Il y avait des travailleurs du Québec, de
l'Alberta et du Nouveau-Brunswick. Un important contingent de jeunes
pour le renouveau démocratique qui occupaient les
premières
rangées égayaient l'atmosphère avec leur appui
enthousiaste pour les luttes des travailleurs et leur appel à
bâtir une Opposition ouvrière effective. La salle
était décorée de
bannières qui racontaient l'histoire des luttes des
métallos des sept dernières années. À
l'avant au centre, il y avait la bannière du 1005 :
« Base
manufacturière, oui ! Destruction nationale,
non ! », flanquée de « Notre
économie, nous décidons ! »,
« Tous pour un et un pour tous ! Luttons
pour la dignité du travail ! » et
« Une attaque contre un est une attaque contre
tous ! »
Gary Howe, vice-président du local 1005,
était le maître de cérémonie. Il a d'abord
présenté Remo Cino, un membre du 1005 qui a
interprété le chant Everything Comes at a Price
sur les conséquences humaines de la destruction de
l'économie nationale. Le métallos à la retraite
Bill Mahoney a ensuite récité un poème
écrit à
l'occasion du Premier Mai.
Au nom du 1005, Gary
a souhaité la bienvenue
à tous les participants. Il a noté la présence des
travailleurs de Vale Inco de Sudbury et déclaré :
« Leur lutte est notre lutte. » Il a
également noté la présence du local 222 des TCA
représentant les retraités d'Oshawa qui venaient
participer aux activités du Premier Mai de
Hamilton pour la troisième année consécutive. Gary
a remercié les politiciens fédéraux, provinciaux
et municipaux présents. Parlant de l'histoire du Premier Mai, il
a dit que les travailleurs aujourd'hui se battent encore sur des choses
pour lesquelles la
classe ouvrière se battait à la fin du
XIXe siècle, comme la durée de la journée de
travail.
Aujourd'hui, a-t-il dit, c'est la crise du secteur manufacturier qui
occupe nos pensées « parce que nous en ressentons
partout les effets, ne serait-ce ici même avec la présence
même des travailleurs de Siemens, de la National Steel Car et
d'autres ». « Les syndicats doivent collaborer
pour défendre les travailleurs et leurs
communautés et résoudre cette crise. »
Mary Long, présidente
du Conseil syndical de
Hamilton, a exprimé l'appui du conseil au travail que fait le
local 1005 aux premiers rangs de la lutte contre les pertes d'emplois.
La chute du secteur manufacturier, a-t-elle dit, est de la destruction
nationale pure et simple parce que cela a des conséquences pour
tous les secteurs de l'économie et
pour tous les travailleurs du pays.
Jake Lombardo, responsable
des griefs au local 1005,
s'est dit reconnaissant envers tous les syndicats qui se joignent
à la lutte commune pour le secteur manufacturier et contre la
destruction nationale qui, dit-il, est une lutte qui unit tous les
travailleurs canadiens. La base manufacturière est cruciale pour
défendre le niveau de vie de tous et le
1005 est fidèle à son histoire, fidèle à
l'esprit de la grande grève de 1946, quand il défend le
principe : « Un pour tous et tous pour un »,
parce que cela veut dire que les travailleurs actifs et
retraités sont unis et qu'ils ont pour principe de
défendre les droits de tous. C'est la position que le 1005 a
défendue lors de la fraude de
faillite de Stelco, dit-il, et c'est la position qu'il défend
aujourd'hui. Il a terminé en disant que l'unité entre les
trois syndicats de Métallos de US Steel et de ceux
représentant les mineurs de Sudbury est très importante
et que nous allons continuer de nous soutenir dans notre lutte commune.
Un tonnerre
d'applaudissements a accueilli Shane Cusack
et Jack Simons, représentants du local 6500 des Métallos,
lorsqu'ils sont montés sur le podium. Shane a remercié le
1005 et tous les participants pour leur appui aux travailleurs de Vale
Inco contre les demandes de concessions du monopole minier. Il a dit
que cette unité de tous les
syndicats qui se défendent les uns les autres est cruciale pour
le succès de nos luttes. Il a expliqué qu'un des aspects
centraux de la grève à Vale Inco est que nous devons
faire interdire les briseurs de grève en Ontario. Le conseil
municipal de Sudbury a déjà adopté une
résolution à cet effet et il demande au gouvernement
ontarien d'en faire autant.
