Le Marxiste-Léniniste

Numéro 56 - 8 mai 2012

Les étudiants rejettent les coups d'éclat, la duperie
et la brutalité du gouvernement Charest


Manifestation de 15 000 étudiants à Montréal le 25 avril 2012 (Montreal Openfile)

Les étudiants rejettent les coups d'éclat, la duperie et la brutalité du gouvernement Charest
La grève, le défi des injonctions et les manifestations se poursuivent

La privatisation mondiale de l'éducation
Jean Charest au service d'une élite mondialiste - Éric Granger


Les étudiants rejettent les coups d'éclat, la duperie
et la brutalité du gouvernement Charest

Pendant que les étudiants étaient la cible d’une attaque policière orchestrée et délibérée à Victoriaville le 4 mai, qui a fait des blessés graves, la ministre de l’Éducation Line Beauchamp annonçait qu’une entente de principe avait été conclue avec les associations étudiantes lors de négociations à Québec. Le lendemain, la ministre rendait public le texte de la soi-disant entente et annonçait que tout le monde s’était entendu et qu’il ne restait plus aux étudiants qu’à rentrer en classe. Or, les associations étudiantes ont aussitôt contesté l’interprétation des négociations par la ministre. La Coalition large de l'Alliance pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) a dit que son représentant aux négociations a été arnaqué et que plusieurs modifications ont été apportées par le gouvernement par la suite. La présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) Martine Desjardins a demandé que l’entente soit réécrite et le président de la Fédération étudiante collégiale Léo Bureau-Blouin a dit que l’entente telle que publiée par la ministre comporte plusieurs zones grises.

Le premier ministre Jean Charest et la ministre de l'Éducation ont voulu étouffer le mouvement d'opposition à la hausse des frais de scolarité par un coup d'éclat pour créer, ne serait-ce que pour quelques heures, l'impression qu'ils sont venus à bout de la résistance. L'objectif évident est d'inciter les étudiants réunis en assemblées générales à travers le Québec à voter en faveur du retour en classe sous l'impression qu'ils auraient obtenu gain de cause. Ensuite, dès que quelques associations étudiantes se prononceraient en faveur de l’entente, le tour serait joué, ou en tout cas dans la tête de Jean Charest. La ministre de l'Éducation proclame « victoire » - les étudiants auraient « accepté » l'offre et, de surcroît, cette offre serait exactement ce que le gouvernement offre depuis le début !

Lundi, sur 17 associations étudiantes qui ont tenu des votes sur l’offre contenue dans l’entente de principe, 16 l’ont rejetée et ont reconduit le vote de grève, dans bien des cas dans une proportion encore plus imposante que le vote initial. Entre autres au Cégep Saint-Laurent où les étudiants ont voté à 84 % le rejet de l'offre et la poursuite de la grève. Les cégeps de Valleyfield, de Marie-Victorin, de Bois-de-Boulogne et de Saint-Hyacinthe ont rejeté l'entente et reconduit le vote de grève générale. Au cégep de l’Outaouais, les étudiants ont voté à 54% de maintenir la grève jusqu’au vendredi 11 mai pour se donner le temps d’analyser l’entente. Du côté universitaire, les étudiants en Arts et création de l'Université de Montréal ont rejeté l'accord, tout comme ceux des départements de Sociologie et de Littérature de l'Université Laval (à 94%). Les votes se poursuivent aujourd’hui.

Encore une fois, le Québec est témoin des agissements d'un gouvernement qui croit que le mensonge, le spectacle et la brutalité peuvent taire la voix de ceux qui expriment le besoin fondamental d'une nouvelle direction pour le Québec. Le mirage et la fausse représentation, en plus de l'extrême brutalité sur les lignes de front, sont les seuls moyens qui restent à ce gouvernement qui veut soumettre l’éducation aux intérêts étroits qu’il représente.

