« Pour
la classe ouvrière canadienne et ses alliés, il n'y a pas
de débat sur le prolongement de la mission. Le Canada doit
immédiatement retirer ses soldats de l'Afghanistan et sortir de
l'OTAN. Cette alliance militaire agressive que les États-Unis,
avec l'aide du Canada, cherchent à restructurer pour en faire
une instance décisionnelle
internationale au service de leurs intérêts, doit
être démantelée. Pour la classe ouvrière du
Canada, le point de départ sur cette question est le principe de
l'égalité de toutes les nations, grandes et petites, et
de la non-ingérence dans les affaires intérieures des
autres. Cela comprend le non-recours à la force dans le
règlement des conflits entre pays et
nations. Des millions d'hommes et de femmes ont donné leur vie
pour ces principes dans les deux guerres mondiales et de nombreuses
luttes de libération nationale. Ces principes ont
été enchâssés dans la Charte de l'ONU, mais
aujourd'hui ils sont foulés au pied par le Canada, les
États-Unis et leurs alliés. Il y a un prix à payer
pour ceux qui
abandonnent ces principes. »
Maintenant, plus d'un an plus tard, avec la pression que
les États-Unis exercent sur leurs alliés de l'OTAN pour
qu'ils accroissent leur participation, de récents propos du
premier ministre, Stephen Harper, et de son ministre de la
Défense, Peter MacKay, semblent indiquer clairement que la
mission sera prolongée d'une façon ou d'une autre.
Selon une dépêche de la Presse canadienne :
« Le
Canada considère la possibilité de maintenir des soldats
en Afghanistan au-delà de 2011, même si le gouvernement
affirme que les opérations 'de combat' cesseront à
compter de cette date.
« Le ministre de la Défense, Peter
MacKay, a fait savoir que le gouvernement envisageait plusieurs options
pour 'continuer à aider la population afghane' après
2011, notamment en maintenant l'équipe provinciale de
restructuration à Kandahar.
« Le premier ministre Stephen Harper a tenu
des propos semblables lors d'une conférence de presse avec le
président Obama à Washington le 16 septembre. »
« Le Canada ne va pas quitter
l'Afghanistan », a-t-il dit, ajoutant que la mission sera
moins militaire et plus « orientée vers le
développement humanitaire civil ».
Et pendant ce temps le gouvernement
Harper s'efforce de cacher son refus de respecter les conventions
humanitaires les plus élémentaires, dont les conventions
sur la torture
et sur le traitement des détenus sous la responsabilité
de l'armée
canadienne.
Le PCC(M-L) s'oppose à toute tentative de
prolonger la mission quel
que soit le prétexte. Les Canadiens ont déjà
rejeté la manoeuvre qui
consiste à appeler l'occupation militaire
« développement humanitaire
civil ». Qu'elle soit civile ou militaire, cela demeure une
occupation.
Nous devons accroître les efforts pour que le
gouvernement ramène les troupes maintenant !
et travailler à l'établissement d'un gouvernement
anti-guerre, pour que
le Canada soit une force pour la paix au service des peuples du monde.
Cela comprend le retrait du Canada de l'OTAN et le
démantèlement de
cette alliance
militaire agressive.
Canada, hors d'Afghanistan !
Ramenez les
soldats et cessez l'occupation maintenant !
Canada, hors de l'OTAN !
L'OTAN doit être démantelée !
L'évaluation de McChrystal:
Plus de soldats, plus de guerre
- Alliance canadienne pour la paix -
Le plus haut gradé de l'armée
étatsunienne en Afghanistan, le général Stanley
McChrystal, donne une évaluation assez pessimiste de la guerre
en Afghanistan dans un document stratégique dont le Washington
Post a obtenu une copie. Le document contient peu de nouvelles
informations sur la guerre, mais il est quand même
significatif. Provenant d'un des plus hauts gradés de
l'armée, le document du général McChystal est un
appel explicite aux États-Unis et à leurs partenaires de
l'OTAN à envoyer plus de soldats en Afghanistan.
