Autres actualités. Le président hondurien
Manuel Zelaya a dit après l'échec des pourparlers avec le
gouvernement du coup d'État qu'il retournera dans son pays la
fin de semaine prochaine.
« La fin de semaine prochaine nous aurons
toutes les activités nécessaires [en place] pour mon
retour », a-t-il dit dimanche.
Du Nicaragua, où il s'est établi depuis
que l'armée hondurienne l'a expulsé de son pays il y a
trois semaines, Zelaya a dit que la résistance s'organisait au
Honduras en faveur de son retour.
Il avait tenté de retourner dans son pays le 5
juillet mais fut forcé de faire demi-tour lorsque les militaires
honduriens ont placé des véhicules militaires sur la
piste d'atterrissage pour empêcher son avion de se poser.
Le président Zelaya a encore une fois
demandé le soutien de la communauté internationale en
tant que président démocratiquement élu du
Honduras.
À titre d'information
Les agences de nouvelles rapportent que Oscar Arias,
désigné médiateur par le département
d'État américain dans la crise du Honduras, a
présenté un « document » aux deux
partis, c'est-à-dire les représentants du régime
du coup et ceux du gouvernement constitutionnel chassé du
pouvoir par un coup d'État le 28 juin.
Il demande aux deux partis d'accepter les sept conditions suivantes
pour mener à une règlement du conflit :
1. Rétablissement de Manuel Zelaya à la
présidence de la République du Honduras,
« charge qu'il assumera jusqu'à la fin de la
période constitutionnelle pour laquelle il fut élu et qui
se termine le 27 janvier de l'année prochaine, date à
laquelle il remettra le pouvoir au candidat désigné
librement et démocratiquement par le peuple lors
d'élections supervisées et reconnues par la
communauté internationale ».
2. Formation d'un gouvernement d'unité et de
réconciliation nationale, composé de représentants
des principaux partis politiques.
3. Amnistie générale concernant
exclusivement tous les délits politiques commis dans le cadre du
conflit en cours, avant et après le 28 juin dernier.
4. Renoncement explicite du président Zelaya et
de son gouvernement à la prétention de placer une
« quatrième urne » aux prochaines
élections ou de réaliser toute consultation populaire non
autorisée expressément par la Constitution de la
République du Honduras.
5. Anticipation au 25 octobre, dernier dimanche du mois,
des élections générales (présidentielle,
législatives et municipales) prévues avant le conflit
pour le 29 novembre et ouverture dès les premiers jours
d'août de la campagne électorale prévue
initialement pour septembre.
6. Transfert du commandement des forces armées du
pouvoir exécutif au Tribunal suprême électoral un
mois avant les élections afin de garantir la transparence et la
normalité du scrutin, conformément aux termes de la
Constitution de la République du Honduras.
7. Commission de vérification composée de
notables Honduriens et de membres d'organismes internationaux,
spécialement de représentants de l'Organisation des
États Américains, pour surveiller l'accomplissement de
ces accords et superviser le retour correct à l'ordre
constitutionnel.
(Source : Press TV, Prensa Latina,
latinreporter.com)
L'ONU refuse de reconnaître les dirigeants
du coup au Honduras
Le Conseil de sécurité des Nations unies a
refusé de considérer une lettre des dirigeants du coup au
Honduras demandant son intervention au sujet de soi-disant menaces et
de provocations du Venezuela.
Les diplomates de l'ONU ont dit à Prensa Latina
que la lettre n'a reçu aucune attention et ne sera pas
distribuée comme document officiel.
La décision a été prise par
l'ambassadeur de l'Ouganda Ruhakana Rugunda qui a reçu le
document jeudi en sa qualité de président du Conseil de
sécurité.
« Le Conseil de sécurité ne
reçoit de correspondance que des gouvernements et organisations
qu'il reconnaît », ont dit les diplomates officiels
consultés.
La lettre est signée par le ministre des Affaires
étrangères de fait du Honduras Carlos Lopez Contreras,
qui accuse le président vénézuélien Hugo
Chavez de préparer l'invasion de ce pays d'Amérique
centrale.
Contreras prétend aussi que l'avion aux couleurs
vénézuéliennes à bord duquel le
président constitutionnel du Honduras Manuel Zelaya a
tenté de retourner au Honduras le 5 juillet a violé
l'espace aérien du Honduras.
Le Conseil de sécurité de l'ONU
considère le gouvernement de fait du Honduras comme étant
illégal suite à la résolution adoptée par
l'Assemblée générale de l'ONU qui a
condamné
le coup du 28 juin.
Il a aussi demandé aux 192 membres de l'ONU de ne
reconnaître aucun autre gouvernement que celui de Zelaya.
