Grande-Bretagne

Le gouvernement britannique persiste à adopter une loi raciste inhumaine pour expulser les migrants et réfugiés

Le gouvernement du Royaume-Uni a été condamné à maintes reprises pour avoir tenté d'expulser des migrants et des réfugiés qui demandaient l'asile en Grande-Bretagne. Son racisme et son arrogance révèlent l'essence des valeurs bâtisseuses de l'empire britannique promues au milieu du XIXe siècle du « fardeau de l'homme blanc ». Elles lui permettent de faire ce qu'il veut dans ses colonies et ses possessions en invoquant son « droit divin ». En l'occurrence, il s'est obstiné à utiliser sa position de privilège et de pouvoir pour manipuler le processus d'adoption de la loi jusqu'à ce qu'il puisse revendiquer une majorité, comme si c'était ce qu'il y avait de mieux à faire pour donner à son action légitimité et crédibilité.

Contre tous les principes humanitaires et les principes qui sous-tendent les lois et conventions sur les réfugiés adoptées par les Nations unies depuis la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement britannique pense avoir réussi à obtenir le feu vert pour expulser des personnes du continent britannique qui sont arrivées sur ses côtes. Il s'agit de personnes qui ont été transformées en migrants et en réfugiés par les politiques d'exploitation, les guerres de destruction et les génocides perpétrés par la Grande-Bretagne contre des populations tribales en Asie et en Afrique. Le 22 avril 2024, le parlement britannique a adopté Safety of Rwanda (Asylum and Immigration) Act [la loi sur la sécurité du Rwanda (asile et immigration)] qu'il a l'intention d'utiliser pour expulser les réfugiés jugés « illégaux » parce qu'ils ont quitté un « tiers pays sûr », comme la France, pour demander l'asile en Grande-Bretagne. Cette pratique est similaire à celle du Canada, qui refuse les demandeurs d'asile qui sont arrivés par les États-Unis parce que ces derniers sont considérés comme un « tiers pays sûr ». Mais ce qui est encore plus odieux et abject, c'est que le Royaume-Uni a réussi à trouver un partenaire volontaire dans un pays qui souffre depuis longtemps, le Rwanda, un pays d'Afrique centrale situé à plus de 6 500 kilomètres de la Grande-Bretagne.

Cette loi est la réponse du gouvernement de Rishi Sunak pour contourner l'arrêt de la Cour suprême du Royaume-Uni de novembre 2023. Cet arrêt a estimé que la « politique rwandaise » de son gouvernement d'expulser les demandeurs d'asile vers le Rwanda était illégale, car le Rwanda n'est pas un pays sûr pour les demandeurs d'asile. Il convient de noter qu'un grand nombre des demandeurs d'asile expulsés ne sont pas du tout originaires du Rwanda. La Cour suprême du Royaume-Uni, la dernière instance d'appel au Royaume-Uni pour toutes les affaires civiles et criminelles d'Angleterre, du Pays de Galles et d'Irlande du Nord, a jugé que l'expulsion d'un demandeur d'asile vers le Rwanda était illégale. La Cour a estimé qu'il existait un risque important que les demandeurs d'asile expulsés soient renvoyés dans un pays où leur vie ou leur liberté serait menacée. En réponse à la décision de la Cour suprême, le gouvernement de Sunak a négocié un traité avec le Rwanda qui, selon lui, répond aux préoccupations de la Cour. Il a ensuite élaboré une loi qui désigne le Rwanda comme un pays sûr et qui, en outre, refuse aux demandeurs d'asile le droit de retourner au Royaume-Uni.

Selon le premier ministre Rishi Sunak, le problème est résolu.

Cette loi a été dénoncée par les défenseurs des droits humains en Grande-Bretagne, qui soulignent qu'elle est illégale, raciste et qu'elle criminalise les réfugiés. Ils affirment qu'ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher tout avion affrété pour les expulsions de partir pour le Rwanda.

Le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a déclaré : « Cette nouvelle loi constitue un nouveau pas en arrière par rapport à la longue tradition du Royaume-Uni d'offrir une protection à ceux qui en ont besoin, en violation de la Convention sur les réfugiés. » Filippo Grandi a souligné que « la protection des réfugiés exige que tous les pays – et pas seulement ceux qui sont voisins des zones de crise – s'acquittent de leurs obligations. »

Pour détourner l'attention de la crise dans laquelle sont embourbées les institutions démocratiques dites libérales du Royaume-Uni et de la nécessité de chasser du pouvoir ceux qui servent des intérêts privés étroits, les médias monopolisés prétendent que la Grande-Bretagne est victime d'un trop grand nombre de personnes qui souhaitent venir sur ses côtes parce qu'il s'agit d'une destination de choix. Dans cet esprit, ils prétendent que des milliers de réfugiés du monde entier se rendent chaque année dans le nord de la France dans l'espoir de traverser la Manche et de retrouver des amis ou de la famille, ou parce qu'ils parlent anglais ou ont le sentiment qu'ils s'intégreraient plus facilement dans la société britannique. Toutefois, la Grande-Bretagne reçoit moins de demandeurs d'asile que de nombreux pays européens, dont la France, l'Allemagne et l'Italie, parce qu'elle est loin de leur point d'origine et qu'elle est, de surcroît, une île.

