Les propriétaires du capital
veulent des
droits sans devoirs, des droits de propriété
sans
responsabilité sociale. L'opposition de la classe
ouvrière organisée veut une
alternative centrée
sur l'être humain où les droits et les
responsabilités sont harmonisés,
où les
travailleurs et la société ont le premier droit de
réclamation à la valeur
ajoutée selon
de nouveaux arrangements.
L'autorité politique et économique
actuelle détache arbitrairement les entreprises qui
opèrent dans l'économie socialisée de leurs
responsabilités sociales en tant que propriétaires et
directeurs de l'économie. Une société moderne ne
peut pas fonctionner avec cette séparation et cette
négation de la responsabilité sociale.
Parlant de l'impact dévastateur des mises
à pied sur vie des travailleurs, Rolf Gerstenberger,
président de la section locale 1005 des Métallos, a fait
remarquer que beaucoup parmi les milliers de travailleurs mis à
pied au Canada sont inadmissibles à l'assurance-emploi et que
parmi ceux qui sont admissibles, beaucoup ont déjà
épuisé ou vont
bientôt épuiser leurs prestations et seront forcés
de faire une demande d'assistance sociale.
« Ils se retrouvent dans des situations
difficiles et se demandent ce qu'ils peuvent faire », a-t-il
dit à la conférence de presse du 1005 le 15 avril.
« Cela a un véritable effet ravageur dans la vie des
gens et le 1005 n'a pas du tout l'intention d'accepter la propagande
qui dit que les travailleurs doivent prendre leur mal en
patience et attendre la reprise de l'économie. C'est un
problème réel et il faut des mesures
d'urgence. »
À part prendre des mesures d'urgence pour assurer
la poursuite de la production de biens et services lorsque des
entreprises privées font faillite, Rolf a présenté
deux demandes générales concernant la
responsabilité sociale envers les travailleurs mis à
pied :
1) Les entreprises et les gouvernements ont la
responsabilité sociale de pourvoir aux besoins des travailleurs
mis à pied au même niveau que lorsqu'ils travaillaient
jusqu'à ce qu'ils retournent travailler.
2. Les entreprises ont la responsabilité sociale
d'ou bien contribuer la valeur ajoutée nécessaire pour
soutenir leurs employés pendant qu'ils ne travaillent pas, ou
bien renoncer à leur droit de propriété de cette
partie de l'économie socialisée qu'ils contrôlent.
Une nouvelle entreprise publique se chargerait de répondre aux
besoins de l'économie
socialisée et de la responsabilité sociale envers les
travailleurs et la société, suivant un plan
discuté et approuvé par les travailleurs, la
communauté et le gouvernement.
Les mesures proposées sont justes si l'on
reconnaît le principe que dans une économie
socialisée moderne, les travailleurs ont des droits du fait
qu'ils sont les producteurs de la valeur ajoutée et les
fournisseurs des services et que l'autorité politique et
économique a la responsabilité sociale de faire respecter
ce principe.
L'économie socialisée est la seule source
de valeur ajoutée pour la population et la société
Que les travailleurs mis à pied soient maintenus
à leur niveau de vie par l'assurance-emploi ou un autre
programme social pour la durée de leur période de
chômage, il demeure qu'il est juste et justifié que
l'autorité politique et économique
fasse respecter cette condition de la société moderne. La
question se pose maintenant à savoir où l'État
prend la valeur ajoutée nécessaire.
Les entreprises se plaignent qu'elles ne peuvent pas se
permettre d'entretenir leurs travailleurs mis à pied parce que
leurs bénéfices de société ont
diminué, étant donné que les travailleurs ne
produisent pas de valeur ajoutée ou ne fournissent pas de
services. C'est une conséquence de la dissociation entre la
propriété et du contrôle d'une partie
de l'économie socialisée et les responsabilités
sociales qui en découlent. Les entreprise veulent
réclamer la valeur ajoutée produite par les travailleurs
mais refusent d'assumer les responsabilités sociales qui
découlent de la propriété et du contrôle.
Les propriétaires du capital embauchent des
travailleurs lorsqu'ils sont assurés que le travail va augmenter
leur capital. Ils les mettent à pied lorsqu'ils croient que la
valeur ajoutée qu'ils produisent n'augmentera pas leur capital
à cause d'une baisse des ventes, de la concurrence, de la baisse
du prix du gros en-dessous du prix de production ou
autre raison. Le droit commercial et l'autorité
économique et politique actuelle supposent a priori
que la justification donnée par les propriétaires du
capital pour fermer une usine et mettre des travailleurs à pied,
quelle qu'elle soit, les libère automatiquement de toute
responsabilité sociale envers ceux qui sont mis à pied,
c'est-à-dire
ceux qui étaient la source des bénéfices de
l'entreprise. Cette conception du monde centrée sur le capital,
ce droit commercial et cette autorité ont un effet destructeur
et antisocial et ont clairement fait leur temps. Ils ne correspondent
pas aux conditions modernes et ne peuvent être
tolérés dans une société dont la base
économique est socialisée et
qui se caractérise par la grande production industrielle
employant les meilleures réalisations de la science et de la
technologie.