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La grève, le défi des injonctions et
les manifestations se poursuivent

En date du 7 mai, près de 170 000 étudiants sont toujours en grève à travers le Québec. À Montréal, les manifestations quotidiennes se poursuivent et continuent de rassembler des milliers d'étudiants et alliés. Lundi, il y a également eu des manifestations à Longueuil et Saint-Jérôme.

Des milliers d'étudiants ont tenu leur 13e manifestation nocturne à Montréal le lundi 7 mai. Partant toujours du même point de ralliement, soit la place Émilie-Gamelin à 20 h 30, les manifestants ont marché en direction nord sur les rues Berri et Saint-Denis pour ensuite prendre Mont-Royal et descendre l'avenue Papineau. Toute la journée des médias avaient appelé à une manifestation « en faveur de la hausse » au métro Papineau, mais ceux qui s'y étaient rassemblés étaient déjà dispersés à ce moment-là.

Le 3 mai, lors de la 9e marche nocturne, les étudiants avaient décidé de donner à leur marche le thème « En sous-vêtements pour un gouvernement transparent ». Près de 1000 étudiants ont participé à la marche et beaucoup d'entre eux étaient en petite tenue. L'humour visait le gouvernement Charest, mais aussi la Ville de Montréal et son projet d'interdire le port du masque dans les manifestations. Le comité exécutif de la Ville de Montréal se préparait en effet à adopter l'interdiction du port de masques pendant les manifestations. Ce règlement a finalement été adopté le 7 mai et prévoie notamment des amendes pouvant atteindre 1000 $ pour une première offense. Les organisateurs d'un rassemblement devront aussi dévoiler leur itinéraire aux policiers. Or, les organisateurs des manifestations nocturnes continuent de refuser de dévoiler les itinéraires parce que les forces policières cherchent constamment à les piéger et à les disperser de force.


L'humour de la manifestation « de la transparence » était dans le costume et dans les slogans : « On n'a rien à cacher, pas comme le PLQ ! », « 82 % de hausse c'est quoi : c'est indécent ! », « Charest, tu veux notre peau : Non ! », « Pour me payer des vêtements, Line Beauchamp j'ai pu d'argent », et plusieurs autres slogans.

« Les étudiants sont tellement en colère contre le gouvernement Charest et contre l'impasse dans laquelle ils les placent, eux et la population, qu'ils ont décidé de faire un peu d'humour pour changer l'ambiance et se donner de l'ardeur », a dit une manifestante au LML.

Cégep de l'Outaouais : « Les cours sont suspendus pour la journée »

Le mardi 8 mai, c'est à 8 h 5 que les cours ont été suspendus pour la journée au Cégep de l'Outaouais, d'abord au pavillon Gabrielle-Roy puis au pavillon Félix-Leclerc. Trois cents étudiants ont établi des lignes de piquetage aux entrées du stationnement du pavillon Gabriel-Roy, puis à 8 heures sont entrés dans le collège. La direction du cégep a annoncé la suspension des cours quelques minutes plus tard, dans un premier temps seulement à Gabriel-Roy. Les étudiants se sont donc déplacés au pavillon Felix-Leclerc où les cours ont également été suspendus.

La veille, l'assemblée générale extraordinaire avait voté à 53% en faveur de la grève, avec la participation de 2090 étudiants au vote. La grève se poursuit jusqu'à la prochaine assemblée générale qui se tiendra le 11 mai. En prenant ce vote, les étudiants ont considéré qu'« il était primordial de donner à chacun d'entre nous le temps d'analyser et de bien saisir l'entente » annoncée par le gouvernement. Le 11 mai est également la date d'échéance de l'injonction provisoire ordonnant la reprise des cours.

Depuis le 1er mai, date de l'injonction, jour après jour les étudiants ont défait l'injonction et imposé la suspension des cours et le respect de leur vote de grève.

Les médias, relayant la position du gouvernement Charest, entretiennent le mythe de « la perturbation des cours par des manifestants », mais ce qu'ils ne disent pas est que l'injonction ne peut forcer les étudiants à rentrer. Ils ne se présentent pas et les enseignants refusent de franchir les lignes de piquetage.

