Le Marxiste-Léniniste

Numéro 174 - 7 octobre 2009

8e anniversaire de l'invasion de l'Afghanistan

Canada, hors de l'Afghanistan!
Ramenez les soldats et cessez l'occupation
maintenant! Canada, hors de l'OTAN!
L'OTAN doit être démantelée!

Canada, hors de l'Afghanistan! Ramenez les soldats et cessez l'occupation maintenant! Canada, hors de l'OTAN! L'OTAN doit être démantelée!
L'évaluation de McChrystal: Plus de soldats, plus de guerre - Alliance canadienne pour la paix
Les États-Unis et l'OTAN préparent la guerre la plus massive de l'histoire de l'Afghanistan - Rick Rozoff, Stop NATO, 24 septembre 2009 (extraits)

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8e anniversaire de l'invasion de l'Afghanistan

Canada, hors de l'Afghanistan!
Ramenez les soldats et cessez l'occupation
maintenant! Canada, hors de l'OTAN!
L'OTAN doit être démantelée!

Aujourd'hui est le 8e anniversaire de l'invasion criminelle de l'Afghanistan par les forces étatsuniennes et britanniques, auxquelles se sont joints par la suite le Canada et les pays de l'OTAN. En cette occasion, le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) dénonce la continuation de l'occupation de l'Afghanistan et appelle la classe ouvrière et le peuple à multiplier les efforts pour mettre fin à la participation du Canada à cette guerre illégale et meurtrière et qu'il ramène les troupes maintenant !

En mars 2008, le gouvernement Harper, sous prétexte d'un « vote libre » au parlement, a prolongé la mission canadienne en Afghanistan jusqu'en 2011, en dépit de la vaste opposition des Canadiens. Le Marxiste-Léniniste, le quotidien du PCC(M-L), écrivait au moment du vote :

« Pour la classe ouvrière canadienne et ses alliés, il n'y a pas de débat sur le prolongement de la mission. Le Canada doit immédiatement retirer ses soldats de l'Afghanistan et sortir de l'OTAN. Cette alliance militaire agressive que les États-Unis, avec l'aide du Canada, cherchent à restructurer pour en faire une instance décisionnelle internationale au service de leurs intérêts, doit être démantelée. Pour la classe ouvrière du Canada, le point de départ sur cette question est le principe de l'égalité de toutes les nations, grandes et petites, et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres. Cela comprend le non-recours à la force dans le règlement des conflits entre pays et nations. Des millions d'hommes et de femmes ont donné leur vie pour ces principes dans les deux guerres mondiales et de nombreuses luttes de libération nationale. Ces principes ont été enchâssés dans la Charte de l'ONU, mais aujourd'hui ils sont foulés au pied par le Canada, les États-Unis et leurs alliés. Il y a un prix à payer pour ceux qui abandonnent ces principes. »

Maintenant, plus d'un an plus tard, avec la pression que les États-Unis exercent sur leurs alliés de l'OTAN pour qu'ils accroissent leur participation, de récents propos du premier ministre, Stephen Harper, et de son ministre de la Défense, Peter MacKay, semblent indiquer clairement que la mission sera prolongée d'une façon ou d'une autre. Selon une dépêche de la Presse canadienne :

« Le Canada considère la possibilité de maintenir des soldats en Afghanistan au-delà de 2011, même si le gouvernement affirme que les opérations 'de combat' cesseront à compter de cette date.

« Le ministre de la Défense, Peter MacKay, a fait savoir que le gouvernement envisageait plusieurs options pour 'continuer à aider la population afghane' après 2011, notamment en maintenant l'équipe provinciale de restructuration à Kandahar.

« Le premier ministre Stephen Harper a tenu des propos semblables lors d'une conférence de presse avec le président Obama à Washington le 16 septembre. »

« Le Canada ne va pas quitter l'Afghanistan », a-t-il dit, ajoutant que la mission sera moins militaire et plus « orientée vers le développement humanitaire civil ».

Et pendant ce temps le gouvernement Harper s'efforce de cacher son refus de respecter les conventions humanitaires les plus élémentaires, dont les conventions sur la torture et sur le traitement des détenus sous la responsabilité de l'armée canadienne.