(Source : Prensa Latina)
Le peuple hondurien intensifie sa résistance
L'unité du peuple et sa détermination
à défaire le coup militaire ont renforcé l'espoir
du peuple du Honduras d'établir une véritable
démocratie participative au Honduras, a déclaré le
candidat présidentiel Cesar Ham à Prensa Latina.
Ham, qui s'est présenté comme candidat du
Parti de l'unification démocratique (UD en espagnol) a
ajouté que la résistance populaire a confirmé
qu'il est possible de changer les conditions de misère et
d'exploitation qui affectent son pays. Il y a le Honduras d'avant le
coup du 28 juin, a-t-il dit, et le Honduras d'après le coup.
Ham a mentionné que l'ordre constitutionnel du
pays a été brisé le 28 juin dernier quand des
soldats masqués ont kidnappé le président Zelaya
et l'ont forcé à s'exiler au Costa Rica. Aussitôt
que la nouvelle du coup a commencé à se répandre,
les dirigeants populaires et des milliers de personnes se sont
rassemblés devant la résidence
présidentielle pour exiger le retour de Zelaya et condamner les
auteurs du coup. Il a dit que des marches et des manifestations ont
été organisées pendant 23 jours en dépit de
la répression brutale par les forces armées. Tout cela
nous donne l'espoir que nous serons capables de faire les changements
qui s'imposent dans les structures d'exploitation
qui ont plongé le Honduras dans la misère, a-t-il
ajouté.
Ham a rejeté en son nom et au nom de l'UD les
manoeuvres internationales visant à priver le peuple du Honduras
de son opportunité de combattre l'oligarchie et les dirigeants
du coup militaire. Il a aussi mentionné que l'UD a une position
très claire au sujet de la médiation du président
du Costa Rica Oscar Arias qui est soutenue par les
États-Unis. Le processus de dialogue doit se limiter à
demander le retour inconditionnel du président Zelaya au
gouvernement, a-t-il dit. Il a ajouté que ceux qui ont
violé la constitution et les droits humains et
réprimé la population doivent être punis.
(Source : Prensa Latina)
Honte au Canada, supporteur du coup d'État
- Ashley Holly, The Tyee, 9 juillet
2009 -
Pour la première fois depuis des
décennies, les yeux du monde sont tournés sur le
Honduras, un tout petit pays que de nombreux Canadiens connaissent pour
ces petits autocollants sur des bananes exportées et pour
l'excédent de café, inondant le marché mondial
chaque année. Le monde est moins au courant du rôle
continu que jouent le
gouvernement et les sociétés minières du Canada
dans la paupérisation de nombreux Honduriens.
Maintenant que le monde regarde, c'est le moment de
révéler ces secrets.
Le samedi 4 juillet, à la rencontre impromptue
de
l'Organisation des États américains, le ministre
d'État des Affaires étrangères (Amériques),
Peter Kent, a suggéré que le Président Jose Manuel
«Mel» Zelaya ne retourne pas au Honduras. C'est une
position
intéressante à assumer pour le Canada, compte tenu du
fait que la plupart des
pays de la communauté internationale ont condamné le coup
au Honduras.
En outre, suite à de violents affrontements
entre la police militaire et les manifestants alors qu'ils attendaient
le retour de Zelaya dimanche dernier, Kent a tenu Zelaya responsable de
la mort de deux manifestants par le gouvernement militaire.
Avant ces commentaires, le Canada était
resté relativement silencieux sur cette question. Mais alors que
la plupart des autres pays ont annulé leur aide au Honduras pour
protester contre le coup, le Canada ne l'a pas fait. Pourquoi notre
démocratie se mêle-t-elle soudainement de soutenir
l'entreprise d'un coup d'État
militaire ?
Capitaliser sur la dévastation causée par
l'ouragan
La réponse débute avec la réaction
du Canada à la dernière crise au Honduras.
En 1998, l'ouragan Mitch a ravagé une grande
partie de l'Amérique centrale et en particulier a ravagé
le Honduras, où des milliers de personnes ont été
tuées et des millions d'autres ont été
déplacées. Déjà deuxième pays le
plus pauvre de l'hémisphère occidental, le Honduras est
alors frappé par plus de 3 milliards de dollars en
dommages-intérêts, une perte de services sociaux comme les
écoles, les hôpitaux et les réseaux routiers.
Soixante-dix pour cent de ses cultures agricoles ont été
détruites. Rien d'aussi dévastateur n'avait alors
touché le Honduras.