L'essentiel de son argument est que les choses vont mal
pour l'occident mais qu'il est encore possible de redresser la
situation — avec un autre « essor » du
déploiement. On prévoit que le général va
demander entre 10 000 et 45 000 soldats de plus.
La plupart des observateurs savent depuis des
années que la guerre est une cause perdue, que la
résistance à l'occupation grandit en Afghanistan et que
la corruption généralisée dans le gouvernement
afghan laisse très peu d'espoir d'avenir pour la majorité
des Afghans. Nous avons aussi qu'avec chaque nouveau déploiement
des troupes la
violence s'accroît en Afghanistan. En fait, c'est la
présence de soldats étrangers qui continue de donner un
nouveau souffle au Taliban.
L'OTAN est maintenant dans un mode de
« limitation des dégâts ». Les
récentes élections présidentielles en Afghanistan
ont été un échec total et elles amènent
beaucoup de supporters en Occident à s'interroger sur le but de
la mission. Dans tous les pays membres de l'OTAN sauf les
États-Unis, il y a maintenant une claire
majorité de l'opinion publique qui est contre l'occupation. Le
document de McChrystal est une tentative de dernier recours de
reconquérir l'appui du public à la guerre.
Mais le général n'apporte rien de nouveau.
Il ne fait que ressasser les vieux arguments à propos de
« maintenir le cap » et propose l'emploi de
nouvelles tactiques pour « gagner le coeur et
l'esprit » des Afghans.
Son argument principal est que l'OTAN doit maintenir une
présence dans les régions qu'elle a conquises pour
« connecter avec les gens » et empêcher la
résistance de reprendre le territoire une fois que les forces de
l'OTAN auront quitté. Les médias canadiens laissent
entendre que le document de McChrystal prouve l'efficacité de
la prétendue stratégie du « village
modèle » des forces canadiennes à Deh-e-Bagh.
Mais il s'agit essentiellement d'un appel à
élargir et à approfondir l'occupation.
L'évaluation de l'armée américaine
rate la cible encore une fois. Une nouvelle approche tactique de va pas
gagner le coeur et l'esprit des Afghans tant que cela renforce le
contrôle d'un gouvernement corrompu dominé par des
trafiquants de drogue et des clans guerriers. Les Afghans ne veulent
pas que leur pays soit occupé par des troupes
étrangères. Le fait qu'un seul « village
modèle » ait été créé en
huit ans de guerre et d'occupation rend prématurés les
cris de victoire à ce sujet.
Les deuxième argument principal est que l'OTAN
doit former plus de policiers et de soldats afghans mais sans proposer
une nouvelle façon de surmonter les obstacles qui ont rendu
cette formation impossible jusqu'à présent. La police et
l'armée afghanes ont été incapables de conserver
les recrues. Une fois formées, les recrues sont envoyées
dans des postes éloignés où elles deviennent une
cible facile pour la résistance. C'est ce qui fait que plus de
60 % des recrues développent une dépendance à
l'héroïne.
Les désertions sont courantes dans l'armée
afghane. Dans un pays où 40 % des hommes sont sans travail,
l'armée offre une occasion d'emploi à court terme. Mais
après la formation de base, la plupart des soldats
désertent et se joignent à la résistance.
Le gouvernement canadien n'a toujours pas annoncé
de plan pour élargir sa mission, comme le demande McChrystal
dans son document. Mais nous savons que le premier ministre Stephen
Harper est en faveur du maintien de l'occupation. Le ministre de la
Défense Peter McKay a déjà laissé entendre
que le Canada pourrait jouer un nouveau
rôle après 2011 qui comprendrait la formation des soldats
et des policiers afghans. Mais pour cela, il faudrait un engagement
militaire important.
Au Canada, les spéculations à propos d'une
élection fédérale ont détourné
l'attention de la guerre. Les libéraux et conservateurs sont
autant à blâmer pour le prolongement de la guerre
au-delà de 2011. Il n'est donc pas surprenant que ni l'un ni
l'autre de ces partis ne tient à faire de la guerre en
Afghanistan un enjeu électoral. C'est à nous du
mouvement pour la paix de bâtir cette opposition et de maintenir
le sujet de la guerre au centre d'attention pour le public et pour les
politiciens.
