouveaux
règlements qui éliminent les contrôles de
sécurité aux frontières pour toute marchandise
ayant déjà été examinée par des
agents de sécurité étasuniens ou canadiens.
Le périodique Embassy cite un analyste
au sujet de la concordance entre la Loi sur les droits d'auteur
et le fait que les États-Unis aient accepté que le Canada
participe aux pourparlers du Partenariat transpacifique :
« Je devine un peu que c'est le résultat
d'une ultime entente et non l'effet du hasard si la Chambre a
adopté la loi au cours de la nuit et que le lendemain nous avons
été autorisés à participer aux
négociations. »
Ces manoeuvres d'un cynisme consommé
démontrent que des décisions qui affectent
profondément l'avenir du Canada sont prises à
l'extérieur de l'enceinte parlementaire, de ses comités,
de ses partis politiques au parlement, y compris le parti au pouvoir et
même le Cabinet. L'adoption de lois omnibus est le
mécanisme privilégié du gouvernement Harper pour
mettre tout cela en place. Notons que tandis que le gouvernement Harper
procède à des coupures massives dans la fonction
publique, tout semble indiquer que 100 employés à temps
plein travaillent actuellement au Bureau du premier ministre à
« conseiller » et à « consulter » le
premier ministre, ainsi que 1 066 employés au Bureau du Conseil
privé qui y remplissent les mêmes fonctions. Il s'agit
sans aucun doute d'intérêts privés servant
l'oligarchie financière internationale, lesquels
intérêts privés ont présentement pris en
charge les nouveaux arrangements d'État et décident
comment le gouvernement Harper devra s'y prendre pour brader les
ressources naturelles et humaines du Canada et les mettre à la
disposition des ambitions agressives des impérialistes
étasuniens pour la domination mondiale. Une fois de plus,
l'Histoire déclare haut et fort que c'est à la classe
ouvrière de mettre un terme à cet état de fait en
assumant le rôle politique qui lui revient de droit de se
constituer en la nation et d'investir le peuple du pouvoir souverain.
À quoi il faut s'attendre
Une vue d'ensemble des lois proposées et
adoptées lors de la dernière session parlementaire, des
lois en attente et des divers changements aux réglementations
révèle la direction que prend le gouvernement Harper dans
ses efforts pour établir les États-Unis des monopoles
d'Amérique du Nord sur la base d'une nouvelle raison
d'État promue par les élites dominantes du Canada et
des États-Unis pour mieux servir leur besoin de domination
mondiale. C'est se servir des institutions publiques pour avancer les
intérêts privés et faire la guerre aux autres
intérêts privés et aux autorités publiques
qui leur font concurrence, le tout aux dépens des peuples du
Canada, des États-Unis et du monde.
Cette direction comprend :
- l'adoption de lois permettant encore davantage
à l'État de s'ingérer dans les affaires
d'organisations et de peuples qui ne sont pas directement sous
contrôle gouvernemental, en particulier les Premières
Nations, les syndicats, les organisations d'agriculteurs, de
charité, et les organisations non gouvernementales qui ne sont
pas redevables au gouvernement ou aux partis politiques;
- de nouveaux changements au Code criminel permettant de
consolider le pouvoir central déjà concentré entre
les mains du ministre de la Sécurité publique. Ces
changements violent les droits humains des individus reconnus coupables
de crimes, criminalisent des délits mineurs en imposant des
peines d'emprisonnement et légalisent la diffamation de
Canadiens individuels et même de pays en les appelant, entre
autres, des « terroristes ». Certains de ces changements
ont été jugés irrecevables par les tribunaux. Par
exemple, en février dernier un juge a refusé d'appliquer
les peines de prison minimales et obligatoires imposées par la Loi
sur la lutte contre les crimes violents de 2008, les qualifiant de
« châtiments cruels et inhabituels »;
- des changements annoncés aux lois sur
l'immigration qui centralisent les pouvoirs entre les mains du ministre
de la Citoyenneté et de l'Immigration et légalisent la
diffamation de réfugiés, d'immigrants et de
résidents permanents, tout en permettant que ceux-ci puissent
être assujettis aux monopoles en tant que main-d'oeuvre à
bon marché. Ces changements sont faits au nom de valoriser la
citoyenneté et d'éliminer les abus de procédures
par des éléments sans scrupules. Ce n'est que
désinformation puisque des mesures sont déjà
prévues à cet effet;
- des changements affectant la réglementation
touchant aux secteurs de l'économie et permettant un plus grand
contrôle centralisé entre les mains du pouvoir
exécutif;
- de nouveaux arrangements dans les services militaires
et dans les services de police et de sécurité nationales,
par exemple celui plaçant des institutions civiles comme la
Garde côtière canadienne sous contrôle du
commandement des États-Unis.
