Numéro 56 - 8 mai 2012
Les étudiants rejettent les coups
d'éclat, la duperie
et la brutalité du gouvernement Charest
Manifestation de 15 000
étudiants à Montréal le 25 avril 2012 (Montreal Openfile)
• Les
étudiants rejettent les coups d'éclat, la duperie et la
brutalité du gouvernement Charest
• La grève, le défi des
injonctions et les manifestations se poursuivent
La privatisation
mondiale de l'éducation
• Jean Charest au service d'une élite
mondialiste - Éric Granger
Les étudiants rejettent les coups
d'éclat, la duperie
et la brutalité du gouvernement Charest
Pendant que les étudiants étaient la cible
d’une attaque policière orchestrée et
délibérée à Victoriaville le 4 mai, qui a
fait des blessés graves, la ministre de l’Éducation Line
Beauchamp annonçait qu’une entente de principe avait
été conclue avec les associations étudiantes lors
de négociations à Québec.
Le lendemain, la ministre rendait public le texte de la soi-disant
entente et annonçait que tout le monde s’était entendu et
qu’il ne restait plus aux étudiants qu’à rentrer en
classe. Or, les associations étudiantes ont aussitôt
contesté l’interprétation des négociations par la
ministre. La Coalition large de l'Alliance pour une solidarité
syndicale étudiante (CLASSE)
a dit que son représentant aux négociations a
été arnaqué et que plusieurs modifications ont
été apportées par le gouvernement par la suite. La
présidente de la Fédération étudiante
universitaire du Québec (FEUQ) Martine Desjardins a
demandé que l’entente soit réécrite et le
président de la Fédération étudiante
collégiale Léo Bureau-Blouin a dit que
l’entente telle que publiée par la ministre comporte plusieurs
zones grises.
Le premier ministre Jean Charest et la ministre de
l'Éducation
ont voulu étouffer le mouvement d'opposition à la hausse
des frais de scolarité par un coup d'éclat pour
créer, ne serait-ce que pour quelques heures, l'impression
qu'ils sont venus à bout de la résistance. L'objectif
évident est d'inciter les étudiants réunis en
assemblées générales à travers
le Québec à voter en faveur du retour en classe sous
l'impression qu'ils auraient obtenu gain de cause. Ensuite, dès
que
quelques associations étudiantes se prononceraient en faveur de
l’entente, le tour serait joué, ou en tout cas dans la
tête de Jean Charest. La ministre de l'Éducation proclame
« victoire » - les étudiants auraient
« accepté » l'offre
et, de surcroît, cette offre serait exactement ce que le
gouvernement offre depuis le début !
Lundi, sur 17 associations étudiantes qui ont
tenu des votes sur
l’offre contenue dans l’entente de principe, 16 l’ont rejetée et
ont
reconduit le vote de grève, dans bien des cas
dans une proportion encore plus imposante que le vote initial. Entre
autres au Cégep Saint-Laurent où les étudiants ont
voté
à 84 % le rejet de l'offre et la poursuite de la grève.
Les
cégeps de Valleyfield, de Marie-Victorin, de Bois-de-Boulogne et
de Saint-Hyacinthe ont
rejeté l'entente et reconduit le vote de grève
générale. Au cégep de l’Outaouais, les
étudiants ont voté à 54% de maintenir la
grève jusqu’au vendredi 11 mai pour se donner le temps
d’analyser l’entente. Du
côté universitaire, les étudiants en Arts et
création de l'Université de Montréal ont
rejeté
l'accord, tout comme ceux des départements de Sociologie et de
Littérature de l'Université Laval (à 94%). Les
votes se poursuivent aujourd’hui.
Encore une fois, le Québec est témoin des
agissements d'un gouvernement qui croit que le mensonge, le spectacle
et la brutalité peuvent taire la voix de ceux qui expriment le
besoin fondamental d'une nouvelle direction pour le Québec. Le
mirage et la fausse représentation, en plus de l'extrême
brutalité sur les lignes de front, sont les seuls moyens
qui restent à ce gouvernement qui veut soumettre
l’éducation aux intérêts étroits qu’il
représente.
