Élection générale au Mexique
Le peuple refuse le retour en arrière et vote en faveur des politiques prosociales
Rassemblement de la victoire à Mexico, le 8 juin 2024,
pour la
présidente élue Claudia Sheinbaum et la mairesse élue de
Mexico
Clara Brugada, qui se sont toutes deux présentées sous
l'étiquette du parti Morena.
Le 2 juin dernier, plus de 60 % des 99 millions de Mexicains ayant droit de vote se sont rendus aux urnes afin de participer à la plus grande élection générale de l'histoire du Mexique. En effet plus de 18 000 candidats et candidates se sont présentés pour élire le président du pays. L'élection a également renouvelé le Congrès de l'Union formé des 128 sénateurs du Sénat et des 300 députés élus et 200 députés plurinominaux de la chambre des députés, les gouverneurs de 8 des 31 États qui forment le Mexique, les députés de 30 des 31 congrès étatiques du pays, le gouvernement de la capitale Mexico et son chef, ainsi que des milliers de postes des administrations locales qui sont les maires, les régisseurs et conseillers municipaux.
La présidente de l'Institut national électoral (INE), Guadalupe Taddei Zavala, a annoncé en conférence de presse en début de nuit du 3 juin la victoire incontestable de Claudia Sheinbaum, candidate à la présidence pour la Coalition Sigamos Haciendo Historia (Continuons de faire l'histoire), formée du Parti Morena, Parti du travail et Parti vert.
Le samedi 8 juin, après avoir terminé toutes les modalités de comptage et recomptage des votes, l'INE a officialisé l'élection de Claudia Sheinbaum avec 59,76 % du suffrage, soit presque 36 millions de votes, loin devant sa plus proche rivale qui elle a récolté 27 % du vote. Ceci fait de Claudia Sheinbaum la première femme de l'histoire du Mexique à être élue au poste de présidente et la candidate ayant reçu le plus de votes, devançant même Lopez Obrador qui a reçu 33 millions de votes à l'élection de 2018.
Le reste des résultats font état d'un raz de marée de la Coalition Siguamos Haciendo Historia dans toutes les catégories. Ainsi, à Mexico, une autre femme, Clara Brugadas, a été élue avec 51 % des votes et la coalition Morena-PT-Parti vert a remporté 11 des 16 mairies de la capitale. Des huit États devant élire un gouverneur, six ont été remportés par Morena et ses alliés qui gouverneront 24 des 31 États du pays. La domination de Morena et de ses alliés est également écrasante dans le Congrès de l'Union. À la chambre des députés, la Coalition Continuons de faire l'histoire a remporté au total 374 des 500 sièges, ce qui lui confère la majorité des deux tiers, ce qu'on appelle une majorité qualifiée. Au Sénat, la même alliance a remporté au total 83 des 128 sièges à combler, ce qui la place à un siège de la majorité absolue. Pour pouvoir apporter des changements à la Constitution du pays il est nécessaire d'avoir la majorité absolue à la fois à la Chambre des députés et au Sénat.
Rassemblement à Mexico le 8 juin
Il est à noter que les pourcentages les plus élevés de votes reçus par Morena et ses alliés se situent dans le sud du pays, là où le gouvernement de Lopez Obrador a construit la majorité des grands projets de sa gouvernance que sont le train maya de plus de 1500 kilomètres, la nouvelle raffinerie de pétrole, le corridor interocéanique Ismo de Tehuantepec, de nouveaux aéroports et circuits touristiques.
Avec ces résultats, l'alliance conservatrice, la coalition Force et coeur pour le Mexique, formée du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), du Parti Action nationale (PAN) et du Parti de la révolution démocratique (PRD), sort la grande perdante de ces élections. En effet le PRI, qui a gouverné le pays pendant plus de 70 ans dans le passé, glisse en quatrième position, alors que le PRD n'ayant pu obtenir les 3 % de vote réglementaire à l'échelle nationale disparaît comme parti enregistré.
La nouvelle présidente élue a déclaré que la priorité de son gouvernement sera la continuité et l'élargissement des programmes sociaux, comme entre autres une assistance économique à toutes les femmes de 60 à 64 ans, l'universalisation des bourses d'études à tous les niveaux d'éducation, la consolidation du système de santé avec les soins et médicaments gratuits à l'échelle du pays. Elle poursuivra également la politique de souveraineté énergétique, la modernisation des ports et voies ferrées, une réforme électorale et une réforme du système de la justice.
Au-delà de la poursuite des politiques du bien-être, comme elles sont appelées, le nouveau gouvernement devra faire face aux énormes pressions de l'oligarchie financière internationale, comme des impérialistes étatsuniens, qui exigent que ne soit pas touchée la domination étrangère sur les ressources naturelles du pays. Plus de 25 % du territoire mexicain se trouve en concessions minières, dont 90 % appartiennent à des entreprises étrangères. Il y a présentement 11 conflits dans le secteur des mines, certaines de ces grèves durent depuis des décennies. L'une des ressources très convoitées sont les mines de lithium. Bien que le gouvernement mexicain ait nationalisé cette ressource dans son extraction et transformation, le contrôle de sa distribution est entre les mains des impérialistes étatsuniens qui désirent s'en accaparer pour leurs fins de production militaire.
Une autre pression que subi le gouvernement concerne l'utilisation de l'eau. Il existe plus de 3 800 concessions d'extractions d'eau potable au Mexique. La très grande majorité sont détenues par les grandes entreprises internationales qui se soucient peu ou pas du tout du fait qu'un pourcentage de plus en plus grand de la population est sans accès à cette ressources indispensable pour la vie.
Entre temps, les politiques inhumaines du gouvernement des États-Unis en ce qui a trait à l'immigration ont dans les faits transformé le Mexique en troisième pays d'accueil.
Bien que le gouvernement de Morena ait adopté et défendu une politique extérieure de non-ingérence et de respect mutuel, politique qu'il applique scrupuleusement lorsqu'il s'oppose au blocus contre Cuba, ou au coup d'État au Pérou ou en Bolivie et ailleurs en Amérique latine, la pression qu'il subit peut se voir clairement sur ses positions beaucoup plus discutables de neutralité en ce qui concerne le conflit en Ukraine ou le génocide du peuple palestinien.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 6 - Juin 2024
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