L'état de la législation
Chambre des communes
En attente de la première lecture :
S-9 : Loi modifiant le Code criminel (Loi
sur le terrorisme nucléaire)
À l'étape de la
deuxième lecture :
S-9 : Loi concernant les foyers familiaux
situés dans les réserves des Premières Nations et
les droits ou intérêts matrimoniaux sur les constructions
et terres situées dans ces réserves
S-6 : Loi concernant l'élection et
le mandat des chefs et des conseillers de certaines premières
nations et la composition de leurs conseils respectifs
S-7 : Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur la
preuve au Canada et la Loi sur la protection de l'information
S-8 : Loi concernant la salubrité de l'eau
potable sur les terres des Premières Nations
C-4 : Loi modifiant la Loi sur l'immigration et la
protection des réfugiés, la Loi sur des mesures de
réforme équitables concernant les réfugiés
et la Loi sur la sûreté du transport maritime
C-5 : Loi prévoyant la reprise et le maintien
des services aériens
C-7 : Loi concernant la sélection des
sénateurs et modifiant la Loi constitutionnelle de 1867
relativement à la limitation de la durée du mandat des
sénateurs
C-12 : Loi modifiant la Loi sur la protection des
renseignements personnels et les documents électroniques
C-14 : Loi modifiant la Loi de mise en oeuvre de
l'Accord sur le commerce intérieur et la Loi sur la
responsabilité civile de l'État et le contentieux
administratif
C-15 : Loi modifiant la Loi sur la défense
nationale et d'autres lois en conséquence
C-17 : Loi modifiant la Loi sur la participation
publique au capital d'Air Canada
C-21 : Loi modifiant la Loi électorale du
Canada (responsabilité en matière de prêts
liés à la politique)
C-30 : Loi édictant la Loi sur les
enquêtes visant les communications électroniques
criminelles et leur prévention et modifiant le Code criminel et
d'autres lois
C-32 : Loi modifiant la Loi sur le mariage civil
C-37 : Loi modifiant le Code criminel (Loi sur la
responsabilisation des contrevenants à l'égard des
victimes)
C-42 : Loi modifiant la Loi sur la Gendarmerie
royale du Canada et apportant des modifications connexes et
corrélatives à d'autres lois
C-43 : Loi modifiant la Loi sur l'immigration et la
protection des réfugiés
Comités de la Chambre des communes :
C-24 : Loi portant mise en oeuvre de l'Accord
de libre-échange entre le Canada et la République du
Panama, de l'Accord sur l'environnement entre le Canada et la
République du Panama et de l'Accord de coopération dans
le domaine du travail entre le Canada et la République du Panama
C-27 : Loi visant à accroître
l'obligation redditionnelle et la transparence des Premières
Nations en matière financière
C-28 : Loi modifiant la Loi sur l'Agence de la
consommation en matière financière du Canada
C-36 : Loi modifiant le Code criminel (maltraitance
des aînés)
Projets de loi émanant des députés
à surveiller :
Comités de la Chambre des communes :
C-377 : Loi modifiant la Loi de l'impôt
sur le revenu (exigences applicables aux organisations ouvrières)
C-394 : Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur
la défense nationale (recrutement par des organisations
criminelles)
C-309 : Loi modifiant le Code criminel
(dissimulation d'identité)
À l'étape de la troisième
lecture :
C-217 : Loi modifiant le Code criminel
(méfaits à l'égard des monuments
commémoratifs de guerre)
C-293 : Loi modifiant la Loi sur le système
correctionnel et la mise en liberté sous condition (plaignants
quérulents)
Au Sénat
S-10 : Loi de mise en oeuvre de la Convention sur
les armes à sous-munitions
S-11 : Loi concernant les produits alimentaires, et
portant notamment sur leur inspection, leur salubrité, leur
étiquetage, la publicité à leur égard, leur
importation, leur exportation, leur commerce interprovincial,
l'établissement de normes à leur égard,
l'enregistrement de personnes exerçant certaines
activités à leur égard, la délivrance de
licences à ces personnes, l'établissement de normes
relatives aux établissements où de telles
activités sont exercées ainsi que l'agrément de
tels établissements (Loi sur la salubrité des aliments au
Canada).