Joignez-vous à nous le 7 octobre, huitième
anniversaire du début de la guerre, en organisant des actions
dans votre communauté pour ramener les soldats maintenant !
Fox News parle de 45 000 soldats américains de
plus tandis que selon ABC News il s'agirait de 40 000. Le 15 septembre
le Christian Science Monitor écrivait que ce pourrait
être jusqu'à 45 000.
La similitude des estimés permet de croire qu'un
nombre a été fixé et que les obéissants
médias s'affairent à préparer l'opinion publique
aux États-Unis pour ce qui pourrait être le plus grand
déploiement d'armées étrangères de
l'histoire de l'Afghanistan. Il y a à peine sept ans, les
États-Unis avaient 5 000 soldats dans ce pays mais le nombre
devait atteindre 68 000 en décembre prochain, sans compter les
récentes divulgations.
L'ajout de 45 000 soldats porterait à 113 000 le
nombre total de soldats américains en Afghanistan. C'est en plus
des 35 000 soldats d'une cinquantaine d'autres pays participant
à la Force internationale d'assistance à la
sécurité (FIAS) de l'OTAN, ce qui porte à 148 000
le nombre de soldats sous le commandement de McChrystal si les
dernières rumeurs se matérialisent.
Quand l'Union soviétique retirait ses troupes de
l'Afghanistan il y a vingt ans, le New York Times
écrivait : « Au plus fort de l'engagement
soviétique, selon des estimés des services de
renseignement occidentaux, 115 000 soldats étaient
déployés. »[1]
Près de 150 000 soldats américains et de
l'OTAN en Afghanistan constitueraient la plus grande présence
militaire étrangère de l'histoire de ce pays.
Au lieu de prendre note de ce fait historique, les
médias américains se confondent en insinuations et en
« informations privilégiées » sur
les sources de la fuite de renseignement, parce que, pour l'entreprise
commerciale de l'actualité, les intrigues qui se trament entre
les politiciens, les généraux et les médias
américains ont plus
d'importance que la plus longue et la plus grande guerre du monde
d'aujourd'hui.
Une guerre que le chef des forces armées
britanniques et d'autres représentants occidentaux
prévoient durer des décennies encore et qui s'est
déjà étendue au Pakistan, un pays avec une
population presque six fois celle de l'Afghanistan et qui
possède des armes nucléaires.
Il y a deux semaines, les médias hollandais
rapportaient que durant une visite aux Pays-Bas « le
général Stanley McChrystal [a dit] qu'il songeait
à la possibilité de fusionner [...] l'opération
Enduring Freedom et la FIAS de l'OTAN ».[2] Ainsi, les deux
commandements dont il a la charge, soit l'ensemble des forces
américaines et
celles de l'OTAN, se fusionneraient en un seul.
La demande de 45 000 autres soldats américains a
été préfigurée à la mi-septembre par
le chef des états-majors de l'armée américaine
Michael Mullen. L'Associated Press affirmait alors que « le
plus haut gradé de l'armée américaine dit que
gagner la victoire en Afghanistan voudra sans doute dire envoyer plus
de soldats ».[3]
Quatre jours plus tard, le 19 septembre, Reuters
rapportait que « le commandant des forces des
États-Unis et de l'OTAN en Afghanistan a préparé
la requête détaillée et depuis longtemps attendue
demandant des troupes additionnelles mais ne l'a pas encore
envoyée à Washington, selon un porte-parole du Pentagone.
