Non à la poursuite de la participation militaire du Canada à l'agression impérialiste de l'OTAN contre la Libye

Canada, hors de la Libye! Arrêtez les bombardements de l'OTAN! L'OTAN doit être démantelée!



Haut : Neuf civils, y inclus de nombreux enfants, ont été tués durant les frappes aériennes de l'OTAN sur cet édifice de logements à trois étages, tôt dimanche matin, le 19 juin 2011. Bas : L'amas de ruines d'un hôtel à Tripoli détruit durant les frappes aériennes de l'OTAN, le 16 juin 2011.

LML condamne énergiquement l'agression de l'OTAN contre la Libye et considère que ses bombardements sont des crimes contre la paix et l'humanité. Même un sondage du Globe Mail estime à plus de 70 % le pourcentage de Canadiens opposés à la mission de l'OTAN en Libye et à la participation du Canada à ces crimes sous un faux prétexte humanitaire. Les partis pro-guerre au Parlement canadien affirment que la doctrine impérialiste de la « responsabilité de protéger » tire son autorité de l'ONU par une déformation des faits et une fausse interprétation de la façon dont l'autorité de l'ONU est conférée. L'autorité de l'ONU est que tous les pays sont égaux, grands et petits, qu'on ne peut s'ingérer dans les affaires internes de pays souverains ni commettre l'agression contre eux.

Il faut rejeter la logique criminelle qui dit que le bombardement de civils est un dommage collatéral et accidentel. Ce n'est tout simplement pas vrai. Ces civils sont les victimes d'une agression délibérée et c'est inacceptable.

Au moins 15 civils, incluant trois enfants, ont été tués et d'autres blessés après que les avions de guerre de l'OTAN aient bombardé une résidence dans la région de Sorman, à l'ouest de Tripoli, le 20 juin. La veille, une frappe similaire a tué neuf civils, dont plusieurs enfants. En ce qui concerne l'incident survenu plus tôt, Xinhua écrit que son « journaliste a vu sur les lieux, un bâtiment de trois étages réduit en un amas de ruines, des dizaines de maisons et un grand nombre de véhicules endommagés ou détruits à proximité ainsi que les fenêtres brisées d'un bâtiment scolaire.

« Les avions de guerre de l'OTAN ont tourné au-dessus de la zone durant plus d'une heure après les attaques, causant une grande panique parmi la population locale. »

Le porte-parole du gouvernement libyen Mussa Ibrahim a dit que l'attaque est un « acte terroriste lâche qui ne peut être justifié ». Il a dit que les dirigeants des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Italie responsables des actions militaires en Libye doivent assumer la responsabilité morale et légale de l'attaque.

Les agences de presse rapportent que dans une déclaration émise plus tard, l'OTAN a admis que « des victimes civiles sont le résultat des frappes aériennes ». Comme on s'y attendait, l'OTAN prétend que l'attaque est « un accident ». « Une défaillance du système d'armement peut avoir causé l'incident », lit-on dans un communiqué de l'alliance.

Selon le rapport de Xinhua, c'est « le premier aveu de ce genre depuis que l'alliance a débuté ses opérations aériennes en mars ».

Pendant ce temps, le rôle du Canada dans l'incitation à la guerre civile en Libye et dans les efforts pour faire tomber le gouvernement continue d'être révélé au grand jour.

Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a dit qu'il se rendra à Benghazi pour rencontrer les dirigeants rebelles libyens et il examine des façons d'accélérer le transfert des fonds libyens gelés en préparation pour une transition vers une Libye post-Kadhafi, écrit le Globe and Mail. Depuis qu'il a décidé de reconnaître le soi-disant Conseil national de transition en tant que « représentant légitime » du peuple libyen, le Canada cherche les moyens d'aider à appuyer sa prétention qu'il s'agit d'un gouvernement-en-devenir pouvant remplacer le régime de Mouammar Kadhafi, rapporte Clark.

« M. Baird a rencontré jeudi l'homme d'affaires canado-libyen Sufyan Maghur, qui agit en tant que représentant du conseil au Canada. Il a dit qu'Ottawa tente de trouver des façons d'aider le conseil à planifier en vue d'une Libye post-Kadhafi et réfléchit à quel moment les avoirs gelés pourront être transférés au conseil transitoire », indique le rapport du Globe.