Projets de loi ayant été
sanctionnés :
C-2 : Loi modifiant le Code criminel
(mégaprocès)
C-3 : Loi portant exécution de certaines
dispositions du budget de 2011 mis à jour le 6 juin 2011
C-6 : Loi prévoyant la reprise et le maintien
des services postaux
C-8 : Loi portant octroi à Sa Majesté
de crédits pour l'administration publique fédérale
pendant l'exercice se terminant le 31 mars 2012
C-9 : Loi portant octroi à Sa Majesté
de crédits pour l'administration publique fédérale
pendant l'exercice se terminant le 31 mars 2012
C-10 : Loi édictant la Loi sur la justice
pour les victimes d'actes de terrorisme et modifiant la Loi sur
l'immunité des États, le Code criminel, la Loi
réglementant certaines drogues et autres substances, la Loi sur
le système correctionnel et la mise en liberté sous
condition, la Loi sur le système de justice pénale pour
les adolescents, la Loi sur l'immigration et la protection des
réfugiés et d'autres lois
C-11 : Loi modifiant la Loi sur le droit d'auteur
C-13 : Loi portant exécution de certaines
dispositions du budget de 2011 mis à jour le 6 juin 2011 et
mettant en oeuvre d'autres mesures
C-16 : Loi modifiant la Loi sur la défense
nationale (juges militaires)
C-18 : Loi réorganisant la Commission
canadienne du blé et apportant des modifications
corrélatives et connexes à certaines lois
C-19 : Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur
les armes à feu
C-20 : Loi modifiant la Loi constitutionnelle de
1867, la Loi sur la révision des limites des circonscriptions
électorales et la Loi électorale du Canada
C-22 : Loi portant mise en vigueur de l'Accord entre
les Cris d'Eeyou Istchee et Sa Majesté la Reine du chef du
Canada sur la région marine d'Eeyou
C-23 : Loi portant mise en oeuvre de l'Accord de
libre-échange entre le Canada et le Royaume hachémite de
Jordanie, de l'Accord sur l'environnement entre le Canada et le Royaume
hachémite de Jordanie et de l'Accord de coopération dans
le domaine du travail entre le Canada et le Royaume hachémite de
Jordanie
C-25 : Loi concernant les régimes de pension
agréés collectifs et apportant des modifications connexes
à certaines lois
C-26 : Loi modifiant le Code criminel (arrestation
par des citoyens et moyens de défense relativement aux biens et
aux personnes)
C-29 : Loi portant octroi à Sa
Majesté de crédits pour l'administration publique
fédérale pendant l'exercice se terminant le 31 mars 2012
C-31 : Loi modifiant la Loi sur l'immigration et la
protection des réfugiés, la Loi sur des mesures de
réforme équitables concernant les réfugiés,
la Loi sur la sûreté du transport maritime et la Loi sur
le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration
C-33 : Loi prévoyant le maintien et la
reprise des services aériens
C-34 : Loi portant octroi à Sa Majesté
de crédits pour l'administration publique fédérale
pendant l'exercice se terminant le 31 mars 2012
C-35 : Loi portant octroi à Sa Majesté
de crédits pour l'administration publique fédérale
pendant l'exercice se terminant le 31 mars 2013
C-38 : Loi portant exécution de certaines
dispositions du budget déposé au Parlement le 29 mars
2012 et mettant en oeuvre d'autres mesures
C-39 : Loi prévoyant le maintien et la
reprise des services ferroviaires
S-3 : Loi n° 3 visant à harmoniser le
droit fédéral avec le droit civil du Québec et
modifiant certaines lois pour que chaque version linguistique tienne
compte du droit civil et de la common law
S-4 : Loi modifiant la Loi sur la
sécurité ferroviaire et la Loi sur les transports au
Canada en conséquence
S-5 : Loi modifiant la législation
régissant les institutions financières et comportant des
mesures connexes et corrélatives
S-1001 : Loi concernant l'Université Queen's
à Kingston
S-1002 : Loi autorisant l'Industrielle Alliance
Pacifique, Compagnie d'Assurances Générales, à
demander sa prorogation en tant que personne morale régie par
les lois de la province de Québec
S-1003 : Loi
autorisant Industrielle Alliance Pacifique, Assurance et services
financiers inc. à demander sa prorogation en tant que personnes
morale régie par les lois de la province de Québec
S-5 : Loi modifiant la législation
régissant les institutions financières et comportant des
mesures connexes et corrélatives (Loi sur la révision du
système financier)
Intensification des attaques contre
les droits collectifs des travailleurs
- Jim Nugent -
Les organisations de défense des travailleurs
représentent le principal obstacle à l'objectif
déclaré du gouvernement conservateur de Stephen Harper
d'imposer une transformation majeure à la société
canadienne, une transformation qui affecterait à la baisse les
salaires et les avantages sociaux des travailleurs ainsi que les
programmes sociaux pour tous les Canadiens. Aucun effort n'est
épargné par la bande Harper pour semer le désarroi
pour contrer les syndicats des travailleurs et toute forme de
résistance et d'organisation du peuple.
Au cours de la
dernière année cette campagne a pris la forme de coups
d'éclat, de confrontation directe avec les travailleurs dans les
secteurs privés et publics régis par les lois du travail
fédérales — les compagnies aériennes, le service
postal et les compagnies ferroviaires. L'une après l'autre, la
lutte des travailleurs de ces secteurs a été
criminalisée et les travailleurs privés de leurs droits
de négociation collective. Les organisations des travailleurs
sont aussi la cible constante d'attaques menées par le biais de
campagnes sournoises prônant des lois visant à affaiblir
les syndicats et invalider les droits des travailleurs.
La dernière session du parlement a vu
l'abrogation de la Loi des salaires raisonnables. Ce
changement était bien dissimulé dans le projet de loi
omnibus sur l'exécution du budget, la loi C-38. Avant que Harper
ne s'en débarrasse, la Loi des salaires raisonnables
fixait un salaire minimum pour les projets de construction
financés par le gouvernement fédéral, salaire qui
était basé sur les salaires locaux établis. Sans
aucune discussion publique, la bande Harper a détruit une
politique vieille de 100 ans qui contribuait à assurer une
certaine stabilité dans le secteur de la construction. Le but
était d'affaiblir les organisations des travailleurs oeuvrant
dans le métier des bâtiments en mettant les projets
appuyés par le gouvernement à la disposition de
contractants offrant des salaires inférieurs.[1]
Deux autres attaques législatives sournoises
contre les organisations ouvrières sont en cours. L'une d'elle
est le projet de loi 377 qui veut modifier la Loi de l'impôt
sur le revenu et qui affectera le fonctionnement de tous les
syndicats du pays. L'autre provient d'une campagne menée par le
député conservateur de Nepean-Carleton, Pierre
Poilièvre, qui prône une législation cherchant
à retirer une forme de sécurité syndicale, la
formule Rand, touchant aux conventions collectives des entreprises
régies par le fédéral. Ces deux initiatives
viennent directement du bureau de Harper lui-même, mais sont
présentées comme étant des « projets de loi
émanant des députés ».[2]
Le projet de loi C-377
Le projet de loi C-377 est une loi du gouvernement
Harper visant à modifier la Loi de l'impôt sur le
revenu, mais qui est présentée comme venant d'un
député, le député conservateur Russ
Hiebert, le 5 décembre 2011. Il a été
adopté en deuxième lecture en février 2012 avec
l'appui de tous les députés conservateurs à la
Chambre. C-377 est maintenant à l'étape du comité
des Finances.