Le PCC(M-L) s'oppose à toute tentative de prolonger la mission quel que soit le prétexte. Les Canadiens ont déjà rejeté la manoeuvre qui consiste à appeler l'occupation militaire « développement humanitaire civil ». Qu'elle soit civile ou militaire, cela demeure une occupation.

Nous devons accroître les efforts pour que le gouvernement ramène les troupes maintenant ! et travailler à l'établissement d'un gouvernement anti-guerre, pour que le Canada soit une force pour la paix au service des peuples du monde. Cela comprend le retrait du Canada de l'OTAN et le démantèlement de cette alliance militaire agressive.

Canada, hors d'Afghanistan !
Ramenez les soldats et cessez l'occupation maintenant !
Canada, hors de l'OTAN ! L'OTAN doit être démantelée !

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L'évaluation de McChrystal:
Plus de soldats, plus de guerre

Le plus haut gradé de l'armée étatsunienne en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, donne une évaluation assez pessimiste de la guerre en Afghanistan dans un document stratégique dont le Washington Post a obtenu une copie. Le document contient peu de nouvelles informations sur la guerre, mais il est quand même significatif. Provenant d'un des plus hauts gradés de l'armée, le document du général McChystal est un appel explicite aux États-Unis et à leurs partenaires de l'OTAN à envoyer plus de soldats en Afghanistan.

L'essentiel de son argument est que les choses vont mal pour l'occident mais qu'il est encore possible de redresser la situation — avec un autre « essor » du déploiement. On prévoit que le général va demander entre 10 000 et 45 000 soldats de plus.

La plupart des observateurs savent depuis des années que la guerre est une cause perdue, que la résistance à l'occupation grandit en Afghanistan et que la corruption généralisée dans le gouvernement afghan laisse très peu d'espoir d'avenir pour la majorité des Afghans. Nous avons aussi qu'avec chaque nouveau déploiement des troupes la violence s'accroît en Afghanistan. En fait, c'est la présence de soldats étrangers qui continue de donner un nouveau souffle au Taliban.

L'OTAN est maintenant dans un mode de « limitation des dégâts ». Les récentes élections présidentielles en Afghanistan ont été un échec total et elles amènent beaucoup de supporters en Occident à s'interroger sur le but de la mission. Dans tous les pays membres de l'OTAN sauf les États-Unis, il y a maintenant une claire majorité de l'opinion publique qui est contre l'occupation. Le document de McChrystal est une tentative de dernier recours de reconquérir l'appui du public à la guerre.

Mais le général n'apporte rien de nouveau. Il ne fait que ressasser les vieux arguments à propos de « maintenir le cap » et propose l'emploi de nouvelles tactiques pour « gagner le coeur et l'esprit » des Afghans.

Son argument principal est que l'OTAN doit maintenir une présence dans les régions qu'elle a conquises pour « connecter avec les gens » et empêcher la résistance de reprendre le territoire une fois que les forces de l'OTAN auront quitté. Les médias canadiens laissent entendre que le document de McChrystal prouve l'efficacité de la prétendue stratégie du « village modèle » des forces canadiennes à Deh-e-Bagh.

Mais il s'agit essentiellement d'un appel à élargir et à approfondir l'occupation.

L'évaluation de l'armée américaine rate la cible encore une fois. Une nouvelle approche tactique de va pas gagner le coeur et l'esprit des Afghans tant que cela renforce le contrôle d'un gouvernement corrompu dominé par des trafiquants de drogue et des clans guerriers. Les Afghans ne veulent pas que leur pays soit occupé par des troupes étrangères. Le fait qu'un seul « village modèle » ait été créé en huit ans de guerre et d'occupation rend prématurés les cris de victoire à ce sujet.

Les deuxième argument principal est que l'OTAN doit former plus de policiers et de soldats afghans mais sans proposer une nouvelle façon de surmonter les obstacles qui ont rendu cette formation impossible jusqu'à présent. La police et l'armée afghanes ont été incapables de conserver les recrues. Une fois formées, les recrues sont envoyées dans des postes éloignés où elles deviennent une cible facile pour la résistance. C'est ce qui fait que plus de 60 % des recrues développent une dépendance à l'héroïne.

