Une nouvelle « super ministre » experte en intégration nord-américaine

– Geneviève Royer –

Le 5 septembre 2024, le premier ministre du Québec, François Legault, a annoncé que la ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, Christine Fréchette, députée de la circonscription de Sanguinet, sur la Rive-Sud de Montréal, depuis 2022, occupera le poste du « super ministre » Pierre Fitzgibbon, qui a démissionné le 3 septembre. Elle deviendra donc la nouvelle « super ministre » – ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie; ministre responsable du Développement économique régional; ministre responsable de la Métropole et de la Région de Montréal. Ce qui est important, c'est de voir à quel point elle sait comment intégrer le Canada à l'économie de guerre des États-Unis et fouler aux pieds la souveraineté nationale du Canada et du Mexique et de tout pays qui défie l'ordre international fondé sur les règles des États-Unis[1].

Son article de 2005 intitulé « Triumvirat : Une innovation interparlementaire nord-américaine », rend amplement claire la contribution qu'elle cherche à apporter. Elle préconise que « la création d'un bloc économique régional tel que l'ALÉNA [Accord de libre-échange nord-américain] requiert l'attention constante des législateurs, ne serait-ce que pour répondre aux nombreux besoins qu'il génère en matière de commerce, de sécurité et de développement ». Pour y parvenir, elle propose une réunion « des législateurs des parlements fédéraux du Canada, des États-Unis et du Mexique » où ils discuteraient de questions liées à quatre thèmes : la création de corridors commerciaux nord-américains, l'immigration, l'usage des énergies renouvelables et le chapitre de l'ALÉNA portant sur les investissements[2].

L'idée d'une réunion « des législateurs » ne s'est jamais matérialisée, mais l'intégration s'est poursuivie avec le sommet de Waco, au Texas, qui a réuni les présidents américain et mexicain et le premier ministre canadien en mars 2005. Ce premier sommet a ouvert la voie aux sommets annuels des « trois amigos », dans le cadre du Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité, conçus pour intégrer davantage l'économie canadienne et mexicaine à l'économie de guerre des États-Unis.

Avec un tel parcours, on comprend pourquoi François Legault l'a nommée à la tête des deux importants ministères de l'Économie et de l'Énergie : c'est pour poursuivre l'intégration de l'économie et des ressources naturelles du Québec à l'économie de guerre des États-Unis.

Notes

1. La biographie de la toute nouvelle ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie montre comment est formée une personne de premier plan de l'État. Elle est titulaire d'une maîtrise en relations internationales (Université Laval, 1994) et d'un baccalauréat en administration des affaires, spécialisation en économie et commerce international (HEC, Université de Montréal, 1992). Avant d'être élue pour la première fois le 3 octobre 2022, elle a été PDG de la Chambre de commerce de l'Est de Montréal (2016-2021). De 2014 à 2016, elle a été directrice des relations externes et institutionnelles à Montréal International, qui se décrit comme « l'agence de promotion économique du Grand Montréal ». De 2012 à 2014, sous le gouvernement péquiste de Pauline Marois, elle a occupé le poste de directrice adjointe du cabinet du ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur. De 2008 à 2012, elle a été analyste de la politique américaine à Radio-Canada et au Groupe TVA, stations de radio 98,5 et 93,3 sur la bande FM. Entre 2007 et 2012, elle a travaillé en tant que coordonnatrice de la Chaire d'études politiques et économiques américaines et de la Chaire d'études mexicaines contemporaines de l'Université de Montréal (UdeM). Elle a également été membre du conseil d'administration du North American Center for Transborder Studies, Université d'État de l'Arizona, de 2006 à 2011, et de l'Observatoire des Amériques de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) entre 2006 et 2007.

Christine Fréchette a été membre de la mission d'observation électorale de l'Organisation des États américains (OÉA) en 2006. À cette époque, des délégations de l'OÉA ont été envoyées au Honduras, en Bolivie et au Venezuela pour y superviser les élections générales et présidentielles. Entre 2005 et 2008, elle a également été membre du conseil d'administration du Conseil des relations internationales de Montréal (CRIM), qui se décrit comme un organisme privé à but non lucratif et non partisan.
C'est ce même organisme qui invite régulièrement le ministre des Affaires étrangères du Canada à venir s'adresser à un groupe de personnes sélectionnées pour présenter la « vision du gouvernement ». En novembre dernier, la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, est venue au CRIM pour défendre le soutien du Canada aux crimes sionistes commis contre le peuple palestinien à Gaza.
Entre 2004 et 2007, Christine Fréchette a été membre du conseil d'administration du Centre d'études internationales de Montréal – Cérium (UdeM). Elle a également fondé et dirigé le Triumvirat, Forum sur l'intégration nord-américaine (FINA), entre 2002 et 2011.

2. « Triumvirat : une assemblée parlementaire nord-américaine voit le jour », Christine Fréchette, automne 2005, Revue parlementaire canadienne

(Avec des informations de l'Assemblée nationale du Québec, de Montréal International, du Conseil des relations internationales de Montréal, de la Revue parlementaire canadienne)


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Volume 54 Numéro 8-9 - Août-Septembre 2024

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