Le projet de loi s'en prend spécifiquement aux
syndicats en leur imposant un onéreux système de rapports
publics qu'aucune autre organisation ou entreprise n'est tenue de
respecter. Puisque la législation amendera la Loi de
l'impôt sur le revenu, elle affectera tous les syndicats au
pays, et pas seulement les syndicats dans les secteurs régis par
le gouvernement fédéral. Même de petits syndicats
locaux aux effectifs réduits devront se résigner à
produire ces rapports onéreux.
Le projet de loi C-377 est présenté dans
les médias monopolisés comme un « projet de loi
exigeant que les syndicats soient plus transparents ». L'auteur
présumé du projet de loi attaque
l'intégrité des syndicats en insinuant qu'ils ne rendent
pas compte aux membres de leur état financier. Il prétend
que le projet va protéger les travailleurs. La
réalité est que les syndicats ont déjà
leurs mécanismes pour rendre des comptes aux membres et ont
à cet égard des normes plus élevées que
beaucoup d'autres organisations à but non lucratif et pas mal
plus élevées que les entreprises qui peuvent à
tout moment se dissimuler derrière le « secret des
affaires ».
La logique donnée pour cette ingérence de
l'État est que les organisations des travailleurs
bénéficient de « fonds publics », ce qui est
une déformation de la réalité. Un travailleur
syndiqué peut déduire ses cotisations syndicales du total
de ses revenus lorsque vient le temps de calculer ses impôts et
ces déductions représentent en moyenne 100 $. Cette
déduction est liée aux dépenses que chaque
travailleur a encourues au travail et n'est pas une subvention
gouvernementale aux syndicats. Les syndicats sont les seules
organisations à se financer sur la base des cotisations de leurs
membres. Cet autofinancement permet aux syndicats un champ d'action
indépendant et les coudées franches, étant
indépendants de tout financement gouvernemental, et c'est ce que
la dictature Harper veut détruire.
La logique invoquée pour justifier
l'ingérence gouvernementale dans les affaires du syndicat
contient aussi de sérieuses failles qui révèlent
la nature antiouvrière du projet de loi C-377. D'autres
organisations à but non lucratif, lesquelles sont presque toutes
financées par le gouvernement, ne se verront pas dans
l'obligation de produire des rapports aussi contraignants.[3] Aussi,
les associations professionnelles seront exemptées du projet de
loi C-377, même si les cotisations professionnelles sont
déductibles d'impôt en tant que dépenses
reliées au travail au même titre que le sont les
cotisations syndicales. Le montant déductible total sur le
revenu des cotisations professionnelles (395 millions $) est à
toutes fins pratiques le même que le montant déductible
pour les cotisations syndicales (400 millions $).
La loi Harper-Hiebert est une copie conforme d'une loi
antisyndicale qui a vu le jour aux États-Unis à
l'initiative de George W. Bush au cours de son premier mandat. Un
supporter de Bush, Newt Gingrich, a clairement
révélé le but premier de cette loi quand il a
déclaré que celle-ci allait « affaiblir nos ennemis
et encourager nos alliés ». Un autre acolyte de Bush,
Grover Norquist, a dit : « Chaque dollar que les syndicats
devront verser à divulguer leur état financier est un
dollar en moins pour l'organisation d'autres activités
syndicales. » Le projet de loi C-377 va plus loin, par contre,
que la loi étasunienne, puisqu'elle touche à l'ensemble
des syndicats du Canada tandis que la version de Bush ne touchait
qu'aux syndicats régis par les instances fédérales.
Les syndicats étasuniens touchés par cette
loi ont trouvé que les renseignements qu'ils étaient
forcés de révéler étaient mis à la
disposition des entreprises pour leur permettre de combattre les
campagnes de syndicalisation. Le projet de loi C-377 exigera des
syndicats qu'ils rendent publics l'état de leur fonds de
grève et contient une longue liste de données que les
syndicats doivent mettre à la disposition des entreprises.
Prendre à partie les syndicats dans leur
obligation de soumettre des rapports exhaustifs aura pour effet de les
criminaliser. Cela prépare aussi le terrain pour
éventuellement rendre illégales certaines
activités pour lesquelles on exige des rapports aujourd'hui.