Il a dit que tous les travailleurs canadiens doivent tracer leur ligne
de démarcation et mettre une limite à ce que peuvent
faire les monopoles dans leur course au rendement le plus
élevé sans égard aux conséquences pour les
communautés. Il a annoncé certaines actions
prévues par le syndicat à Sudbury et à
Sault-Sainte-Marie ce mois-ci et lancé
l'appel à tous à prendre position non seulement en appui
à la lutte des grévistes de Vale Inco mais aussi à
la défense des communautés qui en sont affectées
partout en Ontario. Il a annoncé que le local 6500 organise des
actions les 26 et 27 mai sur la colline parlementaire à Ottawa
pour protester contre l'indifférence brutale du gouvernement
Harper envers le sort des communautés du nord. Il a
dénoncé les politiciens qui disent que les demandes de
concessions de Vale Inco sont de simples décisions d'affaires,
comme si les représentants politiques des communautés de
la région n'avaient rien à voir avec la défense de
leurs intérêts. « Ne rien dire, c'est
être du côté de Vale
Inco », a-t-il déclaré, sous les acclamations
de la
salle.
Jack Simons a quant à
lui dit que le mouvement
syndical doit se battre pour des pensions convenables pour tous et
s'opposer aux tentatives des monopoles de remplacer les pensions
à prestations déterminées par des pensions
à contributions déterminées. Les travailleurs ne
peuvent pas se permettre qu'on détruise leurs pensions à
prestations
déterminées. Il a décrit la vie d'un mineur, qui
descend parfois à 8 000 mètres sous terre et qui est
souvent exposé à des substances
cancérogènes, comme l'acide sulfurique qui reste en
suspens dans l'air que les travailleurs respirent, pour conclure que
ces travailleurs devraient au moins avoir la tranquillité
d'esprit qu'une pension et une retraite
dans la dignité les attendent, pas une vie d'inquiétudes
constantes parce que les pensions sont remises en question. C'est une
des principales préoccupations des mineurs de Vale Inco :
ils veulent défendre leurs pensions et laisser aux
générations suivantes une retraite dans la dignité
et la sécurité pour tous sans exception.
Sid Ryan, président
de la
Fédération du travail de l'Ontario (FTO), a transmis les
salutations et la reconnaissance de la FTO au local 1005 des
Métallos qui a su réunir les syndicats des secteurs
public et privé dans la lutte pour défendre la base
manufacturière du Canada et les droits des travailleurs. Cela
est d'autant plus nécessaire, a-t-il dit,
quand on sait que c'est dans le secteur manufacturier que les
travailleurs créent la valeur de laquelle dépendent les
services publics : les secteurs privé et public sont
liés par le destin, comme le sont les luttes de ceux qui y
travaillent. La FTO appuie les efforts des locaux 6500 et 1005 des
Métallos pour repousser les tentatives des grandes
sociétés d'éliminer les pensions à
prestations déterminées. Les pensions à
contributions déterminées sont, dit-il, rien de moins que
des REER, ce ne sont pas des pensions. Il faut s'opposer en particulier
aux ententes secrètes conclues entre les monopoles, comme
Xstrata et US Steel, et les gouvernements lors d'acquisitions
d'entreprises par des
sociétés étrangères. Ces ententes
secrètes sont un affront aux travailleurs et à l'ensemble
des Canadiens, a-t-il insisté. Il a également fait part
de l'appui de la FTO aux luttes qui se mènent contre les
entreprises qui viennent au Canada pour piller nos ressources
naturelles et les expédier à l'extérieur.
Dave Coles, président
du Syndicat canadien des
communications, de l'énergie et du papier (SCEP), a
apporté les salutations de ses membres. Il a fait remarquer que
tous les secteurs que le SCEP représente (forêts,
communications et énergie) subissent l'offensive des monopoles
avec la complicité du gouvernement Harper. Entre autres, tout le
secteur des télécommunications est en proie à
cette offensive à cause de la décision du gouvernement
Harper d'ouvrir davantage le secteur à l'investissement
étranger, ce qui menace la souveraineté du Canada et
porte atteinte au droit des Canadiens à la vie privée.
Dans le secteur de l'énergie, le bitume brut extrait des sables
bitumineux est exporté
aux États-Unis sans transformation avec des effets ravageurs
pour l'environnement et la base manufacturière du Canada. Il a
dit que le Canada doit mettre au point une politique
énergétique indépendante. Les pensions sont
attaquées partout et il a exprimé son appui aux
métallos qui luttent contre la transformation des pensions
à prestations
déterminées en pensions à contributions
déterminées. Il y a une pression énorme
également sur les services publics, a-t-il poursuivi, et c'est
un aspect qui concerne tous les travailleurs, qu'ils soient dans le
public ou le privé, parce que les services publics sont
essentiels si l'on veut garantir une vie de dignité pour tous.