Les désertions sont courantes dans l'armée afghane. Dans un pays où 40 % des hommes sont sans travail, l'armée offre une occasion d'emploi à court terme. Mais après la formation de base, la plupart des soldats désertent et se joignent à la résistance.

Le gouvernement canadien n'a toujours pas annoncé de plan pour élargir sa mission, comme le demande McChrystal dans son document. Mais nous savons que le premier ministre Stephen Harper est en faveur du maintien de l'occupation. Le ministre de la Défense Peter McKay a déjà laissé entendre que le Canada pourrait jouer un nouveau rôle après 2011 qui comprendrait la formation des soldats et des policiers afghans. Mais pour cela, il faudrait un engagement militaire important.

Au Canada, les spéculations à propos d'une élection fédérale ont détourné l'attention de la guerre. Les libéraux et conservateurs sont autant à blâmer pour le prolongement de la guerre au-delà de 2011. Il n'est donc pas surprenant que ni l'un ni l'autre de ces partis ne tient à faire de la guerre en Afghanistan un enjeu électoral. C'est à nous du mouvement pour la paix de bâtir cette opposition et de maintenir le sujet de la guerre au centre d'attention pour le public et pour les politiciens.

Joignez-vous à nous le 7 octobre, huitième anniversaire du début de la guerre, en organisant des actions dans votre communauté pour ramener les soldats maintenant !

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Les États-Unis et l'OTAN préparent la guerre la plus massive de l'histoire de l'Afghanistan

Depuis une semaine, les journaux et les réseaux de télévision aux États-Unis font état de rapports qui laissent entendre que Washington et ses alliés de l'OTAN préparent une augmentation sans précédent du nombre de soldats pour la guerre en Afghanistan, en plus des 17 000 nouveaux soldats américains et des milliers de soldats de l'OTAN déjà prévus cette année.

Selon des rapports non confirmés, le commandant de l'armée américaine et commandant des forces de l'OTAN Stanley McChrystal et le chef d'état-major interarmées des États-Unis Michael Mullen auraient demandé à la Maison blanche entre 10 000 et 45 000 soldats de plus.




Manifestations à l'occasion du 60e anniversaire de l'OTAN, en mars et avril 2009.

Fox News parle de 45 000 soldats américains de plus tandis que selon ABC News il s'agirait de 40 000. Le 15 septembre le Christian Science Monitor écrivait que ce pourrait être jusqu'à 45 000.

La similitude des estimés permet de croire qu'un nombre a été fixé et que les obéissants médias s'affairent à préparer l'opinion publique aux États-Unis pour ce qui pourrait être le plus grand déploiement d'armées étrangères de l'histoire de l'Afghanistan. Il y a à peine sept ans, les États-Unis avaient 5 000 soldats dans ce pays mais le nombre devait atteindre 68 000 en décembre prochain, sans compter les récentes divulgations.

L'ajout de 45 000 soldats porterait à 113 000 le nombre total de soldats américains en Afghanistan. C'est en plus des 35 000 soldats d'une cinquantaine d'autres pays participant à la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) de l'OTAN, ce qui porte à 148 000 le nombre de soldats sous le commandement de McChrystal si les dernières rumeurs se matérialisent.

Quand l'Union soviétique retirait ses troupes de l'Afghanistan il y a vingt ans, le New York Times écrivait : « Au plus fort de l'engagement soviétique, selon des estimés des services de renseignement occidentaux, 115 000 soldats étaient déployés. »[1]

Près de 150 000 soldats américains et de l'OTAN en Afghanistan constitueraient la plus grande présence militaire étrangère de l'histoire de ce pays.

Au lieu de prendre note de ce fait historique, les médias américains se confondent en insinuations et en « informations privilégiées » sur les sources de la fuite de renseignement, parce que, pour l'entreprise commerciale de l'actualité, les intrigues qui se trament entre les politiciens, les généraux et les médias américains ont plus d'importance que la plus longue et la plus grande guerre du monde d'aujourd'hui.

Une guerre que le chef des forces armées britanniques et d'autres représentants occidentaux prévoient durer des décennies encore et qui s'est déjà étendue au Pakistan, un pays avec une population presque six fois celle de l'Afghanistan et qui possède des armes nucléaires.