La formule Rand
La bande à Harper calque une autre initiative
antiouvrière des États-Unis avec sa loi défendant
le « droit au travail ». Encore une fois, c'est sous le
couvert d'une initiative émanant d'un député
qu'ils mettent de l'avant ce projet de loi foncièrement
antiouvrier.
Le député conservateur Poilievre est
rapidement devenu la vedette des médias monopolisés le 14
septembre lorsqu'il a réclamé une loi nationale du
« droit au travail » semblable aux lois antisyndicales
qu'on retrouve dans plusieurs États américains. Poilievre
a annoncé qu'il en ferait un projet de loi émanant des
députés dont le but serait de mettre un terme aux
cotisations syndicales obligatoires pour les fonctionnaires
fédéraux et pour d'autres travailleurs oeuvrant dans des
entreprises régies par le gouvernement fédéral.[4]
L'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) a
été spécifiquement ciblée par Poilievre
lors du lancement de la campagne pour le « droit au travail
». Le député conservateur a accusé l'AFPC
d'agir contre l'intérêt national et contre
l'intérêt des ses membres en appuyant deux partis
souverainistes pendant la récente élection au
Québec. Il demande donc une loi rendant les cotisations
syndicales non obligatoires. Un porte-parole de l'AFPC a
répliqué que les propos de Poilievre relevaient de la
fabulation. L'AFPC n'avait qu'attribué une note aux candidats de
la région de la Capitale nationale en fonction de leurs votes
antérieurs sur les questions ouvrières et le financement
de programmes sociaux.
Mettre fin à la perception obligatoire de
cotisations syndicales dans les entreprises où le syndicat est
l'agent de négociation collective des travailleurs tel que
proposé par Poilievre présuppose l'élimination
d'une législation maîtresse régissant les relations
de travail : la formule Rand. La formule Rand est au coeur de
l'équilibre dans les relations de travail au Canada depuis 1945.
Elle fut adoptée à ce moment-là par les
gouvernements en réaction aux nombreuses et puissantes
grèves qui se succédaient comme partie d'une campagne
pour exiger la reconnaissance et la sécurité syndicales
dans les principaux secteurs industriels de l'économie. Le fait
d'éliminer la formule Rand affecterait grandement les syndicats
puisque chaque période de négociations pour une
convention collective ne pourrait débuter sans qu'une lutte pour
la reconnaissance et la sécurité syndicale ainsi que pour
la stabilité financière du syndicat ne soit
enclenchée, comme pour la période d'avant-guerre.
Par la formule Rand, le gouvernement reconnaît
deux principes fondamentaux : a) les travailleurs peuvent s'associer
pour former des collectifs munis de droits collectifs ; et b) les
collectifs des travailleurs peuvent prendre des décisions
collectives sur la base de la règle de la majorité. Sur
la base de l'acceptation de ces principes, la formule Rand permet
à la majorité des travailleurs d'une unité de
négociation de décider démocratiquement si un
syndicat devrait les représenter dans le processus de
négociation collective. Aussi, une majorité des
travailleurs peut décider si des cotisations peuvent être
perçues comme base de financement du syndicat. La formule Rand
ne stipule pas que tous les travailleurs d'une unité doivent
être membres du syndicat, mais plutôt que tous les
travailleurs ont le droit de bénéficier de la protection
qu'offre la convention collective et que tous les travailleurs de
l'unité doivent verser des cotisations syndicales pour la
négociation et l'administration de la convention collective.
Au coeur de cette attaque contre les syndicats
menée sous la bannière du « droit au travail
» est le fait que Poilievre et tous les tenants
néolibéraux du « droit au travail »
s'attaquent au principe démocratique fondamental de la
règle de la majorité telle qu'incorporée dans la
formule Rand et dans une loi équivalente aux États-Unis,
la loi Wagner. Afin de mieux s'opposer à un principe
démocratique aussi fondamental que la règle de la
majorité tout en prétendant être
démocratiques, les néolibéraux s'en prennent
à un autre principe de la formule Rand/loi Wagner, qui est la
reconnaissance des travailleurs en tant que collectif. C'est le refus
de reconnaître les travailleurs en tant que collectif qui
sous-tend toute la rhétorique néolibérale au sujet
du « choix des travailleurs ».
« Ce que je cherche à faire c'est de
permettre aux travailleurs de choisir », a dit Poilievre aux
médias. Bien sûr, derrière cette candeur se cache
une attaque contre le principe même du droit des travailleurs de
s'associer et de former un collectif. Car après tout, s'il
n'existe pas de collectif, comment pourrait-on prendre des
décisions selon la règle de la majorité ?
La bannière jaune du « libre choix »
héritée de l'offensive antisyndicale aux
États-Unis a aussi été brandie par le premier
ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, et par le chef de l'opposition
en Ontario, Tim Hudak. Wall cherche à éliminer la formule
Rand dans le cadre des modifications apportées aux lois sur les
relations de travail. Les conservateurs de Hudak, au moyen d'un
document de travail hautement publicisé, demandent une loi du
« droit au travail » semblable à ce qui existe aux
États-Unis dans le but proclamé de rendre l'Ontario plus
compétitif pour les investissements avec les États du sud
où les salaires sont inférieurs grâce entre autres
à cette loi du « droit au travail ».