La grève, le défi des injonctions et
les manifestations se poursuivent
En date du 7 mai, près de
170 000
étudiants sont toujours en grève à travers le
Québec. À Montréal, les manifestations
quotidiennes
se poursuivent et continuent de rassembler des milliers
d'étudiants et alliés. Lundi, il y a également eu
des
manifestations à Longueuil et Saint-Jérôme.
Des milliers d'étudiants ont tenu leur 13e
manifestation nocturne à Montréal le lundi 7 mai. Partant
toujours du même point de ralliement, soit la place
Émilie-Gamelin à 20 h 30, les manifestants ont
marché en direction nord sur les rues Berri et Saint-Denis pour
ensuite prendre Mont-Royal et descendre l'avenue
Papineau. Toute la journée des médias avaient
appelé
à une manifestation « en faveur de la hausse » au
métro Papineau, mais ceux qui s'y étaient
rassemblés étaient déjà dispersés
à ce moment-là.
Le 3 mai, lors de la 9e marche nocturne, les
étudiants avaient décidé de donner à leur
marche le thème « En sous-vêtements pour un
gouvernement transparent ». Près de 1000 étudiants
ont participé à la marche et beaucoup d'entre eux
étaient en petite tenue. L'humour visait le gouvernement
Charest,
mais aussi
la Ville de Montréal et son projet d'interdire le port du masque
dans les manifestations. Le comité exécutif de la Ville
de Montréal se préparait en effet à adopter
l'interdiction du port de masques pendant les manifestations. Ce
règlement a finalement été adopté le 7 mai
et prévoie notamment des amendes pouvant
atteindre 1000 $ pour une première offense. Les organisateurs
d'un rassemblement devront aussi dévoiler leur itinéraire
aux policiers. Or, les organisateurs des manifestations nocturnes
continuent de refuser de dévoiler les itinéraires parce
que les forces policières cherchent constamment à les
piéger et à les disperser
de force.
L'humour de la manifestation « de la transparence
» était dans le costume et dans les slogans : « On
n'a rien à cacher, pas comme le PLQ ! », « 82 % de
hausse c'est quoi : c'est indécent ! », « Charest,
tu veux notre peau : Non ! », « Pour me payer des
vêtements, Line Beauchamp j'ai pu d'argent », et plusieurs
autres slogans.
« Les étudiants sont tellement en
colère contre le gouvernement Charest et contre l'impasse dans
laquelle ils les placent, eux et la population, qu'ils ont
décidé de faire un peu d'humour pour changer l'ambiance
et se donner de l'ardeur », a dit une manifestante au LML.
Cégep de l'Outaouais : « Les cours sont
suspendus pour la journée »
Le mardi 8 mai, c'est à 8 h 5 que les cours ont
été suspendus pour la journée au Cégep de
l'Outaouais, d'abord au pavillon Gabrielle-Roy puis au pavillon
Félix-Leclerc. Trois cents étudiants ont établi
des lignes de piquetage
aux entrées du stationnement du pavillon Gabriel-Roy, puis
à 8 heures sont entrés dans le collège. La
direction du cégep a annoncé la suspension des cours
quelques minutes plus tard, dans un premier temps seulement à
Gabriel-Roy. Les étudiants se sont donc déplacés
au pavillon Felix-Leclerc où les cours ont également
été suspendus.
La veille, l'assemblée générale
extraordinaire avait voté à 53% en
faveur de la grève, avec la participation de 2090
étudiants au vote. La grève se poursuit jusqu'à la
prochaine assemblée générale qui se tiendra le 11
mai. En prenant ce vote, les étudiants ont
considéré qu'« il était primordial
de donner à chacun d'entre nous le temps d'analyser et de bien
saisir l'entente » annoncée par le gouvernement. Le 11 mai
est également la date d'échéance de l'injonction
provisoire ordonnant la reprise des cours.
Depuis le 1er mai, date de l'injonction, jour
après jour les étudiants ont défait l'injonction
et imposé la suspension des cours et le respect de leur vote de
grève.
Les médias, relayant la position du gouvernement
Charest, entretiennent le mythe de « la perturbation des cours
par des manifestants », mais ce qu'ils ne disent pas est que
l'injonction ne peut forcer les étudiants à rentrer. Ils
ne se présentent pas et les enseignants refusent de franchir les
lignes de piquetage.
