Le Marxiste-Léniniste

Numéro 136 - 20 juillet 2009

La juste grève des travailleurs de Vale Inco soulève des enjeux importants


Sudbury, 17 juillet 2009

Manifestation
Chassons Tony Clement du gouvernement
Vendredi le 24 juillet – 1:00-3:00 pm

Aréna McClelland, 1 route Garrow, Copper Cliff, Ontario

Joignons-nous aux métallos en grève de Vale Inco du Syndicat des métallos, section locale 6500, pour un rassemblement et une marche jusqu’aux lignes de piquetage! Organisé par l’exécutif et le comité d’action politique de la section locale 598 des Travailleurs canadiens de l’automobile.

La juste grève des travailleurs de Vale Inco soulève des enjeux importants

Honduras
Le régime du coup rejette la solution proposée à la crise - Eva Golinger, Postcards from the Revolution
L'ONU refuse de reconnaître les dirigeants du coup au Honduras
Le peuple hondurien intensifie sa résistance
Honte au Canada, supporteur du coup d'État - Ashley Holly, The Tyee

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La juste grève des travailleurs de Vale Inco soulève des enjeux importants

Qui doit profiter des ressources naturelles du Canada, le peuple ou les monopoles mondiaux ? Qui doit contrôler la direction de l'économie ?

La juste grève des travailleurs de Vale Inco soulève directement le problème de ce que signifie avoir une économie souveraine qui s'appuie sur ses propres forces et sert le peuple. Au Canada, l'appui sur ses propres forces et la souveraineté commencent par le contrôle des ressources naturelles et de la direction de l'économie. Les richesses de notre mère la terre combinées au dur labeur sont notre plus grande force. Le produit créé par la transformation de la matière première de nos forêts et de la terre en valeur d'usage est le fondement matériel du tissu social du Canada. Cela a été le cas pendant des milliers d'années avec les nations autochtones et c'est le cas aujourd'hui dans un Canada moderne. L'avènement des machines a accru la quantité de produit social par ouvrier mais il n'a pas changé cet élément fondamental qui est la transformation, par le dur labeur, de la richesse de notre mère la terre en valeur d'usage ni la nécessité de la propriété et du contrôle par le peuple.

Le problème a commencé avec l'intrusion d'une force humaine qui ne travaille pas directement à la production mais la contrôle et en tire profit. Cette force antagoniste n'a d'autre intérêt dans les régions-ressources que de s'approprier leurs matières premières à même le travail de la population de ces régions. Cette force hostile est le monopole mondial qui est personnifié par de riches investisseurs éloignés, tant par la distance que par leur vision des choses. De cette hauteur ils imaginent et exigent un rendement sur leur investissement qui doit être garanti sans égard aux conséquences naturelles et sociales. Ces propriétaires du capital monopoliste fondent leur droit de réclamer les ressources naturelles et leur droit de contrôler et de manipuler l'économie et la vie des ouvriers sur la propriété privée de la terre, des ressources et des moyens de production socialisés du Canada. Selon ces propriétaires des actions et de la dette, les autres réclamations à la valeur ajoutée que les travailleurs produisent représentent un coût pour eux et une réduction du rendement sur leur investissement. Parmi les réclamations qu'ils considèrent comme un coût vient en premier celles de la classe ouvrière canadienne, le facteur humain dans la région qui transforme la ressource naturelle en valeur. Ils s'en prennent ensuite aux réclamations faites par la société représentée par l'État canadien, en particulier les dépenses pour les programmes sociaux et les autres besoins du peuple, même si ces propriétaires des actions et de la dette utilisent l'État comme leur instrument principal pour maintenir leur dictature.

Le président-directeur général de Vale Inco, Roger Agnelli, exprime très clairement cette plainte des riches et de leurs monopoles mondiaux. Selon Agnelli, « les opérations de Sudbury (extraction et raffinage) ne sont pas soutenables à leurs coûts actuels ». Ce capitaliste monopoliste de Rio de Janeiro demande aux travailleurs canadiens, qui produisent la valeur convoitée par son monopole mondial et les autres investisseurs, de faire des concessions sur les salaires, les avantages sociaux et les pensions, leurs « coûts » — terme méprisant qu'il utilise pour désigner les réclamations des travailleurs à la richesse qu'ils produisent, afin que les possesseurs du capital puissent augmenter leurs profits. Si les travailleurs ne veulent pas transférer leurs réclamations à la valeur ajoutée aux propriétaires du capital, actions et dette, au moyen de concessions, alors « il n'y a pas grand chose à discuter », pour reprendre les mots du vice-président de Vale Inco, Steve Ball.