Les « transformations majeures pour le Canada
» de Harper pour attirer les investissements internationaux et
les efforts de Hudak pour changer les lois régissant les
relations de travail en Ontario pour mieux faire concurrence aux
États à salaires inférieurs des États-Unis
démontrent sans ambiguïté dans quelle spirale vers
les bas fonds les politiciens néolibéraux veulent
entraîner la nation. Toute la rhétorique au sujet de
soutirer les travailleurs des griffes de leurs propres syndicats et au
sujet de « libres choix » est pour amener les Canadiens
à agir contre leurs propres intérêts.
Défendre les droits des travailleurs et les organisations des
travailleurs est bel et bien un front décisif sur lequel il faut
lutter dans l'opposition générale à l'offensive
néolibérale de la minorité dominante de riches au
Canada et de l'oligarchie financière internationale.
Notes
1. L'Association des contractants Merit ainsi que
le Christian Labour Alliance du Canada sont les organisations
choyées par les monopoles du pétrole et du gaz en Alberta
pour leurs « nouveautés » dans les relations de
travail. Merit demande depuis longtemps l'abolition de la Loi des
salaires raisonnables et appuie les autres mesures antisyndicales
dont il est question dans cet article. Merit est un proche du
régime Harper.
2. Présenter des initiatives
gouvernementales comme étant des projets de loi émanant
des députés est un abus du système parlementaire
auquel la bande à Harper a de plus en plus recours. Des projets
de loi abusifs sont mis de l'avant sans que le gouvernement Harper en
prenne la responsabilité. En plus, les votes pour de tels
projets de lois sont des votes libres, permettant au gouvernement de
diviser les rangs des partis d'opposition. En plus de se servir de
cette tactique pour mettre de l'avant des lois antiouvrières, la
bande Harper s'en sert aussi pour raviver au parlement la source de
division qu'est la question de l'avortement.
3. Il existe 161 000 organisations
bénévoles et à but non lucratif au Canada. Ces
organisations déclarent des revenus annuels de 112 milliards $
qui représentent des fonds publics d'une manière ou d'une
autre. Ces organisations ne seront pas tenues de produire des rapports
exigés par C-377.
4. Le député Poilievre est le
secrétaire parlementaire du ministre du Transport. Parce qu'il
est lié au Cabinet et qu'il fait ainsi partie du gouvernement,
il ne peut déposer un projet de loi émanant des
députés. Poilievre a dit qu'il trouverait un autre
député conservateur pour déposer ce projet de loi
au parlement.
Élection présidentielle au
Venezuela
Le peuple vénézuélien marche pour
la victoire
du président Chavez et la défense de la
révolution bolivarienne
- Claude Brunelle -
Le président
vénézuélien et candidat à la
présidence Hugo Chavez salue ses supporters durant un
rassemblement à Charallave, dans l'État de Miranda,
Venezuela, le 9 septembre 2012.
Le 7 octobre prochain, plus de 16 millions
d'électeurs inscrits voteront à l'élection
présidentielle du Venezuela. Ils choisiront entre la
réélection du président Chavez, candidat soutenu
par le Grand Front patriotique (GPP)[1] et Henrique Capriles, candidat
de la Coalition pour l'unité démocratique (MUD), une
organisation néolibérale de droite.[2]
À dix jours du scrutin, les firmes de sondages
indépendantes Consultores et International consulting services
(ICS) donnaient gagnant le président Chavez avec 57,5 % et 60,01
% des votes contre 42.5 % et 39.2 % pour le candidat de la droite.
Répondant à la tradition voulant que
chaque localité du pays organise une marche pour y accompagner
son candidat favori, ce sont des millions de
Vénézuéliens qui ont pris part à ces
marches d'un bout à l'autre du pays depuis le début de la
période électorale, scandant à l'unisson : «
Chavez, coeur de la patrie ! »
S'adressant à l'une de ces assemblées
populaires le 26 septembre dernier dans l'État de Falcon, le
président Chavez a affirmé : « Nous devons gagner
de manière écrasante le 7 octobre prochain. [...] Pour
cela il est nécessaire que nous initions immédiatement la
grande mobilisation dans chaque quartier, chaque rue, chaque village,
chaque ville pour que partout pas un seul vote ne soit laissé de
côté. » Faisant référence à son
avance sur le candidat de la droite, il a mentionné que
même s'il est un fait qu'il va gagner ces élections,
« nous devons travailler fort, personne ne doit baisser la garde,
nous n'avons pas seulement l'obligation de gagner, si non de gagner
avec force ».
Cet appel à gagner avec force vise à la
fois à démontrer le soutien à la révolution
bolivarienne et à neutraliser les intentions de l'opposition de
déstabiliser le pays en ne reconnaissant pas le résultat
du vote le 7 octobre au soir. En effet, le secrétaire
exécutif du MUD, Ramón Guillermo Aveledo, se
référant à la possibilité que des
organisations politiques membres de sa coalition ne reconnaissent pas
les résultats officiels de l'élection, a affirmé
que le MUD va respecter uniquement les résultats qu'ils
considéreront « dignes de confiance ». Cette
déclaration a été faite deux jours après
que l'agitateur Yon Goicoechea a fait paraître un article dans le
journal El Universal sous le titre « La fraude n'est
pas gratuite ». Goicoechea y affirme que « les
résultats du 7 octobre ne seront pas déterminés
par des faits, nous savons aujourd'hui qu' Henrique gagnera cette
course. Ce qu'il y aura cette nuit-là est une décision
militaire qui, si elle est erronée, produira un massacre.