« Nous avons aussi parlé de lorsque nous pourrions mettre fin aux sanctions », a dit Baird aux journalistes vendredi, « et quand viendra le moment où ce ne sera pas seulement le représentant légitime du peuple » mais une administration effectivement en contrôle de la Libye, de sorte que le monde extérieur pourra permettre la reprise des échanges économiques plus normaux présentement interdits par des sanctions.

Le Globe affirme que « des représentants canadiens ont dit en février que les autorités d'ici ont gelé 2,3 milliards $ en avoirs libyens par le biais des sanctions de l'ONU qui rompent les liens économiques avec le régime du Colonel Kadhafi. Pour l'instant, l'homme fort libyen défie les tentatives de le déloger malgré les violentes frappes aériennes de l'OTAN.

« Mais le Conseil qui représente les rebelles qui contrôlent le tiers oriental de la Libye et des zones plus à l'ouest telle la cité portuaire de Misurata, veut que la communauté internationale transfère ces avoirs pour financer l'administration représentant l'Est partitionné.

« Le Conseil souhaite qu'ils soient libérés immédiatement », a dit M. Maghur. Mais il a fait remarquer que c'est une question complexe - les avoirs gelés au Canada ne sont probablement pas tous en argent liquide et il y a des questions sur la façon dont ils peuvent être transférés. « Comment et quand sont des questions qui doivent être discutées », a-t-il dit.

« Un groupe de 40 pays du prétendu Groupe de contact sur la Libye” a mis sur pied un fond temporaire pour financer le Conseil transitionnel et certains ont utilisé des fonds gelés du régime Kadhafi pour le financer ; la France a dit qu'elle débloquera environ 420 millions $ et l'Italie a dit qu'elle fournira de l'argent et du carburant essentiellement empruntés sur garantie des fonds gelés », indique l'article du Globe.

« Dans une lettre à la rédaction publiée vendredi dans le Wall Street Journal, le secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, William Hague, a dit que le Conseil a besoin de fonds et a exhorté les pays à contribuer.

« Mais tandis que le Canada a reconnu le Conseil en tant que 'représentant légitime' du peuple, il ne l'a pas reconnu en tant que gouvernement libyen -- et la position actuelle du gouvernement Harper est que si les sanctions sont levées, il faut que le Conseil contrôle le pays et que le Conseil de sécurité des Nations unies vote une modification du régime de sanctions.

« Il y a un montant significatif de fonds qui ont été gelés. Nous voulons être en mesure de débloquer rapidement ces avoirs lorsque nous pourrons », a dit Baird. « Évidemment, une infime partie de cette décision dépend du Canada. La partie la plus importante dépend du moment où le Conseil de sécurité des Nations unies lèvera les sanctions », a-t-il ajouté.

L'article du Globe and Mail continue : « La reconnaissance du Conseil de transition fait partie d'un mouvement de plusieurs pays pour essayer d'encourager des éléments du régime Kadhafi à faire défection et pour les aider à préparer une transition cohérente si le colonel Kadhafi décide de quitter.

« M. Baird a dit qu'il a fait une offre à M. Maghur à l'effet que le Canada aidera le conseil rebel avec les questions de gouvernance tandis qu'il bâtit une administration dans l'est du pays et tente de prendre le pouvoir dans tout le pays. M. Maghur a dit que le Conseil pourra utiliser une telle aide, mais les détails devront être discutés directement avec le Conseil.

« M. Baird a dit qu'il se rendra bientôt à Benghazi, où les rebelles sont basés, pour discuter avec les dirigeants du Conseil - même si la date n'a pas encore été déterminée. Ce que nous avons présenté dans notre motion a été un plus grand engagement diplomatique et nous sommes très sérieux à ce sujet», a-t-il dit.

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L'Union africaine somme les Nations unies
de mettre un terme aux assauts contre la Libye

Le 15 juin, lors d'une rencontre entre le Conseil de sécurité de l'ONU et le Comité spécial de haut niveau de l'Union africaine(UA) sur la Libye, le Dr Ruhakana Rugunda, le représentant permanent de l'Ouganda aux Nations unies a mis de l'avant la position de l'Union africaine sur l'invasion de la Libye par l'OTAN.

M. Rugunda souligne d'abord l'importance de ce dialogue entre le Conseil de sécurité des Nations unies et le Comité de médiation (comité spécial de haut niveau sur la question de la Libye) de l'Union africaine, puisque la Libye en est un membre fondateur. «L'Union africaine considère qu'une attaque contre la Libye ou contre tout membre de l'Union africaine sans le consentement de l'Union africaine est une dangereuse provocation qui devrait être évitée, dit-il. L'UA remet en cause les accusations de génocide contre la Libye et clarifie que, selon elle, un conflit entre les troupes gouvernementales et les insurgés armés n'est pas un génocide, mais bien une guerre civile. Il est erroné de qualifier toute violence de génocide ou d'évoquer l'imminence d'un génocide pour miner la souveraineté d'un État. La souveraineté a été au fil des ans un outil d'émancipation des peuples d'Afrique qui commencent à tracer des voies transformatrices pour la plupart des pays africains après des siècles de prédation sous forme de traite d'esclaves, de colonialisme et de néo-colonialisme. De tels assauts négligents sur la souveraineté de pays africains ne réussit par conséquent qu'à infliger de nouvelles blessures sur le destin du peuple africain. Si les invasions, l'ingérence et les interventions étrangères étaient une source de prospérité, alors l'Afrique serait le continent le plus prospère au monde puisqu'elle a connu tous les visages de ces méfaits. Non, au contraire, l'Afrique a été la plus misérable suite à ces ingérences étrangères.»

L'UA rappelle qu'elle avait demandé le dialogue avant l'adoption par l'ONU des résolutions 1970 et 1973 ainsi qu'après l'adoption de ces résolutions. «Le fait d'ignorer les demandes de l'UA pendant trois mois et de procéder au bombardement de la terre sacrée de l'Afrique est un geste tyrannique, arrogant et provocateur et devrait cesser. Il n'est pas sage pour certains joueurs de s'intoxiquer de leur supériorité technologique et de penser qu'à eux seuls ils peuvent altérer le cours de l'histoire de l'humanité pour mener à l'émancipation de toute l'humanité. En définitive, aucune constellation de pays ne devraient penser reconstituer une hégémonie sur l'Afrique.»

L'ONU devrait être neutre et ne devrait pas choisir un des deux camps impliqués dans une guerre civile, dit le représentant de l'UA. Plutôt, «elle devrait favoriser le dialogue, la résolution pacifique des conflits, et assister à faire respecter les ententes conclues. L'exigence voulant que Kadhafi doive partir pour qu'il y ait dialogue est erronée. Elle est particulièrement erronée du fait qu'elle vient de l'extérieur. Et pour créer la possibilité d'un tel dialogue, sans précondition, un cessez-le-feu est nécessaire et devrait être tenu sous les auspices des troupes de l'UA, entre autres. Ainsi, un mécanisme transitoire pourrait être mis en place pour régler les questions de gouvernance.»

«L'intervention en Libye a été faite sous prétexte de protéger les civils et d'éviter d'autres décès au sein de la population. Pourtant, la situation humanitaire en Libye reste très précaire et s'aggrave de jour en jour avec la poursuite des hostilités. À voir comment les résolutions 1970 et 1973 sont actuellement mises en vigueur, il est clair que la communauté internationale et les Nations unies en particulier sont sous la loupe, puisque les agissements envers la Libye mineront la crédibilité de tout effort à venir de la part de l'ONU prétendant protéger les civils. Toute activité belliciste en Libye n'est pas nécessaire puisq'il existe une voie pacifique. D'ailleurs, lorsque le Comité de médiation avait visité Tripoli le 10 avril 2011, Kadhafi avait accepté de participer au dialogue. Toute activité de guerre qui a suivi est une provocation contre l'Afrique. Cette guerre est futile et doit cesser. L'attitude des forces rebelles qui exige le départ de Kadhafi comme précondition à tout dialogue nous démontre le danger de l'implication externe dans les affaires internes des pays d'Afrique.

«Il est primordial que le Conseil de sécurité de l'ONU travaille avec l'Union africaine dans le but d'établir un cessez-le-feu immédiat, conjointement avec un mécanisme de surveillance efficace et vérifiable ainsi qu'un dialogue menant à un processus politique, y inclus des arrangements de transition ainsi que les réformes qui s'imposent. La crise en Libye exige une solution politique et non militaire, et l'option proposée par l'UA est la plus viable.»

Le Dr Rugunda conclut en disant qu'«en dernier lieu, la situation en Libye exige un partenariat authentique entre le Conseil de sécurité des Nations unies et l'Union africaine. En travaillant ensemble, nous pouvons trouver une solution durable à la crise en Libye.»

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Le Canada incite à la guerre civile en Libye

Le rôle du Canada dans l'incitation à la guerre civile en Libye et ses tentatives de faire tomber le gouvernement sont de plus en plus exposés et dénoncés.

La motion adoptée le 14 juin à la Chambres des communes, qui prolonge la participation du Canada à la mission de l'OTAN en Libye, indiquait que le Canada « noue le dialogue avec le Conseil national libyen (CNL) basé à Benghazi comme entité politique légitime et représentante du peuple libyen libre » et « fournira au CNL des conseils et de l'aide en matière de gouvernance, y compris sur les droits des femmes ».

Le Canada a déjà « noué » avec les rebelles et a incité un conflit civil bien avant cette motion.

Le 9 juin, avant le récent vote sur cette motion, Julian Fantino, ministre associé de la Défense nationale, a participé à une rencontre du « Groupe de contact sur la Libye ». Selon le communiqué de presse du gouvernement à propos de cette rencontre, le « Groupe de contact est une organisation formée de pays aux vues similaires, qui contribue à assurer un leadership et à coordonner les actions internationales pour l'avenir de la Libye. » Suite à la rencontre, le ministre a dit : « La réunion d'aujourd'hui marque une nouvelle étape importante dans l'édification de la Libye d'après-Kadhafi. Les membres courageux des Forces armées canadiennes ont grandement contribué à libérer le peuple libyen du régime Kadhafi, et les interventions canadiennes ont aidé à protéger la population civile et à sauver des milliers de vies innocentes.

« Le Canada est d'avis, tout comme le Groupe de contact, qu'un consensus est en voie de s'établir dans le monde quant à la possibilité pour la Libye d'amorcer un nouveau chapitre de son histoire, qui mette l'accent sur la souveraineté, l'indépendance, l'intégrité territoriale et l'unité nationale du pays. »

« Le régime Kadhafi doit quitter le pouvoir, et l'usage de la force contre les civils de la part de Kadhafi et de son armée doit cesser immédiatement et sans condition.

« Avec nos alliés internationaux, nous sommes solidaires du peuple libyen.

« Le régime Kadhafi a montré par ses actes qu'il n'a aucune légitimité.

« Par des conférences telles les réunions du Groupe de contact pour la Libye, la communauté internationale manifeste sa volonté commune de libérer la Libye du régime Kadhafi, ainsi que sa détermination à demander avec instance que soit élaborée une solution politique au conflit et à bâtir un avenir meilleur pour le peuple libyen. Le Canada continuera de jouer un rôle de premier plan pour que cet avenir se réalise. »

La contradiction entre la prétention de recherche d'une « solution politique » et la mise sur pied de groupes armés ne semble pas embêter M. Fantino outre mesure.

Un peu avant, le 25 mai, Avinash Gavai, qui écrit dans le Embassy Magazine, explique que le but du Canada est de garder ouverte l'ambassade libyenne, reconnaître l'ambassadeur libyen et tenir en même temps des pourparlers avec les soi-disant rebelles. Notez que tout ceci se passait bien avant la motion adoptée à la Chambre des Communes.

Selon l'article, Lloyd Axworthy, ancien ministre libéral des Affaires extérieures et idéologue de la doctrine de la responsabilité de protéger, avait indiqué que l'ambassade à Ottawa était encore en opération. Il aurait dit : « « Sans entrer dans des détails confidentiels, je peux vous dire qu'il y a eu des époques où le Canada a agi comme canal d'information, information partagée avec les Américains et d'autres, simplement parce que nous avions gardé une ambassade ouverte. » Il a ajouté : « Quelqu'un doit déterminer à qui on peut faire confiance ou avec qui on peut travailler. Quelqu'un doit déterminer comment fonctionne l'appareil de sécurité – garder ce canal de communication est très important. »

En ce qui concerne le fait que les contacts avec le CNT sont en place depuis un certain temps déjà, l'article du Embassy Magazine cite la porte-parole des Affaires extérieures, Emmanuelle Lamoureux, qui dit que le ministère des Affaires extérieures « est en contact avec différents membres du Conseil national de transition », qu'elle décrit plus loin comme des « interlocuteurs valables ».

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Les avions de combat du Canada se joignent aux raids de l'OTAN sur Tripoli

Selon les agences de presse, le colonel Alain Pelletier, qui commande le contingent aérien canadien en Italie, a confirmé, après le vote prolongeant la guerre en Libye, que des jets de combats CF-18 du Canada participent au bombardement de Tripoli.

« Je ne peux pas dire si nous étions près d'une personne en particulier, malheureusement », a-t-il dit. Cela révèle clairement que le but de la dissimulation derrière la résolution de l'ONU sur la Libye est l'assassinat ciblé du colonel Khadafi.

C'est la première fois que les Forces canadiennes donnent des détails spécifiques à propos de l'implication des CF-18 dans les attaques intensifiées de l'OTAN sur Tripoli, selon un reportage. Les militaires ont refusé de confirmer la participation à l'offensive contre Tripoli lors de leur dernier briefing à la fin mai, citant le besoin de protéger la sécurité opérationnelle.

Pelletier a dit que les jets canadiens avaient dû être rappelés vers une seule cible, parce que le système de ciblage électronique d'un jet allié avait fait défaut. Ils ont été en mesure de redémarrer les lasers coordonnés et ainsi aider à compléter l'attaque, a-t-il dit.

« Cela a été une formidable démonstration d'inter-opération de notre équipement et de nos tactiques avec nos partenaires », a-t-il dit.

On ne sait pas si c'est ce genre de panne des systèmes qui a mené à l'attaque sur la zone résidentielle à l'extérieur de Tripoli, qui a tué et blessé de nombreux civils.

Le Canada a sept jets de combat qui participent aux bombardements dirigés par l'OTAN, avec un navire de guerre, des avions de surveillance et des avions de ravitaillement en carburant, en tout quelque 650 membres de personnel militaire.

« Alors que la mission arrive à son troisième mois, Pelletier a dit que le vote au Parlement [...] qui a prolongé la mission jusqu'à la fin de septembre a donné un soutient moral aux militaires », rapporte Mathaba.

(Mathaba et agences)

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L'OTAN incorpore l'expérience libyenne à son modèle de guerre mondiale

La guerre de l'Occident contre la Libye en est à son quatrième mois et l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord a mené plus de 11 000 missions aériennes, dont 4300 sorties de frappe contre ce petit pays. Ainsi, l'unique bloc militaire au monde incorpore déjà les leçons apprises de ce conflit à son modèle international d'intervention militaire, modèle qui s'est peaufiné avec l'expérience des guerres précédentes dans les Balkans, en Afghanistan et en Irak.

L'opération Protecteur unifié de l'OTAN offre à l'Alliance un cadre qui lui permet de continuer de recruter des alliés : la Suède et l'Île de Malte au sein du Partenariat de la paix, ses affiliés le Koweït et les Émirats arabes unis au sein de l'Initiative de coopération d'Istanbul, ainsi que les membres partenaires du Dialogue méditerranéen, la Jordanie et le Maroc, et de les intégrer au réseau mondial des pays combattants de l'Alliance. La Suède, la Jordanie et les Émirats arabes unis ont aussi du personnel militaire assigné à la Force internationale d'assistance et de sécurité dans la guerre de près de dix ans en Afghanistan. Dans le cas de la Suède, c'est la première fois en deux cents ans que des troupes du pays scandinave se trouvent au combat, tuant et se faisant tuer. Aussi, huit avions de guerre suédois ont-ils servi aux assauts contre la Libye. Des forces navales suivront.

Les conflits militaires et autres interventions menées par les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN au cours des douze dernières années – contre la Yougoslavie, l'Afghanistan, la Macédoine, l'Irak, la Somalie, le Soudan, le Pakistan et la Libye – ont fait en sorte que le budget militaire étasunien a plus que doublé depuis dix ans et que les exportations d'armes étasuniennes ont presque quintuplé au cours de la même période.

Le Pentagone et l'OTAN viennent de mener l'exercice maritime Sea Breeze 2011 dans la mer Noire sur la côte de l'Ukraine, à proximité du siège de la Flotte russe de la mer Noire situé à Sébastopol. Parmi les participants se trouvent les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Azerbaïdjan, l'Algérie, la Belgique, le Danemark, la Géorgie, l'Allemagne, la Macédoine, la Moldavie, la Suède, la Turquie et le pays hôte, l'Ukraine. Tous ces pays, à l'exception de l'Algérie et de la Moldavie, fournissent des troupes pour la guerre afghane de l'OTAN. Les manoeuvres, qui étaient tenues annuellement, ont repris l'an dernier, même si le parlement ukrainien les avait interdites en 2009. Cette année, l'initiative de l'exercice revient à l'amiral Michael Mullen, chef de l'État-major interarmée des États-Unis. L'an dernier, l'opération Sea Breeze, la plus vaste dans la mer Noire, a mis en oeuvre 20 navires de guerre, 13 aéronefs et plus de 1600 membres du personnel militaire issus des États-Unis, de l'Azerbaïdjan, de l'Autriche, de la Belgique, du Danemark, de la Géorgie, de l'Allemagne, de la Grèce, de la Moldavie, de la Suède, de la Turquie et de l'Ukraine.

Cette année, le croiseur lance-missiles USS Monterey a participé à l'exercice. Ce navire de combat est le premier à être déployé dans la Méditerranée, et maintenant dans la mer Noire dans le cadre du programme de missiles d'interception du Pentagone, approche adaptive mise en vigueur progressivement. Au cours des prochaines années, ce programme devra inclure au moins 40 des missiles d'interception Standard 3 en Pologne, en Roumanie et sur des destroyers et croiseurs munis du système Aegis dans la Méditerranée, la mer Noire et la mer Baltique. Des versions améliorées du missile, le Block IB, Block IIA et Block IIB, sont perçues par des analystes politiques et des commandants militaires russes comme étant des menaces pour les missiles de longue portée russes et de ce fait, pour le système stratégique de défense de ce pays.

Un ancien diplomate indien, M. K. Bhadrakumar, écrivait récemment dans un éditorial :

« Sans aucun doute, les États-Unis exercent une pression croissante sur la Flotte russe de la mer Noire. La provocation des États-Unis a comme toile de fond les remous en Syrie. La Russie s'entête à bloquer toute tentative de la part des États-

Unis de se créer un scénario en Syrie semblable à celui de la Libye. Moscou comprend que ce qui motive d'abord les États-Unis dans son effort vers un changement de régime en Syrie, est de mettre un terme à la base navale russe qui sied en ce pays.

« La base syrienne est la seule emprise de la Russie dans la région méditerranéenne. La base syrienne est importante pour la Flotte de la mer Noire en ce qu'elle assure une présence effective de la marine russe dans la Méditerranée. Avec l'installation de bases militaires étasuniennes en Roumanie et la présence d'un navire de combat des États-Unis dans la région de la mer Noire, l'encerclement s'accroît. »

Le USS Monterey, dont la présence dans la mer Noire a été critiquée en tant que violation de la Convention de Montreux de 1936, sera de retour dans la Méditerranée, rejoignant ainsi le navire transporteur nucléaire le plus récent des États-Unis, le USS George H. W. Bush, et sa force aéronavale d'attaque forte de 9 000 soldats et d'une escadre aérienne de 70 aéronefs, après avoir visité les Forces navales U.S. Europe/Afrique ainsi que le siège de la Sixième Flotte à Naples, en Italie, au nord de la Libye.

La semaine dernière, le bâtiment d'assaut amphibie, le USS Bataan, a mené des exercices d'authentification conjointement avec son homologue français, le FS Tonnerre, dans la Méditerranée. Le site Web de la Marine des États-Unis affirme que l'authentification « contribuera à une plus grande flexibilité de la part de Tonnerre lorsque celui-ci appuiera l'opération Protecteur unifié (OPU) dirigé par l'OTAN », OPU désignant la guerre menée par l'Alliance contre la Libye. La Force de réplique amphibie du USS Bataan comprend approximativement 2 000 marines de la 22e Unité du corps expéditionnaire des marines ainsi que des dizaines d'avions de combat et des hélicoptères d'assaut et autres, et se tient prête à intervenir en Libye et, si la tendance se maintient, en Syrie.

Les alliés et partenaires des États-Unis et de l'OTAN – l'Albanie, l'Algérie, la Croatie, la Grèce, l'Italie, l'Île de Malte, la Mauritanie, le Maroc, l'Espagne, la Tunisie et la Turquie – ont mené l'exercice maritime Phoenix Express 2011 dans la Méditerranée occidentale et centrale du 1er au 15 juin, y compris des manoeuvres en appui à l'Initiative de sécurité contre la prolifération mondiale, des États-Unis.

Aussi, au début de ce mois-ci, l'OTAN a tenu son exercice aérien et naval « Viking nordique » en Islande. C'est la plus récente d'une série de manoeuvres biennales de ce nom, avec 450 militaires de l'OTAN issus des États-Unis, du Danemark, de l'Islande, de l'Italie et de la Norvège. Le site Web du commandement des Forces des États-Unis en Europe cite le commandant du détachement norvégien : « De tels exercices [Viking nordique 2011] permettent aux pilotes de se préparer pour des scénarios réels, tels qu'Operation Odyssey Dawn », nom donné à la campagne militaire de l'Occident contre la Libye du 19 au 30 mars.

Cette semaine, le secrétaire général de l'OTAN, le général Anders Fogh Rasmussen, a visité la Grande-Bretagne, où il a rencontré le premier ministre David Cameron et le secrétaire des Affaires étrangères, William Hague, et en Espagne où il a rencontré le premier ministre José Luis Zapatero, le ministre des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez, et le ministre de la Défense, Carme Chacon.

À Londres, Rasmussen a centré ses propos sur les guerres en Libye et en Afghanistan, les deux sous le commandement de l'OTAN, et a promu la mise en oeuvre du détachement européen du système d'intercepteur de missile international étasunien.

Réagissant sans doute à la verte semonce qu'avait réservée aux pays membres de l'OTAN le secrétaire de la Défense des États-Unis, Robert Gates, le vrai patron, bien que non officiel de Rasmussen, a déclaré haut et fort :

« La nécessité de l'OTAN est plus grande que jamais, de l'Afghanistan au Kosovo, des rives de la Somalie jusqu'en Libye. Nous sommes plus actifs que jamais. »

Au parlement espagnol, il a livré devant le Sénat un discours portant le titre : « L'OTAN et la Méditerranée : les changements à l'horizon » et, selon le site Web de l'OTAN, a mis en relief « le rôle en transformation de l'OTAN dans la Méditerranée, mettant l'accent en particulier sur l'opération Protecteur unifié ainsi que le rôle à venir de l'OTAN dans la région ». Il a aussi promis : « Nous pouvons contribuer à une évolution et à un véritable épanouissement du printemps arabe. » Les pays qui viennent à l'esprit et qui font l'objet de la fausse sollicitude de l'OTAN sont la Libye et la Syrie. Demain, ce seront l'Algérie et le Liban, ainsi que l'Égypte et la Tunisie, comme Rasmussen l'a déjà mentionné en parlant de la formation par l'OTAN de leurs forces militaires et de la reconstruction de leurs structures de commandement conformément aux standards de l'Alliance, comme c'est le cas en Irak.

La guerre contre la Libye, le premier conflit armé de l'OTAN dans la Méditerranée et sur le continent africain, réussit à consolider le contrôle de la Méditerranée déjà mis en place par l'actuelle Opération effort actif, mission de surveillance et d'interdiction lancée en 2001 sous les auspices de l'article 5 de l'OTAN prévoyant une assistance militaire collective.

Alors que Rasmussen était en Grande-Bretagne, l'ambassadeur russe à l'OTAN, Dmitri Rogozin, a dit que l'alliance de l'Atlantique « se transforme en effet en opération sur le terrain », et a affirmé que « la guerre en Libye signifie...le début de son expansion vers le sud ».

Deux jours avant, les États-Unis et l'OTAN avaient complété Opérations Baltiques (BALTOPS) 2011, avec 20 navires provenant de onze pays européens et le navire mère de la Sixième Flotte des États-Unis basée en Méditerranée, le USS Mount Whitney, d'autres navires de combat étasuniens et le transporteur de commandement de la Force de frappe 8.