Celui-ci affirme que
le général Stanley McChrystal a complété
cette semaine un document dans lequel il établit
précisément combien de soldats des États-Unis et
de l'OTAN, de membres de la force de sécurité afghane et
de civils il aura besoin. »[4]
Le porte-parole en question, le lieutenant-colonel Tadd
Sholtis, a dit : « Nous travaillons avec Washington
ainsi qu'avec les autres participants de l'OTAN sur la meilleure
façon de la soumettre [la requête] », refusant
de donner plus de détails.[5]
Deux jours plus tard, le Washington Post
publiait une version « éditée » de
66 pages de l'évaluation initiale du général
McChrystal qui commençait avec cette information de base :
« Le 26 juin 2009, le secrétaire
à la Défense des États-Unis a demandé au
chef du Commandement central des États-Unis de donner une
évaluation multidisciplinaire de la situation en Afghanistan. Le
2 juillet 2009, le commandant de la Force internationale d'assistance
à la sécurité de l'OTAN (FIAS) et des Forces
américaines en
Aghanistan (USFOR-A) a reçu du Commandement central la directive
de préparer un examen global.
« Le 1er juillet 2009, le Commandement
allié suprême de l'Europe et le secrétaire
général de l'OTAN ont émis une directive semblable.
« Le commandant de la FIAS a par la suite
ordonné à l'état-major des FIAS et aux
commandements des parties constituantes de faire une revue
complète pour évaluer la situation d'ensemble, de revoir
les plans et les efforts en cours et d'identifier des révisions
à faire aux directives opérationnelles, tactiques et
stratégiques. »
Le rapport s'intéresse d'abord à la
concentration et à l'intensification de la guerre
contre-insurrectionnelle, ce qui n'est pas surprenant quand on sait que
le général McChrystal était auparavant le chef du
Commandement des opérations conjointes spéciales,
l'unité première des opérations spéciales
du Pentagone, en Irak.
Il comprend la demande « que la Force
internationale d'assistance à la sécurité de
l'OTAN (FIAS) se dote d'une nouvelle stratégie. [...] Cette
nouvelle stratégie doit également être assortie des
ressources nécessaires et exécutée par une
campagne contre-insurrectionnelle militaro-civile
intégrée. [...] C'est un type différent de combat.
Nous
devons mener des opérations contre-insurrectionnelles classiques
dans un environnement très complexe. [...] La réussite
exige une campagne contre-insurrectionnelle globale. »
McChrystal estime également que la guerre doit
être intensifiée non seulement en Afghanistan, mais aussi
à l'intérieur du Pakistan et qu'elle pourrait même
cibler l'Iran.
« L'insurrection en Afghanistan est
clairement soutenue de l'intérieur du Pakistan. De hauts
dirigeants des groupes d'insurrection les plus importants en
Afghanistan sont basés au Pakistan et sont liés à
Al-Qaida et à d'autres groupes extrémistes et violents,
et seraient également soutenus par certains
éléments à l'intérieur du service de
renseignement pakistanais (ISI).
« La Force Quods d'Iran [une aile de
l'armée nationale] formerait des combattants pour certains
groupes talibans et offrirait d'autres formes d'assistance aux
insurgés. Les politiques et actions actuelles de l'Iran ne
représentent pas une menace pour la mission à court
terme, mais l'Iran pourrait représenter une menace à
l'avenir. »
Ce n'est un secret pour personne que l'ISI a des liens
avec des extrémistes armés. Le Pentagone et la CIA ont
travaillé main dans la main avec le service de renseignement
pakistanais depuis 1979 dans des opérations de subversion contre
les gouvernements de l'Afghanistan. Que l'Iran « forme des
combattants pour certains groupes
talibans », cela relève purement de la fabrication et
de la provocation.
Quant à savoir qui est responsable de ce qui se
passe en Afghanistan depuis trente ans, l'évaluation de
McChrystal contient cette phrase qui a sans doute échappé
à la plupart des lecteurs :
« Les principaux groupes insurrectionnels en
ordre d'importance de la menace qu'ils représentent pour la
mission sont : le Choura taliban de Quetta (05T), le Réseau
Haqqani (HQN) et le Hezb-e-Islami Gulbuddin (HiG). »
Ce dernier est l'armée de guérilla de
Gulbuddin Hekmatyar, le plus grand récipiendaire des centaines
de millions (voire milliards) de dollars américains fournis par
la CIA au Moudjahid des Sept de Peshawar dans sa lutte contre le
gouvernement afghan souvenu par l'Union soviétique de 1978
à 1992.