Il y a deux semaines, les médias hollandais rapportaient que durant une visite aux Pays-Bas « le général Stanley McChrystal [a dit] qu'il songeait à la possibilité de fusionner [...] l'opération Enduring Freedom et la FIAS de l'OTAN ».[2] Ainsi, les deux commandements dont il a la charge, soit l'ensemble des forces américaines et celles de l'OTAN, se fusionneraient en un seul.

La demande de 45 000 autres soldats américains a été préfigurée à la mi-septembre par le chef des états-majors de l'armée américaine Michael Mullen. L'Associated Press affirmait alors que « le plus haut gradé de l'armée américaine dit que gagner la victoire en Afghanistan voudra sans doute dire envoyer plus de soldats ».[3]

Quatre jours plus tard, le 19 septembre, Reuters rapportait que « le commandant des forces des États-Unis et de l'OTAN en Afghanistan a préparé la requête détaillée et depuis longtemps attendue demandant des troupes additionnelles mais ne l'a pas encore envoyée à Washington, selon un porte-parole du Pentagone. Celui-ci affirme que le général Stanley McChrystal a complété cette semaine un document dans lequel il établit précisément combien de soldats des États-Unis et de l'OTAN, de membres de la force de sécurité afghane et de civils il aura besoin. »[4]

Le porte-parole en question, le lieutenant-colonel Tadd Sholtis, a dit : « Nous travaillons avec Washington ainsi qu'avec les autres participants de l'OTAN sur la meilleure façon de la soumettre [la requête] », refusant de donner plus de détails.[5]

Deux jours plus tard, le Washington Post publiait une version « éditée » de 66 pages de l'évaluation initiale du général McChrystal qui commençait avec cette information de base :

« Le 26 juin 2009, le secrétaire à la Défense des États-Unis a demandé au chef du Commandement central des États-Unis de donner une évaluation multidisciplinaire de la situation en Afghanistan. Le 2 juillet 2009, le commandant de la Force internationale d'assistance à la sécurité de l'OTAN (FIAS) et des Forces américaines en Aghanistan (USFOR-A) a reçu du Commandement central la directive de préparer un examen global.

« Le 1er juillet 2009, le Commandement allié suprême de l'Europe et le secrétaire général de l'OTAN ont émis une directive semblable.

« Le commandant de la FIAS a par la suite ordonné à l'état-major des FIAS et aux commandements des parties constituantes de faire une revue complète pour évaluer la situation d'ensemble, de revoir les plans et les efforts en cours et d'identifier des révisions à faire aux directives opérationnelles, tactiques et stratégiques. »

Le rapport s'intéresse d'abord à la concentration et à l'intensification de la guerre contre-insurrectionnelle, ce qui n'est pas surprenant quand on sait que le général McChrystal était auparavant le chef du Commandement des opérations conjointes spéciales, l'unité première des opérations spéciales du Pentagone, en Irak.

Il comprend la demande « que la Force internationale d'assistance à la sécurité de l'OTAN (FIAS) se dote d'une nouvelle stratégie. [...] Cette nouvelle stratégie doit également être assortie des ressources nécessaires et exécutée par une campagne contre-insurrectionnelle militaro-civile intégrée. [...] C'est un type différent de combat. Nous devons mener des opérations contre-insurrectionnelles classiques dans un environnement très complexe. [...] La réussite exige une campagne contre-insurrectionnelle globale. »

McChrystal estime également que la guerre doit être intensifiée non seulement en Afghanistan, mais aussi à l'intérieur du Pakistan et qu'elle pourrait même cibler l'Iran.

« L'insurrection en Afghanistan est clairement soutenue de l'intérieur du Pakistan. De hauts dirigeants des groupes d'insurrection les plus importants en Afghanistan sont basés au Pakistan et sont liés à Al-Qaida et à d'autres groupes extrémistes et violents, et seraient également soutenus par certains éléments à l'intérieur du service de renseignement pakistanais (ISI).

