Le Marxiste-Léniniste

Numéro 32 - 17 février 2010

Les monopoles contre et le peuple et ses régions

La résolution de la contradiction entre le général
et le particulier dans l'économie ouvrira la voie
à un Canada populaire

Les monopoles contre et le peuple et ses régions
La résolution de la contradiction entre le général et le particulier dans l'économie ouvrira la voie à un Canada populaire

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Une nouvelle forme de changement de régime, made in USA - Eva Golinger, Postcards from the Revolution

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Les monopoles contre et le peuple et ses régions

La résolution de la contradiction entre le général
et le particulier dans l'économie ouvrira la voie
à un Canada populaire

Les monopoles mondiaux sont devenus si immenses qu'une contradiction s'est créée entre leurs opérations en tant qu'entité globale d'une part et, d'autre part, les besoins particuliers d'entreprises spécifiques, les populations des régions et les économies locale et nationale. Cela veut dire qu'une entreprise spécifique peut constituer un avantage net pour une région donnée et sa population, et se voir quand même détruite ou réduite en taille parce qu'elle ne cadre pas avec les plans généraux d'un monopole donné. C'est le cas notamment de l'usine métallurgique de Kidd Creek à Timmins, en Ontario, que le monopole international Xstrata veut fermer, ou de la papeterie Eurocan à Kitimat en Colombie-Britannique que West Fraser Timber a fermée sous prétexte qu'elle « n'est pas assez profitable », des installations de nickel d'Inco contrôlées par Vale que le monopole veut réorganiser selon les besoins de ses opérations mondiales, des attaques de US Steel contre Stelco, d'AbitibiBowater dans le secteur forestier, d'Olymel, de Kraft, de Nestlé et d'autres du secteur de l'alimentation et la liste pourrait s'allonger indéfiniment.

Le contrôle monopoliste de l'économie crée une contradiction entre le général et le particulier. L'aspect général est contrôlé par l'objectif de monopole qui est de faire le plus de profits possible dans le moins de temps possible afin de bâtir un empire mondial en concurrence avec d'autres monopoles. Chaque entreprise spécifique doit servir l'aspect général et son objectif de monopole. L'aspect général est en conflit avec l'aspect particulier et le force à se soumettre quelles que soient les conséquences.

Les monopoles, guidés par leur objectif, demandent des concessions aux travailleurs, à leurs régions ainsi qu'à leurs gouvernements, causant des frictions, de l'insécurité et des épreuves. Les opérations mondiales des monopoles sont en conflit avec le besoin des sociétés de bâtir une économie qui subvienne à leurs besoins et de financer les programmes sociaux ainsi que les services et l'infrastructure publics. L'État contrôlé par les monopoles les plus puissants refuse de prélever l'essentiel de ses taxes chez les entreprises et les prélève plutôt auprès des individus, ce qui réduit leurs réclamations à la valeur ajoutée qu'ils produisent et aux services qu'ils dispensent, et réduit en retour la consommation et intensifie les crises périodiques.

L'objectif de monopole pousse l'aspect général à utiliser le produit social créé par l'aspect particulier pour des investissements risqués dans l'espoir de recevoir un rendement très élevé. Cette pratique prive souvent l'entreprise particulière du réinvestissement dont elle a besoin, ce qui conduit à l'effondrement et au développement inégal dans les régions et les pays et à la perte de leur base économique et de leurs revenus, causant de l'insécurité et des crises.