Lorsqu'il a accueilli Hekmatyar et ses alliés
à la Maison blanche en 1985, le président Ronald Reagan a
dit qu'ils étaient « les équivalents moraux
des pères fondateurs de l'Amérique ».
Tout au long des années 1980, l'agent de la CIA
responsable en grande partie de l'aide au moudjahid pour ce qui est de
l'aide financière, des armes et de la formation était
Robert Gates, maintenant secrétaire à la Défense
des États-Unis.
La BBC News rapportait en décembre dernier :
« Dans son livre From the Shadows,
publié en 1996, M. Gates défend les actions clandestines
de la CIA qui ont selon lui aidé à gagner la guerre
froide.
« Dans un discours prononcé en 1999,
M. Gates a dit que son rôle le plus important est celui qu'il a
joué en Aghanistan.
« 'La CIA a remporté d'importants
succès par l'action clandestine. Celle qui a sans doute eu les
conséquences les plus importantes est celle menée en
Afghanistan, où la CIA a acheminé des milliards de
dollars d'approvisionnements et d'armes au moudjahid, ce qui a permis
à la résistance de repousser l'armée
soviétique', a-t-il
dit. »[6]
Selon le général McChrystal, ce même
Gulbuddin Hekmatyar qui a été formé et
parrainé par son patron actuel, Robert Gates, est responsable de
l'un des trois groupes contre lesquels le Pentagone et l'OTAN
mènent des opérations contre-insurrectionnelles en Asie
du Sud.
Il est encore plus intriguant d'apprendre que l'ancien
secrétaire à la Défense de la Grande-Bretagne
Robin Cook (on ne trouve pas d'atlanticiste plus pro-américain)
a admis dans le Guardian le 8 juillet 2005 qu'Oussama ben
Laden fut « le produit d'une erreur de calcul monumentale de
la part des agences de sécurité
occidentales. Tout au long des années 1980 il a
été armé par la CIA et financé par les
Saoudiens pour mener le djihad contre l'occupant russe en Afghanistan.
Al-Qaida, qui signifie littéralement 'base de données',
était à l'origine le fichier informatique contenant le
nom de milliers de moudjahidines recrutés et formés pour
vaincre les Russes avec
l'aide de la CIA. »
L'analyste russe et vice-président du Center for
Political technologies, Sergey Mikheev, affirmait au début de
septembre que « l'Afghanistan est une étape dans la
division du monde après l'effondrement du système
bipolaire. Ils [les États-Unis et l'OTAN] voulaient consolider
leur emprise sur l'Eurasie [...] et y ont déployé
beaucoup de
soldats. La carte Taliban a été jouée, bien que
personne ne s'était intéressé au Taliban
auparavant. »[7]
Selon le Los Angeles Times du 19 septembre
2009, les 27 années que le chef actuel du Pentagone a
passées à la CIA, y compris à titre de directeur
de 1991 à 1993, sont mises à contribution dans la guerre
en Afghanistan. Il écrit que « la CIA déploie
des équipes d'espions, analystes et agents paramilitaires en
Afghanistan
dans le cadre d'un 'essor' des opérations de renseignement qui
fera du détachement afghan le plus grand de toute l'histoire de
cette agence, selon des sources gouvernementales.
« La présence de la CIA dans ce pays,
quand les opérations seront complétées, rivalisera
d'ampleur avec les stationnements en Irak et au Viet Nam au plus fort
des ces deux guerres. Les chiffres exacts sont classifiés mais
selon une source gouvernementale l'agence a déjà
près de 700 employés en Afghanistan.