Tels sont le privilège et l'arrogance du droit de monopole contre lesquels les travailleurs de Vale Inco mènent une courageuse lutte de résistance.

Les « coûts » qui selon Agnelli ne sont « pas soutenables » sont les réclamations que font les mineurs et les raffineurs au produit social qui vient de leur dur labeur dans la transformation de la matière première en nickel et autres produits utilisables. Pour Agnelli et ses compères de classe, les seules réclamations légitimes à la valeur que les travailleurs créent sont celles des propriétaires des actions et de la dette. Selon le point de vue capitaliste, toutes autres réclamations à la valeur ajoutée sont des « coûts », mêmes celles de ceux qui produisent la richesse, les travailleurs de Vale Inco dans ce cas. Voilà l'arrogance du droit de monopole. Une poignée de monopoles mondiaux contrôlent aujourd'hui les ressources mondiales en nickel et ils pensent pouvoir en manipuler les prix et l'approvisionnement et décider quand et où le nickel sera extrait et raffiné. Les travailleurs et leurs alliés doivent combattre consciemment et défaire, par leur unité et leur détermination, cet égocentrisme du pouvoir, du privilège et de la richesse des monopoles.

L'expansion de l'empire de Vale sur le dos de la classe ouvrière internationale

Les rapports financiers montrent que le profit d'entreprise soutiré par les opérations de Vale Inco en Ontario a été d'environ 4,2 milliards $ dans les derniers deux ans et demi. Le profit en intérêts (et en frais) pour les détenteurs de la dette de Vale a été de 1,765 milliard $US juste pour 2008. La plus grande partie de ce profit en intérêts provient de la dette à long terme actuelle de Vale, qui se situe à 18,245 milliards $US, contractée lors de l'achat à fort prix d'Inco en 2007. D'autres dettes possédées par l'oligarchie financière internationale font monter la dette totale actuelle et à long terme de Vale, en plus d'autres paiements qui sont dûs, à 37,375 milliards $US. Cette dette n'a cessé de grandir malgré le prix du nickel et le prix de base d'autres marchandises qui sont demeurés élevés pour une bonne partie de 2008. Les prix du marché élevés des biens produits par les travailleurs de Vale ont augmenté ses liquidités d'environ 10 milliards $ en 2008. Plutôt que de réinvestir ces liquidités dans ses opérations, à Vale Inco par exemple, d'augmenter les salaires, les avantages sociaux et les pensions de ses travailleurs les plus pauvres, y compris au Brésil, ou de payer sa dette, le monopole persiste dans sa politique d'acquisitions. Les journaux ont rapporté le 16 juillet que Vale compte acquérir le monopole producteur d'engrais Mosaic Co. pour la somme de 25 milliards $. Mosaic appartient à 64 % au monopole alimentaire américain Cargill.

La réclamation des possesseurs de la dette de Vale sur la valeur ajoutée ne fluctue pas en proportion des prix sur le marché de la production des travailleurs de Vale ou selon la quantité de valeur ajoutée qui est vendue. Le retour sur la dette est lié aux intérêts et aux frais et doit être payé sous peine de faillite selon le droit commercial capitaliste.

Vale a aussi perdu une grande quantité de valeur ajoutée en 2008 lorsqu'il a perdu plus d'un milliard de dollars sur les marchés de couverture de risque en produits dérivés, en taux de change et en prix. Agnelli n'aime pas parler des efforts de son monopole pour faire des fortunes rapides dans le secteur financier qui se sont soldés par des pertes de millions de dollars pour la compagnie, ce qui représente une dilapidation de la richesse subtilisée à l'origine aux travailleurs de Vale et à leurs sociétés à travers le monde.



Sudbury, 17 juillet 2009

Monsieur Agnelli, ce sont le contrôle et les réclamations des propriétaires du capital monopoliste qui ne sont pas soutenables !