L'objectif centré sur le capital est totalement désuet

Beaucoup de Canadiens qui s'émerveillent des changements réalisés au Canada depuis la Deuxième Guerre mondiale soutiennent que c'est grâce à l'objectif centré sur le capital que la base industrielle du Canada a été édifiée et que l'économie est passée de la petite production à la production de masse. Selon eux, ce qui a fonctionné dans le passé devrait pouvoir fonctionner aujourd'hui. On pourrait rétorquer, en plus de clarifier que ce sont les travailleurs qui ont construit tout cela, que cet objectif a peut-être réussi à bâtir une entreprise en particulier dans le passé mais qu'il est trop étroit aujourd'hui alors que nous avons affaire à des monopoles internationaux. Des entreprises données comme Stelco, Inco, Falconbridge et Eurocan, qui en soi sont profitables et viables, sont aujourd'hui une petite partie de conglomérats mondiaux. On exige des composantes individuelles qu'elles soient profitables selon l'objectif général. Peu importe à quel point une entreprise particulière est viable en soi ou pourrait l'être par des investissements dans sa capacité productive, l'aspect particulier peut très bien être sacrifié à l'aspect général, qui est guidé par son objectif et son rêve de monopole de conquérir le monde en détruisant ses compétiteurs. Aujourd'hui, avec l'objectif centré sur le capital, l'édification de la nation s'est transformée en son contraire, en destruction nationale qui, dans un pays comme le Canada, se manifeste par la destruction de la base manufacturière.

Prises séparément, des entreprises comme Falconbridge et son site métallurgique de Kidd Creek, Eurocan, Inco, Stelco et plusieurs autres sont profitables ou, pour être plus précis, viables pour leurs régions et l'économie socialisée. Le problème est qu'elles sont coincées dans une opération mondiale qui considère chaque aspect particulier uniquement du point de vue étroit de ce qui est nécessaire à l'aspect général et à sa soif insatiable pour le profit le plus élevé, dans le moins de temps possible, afin d'éliminer les concurrents et de bâtir un empire mondial.

Les travailleurs du secteur manufacturier doivent comprendre que la Chine, l'Inde et d'autres pays en voie de développement ne sont pas le problème même si les monopoles et leurs alliés voudraient bien nous les faire haïr. Le passage de la Chine, de l'Inde et, il faut l'espérer, de l'Afrique toute entière, de la petite production à la grande production industrielle, est un grand progrès pour toute l'humanité. Leur existence et leur développement ne sont pas un problème pour nous ; le problème est le contrôle de notre économie par les monopoles internationaux qui nous empêchent de bâtir notre propre économie indépendante qui subvient à ses besoins sur la base du succès des nombreuses entreprises particulières qui forment la base économique du Canada. L'édification nationale ici et maintenant débute par la restriction du droit de monopole et la lutte pour garantir le succès des entreprises particulières du Canada sur la base d'un nouvel objectif centré sur l'être humain.

L'objectif moderne de l'aspect particulier

Il faut donner à l'entreprise particulière un objectif centré sur l'être humain si l'on veut renforcer l'économie socialisée afin d'assurer le bien-être des travailleurs, de leurs régions et de la nation. L'objectif moderne de l'entreprise particulière est en conflit avec l'objectif désuet des monopoles. L'objectif des monopoles est trop étroitement concentré sur le rendement sur l'investissement, sans égard aux conséquences pour les environnements naturels et sociaux. Leurs tentacules à l'échelle mondiale, leur influence et leur pouvoir sur la direction de secteurs entiers et d'entreprises innombrables et leur obsession pour le plus haut rendement ont fait des monopoles des forces de plus en plus destructrices.

L'aspect général et son droit de monopole bloquent l'objectif centré sur l'être humain de l'aspect particulier, soit celui de servir une économie socialisée qui subvienne à ses besoins et élève le bien-être de la population. S'il veut survivre, l'aspect particulier doit combattre et restreindre l'aspect général. L'aspect particulier a besoin pour fleurir de la mobilisation politique de masse et de la participation consciente des travailleurs aux affaires politiques pour que le pouvoir des institutions politiques du pays assure un combat à armes égales contre l'aspect général, les monopoles internationaux.


