Une grenade à la réunion du caucus – la sélection des candidats en Colombie-Britannique
La nouvelle en a secoué plus d'un. Le chef du parti BC United Kevin Falcon et le chef du Parti conservateur John Rustad ont tenu une conférence de presse le 28 août et Falcon a annoncé la suspension de la participation de BC United à la prochaine élection provinciale et a donné son plein appui aux conservateurs. Cette annonce a été précédée de plusieurs années d'intense rivalité et de grande animosité entre les deux chefs et les deux partis, Falcon ayant expulsé Rustad de BC United en 2022 et celui-ci ayant rejoint plus tard les conservateurs.
La plupart des députés de BC United, telle que la députée de longue date et ancienne vice-première ministre Shirley Bond, ont été pris au dépourvu, sans parler des associations de circonscriptions, du personnel, des donateurs et des électeurs, en apprenant qu'il y avait eu cette entente secrète de dernière minute. Les candidats, les associations de circonscription et le personnel conservateurs ont eux aussi pris de court.
Alors qu'il coupait l'herbe sous les pieds de ses propres candidats de parti (succombant à la pression de ses bailleurs de fonds), Kevin Falcon ne semble avoir obtenu à peu près rien dans son entente secrète sauf que c'était censément une mesure pour unifier la coalition de « centre-droite » dans le but de défaire le NPD au pouvoir. Seul le temps dira si cette histoire en cache une autre et si cette coalition brique-à-braque tiendra le coup.
De son côté, John Rustad a laissé entendre que son unique engagement était qu'il « envisagerait peut-être » d'autoriser des candidats de BC United de se présenter sous la bannière conservatrice, moyennant un processus d'évaluation contrôlé par lui. Cela engendre un véritable casse-tête, les candidats devant jouer aux chaises musicales alors que les 140 candidats des conservateurs et de BC United à l'Assemblée législative devront jouer des coudes pour le partage des 93 sièges disponibles à l'Assemblée législative. Certains candidats des deux partis ont déjà reçu le message qu'en dépit d'avoir déjà été désignés, ils ne recevront pas l'aval du Parti conservateur.
Cette entente secrète a été une capitulation totale et abjecte de la part de Kevin Falcon et elle a plongé le parti dans le chaos, certains candidats choisissant de se retirer de la campagne, d'autres songeant à se présenter comme indépendants et d'autres entretenant l'espoir de rejoindre les conservateurs. Mike Bernier, le député de BC United dans Peace River South, a résumé le carnage ainsi : « [Falcon] s'est présenté comme voulant se faire harakiri, mais plutôt que de s'empaler, il a lancé une grenade dans notre salle de caucus [de BC United], puis s'est sauvé en courant. »
Comme le souligne le journaliste Paul Willcocks dans The Tyee, « rien ne va plus lorsque, dans un système, une personne peut faire tomber un parti et priver les électeurs d'une option clé sept semaines avant l'élection ». Le problème existe aussi au niveau fédéral où des chefs de parti et des quartiers généraux de parti peuvent décider qui sera désigné, bien souvent par le biais de stratagèmes et de manipulations, laissant les électeurs et même les membres du parti gros-jean comme devant.
C'est ainsi que fonctionne le système de parti actuel de l'establishment, qui brouille les lignes de partis. Le choix des candidats est entre les mains de partis politiques qui sont des organisations privées et non pas entre les mains des électeurs. En fonction de ce système, les chefs de partis ont le pouvoir d'agir comme de véritables dictateurs ayant le droit de nommer un candidat ou d'annuler une candidature comme bon leur semble.
C'est un phénomène qui n'est pas démocratique. Nous devons renouveler notre processus démocratique et une des principales choses à changer est la sélection des candidats. En fonction du système actuel, les partis et les chefs de parti ont une emprise sur le processus de sélection. Pourquoi ne pas élargir nos horizons et avoir un processus de sélection permettant aux électeurs de choisir les candidats plutôt que les partis ?
Anciennement, la Colombie-Britannique avait un système de gouvernance par lequel les candidats étaient indépendants. Pourquoi ne pas repenser la situation telle qu'elle se présente aujourd'hui et adopter un nouveau processus démocratique au diapason avec ce qu'il nous faut aujourd'hui ?
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 8-9 - Août-Septembre 2024
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