Il n'en reste pas moins que les États-Unis et leurs alliés anglo-américains, comme les États-Unis, le Canada et d'autres, tentent de se débarrasser de la Convention sur les réfugiés adoptée par l'ONU après la Deuxième Guerre mondiale et de se débarrasser des personnes comme si elles étaient des déchets. Ils sont fondamentalement racistes et antihumains et rien de ce qu'ils pourront faire ou dire ne rachètera les crimes contre l'humanité qu'ils commettent au nom de grands idéaux.

Lors d'un récent voyage en Pologne, le premier ministre Rishi Sunak a déclaré que l'objectif de la Loi sur la sécurité du Rwanda était de lutter contre les gangs criminels illégaux qui exploitent et mettent en danger les demandeurs d'asile. Tant qu'il se laissera lui-même et sa bande de misérables avec le pouvoir et les privilèges hors de cette catégorie, sa déclaration sonnera faux. Quelles que soient les bandes criminelles qui existent, c'est grâce à l'État britannique qui gouverne sur la base de maintenir en place ces bandes criminelles, y compris la sienne. Pour faire bonne mesure, Rishi Sunak a déclaré que « pour des questions de compassion plus que pour toute autre chose, nous devons réellement briser ce modèle d'affaires et mettre fin à l'iniquité des personnes qui entrent illégalement dans notre pays ».

Tout d'abord, les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne concoctent la « règle » du tiers pays sûr, puis déclarent les réfugiés et les demandeurs d'asile « illégaux ». C'est ce que les coloniaux britanniques qui voulaient garder le Canada blanc ont fait en 1914 lorsqu'ils ont déclaré illégaux les sujets britanniques de l'Inde s'ils n'arrivaient par un voyage sans escale. Lorsque ceux-ci ont affreté le Komagata Maru pour les amener par passage direct, les autorités coloniales ne les ont pas autorisés à débarquer à Vancouver ni de ravitailler le navire en eau ou en nourriture. Le navire a finalement été forcé de rentrer, et d'autres tragédies ont frappé ceux qui ont fait le voyage[1].

Quoi qu'en dise Rishi Sunak, la loi de son gouvernement viole le droit britannique, le droit humanitaire international et la Convention des Nations unies sur les réfugiés. Elle fournit des preuves crédibles que l'État britannique lui-même est engagé dans un trafic d'êtres humains illégal à grande échelle.

Le partenariat entre le Royaume-Uni et le Rwanda en matière de migration et de développement économique, également connu sous le nom de plan d'asile pour le Rwanda, a été proposé pour la première fois par l'ancien premier ministre britannique Boris Johnson. En 2022, Boris Johnson a conclu un accord avec le Rwanda pour que ce pays accepte les demandeurs d'asile britanniques en échange de plus de 100 millions de livres sterling et d'autres fonds d'aide, et d'autres encore à venir. C'est grâce à la large opposition en Grande-Bretagne, aux actions des défenseurs des migrants et aux recours juridiques que les déportations ont cessé en 2022.

Lorsque le premier groupe d'expulsés devait partir pour le Rwanda en juin 2022, deux organisations, Detention Actions et Care4Calais, se sont jointes au Syndicat des services publics et commerciaux et à quatre demandeurs d'asile pour contester le plan et demander une injonction de dernière minute afin d'empêcher le premier vol de décoller. La Haute Cour britannique a refusé l'injonction, mais la Cour européenne des droits de l'homme est intervenue au motif que « le plan comportait un risque réel de préjudice irréparable » et le vol a été annulé.

Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak est allé de l'avant malgré l'opposition générale. Rishi Sunak affirme que le premier avion d'expulsés vers le Rwanda allait décoller dans les prochaines semaines, mais les organisations de défense des droits humains et les experts juridiques prévoient de continuer à défier le gouvernement devant les tribunaux et sur le plan politique pour faire cesser les expulsions.

La Grande-Bretagne ne pourra jamais être pardonnée pour les crimes qu'elle commet aujourd'hui à l'encontre des demandeurs d'asile et des réfugiés. Elle a bâti sa richesse et son pouvoir sur la traite atlantique des esclaves, s'enrichissant sur les corps des Africains et causant des dommages irréparables en tant que maître des colonies en Afrique. Utiliser aujourd'hui le Rwanda comme décharge pour des êtres humains dont elle ne veut pas est inadmissible et montre que ce que l'on appelle les valeurs et la civilisation britanniques sont aussi pourries aujourd'hui qu'elles l'étaient à l'époque coloniale. La Grande-Bretagne, par sa participation à l'OTAN et aux guerres contre des pays comme l'Afghanistan, l'Irak, la Libye et la Syrie, est l'une des grandes puissances responsables de la crise des réfugiés, de millions de personnes contraintes de prendre des mesures désespérées pour trouver refuge dans des pays où elles espèrent commencer une nouvelle vie.

La demande des peuples du monde est que la Grande-Bretagne fasse amende honorable pour ses crimes historiques. Loin de là, plus la crise de ses institutions démocratiques libérales s'aggrave, plus le gouvernement s'accroche pour rester au pouvoir, et plus il se montre raciste, criminel et génocidaire.

Rishi Sunak regrettera le jour où il a décidé d'aller de l'avant avec son plan pour « arrêter les bateaux ». Les citoyens britanniques ont montré qu'ils ne supporteraient pas les politiques racistes de l'État britannique en matière d'immigration et de réfugiés. En plus d'exiger le respect des droits de tous les demandeurs d'asile, on s'attend à ce que le gouvernement Sunak soit battu lors des élections générales qui se tiendront en Grande-Bretagne le 4 juillet.


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Volume 54 Numéro 5 - Mai 2024

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