Le préjugé de classe empêche Agnelli d'identifier correctement les facteurs qui ne sont « pas soutenables » : les réclamations à la valeur ajoutée des propriétaires de la dette de Vale, qui réduisent les réclamations du profit d'entreprise au fil des « cycles d'affaires » ; les pertes provenant des aventures financières de la compagnie ; l'instabilité des marchés et de leurs prix malgré tous les efforts des monopoles pour les contrôler en contrôlant et entravant la production mondiale ; la pression constante des propriétaires d'actions et de dette pour un retour plus élevé et des prix élevés sur le marché boursier.

Agnelli considère les travailleurs canadiens et du monde comme une source de valeur ajoutée qu'il peut transférer aux riches. Une autre façon d'arriver aux mêmes buts est d'accroître le contrôle monopoliste des prix du marché, en devenant par exemple le seul maître des régions riches en ressources et en empêchant les autres d'y produire, comme il menace de le faire avec la ceinture de nickel de Sudbury sous prétexte qu'elle « n'est pas soutenable ». Il est frappant de constater que durant la crise économique actuelle, la pire depuis les années 1930, les prix de marché du nickel et d'autres marchandises n'ont pas plongé à des creux historiques à cause du plus grand contrôle monopoliste de l'approvisionnement et de l'échange des produits de base.

Agnelli n'en est pas conscient mais l'ironie de la chose c'est que le pouvoir du droit de monopole de contrôler les prix et l'approvisionnement a aussi pour effet de diminuer les réclamations des travailleurs à la valeur ajoutée qu'ils produisent et de priver les peuples du monde de la possibilité d'acheter du produit social, ce qui devient un élément déclencheur de crises économiques encore plus graves qui poussent plusieurs monopoles à la faillite et à la ruine. En édifiant leur empire, les monopoles sont l'architecte anticonscient de leur propre ruine spontanée, alors que la résistance consciente de la classe ouvrière organisée est la force qui peut sauver l'humanité.

Lorsque les prix augmentent, comme ce sera sûrement le cas à cause de la manipulation monopoliste, Agnelli ne veut pas que les primes au rendement des travailleurs canadiens et leurs autres réclamations viennent réduire sa fortune. C'est ce qu'il veut dire dans son offre finale aux travailleurs canadiens, publiée le 7 juillet, qui demande « une réorganisation pour permettre à chaque opération, dont Sudbury et Port Colborne, d'avoir un surplus de liquidités (après déduction de tous les coûts) et d'être soutenable pendant tous les cycles d'affaires ». Selon Agnelli, il faut maintenir les réclamations des travailleurs à un niveau assez bas pour qu'en toutes circonstances, expansion ou contraction, elles rendent « soutenables » les réclamations gargantuesques des détenteurs de la dette et des actions, couvrent les pertes que Vale va encourir en cherchant à faire des coups d'argent sur les marchés boursiers et permettent à Vale d'étendre son empire par des acquisitions.

Les Canadiens doivent comprendre que les quelque 20 milliards $ que Vale a payés pour acquérir Inco en 2007 se sont engouffrés dans un trou noir économique et sont perdus à jamais pour Sudbury, Port Colborne ou le Labrador. L'acquisition n'était pas une reconnaissance du dur labeur des travailleurs de la construction, des mineurs et des raffineurs qui ont bâti Inco pendant les plus de cent dernières années, reconnaissance qui devrait signifier le réinvestissement dans la région ; elle a été un stratagème de fraudeurs pour vendre les droits des ressources naturelles et des moyens de production du Canada — des droits à la terre et aux matières premières qui ne devraient jamais être propriété privée parce que cela constitue une attaque contre l'être-même des Canadiens, contre leur bien-être et prospérité futurs, et cela comprend les droits ancestraux des nations autochtones.

Les 20 milliards $ engouffrés dans un trou noir économique ont créé cet autre monstre que sont les réclamations d'intérêts de 1,5 milliard $ jusqu'à ce que la dette soit payée. Cette réclamation de 1,5 milliard $ doit être satisfaite en partie par la valeur ajoutée produite par les mineurs et raffineurs de Vale Inco. La réclamation sur la dette et les réclamations additionnelles des possesseurs d'actions, qui sont autant de richesse expropriée hors de Sudbury, ne sont absolument pas soutenables et sont un grand coût pour les Canadiens et leur économie socialisée.