« La Force Quods d'Iran [une aile de l'armée nationale] formerait des combattants pour certains groupes talibans et offrirait d'autres formes d'assistance aux insurgés. Les politiques et actions actuelles de l'Iran ne représentent pas une menace pour la mission à court terme, mais l'Iran pourrait représenter une menace à l'avenir. »

Ce n'est un secret pour personne que l'ISI a des liens avec des extrémistes armés. Le Pentagone et la CIA ont travaillé main dans la main avec le service de renseignement pakistanais depuis 1979 dans des opérations de subversion contre les gouvernements de l'Afghanistan. Que l'Iran « forme des combattants pour certains groupes talibans », cela relève purement de la fabrication et de la provocation.

Quant à savoir qui est responsable de ce qui se passe en Afghanistan depuis trente ans, l'évaluation de McChrystal contient cette phrase qui a sans doute échappé à la plupart des lecteurs :

« Les principaux groupes insurrectionnels en ordre d'importance de la menace qu'ils représentent pour la mission sont : le Choura taliban de Quetta (05T), le Réseau Haqqani (HQN) et le Hezb-e-Islami Gulbuddin (HiG). »

Ce dernier est l'armée de guérilla de Gulbuddin Hekmatyar, le plus grand récipiendaire des centaines de millions (voire milliards) de dollars américains fournis par la CIA au Moudjahid des Sept de Peshawar dans sa lutte contre le gouvernement afghan souvenu par l'Union soviétique de 1978 à 1992.

Lorsqu'il a accueilli Hekmatyar et ses alliés à la Maison blanche en 1985, le président Ronald Reagan a dit qu'ils étaient « les équivalents moraux des pères fondateurs de l'Amérique ».

Tout au long des années 1980, l'agent de la CIA responsable en grande partie de l'aide au moudjahid pour ce qui est de l'aide financière, des armes et de la formation était Robert Gates, maintenant secrétaire à la Défense des États-Unis.

La BBC News rapportait en décembre dernier :

« Dans son livre From the Shadows, publié en 1996, M. Gates défend les actions clandestines de la CIA qui ont selon lui aidé à gagner la guerre froide.

« Dans un discours prononcé en 1999, M. Gates a dit que son rôle le plus important est celui qu'il a joué en Aghanistan.

« 'La CIA a remporté d'importants succès par l'action clandestine. Celle qui a sans doute eu les conséquences les plus importantes est celle menée en Afghanistan, où la CIA a acheminé des milliards de dollars d'approvisionnements et d'armes au moudjahid, ce qui a permis à la résistance de repousser l'armée soviétique', a-t-il dit. »[6]

Selon le général McChrystal, ce même Gulbuddin Hekmatyar qui a été formé et parrainé par son patron actuel, Robert Gates, est responsable de l'un des trois groupes contre lesquels le Pentagone et l'OTAN mènent des opérations contre-insurrectionnelles en Asie du Sud.

Il est encore plus intriguant d'apprendre que l'ancien secrétaire à la Défense de la Grande-Bretagne Robin Cook (on ne trouve pas d'atlanticiste plus pro-américain) a admis dans le Guardian le 8 juillet 2005 qu'Oussama ben Laden fut « le produit d'une erreur de calcul monumentale de la part des agences de sécurité occidentales. Tout au long des années 1980 il a été armé par la CIA et financé par les Saoudiens pour mener le djihad contre l'occupant russe en Afghanistan. Al-Qaida, qui signifie littéralement 'base de données', était à l'origine le fichier informatique contenant le nom de milliers de moudjahidines recrutés et formés pour vaincre les Russes avec l'aide de la CIA. »

L'analyste russe et vice-président du Center for Political technologies, Sergey Mikheev, affirmait au début de septembre que « l'Afghanistan est une étape dans la division du monde après l'effondrement du système bipolaire. Ils [les États-Unis et l'OTAN] voulaient consolider leur emprise sur l'Eurasie [...] et y ont déployé beaucoup de soldats. La carte Taliban a été jouée, bien que personne ne s'était intéressé au Taliban auparavant. »[7]

Selon le Los Angeles Times du 19 septembre 2009, les 27 années que le chef actuel du Pentagone a passées à la CIA, y compris à titre de directeur de 1991 à 1993, sont mises à contribution dans la guerre en Afghanistan. Il écrit que « la CIA déploie des équipes d'espions, analystes et agents paramilitaires en Afghanistan dans le cadre d'un 'essor' des opérations de renseignement qui fera du détachement afghan le plus grand de toute l'histoire de cette agence, selon des sources gouvernementales.

