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Premier Mai 2010: Journée
internationale de solidarité de la classe ouvrière
et de détermination à défendre les droits de tous
et à bâtir le nouveau
Défendons l'esprit et la signification du
Premier Mai! Travailleurs et opprimés du monde, unissez-vous!
- Déclaration du Parti communiste
du Canada (marxiste-léniniste) -
En cette importante occasion du Premier Mai 2010,
Journée internationale d'unité et de lutte de la classe
ouvrière, le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) transmet ses salutations
révolutionnaires aux travailleurs et opprimés du monde
qui luttent pour leurs droits, en particulier leur droit de tracer leur
destin sans ingérence
impérialiste. Le PCC(M-L) salue les travailleurs et tous les
Canadiens qui luttent pour leurs droits dans les conditions de
l'offensive antisociale brutale et des plans de guerre et d'annexion
des riches et de leurs gouvernements.
Dans le contexte de cette offensive antisociale qui se
mène à l'échelle mondiale et du danger croissant
de fascisme et de guerre, le PCC(M-L) attire l'attention sur l'esprit
et la signification du Premier Mai. Ils résident dans la
maturité et la confiance de la classe ouvrière
internationale qui se déclare la seule classe pouvant mener la
société hors
de la crise de l'insécurité économique et de la
guerre, vers une alternative prosociale. Le Premier Mai exprime
à la fois la responsabilité internationale de la classe
ouvrière d'unir l'humanité contre la guerre et
l'exploitation et sa responsabilité nationale de résoudre
les problèmes de l'édification nationale moderne pour
investir le peuple du pouvoir
politique, et renouveler l'économie pour en faire une
économie qui suffit à ses besoins et qui est basée
sur la coopération des véritables créateurs du
produit social et dispensateurs des services et leur droit de
contrôler la direction de l'économie socialisée.
Les responsabilités internationales de la classe
ouvrière
Pour s'acquitter de ses devoirs internationaux, la
classe ouvrière doit établir des gouvernements
anti-guerre qui règlent les conflits internationaux sans
recourir à la force ou à la menace de guerre. En
pratique,
cela veut dire renverser la tendance à la militarisation de la
vie,
comme la militarisation de la terre et de l'espace par
l'impérialisme américain et la multiplication des bases
et des flottes militaires des pays rivaux au sein du système
impérialiste d'États. La classe ouvrière doit
stopper cette militarisation et ce recours à la force et
à la guerre dans le règlement des conflits. Le
bien-être et l'avenir de l'humanité et
de la Terre Mère dépendent de la capacité de la
classe ouvrière à se placer à la tête des
peuples et nations et à s'acquitter de ses
responsabilités sociales internationales.
Le devoir d'un gouvernement canadien anti-guerre est de
rapatrier immédiatement ses soldats de la guerre d'agression
sous commandement américain en Afghanistan, de sortir le Canada
de l'OTAN et du NORAD et de se défaire de tous ses liens
militaires avec l'impérialisme américain, de
réclamer le démantèlement de toutes les alliances
militaires agressives et le retrait des bases militaires et des flottes
des territoires souverains et des eaux territoriales des nations, et de
se joindre à l'humanité progressiste pour exiger que les
désaccords internationaux soient réglés sans le
recours à la force ou la menace du recours à la force. En
pratique, cela veut dire que les nations doivent défendre
le principe « Un pour tous et tous pour un »,
interdire l'exploitation internationale par les pays les plus puissants
comme une pratique inacceptable dans la vie moderne si l'on veut que
l'humanité vive et s'épanouisse dans la paix, et se
servir
de nos ressources collectives pour élever le niveau de vie de
tous les peuples et nations dans
l'esprit de la solidarité internationale du Premier Mai.
Les responsabilités nationales de la classe
ouvrière
Le Premier Mai amène l'attention de la classe
ouvrière sur son rôle central dans l'édification
nationale pour investir le peuple du pouvoir souverain et renouveler
l'économie sur la base de la coopération et de
l'autosuffisance. L'économie renouvelée doit servir les
véritables
créateurs du produit social et dispensateurs des services et
leurs communautés, régions, nations et
l'intérêt général de la
société.