Ceux qui sous-estiment le pouvoir de la politique et refusent d'y participer activement, sauf peut-être pour voter pour le moindre mal, devraient réfléchir à l'histoire de l'offensive antisociale des vingt dernières années. Ils gagneraient à examiner à quel point les gouvernements ont facilité le droit de monopole au détriment du droit public et l'annexion du Canada dans l'empire américain. Les monopoles ont exigé que les lois changent afin de miner les entreprises particulières comme on l'a vu avec les accords de libre-échange, le Partenariat pour la sécurité et la prospérité, l'élimination de l'Agence d'examen de l'investissement étranger et son remplacement par la Loi sur Investissement Canada. L'offensive antisociale, surtout depuis l'époque du premier ministre Mulroney à Ottawa et du premier ministre Rae en Ontario, nous montre que nous devons participer à la politique pour exercer nos droits souverains, défendre les droits de tous et restreindre le droit de monopole.

Il n'y a pas en ce moment dans les institutions politiques du Canada de politiciens ouvriers qui soutiennent l'objectif moderne de l'entreprise particulière. Il n'y a pas encore d'opposition officielle ouvrière à l'intérieur ou à l'extérieur de nos institutions politiques. Cette absence a permis aux monopoles, à leurs politiciens et à leur ligne néolibérale de faire la pluie et le beau temps et de définir l'objectif de l'économie socialisée selon leur propre objectif étroit, qui est de faire le plus de profits dans le moins de temps possible afin de bâtir leurs empires au détriment de l'objectif moderne de l'entreprise particulière. Il n'y a pas en ce moment de politiciens ouvriers au parlement fédéral, à l'Assemblée nationale ou dans les parlements provinciaux qui prennent position pour l'entreprise particulière contre l'entité globale. Il n'y a pas de politiciens ouvriers en position d'autorité qui demandent que les monopoles soient restreints afin de permettre aux entreprises, aux économies et aux régions particulières du Canada de vivre et de se développer. Il faut s'attaquer au problème du manque de politiciens ouvriers et d'une opposition ouvrière officielle à l'intérieur ou à l'extérieur des institutions politiques.

Il n'y a pas si longtemps, le Canada possédait des entreprises publiques nationales dans plusieurs secteurs qui servaient l'économie et les besoins particuliers du Canada. Les Canadiens avaient leur compagnie aérienne (Air Canada), leurs compagnies de chemins de fer (Canadien National, BC Rail), leur producteur et distributeur de pétrole et de gaz (Pétro-Canada et d'autres), leur compagnie de développement de l'uranium et même plusieurs entreprises publiques de la sidérurgie. Ces entreprises ont toutes été privatisées en faveur du droit de monopole, en faveur des demandes générales des monopoles au détriment des besoins particuliers. Les quelques entreprises publiques qui subsistent, comme les producteurs et distributeurs d'hydroélectricité, sont publiques de nom seulement parce qu'elles se sont soumises aux réclamations des détenteurs de la dette et se consument dans des paiements sans fin d'intérêts à l'oligarchie financière, tout comme c'est le cas des gouvernements à tous niveaux et leur soi-disant dette publique.

La mainmise néolibérale sur la pensée politique et les médias de masse est telle que le concept de nationalisation comme instrument d'édification nationale a été banni. On l'a remplacé par des expressions comme « des monopoles trop gros pour tomber », ce qui conduit à des sauvetages à même les deniers publics pour sauver leurs empires privés, et des concepts obséquieux tels que « des concessions nécessaires pour que notre monopole soit compétitif sur les marchés mondiaux ». La nationalisation comme concept progressiste au service du bien public et de l'édification nationale a été tournée en son contraire et il faut la rescaper et la redéfinir. Elle est devenue un concept pour payer les riches afin de servir l'objectif général des monopoles contre le peuple, les régions, les entreprises et projets particuliers et contre un objectif moderne. Aux États-Unis, avec les sauvetages des grandes institutions financières sous le Programme de secours des avoirs en difficulté du président Obama, ce concept a été appelé par dérision « la nationalisation des pertes et la privatisation des profits ».