Agnelli s'en prend aux réclamations légitimes des travailleurs au produit social qu'ils créent parce qu'il n'est pas si facile d'écarter les réclamations des détenteurs de la dette, à moins de mettre Vale sous la protection de la loi sur les faillites. Les détenteurs de la dette font partie de l'élite dirigeante et de l'oligarchie financière internationale dans le cadre du système impérialiste d'États, une classe privilégiée et superflue qui possède toujours à la fois les actions et la dette et dont font partie Agnelli, Vale et les propriétaires des actions. La faillite est un risque de dernier recours qui mettrait en péril les propriétaires actuels des actions et de la dette et l'existence-même de l'empire Vale, mais les fortunes changent rapidement dans le monde sans pitié de la concurrence capitaliste et de la cupidité effrénée où la ruine est une menace constante.

La résistance consciente au droit et au contrôle de monopole

Comment les Canadiens peuvent-ils affirmer leur souveraineté et restreindre l'exploitation par les monopoles mondiaux de leurs ressources naturelles et de leur travail qui transforme la matière première en valeur d'usage ? Comment peuvent-ils mettre le pays sur la voie de l'édification nationale, libre des tentacules et de la destruction des monopoles mondiaux ? C'est un dilemme auquel font face les peuples du Canada et du monde entier et auquel il faut apporter solution. C'est parce qu'ils contrôlent les ressources, les moyens de production et l'État et qu'ils ont le pouvoir qui provient de l'énorme richesse qu'ils exproprient que les monopoles créent le chaos dans les prix, laissent les régions-ressources sous-développées et des économies entières en crise, dilapident de l'argent dans des manoeuvres parasitaires pour faire des coups d'argent sur les marchés financiers et utilisent leur pouvoir et leur richesse pour financer des armées privées et d'État pour se faire concurrence, combattre, bâtir et détruire des empires et mener des guerres contre les peuples et entre eux pour le contrôle des ressources naturelles, des travailleurs en tant que travail-marchandise et des sphères d'influence.

Les mineurs et les raffineurs de Vale Inco sont aux premières lignes pour restreindre le droit de monopole par leur lutte contre les concessions et pour maintenir des salaires, des avantage sociaux et des pensions à un standard canadien pour les nouveaux embauchés. Les Canadiens doivent se rallier à cette juste grève et s'assurer qu'elle soit victorieuse.

Cette grève nous force à penser à des problèmes plus vastes, comme le contrôle des ressources naturelles du pays et de la direction de l'économie.

Les Canadiens doivent aborder le problème du contrôle de leur travail et de leurs vies, ce qui exige le contrôle des ressources naturelles du pays et de la direction de l'économie, et déterminer à qui l'économie doit bénéficier. L'édification d'une alternative centrée sur l'être humain ferait de grands progrès si l'on restreignait le droit de monopole d'exploiter les ressources naturelles du Canada. La lutte pour vaincre Vale Inco et ses attaques contre les travailleurs canadiens fait partie de cette lutte pour restreindre le droit de monopole.

Organisons des discussions sur la nécessité que le peuple affirme son droit souverain de posséder, contrôler et profiter des ressources naturelles du Canada et de décider de la direction de l'économie socialisée ; cela exige de nouveaux arrangements avec les nations autochtones qui rétablissent leurs droits ancestraux.

La juste grève des travailleurs de Vale Inco va droit au coeur de ce que signifie avoir une économie souveraine qui s'appuie sur ses propres forces et sert le peuple. Au Canada, l'appui sur ses propres forces et la souveraineté commencent par le contrôle des ressources naturelles et de la direction de l'économie.

Quel Canada ? Notre Canada !
Quelle économie ? Notre économie !
Qui décide ? Nous décidons !
Les concessions ne sont pas des solutions !
Rallions-nous tous à la juste grève des travailleurs de Vale Inco !