Pour que l'édification nationale puisse avancer,
la classe ouvrière doit rejeter le droit de monopole,
l'exploitation et la concurrence comme base de l'économie et
répudier la notion dépassée que l'économie
doit servir les monopoles mondiaux et le privilège de classe des
riches.
La coopération et l'autosuffisance au niveau des
communautés, des régions et de la nation et la
solidarité sociale au niveau international doivent devenir la
norme, en opposition au droit de monopole et à l'exploitation,
la
concurrence et le privilège de classe des bâtisseurs
d'empires.
L'exploitation, la concurrence et le privilège de
classe des monopoles mondiaux soutenus par les États les plus
puissants sont la cause de la dislocation économique, de la
crise, de la pauvreté et du développement inégal,
et la source des nombreux conflits de nature commerciale et autres qui
peuvent rapidement dégénérer en guerres ouvertes.
Le
droit de monopole et l'impunité des bâtisseurs d'empire
foulent au pied les droits des peuples et des nations. Les travailleurs
sont la seule force sociale ayant le nombre et la conception du monde
moderne nécessaires pour mobiliser le peuple pour restreindre le
droit de monopole et placer le droit public à sa place, au
centre de l'édification nationale
et des relations internationales.
Les travailleurs doivent s'organiser en tant que classe
en elle-même, pour elle-même et par elle-même. Il
faut pour cela rejeter l'accablante influence idéologique et
politique des propriétaires du capital. Pour bâtir une
puissante Opposition ouvrière, la classe ouvrière doit
avoir sa propre pensée, sa perspective et son programme. En
établissant
une puissante Opposition ouvrière qui se démarque
clairement des propriétaires du capital, la classe
ouvrière peut mobiliser autour d'elle la vaste majorité
des travailleurs qui la composent, et trouver des alliés dans
les
couches moyennes et même parmi les gens d'affaires dont les
droits sont attaqués par les monopoles.
Le Premier Mai est le moment de réaffirmer le
leadership de la classe ouvrière dans les affaires politiques,
l'économie et la société, d'affirmer sa
détermination à défendre les droits de tous et de
transformer la volonté populaire de la classe ouvrière
moderne en une volonté juridique ayant une autorité
d'État.
Le PCC(M-L) lance l'appel à tous à
réfléchir à l'esprit et à la signification
du Premier Mai dans les endroits de travail, les syndicats, les
communautés et au niveau des régions et du pays. En ce
Premier Mai 2010, faisons ensemble un autre pas concret pour participer
au mouvement pour bâtir une Opposition ouvrière, à
la lutte à la défense des
droits de tous et pour une alternative prosociale.
Travailleurs et opprimés du
monde, unissez-vous !
Une nouvelle direction pour le Québec:
Arrêtez de payer les riches! Augmentez les
investissements dans les programmes sociaux!
- Déclaration du Parti
marxiste-léniniste du Québec, Premier Mai 2010 -
Le PMLQ salue les travailleurs et
travailleuses et leurs alliés au Québec, au Canada et
à travers le monde qui célèbrent aujourd'hui par
des actions le Premier Mai, Journée internationale des
travailleurs. C'est la célébration de la lutte et de la
résistance de la classe ouvrière contre les demandes de
concessions et les plans de destruction de nos
économies socialisées au service des monopoles, et c'est
l'occasion de mettre à l'honneur la lutte pour un projet moderne
d'édification nationale. C'est la célébration de
l'opposition aux plans de guerre des gouvernements au service des
ambitions de l'empire étasunien contre les peuples du monde, en
faveur d'un gouvernement anti-guerre. C'est la
célébration de la lutte du peuple à la
défense des droits de tous pour une société
humaine digne de tous les êtres humains.
