États-Unis
Que peut-on attendre de l'investiture de Donald Trump à la présidence des États-Unis ?
Grande manifestation à New York le 11 novembre 2024, après
l'élection, pour dire que les Américains vont continuer de
défendre leurs droits
À l'approche de l'investiture de Donald Trump à la présidence des États-Unis le 20 janvier et avec tous les développements qui ont lieu aux États-Unis et dans le monde en rapport avec cet événement, LML reproduit cette présentation de Kathleen Chandler, dirigeante de l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis (USMLO) lors d'une réunion du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) le 4 janvier. Elle aborde des sujets de préoccupation du moment, notamment à quoi s'attendre avec l'arrivée en fonction de Donald Trump.
Le président élu Donald Trump assume ses fonctions le 20 janvier. Les conflits au sein des cercles dirigeants sont déjà évidents. On parle beaucoup du fait que Trump a remporté le « tiercé » de la gouvernance, c'est-à-dire que les républicains ont la présidence et la majorité à la fois au Sénat et à la Chambre des représentants, mais la réalité n'est pas si simple. Les partis ne fonctionnent pas comme des partis politiques mais comme des cartels mafieux, où les alliances sont changeantes et différentes factions votent en fonction des intérêts du moment des groupes privés qu'elles représentent, y compris leurs positions futures dans les oligopoles privés. On compte par exemple jusqu'à cinq factions différentes dans les rangs des républicains.
Cette lutte entre factions était évidente hier, le 3 janvier, lors de l'assermentation du Congrès. À la Chambre des représentants, qui compte 435 membres, la répartition est officiellement de 219 républicains et 215 démocrates, avec un poste vacant à la suite de la démission de Matt Gaetz. Celui-ci devait devenir le procureur général de Trump, mais l'opposition était telle, avant même que le nouveau Congrès ne siège, qu'il a été contraint de se retirer. Au Sénat les républicains ont 53 voix contre 47.
Le premier acte de la nouvelle Chambre des représentants est d'élire le président de la Chambre. Rien ne peut être fait avant l'élection du président. Mike Johnson, de la Louisiane, considéré comme l'un des représentants les plus conservateurs, était le président de la Chambre lors du dernier Congrès et s'est représenté pour le nouveau Congrès. Le vote se fait par appel nominal, c'est-à-dire que chaque représentant se lève et déclare pour qui il vote. Ils peuvent voter pour qui ils veulent, et le président de la Chambre n'a même pas besoin d'être membre de la Chambre, bien qu'il l'ait toujours été. Une majorité simple est nécessaire, soit 218 voix dans le cas présent. Un représentant peut également se contenter de voter présent.
Trump, qui avait auparavant menacé Johnson et s'était opposé à lui, a annoncé qu'il le soutenait quelques jours avant l'élection. Susie Wiles, la nouvelle secrétaire générale de Trump à la Maison-Blanche, a également appelé directement les députés pour les inciter à soutenir Johnson. Steve Bannon, l'ancien chef de cabinet de Trump, l'a également fait : il a dit que Johnson était « le moins repoussant » et qu'il n'y avait « pas d'alternative ».
Malgré cela, Johnson a eu de la difficulté à obtenir suffisamment de voix, avec une douzaine d'abstentionnistes. Il n'a pas obtenu la majorité au premier tour de scrutin, car les 215 membres de ce que l'on peut appeler les factions Biden/Harris/Obama/Clinton ont voté pour Hakim Jeffries, le chef de la minorité, et trois membres des factions républicaines ont voté contre Johnson. Il a eu des propositions ouvertes d'échange de faveurs, comme la présidence de commissions importantes, notamment celles des affaires étrangères, des crédits et du règlement, qui est en mesure de bloquer l'adoption de textes législatifs.
Le vote initial contre Johnson était un moyen pour les différentes factions de signaler à Trump ce qu'elles peuvent faire. Bien qu'il soit rapporté que Johnson n'a fait que des « promesses », les tractations et la corruption étaient évidentes avant même que le Congrès ne siège. Et, dans une lettre ouverte diffusée avant le vote, un certain nombre de ceux qui ont voté pour Johnson ont menacé de ne plus le soutenir à l'avenir si le budget n'est pas réduit, si la dette n'est pas abaissée, et fait d'autres demandes qui ne correspondent pas aux idées de Trump.