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La privatisation mondiale de l'éducation

Jean Charest au service d'une élite mondialiste

L'entêtement du gouvernement Charest à vouloir augmenter les droits de scolarité, à bonifier les prêts étudiants et à instaurer un régime de remboursement proportionnel au revenu (RPR), cet entêtement est facile à comprendre lorsqu'on regarde de plus près d'où proviennent ces idées de réformes de l'éducation. Il ne s'agit pas d'idées qui sont sorties du cerveau du premier ministre ou de la ministre de l'Éducation, ces idées viennent de l'extérieur, ces réformes ont été conçues loin du Québec, dans des institutions internationales à vocation de mondialisation. Le gouvernement du Québec suit un plan, un modèle concocté dans les grandes universités mondialistes comme la London School of Economics et promu par des institutions internationales toutes puissantes tels le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l'OCDE. Ce modèle a été fabriqué sur mesure pour satisfaire les besoins de l'entreprise privée (lire multinationales) et on peut aisément le décrire comme une privatisation mondiale de l'éducation supérieure. Le premier ministre Jean Charest est quant à lui un complice enthousiaste de cette privatisation à l'échelle mondiale.

De l'Angleterre au reste du monde

Le programme mondial de privatisation du financement de l'éducation a débuté en Angleterre en 1998. Le gouvernement britannique avait à cette époque implanté le remboursement proportionnel au revenu. Ce concept qui a d'abord été mis de l'avant par l'économiste Milton Friedman a été repris par un autre : Nicholas Barr. Nicholas Barr est un professeur d'économie à la London School of Economics, il est un boursier Fulbright, il a travaillé pour la Banque mondiale, le FMI et il défend depuis les années 80 l'idée d'une privatisation du financement de l'éducation supérieure. Il fait également la promotion du remboursement proportionnel au revenu (RPR) pour s'acquitter d'une dette étudiante. Il a publié plusieurs ouvrages et articles à ce sujet. Dans un article publié en 2005 dans la revue Finance et développement (une publication mensuelle du FMI), Barr écrit : « Les réformes entreprises en Grande-Bretagne peuvent servir d'exemple à d'autres pays. » Il propose d'abord de décentraliser le financement (dehors le gouvernement, bienvenue secteur privé). Il propose, en deuxième lieu, de transférer aux étudiants le coût des études. Ces derniers devront s'endetter auprès de banques privées pour les payer. Et troisièmement, il suggère l'implantation d'un RPR pour rembourser la dette.

Selon Barr, le RPR permet de maintenir l'accessibilité aux études supérieures pour les moins fortunés. Il s'agit d'une logique douteuse. Selon lui, les diplômés qui auront un faible revenu annuel ne seront pas pénalisés puisqu'ils rembourseront leurs prêts en fonction d'un pourcentage de leurs revenus. Cependant, ils rembourseront pour une durée beaucoup plus longue leurs prêts étudiants. Dans cette même logique, Barr affirme que l'on peut ainsi augmenter les droits de scolarité et même les intérêts sur les prêts, la durée du remboursement sera tout simplement prolongée. Barr oublie de mentionner dans toutes ses publications que plus on prend du temps à rembourser un prêt, plus on paie d'intérêts aux banques. Donc, un diplômé pourrait se retrouver à payer deux fois le montant utilisé pour faire ses études. Et Barr oublie aussi de mentionner que l'endettement étudiant sous cette forme se traduit en un véritable esclavage bancaire. En fait, c'est probablement ce qu'il souhaite en secret.

Nicholas Barr, dans son article cité plus haut, ose se justifier en écrivant que « l'éducation tertiaire est souvent présentée comme un droit qui, en tant que tel, devrait être financé par l'État. L'alimentation est, elle aussi, considérée comme un droit fondamental, mais personne ne voit d'inconvénients à ce que les aliments aient un prix. » Sauf que dans la société, les riches mangent du caviar et que les pauvres se contentent de patates bouillies. C'est et ce sera la même chose dans le cas de l'éducation.