Une grande bataille fait rage au Québec contre
l'offensive antisociale et l'agenda du gouvernement Charest soumis aux
plans des riches. Les travailleurs et leurs communautés sont en
action d'un bout à l'autre du Québec contre les attaques
du capital contre leur moyen de subsistance et contre le gouvernement
Charest, sa gouvernance et son
budget : à Montréal, Sept-Iles, Pointe-aux-Trembles,
Rouyn-Noranda, Boucherville, Lebel-sur-Quévillon, Sherbrooke,
sans parler des milliers de travailleurs du Front commun. Deux visions
s'affrontent : celle centrée sur le capital et l'autre
centrée sur l'être humain.
Pour tenter de sauver la situation, le conseil des
ministres du gouvernement Charest a tenu une réunion
extraordinaire la fin de semaine dernière. Le ministre des
Finances, Raymond Bachand, en est sorti en disant « la
population est sceptique sur le fait que 62 % des économies
viendront du gouvernement », alors que Jean
Charest a déclaré avec pompe : « On a
pris un contrat avec la population, je vais m'assurer de la mise en
oeuvre de notre partie du contrat. »
Dans les rêves les plus fous de Jean
Charest, la classe ouvrière et le peuple accepteraient la
logique libérale perverse que le problème n'est pas le
budget et l'agenda antisocial et antinational de son gouvernement, mais
plutôt quelques réajustements à faire pour que tout
le monde fasse réellement « leur part »,
les riches et les
bien nantis aussi bien que les autres. Ainsi, le gouvernement
montrerait sa bonne volonté et le problème serait
réglé...
La classe
ouvrière n'est pas dupe. Même si les pdg et les haut
placés faisaient des « sacrifices » et
acceptaient les baisses de bonus, qu'est-ce que ça
changerait ? La direction annexionniste de l'économie et
l'imposition du droit de monopole par la privatisation, les mises
à pied, les concessions et les fermetures, cela ne
changerait pas d'un iota. La politique de payer les riches au nom de la
création d'emplois ne changerait pas non plus, comme le montrent
deux récents exemples : les subventions accordées au
monopole américain du divertissement Warner Bros et les 150
compagnies exonérées de la tarification du patrimoine
hydroélectrique.
Le gouvernement Charest, avec ses années de
gouvernance par décrets et son récent budget antisocial,
couplés aux scandales de corruption et de malversations, a
amplement démontré la faillite du système de
démocratie représentative. Il refuse que la richesse
sociale créée par la classe ouvrière serve
à répondre aux justes revendications des
travailleurs du secteur public, qui réclament des conditions de
travail, des services de santé et d'éducation et des
programmes sociaux publics à la hauteur d'un Québec
moderne. Le besoin de renouveau qui place la classe ouvrière et
le peuple au coeur des prises de décisions est urgent.
Le projet d'édification nationale pour une
société moderne ne peut avancer qu'en détruisant
les vieux arrangements centrés sur le capital qui concentrent
toute la richesse de la société entre des mains
privées. La lutte de la classe ouvrière et du peuple du
Québec est une lutte pour une nouvelle direction pour le
Québec, pour un programme
prosocial qui arrête de payer les riches et augmente les
investissements dans les programmes sociaux.
Faisons un pas audacieux à la
défense des droits de tous et de notre ordre du jour !
Une attaque contre un est une attaque contre tous !
Intensifions la lutte contre le budget de Jean Charest et son programme
antisocial au services des monopoles !
Vive le Premier Mai, Journée internationale de lutte et
d'unité de la classe ouvrière !
Le rôle attribué à
Hydro-Québec par le gouvernement Charest
Pas du tout un projet de «bâtisseur»
- Correspondant de Québec -
La politique de développement économique
du gouvernement de Jean Charest fait une large place à
Hydro-Québec. Tant dans le Plan Nord que dans le
développement du secteur éolien et le budget du
Québec, Hydro-Québec occupe une place névralgique.
Dans le Plan Nord, le gouvernement Charest par le biais
de la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, parle
d'un investissement de 25 milliards $ et de la création de
100 000 emplois, pour le développement hydroélectrique.
