Élection générale le 4 juillet au Royaume-Uni
Non aux partis cartellisés pro-guerre !
Selon le chef du Parti travailliste Keir Starmer, les armes nucléaires seront une « question de la plus haute importance pour un nouveau gouvernement travailliste ».
La « sécurité » est promue comme étant une question électorale lors du « débat » télévisé des chefs entre le chef du Parti conservateur Rishi Sunak et le chef du Parti travailliste Keir Starmer le 4 juin. Mais loin de préconiser que la sécurité est dans la lutte à la défense des droits de toutes et tous, Sunak et Starmer comptent, dans le cadre de leur « débat », chacun défendre sa position belliciste.
Peu avant l'annonce de l'élection, le premier ministre Rishi Sunak a livré un discours des plus incohérents sur la question de la « sécurité »[1]. Puis, le 5 juin, à Manchester, Keir Starmer a prononcé un discours liminaire irrévérencieux sur le 80e anniversaire du Débarquement, intitulé Pour une Grande-Bretagne plus forte et sécuritaire[2]. À la façon de Rishi Sunak, Starmer a cherché à justifier l'implication en cours de la Grande-Bretagne dans l'escalade de la guerre en Europe, tout en refusant de condamner l'appui politique, militaire et économique de la Grande-Bretagne au génocide des Palestiniens par Israël. Tout cela au nom de la « sécurité » du peuple britannique.
Répondant d'un ton contrarié à une question, Starmer a laissé entendre qu'un futur gouvernement travailliste compte prendre une orientation encore plus dangereuse : « Nous sommes un Parti travailliste transformé et moi j'ai voté en faveur de la dissuasion nucléaire... et mon engagement est absolu, absolu ! Voilà pourquoi j'ai voté en faveur, voilà pourquoi j'ai transformé ce parti et c'est pourquoi ce sera la question la plus importance à l'ordre du jour d'un nouveau gouvernement travailliste[3]. »
Comptant obtenir de nouvelles armes offensives pour les sous-marins nucléaires, Starmer a souligné que le Parti travailliste avait « renouvelé son triple engagement envers la dissuasion nucléaire. Nous maintiendrons la dissuasion britannique maritime (Continuous at Sea), 24 heures sur 24, 365 jours par année ». Il a déclaré : « Avec les travaillistes aux commandes, la Grande-Bretagne sera prête à se battre. La première année d'un gouvernement travailliste, nous réviserons notre nouvelle stratégie de défense. Et nous sommes absolument engagés à dépenser, le plus tôt possible, 2,4 % du PNB pour la défense, parce que nous savons que notre sécurité est absolument vitale aujourd'hui et pour nos futurs succès ».
Lakenheath, le 21 mai 2022
Autrement dit, le Parti travailliste compte poursuivre sur la voie de la militarisation de l'économie britannique qui a déjà été décrite comme étant « l'atelier de guerre du monde » en raison de ses exportations d'armes pour alimenter des conflits mondiaux. Ce discours ne préconise pas la « défense » ou la « sécurité » des peuples britanniques ni de garantir les moyens de subsistance et les régimes de retraite des travailleurs, il priorise plutôt les ambitions des industries d'armements et leurs « futurs succès » qui seront les mêmes que les ambitions désastreuses de l'ancien gouvernement travailliste de Tony Blair. Souvenons-nous des guerres criminelles à l'étranger, en Yougoslavie, en Afghanistan et en Irak, aux côtés des fauteurs de guerre américains, qui ont tué des milliers de personnes ou qui les ont poussées à fuir ces conflits et à devenir réfugiés.
Ces déclarations ont été vertement critiquées et condamnées par l'ancien chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn, maintenant candidat indépendant dans Islington North, qui a déclaré : « Les armes nucléaires représentent une profonde menace existentielle pour l'humanité. Plutôt que d'investir dans des armes de destruction de masse, nous devrions investir dans nos écoles, nos hôpitaux et nos logements pour que tout le monde puisse vivre une vie heureuse et en santé. C'est seulement ainsi que le mot sécurité prend tout son sens. » Andrew Feinstein, un expert de l'industrie des armes qui se présente en tant que candidat indépendant contre Starmer dans sa circonscription, Holborn and St-Pancras, a expliqué dans un article pourquoi il avait décidé d'être candidat, comment « le secteur de la défense britannique, dont la corruption est notoire, a depuis des décennies versé de l'argent à nos principaux partis politiques et aux politiciens individuels – surtout après leur départ de la vie politique, pour les remercier des décisions prises au cours de leur mandat. Ces compagnies sont les plus grands bénéficiaires des fonds publics, ce qui veut dire que nous, les contribuables, finançons les armes utilisées à Gaza, contribuons à la corruption de notre système politique et à détruire d'État de droit[4]. »
Le fait que Starmer partage la même conception du monde que Sunak, avec ses vieilles valeurs et non les valeurs des peuples qui aspirent à un monde moderne où règnent la paix et le nouveau et où ils sont investis du pouvoir, est l'un des aspects les plus révélateurs de cette élection générale. L'objectif des oligopoles et du pouvoir exécutif est à l'opposé des mantra trompeurs de Sunak et de Starmer sur le « choix » et le « changement ». L'objectif n'est pas que le système de partis cartellisés puisse offrir des choix ou le changement, mais que se perpétuent les intérêts réactionnaires de ces oligopoles et de l'élite dirigeante qui sont derrière le pouvoir exécutif de ce système. La déclaration de Starmer voulant que ce ne soit pas « une question politique partisane mais une question nationale » indique comment le système de partis cartellisés opère pour empêcher le peuple, y compris les députés du Parti travailliste eux-mêmes, d'avoir un mot à dire lorsque l'exécutif statuera sur des questions aussi essentielles que des questions « nationales ».
