Le Marxiste-Léniniste

Numéro 210 - 1er décembre 2009

Modification unilatérale de la convention collective par le CN
et loi de retour au travail

Non à la criminalisation des travailleurs du CN!
Une attaque contre un est une attaque contre tous!


Des ingénieurs de locomotive du CN en grève à Prince George, Colombie-Britannique, le 28 novembre 2009
(Photo: Opinion250.com)

Modification unilatérale de la convention collective par le CN
et loi de retour au travail
Non à la criminalisation des travailleurs du CN! Une attaque contre un est une attaque contre tous!
Les conditions de travail au CN sont intimement liées à la sécurité de la population
Les ingénieurs de locomotive forcés de déclencher la grève au CN - Conférence ferroviaire de Teamsters Canada

À bas le jugement de la Cour suprême défendant le «droit» de Wal-Mart d'attaquer les travailleurs canadiens et leurs collectifs!
Information sur la lutte des travailleurs de Wal-Mart
Victoire des Métallos à Black Lake

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Modification unilatérale de la convention collective par le CN
et loi de retour au travail

Non à la criminalisation des travailleurs du CN!
Une attaque contre un est une attaque contre tous!

Samedi à minuit, les 1 700 ingénieurs de locomotive du CN regroupés dans le syndicat des Teamsters Canada ont déclenché la grève en réponse à la décision de l'employeur d'apporter unilatéralement des modifications aux conditions de travail. Le Marxiste-Léniniste dénonce cette attaque contre les ingénieurs de locomotive. Le CN cherche à briser le syndicat en tant qu'organisation par laquelle se fait la négociation collective et en tant qu'organisation de défense des droits des travailleurs. Cette provocation n'a pas laissé de choix aux travailleurs et ils ont déclenché la grève à la défense de leurs droits. Puis d'autre part, au lieu de défendre l'état de droit et d'adopter une loi qui force le CN à respecter les règles établies, lundi le gouvernement fédéral a déposé une loi de retour au travail contre les ingénieurs de locomotive.

Il faut dénoncer l'irresponsabilité sociale criminelle du gouvernement Harper dans cette affaire. Non seulement se range-t-il du côté du monopole, contre les travailleurs, sans même s'enquérir des conséquences des modifications aux conditions de travail, mais il veut entériner « droit » du CN de faire ce qu'il fait. Le gouvernement Harper contribue ainsi au tort que font ces modifications à la sécurité du transport ferroviaire au Canada. Les députés libéraux et néo-démocrates devraient y penser à deux fois avant de trouver ou d'accepter des justifications pour voter du côté du gouvernement dans cette affaire. On voudra blâmer les travailleurs pour les conséquences de la détérioration des conditions de travail et les Canadiens seront forcés d'accepter les déraillements et autres accidents que provoquera inévitablement une détérioration des conditions de travail déjà aux limites du danger.

Le deuxième aspect inquiétant de cette affaire, du point de vue des travailleurs partout au Canada, est cette tendance des monopoles et des agences gouvernementales d'instituer des modifications unilatéralement et de criminaliser ceux qui ne font que demander le respect d'un processus bien établi de négociation collective. L'employeur use de tactiques de « choc », puis les gouvernements et les tribunaux se portent à la défense de leur « droit » de le faire. Les travailleurs se demandent avec raison d'où viendra le prochain coup, parce que cela n'augure rien de bon. Les monopoles et les gouvernements proposent que nous acceptions une condition de quasi esclavage au nom du plus grand bien commun. Les travailleurs ne l'accepteront pas. Alors députés conservateurs, libéraux, néodémocrates et bloquistes, occupez-vous plutôt à trouver une solution. Votez contre la loi de retour au travail !

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Les conditions de travail au CN sont intimement
liées à la sécurité de la population

Les travailleurs du CN combattent la détérioration de leurs conditions de travail depuis des années et font valoir que la sécurité de la population en dépend. Ils ont la responsabilité de transporter d'immenses cargaisons d'un bout à l'autre du pays, contenant souvent des produits dangereux, passant par des régions résidentielles et par des systèmes écologiques à équilibre fragile. En dépit de efforts des travailleurs pour obtenir de meilleures conditions de sécurité pour eux et pour la population, il y a de plus en plus de déraillements, renversements et autres accidents qui se produisent. Et voilà que le CN ferme les yeux sur tout cela et exige que les ingénieurs de locomotive fassent plus de millage et acceptent une hausse salariale inférieure à ce qu'ils demandent. Avec l'aide du gouvernement fédéral il mène une campagne de désinformation et de criminalisation des employés par des « mesures disciplinaires », le refus de négocier, la modification unilatérale des conditions de travail et une loi de retour au travail.

Le CN n'a qu'à déclarer que les revendications des travailleurs sont excessives, que la négociation est devenue impossible et que cela lui donne le « droit » d'imposer ses quatre volontés. Le gouvernement Harper acquiesce. En déclarant que la grève « menace la relance de l'économie » il aide le CN à atteindre son objectif. C'est inacceptable.

Tous les travailleurs doivent s'élever contre cette inquiétante tendance antisyndicale, antiouvrière et antisociale qui consiste à provoquer pour justifier le déploiement de la machine d'État contre les travailleurs et instituer des lois qui enchâssent le droit de monopole. Il y a moins d'un mois, l'association des employeurs des enseignements du collégial en Ontario a aussi tenté de modifier unilatéralement les conditions de travail des enseignants à temps plein et on a vu la même chose se produire au Québec et en Colombie-Britannique à plusieurs reprises. Cela montre qu'il y a un effort concerté des monopoles et des gouvernements pour établir une nouvelle norme.

Tous les travailleurs et tous les Canadiens doivent défendre les ingénieurs de locomotive du CN. Ils doivent mettre la force du nombre à contribution et relever le défi que représente cette offensive contre la classe ouvrière.

Non à la criminalisation des travailleurs et de leurs luttes !
Une attaque contre un est une attaque contre tous !
Tous pour un et un pour tous !

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Les ingénieurs de locomotive forcés
de déclencher la grève au CN

Tard hier, la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC) a signifié un avis de grève à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN). Les membres débrayeront à compter de 00 h 01 (heure locale) le samedi 28 novembre 2009.

La CFTC a décidé de signifier l'avis de grève au CN après que ce dernier a informé le syndicat de son intention de modifier unilatéralement les conditions de travail de quelque 1700 ingénieurs de locomotive.

En effet, le CN a indiqué à la CFTC qu'il compte lier l'augmentation de salaire de 1,5 % consentie aux ingénieurs de locomotive à l'obligation de travailler 500 milles de plus par mois par rapport à l'actuelle convention collective. En conséquence, certains ingénieurs de locomotive seraient forcés de travailler sept jours par semaine, sans aucun temps de repos, tandis que des chefs de train, des agents de train et des agents de triage seraient mis à pied.

Les parties bénéficiaient de l'aide de médiateurs fédéraux depuis le mois d'août, dans l'espoir de renouveler la convention collective, échue depuis le 31 décembre 2008. Cependant, les négociations stagnaient depuis que le CN a refusé de poursuivre les pourparlers au cours de la dernière séance de négociation. Par l'entremise des médiateurs, la CFTC avait proposé au CN de retirer ou suspendre son avis de grève à la condition que le CN retire ou suspende son avis de modifier la convention collective et retourne à la table pour négocier.

"Après nous avoir informés de sa décision de modifier unilatéralement les modalités de la convention collective pour, dans les faits, décréter un lock-out contre nos membres, nous n'avions d'autre choix que signifier un avis de grève au CN, s'indigne Daniel J. Shewchuk, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC), qui représente les ingénieurs de locomotive, les chefs de train, les agents de train et les agents de triage à l'emploi du CN. Cela nous paraît évident que le CN ne souhaite pas négocier une solution et compte plutôt sur l'intervention du gouvernement fédéral pour régler les points en litige."

"La compagnie a laissé entendre que ces modifications ne constituent que la pointe de l'iceberg... Pour notre part, nous refusons de laisser le soin au CN de modifier unilatéralement notre convention collective, car nos membres méritent beaucoup mieux que cela", conclut M. Shewchuk.

Aussi, la CFTC prépare le dépôt d'une plainte pour négociation de mauvaise foi contre le CN, puisque la situation continue de se détériorer.

La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada représente 12 000 travailleurs ferroviaires à l'emploi de grandes sociétés ferroviaires et de tronçons ferroviaires secondaires d'un bout à l'autre du Canada. Ils sont affiliés aux 125 000 membres de Teamsters Canada et aux 1,4 million de membres représentés par la Fraternité internationale des Teamsters en Amérique du Nord.

Renseignements : Daniel J. Shewchuk, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, (780) 720-9008, www.teamstersrail.ca

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À bas le jugement de la Cour suprême défendant
le «droit» de Wal-Mart d'attaquer les travailleurs
canadiens et leurs collectifs!

Le monopole notoirement antiouvrier Wal-Mart a fermé son magasin à Jonquière et congédié les 190 employés qui s'étaient regroupés en un syndicat affilié aux Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce en 2005. Cette attaque contre le droit public des travailleurs de se regrouper en un collectif pour défendre leurs droits avait été contestée devant les tribunaux mais vendredi dernier la Cour suprême a jugé en faveur de Wal-Mart. Dans un jugement de 6 contre 3, la Cour suprême reconnaît à Wal-Mart le droit monopoliste de fermer des magasins et de licencier ses employés dans le but exprès de contrer un mouvement de syndicalisation en bonne et due forme.

Ce jugement provoque beaucoup d'indignation au Canada. La Cour suprême, le système judiciaire qu'elle représente et la Commission des relations de travail du Québec ont encore une fois montré leur vraie nature antiouvrière et antinationale en légalisant ainsi le droit de monopole d'attaquer les travailleurs et de leur interdire de défendre leurs droits collectivement.

Depuis que cette grande société américaine s'est établie au Canada, l'État canadien a fait tout en son pouvoir pour lui faciliter les choses. Wal-Mart est un géant de la vente de détail et de gros, surtout de produits fabriqués à l'extérieur du Canada. L'État canadien lui a permis d'importer tout ce qu'il voulait et d'où il voulait, sans égard aux conséquences au Canada et à l'étranger. C'est de cette façon que Wal-Mart est parvenu à établir une influence majeure sur la politique étrangère du Canada et qu'il exerce un contrôle sur les règles du commerce et l'économie socialisée. L'État canadien lui laisse grandes ouvertes les portes du marché canadien et la seule opposition est celle des organisateurs locaux qui s'objectent à la présence de Wal-Mart dans leurs communautés et aux ravages qu'il amène dans l'économie locale. L'État canadien fait tout en son pouvoir pour garantir que Wal-Mart ait accès à une main-d'oeuvre à bon marché et dépourvue de droits. Il agit à toute fin pratique comme une dictature du capital monopoliste dans les conditions de l'annexion par l'impérialisme américain. Le jugement de la Cour suprême contre les travailleurs licenciés de Wal-Mart confirme cette réalité.

La présence du monopole Wal-Mart au Canada représente le contrôle de la direction de l'économie canadienne et l'annexion du pays à l'impérialisme américain. Elle représente le contrôle sur ce que les Canadiens achètent et où ces produits sont fabriqués et sur les termes du commerce avec les pays étrangers. Elle représente le contrôle d'une bonne partie des secteurs de la vente de détail et de gros, de la distribution au Canada et des prix. Il représente un contrôle qui s'exerce sur le niveau de vie des travailleurs de la vente de détail et de gros, les obligeant à accepter des salaires, des avantages sociaux, des pensions et des conditions de travail inférieurs à la norme canadienne. Le contrôle que ce monopole exerce sur la direction de l'économie canadienne se fait au détriment du droit du public de contrôler son économie et de décider de sa direction et de son caractère. Le jugement de la Cour suprême favorable à Wal-Mart a pour effet de consolider la dictature capitaliste monopoliste d'État sur les Canadiens, leur économie et leurs affaires politiques.

Le renouveau démocratique

Le jugement antiouvrier de Wal-Mart rappelle aux Canadiens que leur lutte pour défendre les droits de tous doit être basée sur leurs propres efforts, sur la supériorité de leur force numérique, leur solidarité sociale et sur la mobilisation politique maximum sous leur direction en tant que politiciens ouvriers. Il faut opposer à Wal-Mart et compagnie et à leur État antisocial et antiouvrier un mouvement conscient d'opposition aux attaques contre les droits des travailleurs et les droits des Canadiens de contrôler la direction de leur économie. Les travailleurs et leurs alliés au pays doivent obliger Wal-Mart et l'État à reconnaître immédiatement le droit des travailleurs de Wal-Mart de s'organiser en collectifs qui défendent leurs conditions de travail et de vie, sans qu'ils ne soient criminalisés et sans que leurs moyens de subsistance ne soient constamment mis en danger.

C'est un affront à la conscience moderne que Wal-Mart continue de traîner la dignité des travailleurs et la souveraineté canadienne dans la boue, avec le plein appui de l'État capitaliste monopoliste. On doit changer cela en bâtissant un mouvement d'opposition avec un impact réel qui défende les droits de tous, développe et organise la mise en oeuvre d'une alternative prosociale par la mobilisation politique maximum pour le renouveau démocratique sous la direction des politiciens ouvriers.

Le droit public doit restreindre le droit de monopole !

Dénonçons le jugement injuste de la Cour suprême qui défend le droit de monopole de Wal-Mart d'attaquer les travailleurs canadiens et leurs droits collectifs !

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Information sur la lutte des travailleurs de Wal-Mart

En septembre 2004, la section locale 503 des TUAC a été accréditée comme représentant des employés de Wal-Mart de Jonquière. Le 9 février 2005, suite à la suspension des négociations d'une première convention collective, le ministre du Travail du Québec a référé le dossier à l'arbitrage. Le même jour, Wal-Mart annonçait qu'il fermait le magasin. Celui-ci a été fermé le 29 avril 2005 et 190 employés ont été congédiés.

Le 21 janvier 2009, la Cour suprême du Canada a entendu la plaidoirie à l'effet que la fermeture du magasin par Wal-Mart violait le droit de liberté d'association des travailleurs de former un syndicat tel que reconnu par la Charte des droits et libertés.

Lors d'une audience précédente devant la Commission québécoise des relations du travail, Wal-Mart a nié avoir fermé le magasin de Jonquière pour activités syndicales. La Cour suprême a entendu la même défense de la part de Wal-Mart, à savoir qu'une entreprise a le droit de fermer un magasin pour une cause « juste et suffisante ».

« L'enjeu n'est pas de savoir si Wal-Mart a le droit ou non de fermer un magasin », a dit Wayne Hanley, le président national des TUAC. « La question, c'est que Wal-Mart nie les droits de 200 travailleurs canadiens qui sont reconnus par la Charte. En tant que Canadiens, qu'est-ce qui est le plus important pour nous ? Le droit d'une multinationale de faire des affaires ou les droits humains des travailleurs canadiens et de leurs familles ici même au pays ? »

En août 2004, ce magasin du Saguenay a été le premier magasin de Wal-Mart à se syndiquer, mais cela n'a pas duré longtemps pour les 190 employés. Le jour même où l'affaire a été envoyée en arbitrage, le monopole américain a dit qu'il fermait le magasin pour des raisons financières.

Les travailleurs ont dit que le géant du détail a éliminé leurs emplois après qu'ils aient exercé leur droit de s'organiser tel que reconnu par le Québec et la Charte et ils ont demandé à être repris. Wal-Mart a gagné devant deux cours de niveau inférieur du Québec qui ont décidé qu'on ne peut pas maintenir un magasin ouvert contre son gré. Les travailleurs congédiés du magasin de Jonquière ont fait valoir que Wal-Mart violait les lois québécoises du travail et leurs droits constitutionnels en fermant son magasin pendant les négociations pour une première convention collective en 2005.

Les avocats des anciens commis Gaétan Plourde et Joanne Desbiens ont plaidé devant la Cour suprême, en janvier dernier, que Wal-Mart avait non seulement violé les lois du travail du Québec mais aussi leur garantie de liberté d'association qui est reconnue par la Charte canadienne des droits. Le Congrès du travail du Canada est intervenu à la défense des travailleurs contre « le droit sans limite de fermer des opérations » lorsque des travailleurs sont en train de former un syndicat parce que cela « intimiderait, empêcherait ou découragerait des employés d'autres endroits d'exercer leur liberté de former un syndicat et de négocier collectivement ».

La Chambre de commerce du Canada et les Manufacturiers et exportateurs du Canada (MEC) sont intervenus en faveur de Wal-Mart et ont demandé à la cour de « défendre la flexibilité des entreprises ».

En avril 2005, Wal-Mart a congédié tous les travailleurs et fermé le magasin de Jonquière après que le gouvernement du Québec ait demandé l'arbitrage pour une première convention collective entre l'employeur et la section 503 des TUAC. La Cour suprême du Canada vient donc de réaffirmer le droit de monopole de Wal-Mart, le plus grand commerçant de détail au monde, de fermer le magasin de Jonquière après que les employés se soient regroupés en organisation de défense. Le 27 novembre, la Cour suprême du Canada a rejeté l'appel déposé il y a longtemps par les travailleurs de Wal-Mart qui avaient été à l'origine du syndicat, avant que cette entreprise géante ne ferme les portes du magasin. La Cour a statué que le monopole était dans son droit en fermant le magasin de Jonquière sept mois après que le magasin se soit syndiqué.

La plus haute cour du Canada a statué dans un vote de 6 contre 3 en faveur du droit de monopole de Wal-Mart de fermer le magasin de Jonquière de façon permanente pour écraser la lutte des travailleurs pour s'organiser en un collectif. Le juge Ian Binnie a écrit, au nom des six juges de la majorité, qu'il n'existe aucune loi au Québec obligeant un employeur à demeurer en affaires même s'il ferme pour des raisons qui sont « socialement répréhensibles ». Binnie a dit que les travailleurs de Wal-Mart n'étaient pas capables d'invoquer quelque article spécifique du Code du travail du Québec qu'ils utilisaient pour contester la fermeture. Il a dit que les employés affirmaient que Wal-Mart était impliqué dans « une stratégie globale d'obstruction, d'intimidation et d'antisyndicalisme ». Il a dit que c'est aux employés de faire la preuve que Wal-Mart était impliqué dans des pratiques déloyales de travail en utilisant d'autres articles du Code du travail et que c'était à eux de chercher réparation, ajoutant que les travailleurs ne peuvent pas demander d'être repris « dans une place de travail qui n'existe plus ».

La majorité de la haute cour a soutenu le jugement initial de la Commission québécoise des relations du travail que la fermeture « était complète et véritable et dans la lignée d'une longue liste de cas (depuis 1981) et constituait donc une 'cause juste et suffisante' pour justifier les congédiements ».

La juge en chef Beverley McLachlin, de même que les juges Marie Deschamps, Morris Fish, Louise Charron et Marshall Rothstein, sont d'accord avec Binnie.

Les juges Louis Lebel, Thomas Cromwell et Rosalie Abella ont soumis un rapport dissident mais ils l'ont fait d'une façon contournée qui suggère que c'est seulement la législation du travail du Québec qui est antiouvrière.

Abella dit, là où une décision d'affaires est « entachée d'antisyndicalisme » d'autres conseils provinciaux de relation de travail ont constaté « une violation des droits du travail ». Au Québec, dit-elle, les employés devraient avoir été en mesure de se prévaloir de la présomption, qui place le fardeau de la preuve sur l'employeur de démontrer une « cause juste et suffisante » de congédiement dans le cas où un employé est congédié après s'être engagé dans des activités syndicales légales. Abella écrit : « La fermeture n'est pas seulement punitive pour les employés qui tentent de se syndiquer, elle envoie aussi un message général que la syndicalisation est une entreprise qui comporte le risque de la perte d'emplois pour tous les employés de ce lieu de travail ». Les trois juges dissidents ont déclaré que le jugement de la majorité des juges était trop technique et que les tribunaux doivent être prêts à reconnaître « une attitude antisyndicale » dans les cas qui impliquent une fermeture. « Suggérer autre chose signifie une dérogation marquée et arbitraire par rapport aux fondements philosophiques, aux objectifs et à la portée générale du Code du travail », a déclaré Abella. [Citations de la cour traduites de l'anglais par LML]

Les juges dissidents ne mentionnent pas le cas à Windsor en Ontario, en 1996, où les travailleurs de Walmart ont réussi à faire accréditer un syndicat local en vertu du Code du travail de l'Ontario. À l'époque, le Parti conservateur provincial au pouvoir, celui de Mike Harris, a modifié le code du travail de manière à rendre l'organisation des travailleurs et l'accréditation syndicale plus difficiles et à criminaliser rétroactivement le syndicat local de Walmart à Windsor.

Depuis 2005, après la fermeture du magasin de Jonquière, d'autres employés de Wal-Mart au Canada ont obtenu une accréditation syndicale, mais un seul autre magasin - celui des mécaniciens de l'automobile, au magasin Wal-Mart, à Gatineau, au Québec - a pu conclure une convention collective imposée par un arbitre. Mais, là encore en toute impunité, Walmart a imposé son droit de monopole et fermé le magasin en octobre 2008, invoquant les hausses salariales pour justifier le licenciement des travailleurs.

Steven Barrett, un avocat de Toronto spécialisé dans les relations de travail, dit que la décision a été « une victoire limitée, technique et à court terme pour Wal-Mart et un résultat décevant pour les travailleurs du Québec ».

M. Barrett affirme que si la Cour a déclaré que la fermeture d'une entreprise pour contrecarrer les activités syndicales équivaut à une pratique de travail déloyale, la majorité a déclaré que les travailleurs avaient utilisé les mauvaises dispositions du code du travail pour préparer leur offensive.

On trouve les jugements dans la cause Walmart sur le site de la Cour suprême du Canada : http ://scc.lexum.umontreal.ca/en/index.html :

- Desbiens c. Wal-Mart Canada Corp, 2009 CSC 55 (27 novembre 2009)

- Plourde c. Wal-Mart Canada Corp, 2009 CSC 54 (27 novembre 2009)

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Victoire des Métallos à Black Lake

Le Syndicat des Métallos a eu gain de cause en Cour supérieure dans un litige avec la compagnie Lab Chrysotile de Black Lake. Le tribunal a confirmé récemment la décision arbitrale ordonnant le versement d'un demi-million en paie de vacances à 236 travailleurs.

Le litige remonte à l'automne 2004, lorsque la compagnie Lab Chrysotile a annoncé la fermeture de l'usine pour une période indéterminée. L'employeur a alors versé des paies de vacances selon une méthode de calcul différente de celle prévue dans la convention collective. Des 444 travailleurs ainsi licenciés, 236 ont signé un grief contestant la somme versée. Ils ont eu gain de cause en arbitrage et la Cour supérieure vient de confirmer cette décision.

Lab Chrysotile devra verser au cours des prochains jours une somme de 524 991 $, incluant 100 000 $ en intérêt. Les prestations d'assurance-emploi touchées par les travailleurs devront cependant être déduites.

« C'est une excellente nouvelle. C'est un baume pour les travailleurs qui ont par la suite dû accepter une réduction de salaire de 25 % lorsqu'ils ont été rappelés au travail. On est fier d'avoir gagné cette cause pour les gars qui ont attendu cinq ans avant de voir la couleur de leur argent », a déclaré le président de la section locale 7649, Jean Larose.

Dans la décision, la Cour supérieure reconnaît que les paies de vacances auraient dû être versées en entier plutôt qu'en se basant sur un pourcentage des heures travaillées. Notons cependant que seuls les travailleurs ayant signé le grief auront droit au versement, puisque le tribunal a refusé de considérer la cause comme un recours collectif. « Cela nous rappelle l'importance de se battre pour faire respecter ses droits », conclut le permanent syndical Gordon Ringuette.

(RueFrontenac.com)

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