Le gouvernement Charest veut qu'Hydro-Québec développe 3
000 mégawatts à partir de
2015.
Tout le développement du secteur éolien au
Québec repose sur l'achat par Hydro-Québec de
l'électricité produite par les parcs éoliens
dispersés à la grandeur de la province. Craignant de
manquer d'énergie au début des années 2000,
Hydro-Québec élabora le projet du Suroît. Devant
l'échec de l'usine au gaz naturel, Hydro-Québec se
résolut à
accepter que 4 000 mégawatts produits par des parcs
éoliens se greffent à son réseau. Ce qui
représentait à l'époque environ 10 % de sa
capacité totale.
Dans le budget du Québec et
particulièrement dans le premier budget du ministre Bachand,
Hydro-Québec, qui a engrangé 2,9 milliards $ en
2009, versera un dividende de 2,168 milliards $. À ce
montant s'ajoute une somme de 600 millions $ pour des redevances
sur l'eau. Ce qui fait une contribution totale d'Hydro-Québec
aux finances du Québec de 2,768 milliards $.
Depuis 2004, Hydro-Québec a obtenu des
augmentations de tarifs de 18 %. Si elle obtient tout ce que
prévoit son plan de développement actuel, les hausses
atteindront 24 % en 7 ans. Le prochain plan de
développement sera de 2011 à 2015. C'est dire le
rôle majeur que le gouvernement Charest accorde à cette
importante société
d'État.
La réalité rattrape Charest
Depuis les premières annonces du gouvernement
Charest concernant le Plan Nord, le développement du secteur
éolien et l'augmentation de la production hydroélectrique
pour fin d'exportation, des obstacles se sont dressés sur son
chemin.
Hydro-Québec prévoit des surplus
d'électricité au Québec jusqu'en 2020. Des projets
sont ou seront en voie de réalisation pour 4500 mégawatts
au cours des cinq prochaines années. Actuellement, le coût
moyen de production est de 2 cents le kilowatt/heure (kWh), produit par
les anciennes centrales.
Pour l'électricité produite par la
filière éolienne, un premier appel d'offres pour 1000
mégawatts (MW) fut remporté en 2005 par Cartier et
Northland Power au prix de 6,5 cents le kWh. Un deuxième appel
d'offres en 2008 pour 2000 MW fut remporté par huit (8)
fournisseurs, au prix de 8,7 cents le kWh. Comme Hydro-Québec
vendait à
l'époque son électricité sur le marché
américain à 9 cents le kWh en 2008, tout allait bien et
la société d'État faisait des profits : 3,1
milliards de profit en 2008, pour des dividendes de 2,252 milliards
versés au budget du Québec.
Comme l'argent rentrait dans le secteur éolien,
les prix de l'acier montèrent en flèche, ce qui fit
augmenter le prix des structures des éoliennes. La même
chose se produisit pour le prix des turbines et des autres composantes
des parcs d'éoliennes. Le gouvernement du Québec s'est
alors retrouvé dans la situation de devoir fournir 30
millions $ d'aide en garanties de prêts pour s'assurer que
soit complétée la construction des éoliennes du
premier appel d'offres, dont 629 MW sont en place.
La situation actuelle : des ventes à pertes
Aujourd'hui le prix de l'énergie éolienne
se situe au-dessus des 11 cents le kWh. Le gouvernement de l'Ontario
vient d'offrir entre 13 et 15 cents le kWh, alors que le prix de
l'électricité sur les marchés
nord-américains est d'environ 5,5 cents le kWh. Selon certains
spécialistes du
domaine des énergies, « nous nageons dans des surplus
d'électricité que l'on ne peut vendre. En fait, nous
avons même une centrale au gaz de 550 MW à
Bécancour qui ne produit pas, mais qui coûte annuellement
150 millions $ en indemnités compensatoires. »
Hydro-Québec en ce moment achète de
l'électricité qu'elle ne peut revendre. « Et
même si elle le pouvait, elle coûterait plus cher que ce
qu'on pourrait en obtenir. » Cette situation va s'aggraver
dans les prochains mois et les prochaines années.