Le Canada a été prompt à
répondre aux appels à l'aide après l'ouragan Mitch
avec un « plan de développement à long
terme ». Le Canada a offert 100 millions $ sur
quatre ans pour des projets de reconstruction. Avec ses aides
grandioses, le Canada a eu l'allure d'un sauveur. Néanmoins,
lié à cette aide, 40
entreprises canadiennes ont été introduites au Honduras
afin d'évaluer les possibilités d'investissement. Cet
ouragan a offert une opportunité économique
stratégique pour l'investissement canadien au Honduras.
Le gouvernement canadien, comme il l'a
déclaré officiellement cette année, estime que
l'extraction du minerai par les sociétés minières
canadiennes est une des meilleures façons de
« créer de nouvelles possibilités
économiques dans le monde en développement ».
Peu de temps après que l'ouragan Mitch ait affaibli
l'État
du Honduras, le Canada et les États-Unis se sont unis pour
créer l'Association nationale des mines de métaux du
Honduras (ANAMINH), par laquelle ils ont été en mesure de
réécrire la loi minière. Cette loi fournit aux
compagnies minières des concessions à vie, des
allégements fiscaux et des droits de sous-sol pour
l'« exploitation
rationnelle des ressources ».
« Nous avons tout perdu »
« Ils ont soif d'or comme des cochons
affamés », a écrit le journaliste uruguayen
Eduardo Galeano sur les sociétés minières
multinationales. J'ai pensé à ces paroles lors d'une
récente visite au projet d'exploitation minière à
ciel ouvert San Andres, récemment vendu par la
société canadienne Yamana Gold à une autre
société canadienne, Aura Minerales. À la fin de ma
visite, j'ai été convaincu que les coûts sociaux,
économiques, environnementaux et de santé de ces
pratiques de mines à ciel ouvert l'emportent de loin sur les
soi-disant bénéfices et que l'exploitation des ressources
pratiquée par certaines entreprises
canadiennes est tout sauf rationnelle.
J'ai eu des frissons en passant par le village
abandonné de San Andres. Ce qui était jadis maisons et
écoles a été rasé et réduit à
l'état de monticules de sable et de roches broyées.
À l'endroit où se dressaient des pins, se trouvent
maintenant de profonds cratères, accessibles par les routes les
plus belles que j'ai pu voir au
Honduras.
Toutefois, au bout d'une de ces routes, un
résident de la localité m'a dit : « Nous
avons tout perdu. » La mine l'avait délogée de
sa maison et il se retrouve maintenant sans eau potable et sans terre
fertile à semer.
Actuellement, les entreprises canadiennes
possèdent 33 pour cent des investissements miniers en
Amérique latine, accumulant la propriété de plus
de 100 propriétés. Exportation et Développement
Canada (EDC) offre 50 pour cent de l'argent du Régime de
pensions du Canada (RPC) à des sociétés
minières, plus de 50 milliards de
dollars en 2003. Goldcorp a reçu à lui seul près
d'un milliard de dollars de subventions du RPC. Même si EDC est
responsable de la réglementation de l'industrie canadienne
à l'étranger, il a été accusé de ne
pas appliquer les normes réglementaires à 24 des 26
projets miniers qu'elle a financés.
En février 2003, près de cinq cent litres
de cyanure ont été déversés dans le Rio
Lara, tuant 18 000 poissons. La mine de San Andres utilise plus d'eau
en une heure que la moyenne hondurienne par famille au cours d'une
année. La même année, les sociétés
minières ont gagné 44,4 millions de dollars alors que le
revenu moyen par
habitant au Honduras en 2004 était de seulement 1 126 dollars
américains.
La position anti-minière de Zelaya : une
position qui se paie
Comme l'homme au bout de la route a tenté de me
l'expliquer, l'exploitation minière n'est pas
développée pour les personnes qui vivent autour de ces
mines. Il parle ainsi au nom de milliers d'autres — une base d'appui
pour le président renversé Zelaya. En 2006,
Zelaya a décidé d'annuler toutes les concessions
minières futures du Honduras.
Cela semble expliquer, du moins pour une large part,
pourquoi le Canada se tient pratiquement seul dans
l'hémisphère à soutenir le renversement de Zelaya
par les militaires honduriens. Le gouvernement du Canada et ses amis
dans l'industrie minière, utilisent le coup comme une occasion
de planter leurs pieds encore plus
profondément dans le sol hondurien.
Dans son rôle en tant que ministre d'État
aux affaires étrangères, Peter Kent, a un jour
déclaré que « la gouvernance
démocratique est un pilier central du renforcement de
l'engagement du Canada dans les Amériques ».
Apparemment, ses instructions d'Ottawa ont
été révisées.
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Marxiste-Léniniste
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