« L'expansion des opérations de
renseignement comprend, en plus de la CIA, tous les services
d'espionnage importants, disent les sources gouvernementales, y compris
la National Security Agency, qui intercepte les courriers
électroniques, et la Défense Intelligence Agency, qui
s'occupe des menaces militaires. »
Le général McChrystal mettra tout de suite
la CIA à bon usage dans ses plans de contre-insurrection
générale. Le Los Angeles Times ajoute :
« McChrystal utilisera vraisemblablement des
équipes qui combinent les agents de la CIA et des soldats
d'opérations spéciales. En Irak, où il a
commandé les forces d'opérations spéciales de 2003
à 2008, McChrystal a utilisé des équipes
combinées comme celles-là pour accélérer
les opérations de renseignement et mener des attaques
ciblées pour tuer ou capturer des insurgés.
« La CIA mène aussi une campagne de
frappes par missiles Predator contre Al-Qaida et les forteresses des
insurgés au Pakistan. Il y a eu 37 frappes jusqu'à
présent cette année, ce qui est déjà plus
qu'en 2008, selon des données compilées par le site Long
War Journal, qui surveille les frappes de Predator au
Pakistan. »
En effet, le 13 septembre on rapportait que
« deux avions de combat de l'OTAN auraient volé dans
l'espace aérien du Pakistan pendant près de deux heures
samedi. »[8]
Deux jours plus tard, « des avions de combat
de l'OTAN en Afghanistan [...] ont pénétré dans
l'espace aérien du Pakistan et largué des bombes dans le
nord-ouest du pays.
« Les avions de l'OTAN ont bombardé la
région tribale du Waziristan sud. [...] Qui plus est, des avions
d'espionnage de la CIA ont effectué des vols à basse
altitude au-dessus de plusieurs villes du Waziristan. »[9]
L'essor soudain des déploiements de la CIA en
Asie du Sud ne se limitera pas à l'Afghanistan. Le Pakistan fera
également l'objet d'opérations de renseignement.
Le 12 septembre, une requête a été
déposée à la Cour suprême du Pakistan
contestant le projet d'expansion de l'ambassade américaine dans
la capitale du pays.
« La presse pakistanaise rapporte que les
États-Unis ont l'intention de déployer un grand nombre de
marines et d'élargir son ambassade à
Islamabad. »[10]
Les États-Unis ne sont pas les seuls à
s'enfoncer dans le marasme afghan.
Le 14 septembre, l'ambassadeur des États-Unis
à l'OTAN, Ivo Daalder, qui applaudissait « la
résilience et le solide appui de nos alliés à ce
que nous faisons en Afghanistan », proclamait avec
exaltation que « plus de 40 % des sacs mortuaires qui
quittent l'Afghanistan ne vont pas en direction des États-Unis.
Ils vont
vers d'autres pays. [...] »[11]
Daalder a aussi fait mentir les prétentions
antérieures que l'augmentation des troupes de l'OTAN tout juste
avant les élections présidentielles du mois dernier
n'était que temporaire lorsqu'il a admis qu'« une
bonne partie des troupes additionnelles envoyées par les pays de
l'OTAN pour les élections présidentielles du mois
d'août vont
rester. »[12]
Plus tôt ce mois-ci, le Washington Post
rapportait que « l'armée des États-Unis et les
armées de l'OTAN amorcent une importante restructuration du
recrutement et de la formation des forces de sécurité de
l'Afghanistan », une annonce qui a
précédé les recommandations du
général McChrystal.[13]
L'article cite le sénateur Carl Levin,
président de la Commission des Forces armées du
Sénat :
« Nous allons avoir besoin de beaucoup plus
de mentors et de conseillers, y compris je l'espère un plus
grand nombre de formateurs de l'OTAN. Nous allons avoir besoin d'un
afflux de matériel qui sort de l'Irak ; au lieu de rentrer
au pays, une grande partie de celui-ci devrait à la place aller
en l'Afghanistan. »[14]
Selon le même rapport, au cours du mois l'OTAN
« mettra en place un nouveau commandement dirigé par
des généraux trois étoiles responsables de
superviser le recrutement et construire les forces afghanes.