» Il suggère que le Conseil électoral national va
organiser une fraude le jour des élections et que les
supporteurs de l'opposition vont descendre dans la rue, reproduisant
ainsi ce qui s'est produit lors de la chute de l'Union
soviétique en 1989. L'auteur de cet article était
l'organisateur principal des protestations de groupes étudiants
contre le gouvernement Chavez en 2007 et qui a fini par s'aligner avec
les forces réactionnaires qui servent les intérêts
américains. Il est à noter que cette activité lui
a valu en 2008 le prix Milton Friedman et une bourse de 50 000 $ US
pour l'« avancement de la liberté »
décernés par l'institut libertaire américain Cato.
Dans le même temps, l'ex-ambassadeur
américain Patrick Duddy, celui-là même qui fut
expulsé du Venezuela en 2008 pour collaboration à un coup
d'État avec un groupe de militaires, a soumis un texte au
Conseil des relations extérieures de son pays. Dans ce texte, il
demande des sanctions contre le Venezuela « si les
résultats des élections apparaissent frauduleux, les
États-Unis doivent encourager des pressions internationales
incluant le gel de compte de banque individuel, la saisie de biens aux
États-Unis ou encore forcer la mise en dépôt
fiduciaire de compte d'entités gouvernementales
vénézuéliennes ». Poursuivant sur la
question des options militaires, il affirme que « si ceux qui
sont loyalistes à Chavez dominent le haut commandement
vénézuélien, il n'est pas clair jusqu'à
quel point ils contrôlent les rangs intermédiaires.
» L'article laisse clairement paraître l'intention des
États-Unis de soudoyer une frange de l'armée
vénézuélienne.
En juin dernier, Robert Zoellick, alors
président de la Banque mondiale, a déclaré juste
avant de démissionner de son poste que « les jours de
Chavez sont comptés et, avec l'élimination de son
programme d'aide gouvernementale, d'autres nations comme Cuba et
Nicaragua seront en difficulté ». Il faisait
référence au soutien américain au candidat
Capriles, qui, s'il est élu, entend rétablir des
relations « favorables » avec les États-Unis et
revoir les programmes d'aide et les alliances avec les pays
d'Amérique latine et des Caraïbes.
D'autre part, depuis plusieurs semaines aux
États-Unis, des réseaux de médias importants tel
que Bloomberg, The Wall Street Journal, Fox News et Miami
Herald font de la désinformation en écrivant tous
que Capriles gagne du terrain, que les jours de Chavez sont
comptés, que Chavez utilise des groupes liés à la
révolution bolivarienne pour faire régner un climat de
menace, de terreur et de vandalisme. Ils vont jusqu'à accuser le
président Chavez de manipuler l'information dans les
médias alors que tous savent que la majorité des
médias écrits, télévisés ou
parlés au Venezuela sont aux mains de l'opposition.
Finalement, il faut ajouter à la mise en place de
ce scénario visant à provoquer la déstabilisation
du pays le soir du 7 octobre et les jours suivant, avec l'intention
claire de renverser le président Chavez, les nombreux actes de
sabotage qui se multiplient dans le pays. Notons les derniers en ligne
qui sont survenus ces derniers jours par le coupage de câblages
dans des sous-stations de distribution d'électricité
provoquant des pannes de courant dans Caracas et d'autres
régions du pays.
Cette conjoncture électorale met en
lumière pourquoi le président Chavez insiste avec toute
la vigueur qui le caractérise sur l'importance capitale que
représente cette élection pour l'avenir de la
révolution bolivarienne et de la nation
vénézuélienne. Il appelle les
Vénézuéliens à ne pas permettre le retour
à la situation des années 80 et dit qu'un vote pour la
continuation de sa présidence et pour la Révolution
bolivarienne « est un vote pour la jeunesse, l'avenir, la
sécurité, le développement et la stabilité
».
Notes
1. Le Grand Front patriotique (Gran Polo
Patriotico-GPP). Il regroupe les partis de gauche tel que le Parti
socialiste unifié du Venezuela, le Parti Communiste du
Venezuela, le Parti Patrie pour tous, de même des organisations
sociales et syndicales et est formé de 34 000 comités
d'organisation.
2. La Coalition pour l'unité
démocratique (Mesa de la Unidad Democratica-MUD) est une
alliance des partis de droite opposés à la
révolution bolivarienne et proches des États-Unis. Elle a
perdu quatre petits partis membres récemment, lorsque fût
divulgué un document confidentiel révélant le
véritable programme néolibéral que son candidat
Capriles entend appliquer s'il est élu président.
Fraude électorale au Mexique
L'avenir du Mexique
- Pablo Moctezuma Barragán* -
Lorsque le Tribunal électoral de la Judiciaire
fédérale a déclaré Enrique Peña
Nieto président du Mexique à l'issue de l'élection
présidentielle 2012, il a exposé un pouvoir
antidémocratique qui soumet la volonté populaire du
peuple mexicain à la mafia politique. Il a exposé la
dictature qu'exercent les grandes sociétés mexicaines sur
le système électoral avec l'alternance au pouvoir du
Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) et du Parti de
l'action nationale (PAN).
