L'héritage de super braderie du « super ministre » sortant
Dans les heures qui ont suivi l'annonce, le 4 septembre, de la démission de celui que l'on appelait le « super ministre » du Québec, Pierre Fitzgibbon, les milieux d'affaires lui ont fait des éloges éloquents, notamment sur sa réforme d'Investissement Québec et sur le développement de la chaîne d'approvisionnement des batteries.
La réforme en question est celle entreprise par le gouvernement Legault, à partir de 2020, de la société d'État appelée Investissement Québec. En tant que ministre de l'Économie, en 2019 Pierre Fitzgibbon a parrainé le projet de loi 27, Loi concernant l'organisation gouvernementale en matière d'économie et d'innovation, adopté par l'Assemblée nationale le 6 décembre 2019. Un des objectifs de cette Loi, selon Fitzgibbon, était de doubler d'ici cinq ans les investissements étrangers au Québec. La manière d'y arriver était de transférer tout un pan de l'offre de services du ministère de l'Industrie et de l'Innovation du Québec à l'agence Investissement Québec (IQ), afin qu'elle soit un guichet unique de services pour les entreprises privées basées au Québec. Il a mis sur pied IQ international pour faciliter l'exportation des produits provenant des entreprises basées au Québec et « accompagner les sociétés étrangères à travers leur implantation au Québec ».
Selon les résultats publiés par IQ et sa branche internationale pour l'exercice financier allant d'avril 2023 à mars 2024, de nouveaux investissements directs étrangers de 13,1 milliards $ sont arrivés en sol québécois, soit presque six fois plus que pour l'exercice 2018-2019 (2,3 milliards $). Selon le communiqué d'IQ, « les investissements liés à l'implantation de la filière batterie en sol québécois, ainsi que ceux dans le secteur des ressources naturelles, représentent une part significative » des activités de prospection effectuées entre avril 2023 et mars 2024.
Ce qu'Investissement Québec ne mentionne pas, c'est que tous ses investissements ont été accompagnés de stratagèmes pour payer les riches de plusieurs centaines de millions de dollars, voire de milliards de dollars, par les gouvernements Trudeau et Legault. Actuellement, plusieurs de ces investissements étrangers dans la filière batterie demeurent incertains, dont le projet de l'usine de cathodes de Ford, EcoProBM et SK On, à Bécancour, de 1,2 milliards de dollars qui a été mis sur la glace depuis le 30 avril dernier. Le sort de la future usine de cellules de batteries de Northvolt, à McMasterville, au coût de 7 milliards de dollars, qui demeure aussi incertain suite aux récents déboires de la société-mère en Suède.
Lors de la présentation du dernier exercice financier de l'IQ en mai, des journalistes ont voulu savoir si IQ international est présent en Israël. Le PDG d'IQ international, Hubert Bolduc, s'est fièrement vanté d'avoir été de la première mission que Fitzgibbon a faite en Israël en 2022, « celle qui lui [Fitzgibbon] a donné l'idée de dire qu'il y a quelque chose à faire dans ce pays-là. Tech, innovation, cybersécurité » [...] « On a vu des choses là qui nous ont fait comprendre qu'il y avait quelque chose à apprendre d'Israël dans ces secteurs-là, a-t-il ajouté. [...] Si on a la chance d'avoir des yeux et des oreilles là-bas, on va regarder tous les projets. [...] On va être opportuniste », a-t-il dit.
Il demeure qu'en 2023 le gouvernement du Québec a quand même ouvert un bureau commercial à Tel-Aviv qu'il refuse de fermer malgré les demandes répétées provenant de nombreuses organisations de défense des droits humains et les nombreuses pétitions dans ce sens qui circulent, dont celle à l'Assemblée nationale qui a récolté près de 12 000 signatures en l'espace de quelques mois.
Ce que tout cela révèle est que des politiciens sans principes issus de partis cartellisés, qui parcourent le monde comme des commis voyageurs pour vendre au plus offrant les ressources naturelles du Québec, ne représentent pas les aspirations des travailleurs et du peuple au Québec. L'alternative que la classe ouvrière cherche à mettre en place est un projet d'édification nationale où l'économie est garante du bien-être de tous, et non d'une poignée d'intérêts privés étroits.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 8-9 - Août-Septembre 2024
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