Cette élection est plus importante que les précédentes luttes pour la présidence qui ont éclaté après les élections de 2022 et qui ont nécessité 15 votes pour être résolues. Sans président, la Chambre ne peut pas agir et Trump ne peut pas être certifié vainqueur de l'élection le 6 janvier. Trump est donc intervenu et a fait pression sur les deux personnes concernées pour qu'elles modifient leur vote. Johnson a été élu au second tour avec les 218 voix nécessaires, un républicain persistant à voter contre.
Toutefois, il est clair que les luttes de factions et les changements d'alliances vont se poursuivre. Trump et Elon Musk sont intervenus pour poser des exigences concernant l'accord conclu quelques heures seulement avant l'échéance du 20 décembre pour la fermeture du gouvernement. Ils ont notamment exigé que le plafond de la dette soit relevé. Cette entente est intervenue après qu'un accord de principe ait été conclu par Johnson et d'autres, ce qui a entraîné un nouveau branle-bas. Mais Trump et Musk ont perdu cette bataille, puisque près de 40 représentants républicains ont voté contre l'entente, s'objectant notamment au plafond de la dette. La clause sur le plafond de la dette a dû être retirée pour permettre l'adoption d'une résolution empêchant la fermeture du gouvernement ne serait-ce que jusqu'au 14 mars. Les gens considèrent le budget comme l'une des tâches les plus importantes du Congrès et leur échec répété à l'adopter suscite une grande colère.
Les vieux arrangements par lesquels la majorité signifiait le contrôle et la possibilité de faire passer facilement des lois ne fonctionnent plus, car les alliances et les factions changent, tout comme les votes. C'est également un facteur qui favorise la multiplication des interventions de pouvoir exécutif du président, y compris l'utilisation accrue des pouvoirs de police. Les pires scénarios impliquent également des efforts visant à éliminer tout rôle pour le Congrès, qui est déjà discrédité, et les gens sont en colère et mécontents de son dysfonctionnement total. C'est particulièrement vrai sur les questions budgétaires et les questions relatives à la guerre et à son financement.
Le plafond de la dette en est un exemple. Il fixe une limite au montant de la dette du gouvernement américain et donc au montant des fonds qu'il peut emprunter. Ce plafond revêt une importance particulière pour Donald Trump, car s'il n'était pas relevé, le gouvernement se retrouverait en défaut de paiement, ce qui aurait un impact considérable sur sa situation financière et sa crédibilité. C'est également là que les factions ont tendance à se manifester et à enliser les opérations. Trump fait pression pour que le dollar américain reste dominant dans le commerce international, où le dollar est nécessaire pour le commerce du pétrole, par exemple, et plus généralement en tant que réserve. Un défaut de paiement affaiblit le dollar. Les menaces qu'il a proférées lors de son entrée en fonction concernent notamment les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), et maintenant l'Iran, l'Égypte et d'autres. Il a déclaré : « Nous exigeons de ces pays qu'ils s'engagent à ne pas créer une nouvelle monnaie du BRICS ni à soutenir une autre monnaie pour remplacer le puissant dollar américain, faute de quoi ils seront soumis à des tarifs douaniers de 100 %. »
Le plafond de la dette a été rétabli le 1er janvier, après avoir été suspendu le 2 juin 2023. La dette s'élève actuellement, en date du 1er janvier, à un peu plus de 36,1 billions de dollars, contre 31,4 billions en juin. La dette de 36,1 billions est le nouveau plafond. Bien que les fonds soient désormais suffisants pour honorer les paiements du gouvernement, la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a envoyé une lettre aux chefs de file du Congrès le 3 janvier indiquant que les États-Unis ne devraient pas atteindre le plafond avant la période comprise entre le 14 et le 23 janvier. Après cela, le département du Trésor peut encore prendre des mesures extraordinaires pour éviter un défaut de paiement pendant quelques mois. Trump exige que le Congrès se penche sur la question avant le 20 janvier, mais compte tenu de la précédente bataille de décembre, cette échéance reste incertaine. Le Sénat doit également commencer à approuver les nominations du cabinet de Trump, un autre sujet de discorde, comme le montre la révocation de Gaetz avant même que les nominations ne soient examinées.