À l'occasion du Premier Mai,
le SCEP intensifie son action sur la scène internationale, comme
en s'opposant aux prétendus accords de libre échange et
leurs clauses asservissantes et en défendant les travailleurs
qui subissent la violence des monopoles miniers au Mexique.
Rolf Gerstenberger,
président du local 1005 des
Métallos, a prononcé le discours principal. Il a
expliqué que les actions du Premier Mai organisées par
son syndicat rejoignent celles organisées partout au pays pour
défendre les emplois dans le secteur manufacturier, les pensions
et les droits, pour s'opposer aux guerres d'agression et
d'occupation et pour combattre pour de nouveaux arrangements de
société centrés sur l'être humain. Au coeur
de la lutte pour des arrangements centrés sur l'être
humain, en opposition aux arrangements actuels qui servent le droit de
monopole et facilitent la destruction nationale pour
l'intérêt privé étroit, il y a la lutte des
travailleurs pour exercer
un contrôle sur l'économie et les affaires politiques,
a-t-il dit. Il a voulu partager l'expérience des métallos
à cet égard :
« Nous
les travailleurs devons trouver le
moyen d'exercer notre contrôle sur l'économie et sur la
politique. Nous devons restreindre les activités
désastreuses de ces monopoles. Nous les travailleurs
représentons la majorité au pays et nous devons faire
entendre notre voix. Et notre voix doit avoir un impact réel
dans les affaires
économiques et politiques du pays. Les travailleurs forment la
majorité mais pas dans les parlements. Il faut que ça
change et nous sommes déterminés à changer les
choses avec notre programme pour le pouvoir politique et
l'édification nationale. C'est notre pays et c'est notre
économie. [...] Leur droit de monopole nie notre droit public et
l'inverse est également vrai et c'est bien ce qui est à
l'oeuvre dans le monde aujourd'hui et c'est pourquoi il nous
apparaît de plus en plus évident que nous devons nous
organiser en une Opposition ouvrière effective. »
Le texte du discours de Rolf
était
distribué aux participants alors qu'ils sortaient de la salle
pour aller marcher dans les rues de Hamilton. Des copies ont
également été distribuées aux passants sur
le trajet.
Si la journée avait commencé sous un ciel
assombri, lorsque les participants sont sortis du Centre des
congrès les nuages s'étaient dissipés et c'est
sous un ciel ensoleillé que les travailleurs et leurs
alliés ont marché dans les rues du centre-ville avec
leurs nombreux drapeaux, pancartes et bannières.
Sur le trajet de la manifestation, les automobilistes
klaxonnaient pour exprimer leur appui à cette lutte pour
défendre les emplois dans le secteur manufacturier et s'opposer
à la destruction nationale, pour défendre les droits de
tous. La marche s'est terminée avec un barbecue, le
troisième Festival de rue du Premier Mai de Hamilton.
Discours de Rolf Gerstenberger
- Président de la section 1005 du
syndicat des Métallos,
au rassemblement du Premier Mai au Palais des congrès de
Hamilton -
Notre rassemblement fait partie des actions qui sont
organisées à l'échelle du pays pour
défendre les emplois manufacturiers, les pensions, les droits
des travailleurs et s'opposer aux guerres d'agression et d'occupation
et combattre pour des arrangements de société qui soient
centrés sur l'être humain. Ces luttes pour une
société moderne ont lieu
dans un contexte où les gouvernements à tous les niveaux
trahissent leur responsabilité sociale qui est de servir le bien
public et non les intérêts monopolistes. La demande des
travailleurs pour une économie prosociale dans laquelle la
richesse sociale qu'ils produisent garantit le bien-être du
peuple est en complète opposition aux arrangements
actuels qui servent le droit de monopole et facilitent la destruction
de la nation pour des motifs privés étroits.
Viennent s'ajouter à la destruction à
l'échelle du pays de secteurs comme l'acier, l'auto et d'autres,
le récent discours du Trône et le récent budget du
gouvernement Harper qui proposent un plan antisocial agressif. Les
Canadiens sont laissés sans une opposition au parlement qui
conteste cet ordre du jour dangereux, qui propose une alternative
pour que le peuple ne fasse pas les frais de la crise. Invoquant de
grands idéaux, les gouvernements à tous les niveaux
remettent des fonds publics à des intérêts
privés, privatisent, réduisent les services publics et
font d'autres arrangements qui rendent plus facile pour les monopoles
de faire des coups de fortune. On nous dit que si nous ne laissons
pas les monopoles piller le trésor public et agir en toute
impunité, ils vont aller investir ailleurs et nous serons
laissés pour compte. Il faut défier ce chantage. C'est
nous qui produisons la richesse du pays. Pourquoi la richesse que nous
produisons n'est-elle pas réinvestie au Canada ? Pourquoi
les vastes sommes amassées dans les fonds de
pension ne sont-elles pas investies au Canada ? Pourquoi
l'expression « hauts rendements » est-elle
utilisée dans le sens d'enrichir les super riches plutôt
que dans le sens d'investir pour faire grandir des jeunes en
santé ? Des jeunes instruits ! Des gens
âgés dont on s'occupe ! C'est ça le haut
rendement que
nous voulons pour la richesse que nous produisons !