Il reste encore 1000 MW d'électricité
éolienne à octroyer dont 500 MW font actuellement l'objet
d'un appel d'offres. L'appel d'offres en cours est
réservé aux organismes communautaires. Ce sont entre
autres des coopératives créées par un ou des
villages, des coopératives d'agriculteurs où sont
installées les éoliennes, des regroupements de
citoyens d'une MRC, les communautés autochtones, etc. Devrait-on
l'annuler étant donné la situation de surplus
d'énergie ?
Pour l'année 2010, les profits seront amoindris.
L'hiver a été plus clément que les
précédents. Plusieurs industries du secteur des
forêts, des mines, des pâtes et papiers consommant beaucoup
d'électricité ont fermé et sont toujours
fermées. La récession frappe encore durement les
États-Unis, un marché très important pour la vente
de
l'hydroélectricité. Le Soleil rapportait que le
temps doux de janvier 2010 a fait fondre les revenus de
Hydro-Québec de 57 millions $. Les mois de février
et mars ont eu la même influence sur les revenus. Il n'est pas
possible en ce moment de connaître les pertes occasionnées
pour Hydro-Québec.
Puisque la société d'État verse
75 % des bénéfices au gouvernement du Québec,
son unique actionnaire, les dividendes pour l'année 2010 seront
moindres que ceux de 2009. Pour les nouvelles centrales
hydroélectriques comme celle de La Romaine, le coût du kWh
sera de 10 cents. En 2009, Hydro-Québec a obtenu un prix moyen
de 6,8
cents le kWh exporté.
C'est
parce
que
le coût moyen de production est très bas avec
les anciennes centrales (2 cents le kWh) qu'Hydro-Québec peut
encore dire que les exportations sont rentables. Mais à 10 cents
le kWh, personne ne veut signer de contrat avec Hydro-Québec. La
société d'État ne peut actuellement obtenir un
juste prix pour son hydroélectricité. Les
Québécois vont payer les nouvelles centrales pour le
bénéfice du Vermont, de l'Ontario et de tous les autres
acheteurs. Car le marché américain ne paiera pas un prix
suffisant pour rentabiliser les milliards investis par
Hydro-Québec pour accroître la production
d'électricité destinée à l'exportation.
En 2009, Hydro-Québec a emprunté 4,2
milliards $, soit le double de 2008, et des emprunts de 3 à
4 milliards $ par année sont prévus pour les 5
prochaines années, dans un contexte de taux
d'intérêts à la hausse. Le Québec n'aura pas
besoin de cette énergie avant 10 ans, selon Jean-Thomas Bernard,
de l'Université Laval.
Que faire alors ? Retarder la mise en chantier des
centrales du Plan Nord et de la Basse Côte-Nord ! Abandonner
la production éolienne d'électricité !
Comme on peut le voir, tout l'intérêt du
gouvernement de Jean Charest pour Hydro-Québec consiste à
percevoir des dividendes au détriment des
Québécois. Tout son programme de développement
économique se fait sur le dos des travailleurs du Québec
pour le bénéfice des monopoles et des marchés
étrangers. Cela n'a rien à voir avec
« bâtir » le Québec ou assurer son
avenir.
Venezuela
Contrôle ouvrier pour
résoudre les problèmes d'énergie
- Federico Fuentes, Green Left Weekly, le
20 avril 2010 -
Suite aux assemblées tenues à
l'échelle nationale avec plus de 10 000 travailleurs de
l'électricité pour discuter collectivement des solutions
aux problèmes du secteur, 600 délégués se
sont réunis à Caracas les 8 et 9 avril.
Les délégués ont
présenté au président
vénézuélien Hugo Chavez leurs propositions
concernant la restructuration de l'industrie.
Le secteur de l'électricité est en crise,
la demande d'énergie dépassant l'offre et les pannes
d'électricité qui en résultent.
Chavez et divers ministres du gouvernement ont
écouté les travailleurs faire lecture de leurs
propositions développées au cours de la réunion de
deux jours.