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Honduras

Le régime du coup rejette la solution
proposée à la crise

Nous reproduisons ci-dessous des extraits de la note du 19 juillet de la journaliste Eva Golinger et d'autres éléments d'actualité concernant la médiation entre le président constitutionnel Manuel Zelaya et sa délégation et les chefs du coup d'État et leur président Roberto Micheletti. Les pourparlers, qui ont commencé le 10 juillet, se tiennent au Costa Rica avec la médiation du président costaricain Oscar Arias.

* * *

Les pourparlers sont terminés pour l'instant, sans résolution. Le régime du coup au Honduras, qui a chassé du pouvoir le président Zelaya il y a exactement trois semaines aujourd'hui, a rejeté la proposition en 7 points mise de l'avant par le président costaricain Oscar Arias, qui a été désigné médiateur dans le conflit. La délégation de Zelaya au Costa Rica, qui avait d'abord dit qu'elle acceptait la proposition, a par la suite dit qu'elle acceptait de débattre de la proposition sans préciser si elle accepte inconditionnellement les sept conditions établies par Arias.

Le régime du coup a présenté aujourd'hui une contre-proposition, qui n'aurait pas permis le retour à la présidence de Manuel Zelaya tout en permettant son retour au Honduras pour y être jugé et emprisonné pour prétendues infractions à la constitution. Le régime du coup et ceux qui ont participé au coup d'État du 28 juin, avec l'enlèvement brutal et l'exil forcé du président Zelaya, affirment qu'il n'y a pas eu de « coup d'État » et qu'ils ont au contraire « sauvegardé » l'ordre [constitutionnel]. Ils affirment que le président Zelaya violait la constitution en proposant un sondage national non exécutoire sur la possibilité d'une réforme constitutionnelle future. Le plus étrange dans cette déclaration, c'est que le sondage non exécutoire, dont le résultat n'aurait pas eu force de loi comme tel, pour consulter le peuple sur la constitution, soit considéré comme un crime si grave qu'il justifie l'enlèvement brutal, l'exil forcé et trois semaines de couvre-feu national, la suspension des droits constitutionnels et la répression du peuple. Qui sont les vrais criminels ? [...]

La délégation du président Zelaya a réaffirmé son engagement envers le processus de médiation et réitéré qu'elle acceptait de débattre de la proposition en 7 points du président Arias, notamment le premier point qui appelle au rétablissement de Manuel Zelaya dans ses fonctions de président du Honduras. Même le président Oscar Arias, nommé médiateur par Washington, soutient que le premier point est l'essence de la négation. La délégation Zelaya a déclaré que les pourparlers ont « échoué » et qu'ils sont « terminés », mais Arias a demandé un autre 72 heures pour trouver une solution afin d'empêcher l'éclatement de la guerre civile dans ce pays centraméricain. « Donnez-moi 72 heures et je travaillerai infatigablement à la recherche d'une solution, pour éviter un bain de sang », a dit le prix Nobel Oscar Arias devant la presse internationale qui attendait avec impatience le résultat des rencontres d'aujourd'hui devant la résidence présidentielle à San José du Costa Rica.

Un autre 72 heures ? Est-ce un faux-fuyant pour gagner du temps ou une tentative véritable d'éviter l'éclatement de la guerre civile ? Quoi qu'il en soit, il y a déjà trop de temps qui s'est écoulé et pendant ce temps le régime du coup a violé encore les droits humains de milliers de citoyens, assassiné et blessé des dizaines de personnes, et il a consolidé son pouvoir.

Que fera Washington maintenant ? Obama-Clinton continueront-ils de contourner la question du « coup » et du retour au pouvoir de Zelaya et soutiendront-ils la demande de 72 heures de Arias ? Sans doute que oui. Et l'avocat et conseiller de Clinton Lanny Davis continuera son lobbying à Washington pour faire accepter le régime du coup d'État. [...]

* * *

Autres actualités. Le président hondurien Manuel Zelaya a dit après l'échec des pourparlers avec le gouvernement du coup d'État qu'il retournera dans son pays la fin de semaine prochaine.

« La fin de semaine prochaine nous aurons toutes les activités nécessaires [en place] pour mon retour », a-t-il dit dimanche.

Du Nicaragua, où il s'est établi depuis que l'armée hondurienne l'a expulsé de son pays il y a trois semaines, Zelaya a dit que la résistance s'organisait au Honduras en faveur de son retour.