« La présence de la CIA dans ce pays, quand les opérations seront complétées, rivalisera d'ampleur avec les stationnements en Irak et au Viet Nam au plus fort des ces deux guerres. Les chiffres exacts sont classifiés mais selon une source gouvernementale l'agence a déjà près de 700 employés en Afghanistan.

« L'expansion des opérations de renseignement comprend, en plus de la CIA, tous les services d'espionnage importants, disent les sources gouvernementales, y compris la National Security Agency, qui intercepte les courriers électroniques, et la Défense Intelligence Agency, qui s'occupe des menaces militaires. »

Le général McChrystal mettra tout de suite la CIA à bon usage dans ses plans de contre-insurrection générale. Le Los Angeles Times ajoute :

« McChrystal utilisera vraisemblablement des équipes qui combinent les agents de la CIA et des soldats d'opérations spéciales. En Irak, où il a commandé les forces d'opérations spéciales de 2003 à 2008, McChrystal a utilisé des équipes combinées comme celles-là pour accélérer les opérations de renseignement et mener des attaques ciblées pour tuer ou capturer des insurgés.

« La CIA mène aussi une campagne de frappes par missiles Predator contre Al-Qaida et les forteresses des insurgés au Pakistan. Il y a eu 37 frappes jusqu'à présent cette année, ce qui est déjà plus qu'en 2008, selon des données compilées par le site Long War Journal, qui surveille les frappes de Predator au Pakistan. »

En effet, le 13 septembre on rapportait que « deux avions de combat de l'OTAN auraient volé dans l'espace aérien du Pakistan pendant près de deux heures samedi. »[8]

Deux jours plus tard, « des avions de combat de l'OTAN en Afghanistan [...] ont pénétré dans l'espace aérien du Pakistan et largué des bombes dans le nord-ouest du pays.

« Les avions de l'OTAN ont bombardé la région tribale du Waziristan sud. [...] Qui plus est, des avions d'espionnage de la CIA ont effectué des vols à basse altitude au-dessus de plusieurs villes du Waziristan. »[9]

L'essor soudain des déploiements de la CIA en Asie du Sud ne se limitera pas à l'Afghanistan. Le Pakistan fera également l'objet d'opérations de renseignement.

Le 12 septembre, une requête a été déposée à la Cour suprême du Pakistan contestant le projet d'expansion de l'ambassade américaine dans la capitale du pays.

« La presse pakistanaise rapporte que les États-Unis ont l'intention de déployer un grand nombre de marines et d'élargir son ambassade à Islamabad. »[10]

Les États-Unis ne sont pas les seuls à s'enfoncer dans le marasme afghan.

Le 14 septembre, l'ambassadeur des États-Unis à l'OTAN, Ivo Daalder, qui applaudissait « la résilience et le solide appui de nos alliés à ce que nous faisons en Afghanistan », proclamait avec exaltation que « plus de 40 % des sacs mortuaires qui quittent l'Afghanistan ne vont pas en direction des États-Unis. Ils vont vers d'autres pays. [...] »[11]

Daalder a aussi fait mentir les prétentions antérieures que l'augmentation des troupes de l'OTAN tout juste avant les élections présidentielles du mois dernier n'était que temporaire lorsqu'il a admis qu'« une bonne partie des troupes additionnelles envoyées par les pays de l'OTAN pour les élections présidentielles du mois d'août vont rester. »[12]

Plus tôt ce mois-ci, le Washington Post rapportait que « l'armée des États-Unis et les armées de l'OTAN amorcent une importante restructuration du recrutement et de la formation des forces de sécurité de l'Afghanistan », une annonce qui a précédé les recommandations du général McChrystal.[13]

L'article cite le sénateur Carl Levin, président de la Commission des Forces armées du Sénat :

« Nous allons avoir besoin de beaucoup plus de mentors et de conseillers, y compris je l'espère un plus grand nombre de formateurs de l'OTAN. Nous allons avoir besoin d'un afflux de matériel qui sort de l'Irak ; au lieu de rentrer au pays, une grande partie de celui-ci devrait à la place aller en l'Afghanistan. »[14]

Selon le même rapport, au cours du mois l'OTAN « mettra en place un nouveau commandement dirigé par des généraux trois étoiles responsables de superviser le recrutement et construire les forces afghanes.