Le concept d'une entité particulière servant les besoins généraux des monopoles mondiaux a atteint des proportions absurdes où des communautés entières sont sacrifiées, des maisons sont saisies et des millions de gens perdent leur emploi, où le trésor public est pillé et où des guerres agressives de rapine sont organisées pour sauver les monopoles et leur système échoué.

La situation est si grave qu'un changement de propriétaires, comme on en a vu à Stelco, Inco et Xstrata, se fait à coups de milliards de dollars, qui changent de mains à l'intérieur d'un petit groupe d'oligarques financiers, et tout ce qui revient en propre aux familles, c'est le fardeau d'une dette énorme. L'entité particulière est forcée de servir les propriétaires mondiaux du capital et de la dette, peu importe qui et où ils sont.

Les politiciens ouvriers doivent contribuer à la naissance du nouveau

Les politiciens ouvriers doivent remettre des concepts progressistes dans le lexique politique et surtout dans nos institutions politiques. Il n'y a rien de mal bien au contraire à nationaliser les profits pour le bien public. Il n'y a rien de mal non plus à nationaliser les installations particulières de production du Canada pour renforcer l'économie socialisée afin qu'elle subvienne à ses besoins et soit immunisée contre le cycle d'affaires, et afin qu'elle serve le bien-être des travailleurs, de leurs régions et de la nation. Il n'y a rien de mal bien au contraire à établir des entreprises financières publiques et coopératives qui ne fonctionnent pas sur la base du profit afin de servir les besoins en services bancaires, en prêts, en investissements et en assurances des gens et de leurs entreprises.

Il n'y a rien de bon par contre à rester hors de la mêlée et à se plaindre de la politique, des politiciens corrompus et des abus des monopoles tout en refusant de s'unir avec les travailleurs et les couches intermédiaires pour faire élire les politiciens ouvriers. Il faut s'organiser en opposition ouvrière officielle qui tient tête au droit de monopole et appuie l'entité particulière contre l'assaut général des monopoles.

Les travailleurs et leurs alliés doivent s'activer et participer consciemment en tant que politiciens ouvriers et organiser l'opposition ouvrière officielle. C'est en participant consciemment à la politique que les travailleurs vont apprendre comment faire toutes ces choses qui sont nécessaires à l'édification d'une nation moderne prospère. Ils vont apprendre comment résoudre cette contradiction entre leurs besoins particuliers de même qu'entre ceux de leurs régions et des entreprises et l'objectif général des opérations des monopoles. Les Canadiens tiennent à ce qu'ils ont bâti et à ce qu'ils sont capables de bâtir. En s'unissant et en luttant pour résoudre la contradiction entre le général et le particulier, telle qu'elle se manifeste en ce moment, ils vont créer par leurs propres efforts conscients le nouveau contenu et les nouvelles formes économiques et politiques qui défendent l'intérêt qu'ils ont dans ce qu'ils ont bâti, et ils vont créer un nouveau contenu général en harmonie avec le particulier. Ils vont donner naissance à un Canada populaire.

Luttons pour les droits de l'entité particulière à Kidd Creek, Inco, Stelco, Eurocan et partout ailleurs !

Unis tous ensemble dans une opposition ouvrière, nous pouvons restreindre le droit de monopole et construire un avenir brillant dans un Canada populaire !

Élisons des politiciens ouvriers au parlement fédéral, à l'Assemblée nationale et aux parlements provinciaux !

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Une nouvelle forme de changement
de régime, made in USA

En 1983 est née la stratégie de renverser des gouvernements qui dérangent qu'on appelle pourtant « promotion de la démocratie ».

Grâce à la création d'une série de « fondations » quasi-privées, telles l'Institut Albert Einstein (AEI), la National Endowment for Democracy (NED), l'International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute (NDI), Freedom House et plus tard, International Center on Nonviolent Conflict (ICNC), Washington a commencé à acheminer le financement et l'aide stratégique aux partis politiques et groupes à l'étranger qui favorisaient l'ordre du jour des États-Unis dans des pays aux gouvernements insubordonnés.