Les mesures prônées par Nicholas Barr et les institutions mondialistes qui payent son salaire ont été implantées en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis pour ne nommer que ceux-là, et elles font maintenant leur entrée au Québec

Le cas du Québec

Au Québec, une réforme du régime de prêts et bourses a été entreprise en 2003-2004 afin de le privatiser. Cette année-là, 103 millions de dollars de bourses ont été convertis en prêts. De plus, ces prêts devaient à l'avenir être contractés auprès des institutions financières privées du Québec, des prêts qui sont garantis aux banques par le gouvernement en cas de non-paiement. Une contestation étudiante a pris forme en 2005 pour dénoncer cette hausse des prêts. La FEUQ et la FECQ ont alors négocié une entente avec le gouvernement et le montant des prêts a été ramené, en 2006-2007, au niveau précédant la réforme. Toutefois, les étudiants se sont endettés pour environ 140 millions de dollars de plus durant cette période. Cependant, la privatisation de l'endettement est restée intacte. Les étudiants doivent toujours emprunter aux banques privées pour financer leurs études. Le gouvernement garantit encore les prêts aux institutions financières. Ce sont des prêts sans risques pour les banques, gracieuseté du gouvernement Charest. Évidemment, les banques sont contentes.

Aujourd'hui, nous sommes témoins de la deuxième phase de cette privatisation. Le gouvernement Charest, dans la dernière proposition faite aux étudiants en grève, veut maintenant augmenter de nouveau les prêts étudiants et instaurer le RPR. Selon le communiqué émis par le gouvernement, « tous les étudiants dont le revenu des parents n'excède pas 100 000 $ bénéficieront d'un prêt permettant généralement de couvrir les droits de scolarité et le coût du matériel scolaire. En 2016-2017, ce montant sera de 4 678 $ pour 30 crédits ». Aussi, « les étudiants de la classe moyenne se verront accorder un prêt additionnel de 2 850 $ ». Donc, « ces deux mesures permettront d'accorder annuellement des prêts additionnels à plus de 50 000 étudiants ».

En sommes, plus d'étudiants s'endetteront et leurs dettes finales seront plus élevées.

Pour bien comprendre ce qu'il en est, il faut se référer aux excellentes recherches de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS), en particulier les travaux d'Éric Martin et de Simon Tremblay-Pépin. Éric Martin explique bien sur son blogue de l'IRIS comment le RPR est une mesure dangereuse. Il cite l'économiste Claude Montmarquette, une référence privilégiée du gouvernement Charest :

« Un autre avantage est que le système RPR permet d'accroître les montants de prêts ou l'endettement des étudiants. En d'autres termes, si une contribution financière supérieure est demandée aux étudiants, le RPR est le système qui facilite cette décision. Soulignons que le RPR n'entraîne pas une hausse des frais de scolarité, mais le RPR est la meilleure façon d'y faire face sans compromettre l'accessibilité aux études. »

Monsieur Martin cite également avec justesse le Comité consultatif sur l'accessibilité financière aux études :

« L'expérience étrangère montre que la mise en place d'un système RPR est souvent couplée à une hausse des frais de scolarité. Claude Montmarquette (rencontre du 17 octobre 2001 avec le CCAFE) pense, d'une part, que la hausse des frais de scolarité québécois est incontournable et que, dans ce cas, le système RPR est la meilleure forme qui soit pour en faciliter le remboursement. Il est simple de retourner l'argument : si le RPR assure une grande flexibilité de remboursement des emprunts et comme les syndicats étudiants sont favorables à l'implantation de ce système, il n'existe plus aucune barrière à l'augmentation des frais de scolarité une fois que le RPR est mis en place. »

En somme, Éric Martin décrit bien ce que représente véritablement le RPR et il voit juste lorsqu'il écrit que « le RPR est loin d'être une mesure d'aide aux étudiants. Il s'agit d'un morceau essentiel d'un nouveau dispositif de financement qui repose sur l'augmentation de l'endettement étudiant ». On peut citer l'Angleterre en exemple qui, après avoir instauré le RPR, a procédé à plusieurs augmentations des frais de scolarités au détriment des étudiants britanniques qui ont vu leur endettement exploser.