Le président (de la FETREALEC) Angel Navas a
déclaré : « Nous espérons qu'avec
le gouvernement révolutionnaire qui appuie la lutte des
travailleurs, nous pouvons attaquer le modèle capitaliste qui
est en crise. »
Navas a souligné que les véritables
protagonistes de la lutte révolutionnaire au Venezuela ont
été les travailleurs eux-mêmes.
Propositions des travailleurs
Des représentants des 12 tables rondes de
travailleurs ont lu les propositions, notamment, l'introduction du
contrôle ouvrier et la participation à la gestion, des
mesures pour éradiquer la corruption et le bureaucratisme,
l'élimination de la précarisation des travailleurs en les
transférant vers des emplois
permanents, la fourniture de l'éducation idéologique et
technique, et la fusion des différentes sociétés
d'électricité existantes en une seule
société d'État afin de faciliter la
création d'une société d'électricité
réellement socialiste.
Chavez a déclaré : « La
révolution de l'électricité a
commencé ! »
Le président a exhorté les travailleurs
à faire avancer leurs propositions dans le cadre de la
transformation du secteur de l'électricité.
« Nous ne pouvons pas changer les choses dans
le secteur de l'électricité sans que les travailleurs
jouent un rôle de premier plan, sans leur passion, leur amour
pour ce qu'ils font, leur douleur, leur fureur et leurs connaissances.
« Nous construisons une patrie socialiste,
avec la démocratie des travailleurs. »
Il a indiqué que seul sous le socialisme,
« avec la participation des communautés et les
travailleurs, pourrons-nous définitivement et
profondément résoudre tous les
problèmes ».
Afin d'« accélérer la
transition vers le socialisme » et la fusion des compagnies
d'électricité existantes, Chavez a déclaré
que les travailleurs dans chaque entreprise doivent élire un
comité de gestion et s'intégrer au conseil
d'administration existant, avec une voix délibérative.
En 2007, dans le cadre d'un processus de
« renationalisation » des entreprises
privatisées, six compagnies d'électricité
privées ont été placées sous le
contrôle de l'État. Un décret en 2007 a
été adopté pour fusionner les
sociétés renationalisées avec la
société d'État existante pour fonder la
Société d'électricité du Venezuela
(CORPOELEC).
Ce décret établit le mois de juillet de
cette année comme date butoir. Cependant, peu de progrès
ont été accomplis, les gestionnaires de chaque
société ayant continué de fonctionner
séparément, dans de nombreux cas pour défendre
leurs privilèges.
Un exemple en est le refus de la direction de signer une
convention collective unifiée avec les travailleurs du secteur
de l'électricité pour uniformiser la
rémunération et les conditions de travail. De toute
évidence, percevant cela comme une étape vers la fusion
des sociétés existantes, les gestionnaires ont
résisté pendant 18 mois, avant d'être
forcés à signer à cause de la lutte des
travailleurs.
Chavez a dit que les travailleurs devraient élire
directement des représentants à la tête de la
direction de l'électricité, qui comprend des
représentants du cabinet, de la gestion et des Forces
armées, de sorte que d'ici un mois les premières
décisions pourraient être prises en vue de créer
une société d'électricité socialiste.
Il a demandé aux travailleurs de résoudre
immédiatement le problème du travail des précaires
en précisant combien de travailleurs sont occasionnels afin de
commencer à éradiquer ce fléau.
L'atmosphère est devenue électrisante
quand les travailleurs se sont mis à scander :
« Ça, ça, c'est la façon de
gouverner ! »
Sabotage
Faisant écho aux déclarations des
travailleurs, Chavez a averti que des éléments
contre-révolutionnaires demeurent dans le secteur, y compris
dans les postes clés.
Rappelant comment le socialisme a échoué
en Union Soviétique parce que le pouvoir n'était pas
entre les mains des travailleurs, il a appelé les travailleurs
à se préparer à de grandes batailles à
mesure que le processus de transformation du secteur progresse.