Derrière ces « fondations » et « instituts » se trouve l'agence des États-Unis pour le développement international (USAID), la branche financière du Département d'État. Aujourd'hui, USAID est devenu une partie essentielle de l'axe de la sécurité, du renseignement et de la défense à Washington. En 2009, l'Interagency Counterinsurgency Initiative (l'initiative inter-agences contre-insurrectionnelle) est devenue la doctrine officielle aux États-Unis. Maintenant, dans le cadre des opérations anti-insurrectionnelles, USAID est le principal organisme défendant les intérêts économiques et stratégiques des États-Unis dans le monde. Ses départements dévoués aux initiatives de transition, de reconstruction, de gestion des conflits, de développement économique, de gouvernance et la démocratie sont les principaux récipiendaires des millions de dollars acheminés de Washington vers des partis politiques, ONG, organisations étudiantes et mouvements qui promouvoient les intérêts des États-Unis dans le monde entier. Partout où un coup d'État, une révolution colorée ou un changement de régime favorable aux intérêts américains se produit, USAID et l'afflux de dollars sont là.

Comment fonctionne une révolution colorée ?

La recette est toujours la même. Sous le couvert d'un nouveau visage, des mouvements étudiants et de jeunes ouvrent la voie et incitent d'autres à se joindre comme si c'était la mode, le truc « cool » à faire. Il y a toujours un logo, une couleur, une stratégie de marketing. En Serbie, le mouvement Otpor, qui a conduit au renversement de Slobodan Milosevic, est descendu dans la rue avec des t-shirts, des affiches et des drapeaux vantant un poing en noir et blanc, symbole de leur résistance. En Ukraine, le logo est resté le même, mais la couleur a changé pour l'orange. En Géorgie, c'était un poing rose, et au Venezuela, au lieu du poing fermé, ce sont des mains ouvertes, en noir et blanc, pour ajouter un peu de variété.

Les révolutions colorées se produisent toujours dans une nation avec des ressources naturelles stratégiques : gaz naturel, pétrole, bases militaires et intérêts géopolitiques. Et elles ont aussi toujours lieu dans des pays avec des penchants socialistes, des gouvernements anti-impérialistes. Les mouvements encouragés par les agences américaines basées dans ces pays sont généralement anti-communistes, anti-socialistes, pro-capitalistes et pro-impérialistes.

Les manifestations et actions de déstabilisation sont toujours prévues autour de campagne et de processus électoraux, pour attiser les tensions et les questions de fraude potentielle, ainsi que pour discréditer les élections dans le cas d'une défaite de l'opposition, ce qui est généralement le cas. Les mêmes agences sont toujours présentes pour financer, former et conseiller : USAID, NED, IRI, NDI, Freedom House, AEI et ICNC. Les deux dernières se targuent de la formation d'experts et l'habilitation de mouvements de jeunes pour encourager le changement « non violent ».

La stratégie vise à affaiblir et désorganiser les piliers du pouvoir d'État en neutralisant les forces de sécurité et en créant une sensation de chaos et d'instabilité. Le colonel Robert Helvey, un des fondateurs de cette stratégie et un directeur à l'AEI, a expliqué que l'objectif n'est pas de détruire les forces armées et la police, mais plutôt de les « convertir » – les convaincre de quitter le gouvernement actuel et à « leur faire comprendre qu'il y a une place pour eux dans le futur gouvernement ». Les jeunes sont utilisés pour tester et affaiblir les forces de sécurité et de rendre plus difficile pour elles de s'engager dans la répression lors des manifestations publiques. Srdja Popovic, fondateur du mouvement Otpor, a révélé que Helvey leur enseignait « ... comment sélectionner des personnes dans le système, comme des policiers, et leur envoyer le message que nous sommes tous victimes, eux et nous, car ce n'est pas le métier d'un agent de police d'arrêter, par exemple, un manifestant âgé de 13 ans .... »

C'est une stratégie bien planifiée dirigée vers les forces de sécurité, les fonctionnaires et le public en général, avec une composante de guerre psychologique et une présence dans la rue qui donnent l'impression d'une nation à la veille d'une insurrection populaire.