L'IRIS a également publié le 8 mai 2011 une excellente recherche sur l'augmentation des droits de scolarité. Dans cette étude, intitulée « Faut-il vraiment augmenter les frais de scolarité ? Huit arguments trompeurs sur la hausse », les chercheurs Éric Martin et Simon Tremblay-Pépin détruisent un à un les arguments du gouvernement Charest. En voici quelques-uns :

1- Le gouvernement affirme que les universités sont sous-financées alors qu'elles souffrent plutôt d'un malfinancement, c'est-à-dire d'une mauvaise répartition des ressources.

2- Le gouvernement affirme que ce (prétendu) sous-financement menace la qualité de l'éducation et la valeur des diplômes alors que c'est la nouvelle vocation commerciale (privatisation) des universités qui réduisent l'éducation à une marchandise plus coûteuse et moins riche en contenu.

3- Selon le gouvernement, la hausse des droits de scolarité va renflouer les coffres universitaires, mais en fait, il s'agit plutôt d'une transition d'un mode de financement public à celui d'un financement privé.

4- Le gouvernement soutient qu'en payant plus de droits de scolarité, les étudiants feront leur juste part. En réalité, les étudiants feront plus que leur juste part, car ces derniers devront travailler deux fois plus longtemps pour payer leurs études que dans les années 1970.

5- Le gouvernement ose dire que la hausse n'aura pas d'effet sur la fréquentation universitaire et, pourtant, si le Québec était conforme à la moyenne canadienne, 30 000 étudiants (qui sont aux études présentement) n'auraient pas les moyens d'aller à l'université.

6- En définitive, l'étude de l'IRIS montre que la gratuité scolaire est relativement peu coûteuse et que son financement public est socialement équitable, alors que le gouvernement ose dire qu'il s'agit d'un projet irréaliste et potentiellement injuste pour la société.

À la lumière de ces informations, nul ne peut douter que le gouvernement Charest suit un modèle concocté par des économistes mondialistes qui doivent leur allégeance à des institutions internationales puissantes et non pas au peuple étudiant québécois. Les étudiants devront peut-être bientôt s'endetter pour la vie sans avoir l'assurance d'obtenir un emploi stable et bien rémunéré en cette période d'incertitude économique qui risque fort de se prolonger.

Le secteur privé se réjouit

Lorsque le gouvernement Charest a annoncé au début du mois d'avril qu'il bonifiait le programme de prêts et bourses et qu'il mettait en place le remboursement proportionnel au revenu, la chambre de commerce de Montréal s'est tout de suite réjouie ! En effet, cette dernière a émis un communiqué de presse dans lequel son président, Michel Leblanc, a félicité « la ministre de l'Éducation et le ministre des Finances d'avoir pris cette décision éclairée qui vient consolider l'accessibilité aux études supérieures ». C'est sûr que monsieur Leblanc était content car, comme il le dit dans le communiqué, « la Chambre proposait la mise en place d'un tel mécanisme en 2010 dans le Pacte pour un financement concurrentiel de nos universités ». C'est ce document, le Pacte pour un financement concurrentiel de nos universités, qui est derrière la décision du gouvernement de réformer le financement de l'éducation au Québec. Ce document a été signé par les individus suivants :

M. Michel Audet, ex-ministre des Finances du Québec

Me Lucien Bouchard, ex-premier ministre du Québec

M. Joseph Facal, ex-président du Conseil du trésor

Mme Monique Jérôme-Forget, ex-ministre des Finances du Québec et ex-présidente du Conseil du trésor.