Simultanément, dans la mer Baltique, l'exercice Amber Hope, d'une durée de 11 jours, était lancé en Lituanie le 13 juin avec la participation de 2 000 soldats provenant des membres de l'OTAN, les États-Unis, le Canada, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Norvège et la Pologne ainsi que des membres du Partenariat pour la paix, la Géorgie et la Finlande, les anciennes républiques soviétiques et les affiliés du Partenariat pour la paix, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Bélarus, le Kazakhstan, la Moldavie et l'Ukraine, en tant qu'observateurs.

La phase deux de l'exercice débutera le 19 juin et, selon le ministère de la Défense de la Lituanie, « les troupes respecteront un scénario établi selon les leçons retenues par la Lituanie et certains États étrangers en Afghanistan, en Irak et sur les côtes de la Somalie ». Cette dernière est liée à l'opération continue de l'OTAN, opération Bouclier ouvert. L'Alliance a aussi transporté par voie aérienne des milliers de troupes de l'Ouganda et du Burundi vers la Somalie pour des combats dans la capitale de Mogadiscio.

Plus tôt cette semaine, l'OTAN a aussi tenu une conférence avec les responsables de la Défense de 60 pays membres et partenaires à Belgrade, en Serbie, laquelle avait été bombardée sans relâche par des avions de combat de l'OTAN il y a douze ans. La conférence s'est penchée sur l'actuelle guerre de l'OTAN en Libye, qui perdure depuis trois mois.

La Conférence des partenaires militaires stratégiques fut adressée notamment par le général français Stéphane Abrial, commandant suprême des Forces alliées pour la Transformation, basées à Norfolk, en Virginie. Il a dit : « Je suis convaincu que l'opération en Libye sera un succès. » Il a toutefois avoué dans son discours d'ouverture que les hostilités pourraient se prolonger bien au-delà des trois mois.

Des exercices de formation militaire en Roumanie ont été suivis par la Force alternante de la mer Noire, une force opérationnelle air-terre des marines à usage déterminé, pour un exercice de deux semaines en Bulgarie débutant le 13 juin avec des troupes du pays hôte et, pour la première fois, la Serbie, dans une des quatre bases aériennes et d'infanterie du pays que le Pentagone a pris en charge depuis 2006. L'entraînement en Roumanie avait aussi eu lieu dans l'une des quatre bases prises en charge dans ce pays.

La presse locale a annoncé que la plupart des marines US impliqués étaient arrivés au champ de tir de Novo Selo « en provenance directe de l'Afghanistan » à bord de transporteurs aériens Hercules-C-130.

Le lieutenant-colonel Nelson Cardella du Corps des Marines des États-Unis a dit des manoeuvres : « Nos troupes recevront une formation leur permettant d'améliorer l'interopérabilité de nos personnels » pour la guerre en Afghanistan et pour toutes futures guerres.

L'agence de nouvelles Stantart de Bulgarie a annoncé que « l'an prochain, l'exercice de la Force alternante de la mer Noire aura lieu en Serbie ».

La mission de la Force alternante de la mer Noire, formée l'an dernier, est d'intégrer les forces armées de douze pays des Balkans, de la région de la mer Noire et des Caucases – l'Albanie, l'Azerbaïdjan, la Bosnie, la Bulgarie, la Croatie, la Géorgie, la Macédoine, la Moldavie, le Monténégro, la Roumanie, la Serbie et l'Ukraine – à l'OTAN pour les déployer en Afghanistan et dans d'autres zones de combat et dans des situations post-conflit.

Chacune des guerres menées par les États-Unis et l'OTAN depuis 1999 a consolidé de nouvelles bases militaires ainsi que des contingents expéditionnaires pour le Pentagone et pour l'Alliance dans des pays subjugués et voisins en Europe du sud-est, dans le golfe Persique et de l'est de la Méditerranée, ainsi qu'en Asie du Sud et centrale.

Tout comme les guerres de Yougoslavie, d'Afghanistan et d'Irak ont contribué à développer une capacité d'intervention militaire internationale chapeautée par l'OTAN - elle-même dirigée par les États-Unis - afin de mieux intervenir en Libye aujourd'hui, aussi l'expérience libyenne servira-t-elle à son tour à de futurs conflits.

(Traduction : LML)

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Bulletin du 30 juin 2011 • Retour à l'index • Écrivez à: redaction@cpcml.ca