Le Venezuela

En 2003, l'AEI a atterrie au Venezuela. Le colonel Helvey a lui-même donné des cours intensifs de 9 jours à l'opposition sur la façon de « rétablir la démocratie » dans le pays. Selon le rapport annuel de l'AEI, les partis politiques de l'opposition, des ONG, des militants et des syndicats ont participé à l'atelier sur l'apprentissage des techniques sur la façon de « renverser un dictateur ». Ce fut l'année après l'échec du coup d'État - dirigé par ces mêmes groupes - contre le président Chavez. Ce qui est arrivé juste après l'intervention de l'AEI a été une année de violence de rues, de tentatives de déstabilisation constante et un référendum pour révoquer Chavez. L'opposition a perdu à 40 % contre 60 %, mais a crié à la fraude. Ses revendications sont demeurées lettres mortes. Des centaines d'observateurs internationaux, dont le Centre Carter et l'OEA, ont certifié la transparence, la légitimité et la rectitude du processus.

En mars 2005, l'opposition vénézuélienne et AEI ont à nouveau uni leurs forces, mais cette fois les vieux partis politiques et les dirigeants ont été remplacés par un groupe restreint d'étudiants et de jeunes Vénézuéliens. Deux anciens dirigeants de OTPOR venus de Belgrade, Slobodan Dinovic et Ivan Marovic, sont venus former des étudiants du Venezuela sur la façon de construire un mouvement visant à renverser leur président. Simultanément, le financement de l'USAID et NED à des groupes au Venezuela est monté en flèche pour atteindre environ 9 millions $US. Freedom House est venu pour la première fois s'installer au Venezuela en travaillant main dans la main avec l'USAID et la NED pour aider à consolider l'opposition et la préparer aux élections présidentielles de 2006. L'ICNC, dirigé par l'ancien président de Freedom House, Peter Ackerman, a également commencé à former le mouvement d'opposition de jeunes, offrant des cours intensifs et séminaires en techniques de changement de régime.

Cette année-là, les étudiants nouvellement formés ont lancé leur mouvement. L'objectif était d'entraver le processus électoral et de créer un scénario de fraude, mais ils ont échoué. Chavez a gagné les élections avec 64 % des voix, une victoire écrasante. En 2007, le mouvement a été relancé en réaction à la décision du gouvernement de ne pas renouveler le permis de radiodiffusion d'une station de télévision privée, RCTV, une voix de l'opposition. Les étudiants sont descendus dans les rues avec leur sigle à la main et avec l'aide des grands médias ont attiré l'attention internationale.

En octobre 2007, plusieurs ont été sélectionnés par les agences américaines et envoyés pour être de nouveau formés à Belgrade. Le leader étudiant Yon Goicochea a reçu 500 000 $US du centre de réflexion basé à Washington, le Cato Institute, pour créer un centre de formation pour les jeunes de l'opposition au Venezuela.

Aujourd'hui, ces mêmes étudiants sont les visages des partis politiques d'opposition, ce qui témoigne non seulement de leur lien évident avec la politique du passé, mais aussi de la duperie de leur propre mouvement. Les révolutions de couleur en Géorgie et en Ukraine sont en train de pâlir. Les citoyens de ces nations ne sont pas attirés par ceux qui ont pris le pouvoir grâce à un mouvement apparemment « autonomiste » et ont commencé à voir qu'ils ont été bernés.

Les révolutions de couleur ne sont rien de plus que le rouge, blanc et bleu des agences américaines, afin de trouver des façons nouvelles et novatrices de tenter d'imposer l'ordre du jour de l'Empire.

(Traduit de l'anglais par Le Marxiste-Léniniste)

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