Mme Françoise Bertrand, présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec

M. Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec

M. Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Mme Julie Bouchard, ex-présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et de la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAÉCUM)

M. Youri Chassin, ex-président de la Fédération étudiante de l'Université de Sherbrooke (FEUS), ex-vice-président aux Affaires universitaires de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et ex-membre du Conseil permanent de la jeunesse

M. Hugo Jolette, ex-président de l'Association générale étudiante de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (AGEUQAT) et ex-trésorier de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ)

M. Patrick Lebel, ex-président de la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAÉCUM) et du Conseil permanent de la jeunesse.

Étrangement, ce sont ces mêmes signataires qui publiaient le 2 mai dernier une lettre dans les quotidiens québécois dans lequel ils ont osé écrire : « Il est plus que temps de se ressaisir : il faut rétablir l'ordre, les étudiants doivent retourner en classe et tous les efforts doivent être déployés pour sauver une session déjà terriblement compromise. Voici une situation où, au-delà de toute allégeance politique, la population doit donner son appui à l'État, ultime responsable de la paix publique, de la sécurité des personnes et de l'intégrité de nos institutions. »

Oui, le secteur privé se réjouit ..., mais pas trop en ce moment.

Des arguments mondialistes

Selon l'aveu même du gouvernement Charest, la hausse des droits de scolarité est mise en place dans le but de permettre aux universités québécoises d'atteindre un niveau de « classe mondiale ». Qu'est-ce que cela veut dire ? Martin Lavallée, candidat à la maîtrise en histoire à l'UQAM, l'explique bien dans un article publié le 1er mai dernier dans le Huffington Post. Il explique que, selon la Banque mondiale, une université de calibre mondial en est une qui produit du « capital humain » destiné à un marché du savoir international au service de l'entreprise privée (les multinationales). Monsieur Lavallée pose la bonne question : « La question est de savoir si les étudiants québécois sont prêts à payer davantage uniquement pour que leurs universités soient reconnues internationalement par une minorité d'individus se basant sur les critères d'un marché mondial néolibéral et pour répondre aux besoins des entreprises privées. Dans le débat actuel sur la hausse des droits de scolarité, cet enjeu fondamental mérite d'être davantage discuté. »

Comme je l'ai mentionné au début de cet article, la privatisation du financement de l'éducation (et du système en général) n'est pas une idée québécoise mais mondialiste. Monsieur Lavallée est visiblement d'accord avec ce constat facile à faire et il conclut son article ainsi : « Le problème qui se pose lorsqu'on veut connaître le bien-fondé de la hausse des droits de scolarité, c'est de savoir si la population québécoise est en accord avec l'orientation donnée à sa société et à son système d'éducation par notre gouvernement, orientation qui n'émane visiblement pas d'elle, mais plutôt d'une élite mondialisée qui poursuit ses propres objectifs. »

Conclusion

La privatisation mondiale de l'éducation est un fait. C'est un processus qui arrivera bientôt à son aboutissement si rien n'est fait pour l'arrêter. Cette privatisation est commandée par une élite mondialiste qui opère sur toutes les facettes de la vie humaine. Une énorme majorité des gouvernements du monde entier sont infiltrés, voire dominés par des agents de cette élite mondialiste ; de plus, les institutions mondialistes comme le FMI, la Banque mondiale, l'OCDE et de nombreux think tanks travaillent au-dessus des gouvernements et dictent la marche à suivre.

Il est temps pour le peuple québécois de prendre en main l'avenir de l'éducation au Québec et de l'arracher des griffes du secteur privé qui ne travaille que pour ses propres intérêts et que pour ceux d'une élite impitoyable assise confortablement tout en haut de la pyramide planétaire. Ceci nécessitera probablement la création d'un nouveau pays libre du mondialisme, le pays du Québec.

* Depuis janvier 2010, Éric Granger produit et réalise une série de mini-documentaires intitulée Le Décodeur dans lequel il explore les origines et les principaux acteurs de la mondialisation au Canada et ailleurs. Il écrit également des articles qu'il publie sur son site et sur différentes autres plateformes internet de journalisme citoyen. Mondialisation.ca, Agoravox.fr et Vigile.net sont des exemples de plateformes sur lesquelles Éric est régulièrement publié.

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