C'est pour ça que nous disons que les
travailleurs doivent eux-mêmes former l'opposition ;
l'alternative c'est nous et non les partis politiques dans les
parlements qui se chicanent pour être ceux qui tirent les cordons
de la bourse de l'État afin de tirer de grands
bénéfices des résultats de cette corruption.
Dans son discours du Trône du 3 mars, le
gouvernement Harper annonce sans la moindre honte qu'il va affaiblir
encore plus la souveraineté du Canada en changeant les
règles sur la propriété étrangère
dans le secteur des télécommunications. La Loi sur
les télécommunications prévoit que la
propriété et le contrôle des entreprises de
télécommunications doivent être à
majorité canadienne, bien qu'elle permette un plafonds
d'investissement étranger de près de la moitié,
soit 46,7 %. Au mépris de cette règle, qui maintient
déjà la propriété canadienne à un
niveau très faible, le discours du Trône dit que :
« Notre gouvernement ouvrira davantage le Canada au
capital de risque et à l'investissement étranger dans les
secteurs clés, notamment ceux des satellites et des
télécommunications. »
Le Syndicat des communications, de l'énergie et
du papier a fait remarquer que la perte de souveraineté dans ce
secteur pourrait mener non seulement à des pertes d'emplois mais
également à une atteinte à la vie privée
à cause de l'imposition de lois étrangères en
matière de données personnelles et de services qui n'ont
pas pour but de servir
les besoins et la sécurité des Canadiens mais ceux de
pays ou de monopoles étrangers.
Le budget déposé le 4 mars menace
ouvertement les services publics et les travailleurs qui les
dispensent. Les services publics sont le mécanisme essentiel par
lequel un gouvernement socialement responsable veille au
bien-être de ses citoyens. L'Alliance de la fonction publique du
Canada écrit dans un communiqué de presse :
« Le
budget du 4 mars prévoit le gel des dépenses
gouvernementales. Le gouvernement a annoncé son intention
d'équilibrer le budget aux frais des travailleuses et des
travailleurs de la fonction publique - une mesure qui menace
directement nos emplois et les services que nous offrons. Nous devons
nous opposer aux compressions. Cela vaut la peine de
contester. Nous en avons la preuve ; le gouvernement a
épargné nos pensions dans son budget... Nous devons
poursuivre nos efforts pour protéger nos pensions, même au
moment d'amorcer notre campagne contre le gel des dépenses.
Même si le budget ne prévoyait pas la réduction de
nos pensions ou la modification de nos taux de
cotisation, il prévoyait que le gouvernement allait comparer la
rémunération, y compris les pensions, avec celles
d'autres compétences en vue de déterminer si notre
"rémunération est raisonnable". »
Dans le secteur de l'acier, le soi-disant répit
que demande US Steel ne résoudra pas la crise du
sous-financement des pensions parce que c'est US Steel qui a
créé cette crise et il sait très bien ce qu'il
doit faire. US Steel, tout comme Stelco avant elle, a
délibérément sous-financé les fonds de
pension afin de voler ce produit social aux
travailleurs. Ce sous-financement doit cesser.
Lorsque nous analysons les actions de US Steel, nous les
métallos de Hamilton Works sommes très objectifs dans
notre évaluation. US Steel a fait porter le fardeau de la crise
économique, qui était bien plus grave aux
États-Unis, aux travailleurs de Stelco et cela est inacceptable.
Le gouvernement n'aurait jamais dû le permettre. C'est
inexcusable et socialement irresponsable de la part du gouvernement de
ne pas défendre ses citoyens et de permettre à US Steel
d'agir en toute impunité. Nous ne pouvons pas, en tant
qu'opposition ouvrière, laisser passer cela. Nous sommes
déterminés à renverser la vapeur et à ne
pas laisser ces monopoles, que ce soit US Steel, Vale, National
Steel Car, Ford, GM, Sears, Labatt InBev et d'autres agir en toute
impunité et détruire l'économie et des vies et
tout ce pour quoi nous avons combattu au cours du vingtième
siècle.