Les entreprises supposent tout simplement que les
travailleurs seront disponibles lorsqu'elles en auront besoin et
qu'elles peuvent s'en défaire lorsqu'elles n'en ont plus besoin.
Le droit commercial et l'autorité actuelle leur donnent le droit
de supplanter les droits des travailleurs. Les propriétaires du
capital rejettent leurs responsabilités envers
les travailleurs et la société, et supposent
nonchalamment que les travailleurs mis à pied vont recevoir des
prestations d'assurance-chômage, d'assurance-santé ou de
bien-être ou vont se débrouiller d'eux-mêmes. Ils
refusent la responsabilité sociale mais ils veulent continuer
d'être propriétaires d'une partie de l'économie
socialisée et de décider de
son sort. C'est à la fois irresponsable et dysfonctionnel.
Le phénomène permanent des mises à
pied a comme conséquence qu'il y a en tout temps plus d'un
million et demi de travailleurs en chômage, qui ne produisent pas
de valeur ajoutée et ne fournissent pas de services. Il manque
généralement d'emploi, dans certaines régions plus
que d'autres, et la production de la valeur ajoutée pour
répondre
aux besoins de la société et de ses programmes sociaux
est réduite de façon considérable. C'est une
situation qui nécessite des mesures d'urgence et une alternative
centrée sur l'être humain.
Les entreprises ont le privilège de profiter de
leur propriété d'une partie de l'économie
socialisée et refusent d'assumer le responsabilité que
cela entraîne envers les travailleurs et la société
lorsqu'elles réduisent la production, ferment des usines ou
recourent à la sous-traitance à l'étranger, mais
elles s'attendent quand même à ce que les
travailleurs soient disponibles lorsqu'elles en auront besoin à
nouveau et que les infrastructures économiques et sociales
seront en place et opérationnelles. Il faut contester cette
pensée et pratique antisociale et injuste. Ce système,
cette pensée et cette autorité centrés sur le
capital ne conviennent pas à condition d'une économie
socialisée. Les
travailleurs et leurs alliés doivent y opposer une alternative
centrée sur l'être humain.
La crise économique est une crise pour les
travailleurs et la société dans son ensemble, pas
seulement pour ses différentes parties détenues en
propriété privée
Les fermetures et les mises à pied créent
une crise pour les individus, les collectifs et les affaires de
l'État. Comment l'État peut-il s'acquitter de ses
responsabilités sociales
si les entreprises qui possèdent et contrôlent
l'économie socialisée lui enlèvent les moyens de
le faire ? L'État doit répondre à cette
privation des moyens matériels de résoudre la crise en
restreignant le droit de monopole et en prenant des mesures d'urgence
pour récupérer la valeur ajoutée des entreprises
et en assumer la propriété publique si
elles refusent de maintenir la production et les services. On ne peut
pas permettre aux entreprises de résoudre leur crise sur le dos
du reste de la société. Nous avons vu que les entreprises
refusent de prendre en considération le bien-être
général de l'économie et du pays et qu'elles
cherchent à sauver leurs empires mondiaux aux dépens de
leurs
installations au Canada, transférant le fardeau aux travailleurs
avec les mises à pied et les demandes de concessions et
insistant pour que l'État vienne au secours de leur capital avec
des fonds publics. En plaçant leurs intérêts
étroits en premier, elles rendent la situation d'ensemble pire
pour les travailleurs et la société, et elles contribuent
à
approfondir et à prolonger la crise.
Les programmes sociaux nécessaires au maintien
des travailleurs mis à pied doivent être vus comme une
assurance socialement nécessaire, financée par la valeur
ajoutée que le gouvernement perçoit
régulièrement à titre d'impôts des
sociétés. Présentement, le gouvernement ne dispose
pas d'un fonds d'assurance adéquat parce que les entreprises
paient le moins d'impôts possible. Les travailleurs sont
forcés de s'appuyer sur les programmes existants, comme
l'assurance-emploi, qui est inadéquate et à court terme,
ou l'assistance sociale, qui est dérisoire et une attaque contre
la dignité du travail. L'autorité politique a la
responsabilité historique d'instituer des mesures d'urgence.
Mesures d'urgence
(D'autres propositions de mesures d'urgence sont
discutées dans Le
Marxiste-Léniniste du 22 avril 2009, numéro 79)
La somme nécessaire pour maintenir les
travailleurs à leur niveau pendant toute la durée des
mises à pied doit devenir une dette sociale pour l'entreprise
qui fait les mises à pied, dette qu'elle devra rembourser au
gouvernement lorsque la production reprendra après un maximum de
trois mois d'oisiveté. L'entreprise doit commencer à
rembourser cette dette à la société au plus tard
trois mois après qu'un travailleur a été mis
à pied, que celui-ci ait été rappelé ou
pas. Cette dette sociale entraîne un droit de rétention du
gouvernement sur la propriété de l'entreprise et il peut
l'exercer si celle-ci ne paie pas. Si l'entreprise est incapable ou
refuse de rembourser sa dette sociale une
fois la date d'échéance dépassée, le
gouvernement pourrait amorcer des procédures pour saisir la
propriété et en faire une entreprise publique.
Les aciéries Stelco doivent continuer de
produire. US Steel : utilisez-les ou perdez-les !
Dans le cas des mises à pied chez
Stelco, par
exemple, le monopole US Steel devrait déjà être
tenu de commencer à rembourser sa dette sociale pour la
première série de mises à pied. Les
métallos ne devraient pas être forcés
d'opter pour la retraite anticipée parce que les prestations
d'assurance-emploi sont inférieures aux prestations de pensions
et qu'ils pourraient bientôt épuiser leurs prestations
d'assurance-emploi. US Steel doit être forcé par
l'autorité gouvernementale de payer les métallos mis
à pied au même niveau qu'avant.
Les mesures d'urgence doivent forcer US Steel à
respecter son obligation sociale de maintenir les métallos mis
à pied au niveau où ils étaient lorsqu'ils
travaillaient et l'obliger à rembourser l'État pour tout
l'argent public versé aux travailleurs mis à pied. S'il
refuse de payer sa dette sociale, l'autorité gouvernementale a
l'obligation de
commencer les procédures légales pour la saisie de la
propriété de Stelco en vue d'en faire une entreprise
publique, de rallumer les hauts fourneaux et de rétablir la
production à pleine capacité.
Les entreprises ne devraient pas avoir le droit d'abuser
de leur propriété et du trésor public comme elles
le font lorsqu'elles abandonnent les travailleurs à leur sort,
sans assumer de responsabilité envers eux, l'économie et
la société. Nous vivons dans une économie
socialisée. Les actions des propriétaires du capital
affectent directement la
société, l'économie et le bien public, surtout le
bien-être des travailleurs et des communautés dans
lesquelles ils vivent. Elles ne tiennent compte que de leur
intérêt étroit lorsqu'il est question des besoins
de la société et de l'économie. Les
propriétaires du capital refusent de participer à toute
activité économique qui n'augmente pas leur capital.
C'est en contradiction avec les besoins sociaux d'une économie
complètement intégrée et avec les besoins des
travailleurs qui doivent travailler et produire dans le cadre de
l'économie socialisée pour vivre. Lorsque les entreprises
ferment leur partie de l'économie socialisée, elles
l'empêchent de produire de la valeur ajoutée et de fournir
des
services à pleine capacité. Elles sont
protégées par un droit commercial dépassé
qui défend le droit de monopole et le droit à la
propriété privée des différentes parties de
l'économie socialisée quand elles abandonnent leur
responsabilité sociale et bafouent le droit public et le bien
public. Cela ne doit pas être toléré. Le mouvement
organisé de la
classe ouvrière doit exercer des pressions sur l'autorité
gouvernementale pour qu'elle restreigne le droit de monopole et adopte
des mesures d'urgence et une alternative centrée sur
l'être humain.
Selon le droit commercial actuel, les entreprises ont le
droit d'embaucher des travailleurs et de s'en servir pour augmenter
leur capital, mais ce même droit commercial ne les oblige pas
à soutenir ces travailleurs lorsqu'elles considèrent
qu'il n'est plus possible d'augmenter leur capital pour une raison ou
une autre. Le droit commercial actuel
reconnaît la nécessité de règles
régissant l'activité des propriétaires du capital
dans une économie socialisée, mais sans identifier la
condition centrale de la société moderne :
c'est-à-dire que les travailleurs ont des droits du fait qu'ils
sont les producteurs de la richesse et les fournisseurs des services,
et tous les membres de la société ont des
droits du fait qu'ils sont des êtres humains. Le droit commercial
actuel ne reconnaît pas que les droits des propriétaires
du capital doivent être subordonnés aux droits des
travailleurs et de la société. Il faut un droit
commercial moderne qui change cette équation.
La société n'a pas d'autre source de
valeur ajoutée que les travailleurs qui produisent dans le cadre
d'une économie socialisée, mais le droit commercial
déclare que les propriétaires des différentes
parties de l'économie socialisée ont le premier droit de
réclamation à la valeur ajoutée produite par les
travailleurs et le droit de fermer la production
si cela n'augmente pas leur capital. C'est une pensée et une
pratique dépassées qui ne correspond plus au fait que ces
parties privées de l'économie socialisée sont la
seule source de valeur ajoutée pour les travailleurs, la
société et ses programmes sociaux. D'autre part, le
rôle que joue une partie donnée de l'économie
socialisée intégrée est plus
important pour la survie de la société que pour les
intérêts étroits de ceux qui la possèdent et
la contrôlent. Il faut de nouveaux arrangements où les
décisions concernant la direction de l'économie sont
publiques et appartiennent au peuple souverain, en particulier à
la classe ouvrière. Les intérêts et les droits de
l'ensemble doivent avoir préséance
sur les droits de propriété de la minorité
privilégiée. Le mouvement organisé de la classe
ouvrière doit imposer une définition moderne du droit
commercial qui reconnaît les droits des travailleurs en tant que
travailleurs et que le droit de propriété des
différentes parties de l'économie socialisée est
subordonné aux droits des travailleurs et de la
société.
Un autre aspect de la demande que les travailleurs
reçoivent le même niveau de salaires et d'avantages
sociaux lorsqu'ils sont mis à pied concerne la santé
générale de l'économie socialisée, en
particulier au niveau de la communauté. L'économie
socialisée doit maintenir un certain niveau de demande pour les
biens et services, au risque de
sombrer dans la crise. Les travailleurs mis à pied doivent
continuer de recevoir le même revenu, sinon c'est
l'économie socialisée qui en souffre, surtout dans les
communautés ou les régions où les mises à
pied sont nombreuses.
Le cercle vieux de la production et de l'arrêt de
production, de l'embauche et du licenciement, de l'expansion du capital
et de la faillite doit cesser. Les entreprises font partie de la
société et elles ont des responsabilités sociales.
Elles ne peuvent pas être vues comme étant
séparées de leur fonction dans l'économie
socialisée. Les responsabilités
envers les travailleurs ne se terminent pas lorsqu'ils sont mis
à pied. Les responsabilités envers la
société ne se terminent pas lorsque les entreprises
réduisent la production ou ferment leurs portes. Le facteur
humain/conscience sociale doit introduire la pensée rationnelle
et la planification en matière d'économie.
Les fermetures et faillites et l'irresponsabilité
doivent avoir des conséquences. Les propriétaires du
capital monopoliste doivent assumer les conséquences sociales de
leur échec lorsqu'ils ferment des opérations et jettent
les travailleurs à la rue. Les propriétaires des
différentes parties de l'économie socialisée sont
d'abord responsables envers les
travailleurs, la société et l'économie dans son
ensemble et ensuite envers elles-mêmes en tant que
propriétaires du capital.
On ne peut plus blâmer les marchés, le
comportement et les mauvaises décisions pour les échecs
de l'entreprise. L'échec des entreprises ou leur refus de
s'acquitter de leurs responsabilités sociales signifie que
l'entreprise publique et une alternative centrée sur
l'être humain doivent avoir préséance sur le droit
à la propriété privée des
différentes
parties de l'économie socialisée. Il est possible de
surmonter la crise si la valeur ajoutée de l'entreprise publique
est réinvestie dans la communauté sous forme de salaires,
d'avantages sociaux et de pensions, si les gouvernements
réinvestissent dans la société et les programmes
sociaux les réclamations qu'ils font à la valeur
ajoutée et si l'on
augmente l'investissement dans les usines et les machines et par
d'autres mesures pro-sociales, comme le contrôle public du
commerce du gros et le développement d'une économie
indépendante qui répond à ses besoins.
Les propriétaires du capital veulent des droits
sans devoirs, des droits de propriété sans
responsabilité sociale. L'opposition de la classe
ouvrière organisée veut une alternative centrée
sur l'être humain où les droits et les
responsabilités sont harmonisés, où les
travailleurs et la société ont le premier droit de
réclamation à la valeur ajoutée selon
de nouveaux arrangements.
Les travailleurs ont des droits du fait qu'ils sont les
producteurs de la valeur ajoutée et les fournisseurs des
services.
Les membres de la société ont des droits
du fait qu'ils sont des êtres humains.
Luttons pour un droit commercial moderne et une
alternative centrée sur l'être humain !
Les aciéries Stelco doivent continuer de
produire. US Steel : utilisez-les ou perdez-les !
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