Amérique latine
Colonialisme par consensus: Dissolution des Antilles néerlandaises

Brèves réflexions sur le changement
de garde colonial

Depuis le 10 octobre 2010, le pays des Antilles néerlandaises a cessé d'exister et les pays de Curuçao et Saint-Martin sont nés. Au même moment, les trois autres pays qui formaient les Antilles néerlandaises avec Curuçao et Saint-Martin, c'est-à-dire Bonaire, Saba, Saint-Eustatieus, sont devenus une municipalité des Pays-Bas.

La question suivante vient à l'esprit : Y a-t-il une raison quelconque de célébrer les supposés nouveaux pays ? Est-ce que ce sont des nouveaux pays ? Non seulement les liens coloniaux avec le Royaume des Pays-Bas vont demeurer, mais ces pays seront encore plus contrôlés par les Pays-Bas avec les lois sur le consensus que le dernier gouvernement des Antilles a passées. En cette époque où des pays, des entités, des régions cherchent à s'unir et à renforcer leur position dans un monde globalisé, cinq petites îles dans les Caraïbes sont forcées par une puissance coloniale européenne de se désintégrer et donc à affaiblir leurs chances de créer de nouveaux pays forts.

Le colonialisme par consensus, une politique utilisée par la France, le Royaume-Uni et les Pays-Bas pour s'imposer à « leurs » colonies et se rendre légitimes par référendum, est une mesure qui renverra aux puissances coloniales le contrôle sur des pouvoirs nationaux vitaux, comme les finances publiques, la bonne gouvernance, l'éducation, la sécurité et autres. Donc, de façon anachronique, au lieu de faire avancer le processus de décolonisation, tel qu'ordonné par les Nations unies avec la Résolution 1614 en 1960, nous sommes témoins d'une dure recolonisation de la région des Antilles, ainsi que d'autres régions, par d'anciennes puissances coloniales. Déjà, en 1986, le processus de désintégration des Antilles néerlandaises a commencé lorsque l'île de Aruba s'est séparée des cinq autres îles. Près de 25 ans plus tard, Aruba demeure encore une colonie hollandaise, même si la séparation avait été célébrée à l'époque en tant que processus de libération d'Aruba.

Les pays et les îles des Caraïbes et d'Amérique latine ont toutes les raisons de réunir leurs forces, pour assurer le bien-être de leurs peuples en plaçant leurs ressources sous leur propre contrôle, au lieu du contrôle des puissances impériales et coloniales. Le Caricom, l'ALBA, sont des preuves de cette conscience.

Les interventions coloniales ne sont pas surprenantes, étant donné que les Caraïbes, d'une importance stratégique vitale pour les superpuissances qui contrôlent le monde et également importantes économiquement pour ses riches ressources, comme le pétrole dans ses sols et ses eaux, continuera d'être le théâtre d'interventions de la part du capital industriel et financier d'Europe, et mises en oeuvre par leurs gouvernements. Les finances publiques en faillite, la bonne gouvernance, la sécurité, la démocratie, toutes sont utilisées comme arguments pour ces interventions coloniales mentionnées plus haut.

Il est important de faire remarquer que les changements qui se sont produits depuis le 10 octobre ne changeront pas la domination coloniale des Pays-Bas sur les îles de Curaçao, Saint-Martin, Bonaire, Saba, et Saint-Estatius. Pour profiter des avantages qu'offrent les ressources multiples de ces îles, le peuple des îles devra continuer sa lutte pour obtenir son indépendance politique, comme étape vers une indépendance authentique.

Vive le peuple de Caruçao, Bonaire, Saint-Martin, Saba, Saint-Eustatius.

* Joceline Clemencia est présidente du Parti de l'indépendance de Curaçao.

(Traduction: Le Marxiste-Léniniste)

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