« Certaines personnes m'ont dit ce
n'était pas le temps de faire ces changements, mais je crois que
c'est le bon moment. Bien sûr, les secteurs internes
opposés à la transformation vont multiplier les actes de
sabotage, mais s'ils le font, je vais prendre les décisions
nécessaires.
« Il y a des saboteurs qui occupent des
postes de direction et nous savons qui ils sont. Cela ne signifie pas
que nous mènerons une chasse aux sorcières, mais nous
allons effectuer des changements en faveur de la classe
ouvrière. »
Chavez a parlé d'événements
« étranges » dans le secteur, tels que les
trois incendies récents dans l'importante centrale de
l'État de Carabobo.
Le gouvernement a également annoncé le 6
avril que huit espions colombiens ont été
arrêtés pour avoir secrètement photographié
et amassé de l'information sur le réseau
d'électricité du Venezuela.
Faisant le parallèle entre la situation actuelle
et le sabotage par les gestionnaires privilégiés de la
société pétrolière nationale, PDVSA,
à la fin de 2002, Chavez a déclaré :
« C'est la même bourgeoisie responsable de la
grève pétrolière à la PDVSA qui promeut
le sabotage dans le secteur de l'électricité. »
À l'époque, la direction corrompue de la
PDVSA et du secteur de l'électricité, les deux
alignés avec l'opposition de droite, a mené un lock-out
de deux mois visant à étrangler l'économie du
Venezuela et à renverser le gouvernement de Chavez.
La résistance des travailleurs, des forces
armées et de la majorité pauvre a fait échec au
lock-out et la PDVSA a été placée sous
contrôle gouvernemental.
Après la défaite du lock-out dans le
secteur de l'électricité, les travailleurs ont
initié un processus de contrôle des travailleurs.
Cependant, cette poussée a été annulée par
les bureaucrates dans les entreprises d'électricité, qui
se sont battus pour défendre leurs privilèges et leurs
marchandages corrompus.
« Tout comme la PDVSA débordait de
valeurs capitalistes, c'est la même situation aujourd'hui parmi
les compagnies d'électricité », a
déclaré Chavez.
« J'ai parlé avec la Garde nationale,
afin que l'armée puisse soutenir les travailleurs, car nous ne
pouvons pas laisser persister ce sabotage. »
Chavez a rappelé la nécessité
d'organiser des milices ouvrières dans le secteur de
l'électricité.
Une caractéristique importante de ce nouvel
élan pour le contrôle ouvrier, c'est que, contrairement
à des expériences antérieures, le processus peut
compter sur un mouvement ouvrier uni et organisé dirigé
par quelques-uns des syndicalistes du Venezuela les plus politiquement
conscients, pour lutter contre les forces
contre-révolutionnaires.
La FETREALEC a longtemps fait campagne pour la
participation des travailleurs comme solution aux problèmes dans
le secteur de l'électricité. La direction a
été élue une première fois en 1998, pour
son rôle dirigeant dans la lutte contre la privatisation.
Au cours de la lutte anti-privatisation, ces
syndicalistes ont soulevé la nécessité du
contrôle ouvrier.
En 2001, la FETREALEC a signé une convention
collective avec la CADAFE, l'une des principales composantes de
CORPOELEC, qui comportait une clause sur le droit des travailleurs de
participer de la gestion de l'industrie.
Après avoir vaincu le lock-out patronal à
la fin de 2002, les travailleurs ont commencé à mettre
sur pied des comités dans toute l'industrie pour mettre en
oeuvre leur convention collective. Toutefois, ils se sont
heurtés à une résistance féroce de la part
des chefs d'entreprise et de sections du gouvernement.
En 2005, les expériences de participation des
travailleurs, appelées « cogestion », ont
pris fin à l'exception de la branche Merida de la CADAFE.
Là, les travailleurs avaient élu leur propre
représentant, Raul Arocha, en tant que gestionnaire local.
Chavez a récemment nommé Arocha
président de la CADAFE.