Rintoul, le président de US Steel Canada, parle
comme si son entreprise n'avait rien fait de mal envers nous ou
l'économie depuis 2008. Il pousse même l'affront
jusqu'à dire qu'exclure les nouveaux engagés du fonds de
pension à prestations déterminées a rendu son
monopole encore plus « concurrentiel et viable ».
Il oublie qu'il
n'a pas encore fermé le fonds de pension à prestations
déterminées aux nouveaux engagés à Hamilton
Works et que les membres actifs et à la retraite de la section
locale 1005 sont déterminés à ne pas laisser
passer cette politique de deux poids deux mesures.
L'entreprise de Rintoul et d'autres comme lui agissent
comme des voyous et font beaucoup de dommages. Son monopole a
causé une perte énorme de production d'acier à
l'économie canadienne, quelque chose qui se chiffre en centaines
de millions de dollars. Qui va remplacer ce produit social dont le
Canada et les provinces ont besoin pour
financer leurs programmes sociaux et renouveler
l'économie ? Il n'y a rien de la part de l'entreprise dans
le protocole de retour au travail qui favorise la viabilité en
ce qui concerne les travailleurs, la communauté et
l'économie qui a tant perdu à cause des activités
de US Steel. Rintoul ne parle que dans la perspective étroite de
la
concurrence mondiale et de la viabilité de son entreprise. Il ne
dit rien des problèmes que la destruction de la base
manufacturière cause à la communauté. Est-ce qu'il
n'est pas capable d'entendre les plaintes provenant des parlements
à l'effet qu'il n'y a pas d'argent pour financer nos programmes
sociaux ? US Steel a sa part de
responsabilités dans cela mais Rintoul semble penser qu'il peut
faire comme si de rien n'était et tant pis pour ce qui nous
arrive parce qu'on ne sait jamais, peut-être bien que le
succès international de US Steel va se rendre jusqu'à
nous dans son arrière-cour annexée. En d'autres termes,
il nous dit que si les Canadiens acceptent de réduire leurs
réclamations à ce qu'ils produisent, alors les
réclamations de US Steel vont augmenter et tout va s'arranger.
Mais ça n'est pas comme ça que les choses fonctionnent.
Les réclamations des monopoles à ce que nous produisons
et leur refus de renouveler l'économie à l'avantage du
peuple ne sont pas viables pour nous.
En ne soulevant même pas la question des
réparations pour les dommages que US Steel a causés,
Rintoul dit aux Canadiens de renoncer aux victoires qu'ils ont
remportées ces cent dernières années, d'accepter
la détérioration de leurs conditions et de regarder
passivement la base manufacturière et le tissu social du pays se
désagréger. Nous les
Canadiens n'allons pas laisser cela se produire. Quelqu'un doit payer
pour les dommages que cette crise a causés ; chose
sûre, ce ne sont pas les travailleurs qui l'ont causée et
ils ne devraient pas être forcés à en porter le
fardeau. Rintoul et les autres de son acabit en position de pouvoir
n'ont même pas présenté d'excuses pour les dommages
qu'ils ont causés pendant cette crise et ils n'ont rien à
dire de sérieux sur comment on peut éviter à
l'avenir ce cycle d'affaires destructeur qui produit des
dévastations de plus en graves. Nous avons fait des propositions
pour renouveler l'économie, comme celle par exemple visant
à transformer Stelco en une aciérie publique qui pourrait
être le
pilier d'une industrie canadienne de l'acier qui subvient à ses
besoins et qui est immunisée contre la crise, mais les
médias de masse et les gouvernements ne veulent même pas
discuter de nos propositions.
US Steel, Vale et les autres monopoles font ce qu'ils
font et refusent de renouveler l'économie d'une façon
prosociale parce qu'ils sont mus par des intérêts
d'entreprise étroits. Rintoul le dit très clairement dans
son communiqué. Il dit que c'est vraiment très bien que
les travailleurs de Lake Erie aient accepté d'exclure les
nouveaux engagés du
fonds de pension à prestations déterminées parce
que c'est un problème de moins pour les propriétaires du
capital et de la dette de US Steel. Il se fout bien que cela ne
règle rien pour les travailleurs et les couches
intermédiaires du pays. Exclure les travailleurs du fonds
à prestations déterminées accroît notre
insécurité. Rintoul dit lui-même que si
nous acceptons d'accroître notre insécurité, cela
améliore d'autant la position concurrentielle et la
viabilité de l'entreprise. Cela nous en dit long sur la
contradiction qui existe entre nous et cette entreprise et les
monopoles en général. Leur droit de monopole nie notre
droit public et l'inverse est également vrai et c'est bien ce
qui est à l'oeuvre dans
le monde aujourd'hui et c'est pourquoi il nous apparaît de plus
en plus évident que nous devons nous organiser en une opposition
ouvrière effective.