La duperie est d'une ampleur considérable. Le
Tribunal qui prétend être blanc comme neige a
validé l'élection avant la publication du rapport de
l'Unité fiscale de l'Institut électoral
fédéral (IFE) sur le financement de la campagne de
Peña Nieto. Il a même rendu son jugement sans les
informations concluantes des rapports financiers qui doivent être
remis en octobre.
Le Tribunal n'a pas fait un examen exhaustif du
processus électoral et, tout comme l'IFE, il s'est tout
simplement prêté à la manoeuvre du PRI. Le peuple a
été témoin de la manipulation d'une
élection qui n'a été ni libre ni équitable,
comme l'exige l'Article 41 de la Constitution.
Et combien de votes a reçu le fraudeur ?
Seulement 23 % des 82 millions de Mexicains en âge de voter, une
très faible majorité. C'est malgré toute la
propagande illégale qu'a faite Peña Nieto pendant sept
ans en se servant des fonds publics en tant que gouverneur de
l'État de Mexico et de l'appui inconditionnel du réseau
Televisa et de l'ensemble de l'appareil de désinformation
médiatique durant la campagne. C'est sans compter les millions
de votes achetés avec des cartes-cadeaux offertes par la
chaîne de produits alimentaires Soriana et la banque Monex, les
cartes d'appel, les matériaux de construction, les promesses
d'emploi, les budgets d'État pour les programmes sociaux, les
dons d'animaux et autres cadeaux. Le PRI a dépassé la
limite des dépenses électorales par 336 millions de
pesos, soit plus que 15 fois le montant permis. D'autre part, la
commission électorale a permis des inégalités
extrêmes dans la couverture médiatique, la manipulation de
l'opinion publique par des journalistes à la solde du PRI qui
ont créé l'impression d'un triomphe imminent de
Peña Nieto et les nombreuses fraudes électorales dans les
régions, notamment au Chiapas et au Yucatan, comme les
boîtes de scrutin truquées.
Plus des trois quarts des Mexicains ont voté
contre le retour du PRI et contre le processus corrompu qui garantit
l'alternance du PRI et du PAN au pouvoir pour appliquer les mêmes
politiques suivant le diktat de Washington et de l'oligarchie
mexicaine. On a vu au moins quatre millions de Mexicains se battre avec
résolution pour le changement au Mexique. Cette lutte pour la
démocratie est présente à Mexico et dans presque
tous les États du Mexique ; il y a une mobilisation militante
constante. Deux camps s'affrontent : ceux qui veulent imposer le retour
du PRI, les élites et l'oligarchie financière qui
profitent des politiques néolibérales, et ceux qui sont
les victimes de ces politiques et qui veulent se donner une
organisation pouvant faire avancer la situation étape par
étape. La première tâche est d'unir tous ceux qui
sont encore désinformés ou manipulés par la
propagande médiatique au service des élites.
Sur le plan externe, l'empire américain est
intervenu de façon décisive en faveur du retour du PRI.
La consolidation du bipartisme et la prétention
démocratique d'une « alternance » conviennent aux
intérêts de l'empire. Peña Nieto a promis de
continuer la « lutte contre le trafic de la drogue » et les
efforts pour achever l'intégration militaire du Mexique aux
États-Unis, ouvrir les sociétés d'État du
secteur pétrolier aux « partenariats » avec des
entreprises privées, appliquer aveuglément les politiques
néolibérales des États-Unis et défendre les
intérêts des sociétés
étrangères en multipliant les privilèges. La lutte
contre la fraude électorale de 2012 et contre le PRI est vitale
pour la vaste majorité des Mexicains à cause de l'urgence
de défendre la souveraineté et les droits.
La vaste majorité des électeurs sait que
cette élection était truquée, achetée et
inconstitutionnelle. Le nombre de ceux qui participent au mouvement
démocratique continue de grandir et des progrès ont
été faits. C'est pour cela qu'on assiste maintenant
à une campagne délibérée pour
démoraliser les gens. Mais ce n'est pas le temps de sombrer dans
le désespoir, c'est le temps d'agir. Le peuple en a assez. Il
veut mettre fin à l'ère de la corruption, de
l'impunité et de l'injustice. Il se prépare à
mettre fin au vieux monde de la soumission, de la violence et du chaos
en faveur d'un monde nouveau, celui de la souveraineté et des
droits, de la paix et du bien-être de tous. Le vieux monde refuse
de mourir et impose sa domination cynique. Le monde nouveau appelle la
force de la jeunesse et de l'avenir, le potentiel de la classe
ouvrière, les peuples autochtones, les femmes et les patriotes.
La première étape est le renouveau démocratique
pour que le peuple puisse avoir entre ses mains le pouvoir de
décider.
* Pablo Moctezuma Barragán est le
rédacteur de Mexteki et dirigeant national de l'Union
des travailleurs mexicains.
(Traduction : LML)
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca Courriel: redaction@cpcml.ca
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