Il avait tenté de retourner dans son pays le 5 juillet mais fut forcé de faire demi-tour lorsque les militaires honduriens ont placé des véhicules militaires sur la piste d'atterrissage pour empêcher son avion de se poser.

Le président Zelaya a encore une fois demandé le soutien de la communauté internationale en tant que président démocratiquement élu du Honduras.

À titre d'information

Les agences de nouvelles rapportent que Oscar Arias, désigné médiateur par le département d'État américain dans la crise du Honduras, a présenté un « document » aux deux partis, c'est-à-dire les représentants du régime du coup et ceux du gouvernement constitutionnel chassé du pouvoir par un coup d'État le 28 juin. Il demande aux deux partis d'accepter les sept conditions suivantes pour mener à une règlement du conflit :

1. Rétablissement de Manuel Zelaya à la présidence de la République du Honduras, « charge qu'il assumera jusqu'à la fin de la période constitutionnelle pour laquelle il fut élu et qui se termine le 27 janvier de l'année prochaine, date à laquelle il remettra le pouvoir au candidat désigné librement et démocratiquement par le peuple lors d'élections supervisées et reconnues par la communauté internationale ».

2. Formation d'un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, composé de représentants des principaux partis politiques.

3. Amnistie générale concernant exclusivement tous les délits politiques commis dans le cadre du conflit en cours, avant et après le 28 juin dernier.

4. Renoncement explicite du président Zelaya et de son gouvernement à la prétention de placer une « quatrième urne » aux prochaines élections ou de réaliser toute consultation populaire non autorisée expressément par la Constitution de la République du Honduras.

5. Anticipation au 25 octobre, dernier dimanche du mois, des élections générales (présidentielle, législatives et municipales) prévues avant le conflit pour le 29 novembre et ouverture dès les premiers jours d'août de la campagne électorale prévue initialement pour septembre.

6. Transfert du commandement des forces armées du pouvoir exécutif au Tribunal suprême électoral un mois avant les élections afin de garantir la transparence et la normalité du scrutin, conformément aux termes de la Constitution de la République du Honduras.

7. Commission de vérification composée de notables Honduriens et de membres d'organismes internationaux, spécialement de représentants de l'Organisation des États Américains, pour surveiller l'accomplissement de ces accords et superviser le retour correct à l'ordre constitutionnel.

(Source : Press TV, Prensa Latina, latinreporter.com)

(Les extraits de l'article d'Eva Golinger sont traduits de l'anglais par Le Marxiste-Léniniste.)

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L'ONU refuse de reconnaître les dirigeants
du coup au Honduras

Le Conseil de sécurité des Nations unies a refusé de considérer une lettre des dirigeants du coup au Honduras demandant son intervention au sujet de soi-disant menaces et de provocations du Venezuela.

Les diplomates de l'ONU ont dit à Prensa Latina que la lettre n'a reçu aucune attention et ne sera pas distribuée comme document officiel.

La décision a été prise par l'ambassadeur de l'Ouganda Ruhakana Rugunda qui a reçu le document jeudi en sa qualité de président du Conseil de sécurité.

« Le Conseil de sécurité ne reçoit de correspondance que des gouvernements et organisations qu'il reconnaît », ont dit les diplomates officiels consultés.

La lettre est signée par le ministre des Affaires étrangères de fait du Honduras Carlos Lopez Contreras, qui accuse le président vénézuélien Hugo Chavez de préparer l'invasion de ce pays d'Amérique centrale.

Contreras prétend aussi que l'avion aux couleurs vénézuéliennes à bord duquel le président constitutionnel du Honduras Manuel Zelaya a tenté de retourner au Honduras le 5 juillet a violé l'espace aérien du Honduras.

Le Conseil de sécurité de l'ONU considère le gouvernement de fait du Honduras comme étant illégal suite à la résolution adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU qui a condamné le coup du 28 juin.

Il a aussi demandé aux 192 membres de l'ONU de ne reconnaître aucun autre gouvernement que celui de Zelaya.

(Source : Prensa Latina)

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Le peuple hondurien intensifie sa résistance

L'unité du peuple et sa détermination à défaire le coup militaire ont renforcé l'espoir du peuple du Honduras d'établir une véritable démocratie participative au Honduras, a déclaré le candidat présidentiel Cesar Ham à Prensa Latina.