Ce qui profite directement à ce monopole
américain nous rend la vie directement plus difficile. Ce qui
est bon pour eux est mauvais pour nous les travailleurs. Nous avons
appris que 39 travailleurs de Lake Erie ont perdu leur maison suite
à la fermeture de l'usine pendant toute une année. Cela
n'est pas juste. Est-ce que US Steel va prendre ses
responsabilités, redonner ces maisons aux travailleurs et
réparer tous les dommages qu'il a causés depuis sa prise
de contrôle de Stelco ? Il ne le fera pas à moins
qu'il ne soit forcé de le faire. Plutôt que de faire ce
qui est juste, US Steel a émis un communiqué de presse
à l'intention de ses détenteurs d'actions et de dettes
qui affirme que les
choses vont mieux maintenant qu'il a mis fin aux pensions à
prestations définies pour les nouveaux engagés de Lake
Erie Works. En réalité, rien n'a été
réglé en ce qui concerne les fonds de pension et leur
financement avec cette manoeuvre douteuse parce que la grande
majorité des retraités appartiennent à Hamilton
Works et que la section 1005
considère ses membres comme formant un tout où tous ont
les mêmes droits et les mêmes devoirs. Notre lutte pour la
sécurité de la retraite remonte tout droit à la
grande grève de 1946. Nous avons mis dix ans de plus suite
à la grève pour gagner un fonds de pension à
prestations déterminées pour tous et nous n'avons
nullement l'intention de
revenir en arrière en acceptant un fonds d'épargne de
type REER, que ce soit pour les nouveaux engagés ou pour tout
autre membre actif, à la retraite ou potentiel. Loin de
là, nous demandons plutôt une retraite en
sécurité pour tous les Canadiens au moyen d'un fonds de
pension à prestations définies garanti par le
gouvernement. Cela signifie que
nous voulons aller au-delà des fonds de pension d'entreprises
à prestations définies et vers des fonds de pension
gouvernementaux à prestations définies qui garantissent
aux travailleurs le même revenu qu'ils avaient lorsqu'ils
travaillaient. C'est cela que nous entendons par édification
nationale – aller de l'avant, résoudre les problèmes sur
une
base prosociale et non détruire les gains que nous avons faits
et abandonner les Canadiens à eux-mêmes au sein d'une
économie et une société qui sont totalement
socialisées, mais sont néanmoins contrôlées
par une élite privilégie qui est totalement coupée
du bien-être et de l'intérêt général
de la société. Nous n'avons nullement l'intention de
revenir en arrière et accepter l'insécurité
insensée d'un fonds d'épargne où notre seule
sécurité c'est de mourir avant que le fonds
d'épargne soit vide.
Lorsque US Steel a pris le contrôle de Stelco en
donnant des tonnes d'argent à des capitalistes financiers de
Toronto, New York et de Caroline du Nord, elle a promis de maintenir la
production d'acier, de garder un certain plancher d'emplois et de
respecter nos fonds de pension à prestations
déterminées. L'entreprise a maintenant brisé tous
ses
engagements faits par écrit. Comme individus sans scrupules on
ne peut pas faire mieux. Comment leur a-t-on permis d'entrer dans un
secteur aussi important de notre économie ? C'est comme
demander à un voleur de veiller sur la maison pendant notre
absence. Quelle personne ou gouvernement sain d'esprit permettrait une
chose
pareille ?
US Steel a renié ses engagements envers le pays
et les fonds de pension comme l'ont montré les fermetures et
l'exclusion des nouveaux engagés de Lake Erie du fonds de
pension à prestations déterminées. Honte à
cette entreprise qui agit en voyou et honte au gouvernement qui est
là sans rien faire et qui permet que ses propres citoyens soient
traités de la sorte.
En passant, saviez-vous que les propriétaires de
la dette de US Steel ont continué de toucher leurs paiements en
intérêts pendant la crise ? Ces paiements n'ont
jamais été affectés. L'entreprise a aussi
continué à payer des dividendes sur ses actions pendant
que les métallos du Canada et des États-Unis perdaient
leurs maisons et vivaient
dans une insécurité totale et que l'entreprise
enfreignait les lois canadiennes sur l'investissement !
C'est injuste et il faut que ça cesse ! Nous les
travailleurs devons trouver le moyen d'exercer notre contrôle sur
l'économie et sur la politique. Nous devons restreindre les
activités désastreuses de ces monopoles. Nous les
travailleurs
représentons la majorité au pays et nous devons faire
entendre notre voix. Et notre voix doit avoir un impact réel
dans les affaires économiques et politiques du pays. Les
travailleurs forment la majorité mais pas dans les parlements.