« L'objectif est de 'donner plus de cohérence' aux efforts non coordonnés des contingents de l'OTAN en Afghanistan, tout en soulignant que la mission 'n'est pas seulement un défi américain'... »[15]

Contribuant à son quota de housses mortuaires, l'OTAN a connu des pertes sans précédent en Afghanistan. « Selon le site internet icasualties 363 soldats étrangers sont morts en Afghanistan cette année, comparativement à 294 pour toute l'année 2008. »[16]

Deux-cent-seize soldats britanniques ont été tués en presque huit ans de guerre. Le Canada a perdu 131 soldats, le Danemark son 25e., l'Italie son 20e. La Pologne, son 12e. alors que selon un récent sondage, 81 % de la population polonaise est un pour le retrait immédiat d'Afghanistan,

Les réflexions de l'ambassadeur de Russie en Afghanistan, Zamir Kaboulov, qui est en Afghanistan depuis les années 1980, ont été citées par l'Associated Press, le 12 septembre ; il disait qu'en 2002, les États-Unis avaient 5 000 soldats dans le pays et que : « les talibans contrôlaient juste un petit coin du Sud-Est du pays. Maintenant, nous avons des talibans dans les provinces pacifiques de Kunduz et de Baghlan qui combattent les 100 000 soldats (de votre OTAN). Et si on considère cette tendance la règle, si vous apportez 200 000 soldats ici, tout l'Afghanistan seront sous le contrôle des talibans. »

L'Associated Press cite aussi les propos de Kaboulov selon qui « les États-Unis et leurs alliés sont en concurrence avec la Russie pour cette zone d'influence dans cette région riche en énergie (....) L'Afghanistan reste un enjeu stratégique par sa situation à proximité du gaz et de pétrole d'Iran, de la mer Caspienne, de l'Asie centrale et du golfe Persique.

Il a également dit : « La Russie s'interroge sur les intentions de l'OTAN en Afghanistan, ce qui... est en dehors du domaine politique de l'Alliance », et « Moscou est préoccupé par la construction de bases permanentes de l'OTAN dans la région. »

Ces préoccupations sont légitimes à la lumière du plus récent rapport quadriennal du Pentagone sur les menaces de sécurité qui « met une superpuissance émergente comme la Chine et l'ancien ennemi de la guerre froide, la Russie, aux côtés de l'Iran et la Corée du Nord sur une liste des quatre principales nations qui menacent les intérêts américains. » [17]

En même temps, un journal de l'Armée américaine rapporte ces déclarations du chef du Pentagone, Robert Gates :

« Gates a dit que les quelque 6,5 milliards de dollars US qu'il a proposés pour moderniser le flotte aérienne [Air Force] assurent la domination américaine du ciel pendant des décennies.

« Avant que la Chine ne produise ses avions de combat de la 5e génération, les États-Unis, dit-il, auront plus de 1 000 F-22 et F-35s. Et alors que les États-Unis auront effectué 35 000 missions de ravitaillement en carburant, la Russie n'en aurait fait qu'environ 30.

Le plus long conflit armé de l'Amérique depuis la guerre d'Indochine et la première guerre au sol de l'OTAN pourrait donc demeurer la conflagration la plus dangereuse et risquent de plonger le XXIe siècle dans une guerre sans fin.

Notes

1. New York Times, 16 février 1989
2. Radio Netherlands, 12 septembre 2009
3. Associated Press, 15 septembre 2009
4. Reuters, 19 septembre 2009
5. Ibid
6. BBC News, 1er décembre 2008
7. Russia Today, 7 septembre 2009
8. Asian News International, 13 septembre 2009
9. Press TV, 15 septembre 2009
10. Xinhua News, 12 septembre 2009
11. Reuters, 14 septembre 2009
12. Ibid
13. Washington Post, 12 septembre 2009
14. Ibid
15. Ibid
16. Agence France-Presse, 22 septembre 2009
17. Agence France-Presse, 15 septembre 2009

(Traduit de l'anglais par Le Marxiste-Léniniste)

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