Ham, qui s'est présenté comme candidat du Parti de l'unification démocratique (UD en espagnol) a ajouté que la résistance populaire a confirmé qu'il est possible de changer les conditions de misère et d'exploitation qui affectent son pays. Il y a le Honduras d'avant le coup du 28 juin, a-t-il dit, et le Honduras d'après le coup.

Ham a mentionné que l'ordre constitutionnel du pays a été brisé le 28 juin dernier quand des soldats masqués ont kidnappé le président Zelaya et l'ont forcé à s'exiler au Costa Rica. Aussitôt que la nouvelle du coup a commencé à se répandre, les dirigeants populaires et des milliers de personnes se sont rassemblés devant la résidence présidentielle pour exiger le retour de Zelaya et condamner les auteurs du coup. Il a dit que des marches et des manifestations ont été organisées pendant 23 jours en dépit de la répression brutale par les forces armées. Tout cela nous donne l'espoir que nous serons capables de faire les changements qui s'imposent dans les structures d'exploitation qui ont plongé le Honduras dans la misère, a-t-il ajouté.

Ham a rejeté en son nom et au nom de l'UD les manoeuvres internationales visant à priver le peuple du Honduras de son opportunité de combattre l'oligarchie et les dirigeants du coup militaire. Il a aussi mentionné que l'UD a une position très claire au sujet de la médiation du président du Costa Rica Oscar Arias qui est soutenue par les États-Unis. Le processus de dialogue doit se limiter à demander le retour inconditionnel du président Zelaya au gouvernement, a-t-il dit. Il a ajouté que ceux qui ont violé la constitution et les droits humains et réprimé la population doivent être punis.

(Source : Prensa Latina)

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Honte au Canada, supporteur du coup d'État

Pour la première fois depuis des décennies, les yeux du monde sont tournés sur le Honduras, un tout petit pays que de nombreux Canadiens connaissent pour ces petits autocollants sur des bananes exportées et pour l'excédent de café, inondant le marché mondial chaque année. Le monde est moins au courant du rôle continu que jouent le gouvernement et les sociétés minières du Canada dans la paupérisation de nombreux Honduriens.

Maintenant que le monde regarde, c'est le moment de révéler ces secrets.

Le samedi 4 juillet, à la rencontre impromptue de l'Organisation des États américains, le ministre d'État des Affaires étrangères (Amériques), Peter Kent, a suggéré que le Président Jose Manuel «Mel» Zelaya ne retourne pas au Honduras. C'est une position intéressante à assumer pour le Canada, compte tenu du fait que la plupart des pays de la communauté internationale ont condamné le coup au Honduras.

En outre, suite à de violents affrontements entre la police militaire et les manifestants alors qu'ils attendaient le retour de Zelaya dimanche dernier, Kent a tenu Zelaya responsable de la mort de deux manifestants par le gouvernement militaire.

Avant ces commentaires, le Canada était resté relativement silencieux sur cette question. Mais alors que la plupart des autres pays ont annulé leur aide au Honduras pour protester contre le coup, le Canada ne l'a pas fait. Pourquoi notre démocratie se mêle-t-elle soudainement de soutenir l'entreprise d'un coup d'État militaire ?

Capitaliser sur la dévastation causée par l'ouragan

La réponse débute avec la réaction du Canada à la dernière crise au Honduras.

En 1998, l'ouragan Mitch a ravagé une grande partie de l'Amérique centrale et en particulier a ravagé le Honduras, où des milliers de personnes ont été tuées et des millions d'autres ont été déplacées. Déjà deuxième pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental, le Honduras est alors frappé par plus de 3 milliards de dollars en dommages-intérêts, une perte de services sociaux comme les écoles, les hôpitaux et les réseaux routiers. Soixante-dix pour cent de ses cultures agricoles ont été détruites. Rien d'aussi dévastateur n'avait alors touché le Honduras.

Le Canada a été prompt à répondre aux appels à l'aide après l'ouragan Mitch avec un « plan de développement à long terme ». Le Canada a offert 100 millions $ sur quatre ans pour des projets de reconstruction. Avec ses aides grandioses, le Canada a eu l'allure d'un sauveur. Néanmoins, lié à cette aide, 40 entreprises canadiennes ont été introduites au Honduras afin d'évaluer les possibilités d'investissement. Cet ouragan a offert une opportunité économique stratégique pour l'investissement canadien au Honduras.

