Besoin urgent de s'opposer à la militarisation du monde par les États-Unis

Des actions militantes à Ottawa pour dénoncer le Salon de l'armement

Deux actions militantes se sont déroulées le 29 mai pour dénoncer la complicité de l'industrie de l'armement avec le génocide et pour dire non aux industries qui profitent de la guerre aux dépens de vies humaines et de la paix mondiale. La première action a eu lieu devant la foire aux armes de CANSEC et la deuxième sur la colline du Parlement.

L'action du matin, qui a débuté à 7 heures devant le Centre EY, a été un succès retentissant. Au coeur de l'action cette année était la revendication du peuple palestinien et des peuples du monde que fin soit mise au génocide à Gaza et pour une Palestine libre. Quelques jours avant la tenue de la foire CANSEC, la PDG de l'Association des industries canadiennes de la défense et de sécurité (AICDS) a dit en entrevue ce qu'elle pensait des manifestations prévues pour le 29 mai. Elle a dit que la foire attirait toujours les protestations en raison « du genre d'affaires que nous brassons ». Sans blagues ! « Avec les renseignements que nous avons recueillis, le plan que nous envisageons devrait faire en sorte que nos délégués pourront évoluer dans un environnement sécuritaire et agréable », a-t-elle dit.

Le plan en question, en plus d'une augmentation considérable de forces policières, semble avoir été d'empêcher les manifestants d'interrompre le programme de CANSEC, ce qu'ils réussissent à faire chaque année en marchant lentement devant l'entrée, forçant les autos à entrer au compte-goutte, refoulant ainsi la circulation sur plusieurs kilomètres. Cette année, des manifestants sont allés directement dans la rue et ont complètement bloqué la circulation. La police, agitée, semblait sur le point d'intervenir, mais a finalement encouragé les participants à CANSEC à prendre une route alternative, les redirigeant vers une autre entrée où, profitant des feux de circulation et d'un passage pour piétons, les manifestants ont réussi tout de même à ralentir la circulation, accueillant les gens arrivant en auto ou à pied avec les cris : « Honte à vous ! », « Vos armes tuent les enfants de Gaza ! » et « Non aux armes pour le génocide ! ».






Piquetage matinal devant le site de CANSEC, 29 mai 2024

L'orateur principal à la foire d'armes était le ministre de la Défense Bill Blair, qui a annoncé des milliards de dollars en contrats d'entraînement et d'équipement pour les forces armées. Il a dit : « La voie du gouvernement est très claire maintenant, l'année prochaine nos dépenses militaires vont augmenter de 27 %. » Visiblement fier des liens entre le gouvernement, l'industrie de guerre et les États-Unis/OTAN, Bill Blair a affirmé qu'il était confiant que le Canada allait « surpasser la cible de 2 % fixée par l'OTAN ». « Je suis très confiant et je peux affirmer auprès de nos alliés de l'OTAN, nos partenaires américains, que le Canada augmente fortement ses dépenses pour la défense. Nous allons faire ce qu'il faut. »

Blair a aussi annoncé un contrat de 1,2 milliards de dollars pour améliorer les plateformes d'entraînement pour l'armée ainsi que pour un nouveau parc de 1 500 véhicules logistiques de Dynamics Land Systems Canada et Marshall Canada pour « les opérations de secours en cas de catastrophe au pays et les opérations à l'étranger ».

Il y a eu plusieurs arrestations au cours de l'action. Une jeune femme a été arrêtée alors qu'elle tentait de s'occuper de sa soeur qui avait été agressée par un homme entrant au centre. Les blessures de la jeune femme ont nécessité qu'elle soit transportée à l'hôpital par ambulance. Les organisateurs ont exigé la libération immédiate des personnes arrêtées et en fin de journée la plupart d'entre elles avaient été libérées, certaines ayant été accusées de « méfait ».

L'action du matin a été suivie d'une manifestation à midi devant le parlement et une marche dans les rues du centre-ville d'Ottawa, y compris devant l'ambassade israélienne. Les manifestants ont fermement exprimé leur appui à la Palestine, leur opposition à CANSEC et leur demande que fin soit mise au commerce des armes avec Israël et qu'une enquête publique soit instituée sur les activités de l'AICDS, l'organisatrice de CANSEC.






Les obligations du Canada de mettre fin au commerce des armes avec Israël

Des experts du Conseil des droits de la personne de l'ONU ont affirmé dans un communiqué de presse le 23 février que tout transfert d'armes ou de munitions à Israël pouvant être utilisées à Gaza est en toute vraisemblance une violation du droit humanitaire international et qu'il doit cesser immédiatement : « Tous les États doivent 'veiller au respect' du droit humanitaire international par les parties à un conflit armé, en vertu des Conventions de Genève de 1949 et du droit international coutumier, ont-ils dit. Les États doivent par conséquent cesser de transférer des armes et des munitions – ou en partie – s'il est raisonnable de penser, en raison de faits et de comportements antécédents, qu'elles seront utilisées en violation du droit international. »

Ils ont souligné que les États parties au Traité du commerce des armes ont des obligations de traité supplémentaires. Ils doivent cesser les exportations d'armes s'ils « savent » que les armes « pourraient » être utilisées pour commettre des crimes internationaux ou s'il y a un « risque vraisemblable » que les armes transférées « pourraient » être utilisées pour commettre de graves violations du droit international. Ils ont ajouté qu'un embargo d'armes contre Israël est encore plus urgent depuis que la Cour internationale de justice a déterminé le 26 janvier qu'il y a un risque vraisemblable de génocide à Gaza. Ils ont souligné que de graves torts continuent d'être commis contre la population civile depuis ce jugement et que les représentants des États impliqués dans l'exportation d'armes doivent être tenus criminellement responsables d'aide et d'incitation à des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité ou des actes de génocide.

Plusieurs des organisations ayant participé aux actions pour « fermer CANSEC » appellent à une enquête publique sur le commerce d'armes du Canada. Le groupe Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient affirme que les Canadiens méritent des réponses à leurs questions sur l'exportation d'armes du Canada vers Israël. La Ligue internationale des luttes des peuples (ILPS) appelle à une enquête populaire sur l'industrie des armes au Canada et à rendre le Canada redevable de son appui à CANSEC, de son commerce des armes en cours avec Israël et de son appui à l'agression et à la guerre menées par les États-Unis.


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Volume 54 Numéro 5 - Mai 2024

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