La FETREALEC a continué à de faire valoir
ses revendications et a obtenu une importante victoire contre la
bureaucratie au début de cette année avec la signature
d'une nouvelle convention collective.
Le contrat comportait de nouveau une clause sur la
participation des travailleurs (et des communautés) à la
gestion de l'industrie.
À la fin de l'année dernière, les
travailleurs dans différents domaines, tels que les centrales
principales, avaient déjà commencé le processus
d'élimination des bureaucrates corrompus et la mise en oeuvre du
contrôle ouvrier.
Le plan Socialista Guayana
Le même jour que Chavez s'est adressé aux
travailleurs de l'électricité, le nouveau ministre de
l'Industrie de base et des Mines, José Khan, a rencontré
les représentants syndicaux des secteurs de l'acier, de
l'aluminium, du minerai de fer et des sociétés
minières de l'État industriel de Bolivar.
Khan a écouté les travailleurs parler de
l'impact sur la production du rationnement de l'énergie,
causé par des problèmes dans le secteur de
l'électricité, ainsi que d'autres problèmes
causés par la crise économique mondiale.
La Société
vénézuélienne de Guayana, qui comprend environ 80
000 travailleurs dans différents sociétés
d'État de l'acier, de l'aluminium, du minerai de fer et de
compagnies minières, a également été
l'objet d'un processus de transformation.
En mars 2009, un événement semblable au
rassemblement des travailleurs de l'électricité a
été organisé avec 400 représentants de
toutes les usines de Guayana.
En réponse aux revendications des travailleurs,
Chavez a annoncé la nationalisation d'un certain nombre de
sociétés et appelé les travailleurs à
participer à la conception d'un plan de restructuration du
complexe industriel sous contrôle ouvrier.
Des milliers de travailleurs se sont organisés en
tables rondes dans la plupart des usines pour discuter et
élaborer un plan Socialista Guayana pour 2009-2019, qui a
été approuvé par Chavez en juillet.
Le plan soulève la nécessité d'un
contrôle des travailleurs - non pas seulement la production
directe, mais de décider ce qui est produit et pour qui.
Reconnaissant que le processus n'a pas progressé
aussi rapidement que voulu, Khan a déclaré :
« Les tables rondes des travailleurs dans Guayana ont
déjà cerné plusieurs problèmes ainsi que
les solutions et les ressources nécessaires. »
Il a dit qu'il y a maintenant le contrôle des
travailleurs sur l'investissement et la commercialisation dans
certaines entreprises, mais les travailleurs exigent que le processus
de contrôle ouvrier sur la production aille de l'avant.
« La seule chose qui manque maintenant, c'est
de savoir qui sera responsable de ces entreprises. »
Khan a cité l'exemple de la FETREALEC et a
appelé les travailleurs à mettre de côté
leurs différends. Il a dit que « le mouvement
syndical Guayana a besoin de maturité politique, il est
nécessaire de comprendre que la priorité est
l'unité afin de sauver les entreprises ».
« La seule façon de sauver ces
industries de base est avec la participation des
travailleurs », a déclaré Khan. Il a dit qu'il
est vital « que ces industries de base soient
dirigées par les travailleurs eux-mêmes », que
les travailleurs élisent les gestionnaires.
Il a également déclaré que son
ministère enquêtait sur la création de deux
nouveaux vice-ministères de la commercialisation et de la
production. Le vice-ministère de la commercialisation ,
« qui doit être dirigé par une personne
compétente qui connaît la région »,
permettra d'assurer une plus grande transparence et que les prix
selon les différentes sociétés soient fixés
également.
Jose Melendez, secrétaire aux finances du
Syndicat des travailleurs de l'aciérie Sidor, a
déclaré que la nomination de Khan en tant que ministre
est « une grande occasion » pour relancer le Plan
Socialista Guayana.
Melendez a déclaré :
« Nous, les travailleurs, avons de nouveau mis nos bottes
afin de relancer les tables rondes, qui sont essentielles et
importantes pour le développement du pays. »
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