Il faut que ça change et nous sommes déterminés
à changer les choses par notre programme pour le pouvoir
politique et l'édification nationale. C'est notre pays et c'est
notre économie.
Comment se fait-il qu'un monopole étranger ou une
élite privilégiée puissent faire ce qu'ils veulent
même si cela cause des dommages aux Canadiens ? Pourquoi
est-ce que ça n'est pas considéré comme
illégal d'attaquer les Canadiens et leurs droits ? Juste
dans les dernières semaines, le monopole américano-belge
de la bière
InBev, qui possède Labatt, a fermé la brasserie Lakeport
et est maintenant en train de vider l'usine de son équipement
afin d'empêcher toute activité de brasserie, laissant 143
travailleurs sans emploi et Hamilton sans production de bière.
C'est une répétition de ce qui s'est passé avec US
Steel, Vale, Xstrata et tant d'autres. Il y a de cela deux ans,
InBev a soudoyé les propriétaires de la brasserie
Lakeport avec un gros montant d'argent dans l'unique but de fermer la
place et d'éliminer tout concurrent qui pourrait produire de la
bière à Hamilton. C'est ça que ça veut dire
accroître la position concurrentielle et la viabilité de
ces monopoles. Pourquoi est-ce que ça n'est pas
considéré comme un
crime ? Tout ce que les parlements trouvent à dire c'est
qu'il faut améliorer la position concurrentielle des monopoles
sur les marchés mondiaux sur le dos de la classe
ouvrière. Qu'est-ce que nous sommes ? Des moins que
rien ? Les riches et leurs entreprises nous considèrent
comme un coût de production. Ils ont tort. Ça n'est
pas ce que nous sommes. Les énormes quantités de richesse
sociale que nous produisons mais que les riches et leurs monopoles
retirent de l'économie sont un coût que nous ne pouvons
pas nous permettre. Nous ne pouvons pas penser que les riches et leurs
monopoles peuvent retirer de la valeur de l'économie et que
l'économie va quand même
être viable. Nous les travailleurs devons remettre les choses
à l'endroit. Nous les travailleurs devons faire l'histoire et
non subir une histoire faite par des gens et des
événements hors de notre contrôle.
Base manufacturière, oui !
Destruction
nationale, non !
Amérique latine
Protestation anti-minière à la
Conférence
latino-américaine des ministres
de
l'Environnement au Panama
La 17e rencontre des ministres de l'Environnement de
l'Amérique latine et des Caraïbes qui se tenait au centre
des conventions Vasco Nuñez de Balboa, au Panama, les 29 et 30
avril, a été interrompue de façon inattendue par
des activistes environnementaux qui y ont déployé une
bannière de protestation contre les pratiques d'exploitation
minière au Panama et la destruction de l'environnement humain et
naturel qui en découle et contre la position pro-minière
du gouvernement du Panama, l'hôte de la conférence.
L'action, organisée par le Front amplio opositor
(FAO), visait en particulier Javier Arias, administrateur de
l'Autorité nationale sur l'environnement du Panama. Au moment
où il prenait la parole, les activistes ont
déroulé une bannière avec l'inscription :
« Le travail des mines = la mort » et
« Panama libre de mines
maintenant ! » et ont scandé des slogans contre
le refus de l'autorité nationale de stopper les projets miniers
et énergétiques destructeurs.
La FAO a émis un communiqué
intitulé : « L'activité minière
place le Panama en danger d'extinction » qui dit entre
autres : « La sécurité alimentaire,
l'équilibre environnemental, la biodiversité du Panama et
la diversité culturelle de ses peuples se trouvent en danger
d'extinction par l'activité des mines à ciel
ouvert dont la majorité se situe au coeur du corridor biologique
méso-américain. »
Le président du Panama, Ricardo Martinelli, a
récemment annoncé que son gouvernement veut ouvrir le
pays à une intensification de l'exploitation minière et
qu'il était disposé à cette fin à adopter
des lois sur l'environnement qui favorisent les sociétés
minières étrangères. La FAO dénonce
l'hypocrisie du gouvernement panaméen qui est l'hôte
de cette conférence régionale des ministres de
l'Environnement, puisqu'il a déclaré son intention
d'autoriser l'exploitation minière dans des régions
à écologie fragile essentielles à
l'équilibre environnemental du continent. Elle dit :
« Des projets de mines d'or et de cuivre comme ceux qui
existent déjà à la zone de Donoso, la
future mine de Cerro Colorao où les 300 concessions sur le point
d'être octroyées constituent une attaque au modèle
de développement durable. Les concessions minières
s'installent dans le dos des communautés, sans aucun respect des
consultations préalables et des rapports, provoquant le
déplacement des populations, la contamination de sources
hydriques et des dommages irréparables aux économies
locales. »
La FAO fait remarquer que le Panama ne dispose pas d'une
politique nationale de sécurité alimentaire et son
gouvernement priorise l'intérêt privé des
investisseurs nationaux et étrangers à l'encontre de
l'intérêt public. S'ajoute à cela la
persécution des mouvements populaires et sociaux et le grave
impact pour notre avenir que sont les plans
régionaux rédigés dans le dos de la
société civile comme c'est le cas du « Plan
Puebla Panama ». La même situation se
répète dans le cas des concessions pour les projets de
centrale électrique et, de nouveau maintenant, avec la
possibilité d'exploitation pétrolière
annoncée dans la riche province de Darién.