« L'objectif est de 'donner plus de
cohérence' aux efforts non coordonnés des contingents de
l'OTAN en Afghanistan, tout en soulignant que la mission 'n'est pas
seulement un défi américain'... »[15]
Contribuant à son quota de housses mortuaires,
l'OTAN a connu des pertes sans précédent en Afghanistan.
« Selon le site internet icasualties 363 soldats
étrangers sont morts en Afghanistan cette année,
comparativement à 294 pour toute l'année
2008. »[16]
Deux-cent-seize soldats britanniques ont
été tués en presque huit ans de guerre. Le Canada
a perdu 131 soldats, le Danemark son 25e., l'Italie son 20e. La
Pologne, son 12e. alors que selon un récent sondage, 81 %
de la population polonaise est un pour le retrait immédiat
d'Afghanistan,
Les réflexions de l'ambassadeur de Russie en
Afghanistan, Zamir Kaboulov, qui est en Afghanistan depuis les
années 1980, ont été citées par
l'Associated Press, le 12 septembre ; il disait qu'en 2002, les
États-Unis avaient 5 000 soldats dans le pays et que :
« les talibans contrôlaient juste un petit coin du
Sud-Est du pays.
Maintenant, nous avons des talibans dans les provinces pacifiques de
Kunduz et de Baghlan qui combattent les 100 000 soldats (de votre
OTAN). Et si on considère cette tendance la règle, si
vous apportez 200 000 soldats ici, tout l'Afghanistan seront sous le
contrôle des talibans. »
L'Associated Press cite aussi les propos de Kaboulov
selon qui « les États-Unis et leurs alliés
sont en concurrence avec la Russie pour cette zone d'influence dans
cette région riche en énergie (....) L'Afghanistan reste
un enjeu stratégique par sa situation à proximité
du gaz et de pétrole d'Iran, de la mer Caspienne, de l'Asie
centrale et du
golfe Persique.
Il a également dit : « La Russie
s'interroge sur les intentions de l'OTAN en Afghanistan, ce qui... est
en dehors du domaine politique de l'Alliance », et
« Moscou est préoccupé par la construction de
bases permanentes de l'OTAN dans la région. »
Ces préoccupations sont légitimes à
la lumière du plus récent rapport quadriennal du
Pentagone sur les menaces de sécurité qui
« met une superpuissance émergente comme la Chine et
l'ancien ennemi de la guerre froide, la Russie, aux côtés
de l'Iran et la Corée du Nord sur une liste des quatre
principales nations qui menacent les intérêts
américains. » [17]
En même temps, un journal de l'Armée
américaine rapporte ces déclarations du chef du
Pentagone, Robert Gates :
« Gates a dit que les quelque 6,5 milliards
de dollars US qu'il a proposés pour moderniser le flotte
aérienne [Air Force] assurent la domination américaine du
ciel pendant des décennies.
« Avant que la Chine ne produise ses avions
de combat de la 5e génération, les États-Unis,
dit-il, auront plus de 1 000 F-22 et F-35s. Et alors que les
États-Unis auront effectué 35 000 missions de
ravitaillement en carburant, la Russie n'en aurait fait qu'environ 30.
Le plus long conflit armé de l'Amérique
depuis la guerre d'Indochine et la première guerre au sol de
l'OTAN pourrait donc demeurer la conflagration la plus dangereuse et
risquent de plonger le XXIe siècle dans une guerre sans fin.
Notes
1. New York Times, 16 février 1989
2. Radio Netherlands, 12 septembre 2009
3. Associated Press, 15 septembre 2009
4. Reuters, 19 septembre 2009
5. Ibid
6. BBC News, 1er décembre 2008
7. Russia Today, 7 septembre 2009
8. Asian News International, 13 septembre 2009
9. Press TV, 15 septembre 2009
10. Xinhua News, 12 septembre 2009
11. Reuters, 14 septembre 2009
12. Ibid
13. Washington Post, 12 septembre 2009
14. Ibid
15. Ibid
16. Agence France-Presse, 22 septembre 2009
17. Agence France-Presse, 15 septembre 2009
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