Comment se mèneront ces batailles et comment Trump y répondra montrera l'intensité des luttes de factions et l'impuissances des arrangements gouvernementaux actuels à y faire face. Nous verrons également comment Trump envisage de dépasser les limites de la Constitution et de l'autorité du Congrès en matière budgétaire, notamment en ce qui concerne le plafond de la dette, qui pourrait être supprimé. N'oubliez pas non plus que les tarifs douaniers et les sanctions peuvent être imposés par l'exécutif sans passer par le Congrès, ce qui est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles Trump menace souvent d'y recourir.
En ce qui concerne les pires scénarios, l'un des principaux fronts sur lequel Trump cherchera à enfreindre la Constitution est celui de l'immigration, notamment en imposant des expulsions massives et en recourant à l'armée à l'intérieur du pays. Ces deux mesures visent à réduire le rôle et l'autorité des États qui, il faut le rappeler, sont fortement armés et disposent de leurs propres forces militaires de la garde nationale et de leurs propres forces de police – que ce soit au niveau de l'État, du comté ou des villes. Des villes comme New York, Chicago et Los Angeles ont toutes leur propre armée, avec des centres de commandement, des drones, des chars, des armes automatiques, etc. L'affrontement avec les États sur cette question et la répression des grandes manifestations qui ont déjà lieu sont des moyens de justifier l'utilisation de l'armée à l'intérieur du pays et de créer les conditions pour des mesures d'urgence telles que la loi martiale ou le régime militaire sous une forme ou une autre. La violation des limites de la Constitution n'a pas pour but de répondre aux besoins actuels de la société américaine, qui exigent que le peuple soit investi du pouvoir souverain, mais plutôt de préserver l'État américain dans des conditions où les mécanismes de gouvernance existants ont échoué.
Trump a déjà envoyé son tsar des questions frontalières, Tom Homan, au Texas et à New York pour presser les demandes en matière de renforcement de l'autorité fédérale. Le Texas est utilisé comme modèle, car son gouverneur est favorable à une militarisation accrue et a déjà stationné la Garde nationale du Texas le long de la frontière. Le Texas a également proposé des terrains publics pour l'installation d'un centre de détention. Il faut garder à l'esprit qu'en général, les personnes visées par les menaces d'expulsion de Trump seront d'abord détenues, puis expulsées, ce qui signifie qu'il faudra beaucoup plus de centres de détention. En outre, alors qu'il existait auparavant un accord avec le Mexique pour accepter les personnes expulsées même si elles n'étaient pas des ressortissants mexicains, le gouvernement mexicain déclare à présent qu'il ne le fera plus. Cela signifie que les personnes expulsées devront être renvoyées dans leur pays d'origine, quel qu'il soit, ce qui nécessitera un transport aérien massif. C'est là aussi que Trump pourrait justifier le recours à l'armée, non seulement à la frontière, mais aussi pour intervenir au Mexique et l'obliger à accepter les expulsés.
Ses menaces concernant les tarifs douaniers contre le Mexique et le Canada doivent être prises au sérieux car elles font partie de la mission de Trump de préserver l'État américain et d'étendre sa domination mondiale. Les États-Unis ont besoin d'intégrer plus complètement le Mexique à leur machine de guerre, et Trump utilise les questions d'immigration et de frontières à cette fin.
Les menaces visent également à renforcer le contrôle des États-Unis sur le Canada, ce qui est également évident dans la poussée actuelle concernant un « Arctique nord-américain » et, plus généralement, un plus grand contrôle sur le Mexique et le Canada, leurs ressources naturelles et leur main-d'oeuvre. Bien que les États-Unis préparent cette approche depuis un certain temps, ce qui ressort de la présidence Trump, c'est la probabilité d'un recours accru à l'armée et l'utilisation des questions frontalières et de l'immigration pour justifier ce recours, à l'intérieur du pays, ainsi qu'avec le Mexique et le Canada.