« Nous alertons la communauté
nationale et internationale sur la gravité des agissements du
gouvernement du Panama qui compromet l'avenir du pays et qui s'inscrit
en faut avec la responsabilité historique et globale du Panama
comme gardien de la péninsule et de ses richesses
naturelles. »
La FAO regroupe des citoyens et des organisations qui
demandent un moratoire sur les concessions minières au Panama et
demandent une base de développement durable et non extractive.
Le Venezuela investit dans les industries
métallurgiques afin de les sauver
Le gouvernement vénézuélien a
annoncé un investissement de 1 168 millions $ pour soutenir
les entreprises publiques du fer, de l'acier et de l'aluminium
affectées par la chute des prix à la suite de la crise
économique mondiale.
Les ressources du Plan socialiste Guayana seront
utilisées le reste de l'année et en 2011 et 2012. Les
montants seront respectivement de 384 millions pour l'année 2011
et 783,9 millions pour 2012, a annoncé la semaine
dernière le président Hugo Chavez.
« Depuis le début de la planification
nationale (en 1958), c'est la première fois qu'un plan pour des
compagnies publiques est tracé et appliqué »,
a insisté Chavez.
Une caractéristique importante du plan
d'investissement est que les fonds seront alloués aux projets
qui seront eux-mêmes discutés et dirigés par les
employés des compagnies impliquées dans les projets.
Le plan vise l'augmentation de la production et des
lignes de transformation de produits finis puisque ce sont celles qui
produisent plus de profits, alors que le Venezuela se consacrait
jusqu'à maintenant à l'exportation de matières
premières.
Prenant en considération les recommandations des
travailleurs, les entreprises ont aussi accepté de créer
une sous-commission spéciale attachée à la
Commission centrale de planification pour la réalisation du plan.
Ces investissements, a expliqué Chavez, seront
sous le contrôle des travailleurs afin d'accélérer
le développement des industries de base, de les moderniser et de
résoudre plusieurs problèmes hérités du
passé.
La Bolivie nationalise cinq compagnies
d'électricité
Le gouvernement bolivien a pris le contrôle des
entreprises qui génèrent, transportent et distribuent de
l'électricité dans le département central de la
Bolivie.
Vers 1 h, heure locale samedi dernier, un gros
contingent de la police a pris contrôle de la compagnie
électrique Corani S.A, située dans la ville de Colomi,
à 52 miles de Cochabamba.
Un autre contingent de police dirigé par le
commandant
général de la police, le colonel Oscar Nina, est
intervenu dans les installations d'Empresa de Luz y Fuerza Electrica
Cochabamba S.A, assure l'édition électronique du Erbol.
De façon non officielle, la source indique que
les policiers ont
pris le contrôle des autres entreprises telles que Guaracachi,
Valle Hermoso et Transportadora de Electricida qui faisaient partie du
processus de nationalisation décrété par le
gouvernement.
Le journal ajoute que dans les jours qui suivent, la
nationalisation de
ces compagnies sera officialisée par l'entremise d'un
décret suprême approuvé au cours des derniers jours.
Quelques jours auparavant, l'administration d'Evo Morale
avait annoncé son intention de nationaliser trois compagnies
d'électricité, filiales de firmes françaises et
britanniques, à qui les livres d'actionnaires ont
été demandés.
Toutefois, les travailleurs on reçu une promesse
qu'il n'y aura
pas de congédiement, puisque l'objectif de la nationalisation
n'est pas d'exproprier les propriétaires, mais de laisser la
majeure partie des actions dans les mains de l'État.
Dans ce sens, le 7 janvier dernier, le budget
général de
l'État 2010 a alloué 117,3 millions de bolivianos
(environ 16,6 millions de dollars) à titre de réparation
à ces firmes.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca