10e
anniversaire des attentats du 11 septembre
Harper évoque des extrémistes fictifs pour
justifier le
fascisme au pays et l'agression
et l'occupation à l'étranger
Le premier ministre Stephen Harper se sert du
dixième anniversaire du 11 septembre pour reprendre le
thème de « dangereux extrémistes » non
définis
qui représenteraient une menace pour le peuple puisqu'ils ne
partagent pas les « valeurs canadiennes ». Ils
seraient contre les valeurs que Stephen Harper invoque pour
défendre le droit de monopole au pays et à
l'étranger, y compris l'annexion du Canada aux arrangements de
sécurité des États-Unis et sa participation aux
guerres d'agression et d'occupation menées par les
États-Unis. C'est dans cet
esprit que Harper vient d'annoncer que le 11 septembre sera
désormais la Journée nationale du service.
Par ailleurs, le gouvernement Harper est un fervent
partisan
du « Périmètre de sécurité
nord-américain » » pour
prétendument « éliminer la menace avant
qu'elle n'atteigne
nos rives ». En réalité, c'est pour placer le
Canada plus
solidement sous le diktat de l'impérialisme américain,
qui lui
aussi fait feu sur toute dissidence et sur tout refus des
« valeurs américaines ». Le gouvernement a
annoncé à
l'approche du 11 septembre que les négociateurs
américains
et canadiens « ont complété les pourparlers
sur une nouvelle
entente concernant l'intégration continentale du système
de
sécurité et l'élimination des obstacles au
commerce
transfrontalier ». Le chroniqueur du Globe and Mail
John Ibbitson écrit que « la phase la plus cruciale
reste
à venir, car les gouvernements des deux pays s'efforceront
maintenant de convaincre leur public du bien-fondé de
leur
projet. Un nouveau sondage semble indiquer qu'au Canada, du
moins, cela pourrait être plus difficile que ce ne l'aurait
été
il y a quelques années, bien qu'avec un gouvernement
majoritaire,
les conservateurs peuvent adopter toutes les lois nécessaires,
à
moins d'une opposition publique massive. »
Le premier ministre a clairement montré ce qu'il
entend par
menace quand il a dit, dans une entrevue au réseau CBC le
6 septembre, que l'« idéologie de la
haine » de
l'« intégrisme musulman » demeure la plus
grande menace
à la sécurité nationale du Canada, mais que les
autorités doivent
également avoir à l'oeil les extrémistes au
Canada même. C'est un discours qui, encore une fois, vise
à taire le fait que
l'impérialisme américain est hors de tout doute la plus
grande
menace intérieure et extérieure à la
sécurité du Canada et des
peuples du monde.
La criminalisation de la dissidence s'attaque aux droits
civils des opposants et normalise ce qu'on appelle la mort
civile. Le citoyen est privé de son droit de conscience s'il
s'oppose au diktat des monopoles, aux lois fascistes, aux guerres
d'agression et ainsi de suite. Parmi les exemples récents de la
criminalisation de la dissidence il y a l'attaque policière de
juin 2010 à Toronto contre les 30 000 personnes qui
manifestaient
contre le G8/G20. Plus de 1105 personnes ont été
arrêtées et
plusieurs jeunes font toujours l'objet d'accusations pour
conspiration. Il y a l'arrestation d'un groupe de musulmans à
Ottawa en août 2010 sous prétexte qu'ils seraient membres
d'une
cellule terroriste secrète et l'arrestation de demandeurs
d'asile
tamouls en octobre 2010 sous prétexte qu'il pourrait y avoir des
terroristes parmi eux. Le gouvernement Harper tient aussi
plusieurs listes noires, officielles et non officielles,
d'organisations et d'individus, comme la « Liste des
entités
terroristes » créée par la Loi
antiterroriste de
2001 et la liste d'interdiction de vol de Transport Canada.
Lorsqu'un nom est inscrit sur ces listes, cela revient
essentiellement à condamner l'individu à une mort civile.
Les
victimes des certificats de sécurité n'arrêtent pas
de combattre
les violations scandaleuses de la procédure juridique
rudimentaire tandis que Stephen Harper et ses ministres
déclarent
que différentes personnes qu'ils jugent ne pas être
admissibles
au statut de réfugiés sont des « criminels de
guerre »,
surtout si leurs « valeurs » sont jugées
comme ne
correspondant pas aux leurs, tout cela sans respecter la
procédure
établie.
Stephen Harper exploite l'anniversaire des
attentats du
11 septembre pour faire campagne en faveur de la
criminalisation de la conscience et de la dissidence comme
« critère canadien » et dans ce sens il
annonce que
son gouvernement a l'intention de ré-introduire deux clauses
échues de la Loi antiterroriste, adoptée par le
gouvernement Chrétien en 2001. La première permet aux
forces
policières de détenir un
« présumé terroriste » sans
accusation pendant trois jours, alors que les lois en vigueur
prévoient que l'individu arrêté doit être
relâché en moins de
24 heures s'il n'y a pas d'accusation portée contre lui.
L'autre donne aux juges le pouvoir d'interroger un témoin
secrètement et de l'emprisonner s'il refuse de coopérer,
ce
qui
constitue une atteinte au droit internationalement reconnu de
garder le silence lors d'une arrestation et une violation de la Charte canadienne des
droits et libertés.
Stephen Harper exploite ainsi l'anniversaire du 11 septembre pour nous
amener à conclure qu'il y a de
dangereux extrémistes parmi nous et autour de nous mais, n'ayez
crainte, le gouvernement est le défenseur de la liberté,
de la
démocratie et des droits et nous pouvons lui confier notre sort.
Malgré ses sorties contre l'islamisme, M. Harper nous assure que
l'Islam n'est pas réellement notre ennemi, que notre ennemi ce
sont les extrémistes. En fait, il voudrait que nous fassions une
distinction entre les « musulmans qui respectent la
loi » et les « musulmans qui ne respectent pas la
loi » et appelle les premiers à faire campagne contre
les
seconds. Il perpétue l'idéologie de la Guerre froide dans
laquelle le danger provient d'extrémistes et l'État
est le
défenseur du « juste milieu ». Cela lui
permet de
justifier tout ce que fait l'État au nom de la
sécurité
nationale, y compris le déclenchement de guerres d'agression
contre des « extrémistes
extérieurs » et l'institution
de mesures de répression pour combattre les « menaces
intérieures ». Bref, au nom de la lutte contre
l'extrémisme
et les « idéologies haineuses », il croit
pouvoir
justifier la participation du Canada à l'agression contre
l'Afghanistan et la Libye, les attaques policières violentes
contre les manifestants, l'adoption d'une loi qui déclare comme
étant « antisémitique » et
« un crime
haineux » toute critique du sionisme et du régime
israélien
et l'abolition des droits civils de sections entières de la
population. Harper peut aussi invoquer la lutte contre
l'extrémisme
pour justifier l'érection d'un monument en souvenir des
« crimes du communisme totalitaire » avec tout le
discours nébuleux qui assimile le communisme (qualifié
d'« extrême ») au nazisme (l'autre
« extrême »), tout cela pour cacher son
affinité avec
le nazisme.
Il ne faut pas permettre à Stephen Harper
d'exploiter les
émotions entourant l'anniversaire du 11 septembre pour
rallier les gens à la défense de « valeurs
canadiennes » au nom de la lutte contre l'extrémisme,
de la
sauvegarde de la sécurité nationale ou de toute autre
raison
boiteuse. Ce n'est pas la liberté, la démocratie et les
droits
dans l'intérêt du peuple qu'il veut défendre, mais
bien la guerre
d'agression à l'étranger et le fascisme au pays et il
veut justifier
l'asservissement de l'État canadien à
l'impérialisme américain
dans sa quête de domination mondiale. Cela ne doit pas passer.
L'anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 doit
être l'occasion de faire valoir non pas les visées
sinistres de
Stephen Harper mais bien l'ordre du jour du peuple en redoublant
d'efforts pour nous opposer à tout acte de violence individuel
et d'État et pour exiger l'arrêt de toutes les guerres
d'agression et le rapatriement des troupes à l'étranger.
Bulletin du 12 septembre 2011
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