Ce que beaucoup ont tendance à oublier dans ces calculs, c'est l'opposition ferme des peuples de ces trois pays. Le Canada et le Mexique s'efforcent de mettre en place des économies autonomes, libérées de la machine de guerre et du diktat des États-Unis. Aux États-Unis aussi, on réclame une économie et un gouvernement antiguerre et prosocial.
Manifestation contre le sommet de l'OTAN à Washington le 7
juillet 2024
De nombreuses actions ont déjà eu lieu aux États-Unis pour défendre les droits des immigrants et des réfugiés. On y entend la demande que soit supprimée la principale agence fédérale chargée de l'application de la loi en cette matière, l'Immigration and Customs Enforcement (ICE). En Californie, par exemple, qui est un État sanctuaire et qui compte aussi des villes sanctuaires, des actions de masse ont eu lieu en décembre pour exiger que l'ICE ne soit pas autorisée à intervenir dans l'État et qu'aucun fonds ne soit utilisé pour aider les forces de l'ordre fédérales. Des actions similaires ont eu lieu à New York, Chicago et ailleurs. Nous restons fermement convaincus que ces expulsions, détentions et séparations de familles, ainsi que l'expulsion de travailleurs qui font depuis longtemps partie de la classe ouvrière américaine et jouent leur rôle militant, ne se font pas en notre nom ! Pas en notre nom ! Pas dans nos communautés !
Manifestation le 18 décembre 2024 à New York à l'occasion de la
Journée internationale des migrants pour exiger que la ville
dise Non ! aux plans de Trump de procéder à des expulsions
massives
Manifestation pour que la Californie reste un État sanctuaire et
pour bloquer l'ICE et le financement par l'État des détentions
massives et des déportations, Sacramento, le 2 décembre 2024
Bannière lors d'un rassemblement à New York le 9 novembre 2024
après l'élection de Trump
Pour ce qui est de l'affaiblissement de l'autorité des États, Trump a également déclaré qu'il mettrait en état d'arrestation les autorités locales et étatiques qui refusent de se conformer aux autorités fédérales. Il vise en particulier les États et les villes sanctuaires qui existent dans tout le pays et qui reflètent la forte demande du peuple américain de respecter et de défendre les droits des immigrants et des réfugiés. Ces sanctuaires bloquent spécifiquement le recours aux autorités fédérales, en particulier l'ICE, pour détenir des personnes. Des scénarios se dessinent déjà dans lesquels des milliers de soldats sont déployés dans des villes comme New York, Los Angeles, Chicago, Denver et ailleurs pour rassembler des personnes considérées comme « criminelles » ou sans papiers, en dépit de leur statut de sanctuaire. Il s'agit là de moyens non seulement d'affaiblir les lois et l'autorité des États et des collectivités locales, mais aussi de créer les conditions nécessaires à l'adoption de mesures d'urgence et à l'accroissement des pouvoirs de la police.
Il existe déjà de nombreuses actions et manifestations non seulement pour défendre les droits des immigrants et des réfugiés, mais aussi pour soutenir la Palestine, contre la guerre et pour les droits des travailleurs. Le 1er janvier, des milliers de personnes ont manifesté à Times Square à New York pour incarner la ligne rouge contre les génocides et exiger un embargo sur les armes à destination d'Israël.
New York, 1er janvier, 2025, des milliers de personnes
manifestent pour demander un embargo sur les armes à destination
d'Israël.
Manifestation de soutien à la Palestine et demande de mettre fin
au ciblage des travailleurs de la santé, 5 janvier 2025 par
Israël
Des manifestations ont également lieu en ce moment à Washington pour demander au Congrès de ne pas certifier Trump comme président puisqu'il a incité à une insurrection le 6 janvier 2021 et qu'il ne peut donc pas être président. Chassés de l'enceinte du Capitole par les forces de l'ordre, les manifestants se sont déplacés vers la place au monument de Lincoln. Tout en s'appuyant sur le 14e amendement de la Constitution, qui porte sur le droit à l'insurrection, les manifestations reflètent la colère suscitée par le dysfonctionnement des institutions et l'absence de moyens de tenir le gouvernement responsable.
Des actions sont également prévues pour l'investiture de Trump le 20 janvier. Les forces antiguerre ont organisé des webinaires pour dénoncer les actions américaines en Palestine, au Liban et en Syrie et seront sans aucun doute présentes le 20 janvier, tout comme celles qui défendent les immigrants, le droit à la liberté d'expression et le droit de s'organiser.
Les travailleurs se sont
également organisés pour leurs droits en 2024 et continuent de
le faire en 2025. Cinq mille infirmières et médecins de
Portland, dans l'Oregon, ont appelé à une grève le 10 janvier.
Les travailleurs du secteur de la santé sont parmi les plus
actifs, avec notamment une grève de trois jours par plus de 50
000 d'entre eux en Californie, à laquelle se sont joints ceux
qui manifestaient en soutien à la Palestine. Dix mille
infirmières se sont syndiquées à Detroit, tandis que près de 28
000 employés des écoles de Virginie, un État où sont en vigueur
les lois sur « le droit de travailler » (antisyndical), donc le
droit d'être réduit en esclavage, se sont également syndiqués.
Dans la première usine automobile du Sud à se syndiquer depuis
des années, Volkswagen à Chattanooga, dans le Tennessee, 5 000
travailleurs ont obtenu la certification syndicale en avril,
avec un vote décisif de 73 %. Les travailleurs portuaires de la
côte est ont également déclenché la grève, ont obtenu une
augmentation de salaire importante et bien d'autres choses
encore. Comme leurs confrères de la côte ouest, ils ont respecté
les piquets de grève mis en place par les opposants au génocide
de Gaza pour bloquer les expéditions vers Israël. Cette tactique
sera utilisée au cours de l'année à venir. Les travailleurs de
Boeing ont également obtenu des gains salariaux et autres. Chez
Daimler Truck, en Caroline du Nord, 7 400 travailleurs ont
menacé d'aller en grève et ont obtenu une augmentation de 25 %.
Plus de 34 grèves ont eu lieu dans le secteur manufacturier.
Les travailleurs d'Amazon ont tenu une grève internationale
dans 30 pays pour #MakeAmazonPay lors du Black Friday, en
novembre. Environ 10 000 travailleurs des entrepôts d'Amazon de
l'État de New York, de la Californie, de la Géorgie et de
l'Illinois ont fait grève pendant les vacances de décembre pour
exiger qu'Amazon reconnaisse le syndicat et négocie un contrat
pour de meilleurs salaires, une meilleure sécurité d'emploi et
de meilleures conditions de travail. Les travailleurs de
Starbucks ont également fait la grève en appui à des
revendications semblables. Plus de 5000 personnes ont débrayé le
24 décembre, entraînant la fermeture de plus de 300 magasins
dans 43 États.
Les infirmières de Detroit se syndiquent en novembre 2024.
Rassemblement des débardeurs à North Bergen, New Jersey, après
l'échec des négociations, le 13 novembre 2024
Rassemblement des grévistes de Boeing, au 33e jour de leur
grève, le 15 octobre 2024
Grève des travailleurs d'Amazon à City of Industry, en
Californie, le 20 décembre 2024
Grève des travailleurs d'Amazon à
New York le 19 décembre 2024
Après une vigoureuse campagne pour le renouvellement de la convention collective qui a permis de consolider le syndicat et gagner le soutien du public, et avec un vote de grève de 99,5 %, l'Association des agents de bord professionnels représentant les employés d'American Airlines ont immédiatement obtenu une augmentation salariale de 20 %, une augmentation rétroactive à l'expiration de leur convention collective de 2019 et un salaire d'embarquement, ce qui est sans précédent. Habituellement, les agents de bord sont payés seulement lorsque les portes de l'avion se ferment. Les agents de bord de Southwest, représentés par la section locale 566 du Syndicat des travailleurs du transport, ont obtenu des augmentations salariales et les agents de bord de United Airlines de l'Association des agents de bord ont voté à 99,9 % pour la grève et pourraient y avoir recours d'un moment à l'autre.
Ces luttes en cours, les manifestations de soutien à la Palestine, les actions fermes à la défense des droits des immigrants et des réfugiés, sont autant de signes que le peuple étasunien intensifie sa résistance organisée et refuse de se soumettre aux plans de guerre et de répression des États-Unis. Les travailleurs sont unis et rejettent les tentatives de les diviser sur une base raciste et de les rallier aux plans de Trump.
La conscience collective qui gagne du terrain parmi le peuple, y compris parmi ceux qui ont voté pour Trump, est que les arrangements actuels sont un échec total. Elle s'exprime par une colère généralisée, surtout face à l'impunité et l'absence de reddition de comptes et à l'anticipation d'une répression accrue et d'une tentative de réduire la résistance au silence. Il y a peu d'appui pour l'idée que la Constitution résoudra les problèmes alors qu'elle n'a pas réussi à le faire depuis plus de 200 ans et qu'elle est reconnue comme étant un compromis avec l'esclavage et les oligopoles contre la démocratie. Beaucoup constatent la nécessité d'une nouvelle constitution, une constitution qui réponde aux besoins de l'époque, dont celui d'investir le peuple du pouvoir de gouverner et de décider des questions qui le touchent, surtout les questions de guerre et de paix et de militarisation de l'économie et de la vie.
Les conditions sont telles que le peuple cherche des
alternatives, ce qui offre une occasion importante pour nous de
continuer à cibler ces arrangements, qui sont fondés sur la
thèse de l'alliance, qui élève une personne d'État au-dessus du
peuple et contre le peuple. C'est bien connu que le gouvernement
est pour et par les riches, mais il y a un blocage lorsqu'il
s'agit de reconnaître qu'il ne faut pas simplement perpétuer ces
arrangements sous prétexte de trouver de « meilleurs »
représentants. Il faut de nouveaux arrangements qui, de par leur
forme et leur contenu, investissent le peuple du pouvoir, ce que
ferait une nouvelle constitution. Cela veut dire s'opposer à
l'idée qu'une solution serait d'éliminer le collège électoral,
ou d'élire le président par scrutin direct, car en fin de compte
ces deux mesures ne feraient que consolider le pouvoir de la
présidence.
Il s'agit aussi d'apporter confiance et enthousiasme parmi ceux qui se battent. Certains disent qu'il faut blâmer le peuple américain lui-même pour l'élection de Trump et veulent faire passer les Américains pour des racistes et des réactionnaires. Ils disent du même souffle que Trump et l'État américain décident et que notre rôle est seulement de réagir. Notre carte du Nouvel An dit que ce sont les peuples qui font l'histoire et que la résistance connaît des succès, que nous aux États-Unis nous pouvons être fiers de la résistance qui s'est organisée en 2024, de la ligne rouge qui a été tracée contre le génocide et de l'intensification de la lutte pour les droits. C'est nous qui décidons comment nous organiser, pas Trump.
La réponse a été positive. Les gens l'apprécient beaucoup quand
nous allégeons le fardeau de négativité qui pèse sur tous. Ils
apprécient beaucoup les positions audacieuses et positives. Ils
ont parlé des diverses manières de se joindre aux activités
d'organisation. Ce petit exemple reflète notre rôle dans le
renforcement de la défiance au diktat américain et l'importance
de poursuivre notre propre ordre du jour, un ordre du jour
résolument antiguerre, prosocial et affirmateur pour ce qui est
du droit du peuple de décider de ses affaires.
La manifestation du 6 novembre 2024 à Chicago, juste après les
élections, exprime la détermination
des peuples à parler en leur nom propre et à s'organiser pour
faire valoir leurs propres revendications, pour défendre leurs
droits et s'investir du pouvoir de décider de leurs affaires.
Cet article est paru dans
Volume 55 Numéro 1 - 7 janvier 2025
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