La privatisation mondiale de
l'éducation
Jean Charest au service d'une élite mondialiste
- Éric Granger*, 3 mai 2012 -
L'entêtement du gouvernement Charest à
vouloir augmenter les droits
de scolarité, à bonifier les prêts étudiants
et à instaurer un régime
de remboursement proportionnel au revenu (RPR), cet entêtement
est
facile à comprendre lorsqu'on regarde de plus près
d'où proviennent ces
idées de réformes de l'éducation. Il ne s'agit pas
d'idées qui sont
sorties du cerveau du premier ministre ou de la ministre de
l'Éducation, ces idées viennent de l'extérieur,
ces réformes ont été
conçues loin du Québec, dans des institutions
internationales à
vocation de mondialisation. Le gouvernement du Québec suit un
plan, un
modèle concocté dans les grandes universités
mondialistes comme la
London School
of Economics et promu par des institutions internationales toutes
puissantes tels le Fonds monétaire international, la Banque
mondiale
et l'OCDE. Ce modèle a été fabriqué sur
mesure pour satisfaire les
besoins de l'entreprise privée (lire multinationales) et on peut
aisément le décrire comme une privatisation mondiale de
l'éducation
supérieure. Le
premier ministre Jean Charest est quant à lui un complice
enthousiaste
de cette privatisation à l'échelle mondiale.
De l'Angleterre au reste du monde
Le programme
mondial de privatisation du financement de l'éducation a
débuté en
Angleterre en 1998. Le gouvernement britannique avait à cette
époque
implanté le remboursement proportionnel au revenu. Ce concept
qui a
d'abord été mis de l'avant par l'économiste Milton
Friedman a été
repris par un autre : Nicholas Barr. Nicholas Barr est un professeur
d'économie à la London School of Economics, il est un
boursier
Fulbright, il a travaillé pour la Banque mondiale, le FMI et il
défend
depuis les années 80 l'idée d'une privatisation du
financement de
l'éducation supérieure. Il fait également la
promotion du remboursement
proportionnel au revenu (RPR) pour s'acquitter d'une dette
étudiante.
Il a publié plusieurs ouvrages et articles à ce sujet.
Dans un article
publié en 2005 dans la revue Finance et développement
(une publication mensuelle du FMI), Barr écrit : « Les
réformes
entreprises en Grande-Bretagne peuvent servir d'exemple à
d'autres
pays. » Il
propose d'abord de décentraliser le financement (dehors le
gouvernement, bienvenue secteur privé). Il propose, en
deuxième lieu,
de transférer aux étudiants le coût des
études. Ces derniers devront
s'endetter auprès de banques privées pour les payer. Et
troisièmement,
il suggère l'implantation d'un RPR pour rembourser la dette.
Selon Barr, le RPR permet de maintenir
l'accessibilité aux études
supérieures pour les moins fortunés. Il s'agit d'une
logique douteuse.
Selon lui, les diplômés qui auront un faible revenu annuel
ne seront
pas pénalisés puisqu'ils rembourseront leurs prêts
en fonction d'un
pourcentage de leurs revenus. Cependant, ils rembourseront pour une
durée beaucoup plus longue leurs prêts étudiants.
Dans cette même
logique, Barr affirme que l'on peut ainsi augmenter les droits de
scolarité et même les intérêts sur les
prêts, la durée du remboursement
sera tout simplement prolongée. Barr oublie de mentionner dans
toutes
ses publications que plus on prend du temps à rembourser un
prêt, plus
on
paie d'intérêts aux banques. Donc, un diplômé
pourrait se retrouver à
payer deux fois le montant utilisé pour faire ses études.
Et Barr
oublie aussi de mentionner que l'endettement étudiant sous cette
forme
se traduit en un véritable esclavage bancaire. En fait, c'est
probablement ce qu'il souhaite en secret.
Nicholas Barr, dans son article cité plus haut,
ose se justifier en
écrivant que « l'éducation tertiaire est souvent
présentée comme un
droit qui, en tant que tel, devrait être financé par
l'État.
L'alimentation est, elle aussi, considérée comme un droit
fondamental,
mais personne ne voit d'inconvénients à ce que les
aliments aient un
prix. » Sauf que
dans la société, les riches mangent du caviar et que les
pauvres se
contentent de patates bouillies. C'est et ce sera la même chose
dans le
cas de l'éducation.
Les mesures prônées par Nicholas Barr et
les institutions
mondialistes qui payent son salaire ont été
implantées en Australie, en
Nouvelle-Zélande et aux États-Unis pour ne nommer que
ceux-là, et elles
font maintenant leur entrée au Québec
Le cas du Québec
Au Québec, une
réforme du régime de prêts et bourses a
été entreprise en 2003-2004 afin de le privatiser. Cette
année-là, 103 millions de dollars de bourses ont
été convertis en prêts.
De plus, ces prêts devaient à l'avenir être
contractés auprès des
institutions financières privées du Québec, des
prêts qui sont garantis
aux banques par le gouvernement en cas de non-paiement. Une
contestation étudiante a pris forme en 2005 pour dénoncer
cette hausse
des prêts.
La FEUQ et la FECQ ont alors négocié une entente avec le
gouvernement
et le montant des prêts a été ramené, en
2006-2007, au niveau précédant
la réforme. Toutefois, les étudiants se sont
endettés pour environ 140
millions de dollars de plus durant cette période. Cependant, la
privatisation de l'endettement est restée intacte. Les
étudiants
doivent
toujours emprunter aux banques privées pour financer leurs
études. Le
gouvernement garantit encore les prêts aux institutions
financières. Ce
sont des prêts sans risques pour les banques, gracieuseté
du
gouvernement Charest. Évidemment, les banques sont contentes.
Aujourd'hui, nous sommes témoins de la
deuxième phase de cette
privatisation. Le gouvernement Charest, dans la dernière
proposition
faite aux étudiants en grève, veut maintenant augmenter
de nouveau les
prêts étudiants et instaurer le RPR. Selon le
communiqué émis par le
gouvernement, « tous les étudiants dont le revenu des
parents
n'excède pas 100 000 $ bénéficieront d'un
prêt permettant généralement
de couvrir les droits de scolarité et le coût du
matériel scolaire. En
2016-2017, ce montant sera de 4 678 $ pour 30 crédits ».
Aussi, « les
étudiants de la classe moyenne se verront accorder un prêt
additionnel
de 2 850 $ ». Donc, « ces deux mesures permettront
d'accorder
annuellement des prêts additionnels à plus de 50 000
étudiants ».
En sommes, plus d'étudiants s'endetteront et
leurs dettes finales seront plus élevées.
Pour bien comprendre ce qu'il en est, il faut se
référer aux
excellentes recherches de l'Institut de recherche et d'informations
socio-économiques (IRIS), en particulier les travaux
d'Éric Martin et
de Simon Tremblay-Pépin. Éric Martin explique bien sur
son blogue de
l'IRIS comment le RPR est une mesure dangereuse. Il cite
l'économiste
Claude Montmarquette, une référence
privilégiée du gouvernement Charest
:
« Un autre avantage est que le système RPR
permet d'accroître les
montants de prêts ou l'endettement des étudiants. En
d'autres termes,
si une contribution financière supérieure est
demandée aux étudiants,
le RPR est le système qui facilite cette décision.
Soulignons que le
RPR n'entraîne pas une hausse des frais de scolarité, mais
le RPR est
la meilleure façon d'y faire face sans compromettre
l'accessibilité aux
études. »
Monsieur Martin cite également avec justesse le
Comité consultatif sur l'accessibilité financière
aux études :
« L'expérience étrangère
montre que la mise en place d'un système
RPR est souvent couplée à une hausse des frais de
scolarité. Claude
Montmarquette (rencontre du 17 octobre 2001 avec le CCAFE) pense, d'une
part, que la hausse des frais de scolarité
québécois est incontournable
et que, dans ce cas, le système RPR est la meilleure forme
qui soit pour en faciliter le remboursement. Il est simple de retourner
l'argument : si le RPR assure une grande flexibilité de
remboursement
des emprunts et comme les syndicats étudiants sont favorables
à
l'implantation de ce système, il n'existe plus aucune
barrière à
l'augmentation des frais de scolarité une fois que le RPR est
mis en
place. »
En somme, Éric Martin décrit bien ce que
représente véritablement le
RPR et il voit juste lorsqu'il écrit que « le RPR est loin
d'être une
mesure d'aide aux étudiants. Il s'agit d'un morceau essentiel
d'un
nouveau dispositif de financement qui repose sur l'augmentation de
l'endettement étudiant ». On peut citer l'Angleterre en
exemple qui,
après avoir instauré le RPR, a procédé
à
plusieurs augmentations des
frais de scolarités au détriment des étudiants
britanniques qui ont vu
leur endettement exploser.
L'IRIS a également publié le 8 mai 2011
une excellente recherche sur
l'augmentation des droits de scolarité. Dans cette étude,
intitulée «
Faut-il vraiment augmenter les frais de scolarité ? Huit
arguments
trompeurs sur la hausse », les chercheurs Éric Martin et
Simon
Tremblay-Pépin détruisent un à un les arguments du
gouvernement
Charest.
En voici quelques-uns :
1- Le gouvernement affirme que les universités
sont sous-financées
alors qu'elles souffrent plutôt d'un malfinancement,
c'est-à-dire d'une
mauvaise répartition des ressources.
2- Le gouvernement affirme que ce (prétendu)
sous-financement menace
la qualité de l'éducation et la valeur des diplômes
alors que c'est la
nouvelle vocation commerciale (privatisation) des universités
qui
réduisent l'éducation à une marchandise plus
coûteuse et moins riche en
contenu.
3- Selon le gouvernement, la hausse des droits de
scolarité va
renflouer les coffres universitaires, mais en fait, il s'agit
plutôt
d'une transition d'un mode de financement public à celui d'un
financement privé.
4- Le gouvernement soutient qu'en payant plus de droits
de
scolarité, les étudiants feront leur juste part. En
réalité, les
étudiants feront plus que leur juste part, car ces derniers
devront
travailler deux fois plus longtemps pour payer leurs études que
dans
les années 1970.
5- Le gouvernement ose dire que la hausse n'aura pas
d'effet sur la
fréquentation universitaire et, pourtant, si le Québec
était conforme à
la moyenne canadienne, 30 000 étudiants (qui sont aux
études
présentement) n'auraient pas les moyens d'aller à
l'université.
6- En définitive, l'étude de l'IRIS montre
que la gratuité scolaire
est relativement peu coûteuse et que son financement public est
socialement équitable, alors que le gouvernement ose dire qu'il
s'agit
d'un projet irréaliste et potentiellement injuste pour la
société.
À la lumière de ces informations, nul ne
peut
douter que le
gouvernement Charest suit un modèle concocté par des
économistes
mondialistes qui doivent leur allégeance à des
institutions
internationales puissantes et non pas au peuple étudiant
québécois. Les
étudiants devront peut-être bientôt s'endetter pour
la vie sans avoir
l'assurance d'obtenir
un emploi stable et bien rémunéré en cette
période d'incertitude
économique qui risque fort de se prolonger.
Le secteur privé se réjouit
Lorsque le gouvernement
Charest a annoncé au début du mois d'avril qu'il
bonifiait le programme
de prêts et bourses et qu'il mettait en place le remboursement
proportionnel au revenu, la chambre de commerce de Montréal
s'est tout
de suite réjouie ! En effet, cette dernière a émis
un communiqué de
presse dans lequel son président, Michel Leblanc, a
félicité « la
ministre de l'Éducation et le ministre des Finances d'avoir pris
cette
décision éclairée qui vient consolider
l'accessibilité aux études
supérieures ». C'est sûr que monsieur Leblanc
était content car, comme
il le dit dans le communiqué, « la Chambre proposait la
mise en place
d'un tel
mécanisme en 2010 dans le Pacte pour un financement
concurrentiel de
nos universités ». C'est ce document, le Pacte pour un
financement
concurrentiel de nos universités, qui est derrière la
décision du
gouvernement de réformer le financement de l'éducation au
Québec. Ce
document a été signé par les individus suivants :
M. Michel Audet, ex-ministre des Finances du
Québec
Me Lucien Bouchard, ex-premier ministre du Québec
M. Joseph Facal, ex-président du Conseil du
trésor
Mme Monique Jérôme-Forget, ex-ministre des
Finances du Québec et ex-présidente du Conseil du
trésor.
Mme Françoise Bertrand,
présidente-directrice générale de la
Fédération des chambres de commerce du Québec
M. Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du
patronat du Québec
M. Michel Leblanc, président et chef de la
direction de la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain.