Dans son discours, Starmer s'est aussi targué d'avoir rencontré à la Conférence de sécurité de Munich en février « les dirigeants mondiaux des États-Unis, de l'Europe et du Moyen-Orient ainsi que le secrétaire général de l'OTAN ». Il a poursuivi : « Et j'ai promis à chacun eux qu'avec un gouvernement travailliste le Royaume-Uni serait à nouveau un leader à l'échelle mondiale »[5]. C'est un signe de plus que Keir Starmer est bel et bien membre du club qui se fait champion des intérêts des États-Unis et de l'OTAN, tout comme le gouvernement travailliste de Blair en 1997.
On peut en déduire qu'un autre coup est sur le point de se produire par lequel l'élite dirigeante compte priver les peuples britanniques d'un vrai changement qui défend les intérêts de la classe ouvrière et du peuple au pays et à l'étranger. Cette fois, par contre, Starmer a déjà partagé sa vision d'une Grande-Bretagne qui profite seulement aux riches et qui détourne d'importantes ressources des programmes sociaux vers l'industrie de guerre. La vision de Starmer, comme celle de Blair, en est une de danger accru de guerre dans le monde. Les peuples d'Europe, qui ont souffert deux grandes guerres, ne veulent pas la guerre, ou que leur pays soit transformé en base pour les fauteurs de guerre anglo-américains et l'OTAN. Les peuples du monde, avec la jeunesse, exigent de mettre fin à ce bellicisme et continuent de mettre de l'avant leur revendication d'un cessez-le-feu immédiat, que cesse le génocide israélien en Palestine et que fin soit mise à la guerre par procuration en Ukraine contre la Russie.
Manifestation à Londres, le 8 juin 2024, pour souligner
huit
mois du génocide israélien en Palestine et d'actions de
solidarité hebdomadaires partout en Grande-Bretagne
Mettons tout en oeuvre pour élire des candidats anti-guerres qui empêcheront que les positions bellicistes au Parlement soient sans riposte. En même temps, la lutte est engagée pour établir un gouvernement anti-guerre, un gouvernement fondé sur des arrangements modernes démocratiques. C'est la perspective et la vision qui inspirent la classe ouvrière, la jeunesse et les forces démocratiques. Nous appelons ces forces à persister à parler en leur nom propre, à créer des groupes de discussion et à établir d'autres formes collectives par lesquelles les participants puissent s'investir du pouvoir.
Workers' Weekly est la publication du Parti communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne (marxiste-léniniste).
Notes
1. «
A Government in Shameful Disarray with No Way
Forward », Workers'
Weekly, May 18, 2024
2. «
Keir Starmer -- A stronger, safer, more secure
Britain
speech », Labour Party, June 3, 2024
3. «
Sir Keir Starmer says he's prepared to use nuclear
weapons
to defend UK », Faye Brown, Sky News, June
3,
2024
4. «
Why I am Standing Against Keir Starmer, Andrew
Feinstein
», Declassified UK, May 21, 2024
5. «
Munich Security Conference 2024 -- A Manifestation
of
Morbid Preoccupation with Defeat for the Old World
Order
», Workers' Weekly, March 30,
2024
1. « A Government in Shameful Disarray with No Way Forward », Workers' Weekly, May 18, 2024
2. « Keir Starmer -- A stronger, safer, more secure Britain speech », Labour Party, June 3, 2024
3. « Sir Keir Starmer says he's prepared to use nuclear weapons to defend UK », Faye Brown, Sky News, June 3, 2024
4. « Why I am Standing Against Keir Starmer, Andrew Feinstein », Declassified UK, May 21, 2024
5. « Munich Security Conference 2024 -- A Manifestation of Morbid Preoccupation with Defeat for the Old World Order », Workers' Weekly, March 30, 2024
(Le 8 juin 2024. Traduit de l'anglais par LML.)
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 6 - Juin 2024
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