Le gouvernement canadien, comme il l'a déclaré officiellement cette année, estime que l'extraction du minerai par les sociétés minières canadiennes est une des meilleures façons de « créer de nouvelles possibilités économiques dans le monde en développement ». Peu de temps après que l'ouragan Mitch ait affaibli l'État du Honduras, le Canada et les États-Unis se sont unis pour créer l'Association nationale des mines de métaux du Honduras (ANAMINH), par laquelle ils ont été en mesure de réécrire la loi minière. Cette loi fournit aux compagnies minières des concessions à vie, des allégements fiscaux et des droits de sous-sol pour l'« exploitation rationnelle des ressources ».

« Nous avons tout perdu »

« Ils ont soif d'or comme des cochons affamés », a écrit le journaliste uruguayen Eduardo Galeano sur les sociétés minières multinationales. J'ai pensé à ces paroles lors d'une récente visite au projet d'exploitation minière à ciel ouvert San Andres, récemment vendu par la société canadienne Yamana Gold à une autre société canadienne, Aura Minerales. À la fin de ma visite, j'ai été convaincu que les coûts sociaux, économiques, environnementaux et de santé de ces pratiques de mines à ciel ouvert l'emportent de loin sur les soi-disant bénéfices et que l'exploitation des ressources pratiquée par certaines entreprises canadiennes est tout sauf rationnelle.

J'ai eu des frissons en passant par le village abandonné de San Andres. Ce qui était jadis maisons et écoles a été rasé et réduit à l'état de monticules de sable et de roches broyées. À l'endroit où se dressaient des pins, se trouvent maintenant de profonds cratères, accessibles par les routes les plus belles que j'ai pu voir au Honduras.

Toutefois, au bout d'une de ces routes, un résident de la localité m'a dit : « Nous avons tout perdu. » La mine l'avait délogée de sa maison et il se retrouve maintenant sans eau potable et sans terre fertile à semer.

Actuellement, les entreprises canadiennes possèdent 33 pour cent des investissements miniers en Amérique latine, accumulant la propriété de plus de 100 propriétés. Exportation et Développement Canada (EDC) offre 50 pour cent de l'argent du Régime de pensions du Canada (RPC) à des sociétés minières, plus de 50 milliards de dollars en 2003. Goldcorp a reçu à lui seul près d'un milliard de dollars de subventions du RPC. Même si EDC est responsable de la réglementation de l'industrie canadienne à l'étranger, il a été accusé de ne pas appliquer les normes réglementaires à 24 des 26 projets miniers qu'elle a financés.

En février 2003, près de cinq cent litres de cyanure ont été déversés dans le Rio Lara, tuant 18 000 poissons. La mine de San Andres utilise plus d'eau en une heure que la moyenne hondurienne par famille au cours d'une année. La même année, les sociétés minières ont gagné 44,4 millions de dollars alors que le revenu moyen par habitant au Honduras en 2004 était de seulement 1 126 dollars américains.

La position anti-minière de Zelaya : une position qui se paie

Comme l'homme au bout de la route a tenté de me l'expliquer, l'exploitation minière n'est pas développée pour les personnes qui vivent autour de ces mines. Il parle ainsi au nom de milliers d'autres — une base d'appui pour le président renversé Zelaya. En 2006, Zelaya a décidé d'annuler toutes les concessions minières futures du Honduras.

Cela semble expliquer, du moins pour une large part, pourquoi le Canada se tient pratiquement seul dans l'hémisphère à soutenir le renversement de Zelaya par les militaires honduriens. Le gouvernement du Canada et ses amis dans l'industrie minière, utilisent le coup comme une occasion de planter leurs pieds encore plus profondément dans le sol hondurien.

Dans son rôle en tant que ministre d'État aux affaires étrangères, Peter Kent, a un jour déclaré que « la gouvernance démocratique est un pilier central du renforcement de l'engagement du Canada dans les Amériques ».

Apparemment, ses instructions d'Ottawa ont été révisées.

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