Mme Julie Bouchard, ex-présidente de la
Fédération étudiante
collégiale du Québec (FECQ) et de la
Fédération des associations
étudiantes du campus de l'Université de Montréal
(FAÉCUM)
M. Youri Chassin, ex-président de la
Fédération étudiante de
l'Université de Sherbrooke (FEUS), ex-vice-président aux
Affaires
universitaires de la Fédération étudiante
universitaire du Québec
(FEUQ) et ex-membre du Conseil permanent de la jeunesse
M. Hugo Jolette, ex-président de l'Association
générale étudiante de
l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
(AGEUQAT) et
ex-trésorier de la Fédération étudiante
universitaire du Québec (FEUQ)
M. Patrick Lebel, ex-président de la
Fédération des associations
étudiantes du campus de l'Université de Montréal
(FAÉCUM) et du Conseil
permanent de la jeunesse.
Étrangement, ce sont ces mêmes signataires
qui publiaient le 2 mai
dernier une lettre dans les quotidiens québécois dans
lequel ils ont
osé écrire : « Il est plus que temps de se
ressaisir : il faut rétablir
l'ordre, les étudiants doivent retourner en classe et tous les
efforts
doivent être déployés pour sauver une session
déjà terriblement
compromise.
Voici une situation où, au-delà de toute
allégeance politique, la
population doit donner son appui à l'État, ultime
responsable de la
paix publique, de la sécurité des personnes et de
l'intégrité de nos
institutions. »
Oui, le secteur privé se réjouit ..., mais
pas trop en ce moment.
Des arguments mondialistes
Selon l'aveu même du
gouvernement Charest, la hausse des droits de scolarité est mise
en
place dans le but de permettre aux universités
québécoises d'atteindre
un niveau de « classe mondiale ». Qu'est-ce que cela veut
dire ? Martin
Lavallée, candidat à la maîtrise en histoire
à l'UQAM, l'explique
bien dans un article publié le 1er mai dernier dans le
Huffington Post.
Il explique que, selon la Banque mondiale, une université de
calibre
mondial en est une qui produit du « capital humain »
destiné à un
marché du savoir international au service de l'entreprise
privée (les
multinationales). Monsieur Lavallée pose la bonne question :
« La
question
est de savoir si les étudiants québécois sont
prêts à payer davantage
uniquement pour que leurs universités soient reconnues
internationalement par une minorité d'individus se basant sur
les
critères d'un marché mondial néolibéral et
pour répondre aux besoins
des entreprises privées. Dans le débat actuel sur la
hausse des droits
de scolarité, cet enjeu
fondamental mérite d'être davantage discuté. »
Comme je l'ai mentionné au début de cet
article, la privatisation du
financement de l'éducation (et du système en
général) n'est pas une
idée québécoise mais mondialiste. Monsieur
Lavallée est visiblement
d'accord avec ce constat facile à faire et il conclut son
article ainsi
: « Le problème qui se pose lorsqu'on veut connaître
le bien-fondé de
la hausse des droits de scolarité, c'est de savoir si la
population
québécoise est en accord avec l'orientation donnée
à sa société et à
son système d'éducation par notre gouvernement,
orientation qui n'émane
visiblement pas d'elle, mais plutôt d'une élite
mondialisée qui
poursuit ses propres objectifs. »
Conclusion
La privatisation mondiale de l'éducation
est un fait. C'est un processus qui arrivera bientôt à son
aboutissement si rien n'est fait pour l'arrêter. Cette
privatisation
est commandée par une élite mondialiste qui opère
sur toutes les
facettes de la vie humaine. Une énorme majorité des
gouvernements du
monde entier sont
infiltrés, voire dominés par des agents de cette
élite mondialiste ; de
plus, les institutions mondialistes comme le FMI, la Banque mondiale,
l'OCDE et de nombreux think tanks travaillent au-dessus des
gouvernements et dictent la marche à suivre.
Il est temps pour le peuple québécois de
prendre en main l'avenir de
l'éducation au Québec et de l'arracher des griffes du
secteur privé qui
ne travaille que pour ses propres intérêts et que pour
ceux d'une élite
impitoyable assise confortablement tout en haut de la pyramide
planétaire. Ceci nécessitera probablement la
création d'un nouveau pays
libre